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Comment des LBGT ont soutenu des mineurs grévistes anglais
C’est une alliance assez improbable et pourtant elle a eu lieu, celle du soutien du milieu LGBT anglais aux mineurs britanniques en grève au cours des années 1984-1985. Ce conflit de travail en lui-même a déjà été assez mémorable dans les annales du monde ouvrier de la Grande Albion. Le fait de recevoir un appui sans réserve des gays et lesbiennes, alors là c’est la totale. On aurait peut-être voulu après coup ne garder qu’un petit souvenir de cet engagement incongru, mais le milieu LGBT n’a pas oublié. Non plus Marie Cabadi doctorante en histoire de l’Université d’Angers qui a un intérêt tout particulier pour l’histoire contemporaine des mobilisations et féministes en Europe occidentale. Elle revient sur cette grève dans Lesbiennes & gays au charbon. Dame Cabadi nous gratifie, pour ceux et celles qui veulent explorer plus à fond le sujet, une bibliographie fort complète. Une solidarité inédite qui valait d’être rappelée. Car la mémoire vous savez est une faculté….
Lesbiennes & gays au charbon Marie Cabadi. Éditions EHESS 274p. www.editions-ehess.fr |
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Quand l’espionnage anglais fut teintée de filiation homosexuelle
Si vous regardez rapidement la couverture de Les espions de Cambridge vous allez croire que nous avons affaire au graphisme assez typique des polars et thrillers en tout genre. C’est presque celà, car l’ouvrage de Rémi Kauffer historien du renseignement, revient sur cette histoire véridique et ahurissante de cinq ressortissants de l’Université de Cambridge, recrutés comme taupes au service de l’Union soviétique, pour espionner le pouvoir britannique. Ils ont pour noms Anthony Blunt, Guy Burgess, John Cairncross, Donald Maclean et Kim Philby. Le premier, Blunt, imaginez, était le conseiller de la reine Elizabeth en matière d’art. L’élément nouveau apporté par les recherches de l’auteur, c’est qu’il y a eu aussi des complicités françaises qui avaient été occultées jusqu’ici. Et fait incroyable, alors que ces faits d’espionnage auraient valu à tout le moins la peine de mort, du moins la perpète, aucun ne sera inquiété et finiront leur vie sans être inquiétés. C’est cela en savoir trop. Mais que savaient-ils au juste ? A vous de le découvrir dans ces pages exaltantes qui, pour faire cliché, sont dignes d’un roman. Mais cette fois-ci c’est la vérité.
Les espions de Cambridge Rémi Kauffer. Perrin 382p. www.editions-perrin.fr |
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Pour empêcher le pire à venir dans le monde
En toute fin de la quatrième couverture de leur thriller Le réseau les coauteurs Marc Eichinger et Alix Meyer notent ceci qui donne le frisson quand on connaît la trame du livre “Toute ressemblance avec des événements réels est parfaitement assumée”. Ça raconte avec les intentions malveillantes d’un ancien chimiste de l’espionnage français, Paul Cesario, qui veut céder au plus offrant une drogue de synthèse de son cru, qui sinistrement employé pourrait avoir des conséquences dévastatrices dans le monde entier. La France qui ne veut pas être associée de près ou de loin à ce plan diabolique, met à contribution ce qu’on appelle le Réseau. Une agence aux ramifications internationales dont la star du bureau est Janco Landovski. Pour stopper Cesario, il va s’adjoindre entre autres le FBI, la CIA et le Mossad. C’est une véritable course contre la montre qui s’enclenche. Les deux auteurs ont réussi un beau bijou du genre à quatre mains. On peine à s’arracher aux pages, ce qui est le plus beau compliment qui soit.
Le réseau Marc Eichinger et Alix Meyer. Plon 365p. www.plon.fr |
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Ça joue très dur chez les gangs américains
Alors que l’actualité fait état de guerre des gangs sauvages dans l’Hexagone, paraît le second tome de la trilogie de Don Winslow qui après nous avoir donné la Cité en flammes, nous présente La cité des rêves. Un peu ironique comme titre, car dans le Milieu, les havres de paix n’existent pas. On le voit bien dans ce tome où la violence est telle à Providence la capitale du Rhode Island pourtant a priori jugée tranquille, que le protagoniste, l’irlandais Danny Ryan traqué par des truands sans foi ni loi, décide de prendre la poudre d’escampette avec les siens, en migrant vers la Californie. C’est sans compter le FBI, plus malin, qui va le retrouver pour lui proposer une sorte de pacte de Faust à l’envers. Où tu deviens riche ou tu te retrouves dans l’Au-delà. Que va choisir notre homme ? Allez lire, c’est tout ce que l’on peut vous dévoiler.
La cité des rêves Don Winslow. Harper Collins 429p. www.harpercollins.fr |
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Vlad le Dracula, embobiné par l’impératrice de Bohème
Giacometti Ravenne quand vient le temps de pondre une histoire, se joue des époques et mêle le vrai au faux. Ainsi c’est le cas avec sa dernière sortie littéraire Le Graal du diable où il fait un saut de puce entre 1448 et 1944. Avec pour fil conducteur le troublant prince Vlad, alias Dracul en roumain mais mieux connu à travers la terre entière comme le Dracula qui ne cesse de captiver. On passe de l’impératrice de Bohème, Barbara de Cilli au 15ème siècle à la Seconde Guerre mondiale où des partisans anti nazis terrorisent, pire que les allemands qu’ils combattent. De l’hémoglobine, en voulez-vous, en voilà. Le mérite ici, c’est que le romancier saute d’un pan de l’Histoire à l’autre, sans perdre le fil. Comme ceux qui ouvrent des parenthèses et savent les refermer. Et les passages où sévit les atrocités de l’Inquisition, quand on pense que le catholicisme dit s’appuyer sur “aime ton prochain comme toi-même”. Ouais!
