- SEPTEMBRE 2024 -
 
     
 


 

L’inépuisable sujet qu’est Marilyn

Son prénom est devenu une marque de fabrique. Pour la majorité d’entre nous, il nous rappelle qu’une star mythologique comme il y en a peu, nous avons évidemment nommé Marilyn Monroe.  Dans deux ans on célèbrera le 100ème anniversaire de sa naissance. Mais aux éditions de la Pleine lune on n’a pas attendu cette commémoration pour pérenniser l’aura entourant cette actrice marquante du grand écran. Ainsi lance t-on un recueil de trois nouvelles regroupé sous le titre de Elle s’appelait Marilyn. Trois auteurs ont été mandatés pour évoquer chacun à leur manière, leur Marilyn. On a Nora Atalla qui brosse le portrait d’une comédienne qui veut à tout prix atteindre l’inaccessible étoile, pour reprendre Jacques Brel. Puis, Jean-Max Méjean qui par métaphore établit un lien avec sa mort porteuse d’un message métaphysique. Enfin, Mattia Scarpulla décrit une femme qui se croit réicarnée par Marilyn. Trois exercices de style qui ont beaucoup de mérite. Grâce entre autres à ces trois là, la célébrissime actrice a l’assurance de ne jamais être oubliée. A posteriori d’où elle est, elle doit considérée cette présentation littéraire comme le plus bel hommage, elle qui aurait tant voulu se faire connaître par ce biais.
Elle s’appelait Marilyn Nora Atalla, Jean-Max Méjean et Mattia Scarpulla Éditions de la Pleine lune 172p.     www.pleinelune.qc.ca

 


 

Une exploration allégorique des traumatismes

C’est ainsi que l’on qualifie en quatrième de couverture Prophétesse de Baharan Baniahmadi une femme de lettres iranienne qui porte aussi les casquettes d’actrice et de dramaturge. A sa façon, elle apporte sa pierre à la dénonciation du sort des femmes dans son pays. L’histoire d’une fillette d’à peine sept ans, Sara, qui a la douleur de voir sa soeur assassinée sous ses yeux. Elle s’appelait Setayesh. Elle en gardera des séquelles qui prendront des formes inusitées. Par exemple elle deviendra muette, incapable de sortir momentanément des mots. Aussi dans un espèce de délire elle se met à parler…en polonais. Décidément on en a à explorer sur les ressources du cerveau et des conséquences des traumas. Et plus étrange encore, dès qu’un mâle s’approche trop d’elle, il lui pousse des poils dans la figure. Ce sont des images fortes que l’écrivaine emploie pour marquer la forte impression que laisse des drames dans la tête de ceux qui sont confrontés à l’horreur absolue. Un texte puissant va sans dire à mettre sur le dessus de votre prochaine série de lectures.
Prophétesse Baharan Baniahmadi. Éditions marchand de feuilles 275p. 

 


 

L’affaire Dreyfus, une synthèse remarquable

La réputée collection Que sais-je ? s’honore d’ajouter un beau fleuron à son catalogue avec L’affaire Dreyfus. Cette histoire d’une lamentable affaire de justice où injustement un militaire français Alfred Dreyfus, se verra accusé de trahison au profit des allemands. Nous sommes à la fin du XIXème siècle. Des observateurs y verront un règlement de compte antisémite. Il sera condamné au bagne à perpétuité, jusqu’à ce que des intellectuels dont Émile Zola et son célèbre brûlot “J’accuse” pointeront les ceux qu’ils estiment les véritables coupables à savoir notamment l’état-major français catholique. Dreyfus qui divisera la France et qui avait été dégradé honteusement, sera finalement réhabilité, participera bravement à la Première guerre mondiale et finira tranquillement ses jours en 1935. C’est l’ancien professeur à la Sorbonne Pierre Miquel qui résume avec brio l’essentiel de cette affaire énorme et qui révélera du même coup la force des intellectuels.
L’affaire Dreyfus Pierre Miquel  “Que sais-je ?” 125p.

 




 

Deux biographies au PUF, Louis XIV et Senghor

Les amateurs de biographies et dieu sait qu’ils sont nombreux, apprécieront de savoir qu’aux Presses Universitaires de France paraissent deux histoires de vies à ne pas manquer. D’abord de Stéphane Guerre un Louis XIV. Dire que cette existence du Roi-Soleil, comme on le surnomma est magique, est un euphémisme. On ne reprendra pas ainsi, même en résumé, les éléments historiques majeurs qui s’y trouvent, mais sachez que celui qui donna son impulsion au Château de Versailles comme on le connaît aujourd’hui, était constamment mécontent des travaux et fit refaire parfois jusqu’à dix fois tel travail comme le raconte la princesse Palatine. Nous sommes confrontés de page en page au grandiose.

Ailleurs, c’est la vie de Léopold Sédar Senghor qui nous est transmise par Elara Bertho. Celui qui fut président du Sénégal, chantre de la négritude et par après Immortel à l’Académie française, n’aura pas fait l’unanimité, loin de là. De nature autoritaire, il se montra impitoyable à l’endroit de ceux qui s’opposaient à ces politiques. Il était un modèle pour la France métropolitaine qui, grâce à lui maintenait dans ce pays des relations colon-colonisé. Un être complexe qui méritait le talent de sa biographe pour tenter de cerner cette personnalité qui marqua tout de même l’histoire de son pays et une page glorieuse de la littérature francophone.

 


 

Victime de l’idéologie aryenne nazie

Au moment où Hitler arrive au pouvoir, l’Allemagne est loin d’être en tête de la natalité. La pauvreté vécue durant le régime de Weimar ne motivait pas à faire des enfants. Une propagande glorifiant la famille va se mettre en place avec des récompenses pour les plus grandes “pondeuses”. En plus s’ajoute le fantasme de la race aryenne pour laquelle on veut atteindre au summum physique, lire de petites têtes blondes. Et pour lesquelles on créera des Lebensborn, sorte de centres de la petite enfance où les SS pouvaient procréer à volonté avec de jeunes allemandes volontaires. Et si on ne trouvait pas de petits êtres en nombre, on les kidnappaient comme dans les pays scandinaves.  C’est ce que décrit Annie Lavoie dans La petite fille du Lebensborn, roman inspiré par ces faits réels. Une page sombre de l’histoire de l’humanité à lire absolument pour voir jusqu’où va le délire humain.
La petite fille du Lebensborn Annie Lavoie. Éditions la Pleine lune 267p.  www.editionspleinelune.qc.ca

 




 

Deux desserts pour les fanas de géopolitique

Deux nouveaux opus viennent enrichir le catalogue des Presses Universitaires de France. Tous deux traitant de géopolitique. Le premier est Géopolitique des États-Unis de Jean-Éric Branaa maître de conférences à l’Université Paris Panthéon-Assas à lire en premier si on veut bien comprendre les enjeux qui sous-tendent l’actuelle campagne à la présidence des États-Unis. Encore et toujours la première puissance du monde mais affichant un niveau de violence sans pareil avec 40 mille morts annuellement par armes à feu. C’est un résumé de grand intérêt pour qui veut pénétrer la mentalité ambiante. Pays-continent toujours aussi déroutant.

Le second est d’une terrible actualité alors que le Hezbollah qui contrôle le Liban veut venger l’attaque aux petits bidules électroniques menée par Israël. Qu’est-ce que le Hezbollah ? Alors reportez vous à Géopolitique du Hezbollah de Christophe Ayad grand reporter au Monde. Cette faction terroriste, qui profite de ce que le Hamas attaque de son côté Israël à l’Ouest pour faire la même chose au nord. Qui dispose aussi de moyens considérables de par son alliance avec l’Iran. Ce livre résume parfaitement l’ADN de l’organisation et vous aidera à mieux saisir le climat qui prévaut au Proche-Orient.   

