- JANVIER 2025 -
 
     
 


 

Une courriériste du coeur pionnière

Notre devise provinciale est “Je me souviens” mais jamais on a autant ignoré notre passé. Ainsi saluons Maude Savaria qui fait ressusciter une courriériste absolument rayée des radars, Colette Lesage qui de 1903 à 1956 a tenu sa colonne du coeur dans les pages de La Presse. C’était le Courrier de Colette. Alors quand Janette Bertrand se vante sur toutes les tribunes d’avoir ouvert des portes, c’est faire fi de sa contemporaine. Écris donc à Colette. C’est une biographie qui est un authentique devoir de mémoire. Les correspondantes, car c’était en majorité des femmes, réclamait des réponses à de gros problèmes tels que, une maman qui ne voulait pas que sa fille sorte avec untel. Il y a avait bien de la naïveté touchante dans ses interrogations. Aussi de graves enjeux de société, comme la place des femmes dans le ménage et la gestion du budget domestique. Mais les réponses avaient de quoi rassurer les interlocutrices. Et l’historienne qu’est Mme Savaria se double d’une excellente conteuse. Une autre qualité du livre est que c’est toute une radiographie d’une époque.
Écris donc à Colette Maude Savaria. Éditions marchand de feuilles 300p.

 


 

Un beau vagabondage sur la féminité par Laure Adler

Un vagabondage en littérature, cela signifie que le sujet de l’ouvrage peut aller librement dans toutes les directions. C’est ce que fait Laure Adler qui se donne un air d’espionne en couverture de son dernier opus La Voix des femmes avec ses lunettes de soleil. Dame Adler est une pointure au sein de la confrérie des auteures féministes. Statut qu’elle revendique. Ici, point d’autobiographie comme telle, mais des captations de vie où elle se permet de divaguer sur tout ce qui a trait à l’identité d’une femme. Un passage intéressant est comment la femme a fini par nommer son corps et ses effets, comme les menstruations, sujet tabou par excellente et dont elle dit que la nomination dans sa vie de ce phénomène biologique a été tardif, tellement on évitait de parler de la chose, telle une tare. Intéressante lecture qui est ici un euphémisme.
La Voix des femmes Laure Adler. Grasset 186p.  

 


 

En temps de guerre, la correspondance de deux frérots

Nicolas F. Paquin en pince pour tout ce qui touche à la Seconde Guerre mondiale. Il y a bien des façons de présenter la guerre, avec des combats, des dates, des chiffres, etc. Ce peut-être une vision par la lorgnette de l’intime, comme ce bel exercice que l’écrivain s’est donné en publiant Je t’écrirai encore. Qui narre le vécu en parallèle d’un jeune homme qui va aller au front, mobilisé, et l’autre le cadet qui à la ville est tenté par les sirènes de la petite criminalité. Le premier s’en inquiète et tente à distance d’encadrer son frérot. C’est en même temps des exemples puisés de cette correspondance assortis d’une mise en contexte historique. Nous sommes dans cette Belle Province des années quarante. Ça se lit comme un charme et ce pourrait être un beau sujet pour le grand écran. Ça nous sortirait un peu de Maria Chapdelaine…
Je t’écrirai encore Nicolas F. Paquin. Mains libres 211p.   www.editionsmainslibres.com

 




 

Comment aborder l’IVG, sujet clivant, avec discernement

La France a inscrit dans sa Constitution, ce qui a donné lieu à une cérémonie très officielle, le droit des femmes d’interrompre leur grossesse. L’avortement est devenu ainsi un droit. Maintenant est-ce que ça règle la question de la conscience. Car mettre fin à une grossesse est tout sauf une partie de plaisir, et les femmes qui ont été confrontées à ce dilemme peuvent en parler. Mathieu Lavagna relance la discussion sur ce sujet clivant dans un essai éclairant La raison est pro-vie. On prendra la peine de disséquer ses arguments, lui le catholique déclaré, en faveur du maintien de la vie quoi qu’il en coûte. Cette lecture, même si elle est à l’opposée de l’opinion de plusieurs, mérite le détour, ne serait-ce que pour se forger une conviction profonde.
Et pour demeurer dans le vif du sujet, voici qu’aux éditions EHESS signé Laura Tatoueix sort une histoire sociale de l’avortement en France à l’époque moderne qui paraît sous le titre Défaire son fruit. Au point de départ on avait souvent demandé à l’essayiste et érudite si l’avortement avait cours dans l’Ancien Régime. Elle est donc revenu dans le passé des archives pour exposer le regard qu’on a eu sur l’interruption de grossesse dans l’Hexagone au fil des derniers siècles. Ce qui est intéressant c’est l’évolution de la justice face à cette problématique et l’Église toujours au premier plan pour condamner la pauvre femme aux prises avec une naissance non souhaitée. Un grand travail d’historienne qui mérite notre respect.
La raison est pro-vie Mathieu Lavagna. Artège 273p.   www.editionsartege.fr
Défaire son fruit Laura Tatoueix. Éditions EHESS 391p. www.editions-ehess.fr

 


 

