- MAI 2025 -
 
     
 


 

Portrait d’une femme qui vit dans la regard des autres

Parmi les beaux arrivages du côté du roman, en voici un à ne pas manquer, ne serait-ce que parce que c’est une belle étude de cas, celui d’une femme qui vit dans le regard des autres. Avec bien entendu comme fond de commerce une famille dysfonctionnelle. Ce livre c’est Les filles sont à leur mère de Martine Batanian. La protagoniste s’appelle Mélia, qui, taiseuse, ravale plein de ressentiments pour mère et père. Beaucoup de femmes vont se reconnaître à travers ce personnage, très commun au demeurant mais qui recèle tant de valeurs inexprimées. Comment va-t-elle faire sa place dans ce décor ? On vous laisse le soin de le découvrir. C’est un certainement un beau joyau littéraire qui vient enrichir la maison d’édition Marchand de feuilles qui ne cesse de nous étonner par ces choix.
Les filles sont à leur mère Martine Batanian. Marchand de feuilles 232p.  

 


 

Une vie sous tension

Imaginez que votre père meurt par pendaison, puis la mère meurt. Reste deux enfants qui vont obtenir une dérogation afin que leur maman soit inhumée…dans la masion! C’est, vous en conviendrez, assez singulier. Jean, un des deux enfants, est assez exorbitant. Il a des envolées lyriques et métaphysiques qui font de Le plancher de Perrine Le Querrec une presque poésie en prose. Il y a d’ailleurs en page 62 une déclaration illustratrice de ce qu’on veut décrire. Comme la chanson “C’est un beau roman, c’est une belle histoire” Pas tout à fait parce que la mort est omniprésente dans ces pages. Le Jean en question qui se voulait le gardien du temple de sa mère, n’aura pas bien longtemps à jouer ce rôle car lui aussi va trépasser. On est ici avec des sentiments énormes. A découvrir absolument.
Le plancher Perrine Le Querrec. Éditions la Contre Allée 140p.   

 


 

La rédemption d’un officier de justice

Vous ne connaissez peut-être pas Loriano Macchiavelli et vous êtes excusé à l’avance, car il n’est jamais trop tard pour se reprendre. Et une belle occasion nous est donné de faire connaissance avec un maître du polar noir italien contemporain. Il débarque avec une réédition de Passé présent et après. Qui narre les tribulations d’un représentant de la loi, chargé de faire la surveillance de trésors présentés à Bologne lors d’une exposition. Et pour son malheur, trois pièces d’importance vont disparaître. Pour conséquence, il sera rétrogradé à faire des rondes dans un quartier populaire. Sur sa route, il croise un jeune garçon de 11 ans qui réalise des mauvais coups pour se sortir de la misère. Et il va nouer une relation avec ce cadet, qui va l’emmener et vous verrez comment, à mettre la main sur les pièces volées qui lui ont valu tant de misère. Comme quoi…On lui accole le rang de maître à cet écrivain et c’est tout mérité. Nous on s’est délectés du début à la fin.
Passé présent et après Loriano Macchiavelli. Les éditions du Chemin de fer 280p.    www.chemindefer.org

 


 

En quête d’une femme diabolique

Elles se plaignent beaucoup les femmes, et pour beaucoup avec raison. Mais elles peuvent revendiquer de par leur genre, leur nature, d’avoir été les muses de tant d’oeuvres et de chefs-d’oeuvres. Comme ici dans L’étreinte des ombres où vous êtes conviés à la traque d’une femme pour laquelle toute résitance serait vaine. Diabolique est le qualificatif qui lui sied le mieux. Tout part d’un dîner entre deux amis à l’aéroport d’Osaka. Qui en se parlant, découvrent qu’ils ont en commun d’avoir perdu chacun un être cher et plus étrangement aux mains de la même femme. Il n’en faut pas plus pour enflammer l’imagination d’un de ces deux comparses qui va se mettre en quête de la retrouver coûte que coûte. Il s’est donné tout un mandat le mec. Et faut voir comment l’écrivaine Susan Barker décrit la personnalité de cette créature maléfique. Dire que c’est un beau portrait de femme fait cliché, mais ce serait en tout cas quelque chose à voir au cinéma. Avis aux scénaristes en panne d’imagination. L’étreinte des ombres Susan Barker. Dalva 523p.

 


 

L’ère numérique qui malmène le secret d’État

On ne dira jamais à quel point le monde numérique a fait table rase de tout notre civilisation judéo-chrétienne d’une part, et aussi comment elle change la donne de toute l’activité humaine. Ce qui est, n’est plus. Et c’est le cas du secret d’État qui permettait aux puissants de ce monde d’affirmer leur pouvoir avec la complicité d’un cénacle tricoté serré et fidèle. Maintenant tout explose. Les secrets dans l’univers des médias sociaux ne durent guère longtemps. C’est ce qu’expose Antoine Lefébure fondateur de la revue Interférence, qui analyse les médias électroniques dans un brillant essai Vie et mort du secret d’État avec pour sous-titre “Du secret du roi à Wikileaks”. On a qu’à penser au drame qui a secoué le Vatican, alors que le majordome du pape Benoît XVI a confisqué pour ses propres fins, des dossiers ultra secrets concernant l’administration vaticane et ses impairs. Cela a conduit le Saint-Père à donner sa démission, tant il s’est senti démuni devant cette situation. Ceux qui aiment la gouvernance et la géopolitique vont se trouver à cette lecture comme dans une bonbonnière. Décidément le monde n’est plus pareil.
Vie et mort du secret d’État Antoine Lefébure. éditions Passés composés 394p.    
www.passes-composes.com

 


 

La contribution des femmes à l’effort de guerre 14-18 et 39-45

C’est un travail de titan qui a été accompli en collectif sous la direction des Stacey Barker, Krista Cooke et Molly Cullough pour retracer quelles ont été les contributions des canadiennes au cours de deux conflits de la Première Guerre et la Seconde Guerre mondiale. Vestiges de guerre raconte, et c’est l’élément central, le travail en usine de guerre. C’est une recherche d’une densité qui force l’admiration. Vous avez une iconographie abondante et émouvante avec photos de femmes au travail et artefacts. A peine sorti des presses, il est devenu l’ouvrage de référence. Cela a été permis grâce aux archives, non seulement du Musée de canadien de l’histoire qui est coéditeur, mais d’autres sources un peu partout dans des collections publiques et privées. Le résultat est à la hauteur de l’investissement. Une bibliographie exhaustive sur le sujet complète l’ouvrage pour ceux et celles qui voudraient approfondir le sujet.
Vestiges de guerre Récits de femmes canadiennes en temps de conflit 1914-1945. Collectif. Les Presses de l’Université d’Ottawa et le Musée candien de l’histoire. Collection Mercure 360p.   www.presses.uOttawa.ca