 


 

Se débrouiller dans le bois avec les inépuisables moustiques

Le regretté ethnologue Serge Bouchard réaffirmait haut et fort dans ses conférences à quel point nous descendons des amérindiens mais surtout pas de la petite noblesse enrubannée. C’est ça qui nous revenait à l’esprit en parcourant If de Julien Gravelle dont l’essentiel du propos est un couple qui s’égare dans un grand bois au nord du Lac Saint-Jean, avec pour compagnie tenace des moustiques tenaces qui ne vous lâchent pas d’une seconde. Cet envahissement dont ont souffert nos premiers colonisateurs, est bien décrit. Nous sommes maintenant en 1984. Le duo qui a trouvé une niche dans une cabane de trappeur. Une aventure quasi métaphysique car ce sera l’occasion d’une découverte marquante dont on ne va quand même pas vous dévoiler la teneur, de crainte de bouder votre plaisir. Une belle surprise, genre squelettes familiaux dans le placard, de cette rentrée.
If Julien Gravelle. Leméac 151p.

 


 

L’entre deux vies chargée de symbolique

Ils se sont mis à quatre mains Micheline Marchand et Daniel Marchildon pour nous pondre une histoire abracadabrante et toute à la fois fascinante d’un Métis des Grands Lacs, Nico Longlade. Un adolescent de dix-sept ans qui va trépasser en raison d’une de ses étourderies. Et là son âme va se trouver dans l’Au-delà devant un tribunal (et attention ici, toute désignation relève du symbolique) qui va lui permettre de “naviguer” entre la vie et la mort. C’est difficile à comprendre comme concept mais la curiosité vaut le détour. Pour cette balade dans un monde et un autre il ne sera pas seul, car piloté par une guide sous forme d’ange. Vous aurez compris que L’étonnant cas de Nico est à ranger dans la catégorie des ouvrages métaphysiques. C’était sans doute un beau défi littéraire relevé de haute main. Et au passage, pour ceux dont la vue fait des infidélités, l’éditeur a prévu des caractères typographiques de bonne dimension.
L’étonnant cas de Nico Micheline Marchand et Daniel Marchildon. Collection 14-18 éditions David 248p.     www.editionsdavid.com

 


 

La techno encore une affaire d’hommes

Marion Olharan Lagan est professeure agrégée en civilisation américaine à l’Université de Bretagne. Dans un essai réaliste sur l’ère numérique actuelle, elle rend compte que rien n’évolue au plan humain, et que ce sont toujours les hommes qui tiennent les guidons. Cela donne Patriartech. Les techniques ont beau être avant-gardistes comme jamais, elles sont au service des mêmes vieux intérêts. Un passage intéressant est celui montrant à quel point on a remis notre intelligence entre leurs mains qui nous contrôlent, comme ces futures postulants en ressources humains qui seront analysés par des machines conceptuelles qui jugeront même votre body language. Apeurant!
Patriartech Marion Olharan Lagan. Hors d’atteinte 255p.    www.horsdatteinte.org

 


 

Des correspondances retrouvées du baron de Lahontan

Parfois on recherche quelque chose puis on finit par tomber sur autre chose d’inattendue. C’est le cas de Sébastien Côté, professeur de littérature à l’Université Carleton et spécialiste de la Nouvelle-France. Il était en Europe pour une étude, voilà qu’il tombe en Allemagne sur des lettres écrites par le baron de Lahontan après son exil de Plaisance (Terre-Neuve) alors qu’il s’était mis en délicatesse avec le gouverneur du lieu. Après des pérégrinations diverses, il va se poser à la Cour de Hanovre. Et cette correspondance inédite qui va de 1710-1716 nous est maintenant rendue accessible. D’abord pour quiconque aime la langue française, c’est un régal. Et une mine d’informations sur la vie courante.
Lahontan Lettres de Hanovre correspondance inédite et autres documents. Édition de Sébastien Côté. Presses de l’Université Laval 210p.   www.pulaval.com

 


 

Les tiraillements identitaires d’une jeune innu

Nauetakuan, un silence pour un bruit se trouve à être le premier roman de Natasha Kanapé Fontaine. Le mot innu dans le titre signifie “un son au loin vient à nous”. Titre datant de 2021 qui entre dans la collection Bibliothèque Québécoise et qui narre les tribulations de Monica qui connaît des débuts difficiles dans ce monde avec sa famille. Elle va donc s’expatrier pour s’oxygéner à Montréal où elle va entreprendre des études universitaires en histoire de l’art. Or au lieu d’être un choix salutaire, voilà que la lourdeur de son passé familial la rattrape et elle se trouve en proie à un vide immense. Elle va finalement revenir chez elle à Pessamit au prix d’une adaptation. Un texte puissant sur l’atavisme dans les cultures autochtones.
Nauetakuan, un silence pour un bruit  Natasha Kanapé Fontaine. Bibliothèque Québécoise 275p.      www.livres-bq.com

 


 

Deux joyaux chez Mémoire d’encrier

On ne l’a pas dit assez souvent, mais la maison d’édition Mémoire d’encrier ne cesse de nous éblouir avec un catalogue issu du monde entier et qui nous permet de mieux comprendre les états d’âme de la planète. Voici deux titres qui s’ajoutent, incontournables. A commencer par L’ombre de l’olivier de la montréalaise d’origine palestinienne Yara El-Ghadban. Est-ce un roman, une autofiction ? On ne le sait pas, si ce n’est que c’est une enfance passée en Palestine. On fait connaissance avec Yuryur qui, dit-on, confie ses secrets à l’Oiseau. Au-delà des symboles proposés ce qu’on retiendra c’est la formidable capacité de description de cette femme de lettres qui sait mettre le sujet, le verbe et son complément à la bonne place. Une formidable classe de maître pour qui veut apprendre à bien écrire.
Puis une toute petite plaquette plus imposante par son contenu que son contenant et qui a pour titre 105 rue Carnot de Felwine Sarr. Une autre histoire d’enfance, mais qui celle-là se déroule au Sénégal. Dans cette plaquette il est beaucoup question de musique qui est salvatrice. C’est une enfance heureuse à laquelle il nous convie et qui fait du bien à laire, car il y a tant d’histoires de jeunesses désespérantes, que pour une fois il fait bon de lire quelque chose qui relève de la magie.

Si vous avez aimé “L’ombre de l’olivier” de Yara El-Ghadban que nous avons paré de beaux qualificatifs et si vous avez trouvé que la fin venait trop rapidement, alors vous avez une belle opportunité de prolonger votre bonheur avec ce deuxième roman au titre si beau La danse des flamants roses. Encore une fois on se transporte en Palestine, son pays d’origine. Elle a inventé dans ces pages une catastrophe écologique, de l’anticipation bien sûr, dans laquelle la Mer Morte se vide de son sel par évaporation massive et dont des reliquats vont essaimer et hypothéquer la région. D’où une évacuation massive dans une contrée où on se met à revivre et où les flamants roses s’ajoutent en venant coloniser à leur tour le coin. Vous l’avez deviné, une métaphore remplie d’optimisme. 

 


 

Et deux autres trésors chez Mémoire d’encrier

Décidément la maison Mémoire d’encrier a décidé d’y aller en force pour gaver avec bonheur les amants de la littérature la plus pure. Hormis les deux titres recensés avec en phase précédemment, en voici deux autres qui nous ont “littéralement” captivés. Vous avez de Jean Désy qui coiffe les trois casquettes de médecin, d’enseignant et d’écrivain Aimer la terre un titre on ne peut plus simple à l’image de cet homme qui va prodiguer des soins dans le Grand nord québécois et si intimement lié à la nature. Ici il se fait poète et il célèbre du mieux qu’il peut l’écosystème. Extrait “l’automne était rouge afghan les lièvres décollaient sous les arbres nous chassions pour donner du destin aux poignards contre nos hanches”.  L’homme a un talent inouï pour faire image.

