- LIVRES JUILLET / AOÛT 2019 -
 
 



 


Un récit sur une rédemption rénale

Nathalie Rheims en est à son vingtième livre, qui ne lui a pas été trop difficile à produire car c’est à un récit que nous faisons face, celui de sa santé rénale qui a toujours été déficiente et qui a conduit une longue lignée de sa génétique en dialyse perpétuelle. Sa propre mère a été dialysée durant vingt-cinq ans. C’est ce que redoutais au plus haut point l’auteure. Si elle a connu la dialyse, on en est vite venue à la seule solution restante pour une qualité de vie, la transplantation d’un rein. Et c’est ce qui s’est fait au final avec l’organe d’un donneur douze ans plus jeune qu’elle. Elle raconte toute sa relation à son corps dans Les reins et les cœurs. Tous ceux qui souffrent d’une affection rénale, et ils sont nombreux dans toute la francophonie, lui assureront un vaste lectorat. Les autres apprécieront d’être bien portants.

Les reins et les cœurs. Nathalie Rheims. Éditions Léo Scheer 205p.   

 

 



 


Que dit Habermas de la laïcité

Le philosophe allemand Jürgen Habermas chef de file de la seconde génération de l’École de Francfort au fil de ses réflexions en est venu à la conclusion devant le phénomène migratoire qu’il fallait repenser la notion de citoyenneté. Que l’État devait respecter les droits de chacun, notamment des pratiques religieuses respectives, en échange de quoi, les minorités devaient à leur tour respecter les institutions. Mais si vous voulez explorer plus à fond la pensée de cet auguste nonagénaire, arrive avec pertinence un essai au moment où la laïcité est un sujet à la mode dans l’actualité. Il s’intitule Penser la laïcité avec Habermas avec comme sous-titre « La place et le rôle de la religion dans la démocratie selon Jürgen Habermas ». On le doit à Marco Jean professeur de philosophie au cégep de Saint-Laurent. Beaucoup qui crient au loup dès que le mot laïcité est prononcé ont grand intérêt à mettre cette lecture au menu afin d’éclairer leur jugement.

Penser la laïcité avec Habermas. Marco Jean. Presses de l’Université Laval 310p.     www.pulaval.com

 

 



 


Un ras le bol philosophique de l’intérêt général

Philippe Bon est philosophe et dans la vie professionnelle est chef de projet dans le domaine de la politique énergie climat. Il vit à Paris. Il lance une petite plaquette La société, la politique et moi. Il y traite du bien commun, de l’intérêt général. Un sujet qu’il reconnaît d’emblée complexe. C’est pourquoi, lorsqu’il y aune petite pointe d’hermétisme dans la démarche on se contentera de le citer en quatrième de couverture. « Ce que j'entends, en revanche, ce sont des discours qui entretiennent l'idée que chacun, depuis sa position particulière, est en mesure de juger de la société dans sa généralité, comme si nous étions constamment, tous ensemble, en train de rejouer au « contrat social » ou à « c'est mon choix de société ». La politique se garde bien de corriger ce rapport à la généralité : elle promet des réponses à tous et relance les attentes de chacun. Elle escamote ainsi toujours plus ce qui fait l'objet, ou le sujet, d'une politique souhaitable. Par quoi pourrait-on remplacer politiquement « l'affaire de tous » ou « l'intérêt général » ? Moi, en tout cas, je miserais plutôt sur une politique du commun. Et vous ? »

La société, la politique et moi. Pourquoi je n’en peux plus de l’intérêt général. Philippe Eon. Presses de l’Université Laval 163p.    www.pulaval.com

 

 



 


