- MARS 2022 -
 
     
 


 


Rapports en dents de scie dans un centre d’hébergement

Il était une fois une femme qui va croiser un homme dans un centre d’hébergement. Et graduellement elle va prendre i
ntérêt au parcours de ce dernier. Qui avec le temps va se décliner de manière chaotique car la santé mentale de ce dernier va progressivement décliner au point qu’il aura des mots durs pour la première. Voilà la trame de fond de Rendez-vous sur la colline de Johanne Jarry qui, s’il est un roman dans sa forme comporte plusieurs accents poétiques. C’est en même temps un constat sur la fragilité humaine. Un exercice de style plutôt réussi.
Rendez-vous sur la colline Johanne Jarry. Leméac 120p.  

 


 


Les belles histoires des Mi’gmaq

Après nous avoir mis en contact avec de belles histoires des nations algonquine, naskapi et cris, voici que l’ethnologue Daniel Clément nous amène à découvrir les récits de la nation Mi’gmaq. Leurs représentants ont peuplé des coins du Québec, toutes les provinces maritimes et le Maine. Une riche colonie autochtone, avec des légendes que l’on se racontait par tradition orale. Notre scientifique qui porte aussi la casquette d’anthropologue, a colligé de forts belles qui souscrivent toutes à un vaste imaginaire. Ils figurent au titre de mythologies comme l’ont été celles des civilisations romaines et grecques. La nature joue un rôle dominant dans ces contes merveilleux.
Les récits de notre terre Les Mi’gmaq. Daniel Clément. Les Presses de l’Université Laval 197p.       www.pulaval.com

 


 


Enfin un traité sur la peur

Les esprits chagrins avancent qu’en matière de bouquins tout a été fait. Eh bien la professeure de droit de l’Université de Toulon Annabelle Pena oppose un démenti formel en traitant d’un thème qu’on se surprend de ne pas avoir fait l’objet de si peu d’écrits, compte tenu qu’il touche la vaste majorité de la population, la peur. Dont Hermann Goering le satrape du régime nazi, qui prétendit au tribunal de Nuremberg, et avec raison doit-on hélas le constarer, qu’à partir du moment où vous savez exploiter la peur, vous pouvez faire n’importe quoi d’une population. Une peur qui la dépasse par un niveau d’anxiété où la rationalité est inexistante. Et on l’a bien vu avec la pandémie de la Covid-19, vaste orchestration qui a plongé la planète dans une peur irrationnelle. Et qui surtout a enfreint des lois fondamentales de la constitution de plus d’un pays touchant à la liberté d’expression. La peur a-t-elle tué nos libertés ? est un de ces premiers ouvrages “post-mortem” pandémique qui détaille les entorses à des droits fondamentaux. On l’a vu, les démocraties se sont instantanément fragilisées avec des conséquences dont on ne mesure pas encore les séquelles. A lire sans faute. 
La peur a-t-elle tué nos libertés ? Annabelle Pena. Équateurs 446p.    www.editionsdesequateurs.fr

 




 


Sur l’islamisme et le monde des talibans afghans

Si la montée de l’islamisme, à ne pas confondre avec l’islam, vous passionne, voici deux ouvrages qui sont de grand intérêt public, car qui sait n’a plus peur, la connaissance étant le rempart contre toute forme d’anxiété. Le premier traité Comment vaincre l’islamisme, est un collectif sous la direction de Mohamed Sifaoui aux éditions du Cerf. Là nous sommes en plein terrain du débat des idées. Et les contributeurs explorent toutes les facettes de la propagande. Car l’islamisme est une menace réelle. Ces gens qui émigrent dans des pays dont ils apportent un rigorisme étranger à la culture du pays d’adoption. Au lieu de s’intégrer, on nage ici en plein communautarisme. On livre des moyens de contrer ces atteintes aux libertés fondamentales et c’est pourquoi, surtout en France mais ailleurs en occident, on a tout intérêt à parcourir ces pages qui est un véritable mode d’emploi contre des idéologies qui se veulent dominantes et néfastes.

D’autre part, et qui illustre les exactions de l’islamisme, c’est le témoignage de Fawzia Koofi qui a pour titre Lettres à mes filles. En fait c’est une réédition actualisée au vu de ce qui se passe actuellement en Afghanistan depuis que les talibans ont repris le pouvoir. Elle est une politicienne en vue dans le pays et médecin, ce qui est un exploit dans un pays où la femme est quantié négligeable même quand on ne se trouve pas sous l’emprise des extrémistes. Comme elle se sent menacée, elle a pris partie de partager ses appréhensions par le biais de lettres hebdomadaires destinées à sa fille. C’est en même temps une radiographie du pays vue de l’intérieur. Qui nous fait apprécier de vivre en démocratie ou du moins le peu qu’il en reste.

 


 


De la rivalité féminine, essai sur le crêpage de chignon

Les femmes rivalisent-elles entre elles avec des degrés divers de férocité, ou bien c’est un mythe entretenu par des éléments qui y trouvent un intérêt ? C’est un champ d’étude qui a été peu exploré et dont la journaliste Racha Belmehdi comble un vide avec son essai Rivalité nom féminin. La jaquette de couverture à elle seule annonce la couleur avec cette photo de deux stars Sophia Loren et Jane Mansfield, la première jetant un regard dédaigneux sur la seconde. L’auteure dont c’est le premier ouvrage essaie d’y voir plus claire à ce propos. Il est vrai que les femmes se vivent dans le regard des hommes mais aussi des femmes. Et avec l’avènement de Tik Tok qui ne montrent que des nymphettes affriolantes, les cabinets de psychiatrie et de psychologie sont envahis par des femmes qui ne sont pas canons et se sentent malheureuses de ne pas atteindre ces statuts plastiques qui marquent le tempo des rapports hommes femmes. En fin de chapitre, la journaliste exhorte les femmes à vivre pour elles-mêmes et non à se projeter sur les autres.
Rivalité nom féminin Racha Belmehdi. Favre 236p.      www.editionsfavre.com

 


 


Une exploratrice canadienne au début du siècle dernier au Labrador

Pour preuve que le Canada au plan culturel demeure deux solitudes, qui parmi les francophones peut mentionner connaître le nom de Mina Benson Hubbard une exploratrice canadienne née en 1870 à Bewdley, une région rurale de l’Ontario. Le mari de celle-ci, Leonidas, un journaliste de son état, rêvait d’aller à la rencontre de l’exotisme du Labrador. Il était sans doute mal préparé à cette aventure et perdit la vie, affamé, dans cette contrée inhospitalière. A posteriori des voix se sont faites entendre accablant l’homme de son inexpérience et en somme qu’il fut l’artisan de son propre malheur. Suscitant l’indignation de sa femme, Mina, qui voulut réhabiliter la mémoire de son époux, en reprenant le sentier de ses explorations. Et qui donna lieu à un journal de bord que nous avons sous la main Une terre de deuil. Elle avait sans doute hérité des dispositions de son conjoint pour le journalisme car elle rapporte très bien les événements auxquels elle est confrontée. Et puis ce qui ajoute à l’intérêt de cette lecture c’est l’exotisme de ce coin perdu.  Et pour la petite histoire, cette dame au caractère bien trempé se remaria et s’exila à Londres en Angleterre. Nous sommes alors en 1913. Elle sera une des figures du mouvement des suffragettes.
Une terre de deuil Mina Benson Hubbard. Marchand de feuilles 369p.    www.marchanddefeuilles.com

 


 


Le cirque inspire un poète

L’univers du cirque en est un d’émerveillement, que ce soit le cirque traditionnel à la Bouglione de jadis avec des animaux et leurs dresseurs ou bien novateur comme le Cirque du Soleil. Il y a de quoi inspirer un poète. Et pourtant, curieusement d’ailleurs, peu d’entre eux s’y sont intéressé. C’est pourquoi Les noces de la plus grosse femme au monde et de l’homme-serpent qui annonce un monde à la Barnum & Bailey que signe avec brio Louis-Philippe Hébert comble un vide. Comme quoi, tout n’a pas encore été écrit. En tout cas pas de cette façon là. Car l’homme de lettres use de mots simples mais avec tellement d’évocations. Extrait Je déteste les oiseaux même de très loin même lorsqu’ils sont très hauts je suis sûr qu’ils me voient ils passent la journée à me regarder et à rire de moi”. Vous allez passer d’agréables moments en compagnie du poète.
Les noces de la plus grosse femme au monde et de l’homme-serpent Louis-Philippe Hébert. Les éditions de la Grenouillère 170p.    www.delagrenouillere.com

 


 


Jack Kerouac à Lévis, un passage inavoué

Pour son Trois jours avec Jack qui marque son entrée en littérature, Evelyne Simard-Guay exploite un filon en or, une relation amicale  entre la mère de la narratrice et l’icône de la beat generation  Jack Kerouac. Maintenant c’est présenté comme un roman. Étrange. Ou bien, à partir d’un fait réel du séjour du grand écrivain à Lévis durant trois jours en 1967, la fille se serait permis des libertés avec la réalité ? On ne sait pas trop. Pour le moment, contentons nous du domaine de la probabilité. Comme exercice de noviciat dans le domaine des lettres, c’est bien réussi, même au haut du pavé. L’auteure trouve à bien exploiter le sujet, le verbe et son complément sans afféterie C’est la maman qui aurait livré ses confidences très sur le tard. Un beau cadeau pour quelqu’un qui aspire à l’écriture et qui craindrait le syndrome de la page blanche. Ici les matériaux psychologiques abondent car Kerouac était une sacrée pointure à décoder en permanence. Cette Simard-Guay est un nom à garder dans vos radars. En passant, si le sujet Kerouac vous emballe sachez que les archives de Radio-Canada ont mis en ligne sur You tube, l’entrevue que ce dernier accordait à Fernand Séguin dans le cadre du Sel de la semaine, une émission culte de la Société d’État. L’auteur de “Sur la route” raconte son parcours.  Fascinant est un euphémisme car en plus c’est un document rare.
Trois jours avec Jack Evelyne Simard-Guay. Leméac 163p.  