 


 

Tribulations de migrants néerlandais dans une ferme ontarienne
 
Un lourd prix à payer de Claire Ménard-Roussy mêle un roman de facture classique à un thriller sur fond de migration. En effet, nous sommes au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, et une famille néerlandaise veut vivre à sa façon le rêve américain et tourner la page des affres vécues. Le couple formé de Frans et Hannah Dykstra compte deux enfants, Margriet et Pieter. Ils iront s’établir dans une ferme de l’Est ontarien. Tout pourrait enfin leur sourire, sinon qu’il y aura un drame qui va prendre la forme de la disparition de la jeune Margriet, âgée de 15 ans. N’y at-il pas pire angoisse qu’un enfant qui disparaît sans crier gare ? On imagine alors les pires scénarios. Une recherche intensive est menée dont on ne vous communiquera pas la conclusion afin de ne pas gâcher votre lecture. Retenez que si vous aimez le genre enlevant vous êtes bien servi. Ce pourrait faire un très bon film, avis comme toujours aux scénaristes confrontés au drame de la page blanche.
Un lourd prix à payer Claire Ménard-Roussy. Éditions David 244p.  www.editionsdavid.com

 


 

Un énième chapitre sur l’assassinat de John F. Kennedy

Les conclusions du rapport Warren ont beau être connues et la plus récente déclassification des archives du FBI de même, qui toutes deux corroborent qu’un seul tireur a agi, on n’en revient toujours pas qu’un président des États-Unis puisse tomber sous les balles d’un seul être. Voici que j’ajoute la voix de Paul Landis qui débarque avec La balle manquante. Que soutient-il grosso modo ? C’est que cet agent des services secrets, se trouvait dans une voiture arrière de la limousine présidentielle le fameux jour fatidique à Dallas. Il va trouver une troisième balle qui aurait atteint le président mais qui est passée sous silence dans notamment le rapport Warren. Landis voulait corriger le cours de l’histoire, lui qui a vécu de graves post-traumatismes au point où il a divorcé et exercé mille petits métiers. Avant d’être le témoin oculaire du drame, il aura été au service de la protection de la famille Kennedy et y consacre des chapitres. Six décennies sont passées depuis le meurtre et l’intérêt demeure. C’est un événement sanglant qui a d’ailleurs changé à jamais les sixties américaines et le sort du monde par la même occasion. Une ligne rouge venait d’être franchie.
La balle manquante Paul Landis. Dark side 235p.    www.hachette-pratique.com

 


 

Un intellectuel en décalage avec le monde contemporain

C’est toujours un exercice ingrat que de décréter que tel livre est au-dessus de la mêlée, comme un peu la vanité qui préside à l’attribution des prix. Mais chose certaine, précipitez-vous sur L’irréparable de Pierre Samson qui raconte l’histoire d’un universitaire, spécialiste en incunables et traqueur de faux manuscrits qui va lui-même être victime. Mais ce qui a surtout retenu notre attention qui rend son lecteur à la fin, plus intelligent que lorsqu’il y est entré, c’est le vide abyssal entre le protagoniste et son époque. Il faut lire ce qui est décrit du Quartier des spectacles à Montréal, jouissif. Ce sexagénaire se rend bien compte qu’il n’est plus en phase avec son époque marquée par la superficialité et les apparences. Ce roman pose la question de la valorisation de l’intelligence en ce XXIème siècle où le numérique a fait table rase de tout, surtout le véritable savoir.
L’irréparable Pierre Samson. Héliotrope 273p.    

 


 

Quand l’Empire britannique nous vantait les mérites de la guerre

L’Histoire nous l’a appris, que contrairement au Canada anglais, les canadiens-français ne voulaient rien savoir de la conscription, tant au cours de la Première Guerre mondiale que la Seconde. Alors d’énormes moyens de propagande ont été mis en marche pour prouver le bien fondé de tuer des boches avec lesquels tout nous était étranger. La doctorante Aimée Dion donne un bel exemple de pure érudition en centrant son essai dans ce livre qui force le respect tant la recherche a dû être laborieuse. Il s’agit de Affiches de guerre, guerre d’affiches et qui fait l’illustration des arguments pour le combat tant au Canada français qu’en Irlande au cours de la Grande Guerre 14-18. Paradoxalement, pour un ouvrage sur l’affiche, il y en a très peu dans le livre, l’historienne se concentrant sur les messages directs et subliminaux.
Affiches de guerre, guerre d’affiches  Aimée Dion. Presses de l’Université Laval 372p.     www.pulaval.com

 


 

Tout savoir sur la première capitale de l’Acadie

Les férus de l’Histoire acadienne ne peuvent pas passer à côté de ce travail d’érudition d’André-Carl Vachon un historien bardé de diplômes et qui s’est fendu d’une histoire de Port-Royal aujourd’hui en Nouvelle-Écosse et qui fut en quelque sorte la première capital de l’Acadie. C’est une mine de renseignements pour connaître qui ont été les premiers colonisateurs venus de France. Sa population connaîtra les affres de la déportation aux mains des anglais en 1755. On a oublié l’intérim britannique précédent de 1621 quand le monarque Jacques 1er donne l’Acadie rebaptisé Nouvelle-Écosse à William Alexander. Là où nous sommes à genoux, c’est le descriptif des colons français. On peine à imaginer tout le travail nécessaire pour établir cette liste exhaustive. Du bonbon pour ceux qui ont à coeur le passé.
Port-Royal André-Carl Vachon. La Grande Marée 352p.     www.lagrandemaree.ca

 


 

Tout ce que vous n’osiez demander sur l’orignal

L’orignal ou si vous aimez mieux, l’élan d’Amérique est une bête majestueuse. Ne serait-ce que par le panache imposant. Mais en réalité que sait-on de ce mammifère qui symbolise aussi le pays ? Pour en connaître davantage, reportons nous sur le passionnant ouvrage que lui consacrent trois experts de cette grosse bébête: Michel Breton, Denis Harvey et Robert Joyal. On apprend que cet énorme animal a des prédateurs, tels l’ours et le loup. Et aussi l’homme bien entendu. Que malgré son habitat il rencontre des difficultés à se mouvoir, notamment quand la neige est volumineuse et rend les déplacements difficiles. Que l’orignal peut souffrir des tiques et de l’arthrose. Que côté libido le mâle n’a pas d’efforts à faire, les femelles viennent à lui sans difficulté, cherchant le bon reproducteur. De quoi rendre jaloux l’homo sapiens. Qu’il sait aussi s’adapter aux appâts vocaux du chasseur qu’il apprend à détecter. En complément du descriptif de la bête, on a la manière de la chasser avec toutes les techniques requises. Dans le genre, comme guide on ne peut faire mieux.
L’orignal son habitat, sa biologie sa chasse Michel Breton, Denis Harvey et Robert Joyal. Éditions de Mortagne 343p.    www.editionsdemortagne.com

 


 

L’intégrale de l’oeuvre d’Yvon Deschamps

Yvon Deschamps a hérité du titre de pater familias de l’humour au Québec reconnu comme premier monologuiste masculin dans sa catégorie. Il a laissé derrière lui des monologues percutants dont on se demande si dans l’ère wokiste actuelle, auraient droit de cité. Les éditions La Presse ont trouvé la meilleure façon de lui rendre hommage en publiant l’intégrale de son oeuvre dans un pavé de plus de 500 pages Vraiment tout Deschamps au complet qui regroupe textes et chansons. La première page s’ouvre sur sa célébrissime prestation “Les unions qu’ossa donne ?” qui met en vedette un pauvre travailleur tellement soumis à son patron qu’il ne parvient même pas à se rendre compte qu’il est exploité. Il l’en remercie même…Un sommet de masochisme ouvrier d’une terrible actualité quand même, bien que fort heureusement la fidélité en entreprise a pris le bord, la jeune génération privilégiant la qualité de vie plutôt que l’abrutissement au travail. Peut-être sans le savoir Deschamps a-t-il conscientisé le Québec.
Vraiment tout Deschamps au complet  Éditions La Presse 555p. www.editionslapresse.ca

