- LIVRES SEPTEMBRE 2019 -
 
 







 


Le coin de la BD

C’est un de nos compatriotes, et montréalais de surcroît Cédric Loth que les éditions Mosquito ont ouvert tout grands leurs bras et qui débarque avec Spray où la vie surtout pas tranquille d’un tagueur a fait du pont Jacques-Cartier son toit. Vivant de peu, il devrait se rapprocher de la notion de liberté totale. Mais voilà que notre pauvre bougre est dans les radars de bikers néo nazis!  Ceux à qui le nom du bédéiste rappelle quelqu’un, c’est bien du caricaturiste qui a sévit successivement aux quotidiens Le Devoir et le Soleil. Sa reconversion vers la BD est une pure réussite. Et quand on regarde le produit final on comprend mieux la clé de son succès. Notre “héros” est attachant comme tout.

Chez Mosquito toujours, c’est place au tandem Lacaf et Moriquand de présenter dans le cadre des Pêcheurs d’étoiles l’épisode intitulé Les Chaînes de la liberté. Étrange retours des choses alors que l’actualité américaine nous alerte sur les enfants de migrants qui croupissent dans des enclos qui sont des geôles qui n’osent dire leur nom, voici que les deux bédéistes nous rappellent le sort affreux des enfants séquestrés dans des bagnes en France au dix-neuvième siècle. Ici c’est l’histoire de Tonin un bagnard à qui on réserve “l’hospitalité” des sinistres prisons de Cayenne. Heureusement, il ne s’y rendra pas. Il aura par contre à coeur d’arracher son fils qui gît dans une prison pr de Montpellier. Nous le recommandons fortement, d’abord pour le formidable travail de recréation d’une sale époque et la scénarisation, mais aussi aux passéistes qui disent que c’était mieux avant.

Chez Comixburo c’est le tome 2 de Héros du peuple Le dernier Maruta”du trio Hautière, Boutin-Gagné, Vatine. C’est la rencontre au sommet, c’est le cas de le dire, d’une quantité d’individus qui se recherche les uns les autres en Chine et qui vont se retrouver sur les contreforts de l’Himalaya. Les auteurs, sont habiles comme le sont deux du monde de la littérature de type fantasy, capable de faire voisiner de multiples histoires en même temps, ouvrant des parenthèses pour l’une et capable d’en fermer d’autres, tout en réussissant le pari de ne jamais perdre le lecteur en route. Des aventures à la pelle qui vont vous ravir assurément.  

Aux éditions Glénat c’est le tome 2 de la saga Rédemption de Leif Tande et qui a pour titre La famine et la mort. On est dans l’Ouest américain où tout sent la déprime. Mike le personnage central ne mange pas de ce pain là et ira combattre les forces du mal, dont la grande faucheuse. Le dessin est brut et traduit bien la rudesse ambiante. C’est du costaud quoi! Les esprits purs prendront leur pied.

Et chez Delcourt c’est Ultralazer qui annonce d’autres titres à venir puisqu’il est question ici du tome Un “Horb et Bouko”. Le trio de créateurs  Henry, Dupuis et Giraud a mis le paquet pour cette histoire du genre fantastique dans une époque pas trop définie où des chevaliers en armure sèment la destruction. C’est qu’on ne s’est pas contenté du bouquin aux illustrations éclatantes. C’est qu’à l’aide de votre téléphone intelligent vous pouvez charger une application qui en réalitée augmentée, vous offre des bonus! Dans cette histoire c’est l’éternel affrontement entre les forces du bien et celles du mal. Le dessein des personnages fait légèrement pensé à l’esthétique des mangas. Du bel ouvrage.

 

 



 


Mémoires d’une passionaria communiste brésilienne

Si on fait un vox pop, même au Brésil, il n’est pas certain que le nom de Patricia Galvao dira quelque chose. Pourtant c’est une figure féministe importante au Brésil et écrivaine. On lui doit le premier roman prolétarien de l’histoire de ce pays “Parque industrial” (1933). Deux ans plus tôt elle entrera dans la petite histoire locale en étant la première femme incarcérée pour actes séditieux à caractère politique. C’était tout un tempérament que cette communiste d’allégeance. En 1940 elle va écrire ses souvenirs de cette époque de la dictature brésilienne. Ce ne devait être qu’un exercice personnel jamais destiné à être publié. Ce n’est qu’en 2005 seulement que ce texte sera porté à la connaissance du public. Il paraît ici dans sa traduction française sous le titre de Matérialisme et zones érogènes. Ne vous énervez pas trop avec le titre, car son contenu n’a rien de sulfureux pour ce qui est de la chose, la militante ayant un certain contentieux avec le sexe. L’engagement d’abord. C’est tout ce qui comptait.  A partir de 1940 elle se concentrera essentiellement à son travail de journaliste. Une femme entière à découvrir, inspirante même. Le livre comporte de nombreuses notices qui aident à la compréhension du contexte dans lequel elle oeuvrait.

Matérialisme et zones érogènes. Patricia Galvao. Le temps des cerises 200p.   www.letempsdescerises.net

 

 



 


Correspondances numériques, ascension et chute d’une relation

Règle générale, la littérature contemporaine se veut le reflet de son temps. A l’ère numérique, il est normal que nos gens de lettres se sentent inspirés par les outils du web. Pour son quatrième roman  “Le soleil a mangé tous les arbresJean-Pierre Trépanier a imaginé un homme qui par mégarde a envoyé un courriel à la mauvaise personne. Et le destin fera en sorte que ces deux personnes que rien ne devait unir au départ, entreprendrons un volumineux échange épistolaire par le biais du clavier. Le gars, prénommé Vincent, est entrepris dans de fâcheuses histoires. A la fin de leur échange sa destinataire sera l’objet de sa désillusion. Qui a dit que l’on connaît quelqu’un encore mieux demain ? Il est question de la justice des hommes, notre protagoniste ayant affaire à celle-ci et du mensonge qui est hélas trop souvent le ciment des relations sociales. Chose certaine on aura pas vu de sitôt des courriels aussi étoffés pour exprimer le ressenti de l’un comme de l’autre. Les accros de l’internet devraient regarder de ce côté-là pour embellir leur communication.

Le soleil a mangé tous les arbres. Jean-Pierre Trépanier. Les éditions Sémaphore 283p.        www.editionssemaphore.qc.ca

 

 



 


Un malheur ne vient jamais seul

Nous connaissons tous ce vieil adage. Un qui le sait plus qu’un autre est le sergent-détective Henrik Hansen. Pensez donc, son patron lui a retiré une enquête à laquelle il tenait beaucoup, son cottage passe en flammes, et sa dulcinée se retrouve en tôle. Au même moment Montréal est le théâtre d’une série d’incendies. Et la Sûreté du Québec lui confiera la mission d’élucider ce qui a tout lieu d’être des incendies criminels. On lui adjoint une enquêteuse Léane Cohen, spécialiste du domaine. Avec tous ces malheurs décrit plus tôt et sa charge actuelle, le mec veut un peu se retirer de la folie du monde. Mais comme Cupidon a fait son oeuvre chez Léane, elle veut se l’approprier.   L’affaire Léane Cohen de Julie Rivard joue sur deux registres, comme une partition à double niveaux, le polar et la romance. Et l’écrivaine parvient à ne pas faire de Harlequin avec le volet sentimental. On nous tient captifs du premier chapitre au dernier, sans jamais faiblir le rythme. Vite un autre opus.

L’affaire Léane Cohen. Julie Rivard. Hugo roman 338p.   www.hugoetcie.fr

 

 



 


Des manifestations mystiques troublantes

S’il y a un livre à mettre au-dessus de votre pile de futurs achats de livres c’est bien Enquêtes sur les miracles dans l’Église catholique de  Patrick Sbalchiero. Et nul besoin d’être catholique pour s’intéresser au sujet, car même des scientifiques au-dessus de tout soupçon, se sont penchés sur des phénomènes qu’ils n’ont pas réussi à démystifier. Comme ce qu’on nomme ces femmes qui ne se sont nourries pendant des décennies que d’une seule hostie...par semaine, sans voir leurs capacités physiques altérées. Ou encore ces cas de stigmates tels le chez le Père Pio qui voyait entre autres surgir de ses mains, les plaies du Christ en croix. Ou bien ces corps exhumés de leurs caveaux après des siècles et qui étaient absolument intact, voire parfumés! Et on ne parle pas des apparitions de la Vierge ou d’anges, vues par des milliers de personnes. L’auteur à la fois historien et journaliste nous emmène dans des univers troublants rien de moins.

Enquête sur les miracles. Patrick Sbalchiero. Novalis 317p.     www.novalis.ca

 

 



 


Quand l’amour est malmené par la vie matérielle

Une bonne façon de vérifier la solidité d’un amour est d’observer si un couple va être en mesure de surmonter des aléas financiers. C’est le sujet d’Après la fête de Lola Nicolle qui met en scène un jeune couple parisien, elle petite bourgeoise a qui tout réussit et l’autre le gars, qui a ramé afin de pouvoir monter dans la capitale. Et ce dernier sera confronté au chômage. Est-ce que dans ce contexte on peut se la jouer encore fleur bleue ? En page 92 le narrateur rend compte avec une grande lucidité, le fait que le monde du travail n’en a cure des capacités culturelles d’un individu. Que c’est même sans avenir. L’écrivaine traduit bien les fractures qui apparaissent dans une situation où de gagner sa vie vient en totale contradiction avec le romantisme. C’est aussi la radiographie du sentiment amoureux en ce vingt-et-unième siècle. Ce roman devrait impérativement dans les radars de ceux qui décernent des prix. En fin d’ouvrage, goût de répandre la connaissance oblige vous avez un petit lexique intéressant de références côté produits culturels.

Après la fête. Lola Nicolle. Les Escales 154p.       www.lesescales.fr

 

 



 


Marcia Pilote donne de ses nouvelles

Sans faire de tapages médiatiques, Marcia Pilote publie toujours, en donnant de ses nouvelles d’une façon bien à elle, en recourant avec la complicité de son éditeur à un graphisme attrayant, original, qui confère un peu plus de proximité avec le lecteur. Elle débarque donc avec S’aimer. Un peu comme il se passe avec les réseaux sociaux, les lecteurs se sentent interpellés par le quotidien de l’auteur qui se dévoile sans filtre, comme le ferait une réelle amie. Elle a de ces petites provocations comme quand elle balance “Je m’aime vraiment” non pas au sens d’un ego démesuré, mais en terme de confiance en soi qui manque tant à d’autres. Marcia a cette humanité qui manque tellement dans ce monde où les comptables ont remplacé les gens de coeur.

S’aimer. Marcia Pilote. Béliveau éditeur 266p.     www.beliveauediteur.com

 

 



 


Sa femme violée, son lieutenant de mari désemparé mène l’enquête

Nous sommes à Tanger au Maroc, Driss, est lieutenant de police formé à l’école de son père. C’est un petit mec dans l’organisation sociale et il ne peut espérer plus. Jusqu’au jour où dans une soirée il va rencontrer Sarah Ikker. Elle est belle, sa famille dispose d’une fortune. Et c’est elle qui va prendre les devants pour le séduire. Lui qui ne pensait même pas attirer le moins du monde son attention. Au final ils s’épousent. Puis il arrivera que Sarah sera violée à la maison familiale par un inconnu. Driss devient fou, semble se maîtriser et décide de mener l’enquête. En même temps dans sa tête d’homme du Maghreb, s’opère un changement de mentalité. Il commence à discréditer sa femme, la tenant quasiment responsable d’avoir été négligente, permettant au violeur de s’être introduit dans la maisonnée. Bref tout un thriller à la fois policier et psychologique. Eh bien ce beau roman de Yasmina Khadra “L’outrage fait à Sarah Kidder” est disponible chez l’éditeur Lizzie dans sa forme audio narré par la belle voix de Victorien Robert. Un beau présent à offrir à un non voyant, quelqu’un dont la vue est déficiente, ou simplement à l’adresse d’une personne qui aime les belles narrations.
L’outrage fait à Sarah Kidder. Yasmina Khadra, version audio lue par Victorien Robert. Éditions Lizzie.

 

 



 


Inspirations poétiques venues de Montréal

Il était une fois un poète nommé Hector Ruiz qui, dix mois durant, a sillonné les rues de différents quartiers de Montréal. Et là, il a trouvé matière à inspiration. Avec en bout de piste Racines et fictions. Mais en parcourant le recueil de poésie on se rend compte que ce ne sont pas des poèmes factuels descriptifs de tel ou tel environnement. Ce sont des inspirations autres. Extrait “La chambre des enfants brûle, fuseaux horaires entremêlés jonctions et ressorts tordus valise entrouverte estomacs avides arythmies une photo raccrochée en silence voici des absents voilà des cadavres”. Ah! cette fameuse âme des poètes indéchiffrable.

Racines et fictions. Hector Ruiz. Éditions du Noroît 66p.     www.lenoroit.com

 

 





 


De jolies pontes chez l’éditeur Ulysse

Ceux qui ne vivent que pour le voyage vont trouver chez l’éditeur Ulysse de quoi alimenter leur passion. Surtout avec ces quatre titres qui paraissent. A commencer par cet impression Dictionnaire touristique globe-rêveur  C’est un petit pavé d’un millier de pages. Avec tous les pays représentés et pour chacun une petite mine de renseignements de base à connaître avant de s’y rendre. Question pour un quiz, dans quel endroit du monde la pataca est la monnaie locale ? C’est sur l’île de Macao. On vous dira que c’est là que se trouve le plus gros casino du monde le Sands, etc. Quelles sont les attractions à voir, le climat saisonnier, certaines mises en garde. Dans le genre c’est le bouquin à conserver en tout temps pr de soi pour quiconque planifie un départ. Ça évite bien des mauvaises surprises. Et pour la personne sédentaire qui ne sort jamais du Canada, c’est tout de même un flot de connaissances qui est une véritable récréation pour l’esprit.

Puis dans un autre registre, trois ouvrages pour ceux qui préfèrent des voyages thématiques: Voyages spirituels, Randonnées en Amérique du Nord, Routes des vins dans le monde. Pour mettre en “appétit” du voyage, l’éditeur n’a pas lésiné sur les illustrations. Plus que jamais l’expression une image vaut mille mots n’a trouvé autant de sens. Dans le cas des voyages spirituels, si vous êtes allé trop souvent à Compostelle, vous avez ici des suggestions de dévotions dans tous les coins du monde, de la Bavière au Mexique en passant par l’Asie.
Pour les randonnées en Amérique du Nord le choix est vaste. Vous avez d’ailleurs pour ces trois derniers ouvrages une sélection de 50 itinéraires. Alors on passe des Adirondacks à la région de Charlevoix, de l’Île d’Anticosti à l’Alaska. Dans les Territoires du Nord-Ouest par exemple une recommandation, les nuées de moustiques et les grizzlis, que seuls certains voyageurs aguerris peuvent affronter.

Les disciples de Bacchus ont aussi l’embarras des destinations. Et si le premier pays auquel on pense côté vins est la France, ce guide nous emmène dans biens des endroits de la planète où on prépare la vigne pour la transformer en un délicieux nectar. Telle la Grèce avec la région de la Thessalonique. De bien belles découvertes qui seront utiles à ces nomades qui plus spécifiquement aiment à venir travailler pour les vendanges, combinant le boulot et le plaisir des rencontres solides de terrain.

 

 



 


Les petits et grands choix de notre sommelier de Québec

Philippe Lapeyrie professeur à l’École hôtelière de la Capitale et sommelier bien connu pour ses participations sur le réseau TVA a réussi le pari depuis neuf ans, de se maintenir en place avec son guide annuel des vins. Et dieu sait que la compétition ne manque pas dans ce domaine de l’édition. Sans doute que les disciples de Bacchus se les procurent tous d’emblée, passionnés qu’ils sont à découvrir des nectars que d’autres vont négliger. Tout ça pour vous dire que le Lapeyrie 2020 est maintenant disponible. Évidemment, pas question ici de tenter de reprendre de ses sélections ici, l’espace manquant. Et il a lui aussi ses tops 10. L’index en fin d’ouvrage permet de retracer le label recommandé. Et puis l’éditeur n’a rien négligé au plan graphique pour mettre en valeur les bouteilles. Ce livre est un acte de foi dans ce qu’il y a de meilleur en ce bas monde.

Le Lapeyrie 2020. Philippe Lapeyrie. Éditions de l’Homme 291p.   

 

 



 


Récits captivants d’un militaire à la retraite

Quand on pense qu’il n’y a pas encore si longtemps, les soldats ne disaient jamais mot de ce qu’ils avaient vécu de leur vie militaire, vivant souvent leur traumatisme de l’intérieur. Maintenant la psychologie a fait son entrée dans les casernes de sorte que maintenant les militaires sont plus bavards et ne font plus mystère de leur fragilité. Peut-être est-ce l’avènement des femmes dans les régiments qui a changé la donne et transformer ces êtres jadis de marbre en une montagne d’émotions. Les livres issus de leurs souvenirs garnissent maintenant les rayonnages des librairies. En voici un qui vaut le détour  Chroniques hu-militaires du lieutenant-colonel à la retraite Jean-François Lemoyne. Il a été en mission successivement au Royaume-Uni, dans l’ex Yougoslavie et en Irak. Avec autant de chocs des cultures. Il a fait inscrire le mot roman sur la couverture alors qu’il s’agit bien d’une autobiographie militaire à laquelle nous faisons face. Car ce qu’il y a de bien, c’est que c’est constamment l’auteur à la première personne dans tous ces chapitres. Et il écrit drôlement bien le gars. De sorte qu’il nous embarque dans ces histoires, souvent rocambolesques. La vie de soldat est tout sauf un long fleuve tranquille. On connaît le cliché “vie de roman”, mais c’est ce qui tout vient à l’esprit. S’il y a quelque chose du roman dans cette vie, c’est qu’il a été confronté à des événements auxquels peu de gens du commun des mortels l’auront été.

Chroniques hu-militaires. Jean-François Lemoyne. L’Interligne 260p.     www.interligne.ca

 

 



 


A découvrir, la vie du cambrioleur marseillais Alexandre Marius Jacob

Jean-Marc Delpech qui est historien en même temps qu’enseignant a trouvé un sujet en or en la personne du Voleur et anarchiste, Alexandre Marius Jacob  (1879-1954). Ce marseillais d’origine avait une curieuse conception du vol. A la fin de sa biographie, l’auteur reproduit une longue déclaration où ce bandit notoire détaille sa vision du fait de s’emparer du bien d’autrui. A le lire c’est quasiment un geste politique, où le pauvre reprend au riche ce que ce dernier lui refuse. Car contrairement à un Arsène Lupin, gentleman cambrioleur, issu d’une noble extraction tout de même, Jacob vient des bas-fonds de la ville phocéenne.  Et il n’entendait pas passer sa vie à vivres de pitances. Il aura fait onze ans de bagne. Il connaîtra les terribles geôles de Guyane. Il sera libéré à la faveur d’une grâce. Il dira un jour qu’il préférait voler que d’être volé. Il se rangera par la suite, avec quelques petites démangeaisons de retour à ses anciennes amours. Tout un personnage que le cinéma devrait retenir, même une série télévisée serait plus avisée. En attendant on a ce livre merveilleux qui nous fait pénétrer dans la tête d’un marginal et curieuse vision de l’existence.

Alexandre Marius Jacob voleur et anarchiste. Jean-Marc Delpech. Nada 217p.   www.nada-editions.fr

 

 



 


Pour se vêtir de façon écolo responsable

L’actualité concernant le vêtement nous a appris deux choses. D’une part à quel point l’industrie textile figure parmi les plus polluantes et comment les friperies gagnent en popularité, sans doute faisant partie d’un engagement du public à porter des vêtements seconde main et faire ainsi leur part pour la planète. En tout cas une qui s’y connaît est Léonie Daignault-Leclerc qui après une formation en mode, a fondé “Gaia & Dubos”une entreprise de mode durable qui conçoit des vêtements écologiques et hauts de gammes pour les femmes totalement fait main. Elle nous partage sa vision de la consommation de la mode dans Pour une garde-robe responsable. En début d’ouvrage, question de vous sensibiliser, elle décrit les conditions de travail dans ces usines de fabrication, véritables abattoirs. Une grosse partie du bouquin consiste à l’identification de la marchandise. Il y a pleins d’étiquettes à connaître sur la constitution, la provenance etc. Bref, à notre connaissance c’est la première fois que l’on peut lire de tels avertissements qui permettent à la personne de faire des choix judicieux.

Pour une garde-robe responsable. Léonie Daignault-Leclerc. Les éditions La Presse 204p.      www.editionslapresse.ca

 

 



 


Des globe-trotters aux carnets de route chargés

Heureux qui comme Ulysse a fait de beaux voyages, on connaît cet adage tiré de l’Antiquité, ou encore les voyages forment la jeunesse. De gros clichés certainement pour le duo formé de Fabrice de Pierrebourg le journaliste d’enquête à LaPresse et l’illustrateur Marc-André Pauzé qui rendent compte de leurs dernières pérégrinations aux quatre coins du globe. Ça donne Regards croisés de l’Arctique à l’Afghanistan. Leurs itinéraires ont été plus guidés par un souci journalistique de rendre compte de l’état du monde, que de suggérer des forfaits voyages. Ils sont allés dans des zones risqués dont la Syrie et l’Afghanistan, ou bien dans des pays comme Madagascar l’un des plus pauvres de la planète. A chaque destination ce qui frappe, c’est qu’ils expérimentent les cultures et les expériences au contact des petites gens. Et de Pierrebourg dont on connaissait l’habileté à décrire, fait merveille. De leur côté, les dessins soignés, parfois en BD donnent de la valeur ajoutée au récit. Dans le genre, le fruit de leur travail tutoie l’excellence.