Le Graal du diable Giacometti Ravenne. JC Lattès 467p. www.editions-jclattes.fr |
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Tu es empathique où tu n’existe plus socialement
Voici une fiction qui n’aurait pas déplu à George Orwell au moment où le Danemark a institué en classe de primaire des actions d’empathie, pour apprendre à respecter son semblable afin de contrer le fléau du harcèlement. Car le saviez-vous, la haine de l’autre est dans l’ADN de l’humain. L’écrivaine Frida Isberg a imaginé une société islandaise qui a institué des tests d’empathie. Et si jamais par malheur vous échouez, vous êtes mis au ban de la société avec une kyrielle de restrictions. Quasiment comme en Chine où de mauvais actes citoyens vous font perdre des points, avec à la clé des sanctions. En Islande on vous marque, et ne pas l’être, ouh, là, là. Voilà la trame de fond de La marque. Qui pour le moment est de l’anticipation, mais vous avez vu avec les interdictions de droits fondamentaux liés à la Covid, tout est possible. Un roman certes mais qui n’augure rien de bon. A lire quand même car nous ne devons rien ignorer.
La marque Frida Isberg. Robert Laffont 333p. www.laffont.ca |
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Comment a fonctionné l’Institut Pasteur sous l’Occupation
C’est un aspect de l’Occupation allemande en France qui n’avait pas été suffisamment étudié, à savoir comment l’Institut Pasteur s’est comporté face à l’occupant. Le docteur en biologie et journaliste Nicolas Chevassus-au-Louis a fait ses devoirs et nous rapporte des faits d’armes extraordinaires. Comment cet établissement de renom, convoité par les allemands pour le niveau de sa recherche, a t-il pu entreprendre une résistance passive, mieux, aider le maquis. Au point où quand viendra le mouvement d’épuration après la Libération, l’Institut Pasteur ne comptera que de rarissimes collaborations avec l’ennemi. La guerre des bactéries est une épopée fantastique qu’il fallait bien raconter un jour et avec brio, comme ici. Ce pourrait faire d’ailleurs un très beau film soit dit en passant.
La guerre des bactéries Nicolas Chevassus-au-Louis. Vendémiaire 230p. www.editions-vendemiaire.com |
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Couleurs provençales en Petite Camargue
Parce que Giono et Pagnol sont morts, qu’il n’y aurait plus de chantre des valeurs provençales ? C’est que vous ne connaissez pas encore Carole Rios qui, née en 1965 a grandi en Petite Camargue au sein d’une famille provençale. Oui, l’accent et tout. Cette auteure qui entre avec Contrée du Sud n’a pas été confrontée au syndrome de la page blanche, puisqu’elle a incorporé dans son histoire de deux grandes familles qui se rencontrent, un ingrédient de choix, la tauromachie et plus étroitement la passion équestre. L’écrivaine novice qui a réussi son coup, il faut le dire a connu une vie professionnelle axée sur la danse classique où elle atteindra les plus hauts échelons. Le raffinement elle connaît et s’en sert dans ces pages exotiques à souhait. Chapeau madame et attendons vivement le second opus. Un nom à surveiller.
Contrée du Sud Carole Rios. Les éditions Baudelaire 296p. |
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Disparition d’un garçon, une enquêteuse et un mentaliste
Camilla Läckberg est cette écrivaine suédoise qui tutoie l’excellence depuis des lustres dans le domaine du polar. Pour ce roman qui nous arrive Le culte elle s’est associé à un mentaliste et auteur Henrik Fexeus dont la connaissance de la communication non verbale sera utile, puisque l’enquêteuse de l’histoire, Mina Dabiri, va oeuvrer en tandem avec un mentaliste Vincent Walder, pour élucider le cas de la disparition d’un jeune garçon. Et on augure du pire. Donc, comme il arrive dans ces cas de rapt, c’est une course contre la montre qui se met en branle. Ce roman de plus de 700 pages, cela va-t-il vous surprendre, à du contenu. Car en plus de ce scénario de la disparition, vient se greffer les étranges et inquiétants comportements de la mère de Mina qui a intégré une communauté qui a érigé la douleur comme instrument du mieux vivre…Avec deux narrations semblables on n’a pas le temps de s’ennuyer.
Le culte Camilla Läckberg et Henrik Fexeus. Actes Sud 716p. www.actes-sud.fr |
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État de l’élan amoureux au XXIème siècle
A l’ère numérique où les gens ne se regardent même plus dans la rue, scotchés qu’ils sont à leur petit bidule rivé en main, disons le nettement, les jeux de séduction ont pris le bord. Qu’en dit Romain Sardou dans Je t’aime qui est une cartographie actuelle de l’amour. Grosso modo, il ne semblerait pas devoir désespérer car, selon l’histoire qu’il met en scène d’un homme et d’une femme qui vont faire route, l’humain a aimé, aime et aimera. Quoique dans les dernières pages un personnage atteint de lucidité extrême, y va de cette observation “Autrefois le discours romantique des sentiments servait à refouler la sexualité. Aujourd’hui, le discours dominant de la sexualité sert à refouler le discours amoureux. On ne rougit plus de dire je bande, mais de dire je t’aime”. Sans aucun doute ces pages vont vous interpeller sur notre temps.
Je t’aime Romain Sardou. XO éditions 294p. |
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Une école utopiste pour modeler autrement les femmes
Qu’est-ce qu’on n’essaie pas comme formule en éducation pour meubler les jeunes têtes. Samuel Hood à sa petite idée concernant l’éducation des filles. Il les veut non conventionnelles. Tout un défi. Sa propre fille, Caroline, a des doutes sur la viabilité du projet. Mais à contrecoeur elle entre dans la ronde, enseignant la littérature à groupuscule de huit adolescentes. Mais pendant ce temps,m surviendra des phénomènes de la nature pour le moins étrange, dont le moindre, l’apparition d’oiseaux rouges dans le secteur. Et ce ne sera pas tout. De quoi inquiéter quelque peu. Que va faire la jeune institutrice nouvelle garde ? Voilà le propos de ce roman L’école aux oiseaux de Clare Beams auréolé de mystère. Assurément de quoi séduire.