 


 


Le grand dérangement de Didier Raoult

Quand viendra le moment de faire le bilan de cette pandémie de la Covid-19 quand elle sera loin derrière nous, on ne pourra pas oublier le rôle clé qu’a joué le professeur Didier Raoult ce grand microbiologiste marseillais qui a alerté l’univers sur les dérives de la vaccination non aboutie et qui a été la cible favorite de tous les pouvoirs publics qui voulaient en finir avec ce scientifique qui avait le malheur de dire la vérité. Un peu plus et le Collège des médecins de France l’aurait radié. On s’est bien gardé d’une telle exaction, se contentant d’une petite lettre de blâme. C’est que l’homme avait déjà solidement établi sa notoriété. Chez Michel Lafon, on a parlé ailleurs dans ces colonnes de son livre sur les vaccins publié avant la pandémie et dont il a fait une mise à jour. Nous avons cette fois ses considérations plus larges sur la santé publique. Chroniques pour une humanité en quête de repères est un réquisitoire rempli de réflexions empreintes de grande lucidité. Ainsi il prône que le président de la République française, et ce pourrait être la même chose avec d’autres dirigeants, s’entoure d’un véritable scientifique pour donner l’heure juste comme cela se fait à la Maison-Blanche avec le Surgeon General.  Il tire les leçons de ce que nous vivons avec cette pandémie.
Chroniques pour une humanité en quête de repères Didier Raoult. Michel Lafon 317p.     www.michel-lafon.com

 


 


Thomas Mackay cet écossais qui fut un des fondateurs d’Ottawa

Son nom hélas est passé à la trappe, mais heureusement il y a des biographes qui savent faire. C’est le cas de Alastair Sweeny qui raconte le parcours exceptionnel de Thomas Mackay (1792-1855) né à Perth en Écosse et qui viendra s’établir dans un premier temps à Montréal où il fera fortune. En s’associant notamment avec John Redpath le magnat du sucre, dont la résidence somptueuse existe toujours, qui est le siège du Faculty Club de l’Université McGill, le club privé des professeurs de l’institution rue McTavish. Ensemble ils vont s’atteler à l’important contrat de maçonnerie du canal Lachine. Mais ce qui va distinguer Mackay c’est qu’il va migrer vers ce qui deviendra Ottawa et dont il deviendra un des fondateurs, en travaillant notamment aux écluses du canal Rideau, amenant le chemin de fer dans la capitale et construisant Rideau Hall, la résidence du Gouverneur Général du Canada, pour ne citer que ces quelques réalisations marquantes. Une biographie enlevante à la hauteur de son sujet.
Thomas Mackay The Laird of Rideau Hall and the founding of Ottawa. Alastair Sweeny. Les Presses de l’Université d’Ottawa 377p.     www.press.uOttawa.ca

 


 


Mélissa Da Costa comme du Sautet

Au grand écran, Claude Sautet a imprimé sa marque comme le cinéaste des rencontres, des amitiés fortes, plus souvent qu’autrement viriles. Rappelez-vous son film culte Vincent, François, Paul et les autres. Au fil des décennies, la mixité amicale a fait son apparition. Et une des chantres est sans doute Mélissa Da Costa et son million de lecteurs. Son fonds de commerce, la nature humaine et les rapports hommes et femmes même s’ils sont parfois douloureux comme dans sa dernière ponte Les douleurs fantômes qui met en scène cinq personnages: Rosalie, Gabriel, Anton et Ambre. C’est un quintette d’amis qui s’est disloqué avec le temps, cinq ans en fait, mais qui oppose un démenti à l’adage fameux du “loin des yeux, loin du coeur”. Car en effet, quand ça ira mal pour Rosalie, la meute accoure. Y a t-il des concordances de goût, de valeurs qui ont pu résister à l’épreuve du temps ? Dans ces chapitres, les amis se font pas mal de piques. Il y a même des interrogatoires serrés pour savoir qui a couché avec qui. Ceux qui connaissent la romancière seront en terrain conquis, aux autres une belle découverte de la nature humaine, ses forces et ses faiblesses. Qui nous ressemblent quoi.
Les douleurs fantômes Mélissa Da Costa. Albin Michel 436p.   

 


 


Il était une fois les Jeux olympiques d’hiver

Du village alpin à l’événement planétaire du tandem formé par Jean Lévesque professeur au Département d’histoire de l’Université du Québec à Montréal et Yann Roche professeur de géographie à cette même institution de haut savoir retracent l’histoire des Jeux olympiques d’hiver auxquels même le baron de Coubertin n’accordait pas la même importance qu’aux jeux d’été. Puis il y avait ce mythe que ces compétitions nordiques étaient à l’abri des traquenards politiques. Rappelons au passage que c’est le régime nazi qui en payant les dettes personnelles de Coubertin ont pu arracher la venue des Jeux à Berlin en 1936. Mais non, la realpolitik s’est immiscée dans ce monde “pur”. C’est toute une saga qui est décrite avec ferveur à travers ces pages. Si au départ, les auditoires, et les participants étaient plus restreints aux jeux d’hiver, la mondialisation et la médiatisation ont permis de grossir les intéressés. Ce livre arrive à point nommé alors qu’est tombé le rideau des Jeux olympiques d’hiver de Pékin.
Du village alpin à l’événement planétaire Histoire et géopolitique des Jeux olympiques d’hiver de 1924 à nos jours. Jean Lévesque et Yann Roche. Les Presses de l’Université du Québec 280p.      www.puq.ca

 


 


De la rigidité de la France à la “souplesse” du Québec

Dans les années cinquante et soixante, les français qui débarquaient au Québec en touristes, se comportaient en colonisateurs avec une condescendance affichée pour tout ce qui ne se trouvait pas chez eux. Exemple le jello “c’est quoi ce truc ?” avec pour résultat que les québécois n’ont pas hésité à les étiqueter de maudits français. Et l’Église qui n’aidait pas la cause en stigmatisant ces visiteurs qui amenaient d’Europe des idées modernes, voire communistes. Le temps a passé et aujourd’hui, pour les jeunes français le Québec et surtout Montréal font figure d’Eldorado, au contraire de la France et sa rigidité administrative qui perdure. Anaïs Gachet est de celle qui a voulu faire l’expérience de s’établir chez nous. Elle raconte ses tribulations de nouvelle arrivante dans une petite plaquette fort instructive de comparaison des mentalités Du coup j’ai fui la France. Elle souligne le désolant constat qu’ici, on peine à reconnaître vos diplomations. C’est en même temps la radiographie actuelle France/Québec.
J’ai fui la France Anaïs Gachet. Hashtag 96p.      www.editionshashtag.com

 


 


Philip Glass laboratoire musical vivant

Mine de rien, son esprit novateur en perpétuel ébullition fait oublier que Philip Glass a atteint l’âge respectable de 85 ans. Son apport au monde musical est colossal. Certains ont circonscrit leur connaissance de son genre musical a un certain style minimaliste, ce dont il se refuse à se laisser embrigader. Au contraire, il est le pont entre plusieurs mouvances. Pour bien démêler sa contribution rien de mieux que de lire l’essai que lui consacre Sylvain Fanet dans Philip Glass accords & désaccords. Ce n’est pas une biographie à proprement parler mais un survol de son oeuvre qui débuta par des concerts psychédéliques dans Soho qui le firent remarquer des David Bowie et Brian Eno. Glass travaillera entre autres avec notre compatriote Leonard Cohen. C’est une trajectoire spectaculaire qu’il est agréable de découvrir. Le journaliste a accompli un travail de recherche qui force l’admiration. Et qui nous donne le goût d’écouter du Glass.
Philip Glass accords & désaccords  Sylvain Fanet. Le mot et le reste 265p.    

 


 


Un pionnier méconnu de l’histoire du rock

Ils sont trop peu aujourd’hui à se souvenir de ce grand guitariste du rock Mickey Baker qui a eu le malheur d’avoir la peau métissé, ce qui lui a valu la discrimination raciale des deux côtés, chez les blancs comme chez les noirs. On a retrouvé l’autobiographie de celui-ci que le magazine Rolling Stones a classé comme l’un des cent guitaristes les plus importants, toute époque confondue. Le musicien et compositeur savait que la France faisait bon accueil à la négritude. Et c’est là qu’il ira terminer ses jours, lui la star de l’après-guerre. C’est anonymement qu’il quittera ce monde dans un petit village près de Toulouse. Notons que durant les sixties il jouera avec toutes les pointures du yéyé. Comme héritage, il a laissé une méthode de guitare jazz vendue à des millions d’exemplaires. C’est une histoire enlevante qu’il nous laisse aussi avec ses mémoires. Il détaille son non-amour de New York et sa lutte contre les punaises dans une chambre miteuse de la Grosse Pomme. Puis ses confrontations raciale qui lui auront laissé un goût amer jusqu’à la fin. Une belle surprise biographique qui en plus d’être celle d’une vie, décrit des époques. Et pour ceux qui voudraient avoir le goût de l’entendre, l’éditeur nous gratifie en fin d’ouvrage d’une discographie.
Alone Mickey Baker. Séguier 759p.   www.editions-seguier.fr

 




 


Le coin des arts martiaux

Qautre arrivages de chez Budo, l’enseigne littéraire des arts martiaux, dont le catalogue ne cesse de s’enrichir de titres hautement passionnants pour ceux qui s’intéressent au domaine. Commençons par l’héritage d’un maître hélas mort trop jeune, nous avons nommé Bruce Lee qui a quitté ce monde à l’âge aussi jeune que 33 ans. Le grand public a encore en tête ses chorégraphies de combat qu’il a léguées au grand écran et qui stupéfie toujours. Mais plus encore, de véritables traités de self-défense. C’est son legs le plus durable. L’éditeur lance Ma méthode de combat l’intégrale de son enseignement. Un pavé qui est une mine du côté de l’auto-défense. Surtout à notre époque où la santé mentale connaît un grave déficit dans nos sociétés. Et on l’a vu tristement dans l’actualité à Montréal alors qu’un fou furieux s’en est pris à une fillette de retour de l’école la tabassant sans pitié. Il faudra être vigilant. Et c’est pourquoi ce bouquin merveilleux tombe à point nommé.
Par ailleurs et demeurant dans le même registre des sports de combat, un autre bel ouvrage magnifiquement illustré Karaté bunkai kata de Emmanuel Akermann. Son auteur, une autorité dans l’Hexagone, est ceinture noire 5ème dan de karaté, professeur diplômé d’État et préparateur. Au plan pédagogique il nous avait livré en 2005 un ouvrage didactique sur les katas, en vue de la préparation de ceux qui aspiraient au 5ème dan. Cette fois son traité se rend jusqu’au 3ème dan. Ce sont des applications de combat hérité des katas Shotokan. L’ouvrage fait 420 pages. C’était nécessaire pour parvenir à saisir toutes les subtilités sous-jacentes de cette culture guerrière hérité des ancêtres nippons.
Une curiosité cette fois et qui démontre mieux que tout la complexité de la vie culturelle japonaise. C’est le Hojo jutsu ou l’art des cordes du Samouraï. Ici c’est une première en littérature occidentale et dû à Christian Russo fasciné par cette technique de maîtrise des adversaires ou des prisonniers venue du 15ème siècle. Et dans ce cas c’est l’enseignement retenu par une école qui consigna le tout dès 1797. Nous nous trouvons devant un pur ouvrage d’érudition. Et du ficelage des bras qui pourrait nous paraître banal, a une symbolique incroyable chez les japonais. C’est aussi du beau travail d’édition. Décidément le Japon ne cesse de nous émerveiller avec cette culture à prime abord impénétrable mais qui distille peu à peu ses secrets.