 


 

Pour mieux connaître Trois-Rivières et la Mauricie

La feuille de route de Jean-François Veilleux entre autres professeur d’histoire du Québec à l’Université du Troisième Âge de l’Université du Québec à Trois-Rivières est assez éloquente de sa participation aux milieux trifluviens et par extension mauriciens. Il est contributeur de nombreuses publications locales s’attachant à raconter ces belles régions qu’il affectionne tant. Il a vécu une quinzaine d’années à Trois-Rivières même. Si on vous parle de lui c’est qu’il publie une sorte d’anthologie de textes divers sous le titre Mauricie je me souviens recueil sur l’histoire du lieu. Vous trouverez des sujets tels le pont Laviolette, la prison de Trois-Rivières, la ceinture fléchée, l’héritage de Duplessis. Autant de sujets tout aussi intéressants les uns que les autres qui offrent un aperçu de l’apport de la Mauricie à la vitalité socioculturelle du Québec. Comme l’enseignement de l’histoire et de la culture générale est assez souffreteux dans nos salles de classes des niveaux primaire et secondaire, voici une belle occasion de se rattraper.
Mauricie je me souviens Jean-François Veilleux. Les éditions du québécois 207p.     www.lequebecois.org

 


 

Retour sur un crime belge qui a fait grand bruit

L’affaire a pour théâtre l’Hôtel Mondo à Ostende. Nous sommes le 31 octobre 2013. Dans la chambre 602 on trouva le corps sans vie de Véronique Pirotton. Une scène de crime. Qui se trouvait là en sa compagnie ? Son conjoint un parlementaire wallon en vue et l’amant de la victime. Alcool en abondance avec violence à la clé et sa funeste conclusion. Évidemment, on pointa du doigts le politicien comme coupable qui ne dût son innocence à son avocat qui fit beaucoup d’effets dans le prétoire. Un ami de la malheureuse Pierre Mertens publie sur elle, ce qu’on appelait au Siècle des Lumières un tombeau, un hommage en somme Paysage sans Véronique sorte de grande déploraison de l’absente, qui de surcroît était une lectrice qui appréciait le travail de Mertens. Une belle célébration de la rare amitié entre homme et femme.
Paysage sans Véronique Pierre Mertens. Les impressions nouvelles 208p.   www.lesimpressionsnouvelles.com

 


 

Mythologie grecque cours 1001 illustré

On ne saluera jamais assez la maison d’édition Fleurus qui déploie un effort incessant pour mettre à la portée d’un jeune lectorat la connaissance du monde sous toutes ses formes. Voici un dernier opus à leur collection “L’imagerie” La mythologie grecque sur des textes de Sabine Jourdain et de superbes illustrations du duo Solenne & Thomas. Un ouvrage qui, s’il est destiné a priori aux jeunes têtes, trouvera aussi son public chez les adultes. Même nous à la rédaction, qui ne sommes pas des bolés de cette époque cruciale de l’Antiquité, en avons appris énormément. Un ouvrage qui devrait figurer en bonne place dans toute bibliothèque scolaire digne de ce nom. Vous avez aussi des jeux qui permettent de vérifier l’état de vos connaissances. D’où ils se trouvent, les dieux grecs vous remercient à distance.
La mythologie grecque Collection L’imagerie éditions Fleurus 75p.   www.fleuruseditions.com

 


 

L’autobiographie de Malcolm X en vue de deux commémorations

L’année 2025 marque la commémoration du 100ème anniversaire de naissance de l’activiste de la cause afro-américaine Malcolm X en même temps que le 60ème anniversaire de sa mort, assassiné en 1965 et qui prévoyait que ce pouvait être une issue à son existence. On réédite pour ce faire l’autobiographie qu’il a eu le temps d’écrire, assez touffue dans laquelle il raconte son enfance dans un milieu difficile va sans dire aux États-Unis quand on est noir, avec notamment quatre oncles assassinés par des blancs. Il aura une jeune vie de malfrat avec emprisonnements. Il épousera une version violente de la revendication noire, contrairement à un Martin Luther King apôtre de la non violence. En vieillissant, le militant Malcolm X s’adoucira et recevra une bonne dose de respectabilité. Cette lecture nous fait revivre ce que c’est d’être noir au sud de la frontière, et rien n’a vraiment changé si ce n’est des lois anti-ségérgationnistes votées, mais c’est à peu près tout. La haine raciale est toujours présente.
L’autobiographie de Malcolm X Éditions Hors d’atteinte 441p. www.horsdatteinte.org

 


 

 Un enfant de douze ans qui croit avoir fait le tour de son existence

Nous avons vu des émissions de télé particulières où on invitait de jeunes enfants à philosopher. Et parfois ils sortaient de leurs têtes des réflexions à laisser pantois. C’est la même chose pour Timoun, le héros âgé de 12 ans du roman de Jean Dumont qui a pour titre L’enfance mortelle. Son “héros” a des idées déjà arrêtées sur l’existence au point de croire qu’il a fait le tour de sa vie! Heureusement, la fin de cette histoire n’a pas de connotation aussi tragique. La beauté de cette parution, c’est de voir à quel point l’auteur a investi la pensée d’un garçon aussi précoce. Comme le récit est à la première personne, il y a là un dynamisme qui donne de la fraîcheur au déroulé de celui-ci.
L’enfance mortelle Jean Dumont. Éditions David collection Indociles 161p.
www.editionsdavid.com

 


 

L’indignation de Claude Simon

S’il y en a un qui a compris et fait son credo du fait que le métier d’écrivain devait contribuer à améliorer l’existence c’est bien Claude Simon. Un jour de 1986 il avait été invité en compagnie d’autres pointures, à un colloque sur le devenir de l’humanité. A la sortie du colloque qui se tenait au Kirghizistan, il devait y avoir une déclaration commune. Que Simon ne voulu parapher, car il avait eu sa claque des bombages de torses de ces célébrités intellectuelles. Finalement sous la pression de Federico Mayor directeur adjoint de l’UNESCO, il va consentir à poser sa griffe. Mais à quoi il complètera par une déclaration d’intention sous la forme d’un pamphlet annexe adressé au premier “Mon travail d’écrivain n’autorise à mes yeux aucune concession”. C’est gratifiant de lire cet opuscule d’un être qui se veut libre et jamais enrégimenté.
Mon travail d’écrivain n’autorise à mes yeux aucune concession Claude Simon. Les éditions du Chemin de fer 30p.   www.chemindefer.org

 


 

L’abécédaire de Jocelyn Robert

Jocelyn Robert si vous ne le connaissez pas déjà, est professeur à l’École d’art de l’Université Laval dont il a été jadis le directeur. Il a fait sa marque en art visuel et audio avec des créations parfois surréalistes qui ont marqué ceux qui les ont vu et entendu. Avec la maturité qui est la sienne, il a cumulé des certitudes sur la vie, la sienne et ce qui l’entoure. Il a décidé de tout mettre cela par écrit sous la forme d’un abécédaire L’Encyclopédie du S singulier. Déjà le titre est atypique. Vous pouvez imaginer ce qu’il en est de ses réflexions. Tout jeune, le mode dictionnaire le fascinait. Il était venu le moment de créer les siens. Ce qui est intéressant dans cette démarche, c’est de confronter ses idées aux nôtres.
L’Encyclopédie du S singulier Jocelyn Robert. Collection Phosphore, Les Presses de l’Université Laval 201p.   www.pulaval.com

 


 

La chute de Néron

Sur certains plateaux de télé où des commentateurs politiques ont fait des amalgames entre un Donald Trump et l’empereur Néron, il serait peut-être opportun de vérifier l’Histoire pour juger si le rapprochement tient au niveau de leurs folies respectives. Et l’occasion tombe bien puisque grâce à Anthony A. Barrett professeur émérite de l’Université de Colombie-Britannique ont revoit le film des événements qui ont suivi l’incendie de Rome qui est décrit ici avec l’exactitude des faits et non pas selon l’image d’Épinal d’un Néron jouant de la lyre tout en contemplant le méga désastre de sa capitale. L’auteur a vraiment mené un travail fouillé pour nous détailler par le menu ce qui s’est réellement passé, dont le fait que ce sinistre immense a été réellement un point tournant qui a mené à la chute de cette dynastie.
Rome brûle Anthony A. Barrett. Les Presses de l’Université Laval 440p. www.pulaval.com

 




 

Le coin de la poésie

Seriez-vous par hasard désabusé de la poésie ? Cela se peut, mais il ne faut pas paniquer, car les poètes n’ont jamais dit leur dernier mot. Comme Christopher Jones qui arrive avec une jolie plaquette L’éclosion d’une terre aux éditions Les 3 colonnes. Le titre évoque bien entendu des strophes naturalistes. Car l’auteur n’est pas désenchanté du monde, bien au contraire et c’est pour cette raison qu’il faut s’arrêter à cette lecture. Extrait “rechercher, chercher mon frère, je m’excuse, au fond de mon jardin j’ai grandi et je suis devenu une vague d’océan”.

Chez l’éditeur Hurlantes un titre qui attise forcément la curiosité J’ai pris feu autant de fois que je me suis noyée de Michèle Des Rosiers. C’est une poésie existentialiste où la poétesse cherche à nous présenter qui elle est. Avec des bouts trash. On savait l’homo sapiens complexe, mais à ce point. Extrait “je suis une dent-de-lion un long rhizome vivace no stress je repousserai mais longtemps après la tonte”

 


 

Étrangetés, des oeuvres d’art qui disparaissent en poussière!

L’écrivain, tout comme n’importe quel créateur dispose d’un privilège, à savoir d’utiliser son imagination comme bon lui semble. Et c’est le fait de Stéphane Audeguy qui a pensé à faire disparaître des oeuvres d’art en poussière, même la Joconde qui orne la couverture de cet étrange histoire L’avenir.Mais par quel procédé et pour quelles raisons ces trésors artistiques s’évanouissent-ils non pas dans la nature, mais par les systèmes de ventilation! C’en est trop pour votre curiosité ? Alors allez lire cette chose rocambolesque qui mériterait de figurer au grand écran. Nous on s’est bien bidonnés à parcourir ces chapitres, tellement c’est fou. Pour s’évader du réel c’est tout un divertissement.
L’avenir Stéphane Audeguy. Seuil 145p.    www.seuil.com

 


 

De policier à écrivain de roman policier

Guy Tremblay a endossé l’uniforme de policier durant une trentaine d’années. Quinquagénaire et en pleine forme, il sait à quoi bien s’occuper de sa retraite, en devenant écrivain. Et pour sujet, un monde qu’il connaît bien celui du crime. Il nous arrive donc avec La débâcle dans lequel vous avez un deux pour un. Dans un premier temps, un policier retraité a la douleur de perdre sa conjointe dans des circonstances tragiques. Et il va vouloir en découdre et se faire justicier avec comme seule règle de conduite la loi du Talion. Puis autre volet, un homme séduit par des activités illicites va faire la rencontre d’une femme qui va le remuer et pas à peu près, et revoir ses valeurs par la même occasion. Pour un premier roman c’est plus que la note de passage, l’écrivain novice maîtrise tous les ingrédients qui font le succès du genre. A découvrir. La débâcle Guy Tremblay. Éditions de l’Apothéose 259p.   www.leseditionsdelapothoese.com

 


 

Radiographie des alliances en politique

En 2018 Bruno Amable et Stefano Palombarini s’étaient commis aux éditions Raisons d’agir avec un essai remarqué “L’illusion du bloc bourgeois”. Il leur est resté accolé l’étiquette méritée de spécialistes des alliances politiques. Ils persistent et signent toujours chez le même éditeur avec un nouvel essai plus pertinent que jamais Blocs sociaux et domination dans lequel on décrypte comment à travers des coalitions se détache une force dominante qui éradique ses alliés d’hier. Et on voit bien avec les Macron et Trump de ce monde de quoi celà retourne. Fini les droites et les gauches, seule la force prédomine. Mais au service de quoi ? C’est une recherche fondatrice que nous avons sous les yeux et qui passionnera tous ceux que les enjeux politiques intéressent.
Blocs sociaux et domination Bruno Amable et Stefano Palombarini. Éditions Raisons d’agir 212p.    www.raisonsdagir-editions.org

 


 

A l’ère des fakes news, qui dit vrai ?

C’est une vérité, vérifiable au quotidien, à l’ère des réseaux sociaux abonde de l’information à vous en donner le tournis. Mais à travers cette masse de nouvelles qui vous assaille à la seconde, comment discerner le vrai du faux. Complotismes s’entremêlent à des vérités. Et nous ne sommes pas toujours outillés intellectuellement pour dégager le vrai du faux. C’est pourquoi une lecture devient pertinente, l’essai en collectif Batailles pour la vérité sous la direction de Antoine Aubert, Thibaud Boncourt et Arnaud Saint-Martin qui tente de donner des clés de compréhension. Un ouvrage qui tombe vraiment à point nommé. A tout le moins, s’il n’y a pas de solution magique de compréhension, au moins nous sommes alertés à montrer de la prudence.
Batailles pour la vérité Collectif. Éditions de la Sorbonne 296p.  www.editionsdelasorbonne.fr

 


 

Un traité majeur  pour apprendre à philosopher aux enfants

Quand il est arrivé lors d’émissions de télé de réaliser des entrevues avec des enfants, à saveur philosophique, on est toujours éberlué de voir le réalisme de certains propos. Hélas le système scolaire a lamentablement échoué à donner la parole aux tout-petits, tout préoccupé qu’il est à dispenser de la matière formatée en vue d’examens aux résultats souvent discriminatoires. Faire parler les jeunes demande une habileté. Et le théoricien du genre est Matthew Lipman avec son traité de référence “Thinking in education” dont les éditions épuisées au fur et à mesure de leurs sorties. Grâce à la traductrice Nicole Decostre nous pouvons jouir de la version française intitulée À l’école de la pensée. On se rend compte à quel point de la parole enfantine se libérer permet de développer des habiletés parmi les interviewé(e)s. Tout éducateur a impérativement le devoir de faire cette lecture.
À l’école de la pensée Matthew Lipman, traduction de Nicole Decostre. Éditions universitaires de l’UMONS et Les Presses de l’Université Laval 310p.  www.pulaval.com

 




 

Deux romans inévitables au Seuil

Nous connaissons la qualité éditoriale de ce qui se publie au Seuil, mais là encore on est dépassé par ce que le comité de lecture a retenu et décidé de lancer. Voici deux titres, écrits chacun et quel hasard, par deux journalistes,  pour lesquels vous devez songer à les placer au sommet de votre prochaine liste d’achats de livres. Il y a La vie des gens libres de Marie-Ève Lacasse. Le titre en soi est déjà une belle proposition. Celle qui bosse chez Libération nous raconte l’émancipation d’une femme prénommée Clémence, qui sera incarcérée pour faute grave. Elle sortira des geôles réellement démunie. Qui veut d’ailleurs d’une taularde ? Comme elle veut se refaire une virginité, elle est prête à tout. Elle se fera employée comme femme de ménage. Un monde aux antipodes de ce que fut le sien. Et il s’avérera que celle qui va lui donner sa seconde chance est remplie d’humanité. Au point qu’il va se tisser entre ces deux femmes un lien très fort. Ce qu’il faut retenir dans ce scénario, c’est comme le suggère le titre, des êtres qui aspirent et vivent la liberté. C’est un sacré beau message.
Et changement radical de décor avec La Vallée de Arnaud Sagnard. Lui est journaliste au Nouvel Obs. Il a choisi un sujet on ne peut plus contemporain, à savoir vers quelles dérives va nous mener le monde numérique. Au point de départ, c’est un jeune campagnard qui ne veut rien savoir des travaux de la ferme. Il est ce qu’on nomme un geek, et surdoué à part ça. Avec pour seul ordinateur il va concevoir des créatures issus des pixels qui feront le point comme il est mentionné, entre le réel et le virtuel. On n’est pas loin ici d’un monde orwellien avec sa dose de danger. Les accros à qui intéresse le sort du monde vont prendre leur pied dans ces pages. N’oublions jamais combien d’auteurs d’anticipation ont annoncé la marche actuelle de la planète.

 






 

De retour à recenser les magnifiques d’arts martiaux de chez Budo

Il y a belle lurette que nous ne vous avions pas parlé des derniers titres des éditions Budo. C’était en raison de tracasseries gouvernementales concernant en France et au Canada concernant les droits de diffusion. Mais c’était sans compter le dynamisme de l’éditeur et notre acharnement à la rédaction de persister à ce que la connaissance fasse son oeuvre. Sinon, à voir nos gouvernements, on aurait comme une sorte d’agenda caché qui consisterait à former le plus d’ignares possibles, qui évidemment ne représenteront aucun danger de contestation. Fin de ce préambule que nous estimions nécessaire et passons aux choses jouissives. Donc trois titres au menu.
D’abord de Thierry Pardo c’est Aïkido transmettre. Le pédagogue est montréalais et dirige son propre dojo. Ici, contrairement aux ouvrages éducatifs en arts martiaux, vous ne trouverez pas de photos de postures. Il s’agit plutôt d’un plaidoyer qui explique pourquoi on devrait s’intéresser à cette discipline qui procède d’un désir de maîtrise de soi et de sérénité.Un grand texte où Pardo trouve les mots pour éveiller notre curiosité.

Et presque dans une même mouture c’est un autre plaidoyer, celui-là en faveur du karaté-do. Et écrit par une pointure, le fondateur même du karaté-do japonais  Gichin Funakoshi. Qui à son tour ne produit pas ici d’illustrations des mouvements à accomplir, mais lui aussi de prôner par le texte ce en qui consiste son art martial. C’est un ouvrage en format de poche Les 20 préceptes du Karate-do dont le contenu l’emporte largement sur le contenu. Une petite plaquette qui risque de changer le cours de votre existence. Et dieu sait que de trouver l’équilibre à l’ère numérique et de débordement médiatique, est tout un défi.  

Enfin L’essentiel du karaté shotokan de Stéphane Fauchard ceinture noire 7ème dan du style enseigné. Là on est carrément dans le style que la maison d’édition Budo nous a habitué avec moult photos et vignettes explicatives pour chaque geste à accomplir. Il y a 4 volets décrits pour en arriver à décrocher la ceinture noire 1er dan. Imaginez, 800 iconographies. On est soufflé devant tant de travail pédagogique. Comme quoi cet ouvrage en est un de référence, on en est à sa sixième réédition. Et Fauchard n’est pas venu seul. Il a sollicité la collaboration d’un aréopage de maîtres dans cet art consommé, dont deux autres français avec 9ème dan et des japonais de niveau 8ème dan. Est-ce trop de signaler que ces techniciens accomplis vont comme le dit le titre à l’essentiel.

 


 

Une histoire d’amour

Vous connaissez la chanson qui porte ce titre, voici un roman qui en décrit une histoire d’amour Au coeur des flots de Johanne Deschesnes. L’amour est décidément un sujet inépuisable. Et les observateurs du marché du livre, nous informent que le genre gagne du terrain. Étrange, au moment de l’ère numérique où les junkies scotchés sur leur bidule ne voient rien autour. Mais il y a encore des couples qui se forment comme ici entre Ève, dont les enfants grandissants, l’ont convaincu de vivre son rêve au bord d’un cours d’eau. Elle aspire à publier un ouvrage sur la photographie. Elle va croiser sur sa route Michael, un architecte, qui a bâti sa maison au même endroit que le lieu de prédilection de la première. Et entre ces deux-là, Cupidon va intervenir décochant une flèche au bon endroit. Et le reste vous le découvrirez. On n’a pas épuisé encore ce thème de l’amour qui réserve toujours des surprises, Surtout au moment où on s’y attend le moins.
Au coeur des flots Johanne Deschesne. A éditeur 335p.    www.aediteur.ca

 


 

Ce n’était que pour une seule nuit

Imaginez que vous avez passé une nuit enchanteresse avec un homme pour découvrir après coup qu’il est le frérot de votre meilleure amie. Mais en dépit de ça, les deux aventuriers d’un soir, s’étaient fait la promesse de s’en tenir là. Sauf que la femme ne parvient toujours pas à s’enlever de la tête cet homme qui la chavire dès qu’elle y pense. En plus comment gérer cette affaire sentimentale avec sa soeur. Ah! pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué. Voilà la trame qui vous attend à la lecture de Cet été sera différent de la canadienne Carley Fortune qui a un patronyme prédestiné, car ces ouvrages connaissent un très gros lectorat. Et ce dernier opus ne sera pas démérité au vu de la manière dont l’auteure démêle tout l’écheveau de cette relation.
Cet été sera différent Carley Fortune. Robert Laffont 393p.  www.laffont.ca

 


 

Le chemin inattendu de l’amour

A la ville Yulin Kuang gravite dans le monde de la scénarisation au septième art. Elle réalise aussi. Bref, elle a l’instinct du récit et en fait l’éclatante démonstration dans How to end a love story. Où elle nous explique que l’amour s’incruste au moment où on s’y attend le moins. Ainsi elle raconte la relation entre une Helen et Grant. Leur relation malaisée avait eu lieu à l’occasion d’un événement tragique. Les années ont passé. Et alors que la dame bosse sur un projet de scénario, qui voit-elle surgir ? Grant en personne qui travaille au sein de sa même équipe. Et là encore Cupidon sait faire merveille, de sorte que naîtra une histoire d’amour. Mais c’est incroyable que ce qui était à l’opposé de tout ne fasse plus qu’un. La romancière nous rappelle la puissance de l’amour.
How to end a love story Yulin Kuang. Verso 374p. 

 


 

Un essai fondateur sur les préoccupations migrantes et racisme

Le défunt pape François en avait fait la bataille de son pontificat, Donald Trump en a la hantise, et l’Europe est muselée par cette préoccupation. De quoi s’agit-il ? Des migrations des populations qui fuient leurs pays d’origine pour mille raisons, climatiques, économiques et politiques. C’est le grand sujet qui impacte toute l’humanité. Qui provoque des communautarismes dans les pays d’accueil avec en corollaire un racisme qui hélas est en expansion. Pour jauger de ce que cela implique allez lire le merveilleux essai Migration et racialisation en temps de “crise” un collectif sous la direction de Leila Benhadjoudja, Christina Clark-Kazak et Stéphanie Garneau. Une radiographie de On se rend compte que des régimes autoritaires (et les USA commencent à être du nombre) en profite pour violer sans vergogne les droits fondamentaux des individus. L’heure est grave
Migration et racialisation en temps de “crise” Collectif. Les Presses de l’Université d’Ottawa 191p.    www.presses.uOttawa.ca

 








 

Le coin de la BD

Ce mois-ci la BD nous réserve de grosses surprises. C’est le cas entre autres de Madame Choi et les monstres aux éditions du Seuil. Une histoire vraie et rocambolesque à souhait. Qui raconte le kidnapping en Corée du Sud d’une actrice et de son ex-mari, réalisateur par les sbires du dictateur de la Corée du Nord. A l’agenda de ce dernier, que ces deux artistes soient mis au service du régime pour vanter ses mérites. De devenir les propagandistes du pire. On doit cette réalisation en BD au duo formé par Sheree Domingo et Patrick Spat. Ça en dit long sur ce pays infâme qu’est la Corée du Nord aux mains de Kim Jong-Il.
S’il y a une BD à mettre en priorité absolue au-dessus de votre prochaine liste d’achats de livres c’est Se bricoler un bonheur avec Spinoza une initiative géniale de Anthony Brunelle chez l’éditeur Essor-livres. Pourquoi cette lecture est-elle nécessaire ? C’est que dans ce monde de fou, de barbarie idéologique, on a besoin de repères. Or seule la philosophie permet de comprendre les véritables enjeux du monde et de la destinée humaine. Il est certain que pour certains, l’enseignement de la philosophie, surtout si le professeur est plate, peut être quelque chose de barbant. Mais entre les mains de Brunelle, le message de Spinoza passe comme une lettre à la poste. C’est un album ludique à souhait et salvateur comme ce n’est pas permis.

Cette bande dessinée qui suit est également d’une grande utilité au moment où nous sommes à l’aurore d’une civilisation dominée par l’intelligence artificielle, après que la sale sphère de l’ère numérique a éradiqué la notion de l’altruisme où c’est du chacun pour soi. Cette IA qui fait grandement peur. Et qui a inspiré au bédéiste Herji la création de l’album Utop’IA aux éditions EPFL Press. On fait la connaissance de Aïcha, étudiante en intelligence artificielle qui croit dur comme fer, que ce sera la solution à plein de choses. Que du psoitif. Alors qu’un proche, Félix est tout à l’opposé, soutenant que ce ne sera qu’un supplément de graves problèmes. Qui a raison ? Allez parcourir ces deux arguments qui se confrontent. On ne peut avoir ici sujet plus d’actualité que jamais.

Il est rare que les éditions de La Grande Marée, que nous affectionnons beaucoup, se commettent dans la bande dessinée. D’où notre grande curiosité à parcourir Le rhum à Joe Ti-Blanc de Roland Daigle qui ouvre une page d’histoire au temps de la prohibition, alors que la région acadienne de Richibouctou et les îles Saint-Pierre-et-Miquelon étaient des plaques tournantes de la contrebande d’alcoolà destination des américains qui avaient décrété hypocritement mettre le pays au sec, et terminé la bibine. C’était mal connaître le consommateur. L’auteur a créé le personnage de Médée qui lutte contre ce trafic illégal. Comment s’y prend-il, parviendra-t-il à ses fins ? Allez le découvrir. En même temps c’est une leçon d’histoire qui fait défaut dans nos classes.

 






 

D’étonnantes surprises chez Mémoire d’encrier

Quand nous arrivent les derniers opus provenant de l’éditeur Mémoire d’encrier, nous ressentons à chaque fois une excitation qui prend sa source dans la curiosité. Car cet éditeur a cette marque de commerce de ne pas publier quoi. Et nous en avons encore trois preuves. A commencer par Le désespoir des anges, premier roman de Henry Kénol que l’on présente comme une étoile des lettres haïtiennes. C’est un roman certes mais qui a des allures de documentaires sur ce qui se passe en Haïti alors que les cités sont aux prises avec des guerres de gangs sanglantes. Comment cela est-il ressenti par la population? Le romancier a donc sélectionné des personnages qui doivent composer avec cette violence quotidienne et qui ne fait pas de quartiers. Kénol a su s’emparer de la psychologie qui habite ce monde. Comme entrée en littérature, ça augure bien pour le futur.

Puis c’est au tour de Philippe Young qui nous arrive avec Les yeux clos. Ce montréalais d’adoption, d’origine française, nous offre son deuxième roman. Il a imaginé un journaliste parisien qui va effectuer son road trip à lui, faisant table rase de ses petites habitudes. Il promène un regard sur ce monde contemporain en perdition, vous avez deviné, numérique. A sa façon c’est un roman d’anticipation certes, mais si présent pour ce qui nous attend. Quelqu’un dans un média, parlait de prothèse numérique pour beaucoup d’entre nous. Son personnage est un peu beaucoup dépassé par ce qui le confronte. Nous avons adoré au-delà du superlatif.

 

Enfin, et dans un tout autre registre, ce sont des portraits d’artistes et d’écrivain(e)s qui constituent le corpus de Créer écouter de Lise Gauvin. Vous avez là une galerie de vivants et de morts comme Jean-Paul Riopelle et Anne Hébert pour ne nommer que ceux-ci. Pour le compte du Devoir elle a eu l’opportunité de fréquenter du beau monde. Elle a retenu huit personnalités marquantes. Parmi celles-là se détache une affection et admiration particulière pour Marie-Claire Blais. C’est du beau travail de portraitiste qui vient compléter d’autres portraits lus ailleurs sur ces mêmes individus. L’ouvrage de découpe en deux parties, la première, des portraits et la seconde des entretiens.

 


 

Le dilemme d’une secrétaire qui peut-être au service du pire

Sharma Shields est une écrivaine américaine qui arrive avec une sorte de thriller psychologique avec Cassandre. L’histoire d’une secrétaire, qui dans les années quarante s’éloigne de sa famille et décroche un boulot top secret pour l’industrie de guerre. Elle apprendra que dans cet étrange cénacle on s’affaire à maîtriser le plutonium qui sert de composante à la réalisation de la bombe atomique. Quand elle apprend la chose, se pose un sacré dilemme: je reste en place et je me la ferme ou bien je ne contribue pas à cette oeuvre de mort et quitter dare-dare le travail. On vous laisse le plaisir de connaître la résultante de ce choix cornélien. C’est une roman classique dans le choix de son sujet mais mené avec une maestria qui force l’admiration. Et le sujet est encore d’actualité au moment où des nations jouent les gros bras à se faire peur avec des menaces nucléaires. On connaît l’adage que si on ignore l’Histoire on est condamné à la revivre et bien c’est la raison pour laquelle il faut livre dame Shields.
Cassandre Sharma Shields. Aux forges de Vulcain 424p.    www.auxforgesdevulcain.fr

 


 

Tout connaître des mers

Les éditions Reliefs se sont donné une série d’ouvrages, entre le cahier et le livre dont paraît le no. 21 consacré aux océans, avec une préoccupation manifeste pour l’écologie, tant la mer est une composante majeure de l’écosystème. C’est donc un ouvrage à la fois de vulgarisation scientifique de haute tenue et un plaidoyer pour tout ce que nos océans apportent de bienfaits, si tant est que nous en prenions soin. Cet ouvrage intéressera au premier chef les tenants de l’écologie bien sûr. Et fera des convertis auprès de ceux qui en faisaient une part négligente de leurs valeurs.
Océans no. 21 éditions Reliefs 183p.  www.reliefseditions.com

 


 

Parce que c’était lui, parce que c’était moi

Camille Kouchner reprend à sa façon la célèbre déclaration de La Boétie célébrant son amitié avec Montaigne, cette fois à travers une femme sortant de l’hôpital après une mastectomie et qui devant surmonter déjà cette épreuve qui atteint sa féminité, qui apprend, les mauvaises nouvelles ne venant jamais seules, que son grand ami Ben est mort, presque un jumeau. Tel est la toile de fond de son premier roman Immortels. On n’oubliera pas de sitôt sa précédente ponte, un récit marquant La Familia grande, où elle dévoila l’inceste subit par son frère. Comme première tentative au roman c’est réussi, la dame sachant mettre un sujet, un verbe et son complément à la bonne place, en plus qu’elle tient une bonne histoire. Ça promet.
Immortels Camille Kouchner. Seuil 219p.    www.seuil.com

 


 

Un auteur qui se nourrit du pire de l’homme

Mattéo Joffin va se faire une marque de commerce comme étant l’écrivain du pire de l’homme. En effet, après nous avoir donné un ouvrage intitulé “Mauvaises nouvelles” voici qu’il demeure dans la même tonalité avec un recueil de nouvelles s’appelant Affreuses nouvelles. On est négatif ou on ne l’est pas. Parce qu’il est nouvelliste il a cette qualité nécessaire au genre d’être un fin observateur. Et de savoir aussi vampiriser les âmes et les coeurs. Chaque histoire vaut le détour. C’est court mais avec du rentre dedans. Ceux qui adorent l’horreur dans toutes ses déclinaisons se trouvent ici comme dans une bonbonnière. Chaque chapitre ferait la narration d’un excellent film. A défaut du grand écran, faites vos propres images.
Affreuses nouvelles Mattéo Joffin. Éditions Baudelaire 168p.   