L’école aux oiseaux Clare Beams. Les Presses de la Cité 364p. |
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Pour en finir avec des similitudes en Churchill et Hitler
Il y a chez certains historiens et psychologues de s’aventurer à établir des similitudes entre Churchill et Hitler. L’historien Andrew Roberts à qui l’on doit une biographie de référence sur Churchill, enseigne au King’s College de Londres et à la Hoover Institution de Stanford. Il réfute toute ressemblance entre ces deux leaders, sinon d’avoir en commun un niveau d’entêtement. Il fait la démonstration dans Hitler et Churchill chez le même éditeur Perrin, de tout ce qui les oppose. Avec aussi des schémas de ce qui aurait pu arriver si telle ou telle situation s’était produite. Pour ceux que la Seconde Guerre mondiale et le Troisième Reich passionnent. A la lecture on voit bien que l’auteur a bien potassé ses sujets. En gros, ce qui est étudié ici, c’est sur quoi repose ce qui font les grands leaders ?
Hitler et Churchill Andrew Roberts. Perrin 380p. |
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La vengeance est un plat qui se mange froid
Les enfants du silence, premier roman en carrière de Lyn Yeowart comporte une part d’autofiction, puisque l’auteur se serait inspiré librement de faits de sa propre existence. C’est l’histoire d’une fille, prénommée Joy, qui apprend que son père est sur le point de faire son adieu au monde. Aussitôt elle se précipite à son chevet. Car elle a un contentieux à régler avec lui. Car sous ses apparences de chatholique bon teint, c’était un tyranneau. En même temps, l’occasion de sortir des squelettes dans le placard, car c’est connu, les histoires de familles en contiennent énormément. Quelle est la liste des griefs en question ? à lire. Car pour son arrivée dans le monde des lettres elle a réussi son parti de rendre son histoire intéressante. Au passage, il est question de la disparition d’une enfant à travers ce règlement de comptes. Bref, assez de matériaux pour apprécier comme nous ce livre.
Les enfants du silence Lyn Yeowart. Les Presses de la Cité 589p. |
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Fantasmes et désirs de paroissiennes afro-américaines
Si on part du premier critère qui fait d’une personne des lettres un(e) bon(ne) nouvelliste, c’est sa faculté de bien observer autour de soi, alors on peut dire d’entrée de jeu que Deesha Philyaw est à ranger parmi les excellentes du genre. Dans la vie secrète des bigotes, elle a situé ses nouvelles dans l’univers paroissial d’afro-américaines des années 90. Car si on est dans un cadre spirituel, la marmite érotique boue à l’intérieur des êtres, et ses personnages sont tout sauf sauf désincarnées. Le saphisme est même au rendez-vous. De quoi provoquer des sueurs froides aux bigots du coin. Ce sont des femmes de chair qui sont détaillées ici.
La vie secrète des bigotes Dessha Phiyaw. Philippe Rey 159p. www.philippe-rey.fr |
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De quoi est constitué Elon Musk ?
Il fascine comme il irrite. Elon Musk, selon des variables de fortune, parvient à rafler le titre d’homme le plus riche du monde. Génie ou tout simplement totalement dingue ? Ils se sont mis à deux Béatrice Mathieu et Emmanuel Botta afin de démêler le vrai du faux le concernant. Les auteurs, journalistes de l’économie rappellent que ce fantasque ne s’est pas fait tout seul et qu’aucune Tesla ne serait sortie des usines sans un rapport du fédéral d’un peu moins d’un demi-million de dollars. Il était d’ailleurs au bord de la faillite. Les enquêteurs ont mis plusieurs années avant d’accoucher de leurs conclusions, qui même en fin de lecture n’enlèvent en rien de la part de fascination que l’on peut avoir envers ce personnage despotique mais qui semble savoir où il se rend.
Elon Musk L’enquête inédite. Béatrice Mathieu, Emmanuel Botta. Robert Laffont 233p. www.laffont.ca |
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Sur l’esclavage au travail à la manière des chauffeurs d’Uber
A Montréal ce sont pour beaucoup des gens des communautés indiennes et sikhs qui monopolisent les livraisons chez Uber. Ils doivent bosser en diable pour se faire un revenu. C’est le même phénomène de l’esclavage ubérisé de par le monde. Sophie Bernard a mené une enquête auprès de 100 chauffeurs Uber dans la capitale française. Elle fait voir leur quotidien. Beaucoup ont choisi ce travail se croyant enfin libres de leurs horaires. Mais ce sont d’autres contraintes qui les attendent. On voit bien qu’au fond ils n’ont que changer de crémerie. Uberusés titre de cette enquête rend compte que l’essentiel du personnel des chauffeurs est racisé. Ces nouveaux français aspirent à une nouvelle vie. Mais voyez ce qui les attend. C’est vraiment à la dure.
Uberuss le capitalisme racial de plateforme. Sophie Bernard. PUF 300p. www.puf.com |
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Développer l’esprit critique des jeunes face à l’Internet
Internet et ses plateformes sont devenus des sources d’information privilégiées pour les jeunes qui délaissent de plus en plus les médias traditionnels, notamment la télévision ringardisée à leurs yeux. Mais en même temps, Internet c’est le carrefour du meilleur et du pire. Comment se prémunir contre les fake news. C’est à cela que s’emploie Marc Romainville, professeur à l’Université de Namur. Qui a élaboré une méthodologie destinée aux étudiants afin qu’ils développent leur esprit critique. A l’école du doute le titre dit bien de son contenu, est de ne plus prendre le tout pour du comptant. Savoir prendre ses distances avec le web. Comment départager un communicateur sincère d’un complotiste. C’est un ouvrage qui tombe à point nommé, alors que les mises en garde se multiplient sur les dangers de tout gober sur ce qui se trouve sur la Toile.
A l’école du doute Marc Romainville. PUF 212p. www.puf.com |
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C’est quoi être Arménien en 2023
Si on parcourt la quatrième de couverture de Arménie: la fin de l’Histoire ? Ce qu’on y lit donne à penser que son auteur Ruben Ichkhanian va nous livrer en survol un cours d’histoire de son pays. Il n’en est rien. C’est plutôt lui que l’on voit vivre. Comment négocie t-il son quotidien toujours menacé par une guerre, notamment avec l’Azerbaïdjan. C’est écrit avec dynamique et il met bien la couleur nécessaire pour que l’on comprenne les enjeux auxquels il est confronté. Lui d’abord mais aussi un regard sur ses contemporains. Pour qui a un attachement ou du moins une curiosité pour ce pays, c’est un petit livre précieux chargé d’âme.