On dit du sabre japonais qu’il est le plus bel objet jamais forgé. En tout cas ce n’est pas le bel album Le Sabre Japonais de Colin M. Roach qui le démentira qui nous fait voir, grâce à ses illustrations superbes des joyaux du genre. Et à ce propos, le sabre était pour le samouraï une figuration de son élévation dans la classe sociale. C’est à qui affichait le plus bel instrument. L’auteur est lui-même adepte des arts martiaux, titulaire d’un 4ème dan en iaido et 3ème dan d’aikido.  Un peu comme pour l’utilisation des cordages décrits plus haut et leur symbolique, le sabre aussi et son utilisation dans les combats relèvent de même d’une sacralisation du geste.

 


 


Annie l’universitaire délurée

Pour se changer les idées, rien de tel que de voir vivre l’étudiante Annie qui fait son entrée à l’université.  C’est une BD érotique pour oeil averti seulement dû au talent conjugué de LeOn et Vincenzo Cucca. Vous allez voir que la coquine ne connaît pas le mot inhibition. Elle fera fantasmer bien des mâles qui sont accros au genre lycéennes. Annie va à la fac Contrairement à d’autres auteurs du domaine des éditions Tabou, les créateurs font preuve de plus retenu, ménageant les organes en gros plan si vous voyez ce qu’on veut dire. Ce qui toutefois ne veut pas dire que l’imagination n’a pas sa place, au contraire. On figure très bien ce qui va arriver à l’étudiante.
Annie va à la fac LeOn et Vincenzo Cucca. Tabou 45p.    www.tabou-editions.com

 


 


Une offre séduisante de découvrir Terre-Neuve et Saint-Pierre-et-Miquelon

Reconnaissons qu’en matière de tourisme, les québécois font un peu preuve de paresse, les destinations soleil l’hiver ou la France au printemps et à l’automne. Et pourtant, il y a tant à découvrir un peu plus près de nous. Et c’est à quoi s’attachent les guides Ulysse qui nous invitent cette fois à partir à la découverte de la province de Terre-Neuve et des îles de Saint-Pierre-et-Miquelon qui font partie des territoires outre-mer de France, et donc possession française. Contrairement aux grands guides qui se contentent surtout des grands itinéraires culturels et géographiques,  ce petit guide de poche est fort utile pour son répertoire des bonnes adresses pour héberger et se nourrir. Et pouvez-vous imaginer que du côté de ces deux propositions qui ont en commun d’être insulaires, les produits de la mer viennent faire le bonheur des gourmets. Chapeau à Frédérique Sauvée à qui nous devons ces précieux renseignements.
Terre-Neuve et Saint-Pierre-et-Miquelon Guides Ulysse 160p.     www.guidesulysse.com

 


 

Pulsars comme métaphore de la mort

En astronomie, les pulsars sont ce qu’on nomment des étoiles qui arrivent au terme de leur existence cosmique. Quoi de plus inspirant pour une poétesse comme Nadine Boucher qui a été confronté par deux fois à des morts qui l’ont marqué, le suicide d’un premier grand amour et ensuite le décès de sa mère. Et comme elle est une fervente de la culture nippone, cette doctorante en sociologie a choisi de recourir à la forme des haïkus pour exprimer ses sentiments. En deux volets, chacun s’attachant à la disparition de l’un et de l’autre. Ce sont des petits flash, mais les mots pour le dire n’ont pas à être élaborés car tout est contenu dans cette forme minimaliste. Extrait “l’ambulancière aimerait faire respirer le pendu “j’ai un pouls” trop tard le pendu ne dit plus rien”
A l’ombre des pulsars Nadine Boucher 132p.    www.editionsdavid.com

 


 


Une manga dans un monde “fantasyste”

Nous sommes dans un combat épique face à la domination de Kokushibo la première lune supérieure. Nos deux héros  Himejima et Shinazugawa ont de la difficulté à triompher de l’adversité. Il faut que ce soit assez dans le genre de la fantasy pour imaginer et c’est vrai dans ces pages, que Genya gobe un morceau de chair de la lune supérieure avec pour projet de se porter à la défense de son frérot. Demon Slayer de Koyoharu Gotouge est pimenté d’actions en veux-tu en voilà, comme les aiment les accros aux mangas.
Demon Slayer Koyoharu Gotouge. Panini.   www.panini.fr

 


 


Jean Teulé raconte le désastre de la bataille d’Azincourt

Nous sommes en 1415 en pleine guerre de Cent Ans. Ils sont à peine quelques milliers d’anglais que les français veulent chasser d’Azincourt en Artois, aujourd’hui dans la région du Pas-de-Calais dans les Hauts-de-France. Les troupes françaises compteront jusqu’à dix mille hommes avec parmi eux des gens de sang bleu. Qui se feront massacrer comme ce n’est pas permis en seulement trois jours. Une honte, presque de l’amateurisme. Une autre de ces guerres inutiles comme il s’en passe aujourd’hui une en Ukraine. Pour raconter ce piètre fait d’arme des armées françaises il fallait une pointure, une carrure devrait-on dire, vu la haute taille de l’historien Jean Teulé conteur comme il ne s’en fait que très peu. Qui est en même temps un sacré plaidoyer sur la bêtise des guerres.
Azincourt par temps de pluie Jean Teulé.  Miallet Barrault 202p.    www.mialetbarrault.fr

 


 


Les zones d’ombre de la vie juive en Allemagne nazie

Un des textes forts de cette année est sans contredit Revenir à Berlin de Jonathan Lichtenstein qui est un récit alimenté par le souvenir de la Shoah. Sans doute la page de l’histoire contemporaine qui a généré tellement d’histoires allant du sordide à l’édification. L’auteur narre la relation qu’il va avoir avec son père Hans, qui est un de ces enfants qui auront la chance d’être évacué à Londres en 1939 juste quelques années avant que ce soit mis à exécution la Solution finale élaborée par les  SS Heinrich Himmler, Reinhard Heydrich, et Adolf Eichmann. Comme ceux qui sont demeurés en Allemagne ont péri dans les camps, Hans décidera de faire sa vie en Angleterre. Mais pire encore au plan psychologique, il va tirer un trait sur sa culture juive. Les années passent, et son fils Jonathan veut tirer les vers du nez à ce père qui est un taiseux. Ils vont entreprendre un retour à Berlin. Et graduellement le paternel fera remonter des souvenirs à la surface. C’est en même temps un formidable voyage dans le temps. On a agrémenté le récit de photos évocatrices d’une certaine vie berlinoise. A lire sans faute, sans quoi vous passez vraiment à côté de quelque chose.
Revenir à Berlin Jonathan Lichtenstein. JC Lattès 330p.    www.editions-jclattes.fr

 


 


Des dérives du milieu universitaire

Rien ne va plus dans nos universités, alors que la clientèle, comprenez ici les étudiants qui décident du choix des professeurs et même des cours à figurer au programme. C’est le monde à l’envers. Et il y a des pics d’incompréhension comme cette histoire rocambolesque qui s’est déroulée à l’université d’Ottawa, quand on a démis la professeure Verushka Lieutenant-Duval qui aurait employé un mot inapproprié. C’était il y a deux ans. Un mouvement de solidarité s’est créé au sein du corps professoral en soutien à l’infortunée enseignante. Qui a braqué les projecteurs sur ce qui se passe dans nos établissements de haut savoir. Alors pour en avoir une idée, allez lire ce manifeste Libertés malmenées un collectif sous la direction de Anne Gilbert, Maxime Prévost et Geneviève Tellier. Vous allez voir comment la comptabilité et la rectitude politique menacent nos universités. Et le fait ne date pas d’hier. On ramène des faits datant du Frère Marie-Victorin. C’est une charge sur la bienpensance. Et ce n’est pas du joli.
Libertés malmenées Collectif.  Leméac 402p.     

 


 


Les enjeux lucides de la procréation

On pourra dire tout ce que l’on veut de Geneviève Drolet mais on ne pourra pas lui reprocher son manque de transparence. En effet, dans Les acrobaties domestiques elle nous dit tout, sans ambages de ce que comporte de mettre au monde. A celles qui envisagent un peu superficiellement de procréer parce que c’est normal, nous les invitons impérativement à vous procurer ce livre d’une utilité publique, tant il met les pendules à l’heure. L’auteure et maman lance une pique à la froideur des hôpitaux avec des protocoles qui éloignent les bébés naissants de leur maman. On est en pleine technologie et l’humanité passe au second plan. Et c’est écrit avec une grande précision de ce qui attend les mamans en termes de responsabilité.
Les acrobaties domestiques Geneviève Drolet. Quai no.5     www.quaino5.com

 


 


Le coin de la spiritualité

Dans notre monde en déroute la nécessité d’une spiritualité profonde n’est plus à remettre en question. L’humain doit trouver des réponses à ses questions existentielles. Heureusement il y a de la belle littérature pour celà. Nous avons trois ouvrages justement qui débarquent en provenance des éditions Accarias, que nous chérissons tout particulièrement, tant leur catalogue apporte des opportunités fantastiques de réflexion. D’abord de Vimala Thakar La voie sans chemin”. Née en 1923 et morte en 2009. Toute sa vie il sillonnera l’Inde récoltant des donations de terres qu’elle redistribue ensuite aux pauvres.  Et sa rencontre avec Krishnamurti sera déterminante. D’entrée de jeu elle est humble et précise qu’elle ne veut pas poser en maître  mais en amie. C’est une chantre du vivre ensemble. Et dieu sait qu’en Inde c’est un défi au vu de la diversité des populations et des castes. Grosso modo elle en appelle à nourrir le cerveau par l’intellect, et blâme entre autres les étudiants qui n’assistent aux cours que pour l’obtention d’un diplôme.  Qui finissent au bout du compte par être des gens sans profondeur de vie. C’est vraiment des propos sous l’emprise du bon sens. L’ensemble de ses chapitres proviennent des années 70 du temps où elle s’était retirée sur le Mont Abu. Une grande sage à découvrir.

Arnaud Desjardins n’a plus besoin de présentation lui qui, aussi, quitta ce monde, mais en laissant également un héritage à travers sa vingtaine d’ouvrages de haute volée spirituelle. Il était comme on sait le disciple de Swâmi Prajnânpad et par après aura la responsabilité de son ashram à Hauteville, haut lieu de pèlerinage pour ceux en quête de vérité. On publie Pour une existence consciente dans le cadre d’une thématique d’ouvrages connu sous le nom de “Lettres à ses élèves” dont nous avions eu précédemment “En communion avec vous”. Titre qui aussi était aussi la terminaison rituelle de ces échanges épistoliers. Dans ce tome, il met en garde les personnes qui croient être arrivées au bout du chemin et qui détiendrait enfin la vérité du monde. Comme il était pétri de mesures, jamais Desjardins ne s’enflamme. Il invite continuellement à viser la paix intérieure garante du reste.