 


 

D’autres façons d’explorer la Ville Lumière

Personne ne contestera que Paris figure parmi les plus belles capitales du monde, en dépit des râleurs, les parisiens eux-mêmes. Quoique les dernières olympiades ont eu cela de bon, que ça raviver la fierté locale. Mais pour ceux et celles des touristes qui ont épuisé les circuits officiels de visites de la ville, voici un guide très singulier Paris méconnu qui propose des lieux habituellement négligés par les visiteurs. Sous la coordination de Thomas Jonglez on a une compilation d’endroits fascinants, comme le Sénat au décor époustouflant, le majestueux escalier de l’école de médecine, un petit bois niché au coeur de Saint-Germain-des-Prés, etc. C’est un format de poche à garder près de soi lors de votre prochain séjour. Décidément Paris n’a pas encore livré tous ses secrets.
Paris méconnu Collectif. Éditions Jonglez 555p.    www.editionsjonglez.com

 


 

Bronzer intelligent sur la Côte d’Azur

A la manière de l’ouvrage précédent Paris méconnu aux éditions Jonglez, nous avons cette fois un autre pôle de découvertes à faire, si jamais il vous prend de descendre dans le Sud. Il s’agit de Côte d’Azur insolite et secrète. C’est bien beau bronzer, mais encore faut-il ensoleillé aussi son cerveau. Et ce ne sont pas les attractions qui manquent comme nous le fait voir le coordinateur du guide Jean-Pierre Cassely appuyé par les références des ses habitants, qui est la marque distinctive de cette collection. Vous avez le cimetière russe à Nice, le Musée du masque de Fer aux îles de Lérins et quoi encore. Bronzer intelligent quoi. Nous sommes bluffés par la variété des visites à faire. Les tours opérateurs québécois ont tout intérêt à lorgner de ce côté-ci.
Côte d’Azur insolite et secrète Collectif. Éditions Jonglez 555p.    www.editionsjonglez.com

 




 

Le coin de la poésie

La grande maison en bardeaux rouges qui grince la nuit est un recueil de poésie qui est la confession de Luc-Antoine Chiasson lequel dans ces pages nous partage ce qui lui passe par la tête à propos de l’acte d’écrire. Si vous vous êtes demandé un jour, quelles idées peut traverser un homme de lettres, eh bien vous avez ici des éléments de réponse. Extrait “j’aimerais être capable d’écrire un vrai poème de mer mais surtout de pouvoir être ici pour le changer”. C’est aux éditions Perce-Neige.

Aux éditions du Noroît on sous présente Plonger dans l’épave de Adrienne Rich une édition bilingue. Car même si la traduction de Chantal Ringuet est très à la hauteur des strophes anglaises, on s’est senti redevable de faire connaître le texte original pour les lecteurs qui voudraient encore davantage apprécier la beauté du contenu. La traductrice a découvert ces poèmes dans une bibliothèque de l’Université Harvard et datant de 1971-1972. L’auteure qui est dans la mouvance LGBT s’est beaucoup intéressée à la question des genres. Extrait “Le téléphone sonne sans réponse dans la chambre d’un homme elle l’entend dire à quelqu’un d’autre peu importe elle se fatiguera elle l’entend raconter son histoire à sa soeur”

 


 

A la réhabilitation de François Hertel

François Hertel hélas est totalement oublié par les penseurs d’aujourd’hui, s’il s’en trouve de sérieux. Ce philosophe, jésuite (1905-1985). De son vrai nom Rodolphe Dubé, il s’est exilé en France, étouffant dans ce Québec de la Grande noirceur du régime Duplessis. Il a influencé beaucoup de grandes personnalités en son temps dont Pierre-Elliott Trudeau à qui il fit connaître des compositeurs de musique inconnus. Il était si à contre-courant qu’il se fit expulser de sa communauté religieuse en 1947. Pensez donc, il prenait de la distance avec les Exercices de Saint-Ignace-de-Loyola. Avec quelques élèves rendirent visite à Émile Nelligan à Saint-Jean-de-Dieu! Dominic Fontaine-Lasnier professeur de philosophie au Cégep de Drummondville, ravive sa figure dans un beau tribut Le legs d’un philosophe amateur que nous nous devons de parcourir pour nous faire pardonner notre ignorance. En même temps que son sujet c’est une époque qu’il met en relief. Chapeau cher prof!
Le legs d’un philosophe amateur Essai sur François Hertel. Dominic Fontaine-Lasnier. Éditions Nota bene 169p.     www.groupenotabene.com

 


 

Déballement pandémique

Karine Rosso est bien connue dans le milieu littéraire pour avoir été cofondatrice de la librairie féministe L’Euguélionne et aussi parce qu’elle professe au Département d’études littéraires de l’Université du Québecà Montréal. La pandémie de la Covid-19 qui a confiné tant de gens, a eu des incidences de même sur les gens de lettres. Entre l’île et la tortue de dame Rosso est l’exemple d’une production issue de ce moment tragique et infâme de l’histoire du Québec et aussi mondial. C’est ainsi que voulant valoriser son temps, elle a écrit ce livre qui joue sur deux registres, une revisitation d’un voyage très complet en Amérique latine voici deux décennies passées, et également en témoin de ce qui s’est déroulé sous ses yeux de tension voire de désespoir social à commencer par le problème grandissant de l’itinérance. C’est un acte d’écriture certes, mais de témoignage. Le problème et c’est aussi un compliment, c’est qu’on arrive trop vite à la fin.
Entre l’île et la tortue Karine Rosso. Triptyque 173p.    www.groupenotabene.com

 


 

Pour Orianne gravir l’Everest et aussi à l’intérieur de soi
 
Orianne Aymard est une française fada d’alpinisme et on comprend que son rêve était de gravir à son tour l’Everest. Ce qu’elle fera dans des conditions éprouvantes mettant son corps à rude épreuve. Mais pour elle l’objectif ne se limitait pas à l’ascension en elle-même mais de grandir à l’intérieur d’elle-même. Une véritable quête de soi qu’elle décrit en grande conteuse dans son compte-rendu captivant (et c’est un euphémisme) Au coeur de l’Everest. Le toit du monde était donc un double défi. Même si on a lu la même démarche avec d’autres récits du genre, il n’en demeure qu’à chaque fois c’est prenant. Car chacun a “son” Everest.
Au coeur de l’Everest Orianne Aymard. Mareuil éditions 267p.   www.mareuil-editions.com

 


 

L’art de portraiturer

Jean-François Caron désigne Monte-à-Peine comme un roman. Mais comme il se met aussi en scène dans ces pages on pourrait penser plutôt à de l’autofiction. Mais ce que l’on retiendra surtout de cette démarche littéraire c’est sa grande façon de portraiturer les gens qu’il croise. Il est à la “plume” ce que la lentille est au photographe. Mais avec quelque chose de plus, car il sonde les âmes. Les gens qu’il rencontre ne font pas que passer dans sa vie, ils l’interpellent. C’est une écriture qui côtoie ici une forme d’excellence. On prend plaisir à faire connaissance avec ceux qu’il nous présente. C’est un témoin de son époque qui s’exprime. Ceux qui parfois désespère du monde, devrait porter davantage attention à ceux qu’il rencontre (lâcher surtout le smartphone) et recevoir parfois de belles ondes positives. Vous aurez compris que nous avons adoré ce livre.
Monte-à-Peine Jean-François Caron. Leméac 245p.    

 


 

Propos sur le fait d’être queer

Nous en connaissons à la rédaction qui sont quelque peu exaspérés des acronymes qui s’ajoutent à LGBT. Dans cet arc-en-ciel figure les queer. Mais sait-on ce que c’est au juste et ce que ça suppose d’être revendiqué comme tel. La philosophe et féministe Sara Ahmed publie son petit brûlot qui regroupe trois textes ayant pour auget la thématique queer. A la lecture de cette petite plaquette qui en impose par son contenu, on se rend compte qu’il est encore loin le chemin de l’acceptation de la diversité. A lire absolument si vous en avez marre du conformisme sexuel.
Vandalisme queer Sara Ahmed. Éditions de la rue Dorion 147p.    www.ruedorion.ca

 


 

Divers destins de femmes dans le Montréal d’avant et d’après

Nous allons nous avouer vaincu, difficile de coller un qualificatif à La ricaneuse le roman de Eric Dupont car c’est comme décrire un film avec beaucoup de flash-back. Il faut toute sa tête pour se rappeler ce qui arrive à l’une ou à l’autre et également aux personnages masculins, car on nous promène tantôt dans le Montréal du XIXème siècle, puis grand saut en 1967. Ce qui a par contre retenu notre attention et vaille que ce livre soit lu, c’est la violence qui parsème ces pages. L’écrivain sait bien rendre cette haine qui habite l’homo sapiens. C’est déroutant. Chose certaine, il oppose un sérieux démenti à ceux, jovialistes, qui prétendent que la vie est un cadeau. Comme étude de moeurs difficile de faire mieux
La ricaneuse Eric Dupont.  Éditions marchand de feuilles 452p.  

 


 

Retour aux origines en forme de miroir

Il était une fois un homme qui honnissait tout ce que sa Gaspésie du Sud représentait à ses yeux de monde reculé. Il va vouloir prendre de la hauteur en devenant titulaire d’une classe de philosophie classique dans une université américaine. Mais souvent on n’échappe pas à son passé d’aussi belle façon. C’est que nous transmet en résumé Michel Landry dans son roman Écarté. Il arrivera que notre protagoniste sera dans l’obligation de revenir sur les lieux qui l’ont vu naître et de côtoyer ceux qu’il estime comme pas moins que des demeurés. Mais le destin assez malin merci fera en certes que des traits de caractère qu’il déteste chez ces proches vont s’imprégner chez lui.  Oh! là! là! Comment va-t-il composer avec cet atavisme psychologique ? Allez faire un tour, vous ne vous ennuierez pas une seconde.
Écarté Michel Landry. Leméac 141p.

 


 

Journal d’un gentleman farmer

En général, de coller l’étiquette de gentleman farmer à quelqu’un suppose un dilettantisme un peu négatif. Dans le cas de Dominic Lamontagne nous pouvons très bien l’étiquetter ainsi mais dans le sens le plus noble qui soit. L’écrivain qu’il est a une double casquette comme exploitant d’une petite ferme. Il a pour la terre un enthousiasme qui fait penser à celui du personnage de l’avocat et fils de Baby dans la série culte des Belles Histoires des Pays d’En-Haut, joué par le regretté Serge Turgeon. Il aime tellement son métier de fermier qu’il nous partage cette passion dans un journal intitulé Vivace. En sa compagnie on apprend tout ce qui compose son quotidien. Il n’a pas le temps de chômer. C’est d’une terrible exigence, mais les compensations sont au rendez-vous. Pour ceux que la vie agricole intéresse, vous avez ici des conseils d’un pro. Il ne faut pas avoir peur de rouler ses manches. Avec le rêve que son panier d’épicerie se fasse en autarcie.
Vivace Dominic Lamontagne. Leméac 326p.    

 


 

Un dictionnaire érudit sur le jeu

Voici un ouvrage qui force l’admiration, ce Dictionnaire des sciences du jeu un ouvrage en collectif sous la direction des Gilles Brougère et Emmanuelle Savignac. On compte 72 entrées pour autant de réflexions sur l’acte du jeu. On analyse diverses disciplines dans ces pages. Mais ce qui a retenu particulièrement notre attention, c’est le fait que l’on décortique savamment l’addiction au jeu numérique, véritable fléau, quand on sait que les revenus mondiaux de ceux-ci dépassent les revenus combinés de la musique et du cinéma! On apprenait récemment le cas dans l’actualité d’un tout petit bambin qui consacrait…une heure de sa journée sur son téléphone intelligent! D’où l’importance grâce à ces contributeurs de comprendre ce phénomène inquiétant.
Dictionnaire des sciences du jeu Collectif. Érès 386p.   www.editions-eres.com

 


 

Lire le théâtre, déjà un art en soi

En musique classique vous avez du genre maniaque (surtout les critiques) qui viennent au concert ou à l’écoute, partitions en main. Avec l’intention non avoué de piéger la faute d’interprétation. Au théâtre, on voit rarement un spectateur avec le texte en main. Alors qui lit du théâtre ? Les directeurs de compagnies théâtrales, les metteurs en scène et, au final, les comédiens qui sont les hauts-parleurs des sentiments qui se dégagent des textes. Lire le théâtre est un essai fondateur écrit en collectif sous la direction de Sandrine Berrégard. Un travail de haute volée qui analyse ce qu’est un texte de scène sous toutes ses coutures. Peut-on parfois parler de littérature à leur propos. Songeons seulement un instant aux longues répliques d’un Paul Claudel dans l’Otage ou le Soulier de satin qui voisinent justement avec de la littérature pure. Cet essai retiendra l’attention a priori du milieu du théâtre, pour mieux approfondir leur art.
Lire le théâtre sous la direction de Sandrine Berrégard. Presses Universitaires de Strasbourg 325p.   

 


 

Tout ce que vous devez savoir sur l’Ukraine pour en mesurer l’enjeu

La guerre en Ukraine est d’une terrible actualité. Pour celui ou celle pour qui veut comprendre pourquoi historiquement la Russie a toujours voulu assujettir le deuxième pays le plus grand d’Europe, voici l’ouvrage de vulgarisation de géopolitique le mieux adapté. L’Ukraine atlas géopolitique d’une idée européenne est le fruit du travail de Romain Dorvek, Philippe Lemarchand, Pascal Orcier, Nina Plitko et Raymond Woessner.Ces cinq nous disent tout de ce qui constitue les attraits de ce pays, objet éternel de convoitise de l’ogre voisin. Rappelons nous la terrible famine causée en Ukraine par Staline. Des millions de morts innocentes pour assouvir l’appétit de domination du “Petit père des peuples”. Enfin de lecture on saisit mieux pourquoi le monde se tourne vers cette guerre et dont l’enjeu demeure aux dires des pays de l’Otan, la préservation de la démocratie.
L’Ukraine atlas géopolitique d’une idée européenne Collectif. Atlande 172p.  

 


 

Sur ces fameux chemins de Compostelle

La pratique religieuse est en déclin depuis maintenant des décennies, et pourtant, telle une sorte de superstition, il y a des lieux emblématiques de la chrétienté qui attirent pourtant des foules. Chez nous par exemple, nous avons l’Oratoire Saint-Joseph qui n’a jamais rien perdu en crédibilité. En Europe ce sont les chemins de Compostelle. Même des têtes d’affiches du monde people ou de la politique, se sentent tenues de faire la route à pied, comme pour exorciser de vieux démons. Si l’aventure vous tente, nous ne pouvons que vous recommander Sur les chemins de Compostelle en format de poche écrit de concert avec et nous l’igniorions, l’Association du Québec à Compostelle. Au même titre que les autres ouvrages de la collection, vous avez une foule de bons tuyaux pour que votre expédition religieuse ne tourne pas au drame, et vous éviter de…sacrer! Blague à part c’est tout de même une expérience, ne serait-ce que pour échanger loin de son téléphone intelligent, avec des gens en chair et en os qui partagent un même objectif.
Sur les chemins de Compostelle Collectif. Ulysse 271p.     www.guidesulysse.com

 


 

Être femme ne veut pas dire être mère

Il y a quelques années en France, un sondage troublant nous apprenait que fort de ce qu’elles ont su de la maternité, 72% des femmes n’auraient jamais fait d’enfant! Ce qui prouve que ce n’est pas parce que l’on est une femme qu’il faut absolument procréer pour avoir le droit d’exister. C’est tout le propos du récit Indocile de Marie Danielle Koechlin qui raconte que sous la pression sociale et la vie amoureuse conjugale, elle a fait le saut en donnant naissance à une fille. A qui elle révélera tout le fardeau qu’elle a représenté pour elle. C’est assez trash comme parole libératrice. Un brûlot qui préviendra les femmes tourmentées par la pression du regard des autres et qui n’ont pas vraiment le goût d’engendrer et d’étouffer la planète.
Indocile Marie Danielle Koechlin. HD éditeur 108p.

 


 

Claire qui découvre une institution de haut niveau mensongère

Jean-Philippe Bernié a décroché une première palme dans le roman policier en étant finaliste en 2019 du Arthur-Ellis pour son titre “Un dernier baiser avant de te tuer”. Il n’avait pas besoin de ce regard des autres pour plaire puisque quiconque a le “malheur” d’ouvrir une page de son cru, il est pris au risque de demeurer captif. Et c’est exactement ce qui se passe avc Tu ne mentiras point titre qui suggère un voeu pieux, tant le mensonge est bien le ciment des rapports sociaux. Vous imaginez si tout à coup tout le monde se mettait à dire la vérité ? Iici il s’agit d’une femme qui sera confronté à un tas de mensonges entourant une institution de haut savoir au nord d’Ottawa et qui forme les élites, à savoir le Collège Saint-Jacques. La femme qui a intégré cette maison, va faire en sorte de faire éclater la vérité. Certains vont vouloir en découdre avec ce nez qui fouine un peu trop. Encore là le talent de l’écrivain se confirme qui sait mener une bonne histoire de bout en bout.
Tu ne mentiras point Jean-Philippe Bernié. Hugo roman 199p.  

 


 

Un cri contre l’inceste

Dans la foulée MeToo la parole des femmes se libère, pour employer maintenant l’expression consacrée. Et cela prend différentes formes. Lucile de Pesloüan qui dans son roman nous fait connaître Stella qui a éprouvé l’inceste dans sa chair et sa tête publie rien de moins qu’un cri d’alarme pour dénoncer comme dans sa famille cette culture de possession des corps parmi sa progéniture. Tout brûler a des accents violents, présenté typographiquement comme sous une forme poétique. Mais ici on n’est pas dans la fleur bleue. Il y a même ici, avec les mots choisis, l’expression d’une violence. Celles et aussi ceux car les garçons sont infiniment loin d’être épargnés, qui ont vécu ou vivent ce drame, seront directement atteints par le propos virulent.
Tout brûler Lucile de Pesloüan. Leméac 148p.

 


 

Un essai du plus grand sérieux sur le matériel didactique en histoire

L’Histoire est la matière parent pauvre dans l’éducation. Récemment un micro trottoir réalisé chez nos voisins américains, demandait à des jeunes de situer sur la carte des États-Unis une ville de la Californie bien connue. Et pourtant ils ont tous échoué, certains pointant une ville d’un État de l’Est du pays. C’est affligeant. Et on ne sera pas étonné chez nous que le nom de Robert Bourassa ne dise plus rien de nos jours à des adolescents. Ce n’est pas que l’on ne remet pas en question le matériel didactique. Au contraire, comme nous le montre le fruit du travail collectif supervisé par deux enseignants universitaires en pédagogie Marc-André Éthier et David Lefrançois dans leur essai Développer la pensée historienne à l’école. On est ici aux antipodes du seul fait de mémoriser des dates et des faits. Ce travail intellectuel de première intéressera au premier chef ceux qui doivent enseigner cette matière.
Développer la pensée historienne à l’école Marc-André Éthier et David Lefrançois. Presses de l’Université Laval 266p.    www.pulaval.com

 


 

Roman sur la gémellité

La sortie de L’autre moi de la comédienne bien connue et estimée Marie-Chantal Perron nous fait penser que les romans concernant la vie de deux jumeaux se comptent sur les doigts d’une main. Que le jumeau soit identique ou pas, le fait d’être sortis de la même matrice à quelques secondes de distance marque une vie à jamais. Notre romancière nous présente deux soeurs jumelles, Mia une écrivaine trop vivante au goût de chacun mais qui est une tourmentée chronique et Jade, galeriste, la discrétion même et donc tout le contraire de la première côté tempérament. Il va arriver que le destin se chargera de Mia et qui va radicalement changer la donne entre, malgré tout, les inséparables. On ne vous dit pas de quoi il s’agit de crainte de bouder votre plaisir. La romancière manifeste un talent indéniable pour brosser des portraits. Lecture plaisante s’il en faut.
L’autre moi Marie-Chantal Perron. Robert Laffont Québec 185p.     www.laffont.ca

 


 

Enfin un hommage appuyé à Léa Roback

C’est un peu triste que la grande militante syndicale Léa Roback (1903-2000) soit si peu reconnue à sa juste valeur compte tenu de l’immense action qu’elle a entreprise pour le rehaussement des conditions de travail dans les manufactures, où la majorité du personnel boulevard Saint-Laurent et rue Chabanel était des femmes. Cette juive a connu l’antisémitisme à la québécoise, la montée du nazisme sur place, bref elle a fait du millage sur cette Terre, témointe de notre époque. En tout cas, en attendant la biographie substantielle la concernant, Ariela Freedman s’est inspirée de sa vie pour écrire un roman historique succinct qui est un remarquable tribut de ce que cette femme exceptionnelle a accompli, qui même dans son grand âge distribuait des prospectus militants par temps froid sur la Chemin de la Côte-des-Neiges. A lire ABSOLUMENT.
Le roman de Léa  Ariela Freedman. Robert Laffont 345p.    www.laffont.ca

 


 

Connaissez-vous la planète Exxila ?

Ne perdez pas votre temps à la chercher à l’Observatoire de Mégantic, la planète Exxila est le fruit de l’imagination de Charles-Étienne Ferland qui débarque avec son roman de science fiction Max d’Exxila. Ceux qui l’habitent sont probablement des descendants de terriens. On fait connaissance en tout cas avec un de ses habitants, Max qui pressent le pire, car voyez-vous son environnement climatique subit des changements inquiétants pour l’avenir de son habitat. En plus, et c’est peut-être là notre affiliation psychologique avec les terriens, c’est que les dirigeants sont des menteurs patentés. Décidément, le mensonge se répand partout. Et Max va en apprendre de jolis. Ceux qui aiment les anticipations vont être servis. L’auteur ne manque pas d’imagination et ça le sert bien.
Max d’Exxila Charles-Étienne Ferland. Collection 14|18 éditions David 266p.      www.editionsdavid.com

 


 

Un autre roman d’anticipation chargé d’attraits

Nous venons ailleurs dans ces pages vanté la sortie d’un roman de science-fiction de Charles-Étienne Ferland aux éditions David. Si vous dévorez le genre, en voici un autre qui ne manque pas de piquant, c’est Cloud que signe avec brio Gilles Jobidon. Le titre le doit au prénom de son “héros” un adolescent âgé de 13 ans. Son père, un excentrique, a conçu l’Arche de Noé du XXIème siècle pour permettre à des artistes et des scientifiques d’entreprendre l’exil des Territoires sur lesquels dominent les Onze Compagnies. Cloud a un dada, la bande dessinée qui lui permet de coucher sur papier des amis forgés de son crû. Les siens ne sont pas résolument issus des réseaux sociaux. Honnêtement il nous est difficile de même tenter de résumer la démarche de l’auteur, tant l’imagination est foisonnante et englobant plusieurs secteurs. Mais c’est un peu comme pour le style fantasy, des parenthèses qui s’ouvrent et qui se ferment. Pour être transporté par contre, on l’est.
Cloud Gilles Jobidon. Leméac 273p.   