Un échange épistolier objet d’un premier roman

Anne Youngson une anglaise vivant dans l’Oxfordshire a décidé que pour son premier roman, toute l’histoire serait contenue dans un échange de correspondance entre une femme esseulée, Tina Hopgood, mal en ménage et Anders Larsen un conservateur misanthrope d’un musée de Copenhague. C’est la beauté de l’art de prendre le temps de coucher sur papier ses sentiments comme dans un confessionnal, de s’acheter le timbre requis puis de poster le tout. Que nous sommes loin des réseaux sociaux. On est donc dans Il n’est jamais trop tard témoin de la gradation de quelque chose qui va soudainement d’un côté prendre fin abruptement. C’est elle qui ne donnera plus signe de vie et son destinataire qui replonge dans ses vieux démons qui l’avait rendu solitaire. Ce sont d’abord de belles lettres qu’ils s’échangent que n’aurait pas reniée Mme de Sévigné. Quel beau talent que cette dame Youngson pour un premier opus dans le monde des lettres. A suivre.

Il n’est jamais trop tard. Anne Youngston. Denoël 250p.   www.denoel.fr

 

 



 


Un thriller dans un cadre paradisiaque

Ceux qui nous lisent depuis des années, savent à quel point nous avons un parti pris favorable envers tout ce qui se publie dans la collection « Du monde entier » chez Gallimard. Pas seulement par les signatures exotiques qu’on y trouvent, mais aussi par la qualité exceptionnelle des histoires qu’on est appelé à découvrir. Et ce n’est pas Captifs au paradis du brésilien Carlos Marcelo qui va être l’exception du contraire. Encore une fois un cadre de beauté absolu mais où le mal marque encore là de son empreinte. Il est donc une fois un prénommé Tobias qui débarque dans l’archipel brésilien de Fernando de Noronha. Il est en mission exploratoire afin de publier ce qui sera un guide touristique pour attirer les touristes sur les attraits locaux. Sauf que le paradis sera teinté d’un peu beaucoup d’enfer. Double meurtre et sursaut violent de la nature seront au rendez-vous. Le décor est planté pour faire vivre au lecteur une série de grandes émotions. La question existentielle qui en résulte, mais où diable peut-on vivre en paix et en beauté ? Au passage, tous les lieux décrits existent, de quoi attiser votre imagination à plein.

Captifs au paradis. Carlos Marcelo. Gallimard 340p.

 

 



 


Le Far West canadien décrit par une mémorialiste douée

Nous avons tort au Québec d’ignorer le reste du Canada. Qui recèle des trésors, notamment du côté de littérature francophone. Ainsi cette Magala Michelet pionnière des lettres et du journalisme en Alberta et injustement méconnue. Une ressortissante française venue s’établir à La Calmette en Alberta. Elle avait tout juste 22 ans. Grâce à des textes choisis et commentés par Sathya Rao on peut prendre acte du talent extraordinaire du talent de cette journaliste qui avait un grand sens de l’observation. Dans L’Ouest raconté par Magali Michelet nous avons une sorte d’anthologie de chroniques qu’elle a publié entre 1906 et 1916. Ceux qui sont tenants que plus ça change plus c’est pareil, seront en terrain de connaissance, lorsqu’elle détaille le quotidien des migrants à l’époque. Elle a aussi ce qui n’est pas déplaisant, un humour très subtil. A découvrir vraiment.

L’Ouest raconté par Magali Michelet. Chroniques pionnières (1906-1916) Textes choisis par Sathya Rao. Éditions Prise de parole 314p.    www.prisedeparole.ca

 

 



 


La relation trouble du cannabis avec la société américaine

La BD qui divertissait au départ joue maintenant un rôle significatif en permettant de répandre de l’information sérieuse dans un emballage plus ludique. C’est le cas de Box Brown qui est curieux comme trois petits singes. Rappelz-vous, c’est lui qui nous avait donné par ce biais une vie du lutteur le géant Ferré. Cette fois il nous raconte la relation trouble qu’a entretenue la société de nos voisins du Sud de la frontière avec le cannabis. Cannabis la criminalisation de la marijuana aux États-Unis  va vous étonner quand on apprend au détour d’une page que cette herbe était considérée liée à des races inférieures. Toujours ce racisme omniprésent chez les américains. Et quelles aberrations ont été commises au nom du rétablissement de la loi et de l’ordre. Cette BD a valeur de documentaire. On saluera la recherche préliminaire qui a permis à son auteur d’accoucher de cette sombre histoire mais captivante à la fois.