Et pour conclure un petit cours d’histoire sur la gnose. Les gnostiques croient à un Dieu par intuition, ce qui fait intervenir la connaissance. De même que, un peu selon la leçon divine à savoir que le royaume des cieux est en nous, c’est en soi que l’on peut se connecter avec l’entité créatrice de l’univers visible et invisible. Pour en connaître davantage voici que paraît de Éric Vartzbed Les gnostiques” Il rappelle la genèse de ce courant de pensée qui prend sa source au Moyen-Orient aux premier et deuxième siècles avant Jésus-Christ. C’est l’opposition entre croire sans chercher, autrement la Foi et la connaissance qui exige des réponses. Un petit livre éclairant sur une posture spirituelle qui touche des millions de gens et qui nous interpellent grandement.

 


 


Comment gérer la captivité de 600 mille soldats allemands

La signature de l’armistice faisant taire les canons de la Seconde guerre mondiale, ce n’était pas pour autant la fin des problèmes. Bien au contraire. Il y eut, on le sait, de grands exodes de population, la reconstruction des villes, et aussi la gestion des 600 mille prisonniers de guerre allemands. Et sur ce dernier volet, une étude qui force le respect dû à Jean-Michel Turcotte chercheur postdoctoral à l’Institut Leibniz d’histoire contemporaine intitulé Comment traiter les “soldats d’Hitler” ? Si la Convention de Genève datant de 1929 circonscrit la façon de traiter des prisonniers de guerre, les Alliés pratiquaient des entorses aux règles. Avec parfois des visions qui divisaient entre autres le Canada à la Grande-Bretagne. C’est un chapitre moins connu de la Seconde Guerre mondiale que prendront plaisir à parcourir les passionnés de cette période déterminante de l’histoire du monde.  On apprend une foule de choses sur, notamment le moral des prisonniers et leur condition de détention.
Comment traiter les “soldats d’Hitler ?” Jean-Michel Turcotte. Les Presses de l’Université d’Ottawa 386p.       www.presses.uOttawa.ca

 


 


L’héritage en continu d’Aristote et de Platon

Même au XXIème siècle il est fréquent d’en référer à ces philosophes de l’Antiquité. Ils ont des disciples qui ont perpétué leurs déductions jusqu’à nous. Philosophe d’entreprise Luc de Bradandere et la philologue Anne Mikolajczak ont conjugué leur talent en cosignant Platon vs Aristote. Si on se fie à la couverture on pourrait croire à un livre d’initiation pour la jeunesse. Ce sont des textes fouillés qu’on y trouve qui mettent en lumière la pensée antique de ces deux géants et la transmission de ce savoir jusqu’à présent. C’est un beau cours de philosophie qui, grand mérite des auteurs, ne s’est pas enfermé dans l’hermétisme, si rebutant pour des non initiés. On voit bien que nos deux comparses ont voulu d’office que l’on saisisse au premier abord quels ont été les thèmes dominants de la pensée respective d’Aristote et de Platon. Et par extension on fait connaissance avec les interprétations qu’en ont faites, voire l’instrumentalisation, par d’autres philosophes plus près de nous dans le temps. C’est un ouvrage qui devrait figurer à tout programme de niveau collégial.
Platon va Aristote Luc de Brabandere et Anne Mikolajczak.  Éditions Sciences humaines 147p.      www.editions.scienceshumaines.com

 





 


Le coin santé physique et psychique

L’alcoolisme est un fléau dont on ne mesure pas l’étendue. Dont on sait maintenant, études et expertise aidant que ce n’est pas le produit en soi qui fait problème, à hauteur de 15% mais plutôt le pourcentage restant, qui prend sa source dans des problèmes psychologiques, souvent du refoulement. Un autre témoignage, celui-là pathétique s’ajoute. Celui de l’homme de radio Sylvain Simard qui dès le moment des études va s’enfoncer dans la consommation d’alcool mais sans se faire aucune limite. L’incarnation du boire comme un trou. Avec des black-out à la clé et de la violence, verbale et physique. Dans Le diable sur mon épaule il revient sur toutes ces dérives. Bien que dans sa famille on ait voulu l’aider, il a fallu que ça vienne de lui. Mais surtout avec le soutien de la Maison Jean-Lapointe. Il y a des passages dramatiques où il décrit bien comment il en était arrivé à ne plus s’arrêter. C’est aux éditions Performance.

Autre fléau de la société la violence faite aux femmes. L’inverse existe aussi, demandez aux policiers dont la routine de la violence conjugale occupe 65% des appels. Que ce soit un sexe ou un autre c’est un fait inadmissible. La différence c’est que les hommes sont honteux, virilité oblige, d’avouer être battus par des femmes. Pour le moment donc, ce sont les femmes qui prennent les devants en dénonçant et c’est tant mieux. Leurs actions auront des répercussions. Ainsi donc, c’est au tour de Brigitte Jobin de raconter son calvaire dans Survivre jusqu’à demain aux éditions de Mortagne. Tout commence par une rencontre anodine lors d’un gala de boxe. Elle va faire à cette occasion la rencontre de son bourreau, qui pour le moment se montre tel un être attentif et assez séduisant. Et viendra une gradation épouvantable où le Roméo s’avère un monstre, qui l’humilie, la bat. Et pourquoi n’a-t-elle pas dénoncé tout de suite ? C’est qu’il l’a menaçait de mort. Vous verrez ce qu’il lui a pris de courage pour enfin mettre un terme à son enfer.  Ce récit, outre son sujet, est intéressant pour la qualité de la narration. La femme écrit bien, et trouve les mots justes pour nommer l’horreur.

 

Aux éditions Accaria c’est le céramiste Rupert Spira qui signe Être moi-même. Car en parallèle de ses activités en art visuel, il s’est passionné pour les questions métaphysiques. Maintenant il présente des conférences un peu partout. A sa façon, il reprend le credo du Connais-toi toi-même. Pas de grandes théories, sinon une remise en mémoire que c’est à l’intérieur de soi que l’on trouve tous les ingrédients de son bien être. Et comme l’humain n’est pas une île, il se fait fort de signaler que le monde et soi-même ne formons qu’un. Des propos simples qui ont le mérite de pouvoir atteindre un plus grand auditoire.

C’est un secret de polichinelle, et pas seulement au Québec que le système de la santé publique est complètement détraqué, notamment ses hôpitaux. Une des voix critiques du système est le réputé docteur américain Nortin M. Hadler à qui l’on doit de nombreux brûlots littéraires. Il persiste et signe avec Au chevet du patient. Dans ces chapitres aux Presses de l’Université Laval, il décortique le système de santé, médecins en cabinet autant que les hôpitaux. Il prédit la fin progressive des médecins en cabinet privé qui ont de trop grosses charges dont, non la moindre est l’assurance responsabilité qui coûte la peau des fesses. Mieux pour eux d’être des salariés au sein de grosses cliniques ou établissements qui prennent plusieurs de ces frais à leur compte. Il dénonce un certain esprit qui voit le patient comme une sorte de produit. Vous avez là l’ABC de ce qui ne va plus.

Quand on vous annonce que vous avez le cancer, ce n’est jamais accueilli comme une bonne nouvelle. Et pour peu que vous ayez une nature défaitiste, vous voyez immédiatement la mort au rendez-vous. Eh bien ce n’est pas vrai. D’abord la science a fait des progrès, mais surtout on a appris que le comportement du patient jouait un rôle fondateur dans la perspective d’une rémission. Et il y en a beaucoup. Pour prendre la mesure du phénomène, il faut lire Espoir radical de Kelly A. Turner en collaboration avec Tracy White. On doit à la première ce livre qui a été un best-seller “Rémission radicale qui a donné de l’espoir a plus d’un.  Si elle a livré l’essentiel de son enquête dans ce premier ouvrage, pourquoi un second ? C’est que depuis, elle a identifié un dixième facteur pouvant aider au retour à la normale avec l’exercice physique. Et puis de nouveaux témoignages se sont ajoutés qui confortent sa théorie de la rémission. Rappelons que madame Turner est chercheuse en oncologie.  C’est aux éditions Flammarion Québec.

Dans un autre domaine, il y en a plusieurs qui achètent des vitamines en capsules ou minéraux en synthèse que l’on vend à bon prix dans la section des produits dits “naturels”.  Comme si on voulait aller au direct de l’effet désiré. Mais il y a le fait que l’on retrouve tous ces bons apports dans les aliments. Et pour démêler le tout, la diététicienne Lizzie Streit a établi une liste de fruits et légumes nécessaires à notre bonne alimentation. C’est le Guide des vitamines et minéraux naturels publié chez Broquet. Elle ne se contente pas de faire cette liste. Pour chaque aliment, elle présente la fiche signalétique avec ce que ce produit occasionne pour notre organisme. S’il y a des contre-indications comme parfois pour des femmes enceintes. Bref, c’est un répertoire que l’on voudra conserver près de soi en tout temps pour y référer selon nos besoins. Et l’éditeur a mis un soin particulier au graphisme très attrayant, ludique et pédagogique à la fois.

 


 


Il était une fois les sorcières

Les sorcières font partie de l’imaginaire de l’humanité. Avec la perspective que procure le temps, les historiens ont pu se rendre compte qu’une grande part de celles que l’on désignait comme telles, étaient souvent des femmes condamnées car réfractaires au système patriarcal en place dans certaines sociétés, voire trop d’avant-gardes au goût de certains. Dans certains cas des femmes au moeurs élargies. Céline du Chéné a réalisé sur ce sujet quatre documentaires radiophoniques sur France  Culture dont la recherche est présentée dans ce petit livre tout simplement nommé Les sorcières. Tout un pan de notre histoire souvent méconnu ou qui a fait part d’un aveuglement volontaire. Il rend un juste tribut à ces sacrifiées car trop en avance sur leur temps.
Les sorcières Céline du Chéné. Michel Lafon 166p.   www.michel-lafon.com

 


 


In memoriam Claude Gauvreau chez Leméac

Il est en format de poche mais ce Tombeau de Claude Gauvreau de Thierry Dimanche en impose plus par son contenu. Un tombeau à l’époque baroque, était une création artistique, musicale ou littéraire, qui se voulait un hommage à un illustre disparu. C’est ainsi que l’an dernier, pour commémorer le cinquantième anniversaire du jour où le poète Claude Gauvreau a choisi de quitter ce monde tragiquement, on a publié en tirage limité ce “tombeau” que nous avons maintenant le plaisir de lire puisqu’il est imprimé maintenant pour la multitude. L’auteur se met dans la peau du poète automatiste et le fait parler à la première personne. Il a su investir l’âme de ce personnage hors norme de notre littérature qui en a bousculé plus d’un. Ce petit opuscule a le mérite d’attiser plus avant, notre curiosité sur Gauvreau. Et à cet effet, le signataire de cet hommage a eu la gentillesse de faire suivre son tribut d’une petite bibliographie pour quiconque voudrait s’enfoncer davantage dans sa vie et son oeuvre.
Tombeau de Claude Gauvreau Thierry Dimanche. Leméac 134pé   

 


 


