- mai 2021 -
 
 

 


Haïku, pour saisir la lumière des choses avant qu’elle ne s’éteigne

Francine Chicoine est une propagandiste du genre littéraire du haïku. Elle organise à ce propos des ateliers. Et les novices sont souvent étonnants. Pour en avoir le coeur net, allez voir ce que leur imaginaire a pondu dans ce travail collectif  A petits pas lents. Comme on semble le comprendre, ce n’est pas la cohérence des phrases qui doit retenir l’attention, sinon des mots qui font image et dont on doit saisir la lumière avant qu’elle ne s’éteigne.

A petits pas lents Francine Chicoine. Éditions David 131p.   www.editionsdavid.com

 

 

 


Un guide de l’Oratoire Saint-Joseph

Sans l’ombre d’un doute, le Fabuleux Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal de Chantal Turbide est assuré de faire des ventes records mais en toute discrétion. Pourquoi ? Parce qu’en temps normal il passe deux millions de visiteurs chaque année dans ce sanctuaire dédié à Saint-Joseph mais pour beaucoup au Saint Frère André, ce thaumaturge à qui on doit tant de miracles. Et ce livre se retrouvera sans conteste dans la petite boutique où les visiteurs se rendent pour acheter des souvenirs pieux ou laïques. Et cette petite plaquette recevra un bon accueil. L’auteure nous amène faire un tour des lieux, du chemin de Croix au tombeau du saint frère. Et ce qui est étonnant, c’est que la renommée du Frère André est tel, qu’elle attire des gens de confessionnalités diverses qui respectent la personnalité de ce personnage hors norme, mort en 1937.  Et même des agnostiques s’en remettent à lui pour les délivrer de leurs malheurs. Un lieu proprement phénoménal.

Fabuleux Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal Chantal Turbide. Ulysse   www.guidesulysse.com

 

 

 


La douleur sourde du quotidien

Le problème avec la vie, c’est qu’on ne nous offre pas le mode d’emploi. Et on passe un temps fou à composer notre passage terrestre avec nos douleurs.  Pour son premier recueil de poésie, Michael Gouveia nous partage ses introspections dans Les exercices somnambules. Extrait “J’existe beaucoup et ce n’est pas jamais assez. La solitude est une salle d’attente inaccessible elle n’a personne pour raconter des histoires faire des signes de tête boire du café”.

Les exercices somnambules Michel Gouveia. L’Interligne 69p.    www.interligne.ca

 

 

 


Une fresque théâtrale drôle et dramatique à la fois sur les Métis

En octobre 2017 a été créée pour la première fois la pièce de théâtre Le Wild West show de Gabriel Dumont. Un travail en collectif racontant les tribulations de Gabriel Dumont résistant métis, proche de Louis Riel va sans dire, qui fuya la répression vers les États-Unis pour se faire embaucher dans la célèbre troupe du  Wild West show de Buffalo Bill. Cette pièce a pour objectif de faire connaître la saga des Métis. C’est un texte qui devait être difficile à se mettre en bouche par les comédiens car émaillé de mots autochtones provenant de diverses nations. C’est à la fois comique par moments, mais plus douloureux par d’autres. Le texte nous arrive dans les deux versions correspondant à nos deux langues officielles.

D’autre part, pour ceux qui voudraient approfondir sur cette création, on rappellera aux éditions Prise de parole également l’essai Mémoires éclatées, mémoires conciliées de Aurélie Lacassagne sur lequel nous avons consacré un compte-rendu ailleurs dans nos colonnes.

Le Wild West show Collectif Éditions Prise de parole.    www.prisedeparole.ca

 

 

 


Mourir d’aimer

Si la chanson “Mourir d’aimer” de Charles Aznavour nous poignait aux tripes, que dire du film du même nom dans lequel Annie Girardot nous arracha les larmes dans ce rôle de l’institutrice Gabrielle Russier, coupable d’avoir entrepris une liaison avec son élève, et qui devant l’opprobre, mis fin à ses jours. Comprenne qui voudra de Pascale Robert-Diard et Joseph Beauregard reviennent sur ces événements dramatiques dans la France de l’amour libre. La mort de l’institutrice avant son procès en appel, bouleversera aussi une grande partie de l’opinion publique.  Pour les fins de cet ouvrage, on a interviewé des centaines de témoins, d’anciens élèves de la regrettée enseignante. On termine ces pages en se demandant si on a réellement bien évolué concernant les rapports intimes entre profs et élèves, au moment d’une montée de la droite.

Comprenne qui voudra Pascale Robert-Diard et Joseph Beauregard. L’Iconoclaste/ Le Monde.

 

 

 


Livraison Uber, vue de l’intérieur

La livraison par Uber et autres entreprises a opéré une transformation radicale de notre façon de se procurer des biens. Mais comment, dans le cas de Uber, cela fonctionne t’il ? Brigitte Pellerin en sait quelque chose puisqu’elle a travaillé pour l’organisation durant une année. Elle gérait une boîte de communication avec son époux et père de ses enfants. Puis à un moment donné le couple éclata. Et puis comme dans la fable, adieu veaux, vaches, cochons, poulets. Que faire désormais pour gagner son croûton ? C’est ainsi qu’elle aboutira derrière un volant Uber. La fille nous livre le récit de son quotidien. Ce que vous ne savez jamais de celui ou celle qui vous livre. Elle travaillait dans le secteur d’Ottawa. Avec énormément d’humour et de réalisme elle peint ce milieu de la livraison et à quoi s’exposent les livreurs. Alors si vous avez en perspective ce genre de boulot, on vous recommande cette lecture. Et à ceux qui se font livrer par ce mode, d’avoir plus d’empathie pour les livreurs.

Le livre Uber Brigitte Pellerin. L’Interligne 194p.     www.interligne.ca

 

 

 


Engagements de femmes

Incroyable qu’au Québec, que l’on se mette à parler de racisme. Jusqu’ici on croyait que notre Belle Province était un havre du vivre ensemble. Pas tant que ça, quand on parcourt Empreintes de résistance de Alexandra Pierre, une militante qui bosse dans le milieu communautaire depuis nombre d’années. Elle cède la parole à neuf femmes engagées issues de divers milieux, autochtones, noires, ou provenant d’autres communautés culturelles. Il est plus question de xénophobie que de racisme comme on le connaît au sud de notre frontière chez nos voisins américains. Mais reste que l’étranger dérange. Par exemple, ce qu’a vécu Naïma Hamrouni, professeure de littérature à l’Université du Québec à Trois-Rivières, qui a vécu son enfance non loin de la capitale de la Mauricie. Et qui s’est fait pointée du doigt, parce qu’elle ne présentait pas le faciès d’une québécoise blanche de souche.  En terminant cette lecture édifiante, on se dit qu’il y a encore du travail à faire pour accepter pleinement l’autre dans sa différence culturelle. Pour les lecteurs qui voudraient approfondir le sujet, l’auteure nous offre une bibliographie exhaustive .

Empreintes de résistance Alexandra Pierre. Les éditions du remue-ménage 323p.   www.editions-rm.ca

 

 

 


Un exilé français s’extasie sur les trésors immatériels de la France

Frédéric Hermel, en raison de ses fonctions de journaliste correspondant, s’est exilé en Espagne depuis trente ans. Mais il a le coq gaulois tatoué sur le coeur. Et question de rendre hommage à ce qui fait le charme de l’Hexagone,  le Tour de France, la pétanque, une rillette etc. Il faut lire son chapitre sur la crêpe, dont la seule évocation réveille des désirs sucrés.  On parle de trésors immatériels, façon de se distinguer des sélections de l’Unesco sur les trésors matériels. Une crêpe c’est on ne peut plus matériel mais ce n’est pas une pyramide d’Égypte. Mais écartons nous de ces distinguos, pour saluer ce beau geste d’amour dans C’est ça la France!  Un rappel de ce qui caractérise cette nation décidément à rebours des autres. Il nous donne le goût de prendre l’avion un billet aller seulement…

C’est ça la France Frédéric Hermel. Flammarion 182p.

 

 

 


Les extraordinaires aventures du petit consul Timescu

D’habitude, les romanciers donnent naissance à un limier fétiche et entreprennent ainsi une série de polars. Jean-Christophe Rufin puise dans son expérience de diplomate pour laisser libre cours à son imagination à travers son personnage du petit consul Aurel Timescu. Déjà trois autres ouvrages lui ont été consacrés. En voici un quatrième, La princesse au petit moi, où notre “héros” va se retrouver dans la minuscule Principauté de Starkenbach située dans les Alpes. C’est une mystérieuse blonde, conseillère à l’ambassade de cette région qui va lui transmettre une invitation pour un séjour. Et vous allez voir que ça sera tout, sauf banal. Pourrait-il en être autrement avec Rufin qui se lâche totalement. On s’amuse énormément de ses découvertes, souvent amorales. En même temps, l’écrivain nous sert les aléas de la “carrière,” comme on nomme la vie des représentants du Quai d’Orsay.

La princesse au petit moi Jean-Christophe Rufin. Flammarion 380p.  

 

 

 


Il y a trente ans disparaissait Gainsbourg

La commémoration du trentième anniversaire de la disparition de Serge Gainsbourg a donné lieu à divers événements et publications. S’il fallait retenir une biographie succincte, c’est celle que lui consacre  Bernard Pascuito dans La dernière vie de Serge Gainsbourg. Le titre est trompeur qui laisserait entendre qu’il s’attache au volet Gainsbarre de son existence avec cette lente dérive qui désarçonnait tous ses proches à commencer par sa fille Charlotte. Ça oui il en question mais dans le cadre d’une véritable biographie complète, ce qui est le cas ici, du jeune Lulu aux derniers moments. L’auteur nous avait donné une excellente bio de Romy Schneider. Il a gardé la même qualité de recherche pour accoucher de cette vie hors norme. On vérifie comment Gainsbourg a traîné son boulet de vie malgré la reconnaissance dont il était l’objet de son vivant. Il est la parfaite illustration qu’on traîne son enfance.

La dernière vie de Serge Gainbourg Bernard Pascuito. Éditions du Cherche midi 291p.     www.cherche-midi.com

 

 

 


Entre l’imam et le fonctionnaire français

Pour évoquer la crise identitaire qu’éprouve un musulman émigré en France il y a plusieurs angles possibles. Karim Guellaty qui est juriste, a choisi la voie du roman qui permet de simplifier la compréhension des enjeux qui peuvent se présenter à un migrant débarquant en France dans l’espoir de lendemains qui chantent. Son personnage se prénomme Abdallah. C’est un informaticien tunisien qui arrive dans l’Hexagone avec femme et deux filles. Il sait qu’il y a pénurie d’informaticiens dans l’Hexagone, donc tout devrait lui sourire. Mais Heureux comme Addallah en France le montre écartelé entre un imam d’allégeance radicale et un fonctionnaire français qui le “torture” de questions sur le fait d’être musulman comme si c’était un travers. Ça vient compliquer les choses dans un pays dit républicain et “ouvert” au monde. On ne peut que remercier l’auteur d’avoir été en mesure de prendre la peau de son protagoniste et de nous faire partager son vécu. Cela vaut bien des traités sur l’immigration en France. C’est la Douce France mais avec des aspérités.

Heureux comme Abdallah en France Karim Guellaty. Encre de nuit 285p. 

 

 

 


500 ans de l’histoire d’une rue parisienne

C’est une rue de Paris Rive gauche, la rue Férou pour perpétuer la figure d’Étienne Férou,  procureur au Parlement de Paris au temps de François 1er. La psychanalyste  Lydia Flem s’est toujours demandé qui a pu habiter dans ce qui est un petit bout de ruelle depuis tout ce temps. A Paris on marche toujours sur l’Histoire. Eh bien cette petite rue a aussi son histoire à elle. Et assez riche pour combler plus de cinq cent pages avec en complément une chronologie de ce qui s’est passé. C’est là où, notamment, on trouva un des premiers cafés de la capitale. Elle passe en revue chaque numéro civique. On est abasourdi par la somme de recherches qu’il a fallu faire pour ses réminiscences étalées sur cinq siècles. Laissez vous entraîner par ce guide d’exception. Si jamais vous passez par là, vous ne verrez plus la rue Férou de la même manière.

Paris fantasme Lydia Flem. Seuil coll. La librairie du XXIème siècle 511p.   www.seuil.com

 

 

 


Nos gouvernements sous l’emprise du marketing 

Nous connaissions déjà les manoeuvres des lobbies qui tentent de faire appliquer ou inverser des politiques gouvernementales, en somme au service de grands groupes d’intérêts capables de se payer les services de ces cabinets. Mais là, en plus, comme si ce n’était pas assez, nos dirigeants politiques tendent l’oreille auprès des “nudge units” des escouades de marketing qui veulent dicter leur conduite. Un phénomène né à la fin des années 2000 aux États-Unis comme de raison. Il y a de fortes chances que toutes les mesures de confinement sanitaires ou de distanciation, port du masque et tralalère proviennent de suggestions de ces boîtes de marketing. Si le phénomène du nudge vous est étranger, allez lire ce qu’en dit Audrey Chabal journaliste économique dans son essai rien de moins que stupéfiant Souriez vous êtes nudgés. On sort dégoûté  de voir à quel point nos politiques sont incapables de prendre des décisions éclairées par eux-mêmes. C’est une lecture nécessaire et inquiétante.

Souriez vous êtes nudgés Audrey Chabal. Éditions du Faubourg 204p.    www.editionsdufaubourg.fr

 

 

 


La Basilique Notre-Dame de Paris en dix épisodes clés

L’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris nous a bouleversé à plus d’un titre, car un de nos coéditeur a été dans une autre vie, le premier à avoir invité l’organiste titulaire de ce temple de légende, Olivier Latry au Québec et en même temps en Amérique du Nord avec lequel il a gardé d’excellents liens. Vous dire à quel point il a été remué par ce sinistre sans précédent. Mais pourquoi ce drame nous a-t-il touchés à ce point ? C’est essentiellement pour toute l’histoire qu’elle recèle. Et comme la mémoire est une faculté qui oublie, la journaliste Agnès C. Poirier nous invite à un survol des grands faits qui ont jalonné sa fabuleuse destinée. Un millénaire en dix épisodes, ça relève de l’exploit. C’est en plus une excellente conteuse. On prend la mesure de l’importance qu’a joué et que je joue en encore ce monument sacré entre tous.

Notre-Dame Agnès C. Poirier. Flammarion 252p.   

 

 

 


L’écartèlement de la femme au XXIème siècle

Décidément à croire que le sort de la femme est scellée à jamais. Si autrefois on lui refusait tout et qu’elle se devait d’être dans l’ombre de son mari, aujourd’hui, alors que toutes les possibilités lui sont offertes, notamment au plan professionnel, voilà qu’elle est confrontée à de nouvelles contraintes, la conciliation travail-famille. En plus, que même en notre ère de liberté, pèse sur elle de nouvelles attentes. Ce préambule pour introduire un magnifique et premier roman de  Jessica Knossow qui est à la ville médecin et qui a fait son personnage central une femme médecin également. Ophélie, c’est son nom, correspond en tout point aux canons de la réussite, mais elle peine à se retrouver, tellement elle a répondu aux desiderata d’une société tellement formatée. Beaucoup de femmes se sentiront interpellées par cette histoire qui tient presque du documentaire.

La jongleuse Jessica Knossow. Denoël 121p.      www.denoel.fr

 

 

 


Soliloques d’un gentleman farmer

A l’annonce du décès de l’anthropologue Serge Bouchard, on se mettait à regretter qu’il n’y en ait plus de gens comme lui, curieux de tout. Pas tout à fait, le Québec en compte encore comme le géographe Normand Cazelais ou encore notre sujet du moment ce touche à tout Marc Séguin ce peintre en renom qui est aussi homme de lettres, cinéaste, gentleman farmer et chroniqueur. En effet dans la Presse il a chroniqué sur toutes sortes de choses, et de 2016 à 2020, au lendemain du début du confinement. C’est un humaniste les pieds bien campés sur sa terre. On le voit sur la couverture d’Affaires de terre et patentes d’artiste tel un farmer de l’Ouest américain en compagnie d’un sympathique canidé. Dans cette petite plaquette il a colligé trente-sept chroniques qui traitent de tout, des produits qu’on ajoute dans les fosses sceptiques pour éradiquer les bactéries, le lobby du lait, sa détestation des réseaux sociaux, etc. Pas mal de choses y passent dans ces chapitres concis et punchés comme dirait Lamartine. Voilà un homme droit dans ses bottes qui a sa totale liberté d’expression. Ça fait plaisir à lire dans un monde si formaté.

Affaires de terre et patentes d’artiste Marc Séguin. Leméac 137p. 

 

 

 


Une résidence haut de gamme londonienne aux lourds secrets

En immobilier, au Québec du moins, un courtier est tenu de révéler dans sa proposition de vente que la résidence qu’il propose a été la scène d’un acte criminel, meurtre, trafic de drogue voire même suicide. Ah ce qu’Alice aurait aimé une telle déclaration. Sans doute elle n’aurait jamais aménagé avec son Leo dans cette résidence haut de gamme londonienne nommée le Cercle Finsbury. C’est que la précédente occupante de l’appartement qu’ils ont acquis a été assassinée. En plus qu’il faut composer avec toute une galerie de voisins. L’immeuble est un tas de petits secrets en lui-même. Le cercle de Finsbury de B.A. Paris a toute la couleur des intrigues anglaises. On se croirait dans un épisode de la série culte Le Saint avec son personnage vedette Simon Templar, incarné par le regretté Roger Moore. C’est un roman beau comme la bruine qui tombe souvent sur la capitale.

Le cercle de Finsbury B.A. Paris. Hugo Thriller 412p.      www.hugoetcie.fr

 

 

 


Une châtelaine nous parle de son château hanté

Véronique Geffroy a de quoi intéresser pas mal d’interlocuteurs. C’est qu’elle est propriétaire d’un château hanté, celui de Fougeret, même le plus hanté de France raconte-t-on. Les invisibles de Fougeret est le récit d’étranges présences qui vous font frissonner les visiteurs qui s’y hasardent. Quand elle en a fait l’acquisition avec sa famille, elle était loin de se douter de ce qui l’attendait. Amateurs d’ésotérisme et de parapsychologie c’est tout un buffet qui vous attend à travers cette lecture palpitante. Et qui nous fait rappeler que nous sommes des nains devant l’étrangeté de l’existence. Que la vie après la vie existe sans doute. Bref, il y a dans ce livre de quoi bouleverser bien des a priori concernant le monde des esprits.

Les invisibles de Fougeret Véronique Geffroy. Michel Lafon 347p.   
www.michel-lafon.com

 

 

 

 


Toute la situation des migrants raconté dans le menu détail

Les actualités télé nous offrent souvent des reportages sur la situation des migrants en Méditerranée. On est si habitué à regarder ces images de gens dans des embarcations de fortune qu’il s’est développé comme une sorte de banalisation. Encore qu’on ne serait pas étonné que pendant leur diffusion, certains ne se concentrent surtout sur leur smartphone dans l’attente DU texto. Roberto Saviano vient secouer nos têtes de coco avec un livre bouleversant En mer, pas de taxis où il nous fait partager ce que vivent ceux qui, au péril de leur vie, franchissent les flots en direction de terres promises. Leur randonnée est rien de moins qu’effroyable. Une photo prise au niveau des gens nous montre ce que voient ces infortunés, que des houles de vagues menaçants sans rivages à l’horizon. Il rapporte que pour se maintenir à flots, certains ont dû s’agripper aux dépouilles de cadavres. En fin d’ouvrage un petit questions-réponses sur nos préjugés les entourant genre “ils ne sont pas si pauvres car ils ont des cellulaires” L’auteur déboulonne nos pensées toutes faites. Quand vous serez rendu au dernier chapitre, dernière ligne, vous ne verrez plus les migrants de la même façon.

En mer, pas de taxis Roberto Saviano. Gallimard 174p.   

 

 

 

 


Pour ceux que Facebook représente une chinoiserie

Carolyn Abram a su véritablement s’y prendre pour vulgariser le célébrissime réseau social Facebook. A preuve, son Facebook pour les nuls en est à sa quatrième réédition. Elle est bien placée pour connaître tout de cette plateforme car elle est cheffe de projet chez Facebook même. Et s’il y en a qui doute que des gens ignorent encore tout de son utilisation, pas besoin d’aller chercher très loin, un des nôtres à la rédaction, hostile au monde numérique s’est même inscrit sous un nom d’emprunt, afin d’entrer en relation avec de vieux contacts, qui autrement seraient introuvables. L’auteure s’étend à l’infini sur toutes les utilisations qui peuvent être faites, tant au plan ludique que professionnel. De nombreuses illustrations viennent appuyer les modes d’emploi.

Facebook pour les nuls Carolyn Abram. First 303p.   www.pourlesnuls.fr

 

 

 


De l’aliénation de la culture occidentale

A voir le monde évoluer on a tout lieu de désespérer de la nature humaine. Il est vrai que le bilan de l’homo sapiens est affligeant. Mais doit-on pour autant se montrer pessimiste  à perpète. Pas tant que ça si on se fie à la philosophie qu’entretient Marine Simon qui est une coach en gouvernance et qui a piloté un collectif ayant pour titre Tout tourne rond sur cette Terre, nous sommes les seuls à l’ignorer. Un titre bien provocateur pour inciter à la curiosité d’ouvrir ces pages. En somme, il est déclaré que la racine de nos crises actuelles a un fondement culturel. Une culture qui serait incapable de soutenir la vie. Certes, mais alors que doit-on changer en soi pour amener cette transformation nécessaire à notre survie de l’espèce humaine et plus globalement de la biosphère ? C’est de ceci que les auteurs nous entretiennent avec des propositions respectueuses de l’environnement.

Tout tourne rond sur cette Terre, nous sommes les seuls à l’ignorer Collectif sous la direction de Marine Simon. Éditions Yves Michel 462p.     www.yvesmichel.org

 

 

 


Les interprétations dans la littérature érotique

L’essai paraît dans la collection de poche “A propos” aux éditions des Presses de l’Université Laval mais est d’une rare densité concernant son propos. Il est question de Oeuvres de chair de Gaëtan Brulotte.  Un ouvrage de si grande référence sur la littérature érotique, genre négligée, qu’il fait l’objet d’études diverses. L’auteur décline tous les thèmes que suggère la chose. Tel que la signification du bain comme rituel de purification des corps. Et d’entrée de jeu, Brulotte démontre bien que de tous les temps, la sexualité a posé problème. Un large passable est bien sûr consacré au divin Marquis de Sade dont l’oeuvre ne pouvait échapper aux radars de l’essayiste.

Oeuvres de chair Gaëtan Brulotte. Coll. A propos Presses de l’Université Laval 860p.   www.pulaval.com

 

 

 


A la connaissance de la biosphère marine de la Méditerranée et de l’Atlantique

Dans sa collection “Le guide nature” les éditions Salamandre, chantre des trésors de la biosphère, publie un nouvel opus consacré À la mer un travail en collectif, qui est une sorte d’encyclopédie de toutes les richesses que l’on peut trouver sur nos littoraux de la Méditerranée et de l’Atlantique. Et que de choses à apprendre. Si on vous dit “Pastelague violette” vous allez peut-être penser à une fleur. Eh bien vous avez tout faux, c’est une raie. Le serran-chèvre est un poisson, le chevalier sylvain un oiseau au long bec et haut sur pattes. Bref, de quoi mesurer aisément son niveau d’ignorance. On a de quoi faire du rattrapage et apprécier ainsi la diversité. De belles illustrations viennent soutenir les vignettes instructives au possible. Un bouquin qui renforce l’idée que l’on doit préserver à tout prix ce patrimoine menacé.

Le guide nature A la mer Collectif. Éditions Salamandre 135p.     www.salamandre.org

 

 

 


Les nazis et l’obsession alimentaire

Il s’est écrit des milliers d’ouvrages touchant au nazisme, un régime abordé sous tous les aspects. Mais on ne s’attendait pas à une étude aussi exhaustive que celle effectuée par l’historien Tristan Landry, professeur d’histoire de l’Europe contemporaine à l’Université de Sherbrooke qui s’est attachée à décrire le rapport des allemands à la nourriture et particulièrement sous la dictature d’Hitler.  Une histoire culturelle de l’alimentation sous le IIIe Reich est un traité de pure érudition qui nous rappelle à quel point les allemands au XXème siècle ont eu un rapport douloureux avec l’alimentation. Que durant la Première Guerre mondiale il y eut des morts dû à la famine, qui laissa un grand traumatisme dans la population. C’est pourquoi Hitler avait pris l’engagement qu’une fois au pouvoir, son peuple ne serait plus dans l’obligation de revivre ce cauchemar. Et pourtant...La Seconde Guerre a plongé les allemands dans les rationnements, des problèmes de nutrition alarmants du fait de l’absence de variétés dans l’assiette. Et que dire des millions de réfugiés allemands, qui, à la fin du conflit en 1945, en provenance des pays de l’Est conquis, sont revenus en Allemagne même, aggravant la problématique d’alimenter tout ce monde. C’est une facette de la gouvernance nazie qui a été reléguée dans l’ombre et que se fait fort de souligner l’historien.  En général les tyrans promettent à leur population du pain et des jeux. Les allemands ont bien eu leurs Jeux olympiques en 1936 mais pour le pain ça été toute une histoire que décrit avec brio Landry qui s’est appuyé sur une bibliographie fouillée au possible que l’on retrouve en fin de livre.

Une histoire culturelle de l’alimentation sous le IIIe Reich Tristan Landry. Presses de l’Université Laval 555p.     www.pulaval.com

 

 

 


Un curé athée!

Marcel Sylvestre a enseigné la philosophie au niveau collégial et a persisté dans sa démarche, à savoir que l’on pouvait vivre et penser en dehors des religions. Il a trouvé chaussure à son pied en la personne du curé Jean Meslier mort en 1729, petit pasteur d’une cure des Ardennes et qui gêna passablement ses contemporains dont son évêque en raison de ses libres propos. Il laissera un testament posthume que Voltaire fera connaître dans les cercles des Lumières. Songez que le curé se montrait athée, proclamant que les religions étaient une invention de l’homme et en somme l’Église catholique une imposture! Il est un précurseur du communisme, voulant l’égalité entre les hommes en pleine période monarchique. Le prof Sylvestre nous invite à faire sa connaissance dans Jean Meslier et l’imposture spirituelle une plaquette qui ne peut vous laisser indifférent, d’autant qu’un prêtre anticlérical ça ne se voit pas souvent.

Jean Meslier et l’imposture spirituelle Marcel Sylvestre. Les Presses de l’Université Laval 102p.    www.pulaval.com

 

 



 


Le coin de la BD

On peut dire que le scénariste Roberto Recchioni est dans l’air du temps avec sa BD portant sur une histoire de virus. En effet, détective du paranormal, Dylan Dog, il sera pour sa première affaire, confronté à l’époux de Mme Browning, qui est mort à la suite d’un virus et qui...reviendra à la vie. Comme sujet intriguant on ne peut faire mieux.  Voilà la trame de fond de L’aube noire, premier de deux tomes chez Mosquito. Le sujet est on ne peut plus opportun et en captivera plus d’un. Ce personnage de Monsieur Dog est promis à un bel avenir. Attendez-vous à une saga qui va s’étirer longuement dans le temps.

Puis chez Dupuis c’est, du tandem Van Hamme et Berthet La fortune des Winczlav”. Vous allez vivre l’infortune du protagoniste, Vanko Winczlav, médecin au Monténégro. Nous sommes en 1848. Ça chauffe politiquement dans les Balkans et le doc prend parti des insurgés contre le pouvoir tyrannique en place. Il n’a d’autre choix que de s’exiler vers le Nouveau Monde. S’il fuit un monde noir, vous verrez qu’il est l’incarnation vivante de l’adage qui veut qu’un malheur n’arrive jamais seul. Quelle misère qui s’abat sur ce jeune homme. Friand d’aventures, vous êtes servi dans ces pages. Une histoire dynamique en diable.

 

 

 


Des illustrateurs fous de gros minets

Il est incontestable que le chat est une merveille côté design. C’est la beauté faite féline. Et on comprend qu’on les photographie ou peint sans cesse. Aux éditions Marchand de feuilles on a eu l’idée de demander à 30 illustrateurs, hommes et femmes, de reproduire leur chat préféré et d’en raconter la petite histoire. Et cette plaquette très colorée va sans dire, a pour titre Chat chat chat. Un bel hommage à cet animal racé et d’une intelligence qui surpassera bientôt l’homo sapiens trop scotché à son monde numérique et devenu zombie.

Chat chat chat Collectif. Marchand de feuilles 90p. 

 

 


Sortie du deuxième tome d’Héloïse

Voici la parution du tome II de la vie d’Héloïse racontée par sa petite nièce Solange Casiez. Cette grande-tante est une ressortissante française, issue de la petite bourgeoisie textile du nord de la France, plus précisément Tourcoing. Dans le premier tome qui allait de 1900 à 1935 on voyait grandir cette adolescente, admiratrice d’un de ses frères, mort trop jeune. Ensuite elle aura des désirs d’affranchissement de ce milieu trop sclérosé. Elle décide dans un premier temps de venir s’établir dans le Nouveau Monde, New York d’abord puis le Québec où elle sera au coeur de la mouvance qui précédera l’avènement de la Révolution tranquille. Étrangement la parente éloignée a fait la même démarche de quitter la France pour venir poser ses valises dans la Belle Province. Elle a ainsi mieux compris ce qui pouvait se passer dans la tête de son aïeule qui a connu les affres des deux guerres mondiales. Un très beau portrait de femme.

Héloïse de ses propres ailes Tome 2 1935-1945 Solange Casiez. Éditions Pierre Tisseyre 228p.   

 

 

 


Deux guides en or sur les traces de Napoléon

Ce qui nous a poussé à faire la demande à recevoir cet album Laissez-vous guider sur les pas de Napoléon c’est qu’au départ, un de nos co-éditeurs était auparavant très indifférent à la figure de Napoléon, dont on commémore cette année le deux centième anniversaire de sa mort. Jusqu’à ce qu’il regarde ce numéro spécial de Secrets d’Histoire animé par Stéphane Bern centré sur les dernières années de l’Empereur captif dans l’île de Sainte-Hélène aux mains des anglais. Et qui montrait une force de caractère du personnage hors du commun. Quand il a su que ce même Bern en compagnie de Lorànt Deutsch deux vulgarisateurs fantastiques avaient pondu un guide sur les pas de Napoléon on s’est montré très curieux. Et notre attente ne nous a pas déçus. D’abord la présentation graphique, attrayante au possible. Et quelle mine de renseignements.  Un exemple entre autres touchant à la conquête de l’Égypte. On apprend qu’il se pratiquait, tenez-vous bien, un trafic de ...poudre momie dont on croyait que c’était un ingrédient de guérison pour certains maux! On n’a lésiné sur rien pour rendre cette histoire napoléonienne vivante au possible. C’est une des belles surprises littéraires en marge de ces célébrations du culte de l’Empereur.

Laissez-vous guider sur les pas de Napoléon Stéphane Bern et Lorànt Deutsch. Michel Lafon 207p.    www.michel-lafon.com

 

 

 


La vie est aussi un fil coloré

L’identité culturelle passe également par les choix de vêtements.  Et on en a une preuve par l’image, des images devrait-on dire avec la parution de cet album Carnet d’inspirations textiles sur une idée de Catherine Legrand. Un beau livre qui est un tour du monde textile. D’un côté vous avez un citoyen du monde vêtu selon son ethnie et à droite un gros plan sur le tissu pour en apprécier visuellement la texture, les coloris. C’est un formidable document pour les couturiers et les designers en panne d’inspiration. Les photos sont proprement remarquables.

Carnet d’inspirations textiles Catherine Legrand. Éditions de La Martinière  www.editionsdelamartiniere.com

 

 

 


Je m’voyais déjà

En fermant la dernière page de Haute démolition de Jean-Philippe Baril Guérard qui narre les tribulations d’un jeune humoriste prénommé Ralph, on pense à cette chanson d’Aznavour où le gars se voit déjà en haut de l’affiche. Et aussi à cette réflexion de l’Abbé Pierre qui affirmait qu’il n’y avait rien de pire à souhaiter à quelqu’un que de devenir célèbre. Ralph a des ambitions plus modérées certes, mais l’auteur nous fait voir ses attentes. En même temps c’est quasi un documentaire sur ce qu’est être un humoriste en 2021. Comment vit-on ses amours ? La tonalité présente des rapports gars et filles à l’ère MeToo. C’est bien décrit. Nous recommandons fortement ce roman à ceux qui veulent mettre leurs pas dans ceux du protagoniste, voici ce qui vous attend. Et aussi pour les fans d’humour pour qui on lǜe le voile.

Haute démolition Jean-Philippe Baril Guérard. Les éditions de ta mère 353p.   www.tamere.org

 

 

 


Il était une fois une jeune grecque et Billy Wilder

Jonathan Coe a dû prendre beaucoup de plaisir à la rédaction de Billy Wilder et moi qui met en scène une jeune grecque Calista qui débarque à Los Angeles et qui va se retrouver à la table de Billy Wilder dont elle ne connaît ni rien ni d’Adam. Nous sommes en 1977. Et l’année suivante le cinéaste iconique se retrouvera en Grèce pour tourner son avant-dernier film, Fedora, dont la distribution comprendra Marthe Keller dans le rôle d’une star déchue réfugiée en pays hellène et William Holden. La jeune fille sera témoin de ce tournage. Et au passage c’est curieux comment Wilder s’intéressait au crépuscule des acteurs. Souvenons de son chef-d’oeuvre, Sunset boulevard avec Gloria Swanson jouant son propre rôle de star finie. Wilder est un homme usé, un peu mis sur la touche par les studios, et qui ne s’est pas départi toutefois d’un certain charisme. C’est tout un climat que nous propose Coe à travers les yeux de Calista. Que du plaisir.

Billy Wilder Jonathan Coe. Gallimard 296p.     

 

 

 


Bonnie et Clyde devenus Eva et Claude

Il faut vraiment un esprit débridé comme celui de Nicolas de Crécy pour imaginer une trame semblable à celle des Vieux criminels. C’est qu’il a imaginé que le traquenard dans lequel l’histoire officielle nous apprend que le FBI a canardé le célèbre duo de tueurs américains n’aurait été qu’une mise en scène, que, en réalité, ils auraient pris la poudre d’escampette pour se réfugier dans un bled reculé...de la campagne cévenole. Ils sont complètement décatis ces deux-là. Lui en chaise roulante et elle promenant ses restes. Ils ont bien tenté de faire des mauvais coups, mais ils ont plutôt fait faillite. Et là arrive Giscard d’Estaing qui prend le pouvoir. Et vous vous souvenez que le président français aimait bien être au contact de la France profonde. Vous nous voyez venir ? Attendez-vous à rire. On voit déjà le film qui pourrait en résulter.  Cette lecture nous fait un bien énorme. Le sujet en soi est déjà énorme, le rire qui vient avec aussi. Par les temps qui courent un roman fou comme celui-là est le meilleur tonique qui soit.

Vieux criminels Nicolas de Crécy. Gallimard 327p.   

 

 

 


HUn traumatisme crânien troublant

La maltraitance de l’enfant est un sujet curieusement peu exploité en littérature. Et pourtant qu’est-ce que ça implique d’enfants de par le monde ? Sarah Vaughan dans Autopsie d’un drame fait peser des soupçons chez une mère pourtant attentionnée, dont une fille âgée de dix mois se retrouve aux urgences pédiatriques pour cause de traumatisme crânien. Et c’est sa grande amie qui tient le bébé dans ses bras inquiète de ce qui est arrivé. Comment cela a-t-il pu se produire ? Serait-ce la mère qui cache une double personnalité ? C’est à  un thriller médical que nous sommes conviés. Et la romancière tire bien les ficelles pour capter notre intérêt jusqu’à la fin.

Autopsie d’un drame Sarah Vaughan. Préludes 443p.  

 

 

 


Un tueur en série immoleur

Les tueurs en série c’est bien connu ont l’habitude de “signer” leurs crimes par une manie qui vont les distinguer d’un autre assassin. En France, dans la commune de Gévaugnac, s’en trouve un qui opère d’une horrible façon, il immole ses victimes sur un bûcher. C’est le cas d’une de ses dernières proies retrouvée de la sorte. Une membre de la police judiciaire de Toulouse, Julie Fraysse sera mandatée pour élucider cette affaire. Elle a souvenance d’un collègue qui a mené des enquêtes sur cette saga meurtrière sordide. Le problème qui joue contre lui, c’est qu’il est interné en hôpital psychiatrique pour une question d’hallucinations. Il prendrait ses désirs pour des réalités. Difficile d’assurer une crédibilité dans ces conditions. Malgré tout, les deux vont cheminer ensemble. À vif de René Manzor renouvelle le genre. Il est question aussi de squelettes dans le placard au sein de ce village. Bref, vous ne vous ennuierez pas une seconde.

À vif René Manzo. Calmann-Lévy noir 411p.    www.calmann-levy.fr

 

 

 


Le Brassens de Maxime Le Forestier

2021 marque le centième anniversaire de l’illustre sétois Georges Brassens. Commémoration qui a donné lieu à diverses manifestations de rappel sur l’existence de libre-penseur qu’il était. Chacun a son Brassens. L’auteur-compositeur-interprète Maxime Le Forestier a eu le privilège d’être du cercle rapproché de l’artiste. Brassens a été son mentor. Il ne dispensait aucune leçon, se limitant à ce qu’on le regarde vivre. Le Forestier qui a repris au disque toute l’intégralité de ses chansons a également hérité de textes inédits. Il raconte Brassens à travers sa lorgnette admirative. On voit bien, que contrairement à la légende, l’auteur du “Gorille”, n’était pas un ours, sauf qu’on ne pouvait pas l’entraîner là où il ne voulait pas aller. Le Forestier revient sur son rapport avec ce géant de la chanson française. Il nous donne le goût d’aller le réentendre.

Brassens et moi Maxime Le Forestier. Stock 152p.

 

 

 


Les chinois qui convoitent les sous-sols de l’Arctique canadien

Le Canada, c’est un fait, dispose dans l’archipel Arctique,  d’un riche gisement de ce qu’on appelle les terres rares qui entrent dans la composition de matériel électronique.  A partir de cette réalité géologique, André Ford a trouvé ce qu’il lui fallait de matériaux pour pondre son premier roman d’aventure Terbium. Qui met en conflit la Chine qui se fait intrusive et la riposte canadienne. Comme noviciat en littérature et dans le genre du thriller, c’est assez bien réussi, l’écrivain réussissant à incorporer des traits de vie privé pour pimenter son histoire. Et comme pour n’importe quoi dans la production artistique et littéraire, ce qui compte c’est justement de tenir une bonne histoire et c’est ici le cas. Parti comme c’est là, le sieur Ford devrait nous gratifier d’un tome 2, car il n’y a pas que les chinois qui ont des visées sur nos richesses, les russes aussi.

Terbium André Ford. Les éditions de l’Apothéose 356p.    www.leseditionsdelapotheose.com

 

 



 


Le coin santé physique et psychique

Nisargadatta Maharaj(1897-1981) fait partie de la cohorte de ces grands sages indiens pour qui l’essentiel en ce bas monde, tient à peu de choses sinon que d’être vrai. Et il n’en dit pas moins dans ce livre aux éditions Accarias L’expérience du rien. C’est un livre entretien comme on en connaît dans cette collection du catalogue de ces rencontres inspirantes chez cette maison d’édition. En résumé son propos nous communique que tout dans nos rapports sont faussés pour la raison que nous avons été tous formatés pour répondre à des codes sociaux. Et qui nous empêchent d’être nous-mêmes. En quatrième de couverture on cite un extrait éloquent à cet égard quand le maître déclare « Ce qui vous lie, c’est de vous prendre pour ce que vous n’êtes pas ». On le voit, il s’en prend directement à l’ego des êtres. C’est un message limpide qui tient sous le sens.

Ailleurs, aux éditions Sciences humaines Didier Jourdan titulaire de la chaire UNESCO et centre collaborateur OMS « Éducation et santé » signe La prévention dont la parution es ton ne peut plus opportune alors que beaucoup pensent que la pandémie de la Covid-19 fait en sorte que le monde à venir ne sera plus comme avant. Et que face à d’autres virus du futur ou d’autres pathologies, il faut se mettre en mode prévention pour le bien commun. Le concept de prévention échappe peut-être au commun et c’est pourquoi il s’est donné la mission de trouver les mots pour assimiler cette nécessité de santé collective.

Il y a quelques années, un proche de la rédaction s’aventurait à cette prédiction que le fait homosexuel allait moins être intéressant, éclipsé par la question du genre, surtout dans le cas des trans. Et il ne s’était pas trompé. Si vous allez sur un moteur de recherche, au mot trans, que de dizaines de milliers de pages sur le sujet. Deux universitaires, Annie Pullen Sansfaçon professeure titulaire à l’École de travail social de l’Université de Montréal et Denise Medico professeure au département de sexologie de l’Université du Québec à Montréal ont commis un essai de poids aux éditions du Remue-ménage Jeunes trans et non binaires. On passe en revue tout l’éventail identitaire. Et un chapitre nous a intéressé c’est celui de la problématique de l’enfant trans. Ce garçon par exemple de huit ans qui déclare être une fille. Michel Onfray à l’émission « On est en direct » de Laurent Ruquier est monté aux barricades en disant qu’il fallait laisser les enfants vivre leur enfance et de laisser toute passion sur ce sujet pour que la raison domine. Et qui réclamait que le jeune grandisse et fasse à l’adolescence des choix mieux éclairés. Voyez comment nos auteures de leur côté abordent la question.

 

 

 


Pas si gay que ça

Il ne faut pas croire tout ce qui se répète à propos de la Fierté gay. Nous sommes dans la tolérance et non l’acceptation. Un roman sous forme de petit opuscule, nous le rappelle cruellement Pas dire de Baptiste Thery-Guilbert. Qui nous ramène au temps où le SIDA agissait comme une hécatombe. L’auteur sait de quoi il parle car il appartient à la communauté gay. Il raconte l’histoire de deux mecs qui vivent de façon inégale leur relation. Un des deux sera frappé par la maladie.  Ceux qui sont étrangers à la dynamique homosexuelle trouveront des repères. Tandis que ceux qui vivent leur orientation seront interpellés par des réminiscences.  Un texte court mais au ton choc. Un élément typographique attirera l’attention, des caviardages de certains mots, comme pour signifier que tout ne peut pas être dit. Décidément ce n’est pas si gay que ça l’amour qui ne peut pas encore dire son nom trop ouvertement.

Pas dire Baptiste Thery-Guilbert. Coll. Sauvage Annika Parance éditeur 109p.

 

 

 


Sur la constellation du genre humain

Les nouvellistes sont quelque chose de précieux dans la littérature, car ils donnent le “la” de l’état du monde. Et pour son premier exercice du genre Zadie Smith a réussi brillamment l’exercice, la qualité première pour performer dans le genre, étant d’être un observateur attentif de ce qui grouille autour de soi. En plus ce qui ne gâte pas la sauce, la novice de ce style est dotée d’un remarquable sens de l’humour. Par exemple lorsqu’elle fait dire par la bouche d’un de ses personnages que ce qu’on nomme re-création architecturale de l’extension de la bibliothèque publique, n’est en fait qu’une armature de béton avec du verre. Il y a toute une galerie d’homo sapiens. La nouvelle qui nous a le plus amusée dans ce Grand Union c’est celle qui nous montre le revers de la célébrité chez nos voisins du sud de la frontière. Et qui dit U.S.A. ne peut pas faire abstraction de la question noire. Elle y va de pages édifiantes. Ça vaut le détour.

Grand Union Zadie Smith. Gallimard coll. “Du monde entier” 282p.

 

 

 


Il était une fois deux demi-sœurs

Un autre titre de grande qualité vient enrichir le catalogue de la collection “Du monde entier” chez Gallimard. Copies non conformes de Alix Ohlin a pour toile de fond Montréal, où vivent deux demi-soeurs très différentes en compagnie d’une mère hiératique qui n’a pas la fibre maternelle très prononcée. En plus d’être mère célibataire ce poids lui pèse plus que davantage. Reste les soeurettes, Lark, l’aînée qui se voit déjà réalisatrice, avec un intérêt marqué pour les documentaires. Sa cadette Robin, veut s’abandonner à sa passion pour le piano. Les deux vont se retrouver à New York pour parfaire leur éducation. En même temps qu’il y a des différences dans le tempérament des deux jeunes femmes, il y a aussi des points de ressemblances. Elles s’accommodent mal du formatage qui leur est imposé. Elles qui se sont éloignées un temps, vont se retrouver. L’écrivaine, dont on apprécie le style coulant de source, enseigne l’écriture créative à l’Université de Colombie-Britannique. Avec ce roman sur la fratrie, elle offre une véritable classe de maître à ses élèves et du bonheur aux lecteurs.

Copies non conformes Alix Ohlin. Gallimard 392p.     

 

 

 


Le triomphe de la volonté

Est-ce parce que l’auteure est issue d’une formation d’infirmière ? Chose certaine Tania Vallée-Ross a énormément d’empathie pour la protagoniste de son roman au si beau titre La folie est une couleur bleu ciel. En effet, Ambre, est une jeune femme qui fut atteinte épisodiquement de problèmes en santé mentale, des séquences psychotiques qui ont eu raison de la relation qu’elle entretenait avec Nickel son compagnon. Ce dernier décidant de quitter leur région, elle n’aura d’autre alternative que de se prendre en main. Cette rupture sera en même temps, l’occasion d’un tournant positif.  C’est un court roman, mais le contenu l’emporte sur le contenant. Et comme Ambre parle à la première personne tout au long du texte, il y a cette belle proximité avec le lecteur. En même temps, ce livre démystifie à sa façon des préjugés que l’on peut encore entretenir envers ceux dont l’équilibre est momentanément menacé. L’être humain est si fragile.

La folie est une couleur bleu ciel Tania Vallée-Ross. Éditions David coll. Indociles 115p.       www.editionsdavid.com

 

 

 


Une triste affaire de cobaye médical

C’est grâce à la curiosité de l’ethnologue Serge Gauthier qu’il nous est permis de prendre connaissance d’une affaire sordide, qui, si elle a permis de faire avancer la connaissance médicale en matière de digestion, a par contre, ruinée la vie d’un trappeur québécois. Au départ Alexis Saint-Martin (1794-1880) le trappeur en question, va être victime d’un coup de feu tiré par un abruti. La balle va transpercer l’homme en pleine poitrine. Le tireur, un lâche de la pire espèce, va l’abandonner sur place en forêt. Il ne devra la vie qu’à la présence d’un autre homme qui se trouvait tout près. Pour faire un raccourci son cas sera porté à la connaissance du médecin américain William Beaumont. Si grâce aux recherches de ce dernier et de l’utilisation de Saint-Martin comme cobaye on en saura davantage sur la digestion, quel triste sort en revanche pour l’objet de ses observations qui se trouvera comme une sorte de bête de foire dans un cirque. Il y a d’ailleurs dans le livre une reproduction de la plaie laissée par le passage de la balle, c’est assez monstrueux, ce qui causera d’ailleurs l’effroi d’une femme qui avait partagé sa couche. Une triste existence.

Alexis Saint-Martin L’homme-cobaye du Docteur William Beaumont. Serge Gauthier. Éditions Charlevoix 96p.     www.shistoirecharlevoix.com

 

 

 


Un gay c’est pas un homme ?

C’est incroyable qu’en 2021 que l’on soit encore à faire la narration d’un jeune homme qui peine à faire connaître à son monde qu’il est gay de peur de causer des problèmes, à sa famille en premier. Avant de s’intéresser à ce qui se passe sur Mars on devrait porter davantage attention à la diversité terrestre plutôt qu’aux martiens. C’est la réflexion qui nous vient à l’esprit à la lecture de Sacha de Samuel Champagne qui commente les tourments d’un garçon à la veille de sa majorité qui se sent en marge de tout, et qui n’a pas envie de répondre aux canons classiques de la virilité. Surtout qu’il est gay de surcroît, onh mamma mia!. L’auteur a bien vampirisé l’âme de son personnage. A cette lecture on se rend compte qu’il y a a encore bien du chemin à parcourir avant que les esprits ne s’éclairent. Ce livre a le mérite de paver la voie à un peu moins d’ignorance.

Sacha Samuel Champagne. Éditions de Mortagne 367p.     www.editionsdemortagne.com

 

 

 


Au sujet du corporatisme patronal au lendemain de la seconde guerre mondiale

A se fier au titre Le patronat québécois dans l’après-guerre de Michel Sarra-Bournet historien et politologue, on serait porté à croire qu’il s’agit d’un ouvrage rappelant ce qu’était la vie quotidienne des patrons et leur rapport au monde ouvrier au lendemain de la seconde guerre mondiale. Ce n’est pas exactement le propos. Plutôt comme s’est constitué le corporatisme patronal à travers des organisations comme la Chambre de commerce de Montréal. L’essayiste nous fait voir comment les regroupements patronaux ont influé sur la destinée des affaires au Québec, notamment l’avènement du Québec Inc. On passe en revue différentes interventions patronales touchant à la constitution (commission Tremblay). Si aujourd’hui on considère qu’il y a une uniformité dans le discours patronal, il n’en était pas de même jadis où on assistait à plus de diversité dans les opinions exprimées à travers la classe dirigeante.

Le patronat québécois dans l’après-guerre Michel Sarra-Bournet. Les Presses de l’Université Laval 330p.        www.pulaval.com

 

 


Constatations désabusées d’une indécrottable romantique

Étrange petit livre que cette Vieille fille qui n’a pas de nom d’auteure. Typographié comme un recueil poétique, ce sont plutôt des réflexions désabusées d’une femme en quête perpétuelle du grand amour et qui est en butte à de dures réalités masculines. Pour elle, pas question de frottis frottas épidermiques le temps d’une nuit. Elle veut que Cupidon lui tire la grande flèche. Il est indiqué dans cet opuscule que c’est peut-être elle le problème, et on n’a pas tout à fait tort. Bref, mesdames qui lirez ces lignes vous allez sans doute vous rendre compte que vous placez parfois la barre un peu haute.

Vieille fille notes intimes. Petite bibliothèque nihiliste 161p.   

 

 

 


Petite anthologie littéraire sur le félin

Le chat est entré dans la légende des gens de lettres depuis longtemps. Nous n’avons qu’à penser à ceux de Colette. Une ferveur qui a été partagée par tant d’écrivains et autres célébrités.  Luciano Melis qui les aime beaucoup a cru bon de rappeler cet amour des félins dans Sous le signe du chat et préfacé par une autre amoureuse de ces petits félins la comédienne Macha Méril. Un charmant ouvrage qui, à défaut de vouloir en posséder un, permet de comprendre l’intérêt que leur portent tant de gens.

Sous le signe du chat Luciano Melis. Presses du Châtelet 214p.    www.pressesduchatelet.com

 

 


C’était un dandy portugais fictif

Au XIXème siècle, au Portugal, l’écrivain J.M. Eça de Queiroz va créer de toutes pièces un dandy compatriote à qui il va attribuer une vie romanesque et des correspondances fictives. Cela donne La vie extravagante de Fradique Mendes. Il y avait tellement de similitudes de vie entre son auteur et son personnage que l’on a vite découvert la paternité des écrits. Car les deux, notamment, se partageaient entre Lisbonne et Paris et tant d’autres habitudes hédonistes. Les correspondances en elles-mêmes sont autant de petits bijoux littéraires, tout à l’honneur du véritable signataire. C’est une très belle initiative de l’éditeur de remettre ce titre en réédition et de connaître un écrivain de Queiroz injustement oublié.

La vie extravagante de Fradique Mendes J.M. Eça de Queiroz. Chandeigne 297p.  www.editionschandeigne.fr

 

 

 


Le roman a la base d’un immense succès sur Netflix

En quatrième de couverture de 365 jours on aperçoit captée avec talent par le photographe Maciej Dworzanski, l’écrivaine polonaise Blanka Lipinska qui a tout du sexe symbol. Et à propos de sexe, c’est un sujet dont elle traite sans ambages. La chose ne lui fait pas peur. Ce qui ne l’empêche pas de faire de la place aux sentiments du coeur. Qui est le thème central de son roman à l’origine du film qui a cartonné comme jamais sur Netflix. Et c’est tout à l’honneur de ce diffuseur de donner la chance à des créateurs du monde entier de nourrir le septième art. Dans ce roman de facture classique, c’est une femme Laura qui en compagnie de son chouchou déambule dans les rues d’un bled sicilien. Elle sera kidnappée. Et son ravisseur lui pose le dilemme suivant, à savoir de la garder captive une année entière, au terme de laquelle elle lui appartiendra à jamais, sinon il lui fait retrouver sa liberté sans demander son reste. Une étrange proposition qui la taraude car le mec n’est pas vilain, loin de là, doté d’un charisme irrésistible. Quel choix fera-t-elle ? On vous le laisse découvrir.  Mais, même s’il s’agit d’une romance, ce n’est pas rien, que tant de lecteurs et de cinéphiles ont été conquis. C’est que c’est pétri de sentiments très forts. La passion à la puissance dix. On aime. C’est chez l’éditeur Hugo dans la collection roman.

Demeurons si vous le voulez bien dans cette même collection en attirant votre attention cette fois sur un autre bouquin celui-là de Kerbie V. Messier Inévitable”. D’abord un mot sur cette femme hors norme qui confirme que les femmes ont beaucoup plus de résistance que les hommes. Imaginez que cette trentenaire a déjà quatre enfants, est designer, rédige un blogue populaire “MamanChicklit” et en plus trouve le moyen d’écrire. Eh oui c’est un premier roman que nous présente cette montréalaise. C’est un pompier Dexter qui a perdu le contrôle de sa moto. La voiture qu’il a évitée de justesse ou vice versa, est conduite par Béatrice. Cupidon est dans l’air et ni l’un, ni l’autre savent de quoi il retourne.  Mais bien qu’on ne veuille se l’avouer une affaire de coeur va se jouer dont ils ne sont que les instruments du destin. L’affaire était inscrite dans les astres car le passé va ressusciter, des accointances. Une variation sur une histoire d’amour. Bien ficelée pour l’écrivaine novice.

 

 

 


Mourir pour renaître à nouveau

Le show-business est une gorgone dévorante. Un jour vous êtes portés aux nues, puis le lendemain c’est les oubliettes. Que d’étoiles filantes. Justement Wajdi Mouawad en compagnie de Arthur H a imaginé la trajectoire d’un musicien punk Alice dont la lumière pâlie. Un manager retraité va alors lui offrir son pacte de Faust, à savoir l’annonce de sa mort (factice bien sûr) ce qui va occasionner un rebond de la vente de ses albums. Et il n’aura qu’à réapparaître pour démystifier le tout. Comme un camouflet au système. Sauf que la parodie sera éventée très rapidement. L’artiste devra s’ expliquer sur un plateau de télé et décortiquer à la caméra sa supercherie. C’est une pièce de théâtre que Mouawad nous offre par conséquent Mort prématurée d’un chanteur populaire dans la force de l’âge qui est une satire du monde du spectacle, son porte-à-faux. Exercice réussi.

Mort prématurée d’un chanteur populaire dans la force de l’âge  Wajdi Mouawad. Leméac/Actes Sud 92p.    

 

 

 


Considérations philosophiques sur l’argent

Étrange parcours que cette kinésiologue de formation Eudoxie Adopo qui s’est reconvertie en coach certifiée d’abondance financière. Elle démystifie, voire déboulonne pas mal d’a priori concernant l’argent qu’elle considère être d’abord de l’énergie. Comme métaphore, elle donne en exemple que l’on peut acheter un lit certes mais pas le sommeil. Elle a colligé dans son essai Se libérer des fausses croyances sur l’argent 24 actions pour que l’on puisse se réconcilier avec l’argent, source de tellement de désordres émotionnels. Il est rare que l’on fasse de la psychologie autour de la chose financière. Ce guide vient combler un vide.

Se libérer des fausses croyances sur l’argent Eudoxie Adopo. Béliveau éditeur 226p.   www.beliveauediteur.com

 

 

 


Un grand complot à la veille d’une pandémie…

Mais où Pascal Cloutier prend-il le temps d’écrire un thriller ? Lui qui est avocat en droit municipal et copropriétaire d’une microbrasserie à Chambly. Il est en tout cas doté d’une énergie sans pareille, lui qui nous présente une saga  Mosaïque 1979 dont le premier tome paraît Qui. Comme cela mêle plusieurs histoires en Une et dans le respect de l’intention de l’écrivain, nous allon s exceptionnellement citer un extrait promotionnel « Je suis un ressortissant canadien et j’exige qu’on me protège ! MAINTENANT ! » Les images captées par les caméras de surveillance du haut-commissariat canadien du Ghana à Accra dérangent. Qui peut être cette loque humaine qui vient d’y faire irruption ?

Au Québec, ce lundi matin de février 2020 commence bien mal pour un juge qui vient d’accéder à la magistrature. Il a maladroitement souillé des documents dont un acte d’accusation et un avis de convocation à un conseil d’administration. Il reçoit, par la suite, un mystérieux appel téléphonique placé depuis l’intérieur même du palais de justice. Qui est au bout du fil ? Quelques minutes plus tard, une attaque plus qu’étrange, semant la panique, se produit dans le bureau d’un juge nouvellement retraité. Un enquêteur de la Sûreté du Québec tentera d’y voir plus clair et de découvrir des indices découlant de faits qui se seraient déroulés il y a quarante ans et qui l’aideront à identifier Qui a fait ça ? Quarante ans plus tôt, des dizaines de jeunes garçons s’apprêtent à répondre à l’examen d’admission à l’école secondaire privée Marcel-Champagne. Les membres du personnel, religieux comme laïques, se préparent fébrilement à la rentrée de septembre 1979. Souvenirs adolescents, secte religieuse et terrorisme bactériologique : telle une mosaïque, ce roman réunit les fragments d’un grand complot qui se déroule à travers le globe et sur deux époques, à la veille d’une grande pandémie.

Mosaïque 1979   Tome 1 Qui. Pascal Cloutier. Béliveau éditeur 412p.   www.beliveauediteur.com

 

 

 


Dans le sillage d’un chef de clan Yakuza

Les Yakuza sont au Japon ce que sont les membres de la Camorra en Italie, des mafieux mais avec une structure bien différente de leurs homologues italiens. Les premiers ont pignon sur rue, quoique moins visibles qu’auparavant. Ils vivent des jeux illicites et des placements réalisés à travers le commerce légal. Le blanchiment d’argent, quoi. Un des chefs de clan parmi les trois grandes familles du genre en pays nippon, est Masatoshi Kumagai, une vedette dans son genre, qui a même fait l’objet d’un documentaire présenté au Festival de Cannes et où il gravit les marches tel une star. Il s’est raconté au journaliste Tadashi Mukaidani. Avec pour résultat un livre stupéfiant Confessions d’un Yakuza. On est loin de l’omerta. Vous saurez tout sur ces hommes de main qui chérissent les tatouages et reconnaissables au fait qu’ils se font amputer une phalange, symbole de rattachement à l’organisation. Une criminalité codifiée comme on l’imagine avec les japonais qui ne font rien dans l’improvisation.  

Confessions d’un Yakuza Masatoshi Kumagai. La manufacture de livres 322p.   www.lamanufacturedelivres.com

 

 

 


Un abécédaire sur le vocabulaire de la mode

Martine Magnin en connaît un rayon sur la mode et nous gratifie de son savoir avec cet abécédaire Petites histoires de la mode. Elle utilise le qualificatif de petites au pluriel, mais c’est par modestie, car ce qui a habillé et habille l’homme depuis son apparition sur terre fait vraiment partie de la grande histoire. Tout y est,  rien n’y manque. Il est même question de l’étole religieuse. Vous n’ignorerez plus rien sur le tissu Oxford ou la popeline qui font de si belles chemises et comment on entrecroise certains fils pour parvenir à la texture désirée. Pour les dandys et les coquettes c’est une mine de renseignements. A recommander tout particulièrement à ceux qui se destinent en mode. C’est une lecture obligée et divertissante.

Petites histoires de la mode Martine Magnin. Éditions Jourdan 456p.   www.editionsjourdan.com

 

 

 


De la passion d’un grand géographe français pour le Canada

André Siegfried a porté la double casquette de géographe et de politologue. Ce français a enseigné au Collège de France et à ce qui deviendra Sciences Po. Son père, qui a fait fortune dans le coton, était maire du Havre. C’est lui qui fera découvrir le Canada à son fiston. Ce dernier ne cessera de se montrer curieux envers ce vaste pays. De 1898 à 1947 il fera d’incessants allers-retours. Il consacrera deux ouvrages à son pays de prédilection, quoique c’est un autre de ses bouquins celui-là ayant pour objet les États-Unis qui lui assurera une notoriété. Gérard Fabre, chercheur au Centre national de la recherche scientifique, nous raconte le champ d’étude canadien de Siegfried. Concernant le Québec, bien qu’il observe l’emprise du clergé qui étouffe tout débat d’idées, il se montre indulgent envers lui pour avoir préserver la langue française dans un environnement totalement anglo-saxon. 

Le pari canadien d’André Siegfried Gérard Fabre. Les Presses de l’Université Laval 140p.       www.pulaval.com

 

 

 


Des lieux quétaines où on se sentait si bien

Quel beau devoir de mémoire que ce livre touffu Kitsch Qc écrit en duo par Caroline Dubuc commissaire au design pour la Ville de Montréal et Roxanne Arsenault codirectrice du Centre d’art et de diffusion Clark qui a fait des études supérieures en histoire de l’art kitsch. Ces deux femmes ont répertorié 250 établissements dans la Belle Province, la grande majorité disparue, qui ont fait l’enchantement de générations de montréalais et de visiteurs. Des restaurants au look quétaine, mais avec tellement d’âme qu’on ne pouvait y passer que d’excellentes soirées. Et des membres de notre équipe de rédaction ont soupiré de nostalgie en voyant des photos du livre, leur rappelant de si beaux moments de vie, où le mot distanciation faisant du voisin un microbe ambulant n’était pas encore en usage lorsqu’il s’agissait de festoyer. De grands chapitres sont consacrés à des restaurants ethniques où le décor était des caricatures même des pays qu’ils représentaient. Que l’on pense à Paesano ou Ruby Foo’s. Chaque communauté linguistique montréalaise avait ses lieux phares. Oui la grosse boule d’Orange Julep s’y trouve qui est toujours en place sur le boulevard Décarie. On raconte à son propos, peut-on lire que, légendes urbaines, elle abritait dans sa boule un bordel ou bien qu’un pilote d’avion égaré, se rendant à Dorval aurait retrouvé son chemin grâce à elle. Que du bonheur à chaque page. Ne boudons pas notre passéisme, on ne s’amusera plus jamais comme ça, l’ère numérique ayant rasé sur son passage tout notre côté grégaire. Un sacré retour dans le temps où on s’abandonnait à ses plaisirs coupables.

Kitsch Qc Caroline Dubuc et Roxanne Arsenault. Fides 293p.     www.groupefides.com

 

 

 


Se libérera-t-elle de l’emprise du Dragon rouge ?

Andréane Déziel-Hupé a une passion dévorante pour l’écriture, qui est un plus quand on veut faire profession d’écrivaine, mais en plus elle est dotée d’une grande imagination. Et elle en fait l’éclatante démonstration dans cette fiction Pakt, l’histoire d’une femme qui semble être comme dans un mauvais rêve alors que lui apparait une étrange créature identifié dans ces pages comme le Dragon rouge, qui semble lui jeter un mauvais sort. Semblerait-il que la maman d’Angelle, morte prématurément, aurait signé un Pakt avec cette entité qu’elle n’aurait pas respecté et qui a maintenant des effets sur sa fille. Là est la question, cette dernière parviendra t-il à se soustraire à cette fatalité ? Dans le genre c’est bien mené et l’auteure sait quoi faire avec un sujet, un verbe et son complément. Et l’histoire est bonne, c’est ce qui compte. Divertissement garanti.

Pakt Andréane Déziel-Hupé. Béliveau éditeur 184p.    www.beliveauediteur.com

 

 

 


L’histoire juridique de l’aveu dans les civilisations occidentales

C’est un véritable travail d’érudition que nous propose Alexandre Stylios professeur de droit à l’Université Laval. Il lance L’aveu dans les traditions occidentales accusatoire et inquisitoire. Bien qu’il se défende de faire un travail d’historien, c’est quand même tout un cours d’histoire juridique qu’il fait défiler sous nos yeux, allant de l’antiquité à nos jours. La justice se basant sur la preuve, l’aveu en est une composante essentielle. Comment obtenait-on l’aveu jadis, au nom de quels préceptes. Souvent le droit divin, à la verticale. Et le recours à la force, on le sait, était un outil d’obtention de ce qu’on voulait savoir.  Travail de haute volée universitaire, ce livre a le mérite d’être d’une grande vulgarisation. On voit bien là le prof qui veut bien dispenser sa matière. En fin d’ouvrage un regard sur l’avenir de l’aveu. Bref, les passionnés du droit pénal ont un petit trésor entre les mains.

L’aveu dans les traditions occidentales accusatoire et inquisitoire Alexandre Stylios. Les Presses de l’Université Laval 398p.     www.pulaval.com

 

 

 


La vengeance au goût tiède

On connaît l’adage, la vengeance est un plat qui se mange froid. Pas nécessairement si on en juge, le contenu de l’excellent roman policier Les jours sang d’Éric de Belleval. C’est d’abord un groupe de petites frappes, dont Dédé qui succombe mortellement. Il était le leader. Les survivants décident d’en finir avec un couple de bourgeois, le mari qui a trucidé le mec et sa femme, de les prendre en otages. C’est la vengeance au plat classique qui se mange froid. Sauf qu’il faut composer avec le sergent Brisebois qui va malmener quelque peu leur programme. Ce plat aura désormais un goût tiède. L’auteur, administrateur de sociétés depuis des lustres a bien réussi sa reconversion dans la littérature et nous offre une très belle histoire. Du bon policier selon les règles de l’art, avec en supplément une introspection psychologique des motivations des personnages en place.

Les jours sang Éric de Belleval. Les éditions Sémaphore 181p.    www.editionssemaphore.qc.ca

 

 

 


Dans la jungle de la recherche

Il y a de cela pas mal d e décennies, un chercheur de l’Université Concordia à Montréal, Valery Fabrikant, abattait quatre collègues,  au motif qu’on manigançait pour l’écarter d’une titularisation comme professeur agrégé en plus de prétendre qu’on s’était attribué de ses recherches sur l’élasticité de matières. Il a écopé de la perpétuité et toutes ses demandes d’élargissement lui ont été refusées, même une dernière toute récente. Ce qui leva en même temps le voile sur les pratiques dans le milieu de la recherche où tout n’est pas rose. Et on a vu récemment en pleine Covid-19, une étude bidon quand même honorée dans le très sérieux journal The Lancet. Étude présentée par une ancienne actrice porno! Comment ce milieu de la recherche fonctionne t’il ? Quels sont les codes en place, et surtout comment devient-on un chercheur renommé ? C’est de tout cela dont nous entretient un essai en collectif sous la direction de Marion Lemoine-Schonne et Mathieu Leprince. Un aréopage d’intellectuels ont planché sur la question. Et on s’aperçoit que les chercheurs d’élite savent entretenir leur “gloriole”. Il existe, on le verra, un marketing du chercheur. Grâce à cet essai on connaît mieux les rouages du systềme, ce qui occasionne aussi des frustrations. Bref, tout ce que vous vouliez savoir et n’osiez demander.

Être un chercheur reconnu ? Collectif.  Maison des sciences de l’Homme en Bretagne et les Presses Universitaires de Rennes 201p.   

 

 



 


Le coin de la BD

Nous avons retenu deux albums aux contextes bien différents, l’un faisant dans une certaine violence, l’autre attendrissant comme tout. Commençons par ce nouveau tome de Danger Girl chez Graph Zeppelin où le duo formé par Andy Hartnell et Cris Bolson nous entraîne dans de moult péripéties. En effet, des zombies l’Armée des ténèbres vient de mettre la main sur une sorte de Graal le “Livre des morts”, qui fait en sorte que ses détenteurs peuvent ainsi menacer le monde. L’équipe des Danger Girl sera mise encore une fois à contribution pour éradiquer ce sinistre dessein. Dans cette lutte on fera appel à un pro de la question des morts-vivants. On n’est jamais de trop pour vaincre la malédiction. Beauté énergique du dessin et scénario enlevant font de ce tome un tutoiement d’excellence.

On a parlé d’attendrissement, c’est plus que ça. Comment demeurer de marbre devant les maladresses des êtres qui peuplent Les Sancoucy des Yvan Demuy et Jean Morin. Nous avons entre les mains le tome 2. Encore une fois, une somme de bévues pour lesquelles on a tant d’indulgence. Publié aux éditions Michel Quintin il y a des passages amusants comme tout, comme en page 15 où on nous présente les émotions de Marie-Pier. Il y a une telle légèreté dans ces pages que c’est sans conteste un antidote à la grisaille pandémique actuelle.

 

 

 


Tout sur l’écureuil ce rongeur envahissant

Il était une fois un documentaire présenté sur une chaîne spécialisée, et dont l’objet était de nous faire connaître les moeurs de l’écureuil. Ce qui a  surtout retenu notre attention c’était le fait de l’incroyable insistance de ce petit animal. Ainsi pour en faire l’illustration, un homme avait hissé au bout d’un poteau cylindrique en métal un panier dans lequel se trouvait des noix. Mais pour augmenter le coefficient de difficulté, afin que les écureuils ne puissent atteindre leurs gâteries, il avait enduit le poteau d’une matière chimique glissante au possible. Eh bien, nous croirez vous, qu’à force d’acharnement, un écureuil est parvenu à s’agripper tant bien que mal et se retrouver au sommet, cueillant le fruit de ses efforts. Ce n’est pas pour rien que ce rongeur se retrouve sur tant de blasons royaux. C’est qu’il a des valeurs inspirantes. Dans les villes d’aujourd’hui, l’écureuil est devenu un fléau, nourri par la tonne de déchets domestiques laissée par les résidents. Puis il parvient à s’infiltrer entre les murs des maisons, rongeant des fils électriques avec risque d’incendie, ou encore leur passage sur des câbles électriques ont causé parfois des pannes. Bref, pour mille raisons c’est un petit mammifère drôlement intéressant. Un album superbe lui est consacré La face cachée de l’écureuil de Erwan Balança et Michel Blant. Avec des photos superbes de la bête dans tous ses états accompagnées par des vignettes instructives sur leur mode de vie et leurs aptitudes physiques incroyables.

La face cachée de l’écureuil Erwan Balança et Michel Blant. Salamandre www.salamandre.org

 

 

 


Le coin spiritualité

Aux éditions Accarias c’est la sortie d’un ouvrage de grande profondeur L’essence de la plénitude de Vimala Thakar (1923-2009). C’est une star de la pensée indienne. Pour une raison bien spéciale, c’est qu’à la réflexion elle joignait l’action. C’est ainsi qu’elle allait recueillir des dons de terres pour aller ensuite les offrir à de pauvres paysans. Pour moins que ça on est une sainte ou presque. C’est une disciple de Krishnamurti qui en fin de vie est allée se retirer du monde. Elle qui a beaucoup voyagé s’est rendue à Ceylan en 1971 à l’invitation d’aller y donner un enseignement. Le thème qui était exploité ici était “Révolution totale” dont le fruit est ce livre qui a capté l’essentiel de son propos. C’est un récit fondamental car il passe en revue les travers de l’être humain, surtout son ego et sa malveillance. Comme elle s’adressait à la multitude, elle a pour elle d’user de mots simples, d’images faciles à comprendre. On est loin des grandes théories du freudisme. S’il y a un livre qui fait du bien c’est bien celui-là.

L’essence de la plénitude Vimala Thakar. Accarias 218p.     www.originel-accarias.com

 

 

 


Le long calvaire de Michel Drucker

Pour un hypocondriaque de première comme Michel Drucker il aura connu la totale avec un coeur malade, des AVC au rendez-vous, de la rééducation et quoi encore. Nous l’avons vu récemment sur le plateau de l’Invité sur TV5 Monde où il a décrit ce par quoi il est passé.  On peut parler de calvaire. D’ailleurs il apparaissait à la télé les traits tendus. Mais ce qu’il témoigne dans ces pages compte-rendu de son hospitalisation Ca ira mieux demain c’est le dévouement absolu du personnel, des anges évidemment masqués pour cause de pandémie. D’ailleurs, en guise de gratitude, ils sont nommés en fin d’ouvrage. Encore une fois on retrouve le talent de grand conteur de ce personnage mythique de la télé française.

Ca ira mieux demain Michel Drucker. Robert Laffont 293p.   www.laffont.ca

 

 

 


Un officier colonisateur français réhabilité

Le nom de Théophile Pennequin (1849-1916) ne dira pas grand chose à bien du monde, à moins d’être un féru de la colonisation française à Madagascar et en Indochine.  Et pourtant, sans le “marketing” autour d’un Lyautey, Pennequin était aussi une pointure de l’armée française. Ce Toulonnais qui est passé par Saint-Cy s’est démarqué par une utilisation habile des ressources locales pour appuyer sa force de défense. Pour preuve de son goût des territoires à pacifier il avait appris la langue malgache! En même temps qu’il mena sa mission comme un grand guerrier, il avait des réserves sur l’aspect politique de son travail. Pour les passionnés de la chose militaire et de stratégies surtout, vous apprécierez hautement ce travail fouillé de Jean-François Klein professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Bretagne-Sud. Sa sphère d’intérêt est très étendue, notamment pour ce qui est de l’histoire maritime. La biographie qu’il livre de son sujet puise à travers une foule de matériaux de presse négligés par d’autres historiens et des documents signés de Pennequin lui-même.

Pennequin le “sorcier de la pacification” Jean-François Klein. Maisonneuve & Larose nouvelles éditions et éditions Hémisphères 525p.      www.hemisphereseditions.fr

 

 

 


L’histoire du crime organisé au Québec

Ce n’est pas une nouveauté à proprement parler, mais nous tenions à remettre sous nos projecteurs cette histoire extraordinaire de la criminalité au Québec dûe au travail remarquable de Charles-André Marchand un vétéran de la chronique judiciaire qui est passé entre autres durant sa carrière du côté du mythique hebdomadaire Allo Police. Son récit s’étend sur deux tomes. Le premier, que nous avons entre les mains couvre des origines jusqu’en 1924. On apprend une foule de choses, tel qu’à la fin du XIXème siècle, des québécois se livraient au trafic de l’opium destiné au marché américain. Que le fameux Red Light compta trois cents bordels peut-être même plus au début du siècle dernier. Bref, un monde qui s’ouvre sous nos yeux. Captivant est un euphémisme.

Pègre Qc L’histoire du crime organisé au Québec. Charles-André Marchand. Éditions Monarque 500p.    www.ada-inc.com

 

 



 


Le coin santé physique et psychique (1)

Dans les analyses qui sont faites par différents scientifiques concernant le recours aux réseaux sociaux, on a remarqué qu’une augmentation de la bipolarité, car les personnes en addiction à ces plateformes, se sont créés des identités autres, des avatars. Ils ont par la même occasion développé une double personnalité qui peut prendre un tour inquiétant. Et pour preuve que la bipolarité n’est pas une maladie mentale ne touchant qu’une minorité, c’est que nous connaissons à peu près tous une personne en ayant souffert. C’est au Dr. Perry Baird que nous devons la découverte de cette maladie dont lui-même était atteint à l’ultime et pour laquelle il a été psychiatrisé. Il a même perdu son droit de pratique. C’est dire l’abîme dans lequel il se trouvait. En cours d’expérimentation, il a lui-même consigné l’état de sa maladie, sa manifestation, ses conséquences. C’est sa fille Mimi administratrice d’un centre médical dans le Vermont, qui en compagnie de Eve Claxton réhabilite la mémoire de son père et comment il a fait progresser la science. Cela ferait en passant un sacré beau film. Il voulait croquer la Lune c’est le titre, est publié chez Michel Lafon.

Aux éditions de Mortagne cette fois deux titres. Le premier fait référence aux allergies alimentaires. Et à ce propos, un chef de cuisine, ami de notre rédaction, nous faisait récemment remarquer à quel point cela devenait contraignant d’organiser une réception en prenant en compte toutes les personnes atteintes d’une allergie, tantôt au gluten, tantôt aux noix, à la lactose, aux fruits de mer et quoi encore. Il se demandait si c’était le fait de la pollution ambiante ou de la présence dans les aliments de tant d’additifs, ce qu’on ne voyait pas jadis où tous mangeaient uniformément. Il a d’ailleurs pris sa retraite un peu pour cette raison, épuisé à faire tant de menus différents. Sylvie Cyr avec la collaboration de l’allergologue le Dr. Marie-Noël Primeau a concocté Allergies, la boîte à outils. Elle s’attache justement aux allergies alimentaires. Tout y est, des tests, des ingrédients nuisibles pour le métabolisme de certains, etc.

Le deuxième bouquin, signé de Jessica Fraser La fausse vie parfaite” aura une résonance directe chez les personnes qui ne vivent que dans le regard des autres, qui veulent se conformer à tout prix aux desiderata de la société au détriment de l’affirmation de soi. D’ailleurs c’est paradoxal qu’en même temps que l’on recommande d’affirmer son “je”, lorsqu’on le fait, on se fait dire “non, mais pour qui il se prend”.  Pour départager des vraies valeurs qui doivent être les nôtres pour réaliser une existence en conformité avec ses aspirations, l’auteure brosse le portrait des compromis que l’on fait trop souvent hélas pour plaire aux autres en s’oubliant. Peut-être qu’en fin de lecture vous n’aurez peut-être pas trouver votre finalité, mais ce guide psychologique vous permettra de savoir au moins ce que vous ne voulez plus. 

 

 







 


Le coin santé physique et psychique (2)

Brigitte Favre porte une double casquette, celle de psychologue et de psychothérapeute. Elle est aussi médium. C’est une spécialiste du deuil. Et elle considère que sa qualité de soignante n’est pas incompatible avec sa faculté de médium. Qu’il y a même complémentarité. C’est ce qu’elle explique dans Soigner les vivants et parler aux morts aux éditions Favre. Elle sait par sa pratique à quel point la perte d’un être cher à des conséquences sur la psyché humaine. Dans ces chapitres il y a des messages apaisants pour mieux appréhender les fins dernières, un sujet totalement occulté dans nos sociétés, à croire que nous serions éternels.

Voici par ailleurs un ouvrage qui dément le préjugé qu’il y ait trop de livres. On n’a jamais parlé du rapport parents-enfants dans le cadre de la pratique d’un sport chez ces derniers. On sait que des parents, parfois de véritables tyranneaux, vivent par procuration des espoirs frustrés à travers leurs rejetons. Avec des conséquences néfastes à l’infini. Dali Sanschagrin est une fan fini de foot et encourage son fiston de toutes les façons pour qu’il puisse trouver à s’épanouir dans cette passion. Elle publie Amour foot aux éditions La Presse en compagnie d’une pointure, le sélectionneur Joël Bats. Comment en somme, accompagner son enfant dans ses goûts sportifs sans capoter. C’est un ouvrage, loin d’être superficiel sur les seules émotions d’une maman, mais un guide très complet sur la manière d’encadrer un jeune dans sa préparation à son sport. Ici c’est le foot mais ce pourrait être aussi bien valable pour le hockey ou toute autre discipline. Un bouquin qui vient combler un vide dans le domaine et qui sera d’une grande utilité pour bien des parents.

L’intuition qui supplanterait la raison. Voilà le thème exploité dans Les lumières de la raison du professeur Joseph Heath professeur de philosophie à Toronto. D’entrée de jeu, et combien il a raison, à l’ère numérique, la raison a pris le bord. Comme de penser demande un effort, on se laissera tenter davantage par l’intuition. Et surtout que le numérique a grevé la capacité d’attention, faisant des utilisateurs du web de véritables zombies plombés par de graves déficits d’attention. En plus que l’information défilant à toute vitesse, on ne prend plus le temps de s’arrêter. Au royaume du clic sur les réseaux sociaux, la rationalité en prend pour son rhume. Il lance un cri d’alarme, afin que l’humain prenne le temps de réfléchir. Cet ouvrage est un questionnement sur ce que nous sommes et ce qu’on veut devenir. Dans la pléthore de livres sur la croissance personnelle, celui-ci est à mettre au-dessus de votre pile d’achats prioritaires.  C’est aux éditions Fides.

Si vous aimez triturer les grandes questions existentielles, voici un titre qui ne devrait pas vous déplaire, Dix fenêtres sur l’aventure humaine de André Baril aux Presses de l’Université Laval. L’auteur est entre autres, enseignant en philosophie. C’est un regard personnel sur notre venue en ce monde et sa destinée. Il y a un chapitre qui nous a  particulièrement intéressé, celui consacré au savoir, car quel beau compagnon de vie que la connaissance. Et dans l’air du temps, il y a un passage sur l’économie en santé, qui va devenir une préoccupation grandissante. On le voit déjà très bien.

Combien a-t-on prévenu que si l’on compte sur l’autre en amour pour finir par s’aimer soi-même, on risque de grandes désillusions. Que la relation avec l’autre doit être un apport de soi et l’autre non pas une béquille. C’est de cela dont nous entretient la psychologue Brenda Schaeffer avec Je dois m’aimer pour t’aimer. On le sait oui, mais on n’arrive jamais vraiment à se mettre cela en tête. Et la force d’être soi nous fait penser à cette fameuse chanson, si belle “Tu trouveras la paix dans ton coeur et pas ailleurs” chantée par la regrettée Renée Claude. Ce livre est une révision des grands principes de vie. Aux éditions Béliveau.

Un livre sur le polyamour il n’en existe pas beaucoup. Peut-être pour la raison que les amours plurielles sont le lot de peu de gens. Mais ce n’est pas qu’on ne pratique pas l’adultère par omission. Mais comment comprendre ceux qui parviennent à aimer plusieurs partenaires en même temps. Voici un rare essai sur le thème L’éthique des amours plurielles de Janet W. Hardy et Dossie Easton. C’est aux éditions de l’Éveil. D’abord les auteures départagent le vrai du faux dans l’accomplissement de ce type de rapports affectifs ou sexuels. Bien des mythes demeurent qu’elles déboulonnent. Maintenant, que va t’on chercher dans cette manière de vivre le mot amour au registre de la multiplication ? Il est question du consentement, du flirt, du safe sex, bref pour reprendre le cliché bien connu, tout ce que vous avez voulu savoir et que vous n’osez demander. On appréciera la belle lucidité qui parcourt tout l’ouvrage.