Un goût de revenir à la vie en commune

Si vous pensez que le mouvement hippie a été rayé définitivement de la carte sans laisser de traces, détrompez-vous. Il reste des poches de résistance qui ne demandent pas mieux que de vivre dans une commune de vie. C’est le cas de Ludovic et Audrey Gicquel. Ils se sont inspirés de leur expérience de vie pour écrire une docu-fiction comme il la nomme La communauté Loutopia. Où l’on fait connaissance avec une journaliste, Célia Tiaf, la protagoniste, qui va intégrer une commune. Et ce séjour va la remuer plus qu’un peu. Cela l’interpelle à bien des niveaux. Au point que ce qu’elle tenait pour acquis, s’effondre devant de nouvelles conceptions de l’existence. Nous recommandons ce bouquin pour ceux qui, dans ce monde plus fou que jamais, cherchent des repères.
La communauté Loutopia Ludovic et Audrey Gicquel. Les éditions Yves Michel 268p.     www.yvesmichel.org

 


 

In memoriam pour un frère désespéré de tout et à la triste fin 

Il est clair d’une chose, c’est que Édouard Louis ne fait pas son beurre en littérature avec des thèmes positifs. Il est le chantre de la réalité toute crue. Après avoir fait son entrée dans les lettres avec l’intimidation dont il a été l’objet en raison de son orientation sexuelle, voici qu’il revient avec ce qu’il qualifie de roman, mais en quatrième couverture de L’effondrement il parle à la première personne de son frère. Autofiction ? Qu’importe. Ce qu’il faut retenir de ce livre réaliste en diable, ce sont les illusions dont se nourrissait le frère en question et qui vont toutes se conclure par des échecs. Avec à la fin la découverte de son corps étendu dans son studio. Un triste épilogue à une vie rêvée. Ceux qui n’ont pas peur d’être confronté à du lourd comme on dit maintenant couramment, seront en terrain conquis servi par le talent d’écrivain assuré de son auteur.
L’effondrement  Édouard Louis. Seuil  231p.     www.seuil.com

 


 

Une invitation à relativiser les accusations d’agressions sexuelles

Les médias n’ont plus à craindre depuis longtemps les passages à vide dans l’actualité, tant celle-ci s’alimente d’agressions sexuelles petites et grandes dans toutes les sphères de la société. Et avec plus d’éclat quand il s’agit de notoriété, à plus forte raison artistique. La directrice de l’hebdomadaire Franc-Tireur Caroline Fourest que nous aimons bien pour la mesure de ses raisonnements, donne son avis dans Le Vertige Me Too. Elle a été témoin de dérives qui n’ont pas leur place, des réputations ruinées. Comment distinguer le vrai du faux, tant ce type de criminalité se passe dans l’intimité de deux personnes, sans témoins, et où doit triompher la parole de l’une contre l’autre. C’est une brillante exhortation à la modération et de rappeler qu’en justice, seuls compte les faits. Nous avons adoré ce propos, toujours à la hauteur du merveilleux raisonnement de cette journaliste qui a mérité ses galons.
Le Vertige Me Too Caroline Fourest. Grasset 314p.

 


 

Baby-boomers, la spiritualité nouveau vocabulaire de la religion

Géraldine Mossière est anthropologue et professeure à l’Université de Montréal. Elle s’est faite une niche dans le comportement religieux contemporain. Aussi, elle est une voie écoutée pour ce qui est de l’Islam et son vécu dans la Belle Province. Elle débarque avec Portraits de la modernité (non) religieuse. Elle est allée voir comment les baby-boomers s’accommodent de la religion. En fait il y a des paradoxes comme, en même temps une négation de la pratique religieuse, en même temps qu’un intérêt pour des symboles religieux ou lieux, comme le monastère de Saint-Benoît-du-Lac ou l’Oratoire Saint-Joseph qui ont toutes deux leur crédibilité. Mais on observe à cette lecture, que c’est le vocable spiritualité qui désigne le fait religieux chez cette tranche de génération. C’est une radiographie de la Foi à notre époque.
Portraits de la modernité (non) religieuse Géraldine Mossière. Les Presses de l’Université Laval 166p.      www.pulaval.com

 


 

Décryptage d’un adorateur québécois du nazisme

Voilà que sort opportunément en librairie, un ouvrage sur un antisémite notoire de l’histoire du Québec Adrien Arcand surnommé le führer canadien. Le momentum est le bon, au moment où on assiste mondialement à une résurgence de l’antisémitisme, particulièrement en France. Cet essai a pour titre La clé du mystère d’Adrien Arcand ou l’hystérie antisémite par Pierre Berthiaume professeur émérite de l’Université d’Ottawa. Il décrypte les écrits publiés par ce fasciste maison qui vécut de 1899 à 1967. C’était une lapalissade que le gars véhiculait les plus gros clichés qui soit concernant les juifs. Et peut-être à la lecture des textes rapportés, vous découvrirez que peut-être cher lecteur avez-vous commis de pareils énoncés qui vous auraient échappé, notamment sur leur rapport à l’argent ou le communautarisme de ce peuple qui s’est déclaré élu entre tous. Une bonne façon de voir si vous n’avez pas en vous une once de cette plaie idéologique.
La clé du mystère d’Adrien Arcand ou l’hystérie antisémite Pierre Berthiaume. Les Presses de l’Université Laval 490p.   www.pulaval.com

 


 