Dans les limbes infernales de Guantanamo

Pour saisir l’effroi du contenu de Désigné coupable de Mohamedou Ould Slahi rt de Larry Siems imaginez que le premier s’est retrouvé isolé du monde durant quatorze ans à Guantanamo entre 2002 et 2016. Privé de tout contact, torturé au préalable. Il n’avait même plus de droit. Plongé carrément dans les limbes de cette sinistre prison de cette enclave américaine en territoire cubain. Et même s’il avait obtenu en 2010 sa libération d’un juge, l’administration pénitentiaire a complètement l’ordonnance de cour et il a dû attendre encore six ans avant que le gouvernement de Barack Obama puisse intervenir pour de bon et lui redonner sa liberté. Vous avez vu comment ici au Québec, les libertés peuvent être soudainement restreintes au seul argument de pandémie. Imaginez quand les autorités ont décidé que vous n’existez plus! C’est un récit glaçant qui laisse songeur sur ce qu’est la notion de démocratie.
Désigné coupable Mohamedou Ould Slahi et Larry Siems. Michel Lafon 488p.   www.michel-lafon.com

 


 


Le coin de la poésie

Gabrielle Filteau-Chiba poétesse de sensibilité exquise, dotée d’une imagination débordante, s’est signalée à l’attention de la multitude par un triptyque poétique ayant pour objet la région du Kamouraska. Là elle nous arrive avec La forêt barbelée qui mêle des considérations pastorales avec un monde onirique avec visiteur nocturne, réel ou figurée. Et bien que le propre de la poésie est de nous faire décoller, il y a des passages d’une grande lucidité. Extrait “Comme disaient mes profs de droit t’as pas la note de passage parce que t’as rien compris”. C’est aux éditions XYZ.
La forêt barbelée Gabrielle Filteau-Chiba. XYZ 113p.    www.editionsxyz.com

 


 


Président de la République française mode d’emploi

Au moment où se déroule la campagne pour la présidentielle qui verra en avril qui sera le locataire de l’Élysée pour les cinq prochaines années, voici que paraît Moi, président-e
avec un sous-titre amusant “le livre qui vous donne les clés de l’Élysée”. Peut-être, mais à la lecture de ce collectif sous la direction de Cléa Chakraverty et Fabrice Rousselot on se rend compte que nonobstant une base d’ambition bien nécessaire, il faut franchir des obstacles que n’hésitent pas à qualifier les auteurs de herculéens. Tout est passé en revue pour faire bonne figure comme chef d’État à commencer par la tenue vestimentaire, qui trouve ici son degré d’importance. C’est une lecture distrayante comme tout qui nous en apprend énormément sur la sphère suprême du pouvoir. Et qui prépare bien à comprendre les enjeux de l’élection à venir.
Moi, président-e Collectif sous la direction de Cléa Chakraverty et Fabrice Rousselot. Éditions des Équateurs 200p.    www.editionsdesequateurs.fr

 


 


Et si le travailleur était remis au coeur de l’économie

Dernièrement, un média québécois rapportait que pour arriver à rencontrer toutes ces obligations, un travailleur devait travailler environ 60 heures par semaine. Où est-elle cette fameuse société des loisirs imaginée par des cartomanciens de l’économie ? Pire encore, l’épargne en Amérique du moins est impossible, tant les salaires sont trop petits. C’est le crédit qui a pris le relais. Et les jeunes ont ceci de merveilleux qu’ils ne veulent plus vivre l’esclavage au travail qu’ont connu leurs parents. D’où la raréfaction de la main-d’oeuvre.  Si ces thèmes vous interpellent, il y a un livre merveilleux sous la direction de Benoît Hamon où des collaborateurs d’horizons divers examinent le fossé abyssal entre le vulgum pecus et la classe possédante. La citoyenneté économique peut-elle sauver l’avenir ? est un réquisitoire pour rappeler que la ressource humaine qu’est l’employé est une valeur et que les entreprises au lieu de le considérer comme un numéro d’assurance sociale dans un budget et corvéable à merci, devraient les faire participer notamment aux bénéfices. Des propositions qui donnent à réfléchir.
La citoyenneté économique peut-elle sauver l’avenir ? Collectif sous la direction de Benoît Hamon. Éditions des Équateurs 216p.     www.editionsdesequateurs.fr

 


 


Mystiques et exceptionnelles

Une exposition s’est tenue au Musée des cultures du monde à Nicolet portant sur les femmes et la mystique et dont nous avons en quelque sorte le catalogue, le tout issu du travail de Marie-Hélène Naud. Un trésor bien gardé rassemble des monographies de femmes qui se sont hissées au-dessus de la mêlée en raison de leur grande élévation spirituelle. Dans son répertoire, on trouvera bien entendu l’incontournable Hildegarde von Bingen et Claire d’Assise, mais d’autres noms à découvrir, en provenance de contrées exotiques telles Yéshé Tsogyal, Lalla, et Machik Labdrön pour ne citer que celles-là. De belles découvertes à faire qui pourront pour des lecteurs, figurer comme des sources d’inspiration. C’est une petite plaquette certes, mais riche en densité et qui donnera le goût à certains d’explorer plus loin.
Un trésor bien gardé Les femmes et la mystique. Marie-Hélène Naud. Les éditions GID 108p.    www.leseditionsgid.com

 


 


Les riches heures de la Maurice au temps de la Révolution tranquille

Dans cette province de Québec dont la devise est “Je me souviens” on a la faculté d’oublier très vite. C’est ainsi que le nom de Fernand Gagnon est passé à la trappe. Heureusement qu’il y a son fils qui a décidé de raviver sa figure dans un collage de très bons textes de celui qui entra au Nouvelliste de Trois-Rivières en 1939 et qui au fil des décennies occupa toutes sortes de fonctions allant de la publicité jusqu’à correspondant parlementaire et enfin rédacteur en chef. Il meurt en 1988. Pierre Gagnon a donc entrepris un travail de longue haleine pour fouiller dans les archives, trouver les papiers de choix du paternel et vérifier les données afin de restituer la clarté des faits. Cela donne au final une sorte d’anthologie, mais surtout ce que fut Trois-Rivières et la Mauricie par extension au cours de la Révolution tranquille. C’était un défi que d’imprimer quotidiennement ce journal qui fut un outil rassembleur pour la communauté sociale et économique. Le livre abonde de photos qui nous plongent dans un monde qui pour la jeune génération fera figure de préhistoire. Et où l’Église domina là comme ailleurs. A lire pour comprendre d’où on vient.
Fernand Gagnon reporter et rédacteur en chef du quotidien Le Nouvelliste de Trois-Rivières. Textes réunis, révisés et présentés par Pierre Gagnon. Les éditions GID 422p.    www.leseditionsgid.com

 


 

Mort imminente dans une bibliothèque imaginaire

Elle s’appelle Nora, trentenaire. C’est une disciple totale de Schopenhauer et de Cioran, pessimiste en tout et dont la vie n’apporte aucune consolation. Elle qui fut ex championne en natation, ex chanteuse et qui apprit le piano par elle-même, ne trouve plus d’intérêt en ce bas monde. Il arrivera ce qui devait se faire, elle tentera de mettre fin à ses jours. La Bibliothèque de Minuit qui donne son titre à cette bibliothèque imaginaire qui sera son refuge dans ce lieu intermédiaire de ce qu’on appelle ma mort imminente. Titre aussi de ce roman initiatique de Matt Haig aux allures de livre de croissance personnelle. Car les questions métaphysiques de la protagoniste abondent. En même temps, c’est un vibrant plaidoyer pour la lecture et la connaissance salvatrice.
La Bibliothèque de Minuit Matt Haig. Mazarine 409p.   

 


 


Aphorismes et autres considérations de Frédéric Beigbeder

Le dandy et chroniqueur du Figaro Magazine Frédéric Beigbeder a été vu l’autre jour d’On n’est pas couché sur France 2. Avec sa désinvolture qui en fait un être d’une autre époque, il est venu présenter à Laurent Ruquier et Léa Salamé sa dernière ponte Un barrage contre l’Atlantique clin d’oeil à Un barrage contre le Pacifique de Marguerite Duras. C’est le tome 2 de “Un roman français”.  On se demande pourquoi il qualifie ce livre de roman, car c’est tout lui dans ces pages avec la moitiée en aphorismes, certains lucides, d’autres désopilants comme tout. Jugez vous-même “La littérature est un corps à corps entre deux cerveaux” ou bien “Lire c’est attendre des mots apportent une réponse qui ne vient jamais”. C’est un livre à fondement mondain qui permettra à l’auteur de défendre sa pensée sur notre époque. En même temps, ça confronte nos propres vues sur les choses. Tiens, la belle qualité c’est que c’est un livre élégant qui tient en haute estime son lectorat.
Un barrage contre l’Atlantique Frédéric Beigbeder. Grasset 264p.  

 


 

Une vierge folle cerclée par un rédempteur

C’est curieux. En lisant l’excellent roman Vierge folle de Daniel Guénette qui nous tombe sous la main et qui ne nous méprenons pas, ne nous tombe pas des mains, ce qui est autre chose, n’est pas sans rappeler l’opéra de Jules Massenet “Thaïs” dans lequel un moine rigoriste de la Haute Égypte s’amène à Alexandrie pour purifier la pécheresse et envouûtante Thaïs. Et pour ce faire il va la conduire au couvent. Mais à son corps défendant il est tombé raide dingue de cette femme qu’il a le projet de ramener du couvent et se mettre en couple avec elle. Mais le moine lorsqu’il reviendra pour ravir la belle, celle-ci illuminée par un faisceau divin mourra dans ses bras, appelée on imagine vers le paradis. Ici il y a une petite parenté, car si on n’a pas affaire à un moine, c’est en lieu et place devant un professeur latiniste que nous nous trouvons qui va en pincer pour une jeune fille qu’il croise et qui ravive de doux souvenirs. Mais le pauvre prof est tombé sur une brindille qui veut se faire religieuse. Il l’accompagnera au couvent mais là dans des débordements qui lui vaudront de faire affaire avec la police. Et l’objet de son désir, elle ? Nous vous laissons le soin de découvrir la conclusion. Excellent, est un euphémisme. On a adoré.
Vierge folle Daniel Guénette. Les éditions de la Grenouillère 247p.   www.delagrenouillere.com

 


 


Une charge contre l’homme

Ce prochain amour marque l’entrée en littérature de Nora Benalia. Est-ce un roman identifié comme tel ou une autofiction ? Car on si perd, tant la charge contre le soi-disant pouvoir des hommes et le courage dont feraient preuve les femmes est manifeste à chaque page. Pour un homme cette lecture est évidemment à proscrire car c’est un brûlot. Et on comprend pourquoi cette vindicte contre les hommes lorsqu’on li le chapitre sur la mort du père de la protagoniste. Un monstre selon elle. Et c’est cela qui explique manifestement ce ressenti contre la gent masculine. Les femmes qui aiment les hommes seront elles aussi heurtées.Au plan positif, la romancière novice écrit très bien. Et c’est dommage que cette belle plume serve à entretenir les antagonismes entre les sexes. Les lectrices par contre, qui nourrissent une animosité pour le mâle, seront au comble du bonheur.
Ce prochain amour Nora Benalia. Hors d’atteinte 195p.   www.horsdatteinte.org

 


 

Sur les indices d’une vie réussie

Nicolas Mathieu vise juste avec un roman qui serait en même temps un champ d’étude métaphysique sur le thème “qu’est-ce que réussir sa vie”. Dans Connemara il met en scène un homme et une femme. Les deux sont issus du même bled. Cette dernière, Hélǹe, est une quadragénaire en devenir qui présente tous les indices d’une vie réussie, avec les attributs d’une belle vie matérielle. Mais elle est aspirée par une sorte de vide. Un spleen dirait-on. De son côté Christophe qui n’a pas eu la même veine, se trouve en meilleure posture, vivant avec son père et son fils. Et il aspire à des lendemains qui chantent. On va suivre dans ces pages la trajectoire de ces deux êtres. L’écrivain a campé de beaux portraits d’êtres humains avec ce qui fait leur force et leur faiblesse. Il maîtrise bien le style et c’est un livre qui n’est pas qu’un simple divertissement. Il vient nous chercher sur ce qui est essentiel à la condition humaine. Camus n’aurait pas détesté cette lecture.
Connemara Nicolas Mathieu. Actes Sud 396p.    www.actes-sud.fr

 


 


On voudrait en faire une fille délicate, c’est un torrent intérieur

James Sallis fait partie des américains maîtres du roman noir. Qui dispose d’un talent hors norme que se fait fort de rappeler Jean-Bernard Pouy dans la préface de Sarah Jane sa dernière ponte. La beauté de ce bouquin c’est qu’il a “vampirisé” l’esprit de son héroïne, car tout au long de l’histoire c’est elle qui se raconte. On voudrait en faire une mignonne comme elle le dit d’entrée de jeu, mais la petite a du caractère, de telle sorte qu’au lieu de se conformer aux attentes des siens, elle va entrer dans la police et même épouser un shérif. Et il arrivera que ce dernier va disparaître, ni vu ni connu. Sa “douce” moitié va tenter d’élucider ce mystère qui la renvoie à elle-même. Dans le genre c’est du bonbon. On voit très bien le tout porté au grand écran. En attendant que ça survienne on peut très bien se forger soi-même des images, il n’en manque pas.
Sarah Jane James Sallis. Rivages/noir 207p.      www.payot-rivages.fr

 


 


Un prix Pulitzer en édition collector

Jours barbares a valu au journaliste et reporter William Finnegan le prestigieux prix Pulitzer dans la catégorie “Mémoires”. Les éditions du sous-sol ont eu l’heureuse idée de sa réédition dans une édition collector. Ilustré cette fois par Aj Dungo il reprend dans ces chapitres, sa vie de baroudeur du monde de la presse. Mais la grande passion qui le fait sortir de la petitesse de l’homme c’est le surf. Finnegan, c’est le chantre des hautes vagues. Il a trouvé les qualificatifs appropriés pour décrire les sensations qui s’emparent de quiconque veut les défier. Et inutile de vous dire que son pays de prédilection est l’Australie qui agit sur lui comme un véritable paradis. Et que d’anecdotes aussi en carrière. Il nous donne le goût du grand large. Et pour revenir au surf, il nous sert à la fin du livre un glossaire du vocabulaire associé à ce sport.
Jours barbares William Finnegan. Illustré par Aj Dungo. Éditions du sous-sol 520p. 

 


 


De l’épreuve de la mort d’un enfant suicidé

Dans l’échelle des tragédies humaines, la perte d’un enfant figure parmi le palmarès de l’affliction. Que dire alors quand votre enfant s’enlève la vie et que vous nourrissez la culpabilité comme mère ou parent, de n’avoir rien vu venir. D’autant qu’il est connu que contrairement à un dépressif, le suicidaire n’annonce que rarement la couleur. A ceux et celles qui passent ou qui sont passés par cette épreuve à nulle autre pareille, voici un récit qui apportera une consolation. Il s’agit de Isabelle Laurent à qui on annoncera le suicide de son fils Yann, un des deux garçons adoptés aux Philippines. Maman tu pardonnes toujours revient sur cet événement et comment elle a cheminé depuis pour en arriver à un apaisement. Est-ce nécessaire de souligner que c’est un témoignage touchant plus que tout. Et comme la pandémie a eu pour effet corollaire de voir l’augmentation de suicides chez les adolescents, c’est un récit qui tombe à point nommé.
Maman tu pardonnes toujours Isabelle Laurent.  Novalis 217p.    www.novalis.ca

 


 


Nos James Bond canadien

L’espionnage et le contre-espionnage ne sont souvent associés qu’à de grandes nations ou encore chez les petites, du côté d’Israël. Mais c’est ignorer que le Canada ne donne pas sa place dans le domaine du renseignement. Et que nous comptons un nombre appréciables d’agents à qui on confie des missions périlleuses. C’est un domaine qui s’active forcément dans l’ombre et que par définition, quand c’est un succès, qu’on ne fête pas sur la place publique. Il n’en va pas de même de bavures. Le journaliste d’enquête Fabrice de Pierrebourg lève le voile sur ses agents d’infiltration dans Missions de l’ombre avec des histoires absolument croustillantes. Car non seulement il a des sources incroyables mais en plus il est doté d’un conteur remarquable.
Missions de l’ombre Les opérations spéciales de la GRC, du SCRS et des Forces armées. Éditions La Presse 306p.      www.editionslapresse.ca

 


 


Cloner un mammouth ?

Ils sont deux, le paléontologue Lionel Cavin et le biologiste Nadir Alvarez qui tentent de répondre à nos fantasmes génétiques, à savoir s’il est possible grâce à une quelconque ingénierie génétique, de faire revivre des espèces disparues ou maintenir celles en voie de disparition ? Cela donne un livre par conséquent fascinant Faire revivre des espèces disparues ? sur laquelle couverture de l’ouvrage figure un majestueux mammouth.  Eh bien en conclusion, ces scientifiques laissent entrevoir des possibilités, surtout avec de nouvelles connaissances récentes et l’apport des femmes dans la recherche génétique. Il est du domaine du faisable de “désextinctiver” des espèces, c’est affirmatif. Le bouquin nous invite à connaître de même l’univers de la génétique. Nous sommes dans l’infiniment petit, source même de l’existence. C’est magique.
Faire revivre des espèces disparues ? Lionel Cavin et Nadir Alvarez. Favre 198p.    www.editionsfavre.com

 


 


L’Orient en trois minutes

L’histoire des médias comporte des anecdotes savoureuses, comme cette fois où le réputé chef d’antenne du Téléjournal Bernard Derome demanda ceci à un invité “dites-nous, il reste trente secondes, qu’est-ce qu’un arabe ?”. Eh bien mieux que ça, René Guitton nous explique l’Orient en moins de temps qu’il n’en faut dans 3 minutes pour comprendre 50 moments-clés de l’histoire de l’Orient. C’est un orientaliste de passion à qui on doit chez Plon le Dictionnaire amoureux de l’Orient. L’essayiste est de même membre du groupe d’experts de l’Alliance des civilisations des Nations-Unies en matière d’Orient et de religions. C’était la personne toute trouvée pour nous offrir un livre de structure encyclopédique qui nous permet de voir en survol comment est née l’Arabie saoudite, comment a vu le jour l’État d’Israël, le massacre des Arméniens, etc. Comme ouvrage de culture générale ,ce devrait être au programme de toutes les institutions pédagogiques au lieu de former des hordes de cancres incultes. Nous avons pris beaucoup de plaisir. Et on sort de cette lecture plus intelligent qu’on y est entr, ce qui veut tout dire et qui est le qualificatif suprême.
3 minutes pour comprendre 50 moments-clés de l’histoire de l’Orient René Guitton. Éditions le courrier du livre 156p.    www.editions-tredaniel.com

 


 


De groupie à présidente du fan club de Johnny

Josette Sureau a eu ce privilège envié de tous les inconditionnels de Johnny Hallyday a avoir côtoyé intimement le grand artiste. De groupie ne ratant aucun de ses spectacles elle va finir par faire partie du cercle rapproché et présidente de son fan-club. C’est une belle histoire d’admiration que nous raconte avec tendresse Jacques Morlain époux de la regrettée Josette, car elle est décédée avant Johnny. Elle a été dans le sillon de la vedette durant un demi-siècle, ça ne s’invente pas. Elle avait en sa possession des trésors d’archives que nous partage son conjoint dans Josette et Johnny.  L’interprète d’Allumer le feu disait d’elle qu’elle était son amie de toujours. Quand il a appris sa mort, il devait aller aux obsèques le lendemain, mais l’émotion le gagnant il prit une terrible cuite, noyant ainsi sa peine.
Josette et Johnny Jacques Morlain. Guy Trédaniel éditeur 154p.   www.editions-tredaniel.com
Repères pour illustration:

 


 


Renaud a son dictionnaire

Des individus ambitionnent parfois de se retrouver dans le dictionnaire, comme une sorte de couronnement. Le chanteur-compositeur-interprète Renaud fait encore mieux car il a maintenant son propre dictionnaire! Eh oui. Et il a même son érudit en la matière Christian Eudeline qui sait tout, mais vraiment tout sur l’artiste au point de cumuler 2000 entrées dans son dictionnaire. Ce journaliste et crack du rock et de la pop a conçu ainsi un tribut à ce chanteur iconique de la chanson française. Tout y passe sur ceux et celles qui ont joué un rôle, petit et grand dans sa carrière, sur les titres des chansons. Bref, avec cet hommage on prend compte de la mesure de l’artiste. Il va faire pâlir d’envie bien d’autres vedettes. Saluons le travail de l’auteur qui a dû potasser combien d’archives pour accoucher de ce pavé.
Le dico Renaud Christian Eudeline. Hors collection 495p.     www.grund.fr

 


 


Une cadre qui se pose de sérieuses questions sur son existence

Dans les entreprises, les gens sont si formatés que c’est à se demander s’ils ont encore des sentiments. A preuve souvent leur correspondance commence invariablement par “j’espère que vous allez bien”. Mais eux, qui sont-ils, que pensent-ils ? Louise Morel s’inspire de son expérience en entreprise pour concocter une sorte de “thriller psychologique” touchant, à un univers négligé par la littérature, celui des ressources humaines. Ressource humaine raconte une jeune cadre française envoyée à Berlin (ville où vit l’auteure) avec pour mission d’harmoniser des filiales d’un grand groupe. Elle fait son travail sans états d’âme, sans joie non plus. Son voisin de palier est du genre sauté, sort en boîte et consomme des drogues. Elle se laisse entraîner. Sa vie, surtout psychologiquement bascule. Le goût de la liberté et son ivresse a un prix. Va-t-elle le payer très cher ? Voilà la trame de cet excellent roman. D’autant que l’écrivaine connaît très bien le milieu qu’elle décrit. C’est aussi une sérieuse remise en question de la place que prend le travail dans nos existences.
Ressource humaine Louise Morel. Éditions Hors d’atteinte 381p.   www.horsdatteinte.org