 


 

L’or florissant de l’époque impériale des Ming

A Paris, le Musée Guimet est réputé pour la conservation des arts asiatiques. Ce musée, qui a été le théâtre d’une exposition éblouissante présentée conjointement par le musée des Beaux-Arts de Quijang à Xi’an. On a vu admirer des oeuvres de joailleries et autres appartenant à la collection de M. Kwok. Comme pour la majorité d’entre nous n’avons pu y être, on peut se reporter avec autant de bonheur en parcourant le bel album catalogue publié aux éditions In fine qui a pour titre L’or des Ming fastes et beautés de la Chine impériale. Cette dynastie florissante était férue pour l’or comme représentation artistique. Une période de l’histoire de Chine qui s’étend de 1368 à 1644). Que ce soit des aiguières, des épingles à cheveux. des sceptres, tout n’est que pur raffinement avec un souci du détail confondant, magnifié par les belles photos agrandies qui nous permet de zyeuter à notre goût. Du grand art, et cet album figure d’ores et déjà comme un des joyaux de la maison d’édition.
L’or des Ming Fastes et beautés de la Chine impériale. In fine 214p. 

 




 

Deux circuits touristiques imaginés pour la récréation de l’esprit

S’il est vrai que les voyages conservent la jeunesse, alors là les éditions Ulysse vous assurent presque d’être jeunes perpétuellement avec ces deux grands circuits proposés. Le premier Randonnées en France a dû être un casse-tête, tant l’Hexagone a de merveilles à faire voir. Les concepteurs se sont de bonne grâce limités à 50 itinéraires. Dans le Var par exemple, on invite à faire le détour par Carqueiranne, Hyères et ses îles. Dans le Lot ce sera Marcilhac-sur-Célé. Vous voyez comment on a mis l’emphase sur de petits bourgs charmants comme tout, hors des circuits classiques. Ces suggestions plairont à ceux qui aiment, c’est
vraiment le cas de le dire, sortir des sentiers battus.
L’autre guide, Routes des vins en Espagne et au Portugal. Comme le sujet est plus point battu, se centrant sur les disciples de Bacchus, il n’en reste pas moins que les auteurs ont fait dans l’arbitraire pour retenir 50 circuits. Ces deux pays offrent aux amateurs de vins des nectars qui vous conduisent au paradis. Des contrées à découvrir, la région de Bullas en Espagne et non loin de Madrid, Vous connaissez et appréciez le porto, eh bien c’est aussi la ville du même nom, capitale portugaise de ce breuvage à nul autre pareil. Puis Grandir et Alguber regorgeants d’attraits. Pour l’exotisme c’est sensas.

 


 

Le surréalisme dans tous ses états

Il est raconté que bien que les surréalistes font dans l’avant-garde, ils veulent bien être ancrés dans leur temps. C’est le préambule bien démontré dans un circuit d’expositions qui s’est tenu à Paris, parfois dans des lieux qui ont vu fleurir ce courant artistique. Les éditions Le Minotaure nous offrent le catalogue de ce parcours unique Surréel, dans lequel vous voyez se déployer ce que le surréalisme a de plus intéressant à proposer. C’est un survol de créateurs s’échelonnant sur plusieurs décennies. On s’arrête sur certaines oeuvres qui ont maintenant atteint le niveau du classicisme. Et dire quand leur temps on jetait les hauts cris.
Surréel Éditions Le Minotaure 212p.

 


 

Une curiosité patrimoniale, le plancher de Jeannot

Nous sommes ici dans une pure curiosité de l’art visuel, à savoir Le plancher de Jeannot dont l’auteur Jean Crampilh-Broucaret (1939-1972) a vu sa santé mentale affectée. Nous sommes alors dans un village béarnais. Il a donc voulu communiquer sa sensibilité sur des planches dans lesquelles il a percé de petits trous qui ont valeur de symbole. Cette étrangeté a fait rapidement l’attention de divers spécialistes tant en santé mentale qu’en art visuel qui ont reconnu la valeur du témoignage qui a dû être préservé. de façon hygrométrique des épreuves du temps. C’est suffisamment sérieux pour que les éditions In fine y consacrent un album dont les textes frisent l’érudition. Car il fallait décrypter les messages sous-jacents à la démarche.
Le plancher de Jeannot Jean Crampilh-Boucart. Éditions In fine 149p.

 


 

Ricardo chef et prof auprès des plus jeunes

Ricardo est un prénom qui à lui seul est une marque de commerce. Mais c’est surtout un chef apprécié qui a voué toute sa carrière jusqu’à présent, à faire partager son amour de la cuisine auprès du grand public, en recourant à fond aux médias. Il se tourne maintenant vers les jeunes pour qu’ils aient aussi la fièvre du marmiton. C’est donc un grand livre qu’il leur consacre Mon premier livre de recettes Tome 2. C’est à la fois instructif et ludique. Autrefois ce sont les religieuses qui dispensaient les bases de la cuisine à travers ce qu’on appelait les “arts ménagers”. Maintenant les garçons s’y mettent, les femmes de moins en moins intéressées à n’être que des “reines du foyer” ayant également des carrières à piloter. Donc un livre de recettes simples, avec un chapitre d’intérêt pour la jeunesse, les desserts. Ricardo agit ici comme un bienfaiteur de l’humanité.
Mon premier livre des recettes Tome 2  Ricardo. Éditions La Presse 196p.  www.editionslapresse.ca

 


 

Théâtre: rancoeurs ukrainiennes au chevet d’un père diminué

Chevtchenko de Guillaume Chapnik met en scène trois frères qui vivent au Québec et d’origine ukrainienne, au chevet de leur père atteint d’une maladie neurologique irréversible. C’est l’occasion pour cette fratrie, tout, sauf unie, de déverser leur fiel. Ah les belles familles. En même temps, on fait le compte de l’atavisme géographique. Comme c’est le cas pour les textes théâtraux, ils prennent réellement leur valeur sur scène, répliques dites à voix haute. Mais si on lit celles-ci, on ne peut que souhaiter que la pièce passe par chez vous, car le déballage de vérités fait tellement de bien.
Chevtchenko Guillaume Chapnik. Atelier 10  73p.   www.atelier10.ca

 


 

Un politicien sénégalais sonne l’alarme sur le déclin de la démocratie

Il s’appelle Arona Moreau est est le fondateur au Sénégal du Parti Citoyen. C’est aussi un intellectuel respecté qui est inquiet concernant la trajectoire de la démocratie, visiblement affaiblie. Il clame haut et fort les mérites de celles-ci dans un essai Des Hellènes aux Helvètes: ce qu’il reste de la démocratie. Bien que de niveau universitaire, comme il entend se faire entendre des couches laborieuses, l’auteur a bien pris soin de se rendre accessible et d’éviter tout hermétisme. Ce qui donne un supplément d’intérêt à ce sonneur d’alerte. Le volet de ce livre touche à la société révolutionnaire. Un bouquin fondateur pour tous ceux qui ont à coeur la préservation de la démocratie menacée de toutes parts par les populismes qui ont des solutions à tout et qui vous dictent quoi faire. 
Des Hellènes aux Helvètes: ce qu’il reste de la démocratie Arona Moreau. Vérone éditions 475p.    