Comment Thoreau au XIXème siècle voyait le Québec

Au moment où la tension est à son paroxysme à l’ère Trump du côté des relations canado-américaines, il est intéressant de faire un grand retour en arrière, pour voir comment un yankee, au XIXème siècle par exemple, doublé d’un philosophe, pouvait voir le Québec. Il est donc question ici de Henry David Thoreau (1817-1862) qui visitera le Québec, Montréal et Québec entre autres. Cela donnera, suite à court voyage, une sorte compte-rendu, genre journal Un yankee au Québec que reprend avec opportunité les éditions Moult. C’est plus qu’intéressant de lire ce qu’il dit de nous. Est-il enchanté ou non de son périple dans nos murs, ni oui, ni non. Son voyage d’une semaine, lui avait coûté un peu plus de…douze dollars. Heureux temps où le coût de la vie était abordable. C’est un portrait à lire avec amusement. A la fin, il exprime le regret de ne pas avoir eu plus de temps, comme quoi certains aspects l’ont captivé, tels les paysages.
Un yankee au Québec Henry David Thoreau. Moult éditions 154p.   www.moulteditions.com

 


 

L’essai sur le genre que sera incapable de lire Donald Trump

Dommage que ce soit un inculte qui est maintenant locataire de la Maison-Blanche car s’il pouvait mettre la main sur une traduction à venir de Promesse d’un monde encore incertain il aurait évité de proférer une sottise telle qu’il n’existera aux USA que deux genres, homme et femme. C’est que Eve Martin Jalbert écrit une longue lettre à son fils qui a des comportements transphobes. Elle a cru nécessaire d’éclairer sa lanterne, et par ricochet à travers un livre, un plus large lectorat. C’est que l’humain est tout sauf homogène. On le découvre avec la lente évolution de l’humanité, où on se rend compte que la biologie a peut-être connu des ratés. Qu’il est loisible qu’un individu ne se sente pas concerné par son sexe attribué d’origine. L’essayiste a vraiment fouillé son sujet et ceux qui veulent avoir un cours 101 sur le sujet, trouveront dans ces pages toutes les réponses pour se forger une saine opinion. Bravo pour cette démarche nécessaire dans un monde qui prend un virage dangereux vers l’extrême-droite. C’est tellement plus rassurant de ne pas devoir penser et de laisser des dirigeants penser pour nous.
Promesse d’un monde encore incertain Eve Martin Jalbert. Éditions de la rue Dorion 194p.    www.ruedorion.ca

 


 

Un regard existentialiste sur Tchekhov

Le grand dramaturge Anton Tchekhov a produit une oeuvre si dense que l’on n’en finit plus de décaper les messages qui la sous-tendent. Jacques Rancière apporte sa pierre à la connaissance de l’écrivain dans une petite plaquette dont le contenant dépasse le contenu Au loin la liberté est un court essai qui fait la démonstration qu’en dépit de son réalisme, l’homme de théâtre russe capitalisait sur une espérance possible. Il naviguait entre ce qu’il voyait, un servage chez les petits de la société et un ennui profond au sein de la bourgeoisie et un peu plus haut dans l’échelon. Après lecture, si l’auteur voulait nous donner le goût de revisiter Tchekhov, c’est réussi.
Au loin la liberté Essai sur Tchekhov. Jacques Rancière. Éditions La fabrique 115p.     www.lafabrique.fr

 




 

Le coin de la BD

Oyé! Oyé! voici l’arrivée sur les rayonnages des libraires le tome 11 de la saga Louca chez Dupuis, qui porte la signature de Bruno Dequier. On est dans l’univers du foot qui plaira d’emblée à un un large auditoire. Notre Louca qui ratait tout dans sa vie d’ado a pu compter sur un fantôme prénommé Nathan. Ils vont à eux deux, forger une équipe de foot. Mais ces deux-là en dérangent pas mal, de sorte qu’ils ont pris le chemin de l’exil…au Japon! Et voici que dans ce tome, ils reviennent au bercail pour participer à la Coupe du Griffon. Mais ce retour sera laborieux et vous verrez pourquoi. On ne vous en dit pas plus pour ne pas bouder votre plaisir.

Chez le même éditeur, Dupuis, c’est le 68ème opus des Tuniques bleues de Fred Neidhart sur des dessins de Willy Lambil. Intitulé De l’or pour les bleus, nous suivons les pérégrinations du tandem Chesterfield et Blutch qui se trouvent en pleine guerre de Sécession en territoire sudiste. Ils ont pour mission de ramener à une fiancée éplorée le médaillon de son homme, soldat nordiste, tué par des brigands. Et pour ne pas attirer trop l’attention sur eux, nos deux gars se déguisent en mexicains. En même temps, pourquoi ne pas faire une pierre deux coups et trouver de l’or. Il s’en trouverait semble-t-il. 