Arménie: la fin de l’Histoire ? Ruben Ichkhanian. L’inventaire 190p. |
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Penser autrement la démocratie
Gérard Bensussan est professeur émérite de philosophie à l’Université de s. Il nous arrive avec un petit opuscule qui propose une autre façon d’envisager la démocratie. Comme son approche est exigeante, nous avons exceptionnellement choisi de reproduire un extrait de la quatrième de couverture, afin d’être au plus près de son message et de ne pas le travestir. “Comment penser la politique sans repenser l’essence de l’opinion ? Mais comment être encore « philosophe » si l’on accorde que la doxa manifeste quelque chose de la vérité du monde ? Statuer sur ce dilemme demande que soit interrogée la tradition de la philosophie dans sa relation à la politique.
D’abord en réhabilitant l’idée d’un sens commun à tous, dont le partage passe par la confrontation des opinions énoncées dans des jugements discordants. Existence partagée supportant hors d’elle de l’impartagé, la démocratie vit sous la condition que libre voix soit inconditionnellement accordée à l’expression des opinions. Ensuite, en donnant à cette existence démocratique, irréductible à un régime, son concept, la transaction.
La transaction désigne à la fois une action de reliaison entre des pôles opposés inconciliables et les objets transactionnels dans lesquels se cristallise cette action de façon aléatoire et provisoire. La démocratie n’est rien d’autre que le mouvement qui va de l’action à l’objet qui la fixe puis de l’objet à l’action qui le défait.”
La transaction Gérard Bensussan. PUF 156p. www.puf.com |
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Sur cet homme qui a sauvé des célébrités arrachés aux nazis
Varian Fry (1907-1967) est ce jeune journaliste mandaté par l’Emergency Rescue Committee, qui débarque en pleine France occupée pour sauver des noms connus de divers horizons, pour beaucoup artistiques, les arracher en somme aux griffes des nazis. Beaucoup avaient fui l’Allemagne hitlérienne. Sa liste comprenait 200 noms. Comme par exemple, Marcel Duchamp, Hannah Arendt, Max Ernst, Franz Werfel et André Breton pour ne citer que ceux-là. Il fallait toute une logistique, dont de faux-papiers pour passer à travers les filets mis en place par les forces de l’Occupation. Une véritable épopée qui est rappelée à notre génération sur les petits écrans, grâce à Netflix qui en a fait une série baptisée “Transatlantique”. Évidemment que dans une série, faute de temps on va escamoter des détails. Ceux qui veulent approfondir les agissements de ce héros peuvent lire sa biographie réalisée par Sheila Isenberg qui a eu accès à des documents déclassifiés qui apportent un supplément d’éclairage sur cette personnalité hors norme.
Varian Fry Sheila Isenberg.l’Archipel 425p. www.editionsarchipel.com |
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Hannah Arendt antisémite ?
Cela paraît incroyable, mais selon Michel Dreyfus cette juive allemande qui a dû fuir son pays face aux nazis a exprimé, tenez-vous bien, une haine contre les juifs! Qui se serait manifesté notamment dans la rédaction de sa trilogie “Les origines du totalitarisme” où elle rapatrie beaucoup d’écrits d’extrême-droite, antisémites. Pour savoir comment elle en est arrivée à cette manière de penser où les juifs entre autres n’auraient eu dans l’Histoire qu’à s’en prendre à eux-mêmes. Dans son essai troublant, Hannah Arendt et la question juive Dreyfus décortique ce qui a été la genèse de cette vision étroite. D’autant plus percutant quand on sait que Hannah Arendt a couvert le procès d’Adolf Eichmann et qu’elle aurait bien pu comprendre la hauteur de cette tragédie.
Hannah Arendt et la question juive Michel Dreyfus. PUF 355p. www.puf.com |
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Un resto japonais qui compose des plats oubliés sur demande
Le restaurant des recettes oubliées de Hisashi Kashiwai est un véritable phénomène en librairie au Japon et l’objet d’une transposition à la télé. L’histoire de ce livre a quelque chose de magique. En effet, les tenanciers d’un petit restaurant de Tokyo se sont fait une marque distinctive en recréant en cuisine des mets que des gens ont savouré jadis mais dont la recette s’est oubliée. Et ça cartonne. Il faut voir la minutie qui est celle des proprios afin de livrer la marchandise. On comprend à la lecture pourquoi c’est devenu un succès. Et le livre donne faim, ce qui n’est pas négligeable. Il faut aussi prendre en compte le rituel japonais pour tout ce qui touche au quotidien et qui confine au sacré.
Le restaurant des recettes oubliées Hisashi Kashiwai. Nami 253p. |
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Le fine fleur de la littérature latine
Habituellement les ouvrages de la collection Que sais-je ? sont de petites plaquettes au contenu condensé à l’essentiel de ce qu’il faut savoir. Mais là, une exception avec un pavé qui réunit quatre titres du regretté Pierre Grimal nommé prince des latinistes et qui était professeur à la Sorbonne. Ce qui donne Rome et la littérature. C’est une somme qui force le respect car tant d’érudition certes, mais tout, sauf hermétique. C’est pourquoi, dans cette démarche de cette histoire littéraire qui fait un peu peur au départ, surtout que l’on a stigmatisé le latin comme langue morte, il y a une démarche de vulgarisation. De grandes pages sont consacrées aux pontifes de cette littérature que sont Cicéron et Sénèque. C’est un livre qui se lit en distillant chaque ligne. Chapeau à la maison d’édition qui fait ainsi devoir de mémoire.
Rome et la littérature. Pierre Grimal. Que sais-je ? 447p. www.quesais-je.com |
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Le mannequinat, vivier de nymphettes offertes
Est-on en droit de proclamer que le mannequinat tel que décrit par Baptiste Manzinali dans La nuit des chasseurs correspond à une époque qui n’a plus cours ? Permettez-nous d’en douter, car lorsqu’on lit ces pages qui décrivent l’époque de l’agence Élite, des recruteurs de jeunes mannequins aux agendas cachés, Une cohorte de prédateurs qui n’a qu’à laisser poindre des carrières magnifiques de top modèles à des nymphettes énamourées, on peine à imaginer que tout ceci s’est arrêté d’un seul coup après la révélation des scandales que rapporte l’auteur. Quel univers glauque. Le mouvement MeToo a-t-il changé la donne dans ce milieu ? L’ouvrage n’a pas vocation à répondre à ces questions, mais les mirages de la beauté, surtout quand on voit les gourgandines ados qui se trémoussent sur Tik Tok on s’interroge à bon droit. La nuit des chasseurs Baptiste Manzinali. Le Cherche-Midi 219p. www.cherche-midi.com |
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Un roman d’anticipation sur les écueils du progrès technique
Il est assez rare aux éditions Sémaphore que l’on fasse dans le roman d’anticipation. Preuve que la direction éditoriale s’ouvre à de nouveaux horizons. Poussières d’étoiles a paru pour la première fois au Liban en 2008 sous la cosignature de Mazen Abdallah et Haidar Safa à quoi s’est ajouté pour l’édition française Sylvie Beaupré. Au point de départ un groupe nommé les Barbares contre qui, une organisation l’Octogone a concocté une arme qui tutoie la perfection puisqu’elle est actionnée par la pensée, et en commun! Maintenant que la théorie est à la portée du concret, reste à voir comment s’en servir aux fins de manipulation d’un peuple. On parle ici selon les intentions des auteurs de terrorisme intérieur. Vous voyez que ce n’est pas l’imagination qui fait défaut aux auteurs. Si vous êtes amateurs de ce type de littérature alors vous êtes dans une bonbonnière. Et puis, ce genre a fait ses preuves en anticipant des événements qui ont eu cours par après dans le futur. Qui sait si nos écrivains font figure de devins. A mettre au-dessus de votre liste d’achats de futurs titres.
Poussières dans l’espace Mazen Abdallah et Haidar Safa. Les éditions Sémaphore 139p. www.editionssemaphore.qc.ca |
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Le coin de la poésie
Louise Warren fréquente la poésie depuis quarante ans. Elle a une assez bonne idée sur sa nécessité dans un monde tellement rivé à son quotidien. Elle, elle voit largement avec lucidité. Elle nous arrive avec La ligne d’incertitude au Noroît. Qui a des connotations orientales, car ce sont souvent des strophes de deux à quatre lignes. Comme un peintre qui jetterait de la peinture sur sa toile pour en mesurer les effets résultants. Elle fait de même avec les mots extrait “page tournée l’être seul en toi à lui tu te confies une force se lève”.
On évoquait plus haut la lucidité. Ça semble une posture chérie par les poètes car aux éditions Le Baladin, Christian Legault présente Les affres de la lucidité. C’est un mélange de vers et de textes en prose. Qui dit lucidité, dit mots crus. Voici un bel exemple de réalité. Extrait “ Les testicules gonflés, Michel n’a pas forniqué depuis des semaines, des mois, des années…La douleur le prive de chaleur humaine”. Ça titille votre curiosité ? Allez lire ce qu’il a à dire. C’est criant de réalisme. |
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Références apocalyptiques pour gommer ce mal de vivre
Plus ça change, plus c’est pareil. On aurait raison de croire en cette maxime à la lecture du brillant essai de Joël Schnapp qui a pour titre Chroniques de l’anti-Christ. C’est que cet agrégé d’histoire chercheur associé à l’Université de Grenoble et professeur au lycée La Versoie de Thonons-les-Bains observe avec consternation, que lorsque toutes les institutions se mettent à aller mal, l’homo sapiens, au lieu de prednre le problème à bras le corps, met tout ça sur le compte de la fatalité, comme une apocalypse annoncé. Et ce qui se passe, c’est que dans son désarroi, que fait-il, il se met à écouter les sirènes des religions. C’est tellement plus simple de s’en remettre à des organisations qui ont des réponses pour tout, détiennent la Vérité et vous offre le mode d’emploi.
Chroniques de l’anti-Christ Joël Schnapp. Piranha 140p. www.piranha.fr |
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La sombre médaille du web
Les créateurs du web ne se cachent pas pour manifester leur déception de ce que les humains ont fait de leur invention. Au départ ils avaient deux intentions: répandre la connaissance à travers la multitude et favoriser dans un deuxième temps la communication entre les personnes. Ils assistent avec effroi à une inculture grandissante d’une part, et côté échanges, c’est un déversement de haine qui en effraie plus d’un. Ils avaient oublié comment la violence est dans l’ADN de l’homme. L’essayiste Pacôme Thiellement qui arbore une allure à la Karl Marx, ne semble guère en penser mieux avec ce collage d’histoires d’horreurs provenant de la Toile. Infernet comme titre est un néologisme fort à propos. A lire si vous n’êtes pas du genre à faire l’autruche.
Infernet Pacôme Thiellement. Massot éditions 291p. |
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Pour vous réconcilier avec Pamela Anderson
Peut-être êtes-vous du genre à considérer Pamela Anderson la célébrissime vedette de la série télé culte Baywatch comme l’incarnation de la parfaite bimbo, dotée d’une tête de linotte. Si tel est le cas, faites-lui la faveur de la lire, car la fille à des choses à dire. Au point même qu’on s’est laissé dire qu’après lecture, beaucoup ont révisé leur jugement. D’abord il faut avoir en mémoire que c’est une de nos compatriotes, née à Vancouver. De son propre aveu, et son positivisme à tout crin, même si ces premières années sur terre n’ont pas été facile pour cette timide, elle avait le don de faire un peu trop confiance et elle en a payé le prix. Malgré que la compétition est féroce entre les pin-up et Hollywood prêt à les vidanger dès qu’apparaît une ride de trop, notre jeune femme a persisté et sa cote de popularité n’a jamais trop soufffert. Elle trouve encore le moyen de faire les tabloïds, mais plus pour les mauvaises raisons. C’est une défenseure des animaux et en plus vous verrez dans son livre de mémoires, elle se fait poétesse…
Love, Pamela Pamela Anderson. Talent Éditions 326p. |
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Comment Internet à changer la donne pour les Inuit
C’est bien connu, le développement des télécommunications réduit les distances et plus que jamais notre planète peut porter l’appellation de village global. Un cas est particulièrement intéressant, c’est celui du Nunavut, le territoire arctique canadien. Là bas, dans cette rude contrée, la majorité de la population est tributaire des communications satellites, infiniment moins coûteuses que par les câbles sous-marins. Michael Delaunay docteur en sciences politiques, a publié sa thèse de doctorat justement sur le rôle des télécommunications dans l’Arctique canadien. Le fruit de ses connaissances, il nous les communique dans Les Inuit connectés. Il nous montre que tant au plan culturel qu’économique, le web joue un rôle prépondérant. On se sent moins isolé du reste du monde. Les Inuit connectés Michael Delaunay. Les Presses de l’Université Laval 270p. www.pulaval.com |
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Les enjeux autour de la loi 96
Dans la foulée nationaliste du gouvernement Legault s’inscrit la loi 96 pour renforcer la préservation du français. Et cela fait débat depuis que la loi est dans l’air du temps, notamment du côté des anglophones qui, comme à leur habitude, hurlent aux loups, se voyant menacés. Mais qu’en est-il au juste de cette législation ? Si vous voulez vous rattraper allez lire l’ouvrage en collectif Une langue, des voix qui fait le tour des débats autour de cette loi. Ce travail est placé sous la direction de Linda Cardinal, Bernard Gagnon, Virginie Hébert et François Rocher. Après quoi, vous ne pourrez plus dire que vous ne saviez pas. Ce livre est émaillé de témoignages divers forts éclairants, beaucoup basés sur des expériences de terrain.
Une langue, des voix Collectif Les Presses de l’Université Laval 202p. www.pulaval.com |
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La toute dernière enquête de Kay Scarpetta
Patricia Cornwell nous a fait languir un peu, mais l’attente en valait la peine. Encore fallait-il laisser à l’enquêteuse fétiche de la romancière, Kay Scarpetta, le loisir d’élucider une nouvelle affaire criminelle. La voici donc dans Livide. En gros, notre limier est sollicité par la cour, pour une affaire de meurtre d’une reine de beauté, ayant eu lieu il y a deux ans. Avec beaucoup d’émotions professionnelles à la clé, car le procureur de la Couronne chargé du dossier est tombé à bras raccourci sur cette dernière, qui a quitté le tribunal un peu remuée. Et doublement devrait-on dire puisqu’elle apprend tout juste à l’instant que la propre soeur de la juge dans la cause a été trouvée morte. Pas un homicide à ce que l’on sache. Mais…Vous savez, si vous êtes familiers avec les enquêtes de notre protagoniste que c’est une tête chercheuse. Et qui cherche trouve…
Livide. Patricia Cornwell. JC Lattès 364p. www.patriciacornwell.com |
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Un thriller historique et ésotérique
Hervé Gagnon lance le tome 2 de sa saga historique Sanctuaire qui exploite les riches heures des Templiers dont la fascination perdure à travers les siècles. Baptisé “Nova ecclesia” on met de l’avant la duplicité de la Très Sainte Église catholique et apostolique qui envoie de preux chevaliers perdre la vie en Terre Sainte au nom de la Foi, alors que cette même institution religieux joue une autre carte plus sordide. Pour ceux qui savourent ces romans du genre, vous êtes en première classe, car à la lecture on voit bien que l’auteur a fait précéder sa période d’écriture, de solides recherches pour recréer le climat régnant à l’époque. C’est enlevant comme dans un film de cape et d’épée.
Sanctuaire T. 2 Nova ecclesia. Hugo 509p. www.hugopublishing.fr |
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Boucar Diouf fait l’apologie du rire
Pour preuve que notre époque numérique est vraiment triste à mourir, c’est qu’on ne voit plus les gens rires. Où sont passé les oncles d’antan qui avaient toujours de bonnes blagues, parfois salaces, en réserve. Avec un petit verre dans le nez bien sûr. Aujourd’hui les faciès sont préoccupés de leur image sur les réseaux sociaux pour lesquels ils sont scotchés. Boucar Diouf après avoir vanté les mérites de la mort, se fait le chantre du rire. Après le philosophe Henri Bergson qui a consacré une thèse célèbre sur le sujet, voici notre humoriste qui prend le relais. Nous rappelant que le rire, nous distingue entre autres des animaux. N’est pas encore arrivé le jour où votre berger allemand éclatera de rire. Qu’est-ce qu’il a raison Boucar. Vite le rire sinon…
Ce que la vie doit au rire Boucar Diouf. Éditions La Presse 263p. www.editionslapresse.ca |
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Un regard sur la jeunesse perdue des années 90
A notre salle de rédaction, on ne donnait déjà pas cher des années 90. A la vérité, qu’est-ce qu’il y avait de réellement excitant, marquant, qui perdure. C’est pour nous le commencement du vide. Qui va précéder l’ère numérique encore plus affligeante. Julie Bosman n’a certainement pas gardé non plus un souvenir impérissable de ces années qu’elle nous fait revivre à travers trois jeunes montréalais esseulés. C’est un roman à proprement parler métaphysique qui interroge sur le sens à donner à notre vie ici-bas. La vie est-elle le beau cadeau promis ? Gagner sa vie ajoute-t-il à l’odieux de ne pas avoir demandé d’être au monde et de galérer sans mode d’emploi ? C’est une radiologie d’un temps qu’on ne veut surtout plus revivre et qui est excellemment bien rendu. La grande question sous-jacente est “comment rendre le quotidien plus fréquentable”. Pour que demain s’empare de nous Julie Bosman. Leméac 211p. |
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Une existence accompagnée par son psy
L’allié rêvé de Réjane Bougé en intéressera plus d’un, car il est question de santé mentale, le parent pauvre au Québec. Et pire encore depuis les affres du confinement de la pandémie qui a accru le mal de vivre. Ici c’est le récit de l’auteure qui va se retrouver en crise aux urgences. C’est une angoissée. Elle va faire la rencontre d’un psy qui va la suivre au cours des…quarante prochaines années. C’est une figure bienveillante. Ce professionnel en viendra à prendre sa retraite, et madame va se sentir aussitôt comme sans bouée. C’est un témoignage nourri, appuyé sur un art consommé de l’observation des êtres, surtout d’elle-même à travers son cheminement. C’est un livre à mettre même au dessus de votre prochaine liste d’achats de titres, car il vient nous chercher, même si nous prétendons échapper au mal-être.