Regards croisés de l’Arctique à l’Afghanistan. Fabrice de Pierrebourg et Marc-André Pauzé. Les éditions La Presse 141p.     www.editionslapresse.ca

 

 





 


Le coin santé physique et psychique

Lucia Giovannini docteure en psychologie doit certainement avoir trouvé une méthode efficace puisque son livre Vivez! s’est écoulé à 120 000 exemplaires. Nous avons la version française aux éditions du CRAM. De l’école de la PNL son livre est particulièrement judicieux pour quiconque est à l’heure de son inventaire et veut changer des choses dans ses perceptions et ses comportements. Nous avons relevé un passage dans un chapitre dans lequel elle compare le parcours d’une vie à une destination comme pour un voyage. On désire aller du point A au point B ? Alors on s’en tiendra à une ligne droite sans devoir faire des détours. Tandis que dans la gestion de nos vies, qu’est-ce qu’on tergiverse. Vraiment c’est un guide de vie à mettre au-dessus de toute autre lecture.

Les cinq autres titres le sont aux éditions Béliveau. Sous la direction de Diane Métayer un collectif d’auteurs présente L’intervention auprès de la personne âgé en perte d’autonomie. Peut-on avoir un livre au sujet plus pertinent, alors que l’actualité se fait récurrente sur la question de la maltraitance des aînés dans les résidences qui les hébergent. Si on passe en revue les problématiques et les solutions possibles, le mot de conclusion est l’insistance qui doit être pour maintenir un lien de proximité entre les proches et le résident. On ne peut qu’en tirer des bénéfices qui favorisent même l’autonomie de ce dernier.
Wow est aux dires de Cédric Lajoie l’état de quelqu’un qui est lui-même, un pur. C’est aussi le titre de son livre de motivation. Maintenant ce sera pour vous intéressant de le lire, car si l’on formule toujours le voeu que les gens soient eux-mêmes, c’est tout un défi quand on sait que le mensonge est le ciment qui tient ensemble la vie sociale. Imaginez quelqu’un qui dirait constamment sa vérité ? C’est pourquoi à partir de ce que nous venons d’évoquer, comment interagir avec les autres sans se dénaturer. Ailleurs, nous vous signalons la sortie d’Astrologique horoscope 2020 de Marie-Christine Dean. Qui travaille d’arrache-pied toute l’année pour nous arriver avec un pavé de près de 500 pages où se distinguant de ceux et celles qui font dans le créneau des prédictions, expose l’astrologie occidentale de même que celle orientale. Elle fait aussi à la numérologie et les maisons d’âge. Il faut saluer le remarquable boulot de recherche qui a présidé à cette édition. On ne peut ici vous dire de quoi sera fait l’année à venir car selon les signes on accueillera les événements diversement.
Vous connaissez bien le dicton “ça passe ou ça casse”. C’est le pari que s’est donnée Johanne Brouillette qui a subi la maltraitance durant deux décennies. Ça marque quelqu’un de manière indélébile. A condition de faire preuve de résilience et de ne pas vouloir traîner derrière soi ce boulet de vie et se donner l’opportunité d’avoir le beau contrôle sur le reste de son existence. C’est le choix qu’a opté l’auteure de Enfance & résilience qui est le récit de ce que fut son calvaire et de quelle façon elle s’y est prise pour s’en sortir. Mais autant vous prévenir, âmes sensibles, il y a des passages très durs. Ce qui nous fait d’autant admirer la dame qui a réussi à surmonter ces épreuves.

 Puis pour conclure, à lire Reprogrammez votre cerveau d’Anick Lapratte. Une lecture qui peut être complémentaire au livre précédent, car vous faire sa résilience, il faut se connaître à fond. Et cette passionnée du potentiel humain comme elle se définit, a adopté une méthode d’interaction. Elle a établi un questionnaire où il faut répondre en toute honnêteté pour être garant de sa réussite. On sait que coucher son soi sur papier aide énormément à déverser ce que ne peut faire le non dit.

 

 



 


Un roseau cambodgien qui ne rompt jamais

Il y a des récits qui sont de très grande valeur et inspirants. Et celui vécu par Anouk’chet Suong en est une incarnation. Elle a été de ceux qui enfants ont vécu le régime effroyable des Khmers rouges.  A la dure elle a été commise aux travaux forcés. Elle s’en tirera grâce à une force intérieure. C’est la rencontre avec Henriette Levasseur qui permettra de nous faire connaître par où elle est passée. Anouk’chet une fillette au pays des Khmers rouges Dans les premières pages, elle situe ce qui s’est passé politiquement pour ceux qui ne sont pas familiers avec cette sombre tranche de l’histoire du XXème siècle. Un régime totalitaire qui n’a rien à envier aux nazis. Comme quoi on aura rien retenu de ce qu’est un génocide. Aujourd’hui la jeune femme est canadienne et savoure pleinement sa liberté. Elle a fait ce témoignage afin que l’on n’oublie jamais. Un grand devoir de mémoire.

Anouk’chet une fillette au pays des Khmers rouges. Henriette Levasseur d’après le récit d’Anouk’chet Suong. Éditions David 154p.      www.editionsdavid.com

 

 



 


Un premier roman sur le Louvre en tant de guerre

La petite histoire qui fait la grande, nous a appris qu’en prévision de l’Occupation allemande, le directeur du Musée du Louvre a eu l’idée de cacher les milliers de trésors qu’il recèle et de les disséminer dans divers châteaux en France qui ont servi de caches, échappant ainsi à la resquille des nazis dont Goering grand ordonnateur de rapts de tableaux pour sa collection personnelle, sans compter le Führer lui-même qui voulait ériger à Linz en Autriche un colossal musée d’art. Pour son premier roman Louvre très réussi faut-il l’écrire, Josselin Guillois se sert de ce contexte pour aménager l’histoire simultanées de trois femmes gravitant autour de monsieur le directeur. Nous sommes en septembre 1939. Le romancier novice a gagné son pari de faire vivre sous nos yeux trois pans de vies, sans entremêler le lecteur. Il a su ouvrir et fermer des parenthèses aux bons endroits. Et il a su se mettre habilement dans ces trois sensibilités de femmes, leurs préoccupations. Son amour de la nature féminine transpire à chaque page. C’est un nom à retenir assurément.

Louvre. Josselin Guillois. Seuil 249p.    www.seuil.com

 

 



 


Un roman punk et romantique

Julien Decoin est issu du monde du cinéma, où il a bossé comme assistant réalisateur, avant de se mettre à la réalisation d’un court-métrage “L’Autostoppeuse”. Côté écrivain avec Platines il en est à son troisième roman. Pense t-il à une transposition au grand écran avec cette histoire qui effectivement trouverait sa place au cinéma. Elle lui a été inspiré par le vécu de Debbie Harry du groupe Blondie. C’est l’histoire d’un écrivain d’un âge certain qui vit un peu isolé dans un ancien couvent non loin de Paris. Un jour dans un bar, il croise une blonde platine qui va lui en rappeler une autre dans un passé lointain qu’il avait rencontré à New York, et qui l’avait mené sur le chemin de la création. Et cette nouvelle vision en mode platinum va réveiller de vieux démons. Va t-il entreprendre un contact avec cette blonde, car pour lui, les blondes semblent stimuler son éveil artistique. Tout ceux qui sont vulnérables à la plastique féminine, vont comprendre les tourments du protagoniste.

Platines. Julien Decoin. Seuil 233p.     www.seuil.com

 

 



 


La trajectoire étoilée de Jean de Grandpré

Déjà avec une particule dans le patronyme fait une jolie carte de visite, ajoutez le talent, la détermination et la discipline et vous avez beaucoup d’atouts dans votre jeu. Jean de Grandpré ne s’en est pas privé et a mis toutes ses ressources à contribution. De brillant avocat il deviendra président de Bell qu’il transformera en BCE un énorme holding qui pèse lourd dans l’économie canadienne. Ils se sont mis à deux Danielle Stanton  et Hervé Anctil pour raconter cette trajectoire étoilée. Nous sommes dans une sorte d’hagiographie du personnage, au mieux une biographie de type autorisée. Peut-être cette aseptisation de ce parcours professionnel, enlèvera de la saveur pour certains, mais le livre vaut le détour car il nous apprend tout de même pas mal de choses sur l’esprit et les coulisses des affaires. Ainsi l’objet du livre est très transparent pour analyser la débâcle de Northern Electric, n’hésitant pas à nommer qui à ses yeux se sont montrés incompétents pour la conduite des affaires. Critiquant Michael Sabia d’avoir transporté l’essentiel du bureau à l’Île-des-Soeurs loin du centre névralgique des affaires et aussi véritable casse-tête pour les travailleurs devant s’y rendre en auto. Nous saurons aussi que Pierre Elliott Trudeau l’a consulté avant de se lancer dans la campagne comme premier ministre du Canada et que de Grandpré avait tenté de le dissuader, le sachant assez distant avec le commun des mortels. On connaît la suite. Il y a énormément d’anecdotes qui pimentent le récit de sorte que le produit final est tout sauf ennuyeux. Inspirant est le qualificatif approprié pour cet exercice de style. Au passage l’homme d’affaires et philanthrope est maintenant âgé de 98 ans.

Jean de Grandpré l’héritage d’un géant: de Bell à BCE.  Danielle Stanton et Hervé Anctil. Les éditions La Presse 210p.        www.editionslapresse.ca

 

 



 


Une famille à problèmes en Caroline du Sud

Nora Roberts avec ces 400 millions d’exemplaires vendus à ce jour, peut compter sur un lectorat qui est non seulement d’une fidélité absolue, mais qui gagne journellement de nombreux fans. Pourquoi ? La recette est simple. Elle n’a qu’à puiser dans le vivier du vécu des gens pour trouver tous les matériaux dont elle a besoin. Comme pour son dernier livre dont le titre est déjà en soi un programme Fêlures. Les fêlures en effet d’une famille, les Bigelow, bien sous tout rapport mais qui cache derrière la maison familiale des tensions extrêmes. Le père chirurgien, fait figure de pater familias. Qui sème même la terreur au sein des siens. Dans un tel climat se succédera des problèmes à l’infini. L’auteure s’attache particulièrement au cas de Zane qui va fuir ce milieu toxique. Il va retourner sur les lieux, mais les blessures ont laissé des cicatrices à l’âme. Et il verra que hors du clan, ce n’est pas plus rose. Nora Roberts ne fait pas ici dans la romance. C’est même d’une grande lucidité. Et qui nous fait interroger sur les liens du sang tant vanté. Est-ce que ce ne serait qu’un autre mythe entretenu ?

Fêlures. Nora Roberts. Michel Lafon 399p.     www.michel-lafon.com

 

 



 


Des nouvelles inspirées par un photographe

Hugues Corriveau est admiratif du travail du photographe  Gregory Crewdson au point que cela lui a inspiré un recueil de nouvelles à qui il a donné le titre de Dérives américaines.  Pour ceux qui ne connaissent pas ce dernier, sachez que c'est une grosse pointure de la photographie américaine. Vivant à New York, il enseigne son art à l'université de Yale. Sa marque distinctive, de capter la solitude des gens, comme une sorte de démonstration des côtés moins reluisants du rêve américains. Il a passé en outre une vingtaine d'années dans de petits bleds de la Nouvelle-Angleterre pour saisir des instantanés de vie tristounets. Notre poète, avec raison, a trouvé là matière à noircir brillamment des pages de nouvelles dont une "la vieille dame solitaire" donne le ton.  Le nouvelliste se fait aussi portraitiste de son époque.  Au final il tutoie l'excellence.

Dérives américaines.  Hugues Corriveau. Druide 231p.    www.editiosdruide.com

 

 



 


Il était une fois à Ville Saint-Laurent années cinquante

Ceux qui désespèrent de l'ère numérique où les gens ne se communiquent plus entre eux qu'en mode virtuel, se mettent  à penser que peut-être le monde d'avant c'était mieux. Pour tenter une réponse nous avons une posologie pour vous, de lire impérativement Dédé blanc-bec de  Daniel Guénette.  L'auteur puise dans ses propres souvenirs d'enfance dans le Ville Saint-Laurent d'antan,  une sorte d'autofiction celui des années cinquante. Ça donne une sorte d'autofiction qui n'ose dire son nom. D'ailleurs pour avoir une idée du contenu nostalgique, jetez simplement un coup d'oeil sur la photo de couverture. On aperçoit, tirée des archives personnelles de l'auteur, un gamin (est-ce lui ?) vêtu comme un véritable petit prince comme on en voit dans la revue Point de vue. Qui nous fait souvenir qu'autrefois pour Pâques notamment on s'habillait de neuf, de même que pour la rentrée des classes. L'écrivain nous plonge vraiment dedans.  Le lire c'est comme parcourir un album de photos. Il sait créer des images dans la tête du lecteur. Rendu à la dernière ligne, peut-être serez vous plus à l'aise pour répondre à la question du début.

Dédé blanc-bec. Daniel Guénette. Les éditions de La Grenouillère 206p.    www.delagrenouillere.com

 

 



 


Et le tueur à gages de s'exprimer

Comme il est fait remarqué en quatrième de couverture de Les morts sont des cons de Graeme Villeret  il est rarissime que dans les histoires policières, qu'elle soient racontées sous l'angle du tueur. C'est donc à rebours du genre, que l'écrivain s'amuse avec ce deuxième roman au titre accrocheur en diable. Et on pense à croire qu'il a dû s'amuser beaucoup et qu'il est certainement admirateur des Totons flingueurs au cinéma et des dialogues de Michel Audiard. En sa compagnie on peut enfin savoir ce qui trotte dans la tête d'un mec qui flingue les autres pour gagner son croûton. Une première phrase du livre, amusante comme tout et si réaliste, en dit long sur le destin de ces êtres marginaux "le tireur finit toujours en position couchée".  On ne vous dira pas si ce sombre pronostic sera celui qui attendra notre personnage en fin d'ouvrage.  Mais si on lit un livre dans le but de se divertir, alors les amis vous êtes devant un buffet du genre. Toute personne qui nous arrache comme lui à la grisaille des jours est un bienfaiteur de l'humanité.

Les morts sont des cons. Graeme Villeret. AdA 496p.    www.ada-inc.com

 

 



 


Le pape François et sa contre-attaque

L'actualité, surtout l'année dernière, a été récurrente quand aux affaires d'agressions sexuelles sur des enfants et aussi d'abus sur des jeunes hommes, notamment des séminaristes dans l'Église. Le pape François a condamné publiquement la pédophilie et a mis en place des mécanismes de sanctions sévères allant jusqu'à la laïcisation de cardinaux. Maintenant il y a eu cette lettre dévastatrice de l'archevêque émérite Carlo Maria Vigano est allé plus loin dans une lettre où il met en cause le Souverain Pontife, l'accusant de complicité pour couverture d'abus sexuels et appelant à sa démission rien de moins.  On s'est étonné que l'actuel titulaire du Saint-Siège n'ait pas davantage réagi. Eh bien voici qu'il contre-attaque par la voie de Andrea Tornielli et Gianni Valente. Le premier a une double casquette, journaliste au quotidien La Stampa et directeur de la communication du Vatican, tandis que le second est journaliste pour le site Vatican Insider. Ces deux-là ont décidé de se porter à la défense de l'Église dans Le jour du jugement. Il reprennent point par point les accusations qui sont faites à la Curie romaine et au pape et opposent des objections. Ce livre est appelé immédiatement à devenir un best-seller car d'emblée tout ce qui touche le Vatican fascine les auditoires. Au passage il est beaucoup question de notre cher cardinal Marc Ouellet à titre de préfet de la Congrégation des évêques en charge des nominations de ceux-ci. C'est lui qui sur le mode du tutoiement répondra vertement à Mgr. Vigano à la suite de la lettre incendiaire.

Le jour du jugement. Andrea Tornielli et GianniValente. Michel Lafon 297p.   
www.michel-lafon.com

 

 



 


Réactions de ceux dont la fin de vie a sonné

On peut facilement comprendre que l'on puisse perdre un peu de ses moyens quand on vous informe que votre temps est désormais compté et que seule la mort est l'issue. La journaliste Geneviève Landry appuyé par des photos remarquables de Emmanuelle Brière est allé à la rencontre de ces gens qui ont reçu l'impitoyable verdict. Aussi de ceux qui les entourent.  Laisser sa trace est à sa façon un livre coup de poing. Car si dans sa vie on a tendance à faire du mensonge une sorte de ciment social, là nous ne sommes plus dans la comédie. C'est l'heure des grandes vérités. C'est pourquoi ces témoignages ont quelque chose d'exceptionnel. C'est l'humain dans sa nudité, sans fards. Saluons la maison d'édition pour le soin apporté à la présentation graphique et qui est un merveilleux écrin pour les photographies, toutes de noir et blanc. Ceux qui ont des préoccupations métaphysiques vont adoré ce bouquin. Et ceux qui ont peur de la mort, seront certainement apaisés par le flegme des répondants devant l'inexorable.

Laisser sa trace.  Geneviève Landry, et Emmanuelle Brière photographe. Druide 264p.      www.editionsdruide.com

 

 



 


Amusements toponymiques

Voici un livre qui est comme une véritable récréation de l'esprit. Nommer le monde écrit par deux géographes et toponymistes Henri Dorion et Marc Richard nous raconte des historiettes du pourquoi et du comment on a nommé tel coin de pays ici et dans le monde. Il y a quelque chose de l'érudition, mais à la portée de tous. Comme on sait que les québécois attachent une importance à la généalogie, il est fort à parier que ce livre va faire son petit bonhomme de chemin. C'est amusant de savoir qu'est-ce qui a motivé les autorités  à désigner une place de telle façon plutôt qu'une autre. En Haute-Côte-Nord on pouvait trouver l'Anse aux fesses. Pouvez imaginer dans ce Québec pudibond sous la férule de la Sainte-Mère l'Église qu'il fallu en changer. Elle devint l'Île banane infiniment plus convenable aux oreilles.  Et c'est tout à l'honneur des deux auteurs de nous permettre dans savoir ainsi davantage sur notre histoire si négligée dans le programme scolaire.

Nommer le monde. Henri Dorion et Marc Richard. Fides 186p.    www.groupefides.com

 

 



 


La séduction en mode web, un tout nouveau discours

Notre époque numérique ne cesse d'interpeller les penseurs de tous les horizons qui analysent les conséquences de la communication sur Internet. Et dans cette foulée, il fallait bien un essai exhaustif touchant à la séduction. Elle est d'abord plus virtuelle que réel. Donc l'approche de l'autre s'en trouve grandement modifiée. C'est de tout cela dont nous entretient Rachida M'Faddel dans La rhétorique de la séduction. Pour échafauder sa théorie du domaine elle s'est appuyé sur deux romans, le premier Un homme à distance de Katherine Pancol dont le mode opératoire de séduction est  la lettre standard et l'autre Quand souffle le vent du nord de Daniel Glattauer qui se sert de la missive numérique. Le titre du premier chapitre ouvre le bal "La séduction ou l'art de la persuader". A partir de ce constat lequel des deux modes, classique ou virtuel réussit-il mieux son effet ?  La conclusion vous le verrez est intéressante.

La rhétorique de la séduction. Rachida M'Faddel. Nota bene 131p.    www.groupenotabene.com

 

 



 


Un Québec préhistorique plus que fascinant

La rentrée du livre nous présente parfois des ouvrages que nous n'attendions pas et qui nous jettent par terre. C'est le cas de Patrick Couture qui à la ville est enseignant et qui a une passion dévorante pour la préhistoire. Quand on entend ce mot on pense toujours à d'autres contrées. A la limite plus près de nous l'Alberta dont on a retrouvé passablement de fossiles de grands dinosaures. Mais avez-vous imaginé un seul instant le Québec il y a 350 millions d'années! On est loin de Jacques Cartier et de Samuel de Champlain. Eh bien dans son livre absolument captivant qui a pour titre La préhistoire du Québec il dit justement qu'à cette époque, une météorite a frappé de plein fouet les Éboulements provoquant une explosion 430 fois plus forte que la bombe largué sur Hiroshima. Et que si, à ce moment là vous vous seriez trouvé à Québec, l'éblouissement était 1570 fois plus brillante que le soleil. Vous en faut-il plus pour vous montrer en quoi cet ouvrage nous fait connaître un Québec totalement inconnu de la majorité. Saviez-vous qu'en Abitibi s'activaient de nombreux volcans. Comme l'auteur n'est pas un docte paléontologue, il y a chez lui ce goût du partage en termes accessibles. Un peu plus loin dans les chapitres il se rapproche un peu plus de l'antichambre de la Nouvelle-France. Si on avait des profs comme lui dans nos salles de cours, c'en serait fini du décrochage!