Cannabis la criminalisation de la marijuana aux États-Unis. Box Brown. La Pastèque 248p.    www.lapasteque.com

 

 



 


Les aventures d’un pilote de l’air dignes d’une BD

C’est mentionné en quatrième de couverture, que ce que raconte Dominique Bouquet dans Jokair les aventures extraordinaires d’un pilote pourrait avoir l’air d’être tirées d’une BD alors que tout est absolument authentique. Ce gars là a quasiment tout fait dans le ciel, pilotant différents avions pour différentes affectations. Et au passage il a suivi une formation chez nous à l’école Wondel de l’aérodrome de Saint-Hubert sur la Rive-Sud de Montréal. C’est un excellent conteur qui en a noirci des pages qui maintiennent l’intérêt tut au long des chapitres. C’est la vocation de la maison d’édition JPO de se doter d’un catalogue de cas vécu qui répertorie moult histoires aériennes parfois saisissantes. L’auteur le dit lui-même, il a eu une bonne étoile durant toute sa carrière tandis qu’il a failli quelquefois y passer. Oui, elles sont vraiment extraordinaires les aventures de monsieur Bouquet. Et excusez-nous ce jeu de mots facile, nous sommes en face d’un bouquet de belles histoires.

Jokair, les aventures extraordinaires d’un pilote. Dominique Bouquet. Éditions JPO 366p.    www.editions-jpo.com

 

 



 


Comment éduquer la jeunesse à la Shoah

S’il y a un sujet délicat entre tous à traiter avec les touts petits c’est bien la question de l’Holocauste, qui au-delà de l’horreur de cette sombre page de l’histoire de l’humanité, est la révélation d’un aspect moins reluisant de la nature humaine. Saviez-vous qu’en France, l’éducation à la Shoah fait partie depuis 2002 de l’éducation en classe de primaire. De quels outils didactiques se sert-on à ce moment là ? C’est ce qu’analyse avec profondeur Béatrice Finet maître de conférences à l’Université de Picardie-Jules Verne dans son essai La Shoah racontée aux enfants, une éducation littéraire ? De grands passages sont consacrés à l’image. Car doit-on carrément braquer sous les yeux des enfants des scènes qui risqueraient de les choquer ? Ensuite on voit que d’autres auteurs se servent du moyen de la substitution, remplaçant les humains concernés par des figures d’animaux, le nazi étant incarné par le loup. La France a une longueur d’avance en la matière et ce ne serait pas mauvais que nos programmateurs du Ministère de l’éducation au Québec s’inspirent de ce qui se fait déjà dans l’Hexagone. Car les thèmes exploités ont une portée universelle, car la haine de l’homme pour son semblable nous touche tous.

La Shoa racontée aux enfants, une éducation littéraire ? Béatrice Finet. Presses Universitaires de Grenoble 186p.     www.pug.fr

 

 



 


C’est l’été et les Parpadouffes s’ennuient

Oui mais pas bien longtemps, car on ne les imagine pas inactifs trop longtemps. Nos trois comparses se sont dits qu’ils allaient occuper leur temps en se mettant à la recherche du trésor du capitaine Pélican! Qui recèle une fortune à ce qu’on dit. Et les voilà donc à l’aventure. Le duo Cyril Doisneau et Séraphine Menu fait merveille avec cette désopilante histoire destiné aux toutes jeunes têtes. Les Parpadouffes et le trésor perdu du capitaine Pélican permettra aux lecteurs de se mettre en tête pleins de choses issues de leur imagination.

Les Parpadouffes et le trésor perdu du capitaine Pélican. Cyril Doisneau et Séraphine Menu. La Pastèque.

 

 



 


Quatre jours de pluie sur Naples et naissance d’un joyau littéraire

Malacqua est un roman de Nicola Pugliese paru en 1976. Il prit plus d’un mois et demi d’écriture. Et pour la petite histoire c’est le frère du romancier qui transmit le manuscrit à Italo Calvino en tête d’une collection chez un éditeur d’importance en Italie.. Qui, homme placide, se contenta de faire quelques remarques sur des corrections à faire. Pugliese devait avoir une bonne dose de confiance en lui pour répondre c’est à prendre ou à laisser. Finalement le roman fut publié et connu un assez bon succès. Mais il aurait fallu entretenir la réclame de sorte qu’il disparu des radars. Et c’est étrange, Calvino qui faisait presque la moue à la première lecture, se mit après coup à vanter les mérites du livre à qui voulait l’entendre. Quel retournement. Même Roberto Saviano entra dans la ronde des compliments. C’est vrai que sa lecture vaut le détour, alors que durant quatre jours de la fin du mois d’octobre d’une certaine année, Naples fut le théâtre de pluies diluviennes. Et comme l’auteur était féru de mythologies, il imagina que le déferlement de la nature était l’annonce de phénomènes extraordinaires. C’est plutôt le thème de l’effondrement qui est exploité ici avec maestria. A mettre sur le dessus de votre prochaine pile d’achats de livres.

Malacqua. Nicola Pugliese. Édition Do 184p.     www.editionsdo.fr

 

 



 


Souvenirs troublants en Lettonie

Sacha Guitry avait eu ces mots malheureux « ceux qui peuvent font, ceux qui ne peuvent pas enseignent ». Inara Verzemnieks oppose un sérieux démenti à cet aphorisme car elle qui enseigne la non fiction à l’Université d’Iowa, nous sort un récit où elle met en pratique magistralement ce qu’elle dicte à ses élèves. En effet, Mémoires des terres de sang est une sorte de remontée dans le temps alors qu’elle retourne en Lettonie, elle qui vit aux États-Unis, afin d’en savoir plus sur ses aïeux. C’est qu’elle avait déniché dans les effets de sa regrettée grand-mère une écharpe. Qui lui a donné le goût de tout savoir sur la relation entre cette dernière et la grand-tante d’Inara, Ausma, toujours en vie, deux sœurs qui ont été séparées durant un demi-siècle. Et tout comme ces fameux squelettes dans le placard des familles qui font le pain et le beurre de bien des écrivains, elle va découvrir que son grand-père avait adhéré à l’armée allemande durant la Secondes guerre mondiale, un passé pas très reluisant. Le titre identifie bien la matière qu’on y trouve. C’est un cours magistral de non fiction un genre difficile car si on n’est pas cette fois confronté au syndrome de la page blanche, le dilemme est de savoir quoi conserver aux fins de lecture. Un tamisage des souvenirs pas toujours aisé. L’auteure s’en tire avec les honneurs.

Mémoires des terres de sang. Inara Verzemnieks. Hoëbeke 268p.     www.hoebeke.fr

 

 



 


Le coin santé physique et psychique

A l’ère MeToo la sexualité est devenue une réelle patate chaude. On a vu récemment dans l’actualité des enseignants du Québec se disant incapables de dispenser un cours de sexualité dans leurs classes. Imaginez les garçons déjà timorés par les désirs qui les hantent, devoir aborder des filles. Une véritable épreuve. C’est pourquoi le sexo-pédagogue Inti Chavez Perez tombe à point nommé en s’adressant à eux dans Respect son traité de conduite sexuelle. Ici l’angle traité est essentiellement hétérosexuel, mais pourrait s’appliquer aux deux sexes confondus. Le sous-titre donne le ton .comment embrasser, aimer et faire l’amour quand on est un garçon ? ».  Il y a un liste d’épicerie de câlins autorisés qui porte à sourire. Il reste que l’on se rend compte à quel point le contact sexuel va devenir difficile, il l’est déjà, avec tout un code de comportements à garder en tête. C’est aux éditions JC Lattès.