 


 

Il était une fois un écrivain ukrainien, ancien agent du NKVD

Pour les gens de lettres, la guerre, le monde de l’espionnage et les squelettes dans le placard sont autant de terreaux pour contrer le syndrome de la page blanche. C’est le cas de l’écrivaine ukrainienne Eugenia Kononenko qui nous arrive avec La dernière volonté du bourreau. Qui narre le vécu d’un écrivain ukrainien, répondant au nom de Ivan Ivak qui, bien que gâté par sa profession, ne reçoit pas en contrepartie l’estime de sa famille. En plus, le gars a été un ancien agent du NKVD, ce qui en fait de surcroît un être pas trop fréquentable. Mais il arrivera que l’individu voyant sa fin venir, sent le besoin de libérer sa conscience. Comment les siens vont-ils accueillir ses aveux ? C’est un texte fort évidemment avec tous ces ingrédients qu’il contient, et servi par un sens narratif éblouissant.
La dernière volonté du bourreau Eugenia Kononenko. Hashtag 198p.  www.editionshashtag.com

 


 

Le bar comme confessionnal

Il est de notoriété que les bars sont des confessionnaux où les barmen reçoivent les confessions de leurs clients. Mais pas que. Un client averti en apprend autant en étant à l’écoute des voisins de tabourets. C’est le cas du protagoniste de cet excellent roman Le plus vieux chant du monde de David Agrech. Un étudiant en droit un peu paumé, qui aime bien entendre les déveines de ses contemporains. Ça le décharge un peu des siennes. L’ouvrage est l’ensemble de ces récits produit par l’effet de la bibine. On ne peut avoir meilleur panorama de l’humanité dans ces établissements licenciés où l’alcool libère des inhibitions. L’écrivain qui agit comme une sorte de mémorialiste sait mettre le sujet, le verbe et son complément à la bonne place.
Le plus vieux chant du monde David Agrech. Éditions Do 414p.   www.editionsdo.fr

 


 

C’était au temps du Vietnam

L’américaine Carole Auger-Richard (elle a vécu vingt-six dans le Maine) et ressortissante franco-ontarienne a un talent confirmé pour l’écriture et le démontre avec maestria dans L’américain errant. Qui a pour toile de fond l’époque de la guerre au Vietnam. Deux personnages ressortent de cette histoire à forte dose psychologique: une femme, Yolande, qui n’a pas été gâtée par la nature et qui se contente d’aventures d’un soir. Et Wayne un jeune homme que sa famille pousse à entrer dans l’armée, alors qu’il n’a aucune envie de servir de chair à canon et se voit plutôt peinard sur un banc d’université. Et ce qui nous a attiré dans ce livre, c’est le rapport de Wayne dans le monde militaire avec un état-major abrutissant. Les passéistes qui vous diront que c’était mieux avant, ont tout intérêt à mettre ce titre au-dessus de votre prochaine liste d’achats de livres.
L’américain errant Carole Auger-Richard. Les 3 colonnes 329p.   www.lestroiscolonnes.com

 


 

La joie d’écrire d’une novice des lettres

Il y a toujours quelque chose d’émouvant à lire le premier ouvrage d’une novice des lettres. C’est le cas avec Marie-Auge Vibert qui débute avec Kita la renaissance des elfes. Elle n’a pas pris de risque, choisissant un univers qu’elle aime, la fantasie. Et qui autorise toutes les imaginations possibles. Comme ici où elle donne naissance à une civilisation, le pays de Kitalangas. C’est le domaine privilégié des elfes. Mais pour leur malheur, il n’y a plus ni roi, ni reine. En même temps pas très loin de là, vit l’héritière du trône, Kita Zilulitz. C’est une adolescente. Et quand elle saura de quelle extraction noble elle est, elle mettra toute son ardeur à vouloir libérer ses parents dont elle a la prescience qu’ils sont toujours en vie. Pour une première expérience au livre, c’est vraiment pas mal. Et même qu’il faudra ne pas perdre de vue ce nom dans vos radars, car ça promet. Avis à ceux qui décernent des prix pour un premier roman, elle le vaut bien.
Kita la renaissance des elfes Marie-Auge Vibert. Les 3 colonnes 313p.     www.lestroiscolonnes.com

 


 

Quand c’est l’argent qui oblige de vivre ensemble sous le même toit

C’est chose connue, si chacun, homme et femme avait la possibilité d’être chacun indépendant financièrement, peu ferait l’expérience de vivre sous le même toit, tant le quotidien use et qu’on finira bien par s’en rendre compte, les deux sexes n’ont finalement pas grand chose en commun. Bref, ce préambule pour introduire l’histoire d’un mec qui, sur un site de rencontre, va repérer une femme, Laurence. Qui, si elle correspond à la photo de celle apparaissant sur la couverture de Fou d’elle, on peut comprendre que notre Joël a le coup de foudre. Comme les finances de la première sont en déficit, elle accepte sans hésiter l’invitation du monsieur à venir vivre avec lui. Et lui qui a des velléités pour l’écriture, veut puiser dans leur vécu commun pour accoucher d’un livre. Elle accepte, toujours obnubilée par l’argent possible. Est-ce qu’une telle association est possible dans ce contexte ? Telle est la question qui fait que le romancier Yvon Roux, sait nous garder du début à la fin. Il n’a aucun temps mort. Ce qui est un très beau compliment.
Fou d’elle Yvon Roux. Les 3 colonnes 512p.    www.lestroiscolonnes.com

 


 