L’allié rêvé Réjane Bougé. Leméac 180p. |
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A lire impérativement si vous caressez le rêve d’être fermier
Nul n’ignorait à quelle sorte d’esclavage est tenu un fermier. Oubliez le mot congé. Une vache ne prend pas de vacances de traite. C’est à lire Brian Brett dans Trauma Farm et le titre porte bien son nom en regard du contenu, que l’on prend l’exacte mesure des exigences sans fin de celui qui se donne pour vocation de nourrir ses semblables. Le gars a tenu une petite ferme durant vingt-cinq ans sur une île de Colombie-Britannique. Outre son statut de fermier, il coiffe celui de poète. Ça aide l’écriture, quand vient le temps de transmettre. Et lui ne fait pas dans la dentelle. Il dresse par le menu celui qui attend de vivre son rêve champêtre, loin du tumulte des cités. Ce serait peut-être exagéré de dire qu’on choisi son enfer, mais on n’est pas très loin. Et en plus des bouleversements climatiques qui peuvent ruiner en quelques secondes tout le labeur investi dans les champs. Brrr!!! Mais tout n’est pas qu’un tableau noir, huereusement. Il y a des parcelles de beauté sinon il n’aurait pas passé un quart de siècle à bêcher. Une lecture salutaire pour ceux qui ont des velléités de fermier. Vous ne pourrez plus dire que vous ne saviez pas.
Trauma Farm Brian Brett. Leméac 437p. |
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L’ABC des conserves pour contrer la cherté du panier d’épicerie
A l’heure où il faudra bientôt demander une rallonge sur sa carte de crédit pour pouvoir se payer des tomates, le retour aux conserves demeure une solution à portée de main pour contrer l’arnaque des supermarchés. S’emparer de rares spéciaux sur les légumes et les transformer en conserve. Nos arrières grands-mères l’avaient compris bien avant. Si vous voulez vous y mettre, procurez-vous Comment faire ses conserves sans empoisonner sa famille de Anne-Marie Desbiens. C’est une chimiste alimentaire comme l’était jadis la célèbre Jehane Benoît avec une spécialisation en salubrité alimentaire. Tout ce qu’il faut savoir, autant pour les débutants que les plus expérimentés s’y trouve. C’est un beau joyau de la bibliothèque culinaire à conserver près de soi. Vous remecierez l’auteure pour les économies réalisées.
Comment faire ses conserves sans empoisonner sa famille Anne-Marie Desbiens. Les éditions La Presse 261p. www.editionslapresse.ca |
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Piaf a la trace
C’est toute une surprise que nous réserve les Presses de l’Université Laval qui lancent dans la collection “A propos” Édith Piaf l’icône méconnue issu de la rencontre improbable entre le québécois Steve Normandin le hongrois Laszlo Pusztai qui partagent en commun une vénération pour l’interprète de l’hymne à l’amour. Le titre étonne avec l’emploi du qualificatif “icône méconnue” tant l’artiste est au panthéon de la chanson francophone. Mais il y a tellement de recoins de carrière qui ont été négligés, que les deux comparses, le québécois musicien en carrière et l’autre comptable ont éprouvé la nécessité de se lancer tête perdue dans les arcanes de l’érudition concernant la chanteuse, avec un corpus universitaire qui ne rend pas la lecture hermétique, bien au contraire. C’est dans une grande aventure que les deux nous emmènent. Ils revisitent les débuts, les voyages (six visites au Québec), les enregistrements et toutes leurs versions. On demeure pantois devant la rigueur de ce travail qui avait été déjà entrepris, plus sommairement par Pierre Duclos et Georges Martin qui les avaient précédé en France sur ce terrain, mais nos nouveaux experts avaient remarqué des erreurs, tout en reconnaissant que les deux premiers avaient tout de même pavé la voie. Admirateurs de Piaf, vous comprendrez pourquoi elle fut une artiste à part sur tous les plans.
Édith Piaf l’icône méconnue Catalogue de l’oeuvre 1935-2023. Steve Normandin et Laszlo Pusztai. PUL collection “A propos” 538p. www.pulval.com |
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Pourtant que la montagne est belle
En lisant Les prophéties de la montagne de Pattie O’Green on ne peut s’empêcher de penser à la chanson “La montagne” de Jean Ferrat quand ce dernier vante la beauté de son sommet. Ici on pourrait transposer les réflexions que nous proposent les jeunes filles sur notre cher Mont-Royal puisqu’il est question ici de montagne urbaine. C’est un ouvrage sur fond philosophique, car il vient à l’esprit des protagonistes toutes sortes de messages qu’on se fait fort de nous transmettre. Mais pour voir et apprécier la montagne faut-il décrocher de son téléphone intelligent et regarder autour de soi. Alors à ceux qui se sentent capable de décrocher de cette addiction, la montagne vous révèle plein de choses. C’est un titre touchant pour cette rentrée, pétri d’humanité.
