- LIVRES septembre 2018 -
 
 


 


Thérèse dans une direction, Rose dans l’autre

Dans une traduction remarquable de Bertrand Busson voici Le rosier de la Pointe de la romancière montréalaise Alice Zorn. C’est le destin croisé d’une mère et sa fille. La mère c’est Thérèse qui n’en peut plus du tempo fou de la vie urbaine et qui s’en va à la campagne pour chercher sa dose de sérénité. Elle a dans ses bras sa petite Rose. Et cette dernière va grandir qui aura une curiosité à l’opposé de sa maman, car elle voudra découvrir Montréal. Vous avez donc deux vies racontées avec brio. Et ce qui est remarquable c’est que la beauté de la narration repose sur de simples petits faits de la vie quotidienne, ce qui occupe les petites gens, comme se faire percer les oreilles qui étonne notre Rose curieuse de tout. Chacun des lecteurs appréciera les choix respectifs de la mère et de la fille. Un beau roman qui se résumerait en le qualifiant de grandeur dans la simplicité.

Le rosier de la Pointe. Alice Zorn. Trad. Bertrand Busson. Marchand de feuilles 548p.     www.marchanddefeuilles.com

 

 


 


Les citations loufoques de nos politiciens

Il y a peu, l’humoriste Guy Nantel sidérait le paysage médiatique avec son vox pop de militants où il leur posait de banales questions mais avec des réponses qui nous menait au degré zéro de l’intelligence. Ainsi avons-nous donc les politiciens que nous méritions et qui ne donnent pas leur place dans le domaine du bêtisier. Foi de Olivier Niquet ce grand contributeur d’humour à la radio de Radio-Canada qui nous avait donné « Dans mon livre à moi » qui était un collage de citations sportives abracadabrantes. Dans le même registre il cède l’antenne à nos politiciens et ça donne Le club des mal cités. Des perles on en trouve à la tonne. Ainsi le ministre libéral Laurent Lessard « Pour l’instant ils évoquent un différend, on a engagé des architectes navaux ». Et l’inénarrable ministre également libéral Yves Bolduc « On ne prône pas la scolarisation à l’école, mais c’est acceptable dans notre loi sur l’instruction publiques ». Ça défie l’imagination humaine que ce lot de sottises. Et en plus on les laissent nous gouverner.

Le club des mal cités. Olivier Niquet. Flammarion304p.    www.leclubdesmalcités.com

 

 


 


Quand Yasmina Khadra vampirise l’esprit d’un terroriste

Un des livres forts qui débarque avec force est sans conteste Khalil de Yasmina Khadra. Taraudée par le terrorisme, elle va se mettre dans la peau de ce terroriste qui donne son nom au titre du roman, et qui ce vendredi 13 novembre 2015, ceinturé d’explosifs, s’apprête à faire un carnage au Stade de France en plein match des Bleus. Elle a cherché à savoir ce qui peut bien habiter l’esprit d’un jeune homme pour en arriver à de telles extrémités. D’où origine le radicalisme chez un individu. C’est une belle étude de caractère qui montre que ces gens sont aux prises avec un vide abyssal pour en être réduit à se soumettre aux volontés des djihadistes qui veulent en finir avec notre civilisation de loisir et de tolérance.

Khalil. Yasmina Khadra. Julliard 260p.    

 

 




 