Aux éditions du CHU Sainte-Justine sous la direction de Fernando Alvarez et Christophe Faure un petit vade-mecum qui a pour titre J’ai mal au ventre! Dans ce petit livre éclairant on passe en revue les problèmes gastro-intestinaux chez les enfants. Et pour dynamiser la compréhension des maux exprimés, on utilise la forme question-réponse. Des réponses simples qui éviteront aux parents de trop s’en faire, quand leur progéniture se plaint de malaises au ventre. L’avantage c’est que mieux ont sait, moins on a peur.

 

 



 


Trois essais de grand intérêt dans la collection A propos

Sans tambours ni trompettes, la collection de poche « A propos » des Presses de l’Université Laval est entrain de se constituer un puits de connaissance incroyable. Jugez vous-même avec l’arrivée de trois nouveaux titres. D’abord Georges Sioui qui sait mieux que quiconque parler des siens avec Les Hurons-Wendat l’héritage du cercle. On ne peut avoir meilleur portrait de civilisation autochtone que cet essai qui décrit les mœurs de cette première nation dont les mâles frappaient l’attention des premiers colons par leur robustesse. Et quelle riche culture au passage! Puis le professeur Marcel Martel titulaire de la Chaire Avie Bennett Historica de l’Université York signe Une brève histoire du vice au Canada. Et il le dit lui-même qu’on hésite maintenant à employer le mot vice aujourd’hui pour désigner les dépendances. Et à la lecture de ce cours magistral sur nos faiblesses, on ne s’étonnera pas que l’alcool a figuré en haut du palmarès dès les débuts de la colonie et contre lequel les autorités pestaient, notamment l’Église qui y voyait la porte d’entrée à toues les exactions. Ensuite une réédition d’un ouvrage de 1989 L’institution littéraire au Québec de Lucie Robert qui a trouvé son point de départ dans un texte antérieur où on pouvait lire ceci « L’œuvre peut constituer la valeur d’usage d’un écrit » qui souleva déjà de nombreuses et fortes réactions. Qui pourrait être complété par cet autre passage repris en quatrième de couverture « Le littéraire est une valeur transitive et non essentielle accordée au texte de l’extérieur ». On voit que Mme Robert n’a pas peur de polémiquer sur le thème de la valeur de la littérature socialement. Un classique du genre qu’il fallait rééditer assurément car c’est une recherche fondatrice qui a marqué un tournant dans les études sur la littérature chez nous.

 

 



 


Sur la disparition d’enfant

S’il y a une gradation dans l’ordre des traumatismes, la disparition d’un enfant doit être sans conteste tout en haut de la liste. Et c’est pourquoi dans le genre du thriller l’exploitation de ce thème a l’assurance d’être un succès. Surtout aux mains de la britannique Heidi Perks dont son Alice est son premier roman traduit dans la langue de Molière. Qui raconte en gros une femme qui confie à sa meilleure amie la garde de sa fille Alice. Or l’amie en question, le temps d’une fraction de seconde va quitter des yeux sa protégée qui disparait. Imaginez le drame d’une part et la fracture qui s’ensuit entre les deux femmes. Qui va se complexifier avec des sortes de squelettes dans le placard. Seulement avec l’ingrédient de la disparition c’est gagné. Et la romancière va approfondir tout ce qui peut surgir entre deux êtres confrontés à une telle situation.

Alice. Heidi Perks. Préludes 444p.    

 

 



 


Découverte macabre dans un cimetière monastique

Les attraits ensoleillés de la Provence cachent mieux lez zones d’ombres. Comme dans Dernier arrêt avant l’automne de René Frégni. Rappelons que le romancier avait emporté l’adhésion avec le prix des lecteurs Gallimard il y a deux ans avec son roman « Les vivants aux prix des morts ». Ce dernier opus rapproche du lecteur car le narrateur s’exprime à la première personne. Qui est en l’occurrence un écrivain qui va trouver un poste de gardien d’un monastère désaffecté en Provence. Et c’est n bêchant dans le cimetière qu’il va trouver ô surprise une…jambe humaine déposée là de fraîche date. Il va donc faire ce que tout citoyen normal va faire en pareille circonstance, alerter la police. Mais quand les gendarmes seront là, la jambe elle, a disparue. Vous voyez déjà que nous plongeons en plein mystère. Du bonbon pour ceux qui aiment les récits chargés de mystère. Une très belle lecture estivale.

Dernier arrêt avant l’automne. René Frégni. Gallimard 165p.  

 

 



 


Louis Caron et une épopée des Bois-Francs

Louis Caron que nous apprécions tout particulièrement à l’équipe de Culturehebdo nous gratifie d’un autre beau joyau littéraire, la suite d’une saga Le temps des bâtisseurs entrepris avec un premier tome bien accueilli en 2015 « Les visionnaires ».  Il a eu quatre ans pour mûrir la suite avec Le prodige. L’écrivain a au moins le mérite de ne jamais être confronté par le syndrome de la page blanche, car il n’a qu’à puiser dans le riche patrimoine de sa région les Bois-Francs pour trouver les matériaux nécessaires à son œuvre. Et le mot matériau est approprié dans ce cas-ci car il narre les tribulations des Saintonge, père et fils, portant tous deux le même prénom Frédéric, des bâtisseurs comme il ne s’en fait plus, qui deviendront la cheville ouvrière d’un tas de constructions emblématiques d’Arthabaska le chef-lieu de ce qui est presque le cœur du Québec. Le romancier a donc imaginé des situations, des dialogues empreints de passion. Car bâtir c’est souffrir un peu. Cette famille au passage, et nous sommes en 1965, est revenue au Québec après s’être exilé aux États-Unis comme bon nombre de nos compatriotes. Ils ont trouvé au retour une large prospérité appuyée sur un grand carnet de commandes. Deux qui estiment l’écrivain demeureront en terrain de connaissance, l’homme de lettres est au zénith de son talent.

Le temps des bâtisseurs. Le prodige. Louis Caron. L’Archipel 245p.    www.editionsarchipel.com

 

 



 


Gisele Bündchen qui n’est surtout pas la belle et tais-toi

L’adage bien connu du monde du mannequinat « sois-belle et tais-toi, n’est pas la tasse de thé de Gisele Bündchen qui fut longtemps la mieux payée des mannequins en vogue et qui a épousé le footballeur multimillionnaire américain Tom Brady. Tout pour imaginer qu’elle est l’incarnation d’une jet-set futile. Tout le contraire. Et non seulement ne se tait t’elle pas mais elle écrit. A travers un agenda quand même démentiel elle a quand pris le temps d’écrite Mon chemin en quête de sens titre de son autobiographie. On voit le parcours fulgurant de cette native d’un petit bled du sud du Brésil qui deviendra une sublime beauté que tous les magazines s’arracheront de même que les photographes en renom qui la voudront au bout de leur lentille. De quoi s’étourdir. Mais ce qu’on découvrira dans ces mémoires c’est une fille qui jeune était garçon manqué, ne détestait pas les chips et liqueurs douces. Et qui fumait passablement, jusqu’au jour où un médecin lui annonça que ses glandes surrénales étaient épuisées. Une femme qui est très ancrée dans sa famille, ce qui lui procure son équilibre. Son amour aussi du Costa Rica le pays qu’elle a a adopté et où elle s’est mariée. Un ouvrage très philosophique sur les vraies valeurs à entretenir ici bas.

Mon chemin en quête de sens. Gisele Bündchen. Marabout 240p.    www.marabout.com

 

 



 


Un premier roman qui laisse sans voix

Le jeu de mots était trop facile pour que l’on ne saute pas à pieds joints dedans car l’héroïne du premier roman Pauline Maurenc « A ceux qui se croisent » deviendra aphone. Et nous nous sommes demeurés sans voix devant la grande qualité de narration de l’écrivaine novice qui fait ainsi une entrée remarquée dans le monde des lettres. Et tout comme la femme de son roman, elle se partage entre Nice et New York. Donc il était une fois une employée de libraire à Nice, Lucy qui deviendra soudainement aphone. Rassurez-vous, elle retrouvera la voix. Et lorsqu’elle va décider de se rendre dans la Grosse Pomme ce sera en même temps un exil révélateur puisqu’elle sera confrontée à ses propres démons. Il y aura à travers cela une liaison avec un scénographe. Pas mal d’éléments comme vous pouvez le constater pour nourrir un livre, un grand livre. A retenir cette Maurenc.

A ceux qui se croisent. Pauline Maurenc. Robert Laffont 476p.   www.laffont.ca

 

 



 


Le retour à la vie « normale » après dix ans de tôle

Ce qu’il ne l’a pas eu facile cet Obman qui sort injustement de prison après dix ans d’incarcération. Il va être accueilli à sa sortie par une proche qui va l’emmener à des retrouvailles avec le quartier Saint-Henri. Sa réadaptation ne sera pas facile d’autant que le mec est doté d’une trop grande sensibilité. Quand je serai mort du tandem Réal Godbout et Laurent Chabin fait dans une texture de noir. Le scénario autant que le dessin sont coup de poing. Montréal est décrit avec ses revers pas toujours reluisants. Une BD choc qui vous gardera captif.

Quand je serai mort. Réal Godbout et Laurent Chabin. La Pastèque 78p.  www.lapasteque.com

 

 



 

Un document compromettant explosif menace l’Église catholique

Ah! le Vatican qui s’il n’existait pas, faudrait l’inventer tant il alimente l’imaginaire plus d’un écrivain. On n’a qu’à penser au Da Vinci Code qui a rendu son auteur multimillionnaire. D’ailleurs ce n’est pas incompatible avec le credo évangélique, car Jésus n’a-t-il pas dit un jour que ceux qui le suivent ne manqueront de rien. En tout cas Steve Berry avocat à la ville va certainement gonfler son compte bancaire avec Le dernier secret du Vatican où à l’occasion du conclave de 2019 les cardinaux et toute la Curie veulent entrer coûte que coûte en possession d’un document hautement compromettant pouvant mettre en péril l’existence même de l’Église. Il y a un nommé Cotton Malone qui va mettre plus d’énergie que les autres à mettre le grappin sur ce texte. C’est une variation sur un thème souvent ressassé mais qui fait mouche à chaque fois et c’est encore le cas ici.

Le dernier secret du Vatican. Steve Berry. Cherche midi 507p.   www.cherche-midi.com

 

 



 


Un cas vécu de violence conjugale

Ne nous méprenons pas sur le titre Moi, Mitou, le rêve brisé qui laisserait entendre qu’Éliane Elmoznina Acoca aborde à son tour les violences sexuelles ou comportements inappropriés en matière de mœurs. Car il est question plutôt de violences conjugales et le mot mitou, francisé ici serait plus la traduction de moi aussi dans son acception première. Bref, cette femme au parcours académique long comme le bras qui l’a mené au doctorat en andragogie a subi les violences de son conjoint. C’est ce qu’elle décrit par le menu depuis son arrivée au Québec au cours de la Crise d’octobre. Il y aura toute une adaptation à faire. C’est une petite plaquette mais dense par le contenu où beaucoup de femmes se reconnaîtront. Et un vibrant plaidoyer pour la paix dans les ménages. Et posons la question, l’homme et la femme sont-ils faits pour vivre ensemble ? Ce livre nous fait beaucoup nous interroger.

Moi, Mitou, le rêve brisé. ÉlianeElmoznino Acoca. Éditions La Plume D’Or 131p.     www.editionslpd.com

 


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