 


 

Mieux connaître de l’aspirante à la présidence américaine

Au moment d’écrire ces lignes, il ne reste que six semaines à la campagne présidentielle américaine. Kamala Harris représentante démocrate est nez à nez avec Donald Trump le leader bouffon du Parti républicain. Les derniers sondages laissent espérer qu’elle l’emporte. A tout hasard si vous voulez la connaître davantage, ça tombe bien avec la sortie de sa biographie signée Olivier Piton qui a la double casquette d’avocat et d’essayiste. Habituellement les biographies d’origine française ne pèsent pas par leur rigueur contrairement aux anglo-saxons. Ici c’est le contraire, c’est fouillé en diable et on voit que l’auteur a bien potassé son sujet. De sorte qu’au sortir du livre il ne vous manquera pas grand chose pour apprécier le résultat dans les urnes.
Kamala Harris Olivier Piton. Éditions Plon 377p.   www.plon.fr

 


 

En quoi les anglo-québécois diffèrent de ceux du reste du pays

Chantal Lacasse a décidément le goût des hautes études avec un baccalauréat et un doctorat en histoire, une maîtrise dans le même domaine et une autre en relations internationales. Elle se fend d’un essai distrayant même intitulé Le Québec anglophone distinct du reste du Canada ? C’est en fait une étude de comment le quotidien anglophone montréalais The Gazette perçoit la réalité dans la Belle Province. Elle note que, en regard du pendant ontarien The Globe and Mail, on fait preuve avec The Gazette de plus d’empathie. Est-ce le reflet des anglos d’ici par rapport au reste du pays ? Un champ d’étude qui curieusement n’a pas été suffisamment approfondi et qui restait à faire. Un appareil critique vient enrichir le propos.
Le Québec anglophone distinct du reste du Canada ? Chantal Lacasse. Presses de l’Université Laval 333p.    www.pulaval.com

 


 

Masculinités au pluriel des classes sociales

Il n’y a pas qu’une seule d’homme, on s’en doutait bien. Confirmé par un essai remarquable Le gouvernement des conduites masculines sous la direction de Delphine Dulong et Anne Catherine Wagner. En résumé vous avez un type d’homme associé à un type de comportement qui va différer selon le milieu social. Des passages intéressants concernent la manière dont on considère l’homosexualité au Maghreb. Le pédé (miboun en patois local) est avili car il dérange l’ordre social, surtout en plus si lors d’un héritage l’homosexuel se retrouve avec la part belle de l’usufruit du défunt. Quelle anomalie pour la fratrie! On voit bien que la masculinité n’a rien de monolithique. A lire impérativement pour comprendre un peu mieux ce qu’est le genre du mâle.
Le gouvernement des conduites masculines Collectif. Éditions de la Sorbonne 202p.       www.editionsdelasorbonne.fr

 


 

Une BD docu-fiction sur un désastre écologique

Toujours puce est une BD cosignée par Maud et Elsa Lecarpentier. Qui a beau être une fiction nous alerte tout de même sur le gaspillage d’eau que requiert les vastes entrepôts qui abritent les données numériques qui chauffent à plein et qu’il faut refroidir. Ici dans cette histoire, une localité est en pleine sécheresse tandis qu’une usine STMicroelectronics consomme à n’en plus finir une centaine et plus de litres d’eau par seconde et cette consommation va en s’accentuant. Des élus locaux face à cet état de fait vont être en lutte avec les citoyens ameutés.
Toujours puce Les micro dégâts de la microélectronique. Maud et Elsa Lecarpentier. Éditions Le monde à l’envers

 


 

Les riches heures du Petit Trianon dans le regard de Marie-Antoinette

Sur des illustrations de Alexis Bruchon et des textes de Élisabeth Maisonnier l’album pour la jeunesse Marie-Antoinette au Petit Trianon est un regard rétrospectif de la souveraine sur les heures passées dans ce magnifique pavillon qui l’éloignait des intrigues de la cour. Au moment où elle regarde dans ce rétroviseur, elle se trouve aux Tuileries avec les siens. Une façon ludique de vivre l’Histoire. Et qui donnera le goût, aussi aux adultes pourquoi pas, d’aller voir cette merveille architecturale.
Marie-Antoinette au Petit Trianon Alexis Bruchon et Élisabeth Maisonnier. Éditions conjointe Château de Versailles et In fine

 








 

Le coin santé physique et psychique

Au moment où l’humanité post-pandémie enregistre, notamment et gravement chez les jeunes, une hausse du désespoir, voici que tombe à point nommé un ouvrage de vulgarisation qui fait la démonstration en quoi un(e) psychologue peut jouer un rôle salvateur auprès d’une âme naufragée. Il s’agit de Je ne suis pas venu ici pour manger des sandwichs de la psychologue clinicienne Mélanie Kerloc’h sur des dessins évocateurs de Léa Renard. Des mots et des dessins qui confortent l’idée que l’on a besoin parfois dans sa vie, du regard distancié d’un autre qui peut nous aider à passer au travers de ce qu’on nomme avec cynisme “le plus cadeau de la vie”. C’est aux éditions Érès.

Chez le même éditeur Érès voici Accompagner sans s’épuiser cosigné par Michelle Arcand et Lorraine Brissette qui est rien de moins qu’un guide pour accompagner les professionnels de la relation d’aide. Une sortie opportune au moment où un membre de notre rédaction veut s’orienter dans ce domaine en fin de carrière, trop préoccupé par le niveau de souffrance qui habite les êtres, particulièrement, les effets désastreux de la pandémie de la Covid-19. On pensait attaquer un virus, on a rendu les gens fous. Dans cet ouvrage fondateur la théorie renvoie continuellement à l’expérience clinique. Quels comportements le thérapeute doit-il adopter devant une opposition du patient ? C’est un ouvrage didactique remarquable. Le titre dit bien l’intention, à savoir que le thérapeute prenne de la distance vis-à-vis de son interlocuteur pour ne pas se laisser emporter par les émotions partagées.

Aux éditions Hors d’atteinte, un sujet encore mal exploité en littérature de psychologie, comment vivent et se sentent les trans après leur transformation. C’est pourquoi il nous faut souligner la sortie de Vous vouliez ma chaleur vous aurez mon feu de Paulo Higgins. C’est ce dernier, sociologue, historien et politologue qui donne la parole à Mario qui a opéré une transition voici huit ans et qui nous raconte ce à quoi il a été confronté. C’est passionnant car on voit tout ce que la notion de genre implique dans la tête de monsieur-tout-le-monde, formaté à l’excès. Est-t’on solidaire de votre démarche ou vous considère-t-on comme déviant ? Là est l’essentiel de la question. Nous avons dévoré ce témoignage de première main.

Dhammapada l’humble sentier de Michel Laverdière aurait pu être classé dans notre coin de la poésie, mais comme son contenu invite à la sérénité on a préféré l’insérer dans notre section consacré à la psychologie et les soins physiques. Ce mot hindou signifie les “dits” du Bouddha. Le transcripteur des versions française et anglaise de ces pensées, les a remaniées en vers. Laverdière est un humaniste que nous connaissons bien, pétri de sagesse lui-même et qui a senti que l’humanité a besoin d’entendre ces paroles réconfortantes. Dès les premières lignes, il est dit que celui qui a été maltraité ne doit pas traîner de haine en soi, qui n’apporte jamais d’apaisement. Cette lecture ne peut faire que du bien. C’est aux éditions Octave.

Nous assistons à une mouvance, tant dans la population que chez les gouvernements, à vouloir décriminaliser, non seulement le cannabis, chose faite en tout cas au Canada, mais un grand ensemble de drogues dont la cocaïne. Est-ce à dire qu’il y a dès lors banalisation ? Que fait-on des addictions qu’elles engendrent ? Pour avoir la note juste à propos des drogues, lisez ce qu’en dit le Dr. Marie-Ève Morin qui est une clinicienne auprès des personnes aux prises avec les ravages de la drogue. Elle en sait un rayon, elle qui pratique à la clinique La Licorne à Montréal qui accueille une clientèle ravagée par leur consommation. Elle signe Dose ta vie aux éditions La Presse. Vous saurez tout sur la notion de dépendance et si les gouvernements agissent pour le bien commun en voulant légaliser un grand ensemble d’opiacés.