La préhistoire du Québec. Patrick Couture. Fides 393p.    www.groupefides.com

 

 



 


Carnets posthumes d'un immigré italien

En 1968 le Québec pouvait s'honorer de la venue d'Amédéo Errico et de sa famille, venu prendre racine chez nous afin d'y trouver un lieu paisible. C'était pour lui la belle conclusion après une saga incroyable, surtout au cours de la Seconde guerre mondiale où il a dû  esquiver continuellement l'occupant nazi en France. Il notait dans ses carnets ce qu'était son quotidien. Des pages chargées d'humanité. Où comme lors de tout conflit les sentiments sont exacerbés. Malheureusement pour lui, ses récits n'ont pu être publiés. C'est sa fille Pauline Errico lavalloise, qui a cru bon rendre hommage à son paternel en faisant partager au plus grand nombre la saga paternelle et familiale. Elle y a ajouté une note plus contemporaine afin que le public sache ce qu'il est advenu ensuite des Errico. Pour revenir à cette sorte de journal on remarquera la grande qualité narrative d'Amédéo qui reproduit aussi les dialogues qu'il a eu et qui dynamise le tout. C'est un devoir de mémoire qui méritait d'être porté à son terme afin que nul n'oublie ce que fut le passé pour beaucoup de nos immigrants.

L'odyssée d'un enfant de la guerre. Amédée Errico. Texte établi par Pauline Errico. Éditions de l'Apothéose 678p.    www.leseditionsdelapotheose.com

 

 



 


Le coin de la pédagogie

Aux éditions Fides paraît trois ouvrages qui gravitent autour du monde de l'éducation. Ça tombe à  point nommé avec la rentrée scolaire qui a débuté il y a peu. Un premier titre  Premiers jours de classe est écrit à quatre mains par Martine Tremblay et  Camille Morin. En gros on rend compte des défis auxquels sont confrontés des enseignants qui accueillent souvent dans leurs classes des enfants qui ne sont même pas éduqués, ce qui double la difficulté, car leur mission première ne devrait s'en tenir qu'à instruire, pas de combler le vide parental. En quatrième de couverture on rappelle ce triste constat que l'enseignement est un métier mal aimé et peu valorisé. Seigneur! Quand on pense que c'est une phase fondamentale de la construction des individus et des peuples. Les auteurs contribuent à tour de rôle en décrivant leurs petites et grandes misères et comment ils parviennent à faire  face aux difficultés. Un ouvrage fondateur pour ceux que l'enseignement intéresse ou pour ceux et celles qui veulent connaître du quotidien en classe. C'est plus qu'une vocation c'est de l'ordre de l'apostolat. Et on nous dit que l'idéal pour un professeur est d'être heureux lui-même dans sa vie. Tout un programme!

Ensuite deux petits ouvrages dans la collection "Ce qu'en dit la science" sous la direction de Stéphane Labbé. Le premier L'ipad à l'école une bonne idée ? interroge sur les "bienfaits" du recours aux technologie comme outils d'enseignement.  Vous avez les arguments du pour et du contre qui sont exposés. Ce qui semble se dégager c'est qu'on ne peut difficilement faire fi de cette engeance. Suffit aux professeurs de savoir intégrer la techno à leur enseignement et d'encadrer l'utilisation de ces bidules.  Autre sujet qui fait débat et qui fait l'objet du second titre  La maternelle 4 ans une bonne idée ?  Nous touchons au coeur du projet éducatif du gouvernement québécois du premier ministre François Legault et qui fait débat. Deux écoles de pensée s'affrontent, l'une qui dit en somme de laisser les enfants en paix et l'autre qu'il ne peut être que tr bon de superviser à ce si jeune âge ces jeunes têtes. Et vous lirez ces pages sur la résultante d'un apprentissage en bas âge. Ces deux opuscules ont le mérite de clarifier les enjeux et de permettre au lecteur de se forger une opinion éclairée.

 

 





 


Le coin santé physique et psychique

Quand une maman projette de le devenir une seconde fois, il lui faut composer avec les réactions du premier enfant. Car ce n'est pas d'emblée que l'aîné(e) va sauter de joie à cette annonce qui lui gruge une partie de son espace affectif. Ça se prépare donc. La littérature à ce propos n'est pas si nombreuse, c'est pourquoi Maman attend un bébé de la psychologue Rachel Briand-Malenfant sera une lecture très utile. Il y a autant la posture psychique des parents à mettre en place que de bien préparer l'enfant à la venue d'un autre petit frère ou une petite soeur. On évitera ainsi une guerre d'ego. C'est aux éditions du CHU Sainte-Justine.

Aux éditions du CRAM cette fois c'est le psychologue Georges-Henri Arenstein qui, assisté par une consoeur Élodie Lavoie  publie  Respirer et renaître. Qui reprend un concept fort en vogue un temps et un peu délaissé par la suite, le rebirth. On connaît le premier pour ses implications scientifiques sur les relations entre les humains et les animaux. Beaucoup le font arrivé à la cinquantaine au moment d'un certain inventaire de vie. Ils ne savent pas toujours ce qu'ils feront, mais ont une idée certaine de ce qu'ils ne veulent plus faire. C'est le moment d'une seconde naissance absolument nécessaire. Le rebirth est une forme de respiration de vie où on se débarrasse des carcans imposés par le formatage et les restrictions des autres. Il s'est publié énormément d'ouvrages sur le rebirth, mais celui-ci à l'avantage de la simplicité de la communication.

 

C'est documenté, c'est la mort d'un enfant qui est au sommet des épreuves parmi les plus grandes.  Diane Baignée en sait quelque chose, elle qui a vécu par deux fois ce traumatisme. Et pourtant si vous voyez sa photo qui orne la quatrième de couverture de Jasette amicale avec le deuil elle affiche un beau sourire et des yeux pétillants de vie. Elle fait un pied de nez au poète qui disait que la mort à des douleurs à nulle autre pareil. Certes, mais elle, sa nature la porte à voir les solutions plutôt que les problèmes. Elle a une sacrée détermination. Par quel processus mental est-elle parvenue à surmonter ces deux mortalités infantiles ? C'est ce qu'elle détaille dans ces chapitres. Elle termine ces pages en disant qu'il faut faire confiance en la vie. Ses précieux conseils valent également pour une personne en deuil d'une rupture amoureuse. C'est aux éditions Michel Lafon.

 

Et si pour venir à bout de ses problèmes alimentaires on abordera la chose en l'intellectualisant ? Car si on comprend mieux les phénomènes qui régissent notre métabolisme, on parviendrait peut-être à se nourrir que lorsque l'on a faim. C'est en tout cas la proposition faite par la nutritionniste Cynthia Marcotte qui lance aux éditions La Presse La faim comment l'apprivoiser assorti de quarante recettes santé. Et pas question ni de faire des régimes, ni de se priver. L'idée étant d'identifier ce qu'on a besoin pour notre vitalité. En somme que la raison l'emporte sur les émotions. Il y a là une grande densité d'informations qui permettent de comprendre nos sens, le rôle de nos hormones etc. C'est un ouvrage fouillé qui va faire référence et qui vous fera l'économie d'acheter plein de livres sur le sujet.

 

 



 


Pour tout inconditionnel de l’automobile une montagne d’infos

L’annuel de l’automobile cuvée 2020 en est à sa deuxième décennie d’existence. Les coauteurs Benoît Charrette et Éric LeFrançois sont parvenus à faire de ce gros de plus de 700 pages, une référence pour tous ceux et celles qui veulent tout savoir des modèles en vogue, ceux qui sont disparus de la carte cette année et une projection sur les modèles qui auront la cote dans le futur. Toujours la rigueur est au rendez-vous. Vous avez pour chaque automobile, une fiche complète et deux opinions la concernant. Donc ça permet au lecteur, surtout s’il est en mode achat, d’avoir deux points de vue. Ça demeure au passage le cadeau de Noël incontournable. Eh évidemment que tout ce qui concerne la voiture électrique est passé au peigne fin. On saluera le travail énorme que ça requiert pour tout répertorier de la sorte et ne rien manquer de l’actualité du domaine.

L’annuel de l’automobile 2020. Benît Charrette et Éric LeFrançois. Éditions La Presse 704p.  www.editionslapresse.ca

 

 



 


L’étiquette à l’ère numérique

Ils sont deux. Robert T. Duguay actuaire associé directeur du cabinet Boyden et Renaud Margairaz président d’Eminence branding et membre du conseil d’administration de la chambre de commerce canado-suisse. Qui se sont mis à réfléchir sur les nouvelles règles de savoir-vivre qui doivent codifier nos rapports à notre époque. Ça donne Éviter les faux pas à l’ère numérique. Ce livre est opportun car actuellement on assiste à du n’importe quoi avec des êtres perpétuellement scotchés en état d’addiction à leur téléphone intelligent. Avec des manquements à l’étiquette, que ce soit au bureau ou lors de lunchs d’affaires. Plus largement c’est l’attitude à adopter en tout temps dans la vie quotidienne, même en matière sexuelle! Comme quoi on a pensé à tout. Ils ont senti le besoin de faire partager la nécessité de mettre des balises en société sinon c’est l’irrespect total. Avec des conséquences dont on ne mesure l’étendue. Aussi, on fait un tour d’horizon sur les plateformes des réseaux sociaux pour savoir comment les utiliser au mieux et faire bonne figure. Ces personnalités sont interviewées à travers les chapitres qui nous racontent moult anecdotes sur les échanges professionnels.

Éviter les faux pas à l’ère numérique. Roger T. Duguay et Renaud Margairaz. Éditions La Presse 273p.     www.editionslapresse.ca

 

 



 


Histoires de vols exceptionnels sur le Concorde

Les histoires de l’aviation ne manquent jamais de piquants. Et encore moins quand c’est Bernard Marchand pilote émérite qui a compté 1596 heures de vols sur le légendaire Concorde et qui raconte les vols spéciaux, ceux présidentiels de la République française et même le pape Jean-Paul II. Pilote de Concorde vols spéciaux regorge d’anecdotes. Et c’est un bon conteur. Qui a une mémoire exceptionnelle. Il est même venu au Québec et a rencontré le chef huron Max Gros-Louis. C’est dire combien la planète est petite. Il a du kilomètre dans le corps, lui qui a débuté sur Caravelle en 1972. Les futurs pilotes et ceux qui aiment tout ce qui se rapporte aux avions seront comblés.  

Pilote de Concorde vols spéciaux. Bernard Marchand. JPO 183p.   
www.editions-jpo.com

 

 



 


Une juriste prodigue des conseils pour valoriser une entreprise

Il y a deux ans, Me Sylvie Bougie nous présentait « Évitez les pièges en affaires » qui a reçu un excellent accueil par la justesse des de ses conseils. Elle persiste et signe avec cette fois un deuxième ouvrage Maximiser la valeur de son entreprise. Cette avocate d’affaire y va de précieuses recommandations à l’heure où les entreprises éprouvent des problèmes sérieux de rétention du personnel. Et à cet effet elle a des suggestions fort à propos sur comment retenir son monde à l’aide de bonifications. Les entrepreneurs rapaces peuvent sauter ce chapitre mais ils seront perdants. Car aujourd’hui l’employé ou le collaborateur de l’ère millénium a besoin de considération. Tous les aspects de la rédaction de conventions sont passés en revue notamment les contrats de franchise. Bref, alors que les québécois à plus de 50% sont des travailleurs autonomes ou aspirent à le devenir, c’est un guide merveilleux. La juriste sait vulgariser des notions complexes pour le mettre à la porté du plus grand nombre.

Maximiser la valeur de son entreprise. Me Sylvie Bougie. Fides 265p.    www.groupefides.com

 

 



 


Conclusion de la trilogie William et Eva

Mission accomplie pour Mélanie Calvé qui signe avec La prohibition le tome trois de sa trilogie William et Eva. Si vous croyez que nous vivons dans un monde de perdition, c’est que vous êtes de ceux qui ont la mémoire courte. Car l’après-guerre de la Première guerre mondiale où nous conduit l’auteure, était marquée par la mort d’hommes au combat qui étaient des soutiens de famille et qui laissaient d’office des veuves éplorées et dans un état de misère, sans compter la grippe espagnole. Et en plus la situation économique qui se déglingue et qui mènera comme on sait par la suite au krach de 1929. Les vieux qui ont connu cette époque en ont gardé un traumatisme qui les a accompagnés leur vie durant. Dans ce tome, William et Eva dans leur communauté de Valleyfield sont confrontés à la tourmente ambiante. C’est dans le malheur que l’on voit le meilleur comme le pire de l’homme. Mais l’amour est comme le roseau qui plie parfois mais ne rompt jamais, comme c’est le cas. Une belle saga sur le courage.

William et Eva. Tome 3 La prohibition. Fides 346p.   www.groupefides.com

 

 



 


Le Québec a une histoire amoureuse

A bien y penser c’est vrai, avant Jean-Sébastien Marsan on ne s’était jamais arrêté à la petite histoire qui fait la grande, de l’amour au Québec. Ce journaliste est d’une rare curiosité, qui s’est intéressé et a écrit sur le travail autonome, tout comme sur Frank Zappa! Plus curieux que ça…Et là de nous raconter, cette saga dont nous avons le premier tome concernant la Nouvelle-France jusqu’à la Conquête, de ce que furent les rapports entre les hommes et les femmes. Et on s’aperçoit qu’il y avait de magnifiques dérogations aux règles établies. Imaginez la stupeur des premiers missionnaires en voyant les corps dénudés des amérindiens! Des berdaches, ces autochtones s’habillant en femmes et pratiquant la sodomie. Quel programme. Et l’Église qui veillait toujours au grain, accordant des dispenses parfois pour certaines unions. Bref c’est tout un pan de nos amours qui défile sous nos yeux. A comparer à la diminution de la séduction qui prévaut au Québec présentement à l’ère numérique, qu’est-ce qu’on baisait en Nouvelle-France.

Histoire populaire de l’amour au Québec. Tome 1 Avant 1760. Jean-Sébastien Marsan. Fides 217p.   

 

 



 


Une réédition exhaustive de la vie et l’œuvre du cinéaste John Boorman 

En 1987 paraissait une première édition de Boorman, un visionnaire en son temps de Michel Ciment qui à cette époque détaillait sur les huit films qu’il avait au compteur. Maintenant que la filmographie du cinéaste anglais compte dix-sept long-métrages, une réédition revue et augmentée était rendue nécessaire. Elle est maintenant là dans les rayonnages des librairies qui comblera les cinéphiles admiratifs de son œuvre qui comporte des titres Rangoon, Hope and glory et Excalibur pour ne nommer que ceux là. Et l’éditeur Marest s’est montré à la hauteur du sujet traité en mettant un soin jaloux à la présentation graphique et ces magnifiques illustrations. Cet album est à la fois une biographie et une analyse de son travail film par film. C’était un juste retour des choses que ce soit un critique aussi respecté que Ciment pour faire une analyse profonde du corpus de Boorman. Des entretiens complètent qui parachèvent la connaissance de ce maître anglais du septième art. Et ceux qui conquis voudraient prolonger leur connaissance de Boorman, on peut trouver chez le même éditeur son autobiographie intitulé « Aventures » et un roman qu’il a commis « Tapis écarlate ». Ce livre définitif nous pousse à voir et revoir ses films et à mieux les apprécier fort de la solide préparation venu du livre.

Boorman, un visionnaire en son temps. Michel Ciment. Marest éditeur 330p.    www.marestediteur.com

 

 



 


Un roman sur des allégations de viol, on ne peut plus d’actualité

Les romans un peu comme les séries télévisées, sont souvent des indicateurs du temps qui passe. Et parmi les thèmes récurrents dans l’actualité, revient celui des agressions sexuelles. Le viol qui est un crime difficile à débattre en cour de justice car cet acte commis ou non se déroule dans l’intimité de deux personnes, sans témoin. C’est la parole de l’un contre l’autre. Qui dit vrai ? Ce sont des cas de justice si laborieux que l’on songe à instituer des tribunaux de justice strictement dédiés aux agressions sexuelles. Qui développeraient avec les années une grande expertise. Si nous écrivons cela en préambule, c’est en fonction de la sortie d’un bouquin coup de poing Les choses humaines de Karine Tuil. Au point de départ c’est un couple branché, lui journaliste français et son épouse féministe engagée. Mais ce beau couple sera frappé de plein fouet avec une accusation de viol. Vous allez voir, et c’est le talent de l’écrivaine, comment la machine judiciaire implacable. Les mâles qui liront ces pages y penseront par deux fois pour éviter toute situation pouvant prêter flanc à une telle charge dont il est ardu de se dépêtrer, surtout quand vous êtes innocent. C’est un roman de notre époque.

Les choses humaines. Karine Tuil. Gallimard 342p.

 

 



 


Un voyage au désert initiatique

N’est-il pas vrai que Jésus se retira un jour dans le désert, loin du tumulte des hommes. Lui aussi fait homme avait besoin de cette solitude pour écouter sa voie intérieure. C’est ce qui arrive à Violaine le personnage central de Rose désert de Violaine Huisman, un patronyme prémonitoire à une vocation d’écrivaine. Est-ce un cas d’autofiction ? On n’en sait rien. Ce que l’on sait par contre, c’est que cette Violaine là, va entreprendre une traversée du désert allant du Maroc au Sénégal. Il y a d’abord le dépaysement ambiant, puis commence une série d’introspections, avec des flashs back sur son passé. Il est beaucoup question de sexualité au féminin. Et c’est toujours captivant de lire ce qu’en disent ces dames sur la chose. Il y a sa propre mère lesbienne dans les faits et qui n’osent pas dire encore haut et fort le mot. C’est un voyage initiatique en somme où l’auteur fait parler son sujet sans filtre. Ce qui donne de l’intérêt à cette lecture.

Rose désert. Violaine Huisman. Gallimard 236p.  

 

 



 


Un roman sur Edmonde Charles-Roux en temps de guerre

Dominique de Saint-Pern avait un sacré beau matériau à traiter en voulant s’attacher de manière romanesque un pan de la riche vie d’Edmonde Charles-Roux qui fut de l’équipe de fondation du magazine Elle, qui passa ensuite au Vogue qu’elle quitta dans un scandale alors qu’elle voulait mettre en couverture une mannequin noire. C’était une fille d’ambassadeur, donc un grand milieu bourgeois. Elle épousera Gaston Deferre qui sera le député maire de Marseille, l’homme fort de la ville phocéenne. Seule la mort de ce dernier les séparera. C’était une femme libre comme on a peine à imaginer. Elle terminera sa vie à l’âge respectable de 95 ans honorée de toutes les manières dont notamment la Légion d’honneur. L’écrivaine s’est attachée à raconter ce que fut sa vie au cours de la Seconde guerre mondiale. Elle fut à deux doigts d’être de la noblesse italienne mais la vie en décidera autrement. Edmonde dont le prénom sert au titre du livre est un angle choisi par de Dominique de Saint-Pern pour nous décrire les états d’âme qui ont pu être ceux de son héroïne. Bref, vous a-t-on dit qu’on a aimé ? C’est en dessous de la vérité.

Edmonde. Dominique de Saint-Pern. Stock 410p.

 

 



 


Vivement Tinder!

Les auteurs d’aujourd’hui s’inspirent de ce qui est à leur portée, même les réseaux sociaux. On verra pourquoi plus tard. Pour l’instant Chloé Esposito nous arrive avec Bad. Cette écrivaine singulière ne se casse jamais le ciboulot pour trouver un titre. L’an dernier, c’était tout simplement « Mas ». Le titre on s’en fout, ça fait partie un peu du contenant. Le contenu par contre! Oh, là, là! Jugez-vous-même, une sœur envieuse et très maligne, Alvie, rage de voir sa jumelle, Beth, riche et le vent dans les voiles. Elle ne va pas vouloir se tourmenter très longtemps. Elle provoquera sa chute mortelle. La voilà donc nantie et s’imaginant enfin des lendemains qui chantent. Entretemps, elle deviendra Beth, usurpant l’identité de la défunte. Dans un moment de folie, dans une sorte d’effet boomerang, elle la très vilaine, va se faire plumer par un mec au cours d’une liaison étourdie. Le gars va disparaître sans demander son reste. Et c’est, on y vient, grâce à Tinder qu’elle finira par retracer le filou. Pour son malheur, son identité nouvelle va lui poser un joli lapin comme on dit, car on retrouvera le corps de sa sœur, la vraie Beth. Et de là la police qui va la traquer. Le reste c’est comment Alvie devenue Beth, essaiera de semer le bras de la justice. De l’action il y en a à revendre.

Bad. Chloé Esposito. Fleuve noir 376p.     www.fleuve-editions.fr

 

 



 


Trois titres incontournables à la Plume d’Or

Aux éditions La Plume d’Or c’est sans tambours ni trompettes que cette petite maison d’édition dynamique, jeune et vibrante, lance trois ouvrages, ayant chacun des horizons très différents. Commençons par Weltanschaung de Shawn Foster. Le titre vient d’un mot allemand qui veut dire conception du monde. Hitler y avait recours en abondance. L’auteur est étudiant en droit et passionné par la philosophie. Dans cette petite plaquette on trouve une histoire d’anticipation où une entité contrôle ce qui reste à peine de l’humanité. Les livres font l’objet d’autodafés et les bibliothèques cadenassées. Bref, la connaissance en prend pour son rhume à l’ère de l’intelligence artificielle. Et dans la seconde partie, Shawn s’entretient avec celle qui fut son prof de philo au collège. Ensemble ils tirent des plans sur la comète. En somme une vision du monde qui ne manque pas de sel.

Au tour de Claude Dicaire cette fois et Bénie soit la fraude titre intrigant. Cet écrivain qui a bossé au sein d’entreprises comme consultant, a imaginé une fraude immobilière dont est victime une communauté religieuse de Québec. Il mêle ici deux ingrédients qui font toujours recette, l’Église catholique et son côté retors et le monde de la finance. Donc dans cette affaire le Vatican mandate Harry Lake afin de voir ce qui s’est passé. Il aura pour le seconder un guide Monsignore. Favroti, qui est loin d’être un saint homme. Lui il a pris au pied de la lettre le message de Jésus quand il a dit que ceux qui le suivraient ne manqueront de rien. Donc à travers le périple mené par le limier, son accompagnateur en soutane sera démasqué. Le problème ici, et en même temps c’est un compliment, c’est trop court. On en aurait redemandé encore de ce dessert littéraire.

Puis si vous avez aimé le premier tome de la trilogie L’homme de Griffintown signé Markus voici que nous arrive le deuxième Le Maître des circonstances. Il y a là dedans un petit coté qui plaira à ceux qui sont demeuré marqués par le film Alien. Car ici nous sommes en face d’un homme invisible nouveau genre de l’ère numérique. Et vous partagerez le quotidien de Georges Delson qui se voit commettre des gestes insensés sous la domination de « la voix ». Dans ce roman on a une extrapolation de ce qui pourrait arriver si un jour « big brother » se met à prendre un peu trop le dessus.

 



 


Un roman semblable à l’histoire de Yann Moix

Quel hasard, et ce n’était nullement prémédité. On se souviendra que l’écrivain Yann Moix a fait l’objet d’un scandale à l’effet d’une déflagration à la suite de la révélation d’un épisode de jeunesse, il avait vingt ans. Il avait dessiné et écrit des messages antisémites. Qui ont ressurgi avec des dégâts pour sa réputation dont on ne mesure pas encore l’étendue. Eh bien c’est l’histoire qui arrive au narrateur de Mikado d’enfance de Gilles Rozier. Où il aborde un fait remontant à quarante décennies où il avait rédigé une lettre au contenu antisémite à son professeur d’anglais. Et étonnamment ce signataire odieux deviendra une référence en matière de culture juive, tout comme Moix a voulu se racheter en devenant le chante d’Israël. L’éditeur a réussi un coup de poker incroyable malgré lui. Ce livre a valeur de document car il dissèque tout ce qui peut traverser la tête d’un individu à une époque donnée commettant l’infamie et le développement qui s’ensuit pour en arriver à épouser la culture qu’il honnissait jadis. Et bien écrit à part ça, la plume sert bien son sujet.

Mikado d’enfance. Gilles Rozier. L’antilope 188p.      www.editionsdelantilope.fr

 

 



 


Magalie reçoit des corbeaux troublants

Pour ceux qui ne le savent pas, un corbeau est un synonyme de message anonyme, dont le contenu est menaçant. Et qui laisse chez qui le reçoit un sentiment de trouble. C’est ce qui arrive à Magalie qui va recevoir de telles missives qui vienne obscurcir la belle relation déjà entreprise avec son William. Magalie et les lettres anonymes de Carole Dion est un roman jeunesse que même des adultes sont invités à lire, car le thème exploité n’a pas de limite d’âge. Et ces lettres effrayantes auront raison du couple et de l’équilibre de sa destinataire. On ne vous en dit pas davantage sur son issue car cela gâcherait votre plaisir, mais cette petite plaquette est rondement menée, tout à l’honneur de l’écrivaine.

Magalie et les lettres anonymes. Carole Dion. L’Interligne 147p.   www.interligne.ca

 

 



 


Confrontation avec un bourreau

L’homme c’est connu est le pire ennemi de l’homme. Et dans tous les domaines il s’ingénie à malmener son semblable. Est-ce une vengeance pour cause de vie non désirée ? En tout cas Aristote Kavungu angolo-congolais tente une approche psychologique de ceux qui sont allé plus loin en martyrisant leurs semblables. Mon père, boudarel et moi raconte un homme dont le père a été emprisonné et fait l’objet de tortures au Congo. En marge de ce fait, son fils Georges Boudarel, va, grâce à un porte-monnaie retrouver un criminel de guerre en Indochine et va le confronter. Et avec d’habiles approches, le premier va tenter de mettre en confiance le second pour qu’il livre le fond de son âme. Ce petit livre l’est peut-être par son contenant mais pesant de tout son poids pour les réflexions qu’il va susciter chez les lecteur qui se pose encore des questions sur la nature humaine.

Mon père, Boudarel et moi. Aristote Kavungu. L’Interligne 83p.    www.interligne.ca

 



 


Des nouvelles qui valent qu’on s’y arrête

Dans son petit avant-propos Daniel Marchildon fait une déclaration d’amour au genre de la nouvelle qui est une part significative de son corpus. Aventure d’un soir qui est son dernier recueil, n’a pas été écrit d’une traite. Au contraire, c’est l’aboutissement dit-il de trente ans, la première datant de 1986. Il exploite trois thèmes, le livre, l’amour et l’humanité. Un excellent nouvelliste doit avoir un sens aigu de l’observation. Et c’est le cas de l’écrivain qui n’a pas son pareil pour faire image d’une situation ou d’un individu. Il a pour le servir une habile maîtrise du sujet, du verbe et de son complément. Nous avons particulièrement aimé les nouvelles qu’il consacre à l’univers du livre et plus largement de la littérature qui plairont à ceux qui sentent la vocation d’écrire. Ou pour les autres qui veulent en connaître sur les arcanes de ce monde des lettres.

Aventure d’un soir. Daniel Marchildon. L’Interligne 129p.    www.interligne.ca

 



 


Sur la morosité politique et sociale de la Grande Albion

En ce moment la question du Brexit monopolise toute l’attention en Angleterre, divisant le pays comme jamais. Avec des allures que tout va mal. Jonathan Coe qui ne demeure pas de marbre devant la morosité qui plombe le pays, a décidé d’ajouter sa pierre à la réflexion à faire, en portraiturant avec lucidité le Royaume-Uni de ce XXIème siècle. On sait bien au final que tout se terminera calmement car on n’en a vu d’autres chez les anglais. Mais il n’en demeure pas moins que l’agitation est là. Et pour rendre l’ambiance qui prévaut, il a choisi comme modèle la famille Trotter dont chaque membre a des aspirations diverses. Et la question du Brexit de même que celle des migrants sont devenus des sujets explosifs à table. La démarche de l’écrivain nous semble être une invitation aux anglais d’abord, à prendre du recul face à ce qi se passe. Ils ont trop la tête collée sur l’arbre et ne voient pas la forêt. Le cœur de l’Angleterre est une manière de sonder l’âme de ce peuple.

Le cœur de l’Angleterre. Jonathan Coe. Gallimard 548p.  

 

 



 


Pile des États-Unis ou face l’Angleterre ?

C’est le drame cornélien d’Aleksandr Karpenko. Ce soviétique car nous sommes à Leningrad en 1968, a la douleur de voir son père trucidé par le KGB au motif d’avoir été un ennemi de l’État. Fiston et sa sœur prennent peur et décide de quitter en quatrième vitesse l’URSS. Que choisir, aller en Angleterre ou aux États-Unis. Finalement il coupera la poire en deux en étudiant à Londres pour ensuite bosser dans la métropole américaine. Voilà la trame de A pile ou face de Jeffrey Archer. Il n’est pas dans notre habitude de citer les critiques dithyrambiques des autres mais quand le New York Times compare l’écrivain à Alexandre Dumas, que le Los Angeles Times le range parmi les dix meilleurs écrivains du monde et que le Daily Telegraph renchérit en imaginant qu’il reçoive le Prix Nobel des conteurs s’il en exista un, on peut commencer à prendre ça au sérieux. Effectivement c’est un livre fondateur sur la connaissance des cultures russe, anglaise et américaine. Un grand roman c’est ça.

A pile ou face. Jeffrey Archer. Les Escales 475p.   www.lesescales.fr

 

 







 


Le coin des poètes

Parmi les grands prosateurs de la francophonie il faut compter Zachary Richard. Le louisianais maîtrise tout ce qu’il touche. Il a été reconnu par ses pairs et comment donc. Allez tout simplement en quatrième couverture de son cinquième recueil de poésie Zuma 9 chez l’éditeur Écrits des forges où on détaille toutes les palmes reçues qui couronnent déjà son œuvre qui n’est pourtant pas encore terminée. Dans son introduction il rappelle ce qu’a de merveilleux la poésie car elle est la rencontre de l’extérieur avec l’intérieur. Et puis le poète n’a pas peur de décrire les choses crûment ainsi ce passage « de poser l’épaule sur un essaim pendant que je parlais à un ami. Peur de m’asseoir dessus en chiant le matin, peur qu’elles me piquent les fesses et les couilles ». Pas garanti que c’est ainsi que les profs de littérature orientent leurs ouailles. On aime cette force qui s’appuie sur la célébration de la nature.

Ailleurs c’est un beau tribut en textes et par le biais de la voix, celui d’Hélène Matte  au médiéviste montréalais d’origine suisse Paul Zumthor (1915-1995) à qui l’on doit une biographie de Guillaume le Conquérant. Elle lui a créé une ode sous forme d’abord de recueil de poésie chez Planète rebelle intitulé Une pierre vives. Qui est un des volets de ce qu’elle qualifie de chantier protéiforme. Et qui est complété par un CD-ROM où on entend la poétesse accompagnée musicalement avec la complicité de son complice Michel Côté multi instrumentiste. Il y a comme pivot, ce poème Babel pour lequel dans la version du CD-ROM elle a fait appel à une vingtaine de voix en langues diverses, tout comme pour la tour de Babel. Extrait « Nous creuserons une autre tour dans le ciel lève-toi ne Babel de pierres vives ». Saluons ici le travail de l’éditeur qui a n’a lésiné sur rien pour donner un écrin magnifique à cette entreprise à la fois poétique et musicale, les deux allant de pair comme le faisait remarquer Zumthor lui-même.

Aux éditions du Noroît Louise Marois s’offre un bonheur en nous faisant partager J’élève des soleils. Le titre en lui-même est tout une proposition. Qui est ce qu’on appelait au Siècle des Lumières un tombeau, sorte d’hommage. Ce Et d’autant plus vrai ici que les poèmes concernent son rapport à sa mère décédée, avec toute la gamme des émotions qu’engendre le rapport mère-fille sur lequel planche encore des psychologues. Il y a deux beaux passages que l’on a repéré parmi tant d’autres «née avant de naître j’arrive à ta taille puis tes seins il me faut aller plus loin en toi pour t’apprivoiser » et « je suis ton garçon manqué ta fille qui aime les filles en cachette de la flamelle interdite ».

Et chez la petite maison Hashtag Jila Mossaed présente Le cœur demeure dans le berceau. La dame est une pointure car elle est membre de l’Académie suédoise des Nobel de littérature. Les écrivains ont intérêt d’être à carreau avec elle s’ils veulent remporter un jour le jackpot. Usons de cette métaphore où Sacha Guitry a dit un jour un peu méchamment que ceux qui peuvent font, ceux qui ne peuvent pas enseignent. Alors ceux qui par un raccourci affirmeraient que ceux qui font partie d’un jury d’écrivains ne savent pas s’y mettre eux-mêmes, dame Mossaed leur oppose un sérieux démenti avec ce petit recueil. C’est une iranienne d’origine qui a fui avec les siens le régime Khomeini, direction la Suède. Sa poésie animiste glorifie la nature et le temps qui passe. C’est la première fois qu’on l’dite en français. Extrait « Je veux revenir à l’époque sans morts au jardin du silence ne veux pas savoir autant de mots les porter ».  Toute une découverte qui s’inscrit dans ce beau métissage mondial qui sera la force de l’humanité, du moins le souhaite-t-on.

 

 



 


Un livre de débat sur l'inclusion d'une rare pertinence

Pas de chicane dans ma cabane de Rachida Azdouz arrive à point nommé. En effet, elle ajoute une pierre à la réflexion dans cet essai en forme de dialogue où elle oppose des arguments concernant des sujets aussi sulfureux que la religion et le sexe. Sur le bandeau de couverture la démarche est bien exprimée soit d'être une invitation au dialogue et au débat public. Tout ce qui fait l'objet de l'actualité en la matière s'y trouve, notamment l'appropriation culturelle. C'est une excellente idée de l'éditeur Édito d'avoir songé à publier un tel ouvrage au moment où il y a une polarisation dans la société. Nous recommandons ce livre, sans quoi vous passez à côté de quelque chose.

Pas de chicane dans ma cabane. Rachida Azdouz. Édito 246p.   

 

 



 


Le coin santé physique et psychique (1)

Trois titres viennent enrichir le catalogue déjà bien garni sur la santé des enfants aux éditions du CHU Sainte-Justine. On commence avec ce qui nous semble être une lecture prioritaire aux parents soucieux de donner à leurs petits la meilleure partance possible. Il s'agit de L'estime de soi des 6-12 ans coécrit par Danielle Laporte et Lise Sévigny. C'est qu'on s'en est bien rendu compte dans l'évolution des êtres, c'est que s'ils n'ont pas eu à la base un capital de confiance en eux, ils vont traîner toute leur vie tel un boulet des complexes dont ils vont en sortir que tr difficilement, voire de manie impossible. Ces psychologues cliniciennes vous disent comment parvenir à inculquer ce qui sera la fondation de l'édifice de leur personnalité.

Puis un titre opportun en cette rentrée des classes de l'orthopédagogue Marie-Claude Béliveau. C'est que pour le jeune enfant qui en est à ses premières expériences de socialisation, c'est toute une étape à franchir. Et les parents doivent être en mesure de capter les signaux. L'auteure fait le tour de toutes les problématiques et comment les circonscrire. Dans le genre, c'est un guide simple d'accès et qui donne des réponses claires. et sous la direction de Fernando Alvarez et Christophe Faure c'est J'ai mal au ventre. Les signataires vous disent tout des coliques, constipation, gastro entérite, allergies, etc. Sans parler de la nervosité qui frappe de plein fouet parfois la zone où se loge la deuxième intelligence.

 

 





 


Le coin santé physique et psychique (2)

D'abord on est séduit par la belle tenue graphique de l'ouvrage. Si le contenant plaît, que dire du contenu. Le Passage d'Alexis Quillio aux éditions Éveil est le fruit d'une longue réflexion suivi d'un apprentissage rigoureux des arts martiaux. C'est un ensemble de leçons de vie sur la manie de pratiquer les arts martiaux dans l'esprit du Wu Dao. C'est que comme tout maître du genre, c'est une invitation à la maîtrise. D'ailleurs il y a un chapitre éclairant sur la lenteur. Qui est tellement à propos, alors que l'on vit à un rythme de fou. Donner en somme de l'intensité aux choses que l'on fait dans la lenteur. De même qu'il rappelle à ceux qui veulent jouer les Bruce Lee, que la violence est le dernier des recours. Même les personnes qu'indiffèrent les arts martiaux, prendront un intérêt pour le volet spirituel qui parcoure ces pages. Dans ce domaine de la littérature il s'en publie des ouvrages du genre, mais celui-là vaut vraiment le détour. Peut-être qu'il est davantage à notre portée car écrit par un occidental. En terminant, l'auteur est un intervenant en milieu carcéral et hospitalier.

Aux éditons Édito nous arrive un autre titre d'une référence sur la méditation en France Fabrice Midal qui a pour titre Reprenez votre vie en main. Le saviez-vous, la vie est une succession d'épreuves pour laquelle on ne nous a pas donné le mode d'emploi en partant. Et nous passons hélas de grands moment à faire le jeu de la société et dissimulant ce que nous sommes réellement. Ce qui à fait dire un jour à quelqu'un de lucide, que le mensonge est le ciment du tissu social. Mais en dedans on implose avec des conséquences dont on ne peut souvent mesurer l'étendue. L'auteur nous exhorte à nous dévoiler tel que nous sommes. De ne pas vivre dans le regard des autres. Ainsi on s'évite bien des contrariétés. Ensuite de développer de la ténacité de sorte de ne pas fléchir au moindre obstacle qui se dresse sur notre route.

Les chefs de cuisine vous le diront, eux qui pestent souvent contre leurs assistants quand ils constatent que souvent une bonne part des profits en cuisine se trouve dans la poubelle. On gaspille tellement de nourriture. Et quand on voit le coût du panier d'épicerie, on a intérêt à apprendre à apprêter ou à conserver les aliments. Aux éditions La Presse la chimiste Anne-Marie Desbiens lance aux éditions La Presse Mieux conserver ses aliments pour moins gaspiller. Elle a accompli un travail de bénédictin en répertoriant 500 aliments et leur durée de conservation. Quand on traverse les chapitres, on se dit que nos aïeux avaient ce sens de l'économie bien mieux ancré que maintenant et par conséquent ils étaient des écologistes avant la lettre. Qui dit conservation, dit emballage. On trouvera t'on moult conseils judicieux pour préserver les aliments. On apprend aussi comment l'eau est un ennemi de la conservation. Elle donne donc des trucs efficaces pour assoiffer les produits que l'on emballe. Puis comment le congélateur à l'horizontale dit tombeau. l'emporte sur le réfrigérateur à la verticale du fait que le premier a une porte s'ouvrant vers le haut, qui fait que le froid demeure au fond de l'espace. En fin de lecture vous serez un incollable.

 



 


Le répertoire sinistre des tueurs en série en Grande-Bretagne

L’homme est un loup pour l’homme. Vous ne le saviez pas encore ? Pour vous en convaincre, parcourez UK serial killers de Emily Tibbatts. Elle s’y connaît en la matière un peu comme Stéphane Bourgouin. Elle a créé ce site qui fait référence en la matière “tueursenserie.org.” bien connu des curieux morbides de ce type de criminalité.  Et règle générale, ce sont les tueurs américains et un peu moindre les français qui sont davantage connus. C’est pourquoi son bouquin comble un vide. Pour le grand public il va de soi que le tueur en série le plus renommé en Grande-Bretagne est Jack L’Éventreur, mais il y en a d’autres que la spécialiste a répertorié parmi les pires. Pour que constater que l’être humain n’a pas son pareil pour assujettir ses bas instincts.

UK serial killers. Emily Tibbatts. Ring 376p.      www.ring.fr

 

 



 


Le combat Ali Foreman, un prétexte pour saisir l’âme américaine

Blaise Ndala est un ressortissant né en République du Congo qui a bifurqué par la Belgique avant de venir s’établir au Canada, plus précisément à Ottawa. Il signe un premier roman, un acte toujours émouvant qu’une entrée en littérature. Il n’a pas lésiné pour la qualité de son sujet puisqu’il nous invite à un grand bond en arrière, plus spécifiquement au Zaïre en 1974 alors que se tient un des plus grands match de boxe de l’histoire, mettant aux  prises Mohammad Ali et George Foreman. En marge de ce haut fait d’arme dans le ring, vous avez Modéro, un musicien issu d’un petit village. Il va se rendre à Kinshasa où il entend rejoindre un groupe en renom. C’est là qu’il croise un proche du dictateur en place avec un agenda secret, c’est-à-dire le déloger. Il va arriver que ce dernier sera muté à l’ONU dans la Grosse Pomme. Modéro le suit et c’est son fiston qui par une sorte de procuration vivra les ambitions paternelles. J’irai danser sur la tombe de Senghor annonce des lendemains prometteurs. Car dès les premières lignes on embarque pour une longue aventure. Car au delà de ce qui vient d’être raconté, c’est l’âme africaine que l’on découvre. Le style de l’écrivain néophyte est très vivant ce qui est, avouons-le, un très beau compliment.

J’irai danser sur la tombe de Senghor. Blaise Ndala. L’Interligne 454p.   www.interligne.ca

 

 



 


Un roman sur les camps de bûcheron

À une époque que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, nos agriculteurs pour beaucoup, allaient s’offrir comme bûcherons en dehors des saisons propices à la semence et la récolte. De longs mois partis dans des campements, loin de leurs familles.  Jean Bacon a trouvé là la matière enrichissante pour ce premier roman. Parlant de l’éloignement des familles, où certains vivaient la chose difficilement, il y à le jeune Ariel pas plus âgé que huit ans, qui va trouver dans l’écriture un exutoire à la douleur sud père absent. Et c’est de la sorte que la vocation d’écrire va naître. Chroniques de Capitachouane est un roman d’ambiance. L’écrivain, tel un entomologiste qui étudierait les fourmis, voit vivre les gars de chantier. Et il détaille très bien ce que vivaient ces hommes. Et sur un autre niveau, se met dans la peau du garçonnet. Il joue habilement des deux registres. Comme il arrive parfois, s’il se trouve un scénariste du grand écran en panne d’idée, vous avez ici une belle épopée.

Chroniques de Capitachouane. Jean Bacon. Lévesque éditeur 212p.   www.levesqueediteur.com

 

 



 


Un guide des rues de la musique pop rock à New York

New York est la métropole de tous les possibles. On peut la visiter sous bien des angles.  Philippe Brossat nous fait une invitation toute spéciale, à savoir d’arpenter le macadam de la Grosse Pomme pour se mettre dans les pas des vedettes de la musique populaire et découvrir ainsi des adresses chargées d’histoire. Ça va du 16E 63th qui fut le refuge de Edie Sedgwick une muse de Warhol à la grande époque du Velvet Underground, au Studio 54. Disons le tout de go, nous sommes devant un véritable travail d’érudition. Saluons ce travail de recherche préalable qui nous laisse pantois. En même temps, pour les amateurs d’histoire, même s’ils ne sont pas fou spécialement de musique, apprendront énormément sur des pages glorieuse de la ville.  Quel guide merveilleux. Décidément, New York n’en finit pas de se dévoiler. On prend la mesure de l’apport considérable de cette dernière l’évolution de la musique. Et qu’est-ce qui se trouve au 34-56 107th ? On vous le donne en mille, le Louis Armstrong Museum. On apprend qu’il s’y donne des concerts. A la fin de cette lecture édifiante vous serez un incollable pour ce qui est des liens de N.Y. avec la musique.

Street of New York Philippe Brossat. Le mot et le reste 300p.

 

 



 


Un des grands lanceurs d’alerte se raconte

Les gouvernements les honnissent car les lanceurs d’alerte lèvent des voiles qui dégagent des odeurs nauséabondes révélant les sentiments réels qui habitent ceux qui nous dirigent. C’est le cas de Julian Assange et Edward Snowden. Et ce dernier nous fait la faveur de se raconter. On se rappellera que cet ancien de la CIA et indirectement de la NSA révélera au monde les sombres desseins de la Maison-Blanche qui étaient d’espionner tout le monde sans vergogne. De colliger toutes nos conversations téléphoniques, textos et courriels. Et le lanceur d’alerte parlait en connaissance de cause puisqu’il avait contribué à échafauder ce sombre système d’intrusion dans la vie des individus en sa qualité d’ingénieur système. Il fera tout écrouler cette machination en la dénonçant. C’était en 2013. Il arrive avec Mémoires vives où il revient en arrière sur son apprentissage d’espion et la crise conscience qui le tenaillait et qui aboutit à son acte séditieux selon les critères de Washington. C’est un peu aussi une connaissance des arcanes du monde moderne. Ce qui se dit et fait en surface et son contraire de manière souterraine.

Mémoires vives. Edward Snowden. Seuil 378p.  

 

 



 


Le coin du graphisme

Aux éditions Pyramyd deux titres nous parviennent qui viendront enrichir la bibliothèque du graphiste ou de l’artiste visuel. A commencer par Valérie Belmokhtar.  Rompue à toutes les techniques du dessin, de la peinture et de l’illustration sous tous ses angles, elle prodigue, tant à l’amateur qu’au professionnel, tous ses trucs du métier consignés dans Ateliers d’illustration. Appuyée par une riche iconographie vous saurez tout sur le cadrage, la création d’un logo ou bien comment réaliser une couverture de livre. Comme on voit, l’enseignante ratisse large. Et de permettre aussi à l’artiste d’être plus efficient.

Dans un tout autre registre, la maison d’édition n’a pas lésiné pour ce titre Couleurs et motifs dans les miniatures persanes reçoive le plus bel écrin possible. Il est vrai comme on le mentionne en quatrième de couverture, que les couleurs sont somptueuses. Et pour nous faire entrer dans ce monde, nous avons deux guides Leila Ghafarian et Reza Nikbakht.  La Perse c’est l’Iran d’aujourd’hui avec des traditions architecturales millénaires. Les auteurs n’ont reculé devant rien pour sillonner les quatre coins de la planète pour aller trouver les miniatures servant à illustrer c’est le cas de le dire, leur propos. Les sources sont donc de provenances diverses, dont beaucoup des musées. Il y en a de remarquables, notamment celles du XVIème siècle, correspondant à notre Renaissance.

 

 



 


Portraits de femmes au Nouveau-Brunswick

Notre époque de ce premier quart du XXIème siècle voit un retour du balancier qui donne cette fois la voix aux femmes. Et de diverses manières. Certaines le font par la revendication, d’autres se servent de leurs plumes ou de leur clavier devrait-on maintenant dire, pour exprimer des femmes d’aujourd’hui ou d’antan. C’est le cas de Anne-Claude Thériault. Qui dans une sorte de saga familiale Les Foley fait le tableau de cinq femmes aux caractères bien divers. La sérénité n’est en tout cas pas leur lot, chacune ayant quelque chose à défendre. C’est tout le talent de cette écrivaine de vampiriser l’âme de chacune de ces personnes et d’habiter leur esprit. Pour cela il faut une bonne dose de compréhension humaine. Le décor est planté au Nouveau-Brunswick où on compose avec les éléments de la nature. A découvrir, c’est une des belles surprises de la rentrée.

Les Foley. Anne-Claude Thériault. Éditions marchand de feuilles 293p.    www.marchanddefeuilles.com

 

 



 


Un innocent incarcéré plus de deux ans dans la pire prison de l’Équateur

En quatrième de couverture de son horrible récit Dans l’enfer d’une prison équatorienne, Daniel David Tibi affiche son plus sourire. C’est qu’il goûte pleinement la liberté, chèrement acquise après avoir séjourné plus de deux ans et demi dans une prison “le centre de réhabilitation sociale pour hommes” de Guayaquil, une dénomination cynique pour une institution carcérale qui loin d’être un lieu de réinsertion à la vie civile, est un centre de détention qui broie les hommes dans les pires conditions qui soient. Quand il en sortira, il avait l’apparence des “musulmans. comme on désignait dans les camps de la mort nazis ceux qui ressemblaient à des squelettes. Mais l’odieux de la chose, comment s’est-il retrouvé là ? Car il était totalement innocent d’une fausse accusation de trafic de cocaïne. En effet, le 27 septembre 1995 il sera arrêté par deux policiers en civil et conduit manu militari en tôle où il sera rossé et souvent torturé ensuite. Dans un milieu de vie abominable dont le non moindre des conditions d’hygiènes effroyables. Et aliénation ultime, il en viendra à devenir lui-même violent dans cette jungle. Heureusement des réminiscences de jours heureux lui permettront de tenir le coup. Il finira par sortir et il vous dira comment. Par la suite, il sera appelé à confronter ses bourreaux. A la lecture, on se dit qu’il y a des gens sur Terre qui ont enduré un véritable karma.           

Dans l’enfer d’une prison équatorienne. Daniel David Tibi. Mareuil éditions 408p.      www.mareuil-editions.com

 

 



 


Des cancres qui ne rejettent tout de même pas les études

Notre système scolaire dont nous pensons `Culturehebdo qu’il n’est qu’une fabrique de cancres, n’a rien fait de bon, hormis peut-être au primaire, oì y a encore un zeste de dévouement des enseignantes pour leurs pupilles. Au secondaire, affreux, où la résultante en est un décrochage scolaire massif au niveau du secondaire III. Ce préambule réaliste à l’occasion de la sortie d’un livre piloté par François Cardinal l’éditorialiste en chef de La Presse. Il a demandé à d’anciens cancres, onze hormis lui-même, de raconter comment ils ont trouvé les études douloureuses. Lâchez pas, les gars! tel est le titre. Attention, ici on ne fait pas l’apologie des autodidactes, mais de ceux qui en dépit de leur misère en classe ont persisté. Nous aurions aimé un ouvrage qui aurait fait la démonstration qu’il est possible de réussir sans le cursus scolaire, soit par une formation pointue dans le domaine que le jeune veut aimer. Il y aurait de l’espace pour des autodidactes, comme en journalisme, où les plus grands de l’histoire de cette profession, savaient écrire, étaient curieux, tapaient à deux doigts sur une Remington lourde comme de la fonte, cigarette au bec. Mais tentez d’entrer dans n’importe quelle salle de rédaction, si vous n’avez pas votre bac, on ne vous regardera même pas. Tout est question de profil préétabli qui ne fait pas place au réel talent. L’ouvrage, se veut un indicateur de poursuivre malgré tout. Que la passion peut faire foi de tout. Parmi les contributeurs, le ténor Marc Hervieux, l’homme d’affaires Alexandre Taillefer et le Dr. Stanley Vollant. Faites en une lecture et comparez à vos propres souvenirs du temps des études.

Lâchez pas, les gars! Collectif sous la direction de François Cardinal. Les éditions La Presse 149p.     www.editionslapresse.ca

 

 



 


Le livre de la géographie rêveuse

Mettez dans un malaxeur Albert Londres et Montaigne et laissez brasser un petit moment, il risque d’en sortir un Olivier Rolin qui comme ces illustres prédécesseurs ont vu le monde de leur temps pour lequel ils ont eu toutes les curiosités. Extérieur monde est un récit d’une grande richesse d’observation. Que ce soit en Amérique latine ou en Russie, il voit des choses qui échappe au commun. Heureux qui comme Rollin a fait de beaux voyages qu’il nous fait la faveur de partager. Et même quand il n’est pas ailleurs, il sait faire des voyages mentaux en fréquentant tout simplement des incunables à la Grande Bibliothèque. Il fait sienne l’exhortation d’un Borges qui voyait le destin d’un homme comme celui qui dessine le monde. Il n’est pas question ici uniquement de géographie rêveuse. Il rappelle des rencontres,  de ses lectures. Au final, le lecteur termine l’ouvrage plus intelligent que lorsqu’il y est entré.

Extérieur monde. Olivier Rolin. Gallimard 302p.

 

 



 


 Une France pédophile

Il est tellement ancré dans la tête des gens que les exactions sexuelles sont le lot des mâles, qu’on oublie, que les déviations n’ont pas de sexe. Et pour nous le rappeler, il faut lire Une histoire de France de joffrine Donnadieu. Attention, le titre est trompeur. Ce n’est pas une énième histoire de France, mais bien le prénom d’une voisine qui va abuser d’une fillette prépubère prénommée Romy. L’écrivaine rend compte quasi de façon clinique qu’est-ce qui peut bien passer par la tête d’une personne à trouver excitation avec une fillette pas encore formée. C’est un sujet très rare en littérature qui lève le voile sur un tabou, l’agression sexuelle commise par des femmes. Ne serait-ce pour cette unicité du thème, le roman vaut le détour.

Une histoire de France. Joffrine Donnadieu. Gallimard 266p.

 

 



 


Tout savoir sur les ICO

Vous connaissez ce que sont les bitcoins ? Le communiqué de presse en marge de la sortie du Guide complet pour investir dans les cryptomonnaies et les ico de Stanislas de Quénetain nous apprend qu’un dollar investi dans un bitcoin en 2008 pouvait rapporté deux millions de dollars en 2017. On comprendra qu’avec de tels rendements, cela bouleversé la donne du monde de la finance. Et surtout avec la génération des ICO c’est l’engouement du moment, car cette nouvelle monétarisation issue du concept blockchain permet de faire du démarrage d’entreprise à peu près à partir de rien. Mais ce nouveau mode à ses règles. L’auteur juriste de formation a créé un blog sur les blockchain qui est devenue une référence. Il vous dit tout sur les façons de faire et ne pas commettre de faux pas. En passant les lettres ICO signifient Initial coin offering.

Le guide complet pour investir dans les cryptomonnaies et les ico. Stanislas de Quénetain. Mareuil éditions 227p.     www.mareuil-editions.com

 

 



 


les dessous de la nation américaine

Une civilisation peut se raconter par le biais de son histoire, avec successions de dates historiques et tralalère. Comme on peut la saisir par l’autre bout de la lorgnette et la voir vivre à travers le vécu de ses citoyens. C’est l’angle choisi par Regina Porter qui dans Ce que l’on sème pour décrire deux vies en parallèle. Celle d’un ressortissant irlandais, James Vincent qui entreprendra des études en droit et deviendra disciple de Thémis dans la métropole américaine et aussi Agnes Miller afro-américaine qui victime de profilage par les forces policières de la Géorgie devra en découdre avec le bras de la justice qui n’a pas assimilé la question des droits civiques. Nous sommes donc à une fresque à deux niveaux. L’écrivaine nous donne par le menu ce qu’ont dû vivre ces deux personnages dans la perspective du “rêve américain”. Un pays avec lequel le lecteur entretiendra un rapport amour-haine.  Soulignons au passage une iconographie faite de curiosités qui est détaillée en fin de bouquin et qui permet de saisir un peu plus l’Amérique et ses contradictions.

Ce que l’on sème. Regina Porter. Gallimard 361p.

 

 



 


Une anthologie des condamnés à mort dans la Belle Province

Éric Veillette est au monde du crime au Québec ce qu’est l’anthropologue Serge Bouchard pour les cultures autochtones, un expert aguerri de son domaine. Et là il nous jette littéralement par terre avec une publication en deux volumes, frisant l’érudition, qui est le Répertoire des procès des condamnés à mort du Québec. Le premier tome nous arrive qui couvre le début de la Confédération jusqu’en 1930. Au premier chef, tous les nostalgiques d’Allo Police vont se lancer dans cette lecture passionnante. Car beaucoup de ces crimes ont des origines passionnelles. C’est la nature humaine dans ce qu’elle offre de peu glorieuse. L’auteur qui a entrepris une recherche colossale a fouillé dans de vieux grimoires pour restituer ces procès souvent à grands retentissements. Question quiz, quelle a été la première femme à être pendue haut et court au Québec depuis la Confédération ? Son nom, Cordélia Viau. En plus, l’ouvrage est riche d’une iconographie abondante. Il faut voir la tronche des juges de l’époque. Ils représentaient bien le bras de la justice dans ce qu’il avait de puissant. C’était avant l’ère des sentences bonbons décriées d’aujourd’hui. Pour décrire cette entreprise mémorielle, l’adjectif captivant est un euphémisme.

Répertoire des procès des condamnés à mort du Québec 1867-1930. Éric Veillette. Éditions de l’Apothéose 287p.      www.leseditionsdelapotheose.com

 

 



 


La quête d’Augusta dans le Subarctique canadien

Felicia Mihali commence à être une pointure dans le paysage littéraire québécois. Ces livres se classent souvent parmi les meilleures ventes en librairie. Elle persiste et signe avec son personnage d’Augusta que l’on a découvert sur le continent asiatique dans Sweet, sweet China. Là elle débarque en territoire hostile, la petite communauté innue de Cheffersville. Elle est là pour y enseigner le français. Toute une aventure pour cette jeune femme complexée et aux rapports ardu avec les garçons. On verra pourquoi. Ce livre Le tarot de Chefersville sort dans la collection docu-roman des éditions Hashtag, une jeune maison qui commence à se tailler une place enviable. On a eu raison de faire figurer ce roman dans cette collection, car au-delà de l’histoire du choc de deux cultures, c’est toute celle, des innus avec laquelle on fait connaissance. Augusta apprendra à la dure, mais quel enrichissement, surtout quand un ancêtre innu légendaire devenu esprit, va guider ses pas.

Le tarot de Cheffersville. Felicia Mihali. Hashtag 243p.     www.editionshashtag.com

 

 



 


Un petit garçon isolé qui en pince pour sa soeur d’adoption

Il était une fois un petit garçon beauceron issu de parents dont le couple est au bord de la rupture. Il est laissé seul à lui-même des journées entières. Il s’abandonne alors  à mille rêveries et des questionnements à n’en plus finir comme pour tout enfant, dont pourquoi une rue de son bled se nomme route du Président Kennedy.  Il a une soeur d’adoption, Philomène pour laquelle son coeur bat la chamade. Réparer Philomène est le lien protecteur du premier pour la seconde. Mais ici c’est le traitement littéraire qui étonne pour ce troisième roman en carrière de Pierre Gagnon. Roman, oui, mais traité comme une sorte d’allégorie poétique. Les chapitres ne dépassent pas souvent une page. Et ces phrases prennent du relief, lues à voix haute. Un très bel exercice de style. Extrait “Il pleut de partout à la fois. Les patates se noient. La roulotte devient bâteau de pêche. Les champs, mer de Gaspésie.”

Réparer Philomène. Pierre Gagnon. Druide 243p.    www.editionsdruide.com

 

 



 


Sur l’épouse de celui qui a failli assassiner Hitler

Le 20 juillet 1944 est une date qui est passée à l’Histoire et qui aurait pu changer le sort du monde. En effet, ce jour-là, le colonel Claus von Stauffenberg se rend à la Tanière du Loup, le quartier-général de guerre du Führer. Il fait partie d’un vaste groupe de conjurés qui ont décidé d’en finir avec le dictateur. Il va placer une mallette contenant une bombe sous la table où le leader nazi va se trouver. Et ensuite il va se retirer. Malheureusement pour lui, la mallette en question se trouvant près d’un empattement très solide qui a fait en sorte que la déflagration pourtant majeure qui a fait voler la pièce en éclats n’a que peu atteint. La vengeance du célèbre survivant sera à la mesure du délit. Hitler et ses sbires fanatiques jurèrent d’exterminer les Stauffenberg jusqu’au dernier. Claus lui sera rattrapé et fusillé. Mais sa veuve Nina et leurs cinq enfants, survivront après des péripéties. Cette Nina présentée comme faiblarde par les historiens, sera au contraire d’une grande résistance mourant de sa belle mort en 2006 à l’âge respectable de 92 ans! Joli pied de nez aux funestes projets d’Hitler. C’est sa dernière enfant Konstanze von Schulthess qui rend un beau tribut dans Nina Schenk von Stauffenberg, un portrait. Qui revient sur ses ascendants paternels et maternels, les deux d’extraction noble. Nina et Claus vont se marier en 1933 l’année de l’arrivée au pouvoir d’Hitler. L’auteure en profite pour opposer un démenti à ceux qui ont prétendu que son père n’a agit que par opportunisme, voyant le vent tourner. Au contraire, il était opposé secrètement dès 1938. L’ouvrage est une heureuse réédition de celle parue en 2011.

Nina Schenk von Stauffenberg, un portrait.  Konstanze von Schulthess. Syrtes poche 237p.    www.editions-syrtes.com

 

 



 


L’incroyable destin de Theo Decker

Imaginez. Vous avez 13 ans et vous vous retrouvez avec dans les mains un tableau de maître de l’art flamand qui a pour titre Le chardonneret. Cette possession inattendue aura des répercussions tout au long de la vie de ce garçon devenu homme. L’auteure de cette histoire Donna Tartt qui a donné le nom de l’oiseau à son roman, a obtenu la reconnaissance de ses pairs en remportant pour ce livre le prix Pulitzer. Nous avons la version format de poche qui est tout en densité. Un véritable petit pavé d’un millier de pages. Lourd aussi de son contenu, car Theo Decker, le protagoniste, ne l’aura pas eu facile. Comme si une toile pouvait jeter un sort. Comme tout n’est pas noir ou blanc en ce bas monde, des moments de joie succéderont à d’autres de détresse. Si vous aimez les romans riches de fait psychologiques, alors vous avez ici tout un buffet. Les dernières lignes sont des leçons de vie qui vont certainement vous remuer.

Le chardonneret. Donna Tartt. Pocket 1000p.  www.pocket.fr

 

 



 


Journal d’un député socialiste, dans les coulisses du Palais Bourbon

Michel Issindou a siégé durant dix ans comme député socialiste à l’Assemblée nationale de France appelée aussi le Palais Bourbon. Il a quitté par après, considérant avoir assez sacrifié de sa vie. Mais il avait envie de laisser un témoignage. Non pas sur toutes ces années, écrire étant pour lui un pensum. Il a décidé de s’arrêter à une période allant de septembre 2014 à juillet 2015. Une tranche du calendrier marquée par des événements dramatiques et fondateurs, les attentats terroristes, la question des migrants et la montée de Macron vers le pouvoir, autant d’événements qui ont façonné à ses yeux une France différente. Il fait office de Saint-Simon de notre temps, et grâce à lui on peut mesurer ce qu’il arrive des enthousiasmes des débuts et la confrontation avec la réalité parlementaire et les forces en puissance qui s’agitent en coulisses. Tourments au Palais Bourbon est un titre qui en dit long sur les exaspérations qui peuvent atteindre un élu chargé d’idéal. Aujourd’hui notre homme goûte comme il le dit, le quotidien de la vie à chaque goutte comme une vieille Chartreuse. Il avertit son contemporain qui aspire à faire de la politique sur ce qui l’attend. On connaît l’adage, homme prévenu…

Tourments au Palais Bourbon. Michel Issindou. Presses Universitaires de Grenoble 176p.      www.pug.fr

 

 



 


Les tergiversations d’une femme dans l’antichambre de la cinquantaine

Pour tout être humain la venue de la cinquantaine est une période charnière, l’heure du bilan. Et surtout on demande à la personne de s’être connue enfin sinon. Pour Juliette, la figure centrale du premier roman de Renée Laurin “Mam’zelle girouette frise la cinquantaine”  il lui reste une année avant de franchir ce cap. Et la voilà prise d’une frénésie de vivre des expériences pour se trouver. Ce pourrait être un passage étourdissant. Heureusement elle a une copine, pas une sur une Facebook, une vraie en chair et en os, prénommée Rosa, qui elle aussi s’agite beaucoup. Mais à la différence de la première c’est qu’elle n’en fait pas un drame. Ce roman très bien ficelée, est aussi un hommage à l’amitié féminine dont beaucoup d’esprits chagrins range comme un mythe, tant ils ne peuvent s’imaginer deux femmes devenir amies sans crêpage de chignon en perspective. Le bouquin s’inscrit dans un courant chick-lit urbain et la romancière maîtrise le genre en rendant très bien la vitesse folle de notre époque. Beaucoup de quinquagénaires en devenir se reconnaîtront dans ces chapitres. Pour un premier opus littéraire c’est très prometteur.

Mam’zelle girouette frise la cinquantaine. Renée Laurin. Les éditions Goélette 379p.      www.boutiquegoelette.com

 

 



 


Le coin de la BD

Quatre parutions retiennent notre attention. A commencer par un album de grande facture chez Graph Zeppelin L’authentique Dracula qui est la transposition de Bram Stoker en version bande dessinée. Sur un scénario de Leah Moore qui respecte totalement le cadre du roman effrayant qui procure encore des frissons depuis sa création en 1897. Elle est assistée de son époux John Mark Reppion et de l’artiste brésilien et coloriste Colton Worley que l’on doit saluer pour la beauté des images. Pas facile de travailler avec des mises en scène dans la pénombre. Il triomphe aisément du pari. Cette BD devrait se voir accorder tous les prix dans sa catégorie. Puis, toujours chez le même éditeur de Brandon Sanderson c’est White Sand 2 appuyé par un scénario de Rik Hoskin et le dessin de Julius Gopez. Nous sommes dans le fantastique à son meilleur. Où les Maîtres des sables ont été acculés à l’échec, la justice ordonne leur dissolution. Une décision qui sera loin d’être concrétisées aussi facilement. Une concertation sera mise à contribution pour percer les secrets de cette organisation, surtout étant la plus curieuse, la duchesse Khrissalla. Vous avez aimé le tome 1, la suite est égale au premier volet.

 

 



 


Tabou sans tabous

Si on dit volontiers que les humoristes sont des bienfaiteurs de l’humanité, que dire alors des érotomanes qui véhiculent des idées de plaisir s’attachant au bas ventre. C’est pourquoi la maison d’édition Tabou a toute sa place dans l’assainissement des moeurs, car lire et surtout voir leur BD est une pure récréation des esprits que n’aurait pas désavoué un Rabelais. Voici deux sorties qui vont vous mettre dans des transports mentaux chez les hommes et des fureurs utérines chez les lectrices. du tandem Katia Even et Sergio Bleda un titre qui est tout un programme en soi Il faudra me passer sur le corps. Tout par un thé bien spécial d’origine vietnamienne qui sera offert à une femme qui de panthère de nature qu’elle est dans la vie, se métamorphose en une douce féline prête à se soumettre à toutes les fantaisies. Sauf qu’il se créera pour elle une addiction foudroyante pour ce nectar. On lui proposera donc de se rendre au Vietnam, à la source de sa passion liquide avec un poste sur place à la clé. Le prétexte pour les auteurs de nous la montrer sous toutes ses coutures, façon de dire les choses, car comme couture il faudrait bien des vêtements..Ailleurs on s’en remet côté jouissances à Howard Mc Cock (sic) et David Cenou dans Sexxion X chattes hurlantes sur Grossenchtein. Nous sommes en 1942. La Sexxion X dont il est question ici, est un groupuscule nazi spécialisé dans l’application de sévices sexuels. S’y trouve un prisonnier le capitaine Bergerac. Des résistants vont mettre en oeuvre un plan pour le soustraire à ses bourreaux. La manoeuvre sera compliquée. Toute la fantasmagorie de l’érotisme nazi est mis ici < contribution.

 

 



 


Paysagiste des âmes

Peut-être parce qu’il est scénariste à la ville et amateur de cinéma indépendant Vincent Giudicelli sait faire des images quand il écrit et il nous en donne une preuve éclatante avec son recueil de nouvelles au si beau titre Il faisait beau et tout brûlait. Trois histoires dans différents pays. Avec en dénominateur commun une quête d’humanité. Et comme tout nouvelliste aguerri il observe tr bien nos comportements. Voici ce qu’il dit entre autres qui est en même temps un fameux aphorisme à retenir “Parfois, les hommes sont idiots sans l’aide de personne. C’est inné.”Vous trouverez d’autres perles du genre dans cette petite plaquette riche en contenu.

Il faisait beau et tout brûlait. Vincent Giudicelli. Coll. Sauvage. Annika Parance éditeur 131p.

 

 





 


Le coin des poètes

Couleur de l’âme tel est le titre du recueil de Mario Cyr aux éditions Annika Parance dans la collection “sauvage”. Quelle étiquette coller sur cette rivière de mots-images ? Extrait “avoir peur des adultes ils n’attendent que l’occasion de trahir tissus délicats poudres dessous émois précoces la vulve des grande soeurs l’odeur des menstrues des garçons découvrent le goût du sperme”. Si la crudité du propos remue un peu ce n’est pourtant pas le lot des autres strophes qui sont chargées de métaphores intéressantes.

Chez Triptyque deux nouveaux titres. Il y a Billy-Ray Belcourt qui s’amène avec Cette blessure est un territoire qui est une traduction de Mishka Lavigne. Il faut ici prendre la peine de rendre à César son dû pour ce qui est des traducteurs, qui dans l’exercice périlleux de la traduction de poèmes, doit pouvoir restituer l’essence de ce que le poète a voulu dire. Et ici la traductrice fait merveille. Que dire alors de l’auteur qui est autochtone issu de la Première Nation crie de Drifpile. Et qui ne fait pas mystère de son goût pour les hommes. La quatrième de couverture donne le ton, tandis qu’il révèle avoir couché avec un autre autochtone et provocateur en même temps .je voulais que nos salives se mêlent et créent de nouvelles écologies bactériennes: des contagions pour infecter et tuer le traumatisme.. Cela vous en prend-il beaucoup plus pour attirer votre attention ?

Puis c’est au tour de Gabriel Kunst de faire son entrée dans l’univers de la poésie avec Les coeurs de pomme et leur syntaxe. Le communiqué de presse qui accompagne sa sortie nous prévient que nous assistons à une mixité entre lyrisme et formalisme. Un extrait “Les hommes empilés comme des troncs d’arbres à l’entrée de la salle à quinze minutes à pied ou dix à vol d’oiseau si on savait voler sont peut-être morts de peur concerto pour AK-47 remplit les oreilles les clavicules et les sternums”. Il y a la une richesse de mots et d’associations qui vont ravir l’amateur éclairé de poésie. Chose certaine, ce poète novice remplit bien sa mission. Un nom à suivre. Et ceux qui décernent des prix en poésie devraient regarder de ce côté-ci.

 

 



 


Qu’est-ce qui explique la montée des populismes ?

L’échiquier politique mondial nous en fait l’éclatante démonstration avec sur le plan international une montée de la droite radicale avec Marie Le Pen en France, Viktor Orban en Hongrie, Jair Bolsonaro au Brésil, Matteo Savini en Italie et comment l’oublier Donald Trump aux États-Unis. Moult études ont été faites sur le phénomène. Mais un essai se distingue qui fait la synthèse et c’est  De Le Pen à Trump: le défi populiste de Gilles Ivaldi. L’auteur est chercheur CNRS à l’URMIS Université de Nice. C’est une référence pour tout ce qui touche au populisme. Il aborde la question par toutes les facettes. Un élément d’explication qui a retenu notre attention, c’est que les leaders de tels partis ont leur fond de commerce auprès d’une classe laborieuse sans grande diplômation. Et ça tombe sous le sens, vu que ces masses qui ne lisent peu de surcroît, n’ont pas l’intérêt ni la capacité de faire des analyses des messages qu’on leur envoie. Si bien qu’elles seront attirées par les sirènes de thèmes qui flattent les instincts primaires.

De Le Pen à Trump: le défi populiste. Gilles Ivaldi. Éditions de l’Université de Bruxelles 399p.      www.editions-universite-bruxelles.be

 

 



 


Un cas d’espèce de mobilité urbaine, celui de Bruxelles

Aux éditions de l’Université de Bruxelles on s’était interrogé si ce titre Voitures de société et mobilité durable allait nous intéresser étant donné que l’étude fouillée concerne la mobilité au sein de la capitale Belge. Eh comment donc puisque le sujet du déplacement en milieu urbain est le moteur de la politique de l’administration municipale en place à Montréal. Et on sera certainement intéressé plus largement au Québec et dans la Ville de Québec même, également confrontée à de sérieux problèmes en la matière. C’est que ce travail collectif sous la supervision de Anneloes Vandenbroucke, Annis M. Mezoued et Joost Vaesen nous apprend d’entrée de jeu que Bruxelles est huitième au classement des villes les plus embouteillées en Europe. Et le problème ne fait qu’empirer. Et cette recherche très fouillée s’attache à un aspect spécifique de la problématique, la fourniture d’automobiles de fonction, dites voitures de société. Toujours à Bruxelles, ce sont 90 000 personnes qui se voient gratifiées d’une voiture pour le boulot. Au moment où beaucoup d’entreprises, la main sur le coeur jurent faire leur part pour la réduction de l’effet de serre. Et ce qu’il y a de bien, comme dans toute étude du genre, c’est l’abondante bibliographie qui termine chaque chapitre. On verra à quelles solutions on songe pour circonscrire l’enjeu du flot de véhicules moteurs. Notons au passage que ce travail de longue haleine a été rendu possible grâce à la participation du BSI le Brussels Studies Institute.

Voitures de société et mobilité durable. Collectif. Les éditions de l’Université de Bruxelles 314p.      www.editions-universite-bruxelles.be

 

 





 


Le coin santé physique et  psychique

Le projet était ambitieux à savoir de demander à des personnalités venant de divers horizons comme Mazarine Pingeot, Boris Cyrulnik, Xavier Emmanuelli, Pierre Marie, Christian Streiff, Jean-François Colosimo  et Alain-Jacques Valleron de se prêter à l’exercice de commenter l’assertion que voici Le seul progrès qui vaille c’est l’accès au bonheur. Qui est en même temps le titre donné au livre qui a recueilli leurs propos. Il y a une bonne partie des réponses qui s’attardent à définir le bonheur. On constate une spontanéité dans les réponses qui prouve que les interviewés ont dû plancher eux-mêmes bien avant sur la question. C’est le journaliste de France Inter Soro Solo qui a interpellé les appelés au questionnaire et Christian Auboyneau à qui l’on doit la publication de l’ouvrage.  On prendra plaisir à comparer notre propre vision du bonheur avec la leur. C’est aux éditions de l’aube.

Aux éditions du Dauphin Blanc, trois livres sortent d’un coup. A commencer par le grand gourou américain Wayne W. Dyer avec Le Bonheur est la voie. Curieusement, qui prolongera la réflexion sur la notion du bonheur exprimé diversement dans le livre précédent. Une pensée maîtresse dans les conférences qu’il prononce et les livres qu’il écrit est que si nous portons un autre regard sur les choses, elles changeront. Dans ce livre on trouve justement d’autres pensées du genre qu’il exploite dans ces exposés verbaux mais qu’il n’avait pas coucher encore sur papier. Il s’étonne toujours de la faible perception que les gens eux-mêmes et qui les empêchent de progresser. A sa manière il nous rappelle que nous sommes nos pires ennemis.  Au tour d’Ève Gauthier de témoigner. Toute sa vie elle a eu un rapport très conflictuel. Et il arrivera qu’au chevet de sa mère qui va mourir, va s’opérer chez la fille qui est désormais une femme de 43 ans, une mutation. Son coeur va soudainement s’ouvrir pour celle qui n’est plus là, comme une grande indulgence. Et elle se rendra compte qu’elle était la source du problème, ne réagissant que par l’ego. Ce récit aidera au premier chef celles qui ont un douloureux rapport mère-fille, d’un côté comme de l’autre. Pour terminer, la docteure en éducation-psychologie et fondatrice du programme Mieux-être de l’Université du Québec à Trois-Rivières Caroline Marion présente L’analogie du papillon. La métaphore vient de ce que nous sommes des êtres en devenir qui ne doivent pas se contenter du formatage socio-économique. De songer que nous avons un potentiel à faire éclore telle la chrysalide qui devient papillon en déployant ses ailes. Un programme en trois points:  reconnaître, s’élever et apprendre.

 

 



 


Variations d’impressions sur les mots

Au premier abord, le titre titille notre curiosité Dictionnaire des mots parfaits. Qu’est-ce que cela peut bien signifier ? Cet ouvrage qui détrompez-vous n’a de dictionnaire que sa forme d’abécédaire. Sinon, ce livre dirigé par Belinda Cannone et Christian Doumet rassemble des contributions multiples d’amants des mots. Les participants ont choisi  des mots et ce qu’ils ont de signification pour eux. Ça prend toutes sortes de directions, de sorte qu’il n’y a pas de ligne éditoriale. Chaque contributeur se laisse aller à toutes sortes d’impressions. Et ce qu’il y a de bien dans cet exercice de style c’est qu’il rappelle l’importance du mot et par ricochet la beauté de la langue française. Si vous êtes un amateur de lexicographie vous entrez ici dans une bonbonnière.

Dictionnaire des mots parfaits. Collectif. Éditions Thierry Marchaisse 208p.   www.editions-marchaisse.fr

 

 



 


Un regard sur les Baruya de Nouvelle-Guinée

Anthropologue de renom Maurice Godelier est de surcroît un conteur merveilleux. Allez lire ce qu’il a pu observer des mœurs des Baruya une peuplade de Nouvelle-Guinée dont on a appris l’existence seulement en 1951 à la faveur d’une expédition australienne. Suivre Jésus et faire du business veut montrer comment s’est opéré la confrontation entre traditions tribales et modernité. Les passages les plus fascinants concernent le rapport des hommes et des femmes et comment ces dernières, si elles laissent faire n’en sont quand même pas moins détentrices de forces dont les mâles ont bien peur qu’elles ne les utilisent. Quelle mine de renseignements sur les mœurs ancestrales comme l’homosexualité faisant partie des rites d’initiation entre jeunes garçons. Que si on a fait des efforts pour les christianiser, ils ont peine à imaginer la notion de péché.

Suivre Jésus et faire du business. Maurice Godelier. Éditions Marchaisse 171p.    www.editions-marchaisse.fr

 

 



 


Sur les dix millions de catholiques en Chine

Saviez-vous que le premier évêque chinois a été élevé à l’épiscopat en 1685 ? Et que c’est la révolution de Mao en 1949 qui chassant les missionnaires a fait de l’Église catholique une église nationale séparée de Rome. C’est toute cette grande histoire nous menant jusqu’à aujourd’hui qui est racontée par Yves Chiron dans La longue marche des catholiques de Chine. C’est cet historien qui nous a offert une remarquable enquête sur le Père Pio. Les vagues successives d’évangélisation au gré des diverses congrégations religieuses, ne sont pas réalisées dans la facilité. Elles furent accompagnées de persécutions. Le premier archevêque de Pékin a pour nom Jean de Montecorvino, nous sommes entre les treizième et quatorzième siècles. Outre qu’il va faire chanter du grégorien à ses petits séminaristes aux yeux bridés, il va même jusqu’à faire traduire en mongol les psaumes afin d’être chantés durant les célébrations. C’est une véritable épopée qui se déroule sous nos yeux. Et il est intéressant de constater l’intérêt que portera le Vatican pour la Chine tout au long des siècles.

La longe marche des catholiques de Chine. Yves Chiron. Artège 332p.    www.editionsartege.fr

 

 



 


Un gros secret de famille

L’endroit doit être quel que peu paradisiaque pour que cette maison porte le nom d’Eden. Hélas ce refuge magnifique ne demeurera plus très longtemps la propriété de Becca Fitzpatrick. En effet, la mort de son tendre sera révélatrice sur des finances catastrophiques qui n’ont d’autre conséquence que de se départir de cette belle maison chargée de tant de souvenirs. Et parlant de souvenirs, comme dans toute famille on dirait que se cache toujours un gros secret. La famille Fitzpatrick n’échappe pas à la règle. Au point que Becca a convoqué toute la smala pour le 4 juillet qui correspond comme on sait à la Fête nationale américaine. Il est prévu qu’elle divulguera aux siens de fameux secret. Entretemps la dame revisite son passé. C’est pourquoi chaque chapitre de l’auteure Jeanne M. Blasberg est comme un flash-back. On saute de plusieurs décennies au fil de ceux-ci. Ce qui est réussi ici c’est l’évocation du passé. Toute empreinte de nostalgie. Un grand roman que faut-il dire d’autre ? En plus que ça promet, puisque c’est son premier, elle qui est issue du monde de la finance.

Eden. Jeanne M. Blasberg. Les Escales 410p.  www.lesescales.fr

 

 



 


 Un roman éblouissant sur la loi de l’attraction

Pour Erri Gorgiulo le protagoniste de La tristesse a le sommeil léger de Lorenzo Marone il suffit de vouloir pour que les choses arrivent. Quoi! C’est le pur triomphe de la volonté. Il a toutes sortes de rêves, et pas seulement pour lui, il souhaite pleins de bonnes choses aux siens. Mais pour lui-même, d’abord en bon italien qu’il est, de mettre de jolies femmes dans son plumard. S’il n’atteint pas le nombre espéré, celles qui acceptent de venir dans sa couche, le font à condition que l’homme fasse son travail de mâle. Il n’y a pas de place pour les bandes-mous. C’est donc tout un vaste terrain de jeu que représente ce coin de l’Italie du Sud où les sentiments sont décuplés. Lorsqu’on arrive au dernier chapitre on n’a qu’une chose en tête, filer là bas en quatrième vitesse et participer de cette belle vie. Du soleil à chaque page.

La tristesse a le sommeil léger. Lorenzo Marone. Belfond 381p.    www.belfond.fr

 

 



 


Un jeune mineur qui coûte que coûte veut retrouver sa sœur

Le ciel par-dessus le toit est un titre qui vous dit quelque chose ? Oui, la romancière Natacha Appanah l’a emprunté à Verlaine. Court roman qui raconte une famille disloquée où une mère qui ne nomme d’elle-même désormais Phénix, déséquilibrée, ne réussit pas sa vie de famille. Elle a deux enfants, Loup et Paloma. Cette dernière a fui le domicile et l’autre n’ayant pas eu de nouvelles de sa sœur depuis des lustres, va emprunter sans permis la voiture de maman pour se retrouver dans un fossé. Il écopera d’un séjour dans le quartier des mineurs de la prison. Paloma sachant la chose n’aura de cesse d’aller à la rencontre du frère. Voilà pour la toile de fond. Qui est en même temps une sorte de psychanalyse d’un foyer français avec toutes sortes de symboliques dont l’incarcération. Vous allez aimer, point barre.

Le ciel par-dessus le toit. Natacha Appanah. Gallimard 125p.

 

 



 


Des poèmes de Bukowski

Une des belles surprises du monde de l’édition, est cette anthologie de poèmes méconnus de Charles Bukowski qu’on a regroupé sous le titre Tempêtes pour les morts et les vivants. A la rédaction nous avons une immense affection pour ce poète fort en gueule et en strophes qui avait une qualité propre aux enfants et certains vieillards, de n’être sans filtre. Tout ce qui lui passe par la tête il le dit ou le couche par écrit. Et ce recueil entérine cette notoriété. Il est salutaire qu’un être humain comme lui se soit foutu à ce point du confort matériel pour se donner le luxe d’exprimer son fion en tout temps. Et il y a dans ces poèmes des perles. Et s’il n’y avait qu’un aphorisme à citer dans ce bouquin tonique et digne d’un visionnaire, c’est ceci « A la fin, les riches alimenté au cerveau par ordinateur remporteront la dernière guerre de l’Être humain ». Prophétique en cette ère numérique.

Tempête pour les morts et les vivants. Charles Bukowski. Au diable vauvert 349p. www.audiable.com

 

 



 


Gilets jaunes, le pour et le contre

Le mouvement des Gilets jaunes s’est essoufflé depuis que le président Macron est parti en campagne pour partir à la rencontre des communes et écouter les gens, suivi d’un train de mesures inspiré par certaines revendications des contestataires. Mais au moment d’écrire ces lignes, on laisse poindre un retour en force des Gilets jaunes. Quoi qu’il en soit, la beauté de l’exercice a été de révéler au monde entier la précarité de gens qui ne vivent ou survivent plutôt avec moins de mille euros par mois. Et pour faire image on parle de neuf millions de pauvres en France contre 57 milliards de dividendes versées aux riches. Les éditions Au diable vauvert on eu l’excellente idée de passer commandes à vingt-quatre écrivains qui se sentent interpelés par cette contestation. Cela donne une sorte de manifeste qui a pour titre Gilets jaunes pour un nouvel horizon social. Et chacun avait carte blanche pour approuver ou désapprouver leurs actions. Et la maison d’édition renchérit en décidant de verser les royautés de la vente aux Gilets jaunes fr Commercy.

Gilets jaunes pour un nouvel horizon social. Collectif. Au diable vauvert 236p.    www.audiable.com

 

 



 


Un historien se penche sur les narco trafiquants mexicains

Pour un historien, tout fait social peut représenter un champ d’intérêt. Pour Thierry Noël ce qui le chauffe c’est tout ce qui concerne l’histoire du commerce de la drogue. En 2015 il nous donnait une biographie de Pablo Escobar. Il persiste et signe en racontant La guerre des cartels sur le territoire mexicain. Quel carnage depuis trente dans ce pays. Quand on pense qu’une ville comme Acapulco qui était un lieu prisé du tourisme, est devenu un coupe-gorge. Chaque mois au Mexique on compte 2500 morts liés pour majorité au trafic des stupéfiants. La drogue au Mexique a son histoire donc que nous raconte avec force documentation l’auteur. Et on verra comment la classe politique a échoué à venir à bout de cette hécatombe malgré des promesses de lutte à finir. L’horizon ne semble pas promettre des lendemains heureux.

La guerre des cartels. Trente ans de trafic de drogue au Mexique. Vendémiaire 310p.     www.editions-vendemiaire.com

 

 



 


Faire le deuil d’un enfant vivant

Francine Ruel est une comédienne et une auteure appréciée du grand public car elle a du cœur au ventre et ne vit que pour le monde de l’émotion. Et la vie l’a gratifié en la matière, pour le meilleur et pour le pire. On sait du côté de l’actualité, que son fils, atteint par balles alors qu’il circulait sur l’Avenue du Parc, ne s’est jamais remis de cette agression et a sombré dans l’itinérance. C’aurait été facile pour l’auteure de raconter à la première personne ce drame, mais elle a pris la voie de l’autofiction a travers l’histoire d’Anna, coutière à la ville, confronté à son fils sans-abri, pour qui elle a tout tenté, en vain de le rescaper. En sorte, elle doit faire le deuil de son fils vivant. Quelle épreuve! Anna et l’enfant-vieillard est un roman coup de poing qui laisse une première leçon à méditer, qu’on ne peut prendre la place de l’autre et le diriger. Chacun à son destin qu’on le veuille ou non. On n’est pas responsable de tout.

Anna et l’enfant-vieillard. Francine Ruel. Libre Expression 196p.    www.edlibreexpression.com

 

 



 


Un réquisitoire contre la maire de Paris

En 2020 les parisiens seront appelés aux urnes pour désigner qui sera le nouveau locataire de l’Hôtel de Ville de la Ville Lumière. L’actuelle maire Anne Hidalgo est dans la course mais elle au starting-block elle part avec un taux d’impopularité record. Et pour cause des politiques désastreuses qui ont engendré une dette annuelle d’un milliard d’euros! Pour un total prévu de huit milliards d’euros. François Delétraz rédacteur en chef au Figaro magazine épaulé par deux journalistes au Figaro, Étienne Jacob et Yohan Blavignat ont mené une enquête de fond pour établir le réel bilan de cette femme jugée par la populace comme autoritaire. Le réquisitoire concerne la dette dont on a parlé, la saleté et la mobilité dans les rues de Paris. Ce livre en éclairera plus d’un sur le choix à faire au jour de l’élection. Les politiciens nous disent tant qu’il faut les juger sur leur bilan. C’est maintenant l’heure des comptes pour la maire Hidalgo qui ne sort pas grandie de ce journalisme d’enquête. Et pour les autres qui ne demeurent pas dans la capitale c’est une belle étude de cas d’une personnalité politique qui use de la langue de bois, tentant de donner une embellie au désastre.

La reine maire de Paris. François Delétraz, Étienne Jacob et Yohan Blavignat. Éditions du Rocher 231p.     www.editionsdurocher.fr

 

 



 


Le maître du thriller scandinave cartonne pour cette rentrée

Jo Nesbo se trouve au zénith de son talent et il nous le prouve encore une fois avec son héros fétiche l’enquêteur Harry Hole dans Le couteau. Qui entérine sa réputation d’être le maître incontesté du thriller scandinave. Cette fois on retrouve le célèbre limier affecté à la section des meurtres non élucidés. Ça l’ennuie un peu, d’autant qu’il apprend que le violeur Svein Finne vient d’être libéré de prison. Il veut partir à sa traque, ce que lui refuse sa supérieure. N’écoutant que son esprit de justice, il outrepasser les directives pour mener son enquête, telle est sa volonté. Pour son malheur, au lendemain d’une bonne beuverie, il va se retrouver avec du sang sur les mains, et ce n’est pas le sien…On verra dans quels déboires ça va le mener. Ne vous attendez pas à ce qu’on vous livre ici la clé de cette étrangeté, vous bouderiez votre plaisir. C’est une grande cuvée qui nous offerte, on dirait même un millésime du genre.

Le couteau. Jo Nesbo. Gallimard 602p.  

 

 



 


La Wermacht cours 101

S’il s’est écrit un nombre incalculables d’ouvrages sur le Troisième Reich et la Seconde guerre mondiale, peu d’entre eux ont été consacré avec attention à la question de l’armée allemande. Du moins dans l’analyse de sa structure interne. Or voici que paraît Être soldat de Hitler qui comble une lacune en la matière. Son auteur est Benoît Rondeau historien de profession à qui ont doit une biographie de Rommel très remarqué. Ici il décortique les fantassins du Reich. Comment recrutait-on les soldats, quelles étaient réellement leurs allégeances au nazisme ? Et surtout l’épineuse problématique de leur degré de participation aux massacres de masse. Règle générale ce sont les anglo-saxons qui produisent les biographies et les essais les mieux fouillés. C’est tout le mérite de Rondeau d’avoir appliqué la même rigueur. On se retrouve avec un livre de référence. Les passages les plus révélateurs sont ceux consacrés aux conditions de combat. Il nous fait vivre le terrible quotidien de ces soldats qui dans les tranchées opéraient dans des conditions d’insalubrité totale. Ceux qui aiment les lectures du domaine seront comblés.

Être soldat de Hitler. Benoît Rondeau. Perrin 487p.  

 

 



 


Un thriller appuyé sur des tensions psychologiques

On connaît l’adage, la vengeance est un plat qui se mange froid. Et s’il y en a une qui le sait c’est bien la sœur de Rachel a été enlevée et assassinée. Qui avait à peine douze ans quand sa frangine, son aînée a disparu de cette façon tragique. Et en prime, la présomption d’innocence ne fait pas partie de son vocabulaire car elle sait qui est l’auteur du crime, Carl Feldman. Ce dernier a un lourd passé trouble. D’abord inculpé pour une série de meurtres, il sera innocenté. Donc la cadette, des années plus tard va se retrouver assise près du criminel. Elle va donc échafauder un plan subtil pour le coincer. Il n’y a rien à son épreuve. Fantômes de papier, troisième roman de Julia Heaberlin frappe dans le mille. Un thriller où les éléments de psychologie entrent en ligne de compte. Et ce qui dynamise l’histoire c’est que la sœur devenue limier s’exprime dans ces pages à la première personne.

Fantômes de papier. Julia Heaberlin. Presses de la Cité 424p.     www.pressesdelacite.com

 

 



 


Pour comprendre ce que fut Henry Thoreau

Il est de ces hommes qui furent avance sur leur époque. Tel Henry Thoreau qui, américain du XIXème siècle écrivit sur la désobéissance civile et se fit le chantre de la nature, un écologiste avant l’heure. Ses contemporains le prenaient de haut, le considérant comme un arriéré. Trop original. Il s’en prenait à l’esclavage qu’il exécrait. Mais ce n’était pas un militant pour autant. Sa pensée comme philosophe et scientifique, trouvèrent des émules en la personne d’un Gandhi, Martin Luther King et John F. Kennedy. Si vous avez envie d’explorer ce que fut ce grand intellectuel il y a un merveilleux livre qui sort en librairie Thoreau compagnon de route de Kenneth White. Il a beaucoup écrit sur lui, et dans ces chapitres il nous raconte l’homme et l’œuvre. Et pour la petite histoire, et plus près de nous, saviez-vous que notre auteur-compositeur-interprète québécois Richard Séguin s’est inspiré de Thoreau pour son album ayant pour titre « Retour à Walden ». Un beau personnage à découvrir, héraut des droits et libertés de l’homme.

Thoreau compagnon de route. Kenneth White. Le mot et le reste 129p.   

 

 



 


 Sur la poésie de guerre russe des XVIIIème et XIXème siècles

 Pendant qu’au Québec aux XVIIIème et XIXème siècles nous avions des poètes naturalistes qui louaient la nature à coups de strophes, avec un petit côté mirlitons, leurs équivalents russes « s’épanouissaient » dans le contexte de la guerre. En effet, de grands noms de la littérature poétique russe se trouvaient également aux armées. Et leur production reflétait leur réalité militaire. Zakhar Prilepine nous ouvre toutes grandes les portes de la connaissance de ces littérateurs (il en a sélectionné huit) dont le plus connu de tous ailleurs qu’en Russie est Alexandre Pouchkine. Officiers et poètes russes est une sorte d’anthologie, mais ne se présente pas comme telle. C’est-à-dire que nous n’avons pas affaire à un recueil de poésie, mais une histoire de ces écrivains à travers laquelle, l’essayiste glisse des poètes illustrant le propos. Et il met de l’avant l’humanité de ces écrivains en nous décrivant par le menu leurs traits de caractères. Un travail presque d’érudition qui force le respect.

Officiers et poètes russes. Zakhar Prilepine. Éditions des Syrtes 558p.   www.editions-syrtes.com

 

 



 


Le traverser la nuit de Marie Laberge

Si vous consulter les titres d’ouvrages, vous verrez que beaucoup ont choisi celui de « Traverser la nuit ». Marie Laberge en a fait aussi celui de son dernier opus. L’écrivaine aux cheveux bicolores qui figurent tel un logo est sans doute heurtée par l’ablation du cœur qui prévaut dans nos sociétés à l’ère numérique et a décidé de mettre de l’avant un personnage qui a justement le cœur sur la main, en l’occurrence Emmy dont le travail la met au contact des démunis. Pour se rendre compte qu’elle n’est pas la seule à apporter quelque chose. Que ces éclopés de la société néolibérale lui livrent de puissants messages. Vous allez aimer Emmy pour une autre bonne raison, c’est qu’au contraire de la grande majorité des québécois, elle a pleine confiance en ses moyens et le mot peur ne fait pas partie de son vocabulaire. Un petit roman mais riche d’enseignement.

Traverser la nuit. Marie Laberge. Québec Amérique 175p.   
www.quebec-amerique.com

 

 



 


Des sentiments qui se découvrent tels des poupées russes

Les histoires de famille sont un terreau fertile pour tout écrivain qui serait confronté au syndrome de la page blanche, tant est que dans les familles on cache tellement de choses au nom du secret imposé ou que l’on s’auto-impose. Voici une belle variation du genre avec Attendre un fantôme de Stéphanie Kalfon. Qui débute avec Kate une jeune fille de dix-neuf ans qui a la douleur de voir l’amour de sa vie perdre la vie lors d’un attentat. Son milieu familial se resserrera autour d’elle pour lui apporter le réconfort voulu. Mais il arrivera que tant d’altruisme masque en réalité d’autres sentiments enfouis. C’est au moment où Kate va confronter sa mère que l’on verra que tout le mal être ambiant venait de cette dernière. Une sorte de crève l’abcès psychologique. Sans doute la qualité de scénariste a-t-elle joué dans la construction forte de ses personnages et l’ampleur du récit. De la bonne littérature comme on n’en voit trop peu.

Attendre un fantôme. Stéphanie Kalfon. Joelle Losfeld éditions 129p.  

 

 



 


 Le guide pour devenir maître au Fornite

Nous allons faire un aveu, aucun de notre équipe de rédaction est adepte de jeu et ne connaisse ni d’Ève ni d’Adam le jeu vedette Fortnite. Par contre, comme nous faisons abstraction de nos goûts propres pour rendre compte de l’actualité du livre sous toutes ses formes, nous avons de le devoir de vous informer de la parution de Fortinite battle royale. C’est un guide qui fera en sorte de faire de l’amateur un pro toute catégorie. Car il est mentionné dans le communiqué de presse accompagnant la sortie que seul un participant sur cent est gagnant. L’éditeur n’a pas lésiné au plan graphique, nous offrant des pages débordant de couleurs vives. Qui donne quasiment le goût de s’y mettre!

Fortnite battle royale. Le guide ultime des pros. Broquet 192p.   www.broquet.qc.ca

 

 



 


Une autre belle histoire pour érotomanes distingués

Deux lesbiennes viennent mettre de l’ordre aux Enfers sur Terre, et le tout dans un enrobage quasi mythologique, qu’en dites-vous ? C’est ce que vous propose le trio Pat Shand, Gabriel Andrade et Juan Jose Ryp avec cet Hellina Scythe aux éditions Tabou. Hellina si vous ne le saviez pas encore, est juge de paix des Enfers sur Terre. Elle hait le désordre et il se trouve qu’il y en a pas mal sur notre bonne vieille planète. Pour l’épauler dans sa mission de justicière, elle va demander l’assistance de Scythe qui a la double casquette de souveraine de la première et son amante. Elles ne l’auront pas facile, car des esprits chagrins veulent à tout prix les réduire à néant. C’est une BD classe première avec des dessins époustouflants. Et les érotomanes distingués prendront mentalement leur pied.

Hellina Scythe. Pat Shand, Gabriel Andrade et Juan Jose Ryp. Tabou.

 

 



 


Amélie Nothomb vampirise Jésus!

Cette chère Amélie Nothomb ne cessera de nous étonner. Nous avons un parti pris à la rédaction car nous savons le degré d’humanité qu’elle possède tandis qu’elle entretenait une correspondance avec une amie très proche Christiane Jolin, aujourd’hui décédée, qui ne cessait de chanter ses louanges. C’est un rituel de la rentrée que d’attendre la cuvée Nothomb. Elle est de première grandeur cette année car elle a décidé dans Soif de prendre la peau de Jésus rien de moins. C’est un exercice de style singulier qui lui aurait valu jadis de se retrouver à l’Index. Car à un moment donné elle fait dire au Fils de Dieu que l’enfer n’existe pas, que c’est un concept. Et on ne dit pas quand Jésus se met à taquiner Marie-Madeleine sur sa beauté. Oh! là! Là! Un passage très humanisant de son sujet c’est quand il décrit les clous qui s’enfoncent dans ses mains et ses pieds. Bref, sa lecture vaut amplement le détour. Elle a remis Jésus totalement dans sa dimension humaine.

Soif. Amélie Nothomb. Albin Michel 152p.   

 

 



 


Le vin comme poésie liquide

C’est la métaphore que donne le vigneron alsacien André Ostertag au recueil de nouvelles de Laurent Fadani dont les thèmes tournent exclusivement autour du monde du vin. Cet auteur, ressortissant belge et vivant en Colombie-Britannique cultive la vigne. Il sait de quoi il parle. Visages dionysiaques sont de jolies variations sur Bacchus. Il ne manque pas d’imagination le mec. Il est vrai qu’ayant choisi le thème de ce doux nectar, les inspirations ne manquent pas.  Nous avons bien la nouvelle portant le titre d’Elisabetta qui fait le désespoir de sa mère car elle ne correspond pas aux canons que l’on attend d’une fille. C’est écrit avec une jolie finesse. A lire obligatoirement avec un bon ballon de Cahors.

Visages dyonisiaques. Laurent Fadani. L’Interligne 105p.    www.interligne.ca

 

 



 


Nouvelles autour de l’enfance maltraitée

Claude-Emmanuelle Yance  on le sent, n’en peut plus de la misère faite aux enfants. Que ce soit maltraitance physique, comme dans une de ces nouvelles où une mère donne la fessée à sa progéniture à coups de « strappe » ou cette autre enfant, faisant partie d’une chorale qui sera agressée sexuellement par le porteur d’une soutane. L’ère des enfants tristes en dit long sur notre époque. Ce sont de tristes thèmes, mais on ne peut pas faire l’économie de la réalité, aussi dure soit-elle. C’est pourquoi ce recueil possède une puissance car il dénonce. Et ceux qui sonneurs d’alertes sont trop peu, pour cause de petites lâchetés. C’est pourquoi nous saluons cette démarche littéraire.

L’ère des enfants tristes. Claude-Emmanuelle Yance. Lévesque éditeur 111p.
www.levesqueediteur.com

 

 



 


Fragments biographiques à Baie-Saint-Paul

La psychanalyste Françoise Dolto a bien démontré en quoi les premières impressions de l’enfance marquent de façon durable jusqu’à l’âge adulte. On le vérifie à nouveau avec la sortie de L’enfant de Jacques Saint-Gelais Tremblay qui est natif de Baie-Saint-Paul, cette région bénie par moult peintres parmi les plus renommés au Québec. Bien justement, comment vit-on son enfance dans un décor si paradisiaque ? L’auteur nous livre donc ces fragments biographiques sous forme de nouvelles. Il est bien servi par le maniement exquis de la langue française qui a pour elle un vocabulaire précis pour désigner chaque chose, et Saint-Gelais Tremblay en connaît les subtilités pour notre plus grand plaisir de lecteur. Il a réussi sa mission, car en fin d’ouvrage on ne pense qu’à une chose, filer vers ce coin de pays.

L’enfant. Jacques Saint-Gelais Tremblay. GID 191p.     www.leseditionsgid.com

 

 



 


Un chantre de la Gaspésie

Si dans L’enfant de Jacques Saint-Gelais Tremblay aux éditions GID dont nous avons parlé précédemment, l’auteur vante la Baie-Saint-Paul de son enfance, cette fois avec Jules Bélanger le pays intérieur c’est au tour de la Gaspésie de voir chanter ses louanges. Monsieur Bélanger conviendrait à la définition de ce que Janette Bertrand nomme le vrai monde. Il ne fera sans doute jamais la Une de l’actualité. Et pourtant, ce qu’il a à dire, surtout sur sa Gaspésie natale. Il a d’ailleurs confié le tout à un autre natif de la région Sylvain Rivière. Bélanger a fait l’essentiel de sa vie professionnelle dans l’enseignement, d’abord comme prof de français et de latin au Séminaire de Gaspé puis de littérature au Cégep de la Gaspésie et des Îles. Il est aussi contributeur d’une Histoire de la Gaspésie. Il s’en est passé des choses dans cette vie. Pensez donc, il a été témoin du premier récital de Gilles Vigneault. Et ils se sont revus par la suite, notamment à Paris où le barde québécois passait au Théâtre de l’Est parisien où il était en première partie de la chanteuse Eva. Il a bataillé pour que Gaspé ait son Cégep. Bref un homme de terrain qui parle des gens de son pays pour reprendre le titre d’une chanson de Vigneault. Une lecture édifiante qui tout comme pour le livre consacré à Baie-Saint-Paul nous donne le goût de faire quelques kilomètres de plus et se rendre en terre gaspésienne.

Jules Bélanger le pays intérieur. Sylvain Rivière. Gid 216p.  www.leseditionsgid.com

 

 





 


Doux souvenirs d’Amos et de l’Île Verte

La collection renommée « Cent ans noir sur blanc » aux éditions GID qui raconte une localité grâce à des photos anciennes, compte deux opus nouveaux Amos de l’enfance à la maturité par la Société d’histoire d’Amos et L’Île Verte phare de belles traditions coécrit par Jocelyn Lindsay et Jean-Claude Tardif.  L’Abitibi fait toujours figure de parent pauvre au Québec, comme si était resté gravé dans les mémoires la période affreuse de la colonisation. Pourtant il y a à découvrir. Ainsi on apprend avec amusement que durant trente ans c’était la chaise musicale au conseil municipal d’Amos. On apprend que jusque dans les années 1930 les femmes autochtones étaient refusées dans les programmes de soins infirmiers. Et il y a une photo émouvante d’un groupe de ceux-ci dans la chambre d’hôpital d’un petit patient. Et surprise, qi vient faire un tour dans cette ville en 1948, le célèbre comique Fernandel. Et on ne se trainait pas les pieds là bas, un aréna construit en quatre mois!

L’Île verte est un peu mieux connu, car c’est là que le cinéaste Gilles Carle a décidé d’y être inhumé, là où il passait ses vacances. Puis ce malheureux incendie plus récemment dans une résidence pour personnes âgées, véritable hécatombe qui sonna le signal qu’il était temps que les résidences se mettent au niveau du côté de la protection de leurs résidents. Mais ici on remonte bien plus loin avec cette émouvante photo d’un capitaine de navire qui se fait couper les cheveux par le gardien du phare. Nous sommes en 1942. Car le phare de l’île est le centre de toutes les attentions. Un important chapitre est consacré à la vie maritime avec ses navires échoués. C’était hier…

 

 







 


En format poche

Cinq titres nous parviennent dans autant d’horizons. Chez Syrthes de Camil Petrescu c’est Dernière nuit d’amour, première nuit de guerre. L’auteur de par son patronyme est donc roumain. Il est considéré nous dit le communiqué de presse comme le fondateur du roman roumain moderne. Ce que nous avons entre les mains est un roman qui fut publié en 1930 et qui exploite trois thèmes, l’amour fou, la jalousie et la trahison. Et se divise en deux parties, les deux ayant toutes deux, la figure du « héros » Stefan Gheorghidiu. C’est un homme d’affaires qui roule bien. Il fait la rencontre d’Ella. Et là Cupidon fait bien son travail. Le cœur bat la chamade. Et ça finira par des épousailles. L’homme a un défaut, c’est un jaloux compulsif. La première partie du livre c’est l’homme d’avant la Première guerre mondiale et la seconde son journal de militaire. Son retour une fois l’Armistice sera assombri par la trahison de sa belle. Cette lecture est une occasion de pénétrer le roman roumain, latin par essence et non slave, où vous avez l’exaltation d’une gamme de sentiments.

Aux éditions Le dernier havre, deux occasions d’aller à la rencontre d’Yves Thériault le célèbre auteur d’Agaguk. Il est entré en littérature en 1944 avec Contes pour un homme seul que l’on réédite pour une énième fois, signe indéniable de l’intérêt pérenne qu’il suscite. Cette réédition est précédée d’une préface de Laurent Mailhot qui situe l’homme et l’œuvre. Il y a dans ce Thériault une grande part de féérique comme l’identification du son d’une fleur qui ouvre ces pages. Et aussi pour rappeler que l’on célèbre cette année le 75ème anniversaire de leur parution. Et ceux qui voudraient pousser plus loin l’exploration du travail de l’écrivain, soulignons aussi chez le même éditeur, les Cahiers Yves Thériault 2 sous la direction de Renald Bérubé. Un collectif de contributeurs analyse différents aspects du corpus de Thériault qui s’ouvre justement sur une analyse des Contes pour un homme seul par Christiane Lahaie.

Franz Liszt  n’a pas été seulement le compositeur et interprète virtuose que l’on sait. Il était aussi homme de lettres, et aimait par-dessus tout coucher ses réflexions sur papier qui sont devenues autant d’aphorismes. Et comme il était grandement intelligent, tout ce qui grouillait autour de lui, attisait sa curiosité. Toute le ciel en musique aux édition Le passeur réuni des pensées choisies et commentées par Nicolas Dufetel. Il a un mot sur tout, que ce soit sur d’autres compositeurs comme Palestrina ou bien la nomenclature des saints qui sont dans l’ordre de son affection. Il y en a une savoureuse définissant le français « Un français n’est bien assuré d’avoir eu une émotion ou une jouissance qu’autant qu’il ne l’a communiquée à son voisin, et que celui-ci l’a partagée ou enviée ».

 

 



 


Rituels évangéliques et mythes ufologiques

Damien Blass vient du monde de la poésie et s’arrime maintenant au mode roman avec L’enlèvement qui est du type science-fiction. Remarquez que pour ce créneau là, d’être poète avec une imagination furibonde ça ne nuit pas. Et ici se mêle des rituels évangéliques et mythes ufologiques. C’est un garçon André Lépine, qui voit adhérer sa famille à une secte L’Église du Souffle, d’orientation chrétienne, mais dont toute la spiritualité est orientée vers un Apocalypse à venir. Et on peut imaginer ici les effets dévastateurs chez un enfant qui voit ses parents remettre leur vie entre les mains de dirigeants religieux. En plus c’est qu’on a vu des signes extérieurs troublants, des êtres d’ailleurs. Bref, toute la quincaillerie typique de cet univers de fou. Le romancier novice rend bien compte de tous ces troubles de comportements mentaux. C’est un avenir prometteur qui se dessine pour le sieur Blass dont le nom est à retenir.

L’enlèvement. Damien Blass. Triptyque 138p.    www.groupenotabene.com

 

 



 


Un « roman » sur la fuite du Général De Gaulle

Dans la foulée des événements de Mai 1968, alors que le peuple se soulève de plus en plus, avec des airs de Révolution française, le Général de Gaulle habitué de fomenter des coups de théâtre va disparaître des radars. Nous sommes le 29 mai 1968. Et le populo de s’interroger avec une certaine nervosité, mais où est passé le Président de la République. L’Histoire nous apprendra qu’avec la complicité du général Massu, il s’était enfui à Baden-Baden en Allemagne. On connaît la suite de l’histoire qui mènera au référendum proposé par De Gaulle et son éviction par le peuple. L’illustre locataire de l’Élysée quittera sans demander son reste, se réfugiant dans son domaine de la Boisserie jusqu’à sa mort. Un qui s’y connaît en présidences de la République est le journaliste et écrivain Geroges-Marc Benamou qui nous avait donné Le dernier Mitterand porté à l’écran avec Michel Bouquet dans le rôle du président socialiste. Il revient sur les événements entourant la disparition mystérieuse de De Gaulle dans Le Général a disparu. Il a identifié son livre du mot roman, mais c’est bien d’un livre d’histoire dont il nous gratifie. La seule différence tient au fait que l’auteur s’investit dans la peau présidentielle et livre ce qu’il croit être les sentiments plausibles qui ont habité le personnage durant ces heures terribles. Le récit des événements coule de source.

Le Général a disparu. Georges-Marc Benamou. Grasset 234p.

 

 



 


Une femme perpétuellement en questionnement

La rentrée veut dire celle aussi des grands noms des lettres comme Marie Darrieussecq qui peut se réclamer d’être un peu la dauphine d’une Duras. Elle débarque en force avec La mer à l’envers qui met en scène Rose, une psychologue parisienne qui, si elle sait bien conseiller les autres, est comme un cordonnier mal chaussé, car sa vie est brinquebalante, avec un mari aux prises avec l’alcool qui la presse de venir avec lui en pays Basque la terre natale de celle-ci. Mais elle pense plutôt divorce, ou plutôt n’en pense rien. Voyant sa fille tourmentée, sa mère va lui offrir à elle et ses enfants une croisière de luxe. Et il va arriver que ce navire, fais monter à son bord un migrant nigérien répondant au prénom de Younès. Rose va l’entourer de délicates attentions, lui prêtant même le cellulaire de son fils. Revenue à Paris où elle habite elle aura la surprise de Younès qui souhaite la revoir. Et la revoilà repartie avec des sentiments ambivalents. Son altruisme, un attrait et une lâcheté combinée, voilà les ingrédients au menu. Surtout une indécise chronique que décrit à merveille l’auteure de Truismes. Pour elle c’est une rentrée réussie.

La mer à l’envers. Marie Sarrieussecq P.O.L.. 246p.   www.pol-editeur.com

 

 



 


Des boules énergétiques à engloutir avec délectation

Que ce soit parce qu’on n’a nullement faim, ou bien on sent tout à coup une petite perte d’énergie, on se demande toujours qu’est-ce qui pourrait bien faire l’affaire ? Voici un élément de solution avec ces Boules d’énergie de la nutritionniste Christal Sczebel. Peu importe les ingrédients qui les composent, ces boules ont en commun de ne pas contenir de gluten, véganes au possible. L’auteure qui veut notre bien plus que tout, en a concocté ici une centaine que l’on peut congeler à l’avance question de se faire des réserves pour se dépanner. Et ce pas l’imagination qui manque avec ces cobbler aux pêches, des matcha menthe et chocolat, ceux abricots et noix de cajou. Tout ceci pour se requinquer. Et leur préparation est d’une simplicité confondante.

Boules d’énergie. Christal Sczebel. Broquet 128p.    www.broquet.qc.ca

 

 



 


D’étonnantes sculptures faites d’os de lièvre

Rendons grâce aux éditions GID qui, fidèle à sa mission de mettre en valeur tout notre patrimoine, fait preuve d’une ouverture éditoriale. Et leur définition du patrimonial est très large. Ainsi, ils ont ouverts toutes grandes leurs portes au sculpteur Alain Landry natif de Pointe-Parent (Natashquan). Un sculpteur d’un genre très particulier car il sculpte tenez-vous bien…des os de lièvres et en tire des scénettes de la vie quotidienne. Avec un sacré degré de miniaturisation. Ses sculptures prennent place sur un socle formé d’une tranche de tronc d’arbre. L’album qui lui est consacré Les os parleurs rend compte de son étonnante production ossuaire. Il fait accompagner chaque reproduction d’un texte de son cru qui raconte un fait, un élément de tradition. Qui montre que l’artiste fait preuve d’une démarche construite de part en part. Le résultat des œuvres est confondant. Qui disait que l’on pouvait apprêter les restes ?

Les os parleurs. Alain Landry. GID 208p.   www.leseditionsgid.com

 

 



 


Chez Tabou une discipline de fer et la mythologie version hard

L’éditeur Tabou fait une rentrée réussie avec deux BD qui ont de la gueule. Le premier Discipline est à lui seul tout un programme surtout avec pour sous-titre « Sluts en stock ». Xavier Duvet (sic) ça ne s’invente pas ou du moins il était prédestiné, nous offre toutes les variantes du BDSM. Les femmes voient tous leurs orifices bien occupées, que ce soit par des hommes ou des femmes. Même quelqu’un qui n’a pas d’attrait spécifique pour les jeux de domination et de soumission, trouvera quand même la proposition visuelle aguichante. En passant, Duvet s’est fait une spécialité du sado masochisme. Il a d’autres titres que vous pourrez explorer si vous avez une addiction pour le domaine.

Et si à l’école l’enseignement de la mythologie vous ennuyait, c’est que vous n’aviez certainement pas le bon prof. Nous vous en suggérons un qui nous offre une trilogie sur la mythologie grecque dont paraît le tome 2 Achille, pour l’amour de Patrocle. Il a pour nom Cosmo Ferri. Toute la galerie s’y trouve, Achille comme de raison, Agamemnon, Chryséis, Apollon, Briséis et Patrocle. A la différence que ces illustres personnages dont les exploits sont parvenus jusqu’à nous, baisaient de temps à autre. En tout cas, un  peu plus que nous, et c’est MONTRÉ!  Le dessin ne nous épargne rien des organes dévoilés qui s’activent sous nos yeux. Une belle gourmandise visuelle pour tout érotomane digne de ce nom.

 

 









 


Le coin de la poésie

Louis-Philippe Hébert ne fait jamais rien comme tout le monde. Il nous étonne encore une fois avec Le view-master aux éditions de La Grenouillère. Imaginez du peu, une femme qui a pour nom Maxime Parent qui s’aperçoit de l’existence d’un homme qui est son homonyme, et de cette union naîtra un enfant prénommé Maxime. Déjà le décor est planté. Et pour nous raconter cette histoire en 3D il a choisi une forme inusitée de roman sous forme poétique. Évidemment le thème dominant est celui très d’actualité de l’identité. Une histoire déjantée comme notre époque. Extrait lucide : On meurt si facilement de nos jours en prenant son bain ou en glissant sur le trottoir ou en se séchant les cheveux il vaut mieux faire attention la vie c’est si dangereux mais on se dit qu’on serait mieux mort des fois. »

Ici nous voulons cette fois attirer votre attention sur une madelinot d’origine Geneviève Boudreau qui se veut une révélation pour nous car elle a un sens puissant de l’imaginaire. De la poésie comme on souhaiterait en lire tout le temps. Pour exemple son recueil qui sort Si crue que tu pourrais y mordre. Une célébration de la nature, ce qui n’est pas étonnant quand on est née aux îles et aussi du corps. Voici un passage éclairant « Le paysage peine à prendre pitié offre des froids nus je veux la neige les glissades folles ton empreinte décalquée au plus secret du corps t’épuiser comme une soif ». La messe est dire et c’est aux éditions du Noroît.

Le Noroît qui débarque avec une cuvée épatante. Voici un autre exemple. Celui de Martine Audet et La société des cendres suivi de Des lames entières. Pour expliquer cette première partie, le communiqué de presse accompagnant sa sortie pose la question « Le poème n’est-il pas comme les cendres ce que l’on recueille avant la dispersion ? » A méditer. Ou plutôt à parcourir immédiatement. Le tout, même comme la seconde partie se présente comme de petits jets. Tel ceci « Ai-je cédé au sommeil qui s’expose ? A l’instant qui me sépare du monde ? Ce qui résiste éclaire fait scintiller les arbres  le mouvement des arbres Vivre ? Est-ce parler du cœur ? ». Un autre passage nous questionne quand la poétesse écrit « J’attend du poème qu’il me laisse passer ».

Toujours au Noroît c’est une jeune poétesse qui étudie la littérature à Québec que nous découvrons, Virginie Chaloux-Gendron avec un recueil Cerises de terre. Y a-t-il une ligne directrice ? Pas en apparence, mais tout ce qui est couché ici en strophes ne peut pas nous laisser indifférent. Prenez ces quelques mots « Ponctué de fièvre mon visage me ressemble un soleil dans un ciel bleu. Je passe au tamis les cendres d’un matin qui ne se termine pas.  J’aimerais me donner congé coller mon oreille sur une pierre mais le sang renvoie mes échos ». Surveillez cette jolie jeune femme au regard profond, c’est une lauréate potentielle du prix du Gouverneur général.

Et chez l’éditeur La peuplade où on est très sourcilleux sur le choix des auteurs, on est toujours attentif à ce qui va sortir des presses. Voici non pas un mais deux plaquettes poétiques qui valent le détour. De rivières de Vanessa Bell et Souvenirs liquides de François Turcot. Il y a beaucoup de métaphores où son corps est associé à un élément de la nature. Exemple « Mon corps une rivière je vous en prie acquiescez mon existence ». Est-ce que nos poètes sont en accord avec le courant écologique. Toujours est-il qu’on assiste à une sorte de célébration de la nature. Chapeau, les poètes sans le savoir font front commun pour préserver notre écosystème au point de s’en identifier. De son côté Turcot, qui rappelons-le a été lauréat du prix prestigieux Émile-Nelligan, lance son sixième livre. Il est beaucoup référence à sa personne physique avec des mots-images très forts genre « A cheval sur la poitrine les omoplates soulevées  et les dents je suppose on m’aurait dit prières et j’aurais répondu pièce sur pièce ».

Pour couronner le tout chez Triptyque vous avez Sylvain Campeau avec Dire encore après…C’est de la poésie identitaire et il ouvre sur Speak blanc, ça vous rappelle quelque chose ? Une proclamation de la préservation de ce que nous sommes. Un extrait nous donne la tonalité « Oui ils nous parlent français mais de la langue seule et non du cœur, eux dont les enfants parlent l’une, parlent l’autre, sans aller jusqu’à l’âme d’aucune comment pourrait-on le leur reprocher car, de nous, ils n’ont que la langue à tirer. ». C’est si fort que la maison d’édition n’a pas lésiné pour faire entendre cette voix en faisant accompagner le livret d’un CD intitulé « Havres »  avec diverses voix dont celle de l’auteur. A mettre sur le dessus de votre liste d’achat de poésie.

 

 





 


Le coin santé physique et psychique (1)

Les cinq titres qui suivent le sont aux éditions du Dauphin. Johanne Therrien est détentrice d’une maîtrise en soins infirmiers. Elle s’est ensuite tournée vers la communication énergétique et a fondé dans la foulée l’école Tianshi. Elle est une férue également de la communication angélique. Elle lance Les Channels avec pour sous-titre une question. Êtes-vous un messager des autres dimensions ? Nous savons que des gens ont dispositions particulières et reçoivent des messages de l’Ailleurs. Qui sont-ils ? Elle explore le phénomène dans toutes ses facettes. Puis au tour de Linda Collin qui s’amène avec ses Chroniques d’un couple recomposé. Où elle aborde une situation qui a été assez peu traité étrangement en littérature psychologique, ce qui survient dans un couple lorsque les enfants quittent la maison. Un peu comme pour la retraite, c’est quelque chose pour laquelle il faut se préparer. Déboulonnant des idées préconçues en la matière elle veut forcer les couples à se redynamiser. Et elle parle en connaissance de cause, ayant cinq enfants!

L’éditeur de la maison d’édition Alain Williamson est un démiurge de l’écriture. On se demande où il prend le temps de pondre tant de lignes et opportunes, à travers un horaire démentiel. Le voici en cette rentrée avec Et la paix naîtra dans ton cœur. Le titre nous fait penser à la belle chanson interprétée par Renée Claude et reprise en groupe par des chanteurs à l’annonce de son atteinte de la maladie d’Alzheimer.  Le titre peut donner l’impression d’avoir affaire à un livre de croissance personnelle. Il n’en est rien. C’est un homme qui en croise un autre qui le manipulera. Avec pour conséquence qu’il a deux choix devant lui, se laisser abattre par cette désillusion ou bien trouver la sérénité en puisant dans lui-même. Jésus n’a-t-il pas déclaré en son temps que le Royaume des cieux est en nous ? C’est un peu le message qu’adresse l’auteur adresse à tous ceux qui vivent dans le regard des autres, à l’ère des réseaux sociaux où on n’a d’importance que selon le nombre d’appréciations des internautes. Tout le livre est rempli d’une infinie sagesse.

Le titre qui suit Activez votre potentiel de Josiane Hénault-Campeau s’inscrit dans la continuité du précédent, car tout comme on trouve la paix en soi, c’est de même en soi-même que nous pouvons puiser pour développer nos talents. Elle reprend les sept éléments qu’elle donne à titre de coach de vie. Cette femme qui pratique le yoga alors qu’elle s’y est mise étant toute jeune, exhorte à exploiter nos forces mentales, dont la non moindre force d’attraction. Il nous arrive que ce qui nous ressemble. Enfin, Chantal Lutfy se présente comme une travailleuse de Lumière, partant du fait qu’elle aspire à ce qu’on devienne des étoiles dans nos vies. Naturothérapeute, elle pratique le Reiki et a fondé le centre holistique L’Espace bleu à Blainville. Dans son livre Vivre comme les étoiles que nous sommes elle entremêle des notions de chakras, d’énergie et d’entités. Son bouquin démarre par un retour en arrière sur son existence difficile et comment elle a pu faire acte ensuite de résilience.

 

 







 


Le coin santé physique et psychique (2)

Sur le plateau de l’émission de télévision française C à vous le philosophe Edgar Morin du haut de ses 98 ans a dit de notre époque qu’elle était fascinante avec ce qu’elle a de pire et de meilleur, un laboratoire en somme où il en sortira quelque chose, qui pour l’instant ne nous donne aucun indicateur. Julia Itel nous donne peut-être la clé de ce que peut-être le futur d’un monde meilleur avec son essai Spiritualité et société durable aux éditions Yves Michel. En passant, cette doctorante à l’Université Paris-Nanterre en sociologie et sciences des religions, a obtenu pour ce livre qui était son mémoire de recherche la distinction rarissime d’exceptionnelle par l’Université de Montréal. L’homme meilleur devra s’appuyer sur son volet créatif et adopter des comportements éthiques envers la planète et les hommes. Elle appelle de tous ses vœux et s’en explique, pour une culture plus éthique.

Ailleurs c’est un livre qui fait déjà référence déjà depuis sa sortie en réédition française Mort mais pas dans mon cœur par notre compatriote Josée Masson aux éditions Desclée de Brouwer. Cette travailleuse sociale est une experte du deuil chez l’enfant et a fondé un centre de bienfaisance « Deuil-Jeunesse » qui permet aux enfants et adolescents de surmonter l’épreuve cruelle de la perte d’un proche. Ce gros bouquin très fouillé, se veut un guide pour savoir comment accompagner le jeune endeuillé. Il avait été édité une première fois au Québec aux éditions Logiques en 2010 mais était déjà épuisé depuis. Tous les aspects sont passés en revue sur la durée du deuil à cet âge, quel adulte doit annoncer une mort et de quelle façon. Que se passe t’il quand l’enfant est témoin d’un décès, à plus forte raison si c’est dans des circonstances dramatiques ? Bref, autant de questions autant de réponses claires. A avoir constamment auprès de soi en se souvenant que l’on vit sur du temps emprunté.

Les trois ouvrages qui suivent le sont aux éditions Artège. La relève en prêtrise en France a pris le chemin des nouveaux moyens de communications sociales. Ainsi le Père Pierre Amar du diocèse de Versailles a son propre blogue « Padreblog » où il aborde les questions qui font l’objet de l’actualité et ce avec une transparence qui lui a gagné de nombreux adeptes. Il présente Hors service qui raconte que s’il est un homme d’esprit, il n’en est pas moins un humain avec un physique qui peut parfois avoir des défaillances. Ainsi sera-t-il atteint d’une péritonite et amené d’urgence à l’hôpital. Et ça va se compliquer quel que peu. Sa convalescence entre autres s’étirera sur de longs mois. Quand vous êtes alité de la sorte, mille pensées vous accaparent. Il en a fait ce livre où le thème de la fragilité est très présent. Même si vous êtes bouffeur de curé, son témoignage d’être humain mérite que tous et chacun s’y arrête. C’est au contraire riche d’enseignements, assez pour nous interpeler sérieusement.

Notre compatriote Brigitte Bédard chroniqueuse télé et journaliste affiche un beau sourire en couverture de son témoignage J’étais incapable d’aimer. Peut-on croire que ce visage illuminé de bonheur n’a pas toujours été celui-là et que malheureuse dans le passé, elle s’est abandonnée à toutes les dépendances possibles, sexe, drogue et alcool. Au point d’avoir fréquenté durant…dix ans les cocaïnomanes anonymes. Beaucoup diront, un cas désespéré. Effectivement, rien ne laissait entrevoir des lendemains qui chantent. Et c’est pourtant ce qui va se produire de manière stupéfiante. Elle à qui le mot église aurait fait rugir tous les démons qui étaient en elle, voici que va se produire une sorte de miracle par le biais d’un moine qui va entreprendre avec elle, trois jours de dialogue. Eh bien le Christ l’aura libérée comme elle l’inscrit en sous-titre de son récit. A recommander aux sceptiques, la rédemption existe.

Déjà les sonneurs d’alerte nous préviennent les addictions aux réseaux sociaux ont pour corollaire d’engendrer une solitude effrayante sur les usagers. Et particulièrement chez les jeunes qui n’ont presque plus d’amis en mode réel, et qui un jour se réveillent, se rendant compte de leur solitude. Avec parfois des aboutissements tragiques chez les plus sensibles. Ce vide pourtant peut-être comblé par la rencontre au Christ si l’on en croit Pierre Mellot un polytechnicien de 24 ans responsable adjoint en France pour la communauté de l’Emmanuel. Il nous livre une attitude à adopter pour faire en sorte d’apprivoiser la solitude. Et il le dit sans ambages, Dieu remplit facilement un être esseulé. C’est le mode d’emploi dont il nous gratifie. Le titre Vous ne serez plus jamais seuls. Tout un programme.    

 


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