- NOVEMBRE 2022 -
 
     
 


 

Les rues parisiennes de Georges Clemenceau

Le Tigre comme on l’a surnommé, de même que le Père la Victoire, a été un de ceux que la capitale française a séduit. Lui le Vendéen d’origine. Ce médecin, qui pratiquait de l’action sociale avant l’heure.  Il a droit aux honneurs de la collection “Le Paris de…” aux éditions Alexandrines. Et pour raconter les déambulations de cette pointure de l’Histoire de France, nulle autre que Sylvie Brodziak docteure en histoire contemporaine et spécialiste du personnage. Qui lui a consacré quelques ouvrages dont “Le dictionnaire Clemenceau” chez Robert Laffont. De surcroît elle dirige la revue “L’année Clemenceau”. Ici, c’est comme si elle l’avait pris en filature, dans ses marches à travers la capitale. Ce qu’elle raconte couvre la période allant de 1861 à 1929. Et comme cela n’est pas pour déplaire, l’historienne sait se faire conteuse. Clemenceau était surtout un grand vivant qui savait allier engagement politique et vie culturelle. Il disait de Paris, quel beau compliment, qu’elle faisait le Français”.
Le Paris de Clemenceau Sylvie Brodziak. Éditions Alexandrines, 121p.  www.alexandrines.fr

 


 

Un beau joyau pour le centenaire de la mort de Proust

Tout comme il en a été pour la commémoration en 2021 du cent-cinquantième anniversaire de la naissance de Marcel Proust, voici que l’on met le paquet cette année pour cette autre célébration, à savoir le centième anniversaire de sa mort. Et dans un cas comme dans d’autres les ouvrages sont pléthores. Mais il y en a un qui se démarque, inattendu par son sujet: comment on a illustré Proust au fil des éditions de ses ouvrages. Un livre de pure érudition Illustrer Proust que signe Jan Baetens qui s’est fait une niche d’étude dans les rapports entre les textes et les images.  Tout commence avec le premier opus de l’auteur d’ A la recherche du temps perdu”, c’était en 1896 avec la sortie de “Les Plaisirs et les jours” sur des dessins de Madeleine Lemaire. Un chapitre intéressant est consacré aux commentaires qui accompagnaient la publication de ce qu’on appelle les beaux livres et qui constituaient l’esthétique suprême de l’édition et dont les titres de Proust bénéficièrent. C’est un bouquin qui fascine par le travail de haute volée de l’essayiste qui nous confond d’admiration. Un superbe tribut, bien original qui avait sa place pour rendre hommage à cet écrivain à nul autre pareil.
Illustrer Proust Jan Baetens. Les impressions nouvelles 205p.    

 


 

L’éveil comme la disparition de la personne

C’est rien de moins que la définition que livre notre compatriote Christine Morency dans son ouvrage L’éveil itinéraire intérieur. C’est une auteure qui a accompli un profond cheminement dans le but de s’accomplir pleinement et qui croyait comme bien des gens, que l’illumination qui allait changer sa vie, se présenterait à elle de l’extérieur. Eh bien non, ce qu’elle compare à un tsunami est plutôt venu de l’intérieur. L’éveil dont il est question dans ces pages éclairantes est le retour à la Conscience Soi. En milieu d’ouvrage, elle ne laisse pas son corps en plan qui joue un rôle prépondérant. Cette métamorphose de l’être ne relève pas que du spirituel. Elle nous enseigne quel est le rôle dévolu à notre enveloppe charnelle. Et c’est là que ce traité se distingue de ce qu’on a pu lire jusqu’à présent.
L’éveil itinéraire intérieur Christine Morency. Éditions Accarias l’originel 156p.   www.originel-accarias.com

 


 

Sur la première grande pandémie moderne en France

Quelqu’un a écrit que quiconque ignore l’Histoire est condamné à la revivre. Et c’est bien ce que nous rappelle à sa façon l’historien Nicolas Cadet qui remet en mémoire la vaste pandémie de choléra qui décima la France en 1832. Et qui s’inscrit dans les annales du pays, comme la première grande pandémie enregistrée de l’ère moderne. Combattre la pandémie les médecins et l’État face au choléra de 1832 met en lumière des faits qui ne sont pas loin de ceux que nous connaissons avec la Covid-19. Un désir de contrôle de la population par la monarchie de Juillet. La lutte menée par les médecins contre les prétendus remèdes proposés par les empiriques. A la différence qu’à l’époque c’était la question de l’insalubrité qui posait problème. Mais il y a dans cette lecture, comme il est mentionné, le miroir de ce qui se passe aujourd’hui à plus vaste échelle. A la différence qu’en ce dix-neuvième siècle, le choléra d’alors accélèrera la professionnalisation du corps médical.
Combattre la pandémie les médecins et l’État face au choléra de 1832. Nicolas Cadet. Vendémiaire 402p.      www.editions-vendemiaire.com

 


 

Écologie et le monde de la défense 

Le sujet numéro un récurrent dans l’actualité est sans contredit la question environnementale. Et on s’étonnera que l’implication du monde de la défense n’ait pas fait l’objet de plus d’approfondissement. Ce vide est maintenant comblé par une étude qui fait référence à peine sortie des presses c’est Guerre et écologie que présente Adrien Estève qui est postdoctorant CNRS au Centre de recherches internationales (Ceri) résident à l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire (Irsem).  Dans ces pages il met en lumière en quoi le monde militaire n’est pas étranger aux changements climatiques. Quand bien même qu’il ne serait pas sensibilisé, les pressions viennent de partout. Comme au moment du démantèlement du porte-avions Clemenceau en 1997 dont la ferraille sera mise en vente en 2003. Mais dont on dénoncera vite la présence d’amiante dans les composantes. Et ce n’est qu’un exemple parmi des dizaines d’autres du lien écologie et univers militaire. L’environnement et le climat font désormais partie des enjeux des politiques en matière de défense.
Guerre et écologie Adrien Estève. PUF 348p.  

 


 

La lutte à mort des Plantagenêts et des Valois

Le décor est planté. A gauche la dynastie des Plantagenêts en Angleterre et à droite les Valois sur le trône de France. Qui se vouent une hostilité telle que le conflit portera bien son nom La guerre de Cent Ans. Il fallait un historien du niveau d’Amable Sablon du Corail conservateur général du patrimoine aux Archives nationales pour revenir sur ces hauts faits. A cette institution il est responsable du département du Moyen-Âge et de l’Ancien Régime. Souvenons-nous de sa biographie qui fait autorité sur Louis XI. Pour revenir à ce conflit sans fin, nous revenons donc en plein quatorzième siècle. Dans son introduction l’auteur rappelle que c’est au XIXème siècle que l’on a trouvé cette appellation de Guerre de Cent Ans. On situe le début des hostilités à la Toussaint de 1337 au moment où l’évêque de Lincoln en Angleterre, vient porter une missive du roi Édouard III qui revendique le royaume de France. Et dire que le roi Philippe VI selon ce qui aurait été rapporté aurait accueilli la prétention anglaise avec le sourire. La suite sera moins drôle. Ce pavé relatant ces riches heures du Moyen-Âge est raconté avec brio qui nous tient en haleine du début jusqu’à la fin, même si on connaît à l’avance la conclusion de cette fresque historique. Un élément intéressant était les dettes inhérentes à ces combats et comment elles impactent les finances publiques du temps.
La guerre de Cent Ans Apprendre à vaincre. Amable Sablon du Corail. Passés composés 452p.    www.passes-composes.com

 


 

Le coin des arts martiaux

Christian Russo qui nous avait brillamment introduit dans l’univers du Hojo Jutsu aux éditions Budo, cet art des cordes du rituel des samouraï, nous fait découvrir cette fois un tout autre univers, celui du Kusari-Do qui est la voie nippone des chaînes martiales. Ces chaînes étaient des outils de répression utilisés par les guerriers et les policiers de l’époque féodale. Accompagné par 260 illustrations, on vous dit tout ce qu’il faut savoir de la signification de l’utilisation de ces fameuses chaînes et le rituel de chaque mouvement, comme c’est le cas de la sacralisation de tout geste au Japon. L’auteur détaille les procédés de fabrication, car il y avait plusieurs modèles de chaînes et de maillons. Presque de l’érudition qui rend la lecture captivante, tant chaque fait japonais trouve sa signification. C’est publié chez Budo.

Ailleurs chez le même éditeur vous avez Cheminer avec le Qi gong sibérien de Nathalie Le Guay. C’est un peu de la famille du yoga, qui vise à la décontraction, la maîtrise de l’énergie. Et dieu sait si on en a bien besoin par les temps qui courent. Il y a une dimension que l’on occulte très souvent dans cette pratique orientale, c’est un élément non négligeable pour le retard du vieillissement. Notre professeure, qui enseigne cette discipline depuis trois décennies, lui consacre donc un ouvrage entier assorti de photos qui détaillent les postures à prendre. Avec des désignations amusantes, comme celle où le dragon crache le feu! Le Qi gong fait partie de ce qu’on qualifie d’art martial interne, tout en retenue au contraire des arts martiaux offensifs et défensifs qui engage le corps en s’extériorisant.

 


 

Le coin Miam Miam

La bibliothèque culinaire compte un ajout de plus et de taille. En effet il s’agit de One du non moins réputé chef Jamie Oliver. Qui doit sa notoriété, non seulement par son art maîtrisé de la cuisine mais aussi par son engagement social, notamment auprès des enfants à qui il veut faciliter la notion de bien se nourrir. C’est un bon gros ouvrage, rempli de tentations effrayantes. Le péché existe et le voici. L’idée sous-jacente à cette énième production livresque est que tout se fasse dans un seul plat. Une économie évidente de vaisselle. Et il n’y a peut-être pas pensé, mais une économie d’énergie côté lave-vaisselle. Que de délices proposés comme ces tagliatelles à l’ail et aux champignons, un ragoût de légumes et de boulettes, un poulet rôti au paprika, des burgers étonnants aux galettes d’oeufs et de maïs, pour ne citer que ces éléments qui sont d’une simplicité confondante. Un beau cadeau à offrir à Noël pour celui ou celle qui aime cuisiner en toute facilité.
One Jamie Oliver. Hachette 308p.   

 


 

Il était une fois l’île Perrot

Saviez-vous que jusqu’aux années 1920 l’île Perrot avait préservé son allure campagnarde. C’est graduellement que l’urbanité modifiera la manière d’y vivre. Une qui peut vous en raconter en long et en large concernant ce territoire dont le premier seigneur fut François-Marie Perrot et gouverneur de Montréal a pour nom Lise Chartier Cette chercheuse aux intérêts multiples, et femme d’affaires  a fondé la Société d’histoire et de généalogie de l’île Perrot. C’était en 2008. Elle a consacré d’autres ouvrages sur ce territoire unique aux éditions du Septentrion. Son dernier opus chez cet éditeur a pour titre L’île Perrot rurale et urbaine nous permet de suivre par le texte, l’évolution de l’île au fil des siècles. Des faits municipaux et scolaires peuplent le récit enlevant pour qui aime notre histoire. Et qui donne le goût de s’y rendre. Si tel était le but de l’auteure, c’est une réussite.
L’île Perrot rural et urbaine Lise Chartier. Septentrion 233p.    www.septentrion.qc.ca

 


 

A la découverte de deux grands lacs tels des mers intérieures

C’est tout l’amour d’un gars du coin Jocelyn Caron qui a permis ce bel hommage à deux immenses lacs de chez nous le Pekuakami et le lac Saint-Jean un bel album à l’iconographie abondante Du Pekuakami au lac Saint-Jean. Il nous gratifie de plusieurs notions d’histoire, de la première nation qui l’occupa, des explorations du jésuite Jean DeQuen dont le souvenir est perpétué par la rue principale de Saint-Gédéon un des plus beaux emplacements en bordure du lac Saint-Jean. Les photos ici plus que jamais, nous font voir par ce qu’on entend du qualificatif d’immensité. En plus c’est une biodiversité d’une richesse inouïe sans compter l’apport hydro-électrique. Comme ce coin de pays ne fait jamais rien comme tout le monde, l’auteur nous dit que la singularité du coin est qu’il y a…cinq saisons dont un pré-printemps! A découvrir et à aimer.
Du Pekuakami au lac Saint-Jean Jocelyn Caron. Les éditions GID 273p.    www.leseditionsgid.com

 


 

Percer le mystère de la création

Quand un intervieweur rencontre un créateur de quelque discipline que ce soit, inévitablement il va poser cette question, à savoir comment germe la création dans la tête de l’artiste. Comme il n’y a pas de recettes à cet effet, on recevra une sorte d’appréciation du travail artistique. Ce préambule pour vous signifier la parution d’un livre fort intéressant où deux femmes dramaturges ont voulu connaître l’une de l’autre, de quelle façon on accouche d’une idée. Carole Fréchette et Lise Vaillancourt ont joué le jeu jusqu’au bout dans un échange très dynamique, la conversation l’étant par essence et  donne Un vent fou s’est levé dans ma tête. Vous allez être surpris du climat qui voit la naissance d’une création. Ça peut démarrer sur une simple chose. Bref, un peu du mystère créateur se dévoile dans ces pages.

Un vent fou s’est levé dans ma tête Carole Fréchette et Lise Vaillancourt. Leméac 211p.    
 