Fides lance deux essais sur le Québec

Les accros aux ouvrages sur la politique québécoise ne tiendront plus en place avec la sortie de deux essais sur notre Belle Province. Le premier Québec un requiem ? de Richard Dubois serait comme une mise en garde informative destiné aux québécois qui sont enclins à critiquer le Québec en relevant ce qu’il y a de pire. L’essayiste nous donne à voir plus largement en nous comparant avec ce qui se vit ailleurs, notamment en France. Voudrions-nous d’un Sarkozy parvenu avec sa Rolex ? Car il voit un danger à cette manie de s’autocritiquer à outrance. Car cela laisse grande ouverte la portes aux populistes qui ne font pas dans la nuance.  Tandis que de son côté l’ex ministre Rodrigue Tremblay et devenu par la suite professeur d’économie à l’Université de Montréal, tout en reconnaissant les grands mérites des québécois, s’inquiètent de leur avenir. Et ça donne La régression tranquille du Québec où il regarde rétrospectivement notre histoire nationale de 1980 à de nos jours. Et mieux que quiconque il évoque l’aspect malfaisant d’un Pierre-Elliott Trudeau qui un jour en commission plénière du Sénat ne s’adressa à ses interlocuteurs en anglais. Et lorsque le regretté correspondant Michel Vastel s’insurgea de la Tribune de la presse au fait que le premier ministre ne parla qu’en anglais, se vit expulser. Et PET de se justifier que lorsqu’il s’exprimait en français, les médias étaient toujours là à déformer ses propos…Quel beau travail de devoir de mémoire.

 

 


 


Comment on devient un être humain authentique

Alors que le mensonge est plus que jamais le ciment social des relations humaines, beaucoup s’avancent à dire que ce qui sera recherché plus que tout dans les années à venir c’est l’authenticité. Mais pour y parvenir il faut devenir un être libre. Et cette liberté suppose un affranchissement. Or voilà que cette enseignante en psychologie Chantale Proulx consacre tout un essai à ce sujet dans S’affranchir. C’est même le but ultime de la démarche humaine, le fameux connais-toi toi-même. S’affranchir du surmoi, du diktat du nivellement par le bas, du vivre dans le regard des autres etc. A force de références, même puisées dans la mythologie, l’essayiste nous donne des pistes de réflexion sur la manière que l’on parvient à être soi. Beau défi alors que dans les ouvrages de croissance personnelle on plaide toujours pour l’affirmation du Je avec la contrepartie que lorsque quelqu’un s’affirme en proclamant sa personnalité on lui reprochera ses décisions en arguant qu’il n’aura pas pris la peine de consulter les siens, avec la sentence, non mais pour qui il se prend. Pour revenir au sujet exploité dans ses pages, il n’avait jamais été fouillé à ce point. Il va devenir un livre de référence à coup sûr.

S’affranchir. Chantale Proulx. Fides 432p.    www.groupefides.com

 

 


 


Sombres dialogues entre deux suicidées

C’est une petite plaquette qui sort de l’ordinaire. L’essayiste Jacques Beaudry fait dialoguer deux femmes qui ont en commun d’avoir mis fin à leur jour, la poétesse et artiste visuelle Sophie Pudolski et la romancière québécoise Nelly Arcan. Il a imaginé entre elles un échange d’outre-tombe. Ça donne Les étoiles meurent d’elles-mêmes. Vous imaginez bien que c’est d’une tonalité assez sombre puisque les deux femmes sont atteintes de lucidité chronique. Ainsi la belge déclare « la forme la plus nauséeuse du destin qui guette l’animal dans notre âme, c’est une vie de chien ». On ne sort pas indemne d’une telle lecture, autant prévenir les lecteurs sensibles.

Les étoiles meurent d’elles-mêmes. Jacques Beaudry. Liber 68p.  

 

 


 


Dans la tourmente politique, un havre loin du monde

S’il y a une leçon à retenir de Nuit sur la neige de Laurence Cossé c’est que l’essentiel de l’existence, ou du moins une certaine forme du bonheur, tient à peu de choses. C’est ce que vont découvrir deux amis qui en 1936, alors que la géopolitique mondiale annonce le pire, se retrouve dans un bled perdu qui deviendra plus tard le renommé Val d’Isère. Mais dans l’heure, c’est un hameau qui vit selon un mode d’existence depuis des siècles, en harmonie avec la nature. Quel beau contraste entre l’agitation dans les grandes capitales et un foyer qui s’alimente avec de la bouse séchée. C’est un roman simple mais qui émeut au possible.

Nuit sur la neige. Laurence Cossé. Gallimard 142p.