 


 

Gênes du XIV au XVIème siècle

Dans ses années-là, Gênes le disputait à Venise comme étant le port où accostaient les plus grandes flottes de navires marchands et autres. Une ville fière au possible qui émerveillait ceux qui se trouvaient de passage. Après un passage à vide marqué par des guerres qui ont affaibli sa vitalité, au XVIème siècle c’est un rebond qui annonce ce que l’historien Fabien Levy considère à juste titre comme la première mouture du commerce international. Et qui le raconte très bien dans sa passionnante Histoire de Gênes. On apprend que les habiles capitaines génois travaillaient pour des pays étrangers tels que l’Espagne et le Portugal. Ensuite, on oublie une chose, c’est la cartographie. Plus elle est précise et plus elle favorise évidemment le commerce, et l’historien de nous donner moult exemples à cet effet. Saluons le travail de recherche préliminaire qui a présidé à l’écriture de cette page de l’histoire du monde et qui nous donne le goût d’aller visiter ce joyau patrimonial.
Histoire de Gênes Le souffle du capitalisme mondial XIV-XVIème siècle. Fabien Levy. Passés composés 312p.     www.passes-composes.com

 


 

Des traces acadiennes dans Maskinongé

Il était une fois une journaliste au Nouvelliste le quotidien de la Mauricie, qui se prit de passion d’abord pour la Sagouine, un grand coup de coeur, qui s’étendit à la culture acadienne, son histoire, toute entière. Et sa curiosité l’amena à découvrir que lors de la déportation acadienne, un certain nombre parmi les Acadiens, migreront dans la région de Maskinongé. Ce qui donne lieu à l’ouvrage que signe Louise Michaud Sur la traces des Acadiens dans Maskinongé. Un livre qui a intéressé au premier chef un de nos collaborateurs qui passa toutes les étés de son enfance à Saint-Édouard dans ce même comté. L’ouvrage comprend de nombreuses photos de membres de ces familles et des bâtiments, dont un magasin général, Lebrun, classé. Vous apprendrez beaucoup en parcourant cet album qui est un devoir de mémoire.
Sur les traces des Acadiens dans Maskinongé Louise Michaud. Les Éditions de la Francophonie 92p.    www.editionsfrancophonie.com

 


 

Un aigle aidé par sa grand-mère

Nous avons souvent écrit dans nos colonnes à quel point la lecture de contes favorise la compréhension des enjeux de l’existence auprès des touts petits. Ne serait-ce que par la connaissance de l’opposition du bien et du mal. Certains contes, eux, véhiculent de belles valeurs. C’est le cas de Balbu le balbuzard de Josée Dupuy et Valéry Goulet. Qui en gros, raconte les tribulations d’un balbuzard. Qu’est-ce que ce nom ? C’est un oiseau de la famille des aigles. Et celui de cette histoire a pour nom Balbu. Friand de poissons comme tous ses congénères, il peine à trouver son profit dans les flots. Et c’est là qu’il trouvera un coaching extraordinaire auprès de sa grand-mère balbuzard. En somme, la morale de cette attendrissante historiette, c’est que les aînés nous sont utiles.
Balbu le balbuzard Josée Dupuy et Valéry Goulet. La Grande Marée.

 




 

Le coin de la BD

Aux éditions Le Lombard, un grand retour en arrière, 480 ans après Jésus-Christ.Avec la nouvelle série Jian de Stern dont nous avons le premier tome “Ceux de la montagne”. Nous verrons deux guerriers en randonnée dans les Pyrénées, et qui s’offrent comme mercenaires. C’est Jian et son père. Et le premier contrat d’un seigneur en place, ne se fera pas attendre, de vaincre un drac, sorte de créature indéfinissable et très dangereuse. Parviendront-ils à honorer leur contrat ? Allez voir.

Autant on vient de plonger dans l’Antiquité avec Jian chez Lombard, là c’est tout le contraire un saut dans le futur, celui du Berlin de 2099, Metropolia chez Dargaud du tandem Duval et Römling. Nous sommes alors dans une déshumanisation telle, qui est déjà commencé de nos jours avec l’ère numérique, que vous pourriez mourir à ce moment-là dans la capitale allemande sans qu’on ne s’en rende compte. Ici le héros traque une meurtrière en série. Et pour cela il prendra l’identité d’un architecte pour tromper la vigilance de la dangereuse femme.

 






 

Le coin de la BD coquine

Il y a belle lurette que nous n’avions pas fait de compte-rendu des productions de l’éditeur Tabou que nous choyons particulièrement pour sa sexualité désinhibée qui fait du bien. Premier titre Oni du trio Elena Ominetti, Chaytan et Cyril Corti. Est-ce une auto-fiction pour ce qui est de Cyril, car dans l’histoire qui s’intitule “Plaisirs intimes” il y a un Cyril avec son amante Oni. Et ensemble ils vont progresser dans l’imaginaire érotique. C’est enlevant et qui nous inspire d’aller à leur suite.

Puis c’est le maître de la BD érotique Cosimo Ferri qui nous plonge dans des vapeurs émotionnelles avec Ulysse cette saga dont l’opus qui est présenté se nomme “Le chant des sirènes”. C’est tout un programme. Dans cet album, il entremêle les rencontres, mais surtout il nous livre un truc pour se prémunir du chant fatal des sirènes. Ne serait-ce que pour ce bon tuyau il fait oeuvre utile.

Et enfin c’est l’affolante Ramba avec l’épisode “Une heure à tuer”. Celle qui avait décroché du métier de tueuse à gages, s’ennuie à mourir comme shampouineuse. Elle n’hésitera pas un instant quand on va lui proposer un contrat de trucider encore une fois. Et la revoilà qui prend les armes. Et cette “héroïne” ne figurerait pas dans Tabou si ce n’était qu’elle s’octroie des plaisirs au plumard qui nous rendent jaloux.
 

 


 

Des hamburgers dans toutes les déclinaisons

Ils ne sont pas nombreux à détester les hamburgers. C’est un des champions de ce qu’on nomme les “comfort food”. Habituellement on n’en connaît qu’une sorte dans notre assiette. Mais attendez de voir, ce que ce mets rapide devient entre les mains de Sandra Mahut dans son livre Burgers. Toutes des variations aussi succulentes les unes que les autres, dépendant des ingrédients que l’on incorpore. Nous on a craqué pour le smoky burger à la poitrine de porc fumé. Un régal. Comme quoi, même à ce chapitre on peut échapper délicieusement à la routine.
Burgers Sandra Mahut. Mango 73p.  

 









 

Le coin santé physique et psychique

Les oracles ont beau annoncer que l’intelligence artificielle fera table rase de notre cerveau, le surclassant en puissance. Que de sottises. D’honnêtes chercheurs en IA soutiennent par contre, et fort heureusement que le cerveau est le plus magnifique ordinateur et complexe qui soit. Et pour preuve, allez lire ce qu’en dit le Dr. Stevens Laureys un neurologue belge dans Un si brillant cerveau. Qui a centré son écrit sur les moments où le cerveau n’est plus au rendez-vous en contact direct, comme lors d’un coma, de conscience altérée (le livre traite beaucoup de conscience) et quoi encore. On ne peut que s’émerveiller devant cet organe où siégerait même l’âme. C’est aux éditions Odile Jacob.

Aux éditions Quanto un sujet qui intéressera un infini lectorat, à savoir le vieillissement. A l’ère de l’âgisme où on décrète parfois odieusement à une quinquagénaire “tu es belle quand même” il y a de quoi faire paniquer tous ceux que même une ridule angoisse. C’est pourquoi tombe à point nommé la sortie de Pourquoi nous vieillissons du Dr. David A. Sinclair en collaboration avec Matthew D. LaPlante. Qui nous disent en sous-titre !et pourquoi ce n’est pas une fatalité. On dit parfois qu’il y a deux choses de certaines en ce bas monde, payer des impôts et mourir. On pourrait ajouter un troisième élément, la vieillesse. Personne n’y échappe. Il y a certes des techniques qui permettent de ralentir et vous en découvrirez, mais c’est surtout de viser à l’acceptation d’une finalité humaine inexorable.

Nous connaissons bien cette prière si lucide des Alcooliques Anonymes qui
enseigne de faire la différence avec sagesse sur ce qu’on est capable de changer ou non et d’en faire le discernement. C’est à peu de choses près le propos de Arnaud Bochurberg qui est un coach à la ville et qui sort aux éditions Le souffle d’Or Avoir le courage d’accepter le réel. C’est vrai que l’on nous a tous trompé dès l’enfance en nous disant que la vie est un cadeau, ce qui est odieusement faux et qui explique pourquoi tant de gens se lancent dans des addictions pour échapper au mal de vivre. Ça, c’est tout l’enjeu de la procréation coûte que coûte. Mais c’est un autre débat. Et puisque nous y sommes sur terre et en vie, alors comment cheminer malgré les contraintes de l’existence.

Défaire le suicidisme de Alexandre Baril aux éditions de la rue Dorion exploite une approche de vue de la diversité versus le suicide assisté. Un angle assez inusité dans la littérature de genre. L’auteur qui est professeur agrégé de l’Université d’Ottawa, s’est fait un champ de recherche pour tout ce qui concerne l’univers trans, queer et handicapées. Grosso modo, il explore savamment dans ces pages qui est généralement appelé dans ce milieu par le moyen d’en finir. On sait bien que l’homosexualité par exemple ne sera jamais accepté mondialement, à peine toléré. Et on assiste même à une remontée spectaculaire de l’homophobie alimentée par notamment les religions. Même l’actuel pape Léon XIV a déjà dénoncé du temps qu’il était cardinal cette culture d’une vie déviante. Bref, ceux et celles qui sont ciblées par ces propos discriminants, on peut comprendre qu’ils veuillent parfois en finir, Surtout que dans le milieu LGBT de surcroît on ne se fait pas beaucoup d’amis et la solitude est une effrayante réalité et que dire de l’âgisme exécré par ce même milieu, ouf! C’est dire si cet essai est une lecture impérative qui nous exhorte à tenir bon et trouvé des ancrages malgré la diversité.

Le sage Sadhguru a déclaré un jour que la première discrimination dans la société vient de l’école où on classifie les enfants par des notes. toi tu es bon, toi tu n’es rien.Alors qu’en philosophie tout être humain doit être unique et merveilleux. Mais dans notre système scolaire c’est l’abattage par la performance. Comment venir à bout de ce fléau ? Il y a une lecture édifiante à ce sujet c’est Anxiété de performance de la psychologue Ariane Hébert dans la collection de “La boîte à outils” aux éditions de Mortagne. On trouvera dans ces chapitres des cas d’espèces et comment s’en sortir. Comme on ne parviendra pas à raser le système scolaire au complet, on pourra toujours prendre appui sur ces judicieux conseils pour passer à travers ce cauchemar de la notation.

Comme dans la vie on vous met au monde sans vous donner le mode d’emploi, eh bien vous cheminez parfois en commettant des maladresses. Et on constatera que parfois nos comportements travaillent contre nous. Un chercheur de têtes Roger T. Duguay et Erik Giasson un trader qui a cartonné à Wall Street ont observé l’homo sapiens et ses attitudes. Ils ont généré ce bouquin utile, 40 règles pour échouer aux éditions La Presse.. Tant au niveau professionnel que dans sa vie personnelle. A n’en pas douter vous allez fatalement vous reconnaître dans une de ces bévues que l’on a pu faire en cours de route. La vie à ses codes, hypocrites certes et où le mensonge est le ciment de la société, mais on ne changera pas le monde, c’est à soi de savoir surfer sur les contacts humains et en posséder les bons outils. C’est ce qu’on trouve ici pour mieux faire sa marque. 

Enfin tout un pavé Le guide familial de la médecine chinoise chez Mango, travail titanesque que nous devons à Gilles Donguy, Pascale Perli et Alain Tardif. Rappelons que la particularité de la médecine chinoise c’est d’être préventive. On veut vous éviter d’aller chez le médecin. En occident, trop affairé ou condescendant, nos toubibs sont des champions des ordonnances. Tandis que la médecine chinoise capitalise beaucoup sur la nature, considérant que la pharmacie peuple les champs. Aussi une connaissance des méridiens de nos corps. Bref, vous avez 5000 ans de connaissances qui vous attendent dans ces pages où il y a une solution pour chaque bobo, petit ou grand. Ainsi un collègue souffrant d’asthme a appris que cette indisposition pulmonaire peut-être causé non pas seulement par des produits allergènes, mais aussi par un affaissement du système nerveux ou même simplement à la suite d’un effort physique excessif.