 

Dotée de dons à la suite d’une expérience ufologique

Assez souvent on nous ramène dans l’actualité, que la NASA ou d’autres organisations s’intéressant à l’espace, aussi quelques ministères de la défense de par le monde, qu’on se remet à plancher sur l’existence réelle ou non d’autres formes de vie dans le cosmos. Entre autres ces fameux extraterrestres qui enflamment depuis toujours les imaginations. Au fil des ans, la maison d’édition Louise Courteau, s’est faite une spécialité de publier des ouvrages sur le sujet avec le regard bienveillant du directeur de la collection “Utopie profonde” Jean Casault à qui nous devons d’innombrables ouvrages sur le sujet. Cette fois, le dernier opus de celle-ci est Le chant de la sirène de Chantal Goupil. Cette femme, à la suite d’une expérience ufologique que l’on vous laisse découvrir, va hériter d’un don inattendu. Et elle nous partage ses manifestations concrètes. C’est stupéfiant. Que l’on vous recommande hautement si vous êtes fana du domaine.
Le chant de la sirène Chantal Goupil. Louise Courteau éditrice 186p.    www.louisecourteau.com

 


 

Un ouvrage de référence sur les inondations

Une des conséquences manifeste du réchauffement climatique est la résurgence des inondations, qu’elles proviennents de pluies torrentielles comme cette dévastatrice catastrophe au Pakistan qui a frappé le tiers du pays, ou bien une montée soudaine de la nappe phréatique, telle qu’il s’en est produit en France au sud de la Loire, qui a ravagé des centaines de communes. Cela méritait bien une étude exhaustive. Elle existe désormais, voire fondatrice, tant elle met à jour des données récentes sur le sujet. Il s’agit de l’essai Les inondations au Québec un travail exigeant en collectif sous la direction des Thomas Buffin-Bélanger, Danielle Maltais et Mario Gauthier. On aborde toutes les facettes de la problématiques allant de l’aspect matériel aux conséquences corollaires sur la psyché des victimes.
Les inondations au Québec Collectif. Les Presses de l’Université du Québec 528p.     www.puq.ca

 


 

La réalité de la série District 31

On s’ennuyait de l’enquêteur du SPVM à la retraite Philippe Paul que nous avions rencontré en 2015 lors du lancement dans une librairie d’un centre commercial de son livre “Coupable d’être policier” dans lequel il rapportait les ennuis qu’on lui faisait au sein du SPVM tout simplement parce qu’il avait à coeur de faire son métier. Notamment au cours d’une de ses journées de congé, où alerté sur les ondes radio il se trouva le premier à pénétrer à Polytechnique au moment du triste carnage. On ne s’était pas gêné de lui reprocher de vouloir faire le héros. Eh bien il n’en va pas moins dans son nouveau livre Le vrai district 31 où il a travaillé, c’est-à-dire dans le secteur le plus multi-ethnique de Montréal, celui de Côte-des-Neiges. Des anecdotes à la pelle, comme la découverte de son premier cadavre dans un état de décomposition dont il détaille l’aspect….Ou encore, alors que la police se voyait accuser de faire du profilage racial, son officier lui avait fermement recommandé de ne pas faire d’arrestation de noirs un certain temps, question de calmer le jeu. Pensez-vous que le justicier qu’il était allait voir se perpétrer des crimes par des blacks, les bras croisés ? Allez hop au poste au grand dam du patron. Vite d’autres livres du genre cher Monsieur Paul.
Le vrai district 31 de la réalité à la fiction Philippe Paul. Éditions Druide 186p.    www.editionsdruide.com

 


 

Il était une fois Louis-Paul Allard

Ailleurs dans ces colonnes on a évoqué notre méfiance à Culturehebdo pour ces biographies sur nos vedettes, livre de souvenirs ou autobiographie, généralement du travail bâclé qui ne sert qu’à vendre des magazines à travers une stratégie de synergie. On ne dira pas à quel empire médiatique québécois nous faisons référence, vous l’avez sans doute deviné. Mais il y a des exceptions, comme le livre autobiographique du comédien Stéphane Rousseau qui a axé son récit sur son milieu familial, plutôt que de revenir sur sa carrière encore beaucoup trop jeune. L’autre exception c’est la biographie de Louis-Paul Allard du fait de Robert Bernier. Ce dernier reprend toute la trajectoire de cet avocat de formation, qui a bifurqué vers l’animation et l’humour mais dont les deux centres d’intérêt principaux qui se dégagent dans ces pages, est la vulgarisation de l’univers juridique et la protection de l’environnement. Aux antipodes d’une bio écrite au coin d’une table, nous avons ici une trajectoire fouillée qui ne néglige rien de cette carrière unique à sa façon. Qui nous fera apprécier davantage cet homme aimé du grand public pour sa probité et un parcours sans fausse note.
Louis-Paul Allard un homme d’exception Robert Bernier. Un monde différent 264p.   www.unmondedifferent.com

 


 

Si toutes les féministes pouvaient être comme Sara Hébert

Nous les hommes avons l’image de la féministe caricaturale, chevelure échevelée, de couleur grise laine d’acier, avec de petites lunettes cerclées, et pire encore si elle se qualifie d’autrice. A croire qu’elle en a oublié le dernier hommage masculin rendu au lit. Heureusement qu’il y a, a contrario une féministe saine et dégagée comme Sara Hébert qui possède le meilleur tonique de vitalité, l’humour. Elle est carrément bien dans sa peau. Ça se voit et ça lit. Comme avec son livre Bijou de banlieue véritable maestria de collages de publicités d’un autre temps, auxquelles elle greffe des extraits de son journal ou ses pensées. Elle ne déteste pas l’homme, bien au contraire. Elle s’amuse et s’honore de sa différence. C’est une lecture qui fera du bien aux deux sexes. A mettre impérativement au-dessus de sa prochaine liste d’achats de livres. A offrir notamment à une féministe radicale en lui disant “tiens, décoince fille”.
Bijou de banlieue Sara Hébert. Éditions Marchand de feuilles 349p.   www.marchanddefeuilles.com

 


 

Un corpus mémoriel sur la chanson québécoise  

Quelle étiquette coller à cet essai La chanson comme berceau de l’identité québécoise un travail en collectif sous la direction de Jean-Nicolas De Surmont et qui est un hommage au travail du regretté Bruno Roy l’ex président de l’Union des écrivains du Québec et militant pour la cause des Orphelins de Duplessis auquel il appartenait. On trouve de tout la dedans sur des portraits de nos chanteurs, leur influence, les racines françaises d’influence chez certains d’entre eux, le nombre de boîte à chansons au Québec.Bref c’est un fourre-tout intelligent, qui nous fait voir que la ferveur patriotique a hélas pris le bord de nos jours. Dans ces pages on fait revivre des épopées glorieuses tandis que nos chansonniers et artistes populaires avaient le Québec tatoué sur le coeur. La nostalgie baigne à chaque page, et nous fait regretter où nous sommes rendus.
La chanson comme berceau de l’identité québécoise Mélanges en l’honneur de Bruno Roy. Sous la direction de Jean-Nicolas De Surmont. Les éditions québécoises 353p.     www.lequebecois.org

 


 

Un maire de Montréal inconnu qui pourrait faire le sujet d’un film

Marjolaine Saint-Pierre est une historienne d’une classe à part. Car au lieu de revenir sur des figures connues de notre petite ou grande histoire, elle s’attache à mettre en valeur des personnalités qui ont totalement échappé aux radars du temps. C’est le cas de Sir Hormisdas Laporte qui fut maire de Montréal. En 1904 il devient le 27ème maire de Montréal.  Aucun de notre rédaction n’avait entendu parler de lui ni d’Ève ni d’Adam. Et pourtant quel homme. Qui de petit travailleur à redresser des clous pour dix dollars par mois, deviendra le deuxième canadien-français le plus riche au pays. Qui fondera ce qui deviendra des décennies plus tard la Banque Nationale et l’Industrielle-Alliance, des géants de l’économie québécoise. Il fera fortune d’abords comme épicier, mais surtout grossiste majeur en alimentation. C’est un patron qui était avant-gardiste, offrant le samedi de congé à ses employés alors que dans ce temps-là on bossait six jours par semaine, qui les faisaient bénéficier des richesses de l’entreprise en les associant à l’intéressement. Il mourra en 1934. Quel film à faire. Songez que sa pauvre épouse, qui aura treize enfants, en perdra onze! Un authentique self-made men qui sera ennobli par l’Angleterre. A défaut du septième art on lira avec passion cette biographie hors du commun.
Sir Hormisdas Laporte Marjolaine Saint-Pierre. Septentrion 183p.    www.septentrion.qc.ca

 


 

Cas problème, du matériel informatique illégal

Écrivaine terre-neuvième Eva Crocker n’a pas eu besoin de lésiner longtemps pour trouver le sujet de son roman Tout ce que je demande. Au point de départ une actrice en devenir qui voit débouler chez elle des policiers cherchant du matériel informatique illégal. Vous voyez à quoi on fait référence. Pornographie juvénile ? Bref, la protagoniste devra se sortir du pétrin, à moins qu’elle n’est nullement concernée. On vous laisse le soin de savourer l’histoire. Il y a des passages d’amours saphiques qui mettront lecteurs et lectrices en joie. Retenons comme quoi le quotidien peut-être bouleversé pour un rien. Il y a là dedans tous les ingrédients pour satisfaire l’amateur de littérature. Et saluons ici la traduction de Laurent Aussant car on passe trop souvent sous silence le travail de ces traducteurs de l’ombre qui magnifie un livre.
Tout ce que je demande Eva Crocker. L’Interligne 321p.    www.interligne.ca

 


 

Une série culte télé décryptée réalisée dans la foulée du 11 septembre

Attention cinéphiles! Si vous faites partie des accros de la série culte américaine Homeland vous serez ravis d’apprendre qu’un passionné de cette production librement adaptée d’une télésérie israélienne, Pierre-Olivier Toulza lui consacre un livre entier. Décryptant chaque message apparent ou sous-jacent. Rappelons pour mémoire que cette production qui a fait les riches heures des téléspectateurs des années 2010 a été réalisée dans la foulée des événements du mémorable 11 septembre 2001. L’Amérique qui est secouée, vit dans la crainte de la répétition de tels attentats. Et la protagoniste des épisodes, le personnage de Carrie Mathison, fait tout en son pouvoir pour que cela ne se répète pas. On traque donc les ennemis de la liberté, les fameux djihadistes. La beauté du travail de l’essayiste maître de conférences en Études cinématographiques à l’Université Paris Cité, c’est qu’il a fait un travail en profondeur remarquable qui fait la démonstration que cette série est loin d’être banale. Qui vous donnera sans doute envie de la regarder à nouveau, ou pour les autres qui ne l’ont pas vu, de s’y mettre.
Homeland Pierre-Olivier Toulza. Atlande 238p.   

 


 

Du Michel Tremblay revient à sa meilleure cuvée

Peut-être s’enlisait-il dans des histoires de matantes et de voisines, Michel Tremblay revient à ses premières amours, la Main et son cortège. Et parmi les personnages fétiches il y a bien sûr Hosanna. Cette Shéhérazade des pauvres que va être retrouvée par un journaliste du magazine Fugues aux fins d’entrevue. Hosanna est dans l’antichambre des quatre-vingt ans! L’ex travesti n’a toujours pas réglé son problème de boisson. Mais elle a toujours la langue bien pendue et c’est ce à quoi s’attend le jeune scribe qui veut en connaître sur le milieu gay d’antan. On retrouve un Michel Tremblay que l’on aurait souhaité qu’il ne s’arrête jamais, tant il est à son meilleur pour décrire les amours qui n’osent pas dire leur nom, même en 2022. Le journaliste devait consacrer une heure à son interview. Vous allez voir qu’il y a tellement de stock que l’échange va se prolonger indéfiniment. Nous sommes en pleine nostalgie des grandeurs et petitesses de la Main. Et en passant on réédite, toujours de Tremblay, cette fois en format poche chez Nomade “Les clefs du Paradise” qui est une plongée dans le Red Light des années 30 et qui est paru en 2013.
La Shéhérazade des pauvres Michel Tremblay. Leméac/Actes Sud 150p.  

 


 

Le courage a un prénom, Zarifa l’afghane en lutte contre les talibans

Le mot courage est parfois galvaudé à tout venant, mais c’est le seul qui convienne au militantisme mené par l’Afghane Zarifa Ghafari qui a réussi l’exploit de devenir mairesse d’une petite commune, réputée ultra-conservatrice. Mais, se portant à la défense tout azimuts des femmes que les talibans veulent à tout prix rayer de l’espace public, elle a été obligée de fuir l’année dernière à destination de l’Europe. D’autant que son père, cruel destin, a été assassiné. De son poste actuel où son action a été saluée de mille manières, elle a pris la peine de coucher son récit, édifiant va sans dire, écrit en compagnie de Hannah Lucinda Smith. Elle débusque l’agenda caché du régime qui avait pourtant juré pour son retour au pouvoir de laisser respirer les femmes et de ne pas faire d’entraves à leur épanouissement. Avec sa plume, elle cible mieux les barbus qu’avec une kalachnikov. Netflix soulignons-le, lui a consacré un documentaire “in her hands” à voir absolument et qui complètera cette lecture.
Zarifa Le combat d’une femme dans un monde d’hommes Zarifa Ghafari. JC Lattès 387p.    www.editions-jclattes.fr

 


 

Le café à boire…et à manger

Les québécois se sont signalés dans le monde, fait unique d’ailleurs par leur curiosité culinaire sans limite. Prenons simplement le café. Dans les années 50 et 60 on ne trouvait sur les tablettes que du Chase & Sanborn. Aujourd’hui l’amateur de ce nectar à nul autre pareil à l’embarras du choix avec des torréfactions qui se multiplient à l’infini. Pour ceux-ci qui ne jurent que par le café, les éditions La Presse mettent à leur disposition un presque livre d’art Le café c’est son titre, coécrit par Kareen Grondin et Didier Reolon. La première a officié dans l’élaboration de recettes chez Ricardo et l’autre un négociant en appareils et accessoires destiné à ce breuvage. L’originalité de cet ouvrage c’est qu’il ne se limite pas à décrire différents grains. C’est aussi un livre de recettes aussi délicieuses les unes que les autres, qui font appel au café dans leur préparation. Et l’éditeur comme toujours en pareil cas, a mis le paquet pour illustrer le tout.
Café Le connaître, le cuisiner, l’apprécier. Les éditions La Presse 211p.   www.editionslapresse.ca

 


 

Une fois les yeux fermés, le spectacle commence

S’est-on interrogé à savoir ce qui se déroule dans la tête d’un enfant une fois que ses paupières se sont fermées ? Grâce à Claire Pommet et Pauline de Tarragon on en sait davantage. Dans leur charmante histoire Sous les paupières destiné aux toutes jeunes têtes en apprentissage de lecture, on se trouve en compagnie d’une fillette qui nous fait découvrir son univers onirique. Une façon habile de faire connaître le monde du rêve aux enfants. En fin d’ouvrage, judicieuse idée des conceptrices, vous avez un espace où le jeune peut dessiner à son tour son rêve.
Sous les paupières Claire Pommet et Pauline de Tarragon. Éditions la ville brûle.

 




 

Le coin des petits bolés

Cette nouvelle rubrique répond à notre mission que la culture générale se répande chez les tout jeunes menacés qu’ils sont par l’inculture inhérente au temps consacré aux jeux numériques et les réseaux sociaux. Voici un ouvrage de nature encyclopédique qui nous apprend à connaître des animaux merveilleux qui savent se défendre pour assurer leur survie. Il s’agit de Découvre les super héros de la nature. En couverture on aperçoit une de ces bêtes en position de défense. On a répertorié un nombre de celles-ci, de manière arbitraire bien évidemment, tant la nature est riche en espèces diverses. Avec pour chacune une fiche signalétique. Et quand on y regarde de près, on se dit que même un adulte y trouvera son compte. Ainsi nous ne savions rien avant d’ouvrir l’ouvrage de ce qu’était le concombre de mer, le tunicier prédateur ou le tétras des armoises. Vous voyez bien que nous sommes des nains devant la connaissance. Ce bouquin devrait se retrouver impérativement sur tous les rayonnages des bibliothèques scolaires dignes de ce nom. C’est chez Broquet.

Chez l’éditeur Fleurus que nous affectionnons particulièrement pour sa ligne éditoriale consacrée à la jeunesse, un ouvrage fondateur Encyclopédie les animaux dans la collection “La grande imagerie”. Et des images il y en a qui nous font partir à la connaissance du règne animal dans toute sa diversité. Les chapitres sont divisés par groupe d’animaux, vertébrés, invertébrés, félins etc. Et qu’est-ce qu’on en apprend, même pour nous adulte. Qui pourrait avant cette lecture nous entretenir du gnou ou du bongo ? C’est disons-le un ouvrage destiné à toute la famille mais au premier chef les jeunes qui auront réussi leur rattrapage sur les adultes. Et l’éditeur, comme pour tous ses livres du genre, n’a pas lésiné sur la présentation graphique. Et pour un petit, l’adage “une image vaut mille mots” revêt une signification toute particulière.

 


 

Considérations de Pierre Assouline sur la littérature et les écrivains

la collection estimée “Dictionnaire amoureux” Plon accueille le grand journaliste et écrivain Pierre Assouline qui se fend de son Dictionnaire amoureux des écrivains et de la littérature. Un exercice forcément arbitraire car on ne peut réunir en un seul volume toute la littérature mondiale. On présume qu’il s’est avancé selon des coups de coeur. Le résultat final est fort réussi. Comme nous avons l’habitude à notre rédaction de qualifier des démarches du genre, le mérite d’un tel ouvrage est qu’il rend plus intelligent son lecteur à la sortie. Et Assouline ne se contente pas de citer des écrivains qui l’enchante, Vous avez aussi des considérations sur des aspects du monde du livre. Ainsi trouvera-t-on un  articulet sur la lecture en diagonale. L’ensemble est à la hauteur de l’auteur qui dispose d’une culture générale qui nous laisse pantois.
Dictionnaire amoureux des écrivains et de la littérature Pierre Assouline. Plon 897p.   

 


 

 Jill Biden l’enseignante et Première dame des États-Unis

Tout comme Michelle Obama, l’actuelle Première dame des États-Unis Jill Biden a voulu à son tour léguer ce qui l’anime sur la scène publique. On sait qu’elle a épousé le présent locataire de la Maison-Blanche en seconde noces, lui qui a perdu tragiquement sa femme et sa fille dans un accident de voiture, sans compter d’innombrables autres problèmes qui font du président américain un réel survivant. Jill qui est enseignante de formation et qui a obtenu une maîtrise dans son domaine n’a jamais voulu s’éloigner de sa vocation de pédagogue. Et son livre Là d’où jaillit la lumière est dans le prolongement de son goût de dispenser le savoir. Et ce savoir c’est ce que la vie lui a appris. Comment il lui a fallu composer avec un politicien à l’agenda démesuré. Allait-il l’aimer autant que sa première épouse, etc. En somme vous avez en fin de lecture une meilleure idée de cette femme au rare destin.
Là où jaillit la lumière Les mémoires de Jill Biden. l’Archipel 228p.    www.editionsarchipel.com

 


 

La Première dame islandaise s’exprime sur les femmes de son pays

Peut-être après avoir lu l’ouvrage décrit précédemment, les souvenirs de Jill Bien Première dame chez nos voisins du sud vous aurez le goût d’en connaître sur une autre Première dame, celle-là infiniment moins connu Eliza Reid qui “règne” sur l’Islande un pays que l’on a intérêt à connaître. Car Les secrets des sprakkars jette un regard sur les avancées exceptionnelles des femme de ce pays, où les inégalités hommes et femmes sont quasi inexistantes. Ce qui a forcé même l’admiration de Hillary Clinton. Sprakkars dont il est question ici, fait référence à des femmes exceptionnelles selon ce que signifie ce mot en vieil islandais. On a dit quai égalitaire. Des combats sont encore à mener, mais le terrain est plus propice là, qu’ailleurs et vous verrez pourquoi.  En passant, la dame est native du Canada.
Les secrets des sprakkars Eliza Reid. Michel Lafon 286p     www.michel-lafon.com

 


 

Un roman d’aventure fondé sur le vivant

Quel hasard. On vient tout juste de commenter le livre de la Première dame d’Islande chez Michel Lafon, que chez le même éditeur on demeure dans la nordicité, cette fois au Groenland. Julia et le requin de Kiran Millwood Hargrave narre le vécu d’une fille qui accompagne ses parents, on devrait plutôt écrire, qui doit les suivre jusqu’à un phare qui se trouve dans une île forcément isolée. C’est que la maman est biologiste marine et est taraudé par une espèce de requin rare qui a la particularité de se mouvoir avec une lenteur incroyable. Une bestiole qui batifole que dans ce secteur géographique. Si ce n’était que de ça, le matériau du roman demeurerait un peu faible. Mais c’est qu’il s’ajoute des éléments de détresse psychologique qui met pas mal de sel dans l’assiette. De sorte que vous ne regretterez pas d’avoir suivi cette petite famille dans cette contrée hostile.
Julia et le requin Kiran Millwood Hargrave avec Tom de Freston. Michel Lafon 253p.     www.michel-lafon.com

 


 

Une autre enquête d’Emmy Dockery

Si vous n’êtes pas encore au fait de la production de celui qui tutoie les best-sellers James Patterson sachez qu’il a lui aussi son limier fétiche, en réalité une enquêteuse, Emmy Dockery qui est sur la liste de paie du FBI. Elle ne manque pas de boulot avec la possibilité qu’une succession de crimes contre des sans-abris soit l’oeuvre d’un tueur en série. Et ce n’est pas tout, il y a un ex-agent de l’organisme fédéral, qui a été mandaté pour surveiller Emmy sur laquelle pèse des soupçons d’être une taupe qui laisse couler des informations de première main auprès des médias. En plus qu’elle est menacée par une autre personne, et cette fois plus sérieusement. En conséquence Insoluble compte assez d’ingrédients pour vous faire demeurer bien calé dans votre fauteuil en oubliant toute notion de temps.
Insoluble James Patterson. l’Archipel 406p.     www.editionsarchipel.com

 


 

Enfin on en sait un peu plus sur Fanny Ardant

Au contraire d’une Isabelle Adjani qui ne cesse de se la jouer en actrice mythologique, Fanny Ardant est loquace et s’est permise de s’exprimer tant sur elle que ce qui l’intéresse. Mais en même temps, il y a une sorte de barrière impénétrable chez elle, comme si elle ne dévoilait pas tout. Peut-être est-ce dû à la classe naturelle qui l’habite qui met une sorte de distance. Grâce à Pascal Louvrier nous avons une sorte de biographie professionnelle Fanny Ardant une femme amoureuse qui nous permet de mieux la cerner. Ainsi lorsqu’elle a pris la peau de Maria Callas sur scène dans “Master Class” l’ex égérie et compagne de Truffaut, a pris soin de se documenter à fond sur la diva. Cette comédienne et actrice au timbre unique, un chuintement devenu marque de commerce, et tous les doigts bagués, elle est libre de sa vie, de ses choix artistiques. Lorsqu’on est rendu à la dernière page on a comme le goût soudain de se projeter un film d’elle.
Fanny Ardant une femme amoureuse Pascal Louvrier Tohubohu 257p.   www.tohubohu.paris

 


 

Une liaison en dents de scie à Kigali

Pour son roman au titre si beau Ainsi pleurent les hommes, Dominique Celis plante le décor à Kigali au Rwanda. On est au lendemain de l’horrible génocide des Hutus sur les Tutsis. Il faut tenter de tourner la page. Imaginez! Il demeure des séquelles à l’âme profonde. Surtout que vous avez la possibilité de croiser l’un de ces bourreaux qui a achevé à coups de machettes l’un de vos proches. Nous voyons vivre les amours en montagnes russes de Vincent et de Erika. C’est un effeuillage de marguerites en duo. On en sait beaucoup sur le sentiment amoureux. Bien des romans s’y sont employés. Mais dans ce terrible contexte rwandais, comment peut agir Cupidon ? C’est un texte fort. Et si vous aimez les emportements mutuels, alors vous êtes servis comme dans un buffet à volonté.
Ainsi pleurent les hommes Dominique Celis. Philippe Rey 284p.    www.philippe-rey.fr

 


 

Le goût de la grande ville et la désillusion

Murielle Duguay qui fait bénéficier de son talent la maison d’édition La Grande Marée, nous a donné de très beaux textes. Et c’est pourquoi on attendait avec une vive curiosité quel thème allait-elle cette fois exploiter. La ville l’a piégée est le roman d’une fille issue d’un petit bled et qui en a marre de bosser pour des pinottes. Elle est sous l’emprise de l’attrait de la grande ville. Et au grand dam de ses parents, elle va s’exiler à Montréal. Elle n’a que dix-sept ans. Elle va décrocher un boulot comme secrétaire dans un cabinet d’avocat. En même temps qu’un travail, ce sera le jackpot car Cupidon est au rendez-vous sous la forme d’un mec intéressant prénommé Luc. Mais on connaît quelqu’un demain et encore mieux le surlendemain. Et il s’avérera que le Roméo en cache un autre…Elle est piégée de façon multiple. Comment va-t-elle desserrer cet étau insoutenable ? On ne vous en dévoilera pas la conclusion car ce serait bouder votre plaisir. Mais prenez ce beau risque. On appelle ça de la grande littérature.
La ville l’a piégée Murielle Duguay. La Grande Marée 253p.    www.grandemaree.refc.ca

 


 

Des encadrés sur les disparités dont sont accablées les femmes

C’est un grand album qui a des allures de scrapbook, pardon spicilège, car il est composé de textes plus ou moins longs qui passent en revue ce que vivent les femmes et qui mettent en lumière les disparités dont elles sont encore victimes. L’auteure de ce travail exhaustif et pédagogique à la fois D’invisibles à héroïnes se nomme Catherine Le Capitaine professeure titulaire en relations industrielles à l’Université Laval. Et en raison de sa spécialité, elle accorde dans ces pages des segments qui touchent au monde du travail vu par les femmes. Ainsi elle nous apprend que le télétravail n’est pas un cadre qui favorise l’émancipation à la fois professionnelle, en santé et au plan pécuniaire. Encore une fois, la femme se toruve perdante et hypothéquée à plus d’un titre. C’est une recherche fort instructive qui amène de l’eau au moulin de celles et ceux qui veulent des arguments qui en disent long sur les inégalités qui subsistent encore.
D’invisibles à héroïnes Catherine Le Capitaine. JFD éditions 216p.    www.editionsjfd.com

 


 

La désopilante rétrospective Chapleau 2022

Il va sans dire que la personnalité marquante au Québec en cette année 2022 est sans conteste le premier ministre du Québec François Legault qui vient d’être réélu avec une écrasante majorité. Le caricaturiste Serge Chapleau lui réserve donc les honneurs de la couverture de sa rétrospective cuvée 2022.  On voit Legault avec des dollars en mains pour appâter l’électeur.  A t-on bien changé depuis Duplessis auquel on le compare, qui en son temps achetait des votes avec des frigidaires ? Et encore une fois l’imagination ne s’est pas tarie. On voit Éric Zemmour en Nosferatu, Justin Trudeau avec un déguisement original pour souligner le ratage des passeports. Bref, il faut se procurer ce bilan, ne serait-ce qu’en ce moment on cherche à tout prix de quoi rire pour ne pas pleurer, tellement l’insignifiance gagne du galon dans l’espace public.
Chapleau 2022 Serge Chapleau. Éditions La Presse 118p.   www.editionslapresse.ca

 


 

Français et québécois, ce qui nous éloignent dans le travail

Nous avons toujours dit que les québécois sont des américains parlant français, n’ayant que très peu d’affinités avec leurs soi-disants cousins français. Et une étude fouillée touchant au monde du travail tant en France qu’au Québec, basée sur des témoignages et des observations réalisées de part et d’autre confortent cette disparité. Des cousins très éloignés co-signés par Jean-Pierre Dupuis et Jean-Pierre Segal rend compte de l’organisation du travail dans l’Hexagone et chez nous. Deux mondes totalement différents. En France la hiérarchie pèse encore de tout son poids et un cadre de haut niveau risque, encore aujourd’hui, de se retrouver à la cantine de l’entreprise. Seule la langue nous unit. Rien de neuf sous le soleil. Une lecture impérative alors que le gouvernement québécois a manifesté son ambition de multiplier les exportations au pays de nos ancêtres.
Des cousins très éloignés Jean-Pierre Dupuis et Jean-Pierre Segal. Les Presses de l’Université Laval  303p.      www.pulaval.com

 


 

Portrait de l’insolent Elon Musk

Même s’il est le père de la Tesla et pour le moment encore l’homme le plus riche du monde (quoique qu’il a perdu cent milliards en moins d’une année) Elon Musk s’est vraiment fait voir sous son vrai jour avec l’achat de la plateforme Twitter au coût de 44 milliards de dollars et la manière cavalière avec laquelle il s’est empressé de licencier la moitié du personnel, à peine arrivé en poste et quel traitement il inflige à ceux qui veulent rester, un véritable esclavage qui n’ose dire son nom. On l’a d’abords célébré comme surdoué, génial, visionnaire comme pas un, mais maintenant on déchante. Pour avoir un aperçu de la personnalité de ce mogul allez lire la biographie que lui consacre Cyril de Sousa CardosoElon Musk, les secrets d’une réussite insolente”. L’auteur le propose comme modèle pour tout entrepreneur en devenir. Nul doute que son travail a été accompli avant les dernières nouvelles concernant son sujet. Pour le moment l’intérêt de cette bio concerne les débuts. Car il y a bien eu une “il était une fois”.
Elon Musk  Les secrets d’une réussite insolente. Cyril de Sousa Cardoso. Mardaga 188p.     www.editionsmardaga.com

 


 

Sur l’enfance de Steven Spielberg

C’est toujours dans l’enfance qu’il faut aller fouiller pour trouver ce qui a permis de construire le caractère de quelqu’un. Ne dit-on pas qu’une identité se forge entre zéro et trois ans. Alors dans le cas du cinéaste Steven Spielberg il était tout à fait pertinent d’aller regarder sur le cadre familial qui a donné naissance à un des géants du septième art américain et mondial. Le spécialiste du cinéaste Gilles Penso qui lui a déjà consacré un documentaire lance Steven avant Spielberg. On apprend une foule de choses, notamment l’utilisation et la signification du choix des couleurs dans ses productions. C’est une biographie des premières années qui livre la clé de compréhension de ce créateur qui était à l’origine chétif et qui se développera sous nos yeux.
Steven avant Spielberg Gilles Penso. Michel Lafon 317p.    www.michel-lafon.com

 


 

Quand la Nouvelle-France valait plus que quelques arpents de neige

Ne pensez pas que la fascination des français pour le continent nord-américain a pris naissance avec la Libération de la France occupée par les soldats américains et le chewing-gum que ceux-ci distribuaient à tout va. Déjà dès le XVIIIème siècle on avait une curiosité fantasmagorique du nouveau monde. Et si vous souhaitez en avoir une idée, nous vous invitons à parcourir l’essai fouillé Rêver le Nouveau Monde un collectif sous la direction de Sébastien Côté, Pierre Frantz et Sophie Marchand. On apprendra notamment qu’en France on incorporera même au théâtre des personnages bien de chez nous, tel un huron. C’est la découverte de certains aspects de cet intérêt que nous méconnaissons, même aujourd’hui.
Rêver le Nouveau Monde. Collectif.  Les Presses de l’Université Laval 292p.
www.pulaval.com

 


 

L’album de la reine Elizabeth II

Avec un cumul de 70 ans de règne, Sa Majesté la reine Elizabeth II a été la monarque qui s’est retrouvée le plus longtemps sur le trône dans toute l’histoire de l’Angleterre, ayant fracassé le record tenu jusque là, par son aïeule la reine Victoria. Avec son décès à l’âge vénérable de 96 ans et qui l’aura vu tenir son rang, jusqu’à l’avant-veille de sa mort, différents hommages paraissent dont toute une littérature. Dernière sortie en date qui vaille le détour, un bel album richement enrichi au niveau iconographique qui retrace ce règne sans égal. Elizabeth II de Catherine Ryan avec une préface du populaire historien Franck Ferrand retrace les riches années de ce parcours sans faute. Qui lui a valu l’estime de ses sujets jusqu’à la fin, exception faite de la courte agitation entourant le décès de Lady Di.  Mais que la souveraine a fini par gérer habilement.  Tout y est dans ses pages, hormis sa disparition. Mais il est question de la série The Crown et du décès du prince Philip d’Edimbourg.
Elizabeth II  Catherine Ryan. l’Archipel 191p.   www.editionsarchipel.com

 






 

Le coin de la BD  (1)

Chez Graph Zeppelin le trio formé de Raven Gregory, Robert Gill et Jason Embury s’amène avec le tome “De l’autre côté du miroir” de la série Alice à Wonderland. Si vous n’êtes pas familier avec le cadre de vie qui se déroule à ce qui porte le patronyme de wonder, sachez que pour la pauvresse Alice, c’est tout mais surtout loin d’être merveilleux. Un environnement suscitant même une certaine dose d’horrreur. Voyez dans cet album où en est notre héroïne.

Chez l’éditeur coquin Tabou que nous aimons par-dessus tout, tellement il enfreint les règles de “bienséance” de la rectitude sociale. Ils nous offrent deux BD qui auront de quoi éveiller vos sens les plus endormis. D’abord Connie la barbare. Pas besoin de chercher loin les explications qui tiennent concernant sa profonde nature puisqu’elle a vu le jour dans un bled nommé Hystéria. Elle a autant d’énergie à décapiter ses adversaires que de se taper une multitude de mecs. Une femme bien en avance sur son époque qui ne se fie qu’à son instinct. L’épisode a pour titre “La nuit de la gloriole”. L’auteur Gianluca Maconi.

L’autre titre chez Tabou, cette fois en création collective, c’est Lookers origines. Ce sont des femmes qui n’ont pas froid aux yeux et qui au plan érotique, éprouvent beaucoup de plaisir entre elles. Et rien des illustrations ne dissimulent cet intérêt pour les nymphes, entendez ici les lèvres dans toutes leurs définitions. En plus, ce qui n’est pas pour déplaire, elles sont des combattantes redoutables contre les forces du mal. Et vous allez voir comment la religion sera mise à contribution. Oui car vous verrez, il y a des soeurs à nulle pareille dans ces pages.

L’éditeur Glénat va faire plaisir à tous les fans de l’ours hyper sympathique Pol Polaire dont on présente le tome 2 intitulé Le mystérieux docteur plastique.  Vous allez voir que le réchauffement climatique impacte notre plantigrade, et enfin une alliance inédite avec un phoque dont pourtant l’ours est le prédateur. Caroline Soucy est ici au zénith de son talent de bédéiste.

Chez l’éditeur Dupuis c’est le tome 3 “Un chant d’amour” de la saga Coeur Collège du tandem Beka et Maya. Si vous voulez savoir de quoi se chauffent nos ados de l’ère numérique, cette BD est un bon indicateur. Car les personnages qui ont en moyenne 11 ans d’âge, se posent de sérieuses questions métaphysiques sur le sens à donner à…l’amour. Cette création artistique a le mérite d’être quasi un documentaire sur notre époque. Si on en juge par les auteurs, les jeunes, pas si égocentriques que l’on dit, nourrissent encore des ambitions affectives.

 








 

Le coin de la BD (2)

Quatre titres sont en rayonnage de chez l’éditeur Dargaud. A commencer par Là où naissent les étoiles de Valerian et Laureline par Pierre Christin et Virginie Augustin. Souvenons-nous que les deux premiers sont les spationautes qui se sont à chercher dans le cosmos notre bonne vieille disparue. Mais dont le vécu des habitants est si chargé de froideur technocratique qu’ils se sont mis en quête de lui faire un saut dans le temps, alors qu’il y avait encore une bonne dose d’humanité. C’est une BD très puissante du côté de l’anticipation.

Du côté des mondes d’Aldebaran c’est l’épisode 2 de Leo Neptune. C’est toute une odyssée que celle de ce vaisseau-monde qui compte à bord des Terriens en direction non de Mars mais de…Neptune. Et ce forfait tout compris, comporte son lot de dangers que ne mettra pas beaucoup de temps à découvrir Kim et Manon. Ces derniers vont tenter le tout pour le tout pour sauver ces passagers.  Dans ces pages des rebondissements qui entretiennent l’intérêt tout au long.

Inspirée par des faits réels tirés de la ségrégation raciale qui sévit toujours chez nos voisins du Sud, la belge Léa Chrétien est allée en Nouvelle-Orléans. Elle campe cette fois la fin de sa trilogie Louisiana, la couleur du sang sur des illustrations de son compatriote Gontran Toussaint dans la première contrée en 1961. L’héritière de la plantation familiale, Louise Soral, va se confier à sa domestique noire. C’est assez inusité. D’autant qu’elle est tombée sur un journal racontant ses proches et des squelettes dans le placard à la pelle. Vous ne vous ennuierez pas et cela permettra de mieux comprendre les tensions raciales qui subsistent encore.

 

Filles uniques de Beka et Camille Méhu est une sorte de radiographie contemporaine de ce qui se passe entre cinq copines: Paloma, Céleste, Sierra, Apolline et Chélonia. Est-ce que la sororité existe entre cinq demoiselles, ou bien selon le cliché bien entretenu, ce n’est que du crêpage de chignon et bye bye la solidarité. A vous de prendre connaissance de l’état des lieux. C’est désopilant et assez fidèle croyons-nous à ce qui se passe dans la vie quotidienne des jeunes femmes de l’ère 2.0. Chez Dargaud.

En terminant, trois parutions, dont deux à saveur historique chez Le Lombard. Nous avons le tome 8 de la série estimée Les enfants de la résistance de MM. Benoît Ers et Vincent Dugomier. Destinée à faire comprendre la résistance contre les allemands et la Milice française, les concepteurs ont bien mis de l’avant les périls auxquels étaient exposés les rebelles de Vichy. Car de 1943 à la reddition de 1944, les forces de l’Occupation se sont montrées d’une férocité sans limite à l’endroit des juifs et des résistants. C’était combattre ou mourir comme l’indique le sous-titre de la BD.

Demeurons donc chez Lombard pour un grand retour en arrière, à l’époque de la Révolution française. Là aussi, vocation pédagogique des auteurs Simon Spruyt et Nicolas Juncker qui reviennent sur ces pages glorieuses de la fin de la dynastie des Bourbons et l’espérance d’une vie meilleure pour le petit peuple. Les mémoires du Dragon Dragon en est au tome 2 Valmy c’est fini.  Là nous sommes en pleine République française naissante qui se laisse porter par son idéal, liberté, égalité, fraternité. Ils ont par contre sur le dos les forces prussiennes et autrichiennes. Mais il y a un individu qui va faire la différence…Pierre-Marie Dragon.

Un virus qui menace l’humanité ? Cela vous est-il une réminiscence de quelque chose ?  C’est la raison pour laquelle Green class va retenir votre curiosité. Le tome 4 conçu par David Tako et  Jérôme Hamon. Ce virus dont il est question a frappé fort une partie de l’humanité à qui on a ôté toute volonté…On voit même apparaître des créatures au physique déformé. En plus ils sont contagieux. Oh, là, là. De jeunes canadiens ont décidé de réagir et contrer le fléau. D’autant que l’un d’eux est contaminé. Plus contemporain comme sujet, tu meurs. Chez Lombard, où on trouve de sacrées histoires.

 






 

Le coin santé physique et psychique

Voici un sujet qui touche vraiment tout le monde, oui tout le monde: la fatigue. Et qui curieusement ne fait pas l’objet d’une si grande littérature médicale que ça. C’est pourquoi saluons Véronique Grenier qui lui consacre une petite plaquette qui dit tout à son sujet dont elle dit bien qu’on en parle presque au temps que la météo dans les conversations. A boutte fait le tour de la question. Et les sources des fatigues sont multiples dont la fréquentation trop longue des écrans d’ordinateurs qui brouille les yeux et entraîne le reste. Et en ce moment avec ce bombardement des nouvelles du monde et la post-pandémie, c’est la planète toute entière qui est à boutte. C’est le cahier 22 des éditions Atelier 10.

Perdre un être cher étend sa définition, pas seulement aux humains mais aux animaux de compagnie. Un de nos éditeurs à la la rédaction reconnaît qu’il a pleuré toutes les larmes de son corps à la disparition de son chat Rolex que pour ses propres parents dont il a accueilli leur décès dans une quasi indifférence. Alors pour ceux que la mort de minou et pitou rend inconsolables, procurez-vous Quand vient le temps de dire adieu de la spécialiste en comportement animal Angela Garner chez l’éditeur Le Dauphin Blanc. Dans le communiqué de presse qui accompagne la sortie de l’ouvrage, il est écrit fort judicieusement que nos petits amis à quatre pattes font partie intégrante de la famille. Pour arriver à panser ses plaies psychologiques, l’auteure propose un cheminement par étapes appuyé par ses longues années de pratique.

Allez! répondez à cette question, pourquoi les méduses ne vieillissent pas qui donne son titre à un bouquin captivant au possible publié aux éditions Leduc, et c’est un euphémisme, sur la question du vieillir. Son auteur Nicklas Brendborg qui est un doctorant en biologie moléculaire à l’Université de Copenhague. On sat qu’à quelque part dans le monde, on le raconte du moins au Japon, des Frankenstein en devenir planche sur une immortalité possible de l’être humain. On ne claironne pas trop là-dessus, car c’est un domaine qui fait sourciller au plan éthique. Et les religions au premier plan s’opposent à toute intervention semblable sur le corps humain. Mais pour l’instant, le monde animal offre des exemples renversants de longévité qui laissent tout de même espérer pour l’homo sapiens. Et ce scientifique qui fait oeuvre de vulgarisation, ne manque pas d’humour, ce qui rend la lecture intéressante comme tout. C’est un merveilleux professeur comme on n’en trouve plus dans nos écoles.

Et en complément du livre précédent sur le vieillissement, il y a cet autre titre complémentaire Mortels ce que nous révèle la science aux éditions Alisio. C’est une grand enquête menée par l’équipe de la rédaction de Science & Vie sous la coordination de Philippe Bourbeillon.  Tous les aspects de notre comportement face à la mort sont abordés: pourquoi avons-nous peur de la mort, qu’est-ce qui se passe physiquement à l’extinction de nos signes vitaux, ect. Il est question aussi de notre quête inconsciente d’immortalité.  C’est pourquoi il complète très bien la recension précédente de Pourquoi les méduses ne vieillissent pas de Nicklas Brendborg chez l’éditeur Leduc.  Et encore ici, c’est un beau travail de vulgarisation pour tenter d’appréhender ce qui nous attend tous pauvres humains que nous sommes.

Aux éditions Terre vivante, l’infirmière Paule Lebay débarque avec de jolies propositions santé Créer un jardin de soins. Un peu comme la zoothérapie nous a appris que rien n’était perdu dans la communication de la part des aînés, l’horticulture apporte aussi son lot de bienfaits pour ces gens âgés qui, autrement s’ennuieraient de manière mortifère.  Fort de son expérience, elle appelle de tous ses voeux nos aïeux à se mettre au vert. Et eux comme nous tous, sommes souvent conquis par le résultat des efforts consentis.  Beaucoup d’EHPAD ou de CHLSD au Québec pourront puiser dans ces chapitres des tonnes d’activités à réaliser en plein air.  De nombreuses photos parsèment le livre.

 


 

Un classique de la littérature anti-pornographie réédité

En 1979, une chantre du féminisme radical Andrea Dworkin publiait Pornographie, les hommes s’approprient les femmes un brûlot dans lequel elle stigmatise l’industrie pornographique. Que l’éditeur Éditions Libre a tenu à rééditer au moment où des scandales de viols touchant le monde du porno éclabousse ce dernier. Ce pamphlet reprend des idées ancrées à savoir que ce sont les femmes qui sont les victimes. Avec argumentation à la clé remontant même jusqu’à Sade à qui elle consacre un très long passage. Depuis 40 ans on a rajusté le tir depuis. C’est un peu comme la fameuse “violence faite aux femmes” comme si la violence était binaire. Demandez aux policiers dont la majorité des appels concernent de la violence conjugale, les coups viennent des deux côtés. Et en porno, des filles viennent bosser très conscientes de l’univers qu’elles intègrent. Et même des femmes sont productrices du domaine. Cela étant dit, cet ouvrage mérite d’être lu pour se confronter aux idées qu’on y trouve et si elles ont résisté au temps.
Pornographie, les hommes s’approprient les femmes. Éditions Libre 339p.      www.editionslibre.org

 


 

Première autobiographie d’une amérindienne
C’est un ouvrage historique que cet Ainsi je suis venue de Sarah Winnemucca Hopkins dont une statue orne une salle du Capitole à Washington. En effet, c’est la première fois qu’une femme autochtone décrit ce que fut son existence. Des amérindiens mâles avaient fait de même par le passé, mais jamais de femme. Cette pionnière, née en 1844, est de la Première nation des Paiutes qui se trouvait dans ce qui est maintenant le Nevada, alors territoire mexicain. Elle a cru bon relater son vécu, et la terreur que les blancs répandaient dans sa région. Ce sont deux soeurs, enseignantes, de Boston, les soeurs Peabody qui vont l’aider à structurer son récit qu’elle a rédigé en anglais.  Elle décédera huit ans après la sortie de son livre dans des circonstances nébuleuses. Ce sera une militante du lotissement des terres que se sont réappropriés graduellement les siens.  Tous ceux qui ont à coeur la pérennité de la culture et des savoirs des premiers habitants de l’Amérique ne peuvent ignorer ce texte fondateur. Il démontre la sensibilité qui était celle de ces nations massacrées tel un génocide maintenant reconnu, comme ce fut le cas au Canada.
Ainsi je suis venue Sarah Winnemucca Hopkins. Anacharsis 317p.   www.editions-anacharsis.com

 


 

Échecs, quand l’intelligence artificielle a remis l’homme à sa place

Le 11 mai 1997 est une date à inscrire dans l’histoire de l’humanité. Pour la première fois, un ordinateur conçu par un jeune blanc-bec chinois, allait se mesurer au champion du monde des échecs Garry Kasparo. Des millions de fans d’échecs ont suivi le combat entre le Deep Blue d’IBM un RS-6000 en mesure d’analyser tenez-vous bien…200 millions de positions à la seconde. Mais l’adversaire croyait ne pas avoir dit son dernier mot. Hélas pour lui, le bidule de Feng-Hsiung Hsu le ramena à plus d’humilité. Ce dernier revient sur cet événement qui donne froid dans le dos, quand on pense que l’ordinateur peut supplanter l’homo sapiens dans bien des domaines. Et comme le rappelle le communiqué de presse accompagnant la sortie de l’ouvrage, l’ordinateur de 1997 était de la stature d’une grande armoire normande, alors que maintenant, cette capacité est contenue dans une toute petite puce. Même ceux qui sont indifférents aux échecs ont tout intérêt à parcourir ce récit qui annonce de façon collatérale l’univers hyper-connecté qui nous attend. Nous n’en sommes qu’aux balbutiements.
Feng-Hsiung Hsu L’homme qui a battu Kasparov sans vraiment savoir jouer aux échecs. Le jardin des Livres 347p.      www.lejardindeslivres.fr

 


 

Un homme, les femmes, puis la nature, puis LA femme

La réputation d’excellence artistique n’est plus à faire quand on cite le nom de Marc Séguin artiste coté en art visuel et homme de lettres respecté. Qui nous fait cadeau d’un livre écolo à sa façon puisque son protagoniste quand il en a marre d’en caisse des déconvenues amoureuses avec les femmes, a alors le goût du livre et s’exile six mois durant comme guide de chasse dans l’Île d’Anticosti. Et alors que derrière lui se cicatrise une histoire d’amour qui s’est mal terminée avec une écrivaine, Clara, voilà que Cupidon va se présenter au moment où il s’y attend le moins, et ce dans l’environnement qu’il aime et qu’elle partage. Ah ce petit diablotin qui décoche quand bon lui plaît. De cette union naîtra un enfant, qui clôture cette histoire qui mêle célébration de la nature…et de l’amour.
Un homme et ses chiens Marc Séguin. Leméac 162p.    

 


 

De belles histoires vraies par tout un conteur

Lorànt Deutsch est avec Stéphane Bern et Franck Ferrand un des plus populaires historiographes qui soit. Qui cumule les succès en librairie avec des titres qui, s’ils concernent toujours l’Histoire, touchent à tous les sujets. Et avec Entrez dans l’Histoire sa dernière ponte, il a choisi de nous faire découvrir, à ceux qui ne les connaîtraient pas encore, des figures qui ont marqué leur époque. Il a sélectionné arbitrairement vingt-six personnalités allant de Cléopâtre à la Reine Elizabeth II en passant par Clemenceau, Dagobert (oui celui qui a mis ses culottes à l’envers) Gilles de Rais premier grand tueur en série d’enfants et ami de…Jeanne D’Arc qui trône elle aussi dans ces pages. Ce sont évidemment de courtes monographies, beaucoup basées sur l’anecdote dont l’objectif certainement avoué par l’auteur est de pousser à la curiosité. Un livre intelligent va sans dire qui élève un peu plus son lectorat.
Entrez dans l’Histoire Lorànt Deutsch. Michel Lafon / RTL 381p.   www.michel-lafon.com

 


 

Au basketball le triomphe de la volonté

Chose certaine,
John Grisham n’est pas confronté au drame de la page blanche. A preuve, la belle histoire qui est sortie de son imaginaire avec La chance d’une vie. Grosso modo c’est un jeune homme ressortissant
soudanais qui a eu l’opportunité de se voir mériter une participation dans un tournoi de basket-ball aux États-Unis. Tout à la joie, à la perspective d’être repéré. Avec aussi comme premier objectif de faire sortir sa famille du Soudan et qu’ils viennent le rejoindre au pays de l’Oncle Sam. Et là on va suivre les déambulations sportives de l’intéressé qui va être le fer de lance de son équipe qui en arrache dans un premier temps. Le suspense est le suivant, arrivera t-il à concilier ses deux rêves, vivre de son sport et espérer un avenir meilleur aux siens. Une histoire somme toute toute simple, mais comme le faisait remarquer un Charles Aznavour qui disait que la première règle dans un art était d’avoir d’abord une bonne histoire. C’est le cas ici pour un Grisham au zénith de son talent.
La chance d’une vie John Grisham. JC Lattès 423p.    www.editions-jclattes.fr

 


 

Les incunables de la bibliothèque de l’UQTR

Nous n’en savions rien, et c’est tout le mérite de cet album, de nous apprendre que la bibliothèque de l’Université du Québec à Trois-Rivières possède une collection d’ouvrages rares remontant au début de la Nouvelle-France jusqu’à des titres plus contemporains mais qui ont fait époque. Et que de trésors. Qui émanent de plusieurs sources, des fonds pris ailleurs, comme celui de l’École des Hautes Études Commerciales de Montréal, des fonds privés et quoi encore. De sorte que l’UQTR peut se targuer d’oeuvres patrimoniales littéraires inestimables. Et qui a donné naissance à trois expositions entre 2013 et 2019. Un collectif a donc mis en vedette ces bijoux dont certains, des autrices de l’Ancien régime ne peuvent que nous émouvoir. Chapeau à ce travail collectif. Et l’éditeur a pris un soin jaloux côté présentation graphique qui donne de la valeur ajoutée à la démarche.
Une encyclopédie de la pensée moderne Collectif. Les Presses de l’Université Laval 161p.   www.pulaval.com

 


 

Les années Amérique latine de Jean-Michel Leprince

Le journaliste de Radio-Canada Jean-Michel Leprince avait compris avant tout le monde l’importance de se faire une niche comme correspondant en Amérique latine. Un coin de la planète, qui sans doute à défaut de parler espagnol, n’a pas fait courir ses confrères. Leprince a même persuadé ses patrons d’ouvrir un bureau couvrant les activités de ces pays. Si ses reportages avaient une date de péremption, cela ne voulait pas dire pour autant que leur contenu ne devait pas survivre. C’est pourquoi il est revenu sur ses reportages pour en faire un volume préfacé par son chef d’antenne, l’icône qu’est Bernard Derome. Cela donne La faute à Pablo Escobar puisque le pays retenu est la Colombie. Il détaille sur l’univers des narcotrafiquants qui monopolisent encore aujourd’hui toute l’économie du pays. Et Escobar ne pouvait ètre évidemment pas évité.
La faute à Pablo Escobar Jean-Michel Leprince. Leméac 442p.   

 


 

Un roman avec pour toile de fond le Mile Doré

Le Golden Square Mile ou si vous aimez mieux, le Mile Doré est ce quadrilatère huppé que traverse l’Avenue des Pins et le chemin du Docteur Penfield ainsi que ses rues adjacentes, dans le secteur de la rue Peel. Avec les rares manoirs qui ne sont pas tombé sous le pic des démolisseurs au temps de Jean Drapeau le ravageur, qui ne voulait plus de ces vestiges architecturaux et qui voyait Montréal en mode uniquement moderne. Curieusement ce quartier chic avec ces bâtisseurs écossais n’a pas nourri notre littérature comme les anglais ont fait de leur côté. Mais il y a des exceptions, dont la dernière est le roman de Heather O’Neill Perdre la tête” qui met en scène deux filles de la haute bourgeoisie, Marie et surtout Sadie. On est en 1873. Cette dernière qui vaut le détour, est attirée par l’érotisme et dominera des hommes avec le fouet dans un bordel! Il y a une attraction entre ces deux personnalités que tout oppose. Mais qu’arrivera t-il à la sulfureuse Sadie ? A découvrir et sans faute.
Perdre la tête Heather O’Neill. Alto 489p.    www.editionsalto.com

 


 

Notre dichotomie culturelle montréalaise jouée au théâtre

combien de fois a t-il été évoqué la question de nos deux solitudes. Est-ce qu’un anglophone de Ville Mont-Royal sait qui est Jean-Pierre Ferland même s’il vit chez nous depuis quarante ans ? Une comédienne, auteur et metteure en scène a voulu exploiter ce malaise dont le boulevard Saint-Laurent est la parfaite illustration, et c’est Laurence Dauphinais qui l’exprime magnifiquement dans une pièce de théâtre Cyclorama. Avec des répliques, tantôt en français, tantôt en anglais. A ne plus savoir qui on est finalement, ou à peu près. Le texte est maintenant disponible. Alors que la lecture d’une pièce de théâtre peut-être rebutante, tant le texte est fait pour être dit et joué, ici c’est un régal. Une sorte de psychanalyse collective de notre identité. Sommes nous finalement des américains parlant français ?
Cyclorama Laurence Dauphinais. Atelier 10 107p.    www.atelier10.ca

 


 

Une élévation épistolaire entre deux êtres que tout oppose

Il est à déplorer qu’on n’édite pas plus de correspondance que ça au Québec. Sans doute parce que ce genre pour un éditeur est moins vendeur. Avec pour conséquence que la vie intellectuelle est plus brillante en France que chez nous. Voilà que paraît des échanges de lettres entre le syndicaliste à la retraite Pierre Vadeboncoeur et le professeur de lettres à l’Université McGill Yvon Rivard. En âge, un peu plus de deux décennies les séparent, le premier l’aîné du second. Dans la préface de Une amitié libre qui réunit la correspondance entre ces deux êtres entre 1974 et 2010, Mathieu Bélisle décrit très bien la personnalité des épistoliers. Et de quoi on traite là dedans ? Mais de tout, allant de voyages en France, des lectures de chacun. Un beau melting pot. Au début on utilise le vous qui sera vite remplacé par le tu. A lire car c’est une pure récréation pour l’esprit. C’est la mort de Vadeboncoeur en 2010 qui mettra fin à ces beaux duels de la pensée.
Une amitié libre Yvon Rivard et Pierre Vadeboncoeur correspondance 1974 - 2010. Leméac 188p.

 


 

De l’importance des humanités pour l’humain

Ceux qui ont fait leurs cours classiques de jadis, savent ce qu’on entendait par les humanités qui englobait la littérature, la philosophie, l’histoire et l’histoire de l’art. Qui structurait la pensée de l’étudiant. Et qui a donné pour le Québec de très beaux fruits. Aujourd’hui c’est le néant. D’où la nécessité de réitérer l’importance d’une culture générale. Un essai en collectif Notre première modernité d’après une idée de Pascal Bastien recueille des témoignages d’universitaires qui racontent leur choix éducatif. Il y a Peggy Davies qui remet en mémoire cette horreur à savoir qu’on avait, tenez-vous bien à l’UQAM en histoire de l’art, une répulsion de l’art ancien! Vous ne serez pas au bout de vos surprises. C’est un éloquent plaidoyer de la beauté du savoir.
Notre première modernité Collectif sous la direction de Pascal Bastien 206p.   

 


 

Psychanalyse d’une France mal dans sa peau

Stéphane Rozès qui préside une société conseil dans l’Hexagone a l’écoute des décideurs et en connaît un rayon sur les contraintes qui les attendent. De même voit-il que la France est très mal dans sa peau, la société s’interrogeant avec inquiétude sur des lendemains qui ne semblent pas vouloir chanter. On le voit par ce simple fait, que jouissant d’une chaleur inédite côté température, les gens sont en terrasse et au lieu de jouir du moment présent, s’angoissent pour ce qui les attend. Il signe donc ses observations dans Chaos essai sur les imaginaires des peuples. Dans la seconde partie de l’essai, c’est un dialogue très dynamique avec Arnaud Benedetti rédacteur en chef de la Revue politique et parlementaire. Au final une excellente radiographie du mal français et du monde.
Chaos essai sur les imaginaires des peuples. Stéphane Rozès. Entretiens avec Arnaud Benedetti. Cerf 217p.   www.editionsducerf.fr

 


 

Catherine Millet poursuit le récit de sa vie

En 2001 Catherine Millet avait lancé pas moins d’une sorte de cocktail Molotov avec la parution de La vie sexuelle de Catherine M. où elle ne faisait pas mystère de son appétit pour la sexualité et les échanges multiples. Ce sera, comme on dit, un passage marqué d’autant qu’elle apparaissait sur la couverture poitrine à découvert. Chapeau l’artiste. Mais elle n’est pas que…C’est une femme respectée dans le domaine des arts visuels. Qui a entrepris de raconter sa vie notamment dans ce premier volet, celui de sa toute jeunesse avec “Après une enfance de rêve”. Là elle persiste et signe avec Commencements. C’est sa phase adulte avec tous les apprentissages possibles, lectures, émotions en tout genre, sentimentale et sexuelle bien sûr, découvertes intellectuelles. C’est son Saint-Germain-des-Prés au temps où il était interdit d’interdire. C’est un beau cours sur comment on devient. Le sien est évidemment très particulier. Vous adorerez et c’est un euphémisme.
Commencements Catherine Millet. Flammarion 314p. 

 


 

Une variation prodigieuse sur le sentiment amoureux

Les astres se sont alignés qui ont permis à la dernière ponte d’Anaïs Barbeau-Lavalette de jouir d’une couverture médiatique considérable. En effet, l’écrivaine a pu disposer de plusieurs tribunes pour défendre Femme fleuve qui raconte les amurs sur le tard d’un homme et d’une femme. Sujet que l’on pourrait facilement qualifier d’épuisé, mais qui sous la plue ou le clavier, c’est selon de dame Barbeau-Lavalette trouve des élans de prose poétique qui nous fait croire qu’à l’ère numérique tout est encore possible. Qu’il y a place encore por le sentiment. Extrait “Elle avance parmi eux en essayant de ne blesser personne; sa cuirasse de noirceur pèse lourd et ralentit ses pas”. Et ce n’est qu’une perle parmi des dizaines d’autres. L’amour n’a pas dit son dernier mot.
Femme fleuve Anaïs Barbeau-Lavalette. Éditions marchand de feuilles 252p.  

 


 

Dans les coulisses du monde de la danse

Même si c’est un pléonasme on qualifiera de petite plaquette La classe de danse de Pascale Navarro qui a décidé pour second récit, de nous emmener en douce voir ce qui se passe dans les classes de danse classique. Elle sait de quoi elle parle puisqu’elle en a fait dès l’âge de huit ans jusqu’à sa majorité. Elle a choisi un mode intéressant en lançant des phrases courtes ou de petits paragraphes qui résument à eux seuls ce qu’il en coûte d’exigence pour en arriver à sublimer son art. Ce petit livre est à mettre entre toutes les mains de celles et ceux qui ambitionnent de faire partie de ce monde ou bien ceux qui adorent cet art et qui se doutent bien de ce qu’il faut faire pour atteindre à la perfection tant demandée par les maîtres.
La classe de danse Pascale Navarro. Leméac 110p.  

 


 

Un roman sur un thème innu mais à valeur de documentaire

Qu’est-ce qui se passe ? Comme quoi on voulait se racheter d’avoir légué aux oubliettes la culture innue, tout comme celle des autres premières nations. Tant mieux ce sont ces dernières qui en profitent et par ricochet nous aussi, car tant de trésors à découvrir, en terme de richesses spirituelles et écologiques. C’est dans cette veine que nous vous recommandons hautement L’or des mélèzes de Carole Labarre chez l’éditeur Mémoire d’encrier, elle-même innue qui étiquette son livre de roman. Oui c’est certes une fiction. Mais l’environnement géographique si bien décrit et les moeurs, confèrent à ce travail littéraire, une valeur documentaire. En sa compagnie on se plonge dans le quotidien de ces gens, à des époques aussi reculées que les années quarante et cinquante alors que les “requins” blancs ont tout fait pour éradiquer cette civilisation. C’est le premier roman de l’écrivaine. Une magnifique entrée dans le monde des lettres.

Et dans un même esprit et chez le même éditeur, c’est une autre innue (que de talents dans cette communauté) qui débarque avec un recueil de poésie qui frappe fort, témoignant de la sensibilité exquise chez les innus, Atik u Utei avec ce titre marquant de Le coeur du caribou. Et là aussi, dans une espèce de spiritualité animiste c’est une célébration de la nature. Extrait “oiseau de la nuit blanche tu est le reflet du passé gardien du sacré de la forêt”.

   www.memoiredencrier.com

 


 

Le plan Q de Madeline

Le titre, on en conviendra, a de quoi être percutant. Si l’éditeur voulait par là attirer l’attention, c’est réussi avec ce Plan Q signé partiellement par Sara Agnès L. dont le quel reproche que l’on pourrait faire à ce roman érotique, c’est que l’auteure n’assume pas complètement son patronyme. Après ce qu’elle écrit, pourquoi le cul serait-il encore honteux. Bref, c’est une autre histoire. Mais celle que contient ces pages vaut le détour pourquoi veut s’émoustiller. Il était une femme, Madeline, en peine d’amour à qui une copine propose le défi de se faire mettre par le premier venu. Et le hasard voudra que dans ce bar, il s’agira d’un motard qu’elle connaît bien puisqu’il était ami de son frère et pour qui jadis le coeur battait la chamade. Pour le reste on vous laisse deviner. De beaux passages érotisants pimentent la lecture. Nous vous prévenons que ceux-ci peuvent augmenter votre chaleur corporelle. Autant vous en aviser.
Plan Q Sara Agnès L.  Éditions Andara 478p.   www.andara.ca

 


 

Sur l’abrutissement de l’homo sapiens

Les créateurs du numérique n’ont pas caché être amèrement déçu de ce qu’il est advenu du monde qu’ils entrevoyaient, avec la diffusion du savoir pour tous et des échanges multiples entre les gens. Au contraire, l’inculture gagne du terrain au point où Kim Kardashian l’emporte déjà en terme de notoriété sur Chopin et où côté échange, c’est la poubelle numérisante où derrière le “courage” de l’anonymat on crache son fiel à qui mieux mieux. En somme comme l’indique bien Romain Gagnon dans son pamphlet Vers l’abrutissement de l’espèce humaine c’est, on le voit, le nivellement par le bas. Et la hausse du décrochage scolaire au Québec de 30% de ce qui était déjà catastrophique n’annonce rien de bon. En résumé il met en garde sur les tentatives de récupération menée par des conspirationnistes qui vont déformer la réalité à leur profit. C’est le constat d’un monde troublé jusqu’au trognon.
Vers l’abrutissement de l’espèce humaine Romain Gagnon. Éditions Stratégikus 246p.  

 


 

Tout savoir sur les paradis fiscaux

 Il se perd chaque année des milliards de dollars qui échappent aux caisses publiques des nations, du fait que les richards de ce monde placent ou cachent leur argent dans des paradis fiscaux. Pour le côté légal on a trouvé un terme approprié “optimisation fiscale” pour décrire quelque chose qui n’ose dire son nom. Avec les complicités des banques de surcroît. Si d’aventure ce sujet vous intéresse, nous vous recommandons la sortie de Finance offshore et paradis fiscaux de Franck Jovanovic. Il est professeur titulaire d’économie et de finance à l’Université TELUQ (l’université à distance du réseau de l’Université du Québec) et chercheur associé à l’Université d’Orléans. C’est LE livre de référence pour qui veut tout connaître du secteur. On débute par ce qui anime le monde de la finance. Devinez quoi ? C’est un ouvrage de rigueur mais qui a la qualité d’être à la portée de tous.
Finance offshore et paradis fiscaux Légal ou illégal ? Franck Jovanovic. Les Presses de l’Université du Québec  445p.    www.puq.ca

 


 

Il était une fois l’altermondialisme

Ils sont trois Raphaël Canet, sociologue et professeur au Cégep du Vieux-Montréal, Ronald Cameron venu du monde syndical et retraité, et Nathalie Guay directrice générale de l’Observatoire québécois des inégalités. Ensemble, ils jettent un regard rétrospectif sur la mouvance altermondialiste dans un petit essai. Comment l’altermondialisme a vu le jour,les moyens entrepris, la finalité et si des résultats probants sont à la clé. Un sujet qui ne peut mieux tomber alors que le monde vit une sorte d’aggiornamento post-pandémique et économique. Un petit opuscule à la typographie serrée, et qui permettra au lecteur de mieux saisir les enjeux de ce courant porteur de propositions pour des lendemains qui chantent.
Altermondialismes Justice sociale et écologique dans un monde globalisé. Raphaël Canet, Ronald Cameron et Nathalie Guay. Les Presses de l’Université d’Ottawa 106p.    www.pressesuOttawa.ca

 


 

Djemila Benhabib persiste et signe 

Les québécois qui suivent les enjeux de la laïcité dans la Belle Province connaissent bien le nom de Djemila Benhabib dont le militantisme, même au sein du Parti québécois en faveur de la laïcisation l’a mené sur diverses tribunes. Avec aussi à la clé des procès retentissants de la part de la mouvance islamophobe qui voyait en elle l’injure incarnée. Maintenant on l’a dit en Belgique. Où elle poursuit son combat. Mieux, elle signe un autre ouvrage qui revient sur ses engagements c’est Islamophobie mon oeil! par lequel elle exprime le malaise de bien des gens qui n’osent pas dire tout haut comment une interprétation fallacieuse du Coran brime la liberté des femmes. Entre autres au sujet du port du voile. Pour faire dans la rectitude politique et se montrer ouvert, on se tait et laisse faire. Pendant ce temps, l’islam prospère chaque jour. A lire pour prendre conscience de nos petites lâchetés.
Islamophobie mon oeil! Djemila Benhabib. Kennes 207p.    www.kenneseditions.com

 


 

L’horreur de la Shoah exprimé en dessin

L’exemple ultime de la résilience, est sans contredit Shelomo Selinger qui, tenez-vous bien, a survécu à neuf camps de concentration et deux marches de la mort! On n’en sort jamais toutefois sans séquelles, et c’est ainsi qu’à la fin de la guerre il a été atteint d’amnésie durant un long moment. Parfois les mots sont indicibles pour décrire la réalité qui fut la sienne dans cet enfer sur terre qu’il a connu, aussi jeune qu’à partir de 14 ans. C’est donc par le biais du dessin qu’il a tenu à traduire l’horreur en images. Avec la complicité de la documentaliste Sophie Nahum il a commenté ses toiles à la caméra d’une part, mais en version livre que nous avons maintenant sous la main. Une image vaut mille mots, n’a jamais été un adage aussi véridique.
Les derniers Les dessins des camps. Shelomo Selinger et Sophie Nahum Alisio 151p.     www.alisio.fr

 


 

Péripéties d’un pilote de brousse dans le Grand Nord canadien

Cela fait curieux de qualifier de pilote de “brousse” un aviateur qui a plutôt choisi d’exercer son métier au sein des milieux glacés et désertiques du Grand Nord canadien. Le mot brousse devient alors tout usage. Bref, ce petit préambule coquin pour introduire un formidable récit d’aventures, celles de Dominique Prinet qui, durant cinq ans, sera pilote dans ce coin reculé du Canada. Il aura pour base, Yellowknife, dans les Territoires du Nord-Ouest. Pilote du bout du monde est un titre qui campe bien le décor. Agrémenté de multiples photos qui en disent long sur l’aridité du milieu dans lequel il va se déployer, transportant des spécialistes en santé, ouvriers, employés spécialisés et quoi encore. Et une des difficultés, c’était de savoir se poser quand la glace est mince. Et ce n’est pas la seule contrainte. Le gars écrit merveilleusement bien. Amateurs d’exotisme vous êtes devant un buffet.
Pilote du bout du monde Dominique Prinet. Les éditions JCL 329p. www.editionsjcl.com

 


 

Une biographie accomplie de la Reine Elizabeth II

Des biographies de Sa défunte Majesté la Reine Elizabeth II il s’en est commis, et avec sa disparition il en apparaîtra sans doute bien d’autres. Car avec 70 ans de règne elle a battu tous les records de longévité monarchique britannique. Mais une biographie se démarque du reste qui n’est pas tout à fait complétée en ce sens que le dernier chapitre de ses derniers jours et sa mort, n’y figurent pas. Une réédition complétera sans doute l’ouvrage. Mais pour le reste c’est ce qui à notre avis s’est fait de mieux. Parce que l’auteur a privilégié tout le volet humain de sa personne. Et dire qu’on l’a  toujours imaginé d’un flegme à l’extrême. Il fait remonter ce qui a préparé sa montée sur le trône à la période de son grand-père George V dont vous apprendrez que son médecin l’a envoyé vite dans l’autre monde au moyen d’une puissante dose de morphine afin que l’annonce du décès se fasse dans les quotidiens du matin…Des anecdotes à la pelle. Une vie comme jamais d’autres n’en connaîtront.
Elizabeth II la reine d’une ère nouvelle. Robert Hardman. Les éditeurs réunis 489p.