Un beau joyau de Felicia Mihali

Felicia Mihali dont on a célébré les mérites jadis dans nos colonnes, est une femme qui n’a pas froid aux yeux, s’attaquant à des langues étrangères d’un abord peu facile, telles le chinois et le néerlandais. Et aussi elle est capable d’affronter les méandres de la psychologie humaine dont elle nous sert un bel exemple avec sa dernière ponte Dancing Queen. Qui raconte la surprise, et comment donc, d’une femme qui apprend non seulement la mort de son mari dont elle s’était séparée après deux ans de vie conjugale. Elle avait vingt ans au moment de la rupture. Elle en a 58 ans. Mais l’annonce de cette disparition s’accompagne de toute une nouvelle. Il lui laisse en héritage l’appartement où ils ont vécu. Que signifie ce legs ? Quel en est le message derrière ce cadeau posthume ? C’est tout l’enjeu de cette histoire magnifiquement rendue. L’écrivaine est au zénith de son talent.
Dancing Queen Felicia Mihali. Hashtag 208p.     www.editionshashtag.com

 


 

Josée-E Carrier, l’éblouissement poétique

Nous avons en ce moment une bonne pensée Josée-E Carrier qui est maintenant persona non grata chez nos voisins du sud de la frontière en raison du cinglé qui occupe le Bureau Ovale à Washington qui déverse sa haine sur le transgenre. Heureusement, l’écriture doit être pour lui une diversion à la bêtise humaine. Il se déploie avec magnificence poétique dans ce recueil L’entrée enceinte des femmes. Comment résumer le contenu, tant il y a de messages. Découvrez le vous-même. Mais pour vous donner le ton, les premières strophes empêchent de décrocher. Extrait “Dans mon intérieur malhabile où mes rêves essoufflés demeurent atroces envoûtant juste un peu comme la force d’une étreinte toute haine ne serait que feinte”.
Josée-E Carrier L’entrée enceinte des femmes. L’Interligne 97p.   www.interligne.ca

 


 

Le rat donne une viande d’une formidable qualité de chair fine

Quel triste sire qui se met à décrire ce rongeur sous cet angle ? Il s’agit de Thomas–Gabriel Génin un cuisinier qui décrit ce qu’on a dû bouffer à Paris lors de la Commune dans la capitale. C’est entre autres ce qu’on apprend dans le volume 2 de Histoire(s) de la gastronomie de Éric Glatre si tant est que l’on doive figurer le rat comme un met fin. Enfin. Mais ce n’est qu’une parenthèse historique. Car la cuisine est riche de plats fabuleux, de maîtres absolus aux fourneaux, de restaurants mythiques. C’est tout cela dont il est question dans ce suivi qui va de 1870 à 1966. L’auteur qui fait preuve d’une véritable érudition, a toute une carte de visite. Ce champenois d’origine est membre du réseau international de la chaire UNESCO “vin et fromage”. Il siège en plus à l’Académie Française du Chocolat et de la confiserie. Et il a mis sa signature à plus d’une cinquantaine d’ouvrages. On est complètement baba à l’idée du travail de recherche préliminaire pour en arriver à un tel déploiement de renseignements tout aussi fascinant les uns que les autres. L’expression art culinaire s’explique alors très bien.
Histoire(s) de la gastronomie Vol. 2 Éric Glatre. Éditions du Félin 330p.  

 


 

Un sang bleu qui a occupé son temps à collectionner savamment

Le baron Davillier (1823-1883) a été aux antipodes de l’aristocrate oisif vivant de son capital. C’était un amant de la collection. On peut parler ici de collectionnisme. Qui était une référence pour d’autres lorsque venait le temps d’authentifier un objet. Élodie Baillot en a fait sa thèse de doctorat que nous avons maintenant de publier pour un public de connaisseurs et qui a pour titre Le baron Davillier un travailleur de la curiosité. Il était temps de sortir de l’ombre cet homme pétri de passion pour la chose historique et qui a fait bénéficier nombre d’établissements muséal de sa générosité. Ses champs d’intérêt englobait non pas seulement le domaine français, mais l’Europe toute entière. Il a professionnalisé la fonction de collectionneur.
Le baron Davillier un travailleur de la curiosité Élodie Baillot. Éditions de la Sorbonne 366p.     www.editionsdelasorbonne.fr

 


 

Radiographie de l’amitié à l’ère numérique

C’est l’histoire d’un homme qui devait organiser une fête pour sa compagne. Comme il est requis ailleurs, il fait appel à une amie, Camille, expatriée de France, de revenir dans le petit hameau où doit se dérouler cette kermesse du type anniversaire surprise. Cette dernière accepte la requête. Pour se rendre compte d’une vérité, à savoir que l’amitié a aussi ses exigences. Qui s’interprètent à la sauce numérique de notre temps. Camille va aux anniversaires de Isabelle Boissard car l’écrivaine, à travers son texte, se trouve dans la position d’un entomologiste qui examine les fourmis. C’est une lecture jouissive qui plaira grandement. Certaines observations de nos comportements en interpelleront plus d’un.
Camille va aux anniversaires  Isabelle Boissard. Les Avrils 245p.    