Les prophéties de la montagne Pattie O’Green. Éditions marchand de feuilles 284p. |
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Nathalie Petrowski nous partage une thérapie
S’il est entendu que coucher sur papier son intériorité allège le fardeau, nul doute que La vie de ma mère de Nathalie Petrowski a dû décharger cette dernière de la chape de plomb qui a pesé tant d’années sur elle, avec une mère qui était tout sauf une maman, femme cougar avant l’heure qui honnissait la vieillesse (pour elle 50 ans) et qui se tapait des jeunes dans la vingtaine pour en cueillir la rosée. Le titre est impropre, car ce n’est pas une biographie de Minou Petrowski à laquelle on est convié, qui aurait pu remplir 500 pages, mais un passage ciblé des fins dernières, ultra pénibles de cette chroniqueuse de cinéma accomplie. La “maman” organisait son monde à elle, mais n’a pas voulu voir venir son futur, sinon, à la perspective de la déchéance que fut le sien, il aurait été préférable qu’elle planifie un suicide assisté. Au lieu de celà, c’est sur sa fille Nathalie qu’a reposé tout le poids de prendre en charge sa mère et de la voir péniblement diminuée dans un de ces horribles CHSLD. La fille a voulu témoigner pour laissé tout un message que l’on appréciera diversement. Plus humain que ça, cette plaquette va à l’essentiel de ce qu’est une fin de vie, parfois un naufrage.
La vie de ma mère Nathalie Petrowski. Éditions La Presse 134p. www.editionslapresse.ca |
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Comment Duplessis trouva le temps de nuire à un producteur de betteraves
François Legault est souvent comparé à un Maurice Duplessis. On espère que cette comparaison s’arrête au niveau des apparences, car le “cheuf” de l’Union nationale était un roitelet aux agissements souvent retors. Et l’Histoire s’explique souvent par la petite pour nous faire comprendre. Ainsi cette vendetta de Duplessis contre un expert français du domaine de la betterave, Louis Pasquier, qui du déficit de 400 mille dollars de la Raffinerie de Sucre de Saint-Hilaire, le fit passer à un profit de 900,000$ Au grand dam de Duplessis qui, poussé par le lobbying anglo-saxon de cette industrie, mis tout en oeuvre pour se débarrasser de Pasquier. Une histoire agricole passionnante au possible racontée avec brio et appuyée par une solide recherche par Stéphane Lussier Johnson.
Le sucre rouge de Duplessis Stéphane Lussier Johnson. Éditions du Tullinois 256p. www.editionsdutullinois.ca |
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Un pacte faustien pour réussir professionnellement
C’est curieux que pour thème de son premier roman, Amaury Barthet qui travaille pour le Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur qui, en en France, est l’autorité publique de surveillance des établissements de haut savoir, crée un personnage à la moralité élastique qui propose un faux diplôme à une jeune fille en rupture d’études, afin qu’elle puisse tromper les employeurs et réussir. Est-ce que frauder le système est-il payant ? C’est toute la question, et on vous laisse le soin de voir ce qui arrive à la jeune femme qui accepte ce pacte faustien. Pour une entrée en littérature c’est une belle réussite et le novice des lettres sait mettre un sujet, un verbe et son complément à la bonne place. A suivre le mec.
Le diplôme Amaury Barthet. Albin Michel 223p. www.albinmichel.fr |
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Au sein d’un noyau survivaliste déjanté
Même si on a été assez vite sur la gâchette pour qualifier de complotistes ceux qui remettaient en question la validité du vaccin contre la Covid-19 et dont l’avenir semble leur donner raison, force est d’admettre qu’à côté deux, se sont agités de véritables complotistes dont les délires n’ont plus de limite. Un beau sujet à exploiter dont ne s’est pas privé Simon Bentolila pour son premier roman Illuminatine. Il était une fois un romancier en herbe qui s’entête à finaliser un roman ayant pour thème le complotisme. Et à cette fin, il va suivre un ami dans un bunker qui abrite un cénacle de capotés de premier plan, venant de divers horizons. Il décortique le raisonnement de ces gens qui prennent les vessies pour des lanternes. L’éditeur parle de la naissance du premier grand roman du complotisme. Peut-être. Mais c’est un roman, tout sauf banal qui est une sorte d’éclairage sur notre époque, où les réseaux sociaux véhiculent de tout, hélas souvent le pire.
Illuminatine Simon Bentolila. Albin Michel 253p. www.edionsalbinmichel.fr |
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De quoi nous redonner le goût du voyage
Même si l’actualité nous assomme avec ces tragédies climatiques qui ne semblent épargner au coin du monde, est-ce à dire qu’il faut mettre une croix sur les voyages ? Certainement pas en parcourant ce superbe album Les 50 plus beaux itinéraires autour du monde chez l’éditeur Ulysse. Sous la direction éditoriale de Claude Morneau l’équipe rédactionnelle s’est surpassé pour réaliser ce collage de beaux endroits de la planète. Évidemment c’est un choix arbitraire. Mais lorsque l’on parcourt les sites retenus, fort est d’admettre que les auteurs ont en commun d’avoir du goût. Que ce soit l’Islande, la Slovaquie, le Péloponnèse ou Bali, on a identifié pour chacun L’ENDROIT à voir sans faute. En tout cas, si après la dernière page, il vous pend des idées de vous envoler, ce sera mission réussi pour les coéquipiers de ce guide. Et que dire des illustrations, qui plus encore que jamais, valent mille mots.
Les 50 plus beaux itinéraires autour du monde. Collectif 204p. Ulysse 204p. www.guidesulysse.com |
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Le coin santé physique et psychique
Les cas d’agressions sexuelles qui sont de plus en plus dénoncés dans la foulée du phénomène MeToo ont amené au premier plan la notion de consentement. En droit pénal c’est le domaine le plus difficile à juger car la chose se passe en huis-clos entre deux individus et qui dit vrai. Au Québec on a cru nécessaire de créer des tribunaux spécialisés à cet effet, car cela demande une expertise toute particulière. Que faire quand l’agresseur présumé prétend que la victime était consentante à des attouchements, voire pire. Un essai sur Le consentement fait le tour de la question, signé Maxence Christelle docteur en droit et maître de conférences en droit public à l’Université de Picardie Jules-Verne et juge assesseur à la Cour nationale du droit d’asile. Il explore toute la définition du mot accord. C’est complexe en diable comme on le verra. Une courte mais exhaustive bibliographie complète ce survol pour ceux qui désirerait approfondir le sujet.
Le consentement Maxence Christelle. Que sais-je ? 125p. www.quesaisje.com |
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