 


 

Un trésor littéraire patrimonial acadien au grenier d’un presbytère

Avis aux historiens en panne de sujet de doctorat: quels trésors les greniers de par le monde ont-ils restitués pour la mémoire des vivants ? Cette réflexion nous vient sur la façon dont l’archiviste Ronald LeBlanc va faire la découverte dans le grenier du presbytère de l’église Saint-Thomas à Memramcook au Nouveau-Brunswick, de 219 pages manuscrites non signées, non datées et que l’on attribuera ensuite à Thomas LeBlanc un journaliste attaché à la rédaction du journal La Voix d’Évangéline. Ce petit trésor on l’avait deviné car Thomas LeBlanc avait colligé un grand nombre de chansons traditionnelles acadiennes mais le manuscrit des Contes d’Acadie avait disparu des radars. C’est cette saga que ravive Ronald Labelle dans une édition critique. Des histoires abracadabrantes comme seule l’Acadie en produit.
Contes d’Acadie de Thomas Leblanc édition critique de Ronald Labelle. Septentrion 163p.       www.septentrion.qc.ca

 




 

Deux grandes enquêtes chez Calmann-Lévy

Venise ce sont des images d’Épinal qui nous viennent en tête avec la lagune, la place Saint-Marc, les canaux, les gondoliers et tutti quanti. Mais ils se passent aussi des choses inavouables. Par exemple, étiez-vous à ce point candide que vous imaginiez que le crime organisé n’y avait pas étendu ses tentacules ? C’est ce que vous allez découvrir en compagnie du commissaire Guido Benedetti, le limier fétiche de Donna Leon dans Les Masques éphémères chez Calmann-Lévy, qui sera de la mêlée, à la suite d’un fait divers, alors que deux étudiantes américaines seront grièvement blessées. Et leurs cicerone, deux garçons de belle allure, des vénitiens du coin, qui étranges samaritains, se contenteront de dompé les infortunées à l’entrée de l’hôpital. A la suite de quoi, vous êtes conviés à une enquête qui va déboucher sur des ramifications criminelles. Du Donna Leon pur jus.

Toujours chez le même éditeur Calmann-Lévy, au tour de Michael Connely qui lui aussi sait tutoyer l’excellence et est un assidu des best-sellers qui s’amène avec le duo d’enquêteurs Bosch et Ballard dans Les ténèbres et la nuit. De la Venise précédente, on passe à Los Angeles, la Cité des Anges dont on se demande d’où elle tire son surnom, tant de choses vilaines qui s’y déroulent, et ce polar ne va pas le démentir. D’un côté Renée Ballard planche sur un crime en apparence routinier, à savoir qu’une victime  endettée a été trucidé, de l’autre c’est le comparse de toujours Harry Bosch, qui ne pouvant demeurer peinard à la maison reprend du galon pour épauler sa consoeur.  De fil en aiguille on va se retrouver avec du costaud, du brutal. Comme vous les aimez chez Connelly. Vous ne serez pas déçu.

www.calmann-levy.fr

 


 

Un préfet de la République française réitère sa profession de foi

Que n’a t-on pas dit des préfets en France. Qui mènerait des vies de pacha, avec des traitements royaux, etc. Sujet qui a fait l’objet de nombreux reportages sur l’appareil d’État et sur ces fidèles serviteurs qui survivent d’un régime à l’autre, du seul fait de la méritocratie au sortir des grandes écoles. Jean-François Carenco apporte son témoignage. Il sait ce qu’il en est d’être préfet puisqu’il a occupé cette fonction à travers cinq présidents de la République. Au moment où le livre paraît Préfet de la République il était alors ministre délégué des Outre-mer. Il a tenu à nous raconter en quoi consiste la fonction, son évolution au fil du temps, les dossiers qui leur incombent. Il est manifestement ce qu’on appelle dans le sens noble du terme, un serviteur de l’État. A lire absolument pour connaître que l’homme honnête existe, c’en est un, qu’hélas a cherché vainement en son temps le philosophe Diogène.
Préfet de la République Jean-François Carenco. Cerf 254p.    www.editionsducerf.fr

 


 

Le coin de la poésie

Serge Agnessan se partage entre le Canada et la Côte d’Ivoire. Celui qui nous avait gratifié il y a quatre ans du recueil “Carrefour-Samaké” aux éditions Poètes de brousse, revient chez ce même éditeur avec Corps sans organes titre intriguant s’il en est et qui porte à la curiosité. Il est question d’une femme, du père, de la nature. Le mieux c’est d’en donner un extrait qui vous donnera certainement le goût d’aller voir de quoi ça retourne. “Ana tu te glisses dans l’effroi de ta montre-bracelet je te regarde ensemencer le temps des embruns” N’est-ce pas évocateur et chargé de mystère ? C’est le propre des poètes de nous faire décoller du monde visible. C’est une des belles surprises poétiques de cette fin d’année.
Corps sans organes Serge Agnessa. Poètes de brousse 83p.   www.poetesdebrousse.org

 


 

Dans la terreur de l’épuration nazie

Il faut savoir qu’avant de passer à la vitesse supérieure avec la Solution finale visant à l’extermination des juifs et autres, le régime nazi avait auparavant organisé des tests similaires d’extermination, visant les handicapés, ceux ou celles atteintes de troubles mentaux. On s’arrangea avec la complicité de médecins sans scrupules, pour les rayer de la terre. Et dans des films de propagande, on ne se gênait pas pour indiquer à quel point ces “impurs” de la race aryenne coûtaient par tête de pipe dans le budget allemand. C’est dans ce climat sinistre que se trouvait Hildegard, hypothéquée de naissance et qui est le personnage central du premier roman plus que réussi de Cindy Côté dont on imagine sans peine qu’elle a dû se documenter pour nourrir son entrée en littérature. Hilde, son diminutif, est menacée de stérilisation. Que va t-elle faire, elle et son amoureux Aymeric ?  C’est presque un thriller et une compréhension du pourquoi que les gouvernements actuels ne sautent pas à pieds joints sur l’aide médicale à mourir et le suicide asisté. De crainte de dérives ultimes comme dans le IIIème Reich.
D’abord l’arrogance puis vint la guerre Cindy Côté. Éditions David 233p.     www.editionsdavid.com

 


 

Métropole vs nation

La Ville de Montréal, de par son importance urbaine dans la province de Québec, ne cesse de vouloir s’approprier des champs de compétence qui sont encore dans les mains du gouvernement du Québec. Une lutte donc, entre la métropole et la nation. Et c’est particulièrement le cas concernant la gestion de l’arrivée des immigrants. Doctorant à l’École d’études politiques de l’Université d’Ottawa, David Carpentier signe un essai significatif sur le sujet avec La métropole contre la nation ? Avec pour sous-titre “La politique montréalaise d’intégration des personnes immigrantes”.  En résumé, il montre clairement que Montréal épouse en douce la thèse du multiculturalisme canadien au moment où Québec prône l’interculturalisme. Deux chocs d’idées. Pour comparatif, il s’est penché sur les dossiers qui se sont échelonnés durant la période allant de 2006 à maintenant. Cet essai lumineux met en relief toute la question identitaire.
La métropole contre la nation ? David Carpentier. Les Presses de l’Université du Québec 209p.     www.puq.ca

 


 

Juste des têtes blanches à l’Église, doit-on s’inquiéter pour autant ?

Prenez n’importe quelle église un dimanche. Lors d’une messe, dans une enceinte pouvant accueillir entre huit cent et mille personnes, vous verrez quelques rares dizaines de fidèles, majoritairement des têtes blanches. Il y aurait de quoi désespérer, surtout quand on sait que l’Église fut jadis, triomphante avec les excès qui ont conduit à sa perte. Et parlant de perte, quel bilan doit-on tirer de ce qui se passe. Un collectif s’est penché sur la question dans Pas pratiquants les québécois ? où il se dégage, on en sera proprement étonné des lueurs d’espoir. Une des personnes contactées dans ce travail rappelle que si l’église orthodoxe a retrouvé sa pleine vitalité dans la Russie d’aujourd’hui, il fallait presque se réunir dans ces catacombes pour pratiquer. Rien n’annonçait quelque chose de positif. Est-ce que l’avenir passe par l’esprit de mission souhaitée par le pape François ?  Ce petit livre a l’art de bousculer plein d’idées reçues sur le déclin de l’Église catholique.
Pas pratiquants les québécois ? Collectif. Novalis 196p.    www.novalis.ca

 


 

Un vocabulaire pour le tourisme

Le haut savoir rejoint même le tourisme. A preuve cette docte étude sur le vocabulaire rattaché au tourisme. Un travail rigoureux en cetollectif sous la direction de Boualem Kadri, Marie Delaplace, Alain A. Grenier et Yann Roche. Comme il se passe pour des ouvrages plus exigeants, nous allons reproduire in texto un passage de la quatrième couverture, afin de ne pas trahir les intentions des auteurs.
Ce Vocabulaire du discours touristique est élaboré sur la base des attributs des dictionnaires usuel et encyclopédique. Il vise à renforcer une sémantique nécessaire à l’observation d’une réalité touristique faite d’une dualité dimensionnelle (imagi­naire anthropologique/sociologique et activité économique/managériale), d’une perception binaire du fait touristique (bon/mauvais) et d’une insuffisance définitionnelle. L’analyse de cette réalité, liée à une intervention multidisciplinaire et interdisciplinaire, pose le problème de la dynamique sémantique issue des sciences sociales. Les concepts construits dans un contexte spécifique gardent-ils la même signification d’origine lorsqu’ils voyagent vers la réalité touristique ? Est-il possible de repenser les mots pour les études touristiques, afin de les adapter à cette nouvelle réalité ?
Vocabulaire du discours touristique Collectif 507p.   www.puq.ca

 


 

Un rare roman chez Septentrion mais qui vaut le détour

La vocation depuis sa fondation de la maison d’édition Septentrion est d’offrir des titres reliés à l’Histoire, parfois avec un petit “h”. Mais elle sait faire parfois exception et c’est le cas avec un rare roman Le Passage des pirates de William Gilkerson décédé en 2015. Le gars portait plusieurs casquettes tour à tour ou en même temps: marin, historien, journaliste, aventurier et peintre…Ouf! Toute une carte de visite. Et le pire, ou le mieux, c’est qu’il faisait dans l’excellence. Revenons donc à ce roman, qui a le mérite de s’appuyer sur une bonne histoire. Celle d’un mec qui en 1952 est au large de la Nouvelle-Écosse. La mer est mauvaise. Il va donc trouver refuge dans une petite auberge, le temps que le temps revienne au beau fixe. Mais ce qui surprend avec le type, c’est qu’il en connaît un rayon sur des histoires de pirates. Mais d’où tient-t-il toutes ces informations ? On ne va quand même pas vous dévoiler la trame explicative, ce serait gâcher votre plaisir. Si vous aimez le monde de la piraterie, vous êtes servi. 
Le Passage des pirates William Gilkerson. Septentrion 387p.    www.septentrion.qc.ca

 


 

Et dire qu’on est en panne de sujets de films

Reconnaissons le d’emblée, les producteurs de films ne font aucun effort pour nous divertir avec de bonnes histoires. Et ce n’est pas faute d’exister. Prenez le cas de cet Alphonse Mortages qui fut successivement jeune marin catalan, cheminot en Inde sous la domination britannique, et successivement hôtelier mondain à Madagascar, ayant fait fortune dans l’or. Car il n’y a pas eu que le Klondike qui a attiré son lot de chercheur d’or. La Grande Île a eu son lot d’aventuriers. Et peu ont décroché le jackpot. Mortages si. Excusez du peu, mais l’homme a extrait pour l’histoire 80 kilogrammes du précieux métal en seulement trois jours. Mais le nouveau richard a dilapidé aussi rapidement qu’il a empoché. Un flambeur à sa manière. Alexandre Audard lui consacre une biographie à celui que l’on surnommait localement Papa Volamena qui donne son titre à l’ouvrage. De l’exotisme à pleines pages. Avec un appareil critique qui situe le tout dans son contexte.
Papa Volamena mémoires d’un marin chercheur d’or. Alexandre Audard. Maisonneuve & Larose/ Hémisphères éditeurs 286p.    www.hemisphereseditions.com

 






 

Trois opus de plus dans l’illustre collection 100 ans noir sur blanc

Aux éditions GID on attend toujours avec une vive impatience la sortie des nouveaux titres qui viendront enrichir la collection de prestige 100 ans noir sur blanc dans laquelle on raconte des localités du Québec à l’aide de photos de toutes les époques, mais échelonnée sur cent ans comme l’indique le titre de cette série toujours émouvante, tant elle nous jette à la figure le dur labeur que fut celui de nos aïeux. Arrive donc trois nouveaux opus. Il y a d’abord Beaumont la mémoire des anciens de Jean-Claude Tardif conseiller syndical émérite.  Pour ceux qui ne connaissent pas ce coin de la Belle Province, C’est une plaine d’une grande fertilité entre le fleuve Saint-Laurent, l’île d’Orléans et les Appalaches.  Des photos émouvantes au possible come celle en gros plan du cultivateur Joseph Labrecque qui fut faire de la localité de 1913 à 1931. Un noble faciès. De ceux qui ont fait le Québec. Puis un saut dans le temps comme l’indique ce sous-titre de l’autre album dédié à Saint-Augusti-de-Desmaures coécrit par Geneviève Auger et Louise Prieur. Respectivement muséologue et historienne de l’art, elle nous livre un bijou. Municipalité à la limite Ouest de Québec, elle jouit d’une riche histoire. Avec des clichés qui décrivent le bonheur de la modernisation que représente l’arrivée du tracteur. D’autres qui laissent pantois comme ce médecin qui pose avec…une cigarette au bec! qu’aurait-il dit des campagnes contre le tabagisme qui viendront plus tard ?
Enfin, nous devons à la Société d’histoire et d’archéologie de Mashteuiatsh un album à la hauteur qui survole des décennies d’activités aux abords de la rivière Pekuakami. On parle du territoire du Saguenay-Lac-Saint-Jean qui est le domaine de la première nation des Pekuakamiulnuatsh des semi-nomades qui vivent des ressources de la nature. Le mérite de ce titre est de leur rendre l’espace historique qui leur est dû avant que les Jésuites et les Oblasts tentent de les civiliser… 