 


 

Le désastre amazonien vu de l’intérieur par une autochtone
 
Beaucoup de voix caucasiennes nous ont alertés sur les dangers qui grèvent actuellement l’Amazonie, ce poumon du monde: changements climatiques, pollution, déforestation et quoi encore. Mais très peu de voix autochtones à ce propos, du moins dans le domaine du livre. Voici le témoignage glacial de Nemonte Nenquimo une jeune femme issue du peuple Waorani. Cette peuplade a très bien su composer avec la nature, dans le plus grand respect. Mais d’autres aux desseins menés par la finance, ne voient pas les choses de la même façon. Résultat, la faune se raréfie, les denrées essentielles aussi. Cette autochtone s’est lancé corps et âme dans le militantisme en faveur de la préservation de l’Amazonie et en rend compte dans son troublant rapport intitulé La voix du jaguar. C’est un récit coup de poing qui ne vous laissera pas insensible. Avec un autre regard aussi sur cet immense territoire fragilisé.
La voix du jaguar Nemonte Nenquimo. Avec la collaboration de Mitch Anderson. Calmann Levy 475p.      www.calmann-levy.fr

 


 

Sur le personnificateur le plus hot au Québec

Jimmy Moore s’est taillé une place enviable dans le monde des personnificateurs. Il est doté d’une paire de gambettes à rendre jalouse bien des filles. Et pas que. Car le reste aussi est à l’avenant et le sert bien dans la représentation de ses personnages. Madonna, Céline (plus besoin d’indiquer son patronyme) Lady Gaga, Adèle et quoi encore, sa galerie de représentations est assez impressionnante. Sa dernière vampirisation, Taylor Swift qui est bluffante et dont la photo orne la couverture de Jimmy Moore personnificateur qui est son autobiographie. Comment un petit gars vient à se découvrir, d’abord gay et ensuite fasciné par le monde des paillettes au point de vouloir ressembler à ses idoles. C’est aussi un portrait de la vie homosexuelle au Québec, pas toujours facile, même si on peut voir une légère augmentation dans la tolérance, et pas encore loin de là, de l’acceptation totale. Moore est maintenant pleinement bien dans ses peaux et surtout la sienne. C’est ce qui compte au final. Salut l’artiste.
Jimmy Moore personnificateur Éditions Charlevoix 157p.   www.shistoirecharlevoix.com

 


 

Tout savoir sur Taylor Swift

Un peu plus haut dans cette colonne nous évoquions le personnificateur québécois Jimmy Moore qui rend à merveille Taylor Swift. C’est incroyable le nombre de bouquins qui ont paru à ce jour sur la méga star américaine. Et la dernière publication du genre, l’est par une “érudite” de la chanteuse, nous avons nommé Kathleen Perricone qui a pour titre Taylor Swift le guide ultime et lancé chez…Larousse. Elle n’est pas dans le dictionnaire mais fait l’objet d’un livre donc à elle seule chez cet éditeur de renom. On trouve dans ces pages tout ce qu’il faut savoir pour pouvoir en parler librement dans les cocktails s’il s’en trouve. L’auteure possède son sujet, comme si elle avait suivi la Swift à la trace. Les admirateurs la remercient à l’avance.
Taylor Swift le guide ultime Kathleen Perricone. Larousse 157p.   

 


 

Le no. 9 de Photographica est arrivé

Les éditions de la Sorbonne compte parmi les joyaux de leur catalogue la revue Photographica qui consacre la photographie à son rang d’art. Cette collection est bien connue des amateurs. Le numéro 9 paraît cette fois avec son photo-monde, pour beaucoup des daguerréotypes exotiques. Et on se surprend à demeurer immobile un long moment devant ces clichés qui ont arrêté le temps. Un ouvrage pour fins connaisseurs des magies de la lentille. Et l’éditeur a mis un soin jaloux à la conception graphique du bouquin, un bel écrin à la hauteur du contenu.
Photographica No. 9  Photo-monde pour une histoire décentrée. Éditions de la Sorbonne 188p. 

 


 

Civilités comportementales écoresponsables en entreprise

La préservation de notre écosystème peut prendre différents chemins selon le milieu où on se trouve. Qu’en est-il de la responsabilisation du personnel dans un milieu de travail donné. L’utilisation par exemple de l’eau courante, de l’électricité, du chauffage en général. Nos agissements en ce domaine font l’objet d’un essai en collectif des plus intéressants sous la direction de Virginie Francoeur et Pascal PailléLes comportements écoresponsables en milieu de travail. Comment l’homo sapiens s’arrange avec les alertes sur la protection de notre environnement au vu du milieu de travail. En même temps, nous avons les dernières données sur nos façons de faire.
Les comportements écoresponsables en milieu de travail Collectif. Les Presses de l’Université Laval 210p.     www.pulaval.com

 


 

Comment a évolué la bureaucratie en Russie depuis Pierre le Grand

A la rédaction nous sommes admiratifs de ces chercheurs qui ont opté pour des sujets pointus comme ce n’est pas permis. Ainsi Anna Joukovskaia chercheuse entre autres au CNRS et collaboratrice à d’autres instances de recherches plus particulièrement du côté des études russes et caucasiennes qui nous arrive avec L’état quotidien avec pour sous-titre “administrer la Russie au XVIIIème siècle. Tout part nous dit-elle de Pierre le Grand qui avait déjà sa propre bureaucratie, mais qu’il trouva inadapté en fonction des objectifs expansionnistes qu’il nourrissait. Ainsi il fut appelé à s’inspirer de ce qui se faisait dans d’autres pays. Bien que le sujet soit centré sur la Russie, il est aussi une manière de voir pour ailleurs, comment s’échafaudent les administrations. Qu’on le veuille ou non, nous sommes confrontés à nos bureaucraties respectives. C’est pour cette raison que cette étude présente un grand intérêt.
L’état quotidien Administrer la Russie au XVIIIème siècle. Anna Joukovskaia. Éditions EHESS 284p.    www.editions.ehess.fr