 


 

Trois portraits forts de femmes de la diaspora haïtienne à Miami

Emmelie Prophète porte trois casquettes: journaliste, poète et romancière. C’est une femme de lettres reconnue par la francophonie, notamment l’Acaédmie française qui a souligné son travail. C’est que cette femme d’une sensibilité exquise, sait trouver les mots pour transmettre son essage. Dans son dernier titre au beau titre Le testament des solitudes elle narre trois femmes haïtiennes, sa mère et les deux soeurs de celle-ci immigrées à Miami. L’Amérique au cas où vous ne le saviez pas, ce n’est pas la joie. Parfois on lance des cris. L’écrivaine a pris sur elle de se mettre dans leur peau, de décrire par le menu leurs états d’âme. Pas évident de quitter un pays que l’on aimait pour cause de pauvreté et de violence. Ce récit est fort va sans dire. Car tout est extrapolé dans ces chapitres. Nous parions que ce titre vaudra à sa signataire, moult récompenses.
Le testament des solitudes Emmelie Prophète. Mémoire d’encrier 127p.    www.memoiredencrier.com

 


 


Djemal ed-Din al-Afghani un des grands penseurs méconnu de l’islam

 Qu’est-ce que l’ignorance peut engendrer de préjugés. Ainsi mêle t-on islamisme et islam. La sortie de Voyages en Afghani de Guillaume Lavallée nous remet à l’esprit que lorsque l’on a la connaissance d’un fait, on en a moins peur. Un mot d’abord sur l’auteur qui, né à Québec, a derrière lui un cursus journalistique impressionnant. Actuellement il est chef de bureau de l’AFP à Jérusalem. A un moment donné de sa vie, il a reçu une bourse d’importance sur un sujet qui lui tenait à coeur, faire connaître la figure de Djemal ed-Din al-Afghani un phare de l’islamisme passé à la trappe et que même méconnaissent des musulmans. C’est un grand réformateur du Coran dont il a voulu en quelque sorte le sécularisé. Dépendant de quel camp on se trouvait à son époque soit la fin du XIXème siècle et le début du XXème on l,encensait ou on le diabolisait. Si Lavallée a pris le temps d’écrire la vie de cet homme remarquable en tout point, c’est qu’il est outré des a priori que l’occident émet à l’encontre de la civilisation musulmane. C’est une biographie de haut niveau qui passionnera ceux que la culture musulmane intéresse.
Voyages en Afghani Guillaume Lavallée. Mémoire d’encrier 220p.   www.memoiredencrier.com

 


 

Huis clos dans un Institut d’enfermement

Avec Les nocturnes l’écrivaine Tess Corsac nous plonge dans un huis-clos au sein d’un Institut où se trouve à la merci de la direction 250 jeunes gens divisés en deux nombre distincts identifiés chacun par des uniformes aux couleurs rouge ou verte. Une verte, Laura est disparue Un rouge a été le dernier à l’avoir vu. Ça s’est pour la trame de fond. Ce qui est intéressant ici, c’est l’état de subordination des captifs face aux dirigeants. C’est un roman d’anticipation, qui touchera au plus haut point ceux qui sont sensibles au thème de la liberté. Et comme on a connu pour cause de pandémie, des passages de confinement, on sera à même de comprendre ce que vivent ici les personnages. C’est un ouvrage destiné à la jeunesse mais qui au fond touche au plus grand nombre. Et puis quelle connaissance de l’âme humaine que possède la femme de lettres. Ah oui, il y aussi cette entité nommée les Nocturne qui donne son titre au livre. Ce dernier regroupement va se mettre en contact avec le rouge qui a vu Laura. Vous saurez pour quel motif.
Les Nocturnes Tess Corsac. Éditions Leha 368p.    www.editions-leha.com

 


 


Cornélius Herz l’aventurier à scandale de la IIIème République

Parmi les personnages sulfureux de la IIIème République française figure l’aventurier de la finance, le juif Cornélius Herz pionnier de ce qu’on nomme aujourd’hui le lobbying. Un entremetteur de génie, médecin et “spécialiste” de la téléphonie, grand ami d’Edison le célèbre inventeur. Il sera un acteur de premier plan dans le fameux scandale du canal de Panama. Originaire d’Allemagne, né en France, ayant vécu aux États-Unis et terminant sa vie en exil en Angleterre, il incarnera l’exemple maudit de la finance par excellence. Qui accculera son partenaire, un baron, au suicide. Mais il y avait beaucoup de zones d’ombres dans la vie de ce gars tout de même génial, ami des Clémenceau. C’est pourquoi à force de recherches en compagnie du journaliste Jérôme Marchand, Jean-Yves Mollier s’est attelé à ce qu’on pourrait qualifier de biographie définitive du personnage, avec la connaissance de nouvelles archives éclairantes et qui objective au mieux ce qu’a été Cornélius Herz. Un gros pavé sensationnel qui plaira aux amateurs de biographies hors norme et aux enthousiastes de la finance.
Cornélius Herz Jean-Yves Mollier. Éditions du félin 552p. 

 


 

Elle se rêvait en Mme Pierre Cardin

Sylvana Lorenz n’a pas de faux orgueil. En toute transparence, cette collaboratrice au niveau des expositions en art visuel de Pierre Cardin ne cache pas sa frustration de ne pas être devenue Mme Pierre Cardin. C’est ce qui ressort à pleins chapitres de Madame Cardin dont le titre est une extrapolation de ses fantasmes conjugaux. Sa fille aura plus de chance, qui sortira avec l’héritier en titre du couturier, son neveu Rodrigo. Le problème qui se posait à la dame c’est que Cardin était bisexuel du bout des lǜres, lui ayant connu que deux amours au féminin, Jeanne Moreau et la grande ballerrie Maya Plissteskaia. Mais c’était dans le but avoué d’avoir des enfants ou du moins un pour assurer sa descendance, ce qui ne put se faire. Sylvana nous décrit le tempérament très changeant du créateur, qui pouvait se montrer galant puis soudainement obséquieux, vous dire un je t’aime puis le lendemain vous faire parvenir une lettre de licenciement, pour revenir ensuite à de meilleurs sentiments. On apprendra que les trois amants de Cardin sont morts du Sida alors que lui, en a été épargné. Amateurs de potins vous êtes dans une bonbonnière.
Madame Cardin Sylvana Lorenz. L’Archipel 203p.    www.editionsarchipel.com

 





 

Le coin de la BD

Nous débutons par une manga d’Eiichiro Oda en fait le centième tome, rien de moins de la saga One piece chez l’éditeur Glénat. Le bédéiste nippon entretient une véritable proximité avec son lectorat. Entre des scènes de batailles dont notamment avec les yakuza, la célèbre et redoutable mafia japonaise, il interpelle son jeune lectorat, y allant de recommandations, entre autres sur ce qu’on trouve sur les réseaux sociaux et les quand dira-t-on.  De l’action il y en a à la tonne avec des dessins vifs, bouillonnants.
Chez Le Lombard une autre saga qui dure elle aussi depuis des lustres, dans l’univers des Vikings. C’est Thorgal de F. Vignaux et Yann. A l’origine de cette série, une expédition découvre un poupon laissé à l’abandon dans une embarcation. C’est ce bébé qui portera le nom de Thorgal. En grandissant il se souhaitait une vie tout de calme, mais le destin en aura décidé autrement. Encore une fois on le verra, s’activant à rétablir la justice. Avec cet épisode baptisé Neokora vous ne vous ennuierez pas une seconde.

Chez Dupuis cette fois place à La boîte à musique du tandem Carbone et Gijé avec une tome 5 “Les plumes d’aigles douce”. Nous sommes dans un récit du pur fantastique, avec une jeune femme qui quitte un monde, et lorsqu’elle veut retrouver le sien, elle en a perdu la clé. La seule solution pour en fabriquer une autre, est le recours à une poudre faite à partir des plumes d’un oiseau en voie d’extinction, dont l’unique chasseur capable de mettre le grappin dessus est un…non voyant. Vous voyez dans quel univers on vous plonge.

L’éditeur Dargaud nous convie au Cycle 4 tome 1 Lord Heron de cette autre épopée qui s’étire la Complainte des Landes perdues à partir d’un scénario de Jean Dufaux et un dessinateur de brio Paul Teng. C’est de la fantasy de la plus classique des manières qui nous est présentée avec à l’avant-plan le personnage de Sioban la reine des Sudenne. Il y a de l’influence celtique dans ces pages. Le scénariste qui s’est vu obsédé par cette monarque peu commune. Il va lui créer des aventures qui raviront les amateurs de ce style imparable.

La bande dessinée a toute une histoire. Et pour ceux qui en doutent voici un ouvrage du genre encyclopédique 3 minutes pour comprendre 50 moments-clés de l’histoire de la bande dessinée fruit du laborieux travail de recherche de Benoît Peeters. C’est aux éditions du Courrier du livre. Comme pour tout les autres ouvrages de cette collection enrichissante et c’est un euphémisme, vous avez là un survol de tous les acteurs de la BD de Hergé à Superman en passant par Thorgal et les Schtroumpfs. C’est éducatif en diable et l’auteur a bien répondu à la commande de vulgariser ce domaine si riche. Nous vous recommandons de le placer au-dessus de votre prochain achat de livres. Car il vous aidera à faire votre prochaine sélection d’achats de BD.
Enfin aux éditions Delcourt nous avons l’acte 1, c’est ainsi que ça se présente de Demain du trio formé de Leo, Rodolphe et Louis Alloing. Vous allez être en terrain de confidences, chers confinés que vous avez été ou êtes encore pour cause de pandémie car ici on se trouve dans un univers ruiné par les guerres et les…épidémies. La charmante Fleur déserte un lieu hostile en compagnie de son père. Ailleurs, en même temps Jo vit son rêve américain. C’est une BD à l’évidence très contemporaine, bien que son titre se réfère à un lendemain.