 


 

Le slam qui fédère

Un membre de la rédaction qui a longtemps oeuvré autant en musique classique comme producteur et en pop comme directeur artistique d’une célèbre boîte à chanson du Vieux-Montréal avait manifesté ses réserves concernant le rap et le slam prétextant que ce n’était pas de la musique que l’on devait considérer comme sérieuse. Une confrontation artistique viendra mettre fin à ses préjugés. Concernant le slam nous vous recommandons fortement la lecture de Les voies du slam par une auteure qui travaille depuis longtemps avec les jeunes Claudia Lahaie. Elle met en scène, excusez le jeu de mots faciles, trois d’entre eux, dans ce roman qui les voit participer à une rencontre internationale de slam à Paris. Une fille Justine, avec des soubresauts psychiques, un black Mano, originaire de Harlem confronté au racisme qu’il exècre et Luc, fils d’ambassadeur et homosexuel qui peine à faire son coming-out et vit une intimidation en milieu scolaire. Le slam leur permettra d’évacuer leurs trop plein. Un bel exercice de style qui les délivrera de ce qui les accablent. Bravo à l’écrivaine de situer le slam dans son utilité.
Les voies du slam Claudia Lahaie. Éditions David 310p.     www.editionsdavid.com

 


 

La pauvreté dans sa diversité

Nous, à la rédaction, on est unanime à considérer qu’il se cache une pauvreté sans nom au Québec, pour ne parler que de chez nous. Car les gens ont un peu honte d’avouer sur la place publique et aux proches, qu’ils n’arrivent plus à vivre de leur revenus. La pauvreté c’est aussi celle, visible dans la rue. En somme elle a plusieurs visages. Et c’est de cela qu’aborde Pierre Goudreault dans Les visages de la pauvreté. Il est l’évêque du diocèse de Sainte-Anne-de-la-Pocatière. On remarquera, que judicieusement, il n’a pas mis sa qualité de membre de l’épiscopat en couverture. Sans doute pour éviter qu’elle fasse fuir les bouffeurs de curés. Ainsi son message à plus de chance de passer auprès d’un plus grand lectorat. Et ce message, concerne la dignité humaine. Ce qui n’est pas moins que ce que Jésus dans l’Évangile annonçait au monde. Et ce bouquin s’inscrit sans doute dans l’effort de la nouvelle évangélisation que doit accomplir l’Église catholique pour se renouveler, à savoir retrouver sa première raison d’être.
Les visages de la pauvreté Pierre Goudreault. Novalis 187p.   www.novalis.ca

 


 

Une exploratrice seule face à un grizzli

Les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, mais il y avait à Télé-Métropole, l’ancêtre du réseau TVa le personnage du Capitaine Bonhomme qui racontait des aventures hors du commun, nettement exagérées pour faire réagir le jeune auditoire en studio. Eh bien les aventures celles-là réelles de Sarah Marquis auraient été dignes des récits du valeureux capitaine. Peut-on imaginer un moment qu’elle se soit retrouvée seule devant un grizzli et que par l’envoi d’ondes il a provoqué chez le plantigrade un petit demi-tour! Et vous ne serez pas au bout de vos surprises en parcourant 15 histoires d’expéditions inédites qui ont changé ma vie. La femme dont la peur ne fait pas partie de son vocabulaire est membre de l’équipe des explorateurs du prestigieux National Geographic.
15 histoires d’expéditions inédites qui ont changé ma vie Sarah Marquis 215p.   www.michel-lafon.com

 


 

Des nouvelles de l’ours Paddington

Le célèbre ourson Paddington dont on n’oubliera jamais sur Youtube, sa séance de thé avec la reine quelques semaines avant la mort de cette dernière, donne de ses nouvelles. Avec deux albums hivernaux, les deux publiés chez Michel Laffont. Le premier Le Noël de Paddington décrit le premier Noël de la gentille bête et à qui on explique tout le folklore entourant ces célébrations. Mais lui, fidèle à lui-même, fera tout de travers. Le second album Paddington et la neige raconte cette fois où on avait offert à l’ourson un bonnet de laine pour affronter les rigueurs de l’hiver. Mais il l’a perdu! On va donc partir à sa recherche, mais avec une surprise marquée par des empreintes suspectes.

 


 

Des recettes que peuvent préparer des jeunes

Des livres de recettes il s’en publient en tout genre, mais jamais s’est-on préoccupé à ce que des jeun es puissent se mettre au fourneau et faire l’apprentissage de la cuisine. Autrefois c’était les religieuses qui voyaient à “l’art mélanger”. N’étant plus dans le paysage, c’est une très belle initiative de deux membres du Centre de promotion de la santé du CHU Sainte-Justine Martine Fortier et Laurence Da Silva Décarie d’avoir produit C’est moi le chef, au fil des saisons qui rassemble des recettes évidemment très simples à préparer. Ce peut-être la réalisation de délicieux burgers, de la compote de pommes, fabrication de biscuits. Et correspondant aux saisons. Et l’éditeur a eu l’idée très pratique de faire relier l’ouvrage par des spirales qui facilitent la consultation lors de l’exécution des mets. S’adresse aux filles…et aux garçons.
C’est moi le chef, au fil des saisons Martine Fortier et Laurence Da Silva Décarie. Sur des illustrations de Jean Morin. Éditions du CHU Sainte-Justine 162p.   www.editions-chu-sainte-justine.org

 




 

Le coin des jeunes bolés

Dans cette nouvelle rubrique que nous consacrons à la diffusion de la culture générale chez les tout-petits pour contrer l’inculture grandissante dans la population, nous vous signalons de belles sorties d’ouvrage que vous aurez à coeur chers parents, de mettre entre les mains de votre progéniture. Le plus bel héritage durable qui soit.
A commencer par Notre planète a besoin de nous du tandem Nicola Edwards et Sarah Wilkins chez l’éditeur Tigre et cie. L’intention des auteures est d’inculquer les premières notions d’écologie. De faire prendre conscience que notre bonne vieille Terre est fragile et menacée de toutes parts. Il est destiné à un auditoire de 0 à 3 ans. Puis chez Fleurus c’est, dans la collection “Découvre avec petit garçon” le tome consacré aux avions, bateaux, camions et motos. Sous la direction de Guillaume Pô les concepteurs ont joué la carte de l’interactivité, car pour chaque objet décrit, suit des pièces à droite, isolées, pour lesquelles ont demande d’identifier pour quels appareils ils appartiennent. Question de développer bien sûr le sens de l’observation. Il s’adresse à la même catégorie d’auditeurs que le précédent.

Enfin, un coffret ludique et instructif à la fois, et produit chez nous par l’éditeur Petits Génies, c’est Mon coffret livre et jeu de mémoire des bébés animaux. Qui comprend un petit livret de 64 pages, ainsi qu’un jeu de mémoire de 48 cartes. C’est un livre documentaire qui pose des premières questions aux enfants. Les questions portent sur des notions d’observations, à savoir dans quel contexte physique viennent au monde les animaux. Même les parents en apprendront!

 


 

La naissance de l’écrivain Stéphane Rousseau

A notre rédaction on se méfie beaucoup des livres de nos “védettes” qui sont souvent des ouvrages bâclés qui sous-estiment leurs lecteurs. C’est pourquoi on avait une certaine appréhension de savoir que Stéphane Rousseau s’était commis à un livre de souvenirs. D’une part on le trouvait trop jeune pour pouvoir écrire ses mémoires et ensuite, de quoi pouvait-il bien parler ? De Mme Jigger. Nous avions tout faux. Famille royale est centré sur sa famille immédiate et non pas sur sa carrière. Et quelle smala. Surtout le père, un obsédé de la chose qui entraînait les siens au camp de nudistes. Et ce qui vaut le détour de cette lecture c’est la transparence de l’humoriste quand à la sexualité qui a pris une place dominante. Comme quand il jouait avec le truc de sa soeur et on vous laisse deviner de quel truc il s’agit.  Et il appelle un chat, un chat. C’est, remarquablement bien écrit, un écrivain est né qui peut le disputer sans honte à un Michel Tremblay, avec sa liste de mononcles et de matantes qui nous rappelle un Québec disparu depuis l’avènement de l’ère numérique.Et on se disait, ému en fin de lecture, que personne de la génération actuelle et future, trop scotché aux jeux électroniques et leur smartphone, ne pourront écrire des réminiscences comme celle qu’a vécu Rousseau. Son livre nous jette à la figure que nous avons perdu toute humanité. C’est la grande surprise littéraire de cette fin d’année.
Famille royale Stéphane Rousseau. Éditions Ko 264p.  www.ko-media.ca

 




 

Le coin de la BD  (1)

C’est une cuvée exceptionnelle que nous vous présentons. Le tandem Stéphane Betbeder et le montréalais Djief (à la ville Jean-François Bergeron) nous offre chez Dupuis le tome 3 de Créatures dont l’épisode-ci a pour titre “ Dans les entrailles de Yog”. Le Yog dont il est question est une divinité assez méchante. Et nos héros essaient de se dépatouiller comme ils peuvent. C’est une BD de la catégorie fantasy jeunesse avec de multiples rebondissements. C’est chez Dupuis.

Chez Lombard Clarke et Dugomier mettent la totale dans Urbex cette saga dont le deuxième tome sort “Douleurs fantômes”. Nous retrouvons Alex et Julie qui disposent d’étranges pouvoir de remonter dans le temps. Ils se découvrent même un ancêtre commun. Les auteurs qualifient leur travail créatif de “thriller psychiatrique”. C’est dire ce qui attend le lecteur en matière de surprises.

Lombard toujours, mais dans un tout autre panorama le tome 4 “L’éveil” de la série à succès Green class de messieurs David Tako et Jérôme Hamon. Qui nous concernent car il s’agit de cinq lycéens canadiens qui se trouvent dans les tunnels de Moss Hill. Dans un autre récit qui s’entrecroise, l’armée américaine est mise à contribution pour contrecarrer les plans de Lyauthey. La classe dont il est question, toute pédagogique qu’elle soit a, comme on le voit, son lot d’imprévus.

Chez Dargaud, la scénariste Léa Chrétien et le dessinateur Gontran Toussaint s’offrent une partie de plaisir créative avec Louisiana, la couleur du sang. Nous remontons dans le temps, en 1961 à la Nouvelle-Orléans. Louise Soral personnage principal fait défiler sa vie, pas toujours heureuse, à sa bonne bonne de couleur, qui, elle aussi ne l’a pas eu facile. C’est une histoire de karma dans l’Ouest américain fort bien décrite.

 






 

Le coin de la BD (2)

Aux éditions Le Lombard le duo Joël Jurion et Kid Toussaint présente le premier volume de Masques ayant pour titre “Le masque sans visage”. Le premier est le premier a ne pas faire mystère de son attrait pour le masque et ses différentes symboliques. Il exploite le thème où la violence n’est pas absente. On lui a posé la question à savoir si le port du masque obligatoire durant la pandémie ne va pas avoir un effet repoussoir pour le sujet proposé. On rassure que l’histoire a été élaborée bien avant et de ne pas s’en faire plus avant.

L’éditeur Mosquito nous offre un petit bijou du genre signé Doreau & Larcher Les trois visages de Tullula-Belle qui décrit le tumulte causé par l’arrivée dans un petit bled nommé Mordailles, un cirque familial ambulant. Ce qui n’est pas du goût des femmes de la localité, au contraire des hommes qui apprécient cette visite. En parallèle on fait connaissance avec une marâtre, qui a avec toute la maltraitance voulue a fait de son fils un monstre. Tout un programme, comme vous le voyez qui vous attend. La force ici c’est l’histoire.

Chez Delcourt sort dans les rayonnages des librairies, le très attendu tome 4 “Frères d’armes” de la série Les légendaires missions du trio Sobral, Cardona et Torta. Voici une guerre de gangs. En voulant mettre fin à un conflit mettant en cause des malfrats, le clan de Ikaël ne savait pas qu’il allait s’attirer la vindicte de son propre frère Danaël en tête des Faucons d’Argent. Mais vite ils devront mettre leur différents de côté pour faire face au sinistre Darkhell au nom prédestiné aux pires choses.

Puis du côté de Glénat c’est Space connexion des Eldiablo et Baudy. L’intérêt de cette BD qui propose un projet spatial, c’est qu’elle situe son action en 2010 au moment où l’humanité est exposée à mille périls dont la non moindre est le réchauffement climatique. Les auteurs ont voulu par là mettre en évidence les préoccupations de notre époque qui doit faire face à des défis nouveaux dont l’enjeu est la survie de notre espèce.

 


 

Le coin santé physique et psychique

L’école pour les jeunes peut-être une source d’anxiété avec ses exigences de performance. Cette quête de la plus haute note, qui dévalorise socialement ceux qui ne l’atteignent pas. Là ou ailleurs on note une tension montante dans la jeunesse. C’est pourquoi l’ouvrage L’anxiété chez l’enfant et l’adolescent de la psychologue Sophie Leroux tombe à point nommé. Dans un premier temps elle identifie les symptômes, ensuite les interventions possibles et des suggestions d’outils pour parer aux situations. Le mérite de ce livre c’est qu’il est le fruit des consultations qui ont été menées. On ne peut pas être plus concret dans l’expression des malaises.
L’anxiété chez l’enfant et l’adolescent Sophie Leroux. Éditions du CHU Sainte-Justine 228p.      www.editions-chu-sainte-justine.org