 


 

L’Islam ne s’est jamais interposé devant le capitalisme

Parmi les idées reçues, il y a celle-ci voulant que l’Islam ait mis des bâtons dans les roues du capitalisme, freinant ainsi, voire paralysant le développement des pays en cause. On réédite à cet effet pour la quatrième fois cet essai fondateur de Maxime Rodinson (1915-2004) qui met les pendules à l’heure dans Islam et capitalisme. Ce polyglotte en imposait, s’exprimant en arabe littéral, en arabe maghrébin, en hébreu, en amharique (langue officielle éthiopienne), en hébreu, en turc, en arabe oriental et en français bien entendu. Il démontre que l’islam n’a jamais été un frein à l’expansion économique. Ce qui a nui, c’est plutôt la colonisation. Ce qu’il y a d’intéressant ici dans ces pages, c’est le rapport des individus à l’argent, les prêts consentis, etc. On sort de cette lecture plus intelligent qu’on est entré ce qui peut dire.
Islam et capitalisme Maxime Rodinson. Éditions de la rue Dorion 349p.    www.ruedorion.ca

 


 

Tout un couple d’intellos!

Lui est astronome, elle est géologue. Ils sont des âmes soeurs certes, mais tellement assortis intellectuellement. La curiosité des choses de l’esprit est ce qui les rassemble. Qui sont ces gens ? Le duo de protagonistes qui compose le Pont suspendu premier roman de Michel Sidoroff. A quelque part au cours de l’histoire, ils seront mis à contribution, à la recherche d’un père perdu en montagne. Mais ce qui retient davantage l’attention, ce sont toutes les observations qu’ils se font mutuellement. Tout semble les intéresser, que ce soit une déclaration de l’ex premier ministre britannique Edward Heath à des considérations sur la création en Allemagne d’une armée ouvrière. Un livre intelligent qui respecte son lecteur…qui doit se montrer à la hauteur.
Pont suspendu  Michel Sidoroff. Le temps des cerises 398p.  

 


 

Le récit d’une adolescente livré à un loup

Prisonnière de son pimp est un livre cas vécu, celui de Chloé-Kim Bussière. Le parcours de ce qui était au départ une adolescente en manque de confiance, qui va faire la rencontre à 15 ans, de son “prince charmant” qui va se transformer en monstre. Il va la droguer à son insu pour qu’elle soit dépendante des substances. Et la succession de clients, avec des fantasmes dégradants. Elle finira par trouver sa limite et sortir des griffes de son proxénète. La jeune femme libre quelle est devenue, raconte très bien ce qui lui est arrivée. Une mise en garde aux jeunes filles éblouies par les sirènes de l’argent et de la belle vie.
Prisonnière de son pimp Chloé-Kim Bussière. Éditions JCL 233p.    www.editionsjcl.com

 




 

L’émouvante aventure artistique des Ballets Suédois

Si la trajectoire des Ballets Russes est très bien connue et documentée, celle des Ballets Suédois a été un peu laissée dans son ombre. Les éditions du Théâtre des Champs-Élysées nous donne une belle occasion de raviver ce qu’a été cette troupe nordique dans La fabuleuse histoire des Ballets Suédois qui a été en activité de 1920 à 1924 et dont la scène du Théâtre des Champs-Élysées avec été un écrin fantastique avec à la tête de la compagnie de danse Rolf de Maré surnommé le Diaghilev suédois. Une petite plaquette qui se parcourt hélas trop vite. Mais qui donne le goût d’explorer plus avant.  C’est en tout cas un beau devoir de mémoire.
La même maison d’édition du Théâtre des Champs-Élysées nous emmènent dans un tout autre univers, celui de la musique contemporaine avec ce titre Pierre Boulez “aux Champs” C’est que le compositeur du Marteau sans maître, et grand pontife de la dodécaphonique a été en rapport avec cette scène de la rue Montaigne au cours de quatre décennies. Il y a joué à la tête des différents orchestres dont il a été le dirigeant. On revient sur ces heures glorieuses de la musique moderne et son plus fervent ambassadeur.

 


 

Comment les jeunes autochtones se tirent d’affaire au Québec

L’actualité d’une certaine époque nous montrait une jeunesse autochtone totalement perdue, livrée à elle-même, dépendante de paradis artificiels. On est heureusement passé à autre chose et on peut dire presque que le pari est gagné d’une prise en charge de soi communautariste dotée d’une résilience peu commune. C’est en tout cas ce qui se dégage d’une étude rigoureuse Les jeunesses autochtones au Québec un travail collectif mené sous la supervision de Natasha Blanchet-Cohen et Véronique Picard cette dernière étant issue de la Première nation Wendat. Il est question de trois thèmes sous-jacents tout au long de ce travail à savoir le volet de la décolonisation, fierté et engagement. C’est en même temps la radiographie de ce qui se vit en ce moment et les enjeux qui attendent les populations concernées.
Les jeunesses autochtones au Québec Collectif. Les Presses de l’Université Laval 266p.   www.pulaval.com

 


 

L’effet de l’après Hiroshima sur la société française

Juliette Gréco a déjà confié à un de nos coéditeur que la vision du monde était plus que désespérante en France et ailleurs au lendemain de la découverte des camps d’extermination, des capitales et villes dévastées en Europe après la Seconde Guerre mondiale et notamment et également les bombardements successifs d’Hiroshima et de Nagasaki. Qui est d’ailleurs le propos de Anne Wattel chercheuse en renom qui publie Le souffle d’Hiroshima.  Cette spécialiste de littérature française fait la nomenclature des oeuvres littéraires qui ont été impactées par le monde atomique allant de 1945 à 1960. Car la France aussi s’y est mis au nucléaire voulant affirmer sa totale souveraineté. C’est un travail de haute volée qui passe en revue comment artistes, lettrés et savants ont réagi par le biais de l’écrit.
Le souffle d’Hiroshima Anne Wattel. Éditions Épistémé 262p.   

 


 

Les palestiniens vu de l’oeil d’un jeune français

Il s’appelle Carl Wozniczka-Brousse étudiant à la Sorbonne qui, accepté dans le cadre du projet universitaire Erasmus, va entreprendre des études à l’Université de Birzeit en Cisjordanie. Ce sera pour lui un véritable choc social, puisqu’il sera confronté aux clichés qui s’attachent aux Palestiniens. Il en rapporte un livre-témoignage pétri d’humanité, où il s’est donné pour mission dans ces pages de nous décrire qui sont ces gens qui vivent à la dure dans un perpétuel climat de conflit. Mais qui n’entache pas un formidable appétit. L’auteur travaille maintenant dans l’humanitaire après avoir fait un passage aux ambassades de France en Arabie saoudite et à Bahreïn.
Une vie derrière le mur Carl Wozniczka-Brousse. Éditions du Félin 200p.   

 


 

Une tête d’affiche de l’art visuel contemporain honoré à Versailles

Le château de Versailles ne se mûre pas dans le temps passé, il lui arrive d’être très de son temps accueillant jadis un Jeff Koons. Cette fois c’est le peintre figuratif Guillaume Bresson de faire l’objet d’une exposition qui est en sorte un retour d’ascenseur puisque ses tableaux ont été inspiré par les grandes scènes de batailles dans les salles dites d’Afrique peintes par Horace Vernet. Bresson ne calque pas, il interprète avec ces mises en scène bien de notre époque. Ce sont autant de témoignages de la vie présente. La maison d’édition In Fine lance à cette occasion le catalogue officiel, du beau travail comme on s’attend toujours de cet éditeur qui honnit la facilité.
Versailles Guillaume Bresson. In Fine 46p. 

 






 

Le coin santé physique et psychique

Combien de fois avez-vous entendu ces jovialistes à tout crin vous lancer “mais pourquoi tu fais la gueule, tu as tout ce qu’on peut désirer ?”  On voit bien que le néolibéralisme et la surconsommation ne sont pas les assises du bonheur. Et parlant de ce dernier, un essai fondateur nous arrive Critique de la pensée positive du sociologue et professeur émérite de l’Université de Toulouse Gérard Neyrand qui pose la question essentielle “Heureux à tout prix ?” qui sert de sous-titre. C’est aux éditions Érès. Un ouvrage qui nous aide à comprendre à la fois ce qui fait le mal de vivre et en contrepartie sa joie. Il consacre un très large espace au rôle de l’éducation et de l’école. Uniquement pour ce volet, cette démarche intellectuelle est incontournable.

Quels abrutis prétendent que la femme est douce par essence ? Nous n’avons qu’à voir l’actualité judiciaire entre autres pour réaliser que le crime n’a pas de genre. Et c’est cette démonstration éclatante que fait Geneviève Morel dans Tueuses aux éditions Érès. Cette psychanalyste a bien compris ce que Freud et Françoise Dolto nous ont enseigné, à savoir que la violence est inscrite dans les gênes de l’homo sapiens. L’auteure a mené pour ce faire une série d’entretiens avec des criminelles détenues dans une unité hospitalière. Pour tenter de comprendre comment ces femmes en sont venues à commettre l’irréparable. S’il y a un domaine dans l’égalité des sexes c’est bien la haine de son semblable.

Le psychologue clinicien Marc Doucet est bien obligé d’admettre, au contraire du corps médical vendu à la pensée unique concernant le vaccin, les masques et le confinement, que la “pandémie” de la Covid-19, cette arnaque orchestrée par en haut, a provoqué un tort considérable dont on n’a pas fini de mesurer l’étendue touchant à la santé mentale. Au Québec où celle-ci est le parent pauvre de la médecine, c’était déjà pas fameux avant la Covid-19, mais maintenant on peut constater quotidiennement les dégâts, itinérance décuplée, cas de suicides en hausse, décrochage scolaire massif et quoi d’autre. Il analyse dans Le syndrome pandémique ce en quoi cette sombre période de notre histoire a été dévastatrice. Publié chez Érès.

Aux  éditions du CRAM c’est la thérapeute en relation d’aide Marie-Daniel Lussier qui signe L’authenticité. Tout un défi proposé quand on sait que le discours des thérapeutes est d’être vous-même, d’affirmer son “je” et quand on s’exerce à le faire on se fait tout de suite interpelé par un “non, mais pour qui tu te prends”. Sa publication est une exhortation à être en somme maître de sa vie, malgré tout et en dépit du formatage social si puissant. A sa façon elle fait sienne  la si belle chanson “Tu trouveras la paix dans ton coeur et pas ailleurs”.