 


 

L’ABC de la négociation en toutes choses

Dans la vie quotidienne, tant au plan professionnel que sur un plan personnel, il nous est demandé de faire valoir nos talents de négociateurs. A la limite on pourrait dire que la négo est tout un art qui est régi par des codes. Et justement quels sont-ils ces codes pour en arriver à faire admettre son point de vue ? Il y a un guide qui fera sans doute l’affaire La négociation au quotidien écrit par un consultant Yves Halifa. Un élément qui a retenu notre attention, c’est que souvent tout tient dans la formulation. Au lieu de faire une demande de telle façon, il vaudrait mieux la traduire d’une autre manière pour obtenir plus d’impact allant dans notre sens. Ce qu’on trouve de conseils n’est pas bête et chacun puisera en fonction de sa personnalité. Et comme notamment beaucoup de travailleurs le sont à titre d’autonomes, il est d’autant plus nécessaire de posséder les clés de l’argumentaire.
La négociation au quotidien Yves Halifa. Mardaga 224p.    www.editionsmardaga.com

 


 

Le tome 2 des rapports entre Innu et l’environnement animalier

Daniel Clément, dont les curiosités scientifiques le font chevaucher entre l’anthropologie et l’ethnologie, a droit à toute notre admiration. Il faut voir la somme d’information contenue dans le tome 2 du Bestiaire Innu qui s’attache aux rapports de cette communauté autochtone connue aussi sous le nom de Montagnais avec les oiseaux, les poissons et les animaux comestibles. Il serait vain faute d’espace et d’honnêteté pour ne donner qu’un aperçu de ce qu’on y trouve, mais ce qui retient notre attention, c’est la connaissance parfaite des Innus par rapport aux animaux. Exemple, sachant que des animaux pouvaient être malades, on s’interdisait leur chasse, afin que d’une part ils puissent se rétablir, mais surtout pouvoir procréer et ainsi assurer leur survie. Il y a là un descriptif, certes “savant” mais le lecteur sera au contact d’une lecture simplifiée, à la portée du plus grand nombre. Ces pages nous font rappeler à quel point il faut respecter volatiles et mammifères et leur apport. En même temps, la démarche de l’auteur est à portée écologique.
Le bestiaire Innu 2 Daniel Clément. Les Presses de l’Université Laval 631p.  www.pulaval.com

 


 

De l’étendue de la violence sexuelle sur le Net

Faites confiance en l’homo sapiens, dès que vous lui fournissez une occasion, il sautera dessus pour exploiter son fiel sur son voisin et exprimer inconsciemment son non désir d’être venu au monde. C’est peut-être celà le péché originel si cher à l’Église catholique. Bref, quelle que soit sa nationalité, sa culture, l’individu trouvera le moyen de manger une bonne tranche de son prochain. Ainsi avec l’avènement du monde numérique voici plus d’une décennie, on assiste à des manifestations de violences sexuelles qui vont du harcèlement de base, la transmission de photos inappropriées d’organes mâles, voire de chantage en lien avec la diffusion de photos ou de visuels intimes non désirés. Il y a une association en France qui lutte contre ces tactiques malveillantes l’Association trop fisha qui publie à cet effet un manuel Combattre le cybersexisme rempli d’outils pour d’une part identifier le problème et comment y faire face. Sera t-on étonné d’apprendre que les femmes sont vingt-sept fois plus sujettes que les hommes à ces manoeuvres ? C’est un travail en collectif qui arrive au moment où ces agressions numériques explosent.
Combattre le cybersexisme Collectif. Éditions Leduc 206p.   www.editionsleduc.com

 


 

Vénus au bout du télescope

Les Caprices d’un astre de Antoine Laurain est à la fois un roman qui se double d’une métaphore. Qui raconte l’histoire d’un agent immobilier, Xavier Lemercier, qui trouve à l’occasion d’une visite d’appartement un télescope. Et avec cet instrument il ne va pas se contenter de chercher quelque astre dans le firmament. Non, c’est sa voisine d’en face qui fait l’objet de toutes ses attentions. Par ailleurs, le romancier fait une digression en narrant les tribulations d’un astronome, Guillaume Le Gentil de la Galaisière, au service de Louis XV et qui cherchera en Inde à saisir dans sa lentille le passage de Vénus devant le Soleil. On dit qu’il est mort sans avoir réussi sa mission. Sauf qu’un sage croisé sur sa route le consola en quelque sorte en lui disant qu’il trouvera l’amour. Revenons à notre Xavier qui stupéfait, verra surgir devant lui l’inconnue observée qui va lui demander de l’aider à évaluer son appartement. Et cette Vénus de chair était assortie de la présence de Cupidon qui, on le sait, fait bien les choses. Un livre qui vaut le détour pour sa tonalité d’espoir.

Les Caprices d’un astre Antoine Laurin. Flammarion 285p. 

 


 

Ce que les Templiers ont dû subir aux mains de Philippe le Bel

On ne peut pas oublier de sitôt la bande annonce de la télésérie culte des Rois maudits adaptée du livre de Maurice Druon, où on voyait un hérétique Templier brûler dans les flammes, maudissant la royauté et lui souhaitant la géhenne jusqu’à la fin des temps. C’était bien le climat qui prévalait dans la “douce” France de Philippe le Bel qui avait un contentieux avec l’Église et qui voulait s’arroger à la fois le temporel et le spirituel. Et sa cible devint les Templiers. Ces derniers dans cette vindicte, connurent une forme française d’Inquisition où on les accusa des pires vices. Ils finirent dans les flammes. Le médiéviste Christian Jaouich revient sur cette période sombre de l’obscurantisme à la fois de l’Église et de la France. Il s’attarde au contenu des interrogatoires et des accusations sous-jacentes. C’était mieux avant disiez-vous ?
L’exclusion des Templiers de l’Église et du Royaume Christian Jaouich. Presses de l’Université Laval 178p.    www.pulaval.com

 


 

Portrait de Youssouf reconnu par les trois grandes religions monothéistes

Fouard Laroui est un ingénieur de formation mais surtout doté d’une curiosité sans limite. Il en fait l’étonnante démonstration encore une fois dans Joseph/Youssouf ou la réconciliation. Ce personnage que nous connaissons dans notre Bible comme le fils de Jacob, pourtant de descendance hébraïque devint une sorte de vice-roi d’Égypte et assura la prospérité de son pays d’adoption, le sauvant de la famine entre autres faits d’armes.  Sa figure est honorée par les trois grandes religions monothéistes et le Coran lui consacre même une sourate entière, ce qui en dit long sur la place qu’il occupe. Pour en savoir davantage sur cette figure phare des Écritures, voyons ce que nous en raconte à titre de formidable conteur notre auteur. Et qui nous présente au final Joseph ou Youssouf c’est selon, sage qui a fait la démonstration de sa quête de l’harmonisation entre les hommes.
Joseph/Youssouf ou la réconciliation Fouad Laroui. Zellige 155p   www.zellige.fr

 


 

 Une histoire d’amour au féminin

Des histoires d’amour mettant en scène deux femmes, il n’y en a pas tant que ça en littérature contemporaine. Et nous sommes bien placés pour le savoir. Des études sur le lesbianisme oui, mais de simples histoires entre deux femmes qui s’aiment ça ne courre pas les rues. C’est pourquoi, pour aller à la rencontre de cette sensibilité particulière, il nous fait plaisir de vous signaler la parution  de Les nuits bleues de Anne-Fleur Multon. Deux femmes qui vont se découvrir. Il y a de superbes passages sentimentaux, voire érotiques qui ne manquent pas de sel. L’auteure a ce talent de nous montrer toute la puissance de cet amour qui n’ose dire son nom comme l’identifiait jadis un François Porché concernant les élans du coeur chez les troisième sexe. Et cet amour, vu plus largement, peut en inspirer de toutes les orientations. Car ce qui se déploie ici dans ces pages est intense et faire des petits. L’amour, nous le rappelle-t-elle à sa façon, n’est jamais un sujet démodé. On  en a tous besoin à son corps défendant.
Les nuits bleues Anne-Fleur Multon. Les éditions de l’Observatoire 204p.   www.editions-observatoire.com

 




 

Le coin santé physique et psychique

Un slogan durant la pandémie a été de prendre soin des autres. Et des personnes qui avaient jusque là, des tâches ingrates dans le système de santé, et on pense ici aux préposé(e)s aux bénéficiaires ont vu tout à coup une réévaluation à la hausse de leur travail. Nous vivons  encore à vivre les derniers soubresauts de cette Covid-19 qui avaient réellement plus de victimes corollaires que du virus elle-même. La distance permettra de mettre au jour la réalité de ce que ce fut et on ne sera pas au bout de nos surprises. Pendant ce temps des ouvrages sortent qui débutent des analyses préliminaires. Ainsi Le care au coeur de la pandémie un travail en collectif aux éditions des Presses de l’Université Laval sous la direction de Vanessa Nurock et Marie-Hélène Parizeau. Qui met en lumière la valorisation du soin et ses résultantes.
Remettre à demain, le concept si cher aux latinos fait le sujet d’une édition d’un titre qui s’y consacre Vaincre la procrastination de Shélina Rochat. Cette psychologue en orientation a établi ses 24 clés pour agir dès lors et ne plus toujours remettre aux calendes grecques. Et dieu sait si au Québec on ne donne pas sa place dans le genre. Et en plus par extension, on voit les dommages qu’occasionnent les pouvoirs publics qui remettent ad nauseam l’étude de problématiques qui revêtent pourtant une certaine urgence. Elle est partisane de pourquoi remettre à demain ce qu’on peut faire aujourd’hui. C’est aux éditions Mardaga.

Chez le même éditeur un sujet d’une triste actualité, la violence conjugale, véritable fléau en France et ailleurs. La violence conjugale, entre vécu et légitimation patriarcale du duo formé par Solveig Lelaurain et David Fonte se veut comme l’indique le sous-titre “une contribution pour une psychologie féministe”. Les auteurs s’étonnent qu’avec les avancées sociales et législatives actuelles on en soit encore à déplorer de tels drames humains qui voient la mort tragique de trop de femmes. On décortique avec brio tous les comportements hétéronormatifs qui sont peut-être à la source du problème. Car tout débute quelque part. Et à ce propos comble un vide abyssal sur les rapports hommes et femmes.

Le psychologue Jérémie Gallen est un thérapeute bien de son temps, actif sur les réseaux sociaux. Il a même sa série sur You tube “Va te faire suivre” qui a ses milliers de fidèles. Il sautille de même vers la psychanalyse. A preuve cette référence au principal outil de ce dernier qui donne son titre à son ouvrage Sur le divan de mes patients aux éditions Favre. Sa pratique lui fait rencontrer des tas de gens, venant de divers horizons, chacun avec son bagage. Dans ces pages il reprend des exemples parmi ceux-ci pour lesquels il fait la démonstration des mérites de la parole excavatrice qui va chercher au plus profond ce qui est enfoui. Nous savons, c’est ce qu’il prône, un potentiel en soi de guérison à exploiter.

Et si la sagesse, peut-être le bonheur se trouvait chez les Anciens ? C’est le pari que s’est donné Ryan Holiday et un éditeur de métier Stephen Hanselman qui font en quelque sorte un retour aux sources en puisant chez trois sages de l’antiquité, Marc-Aurèle, Sénèque et Épictète, des aphorismes qui peuvent trouver encore un écho jusqu’à présent. Un livre génial n’ayons pas peur du qualificatif, pour décrire cette démarche inusitée de gros bons sens. Car ces trois penseurs d’un monde ancien nous rappellent que si l’homme a considérablement évolué du côté des technologies, ses besoins primaires ne le distinguent qu’à peine de nos aïlleuls. Le fond de commerce de l’homo sapiens demeurent inchangé. Donc les conseils trouvés par nos auteurs ont encore une résonance bien d’actualité de nos jours. Vous serez surpris de voir comment un ancêtre peut être de bon conseil quand on se trouve dans un bouchon de circulation. C’est aux éditions Alisio.