 

 


 


Le créateur du Ministère québécois des affaires culturelles à découvrir

En quatrième de couverture de Georges-Émile Lapalme discours et écrits politiques 1945-1981 présenté par l’ex-recteur de l’UQAM Claude Corbo il est cité René Lévesque qui disait de Lapalme, et nous sommes en 1985, qu’il reconnaissait en lui l’incarnation de cette révolution tranquille. Il s’honorait d’avoir été son collègue alors que tous deux se trouvaient ministres du gouvernement de Jean Lesage. Nous avons salué dans nos colonnes l’admirable travail intellectuel de Claude Corbo  qui nous a donné dernièrement des ouvrages majeurs sur Tocqueville, les ex premiers ministres du Québec  Félix-Gabriel Marchand et Honoré Mercier de même que Paul Gouin. Lapalme méritait bien cette anthologie de ses écrits car c’était tout, sauf un petit politicien carriériste obnubilé par la perspective d’aller se chercher une pension à vie sur le dos des contribuables. Nous sommes devant un homme de vision, vivant profondément enraciné en lui la chose culturelle. Sa grande contribution aura été de créer le premier ministère de la Culture de l’Histoire du Québec. Et c’était un esprit universel comme on le constate dans ces pages où il s’intéresse tout autant à notre tourisme. Un grand homme politique est le plus beau compliment qu’on puisse lui faire. L’introduction de M. Corbo permet de situer le parcours de l’homme et nous prépare à ce qui suit.

Georges-Émile Lapalme, discours et écrits politiques 1945-1981. Sélection, édition et présentation de Claude Corboi. Delbusso éditeur 500p.   www.delbussoediteur.ca

 

 


 


Dur retour au pays d’origine pour une psychologue

L’adage est bien connu « Un cordonnier est toujours mal chaussé ». C’est la pensée qui nous vient en voyant vivre le personnage central de Laure, une ressortissante française, psychologue, qui vit et pratique au Québec et que nous présente la romancière de talent Florence Meney dans Sur ta tombe. C’est que si elle est capable de soigner les âmes meurtries de ses patientes, elle-même est mal servie et traîne comme un boulet une enfance mais pas heureuse du tout et une mère avec qui elle aura eu des relations conflictuelles. Et à la mort de la mère ce sera le retour en France où elle devra affronter les démons du passé. Les histoires de famille, même pénibles, ont au moins ceci de donner naissance à de grands romans. C’en est un. Parce qu’il touche au thème du passé. Et ça nous concerne tous. Nous vous recommandons hautement cette lecture si vous aimez la question des sentiments humains. Il en regorge à chaque page. Et l’auteure en toute fin de chapitre avoue qu’il y a un peu d’elle-même dans cette histoire. Ce qui donne de la valeur ajoutée.

Sur ta tombe. Florence Meney. Druide 233p.    www.editionsdruide.com

 

 


 


Un entretien ouvert avec Amélie Nothomb

Il était une fois Michel Robert un plasticien belge qui va croiser tout à fait par hasard sur la rue Amélie Nothomb sa célèbre compatriote. Ils vont se revoir et engager un dialogue qui est reproduit dans La bouche des carpes. Nothomb qui vient tout juste de publier « Les prénoms épicènes » dont on a parlé ailleurs en termes très bien ailleurs dans nos colonnes se livre, peut-être comme jamais, mais elle garde la porte fermée sur son orientation sexuelle, laissant planer autour d’elle l’aura de mystère sur ces amours. Mais à lire ses déclarations on voit que pour elle la question du genre sexuel est la dernière de ses préoccupations. Elle est amoureuse, mais elle n’en parle pas. Pour le reste    elle demeure cette femme hors norme qui cultive sa singularité comme par exemple lorsqu’elle nous apprend qu’elle se fait vomir régulièrement et vous verrez pourquoi. Et ça n’a rien à voir avec une quelconque diète. Ce livre-entretien va confirmer plus que jamais qu’elle échappe à toute définition. Ses fans adorereont.

La bouche des carpes. Amélie Nothomb, entretiens avec Michel Robert. L’Archipel 160p.     www.editionsarchipel.com

 

 


 


Un thriller autour de faux en peinture

André Jacques nourrit une prédilection à la fois pour les thrillers et le monde l’art visuel. Il se fait plaisir en combinant les deux dans Ces femmes aux yeux cernés. Qui se déroule dans le monde des galeristes. On découvrira que deux toiles sont soi-disant du maître contemporain catalan Jordi Carvalho sont des faux. Et vous allez voir que le monde de l’art n’est pas figé, bien au contraire. Cocktail Molotov qui fait  voler en éclats  une galerie est au nombre des ingrédients qui composent ce roman chargé d’action. Un antiquaire, Alexandre Jobin va partir à la rencontre de l’artiste catalan. Ce qui donnera lieu à une série de faits qui garde le lecteur en haleine pour reprendre le cliché bien connu mais qui décrit le mieux ce qui attend le lecteur. On ne s’ennuie pas une seconde ce qui est un immense compliment.

Ces femmes aux yeux cernés. André Jacques. Druide 393p.    www.editionsdruide.com

 

 


 


Un adultère dans l’Australie du XIXème siècle

L’écrivaine australienne Colleen McCullough à qui l’on doit ce best-seller « Les quatre filles du révérend Latimer »  ne connaît pas le drame de la page blanche. Son pays lui inspire quantité d’histoires captivantes comme sa dernière ponte Le temps de l’amour qui débute en 1860 quand un apprenti mécanicien d’origine écossaise, va tenter l’aventure, voyant dans l’Australie une sorte d’Eldorado. Son flair ne va pas le tromper car il va mettre la mai sur une mine d’or qui va le rendre richissime. On lui fait venir outre-mer sa future épouse écossaise qui va venir vivre dans le manoir que le petit potentat s’est fait construire à Sidney. Elle s’ennuie pour mourir, d’autant qu’elle n’a pas une attirance particulière pour son époux. Seule une considération de sécurité financière la maintient sur place. Mais pire, elle apprendra que le mari a une maîtresse…

Le temps de l’amour. Colleen McCullough. L’Archipel 573p.    www.editionsarchipel.com

 

 


 


Pauvre Charles, mineur et prostitué

Shawn Foster a choisi un sujet mélo basé sur un fait réel pour son roman L’entretien. L’histoire d’un jeune garçon abusé par son père qui le forçait à se prostituer. Et qui au sortir d’un Centre jeunesse, sera interné en asile psychiatrique. Une vie de misère que rend bien compte le jeune écrivain de dix-huit ans au futur prometteur. C’est une petite plaquette que son opus mais très dense et qui ressemble hélas à trop de vies malmenées. Sa démarche ressemble presque à un documentaire. Et encore là on peut vérifier que si une enfance a été volée, les conséquences sont absolument terribles et la victime en demeure marquée la vie durant, sauf avis contraire. Ce n’est peut-être pas ici une belle histoire, mais c’est un beau roman.

L’entretien. Shawn Foster. La Plume D’or 119p.    www.editionslpd.com

 

 


 


Sur des québécois en vacances à Cuba

Les québécois raffolent des séjours à Cuba, particulièrement les formules tout inclus. On sait qu’historiquement ils ont été les premiers représentants du tourisme de masse après l’abandon du grand frère soviétique. Ah ce cher Cuba où on ramène toujours pleins d’histoires et où on commet des folies souvent innommables qu’on ne s’autoriserait jamais chez soi. Anne Fleischman connaît bien cet engouement des nôtres pour cette île merveilleuse. Et tel un entomologiste qui étudie les fourmis, elle regarde comment l’homo sapiens du Québec s’amuse en groupe loin de chez lui. Ça donne Cuba libre. Ceux qui ont fait l’expérience de ce genre de voyages se sentiront interpelés dans leur souvenir. Dans ce type de pérégrination, souvent les sentiments sont exacerbés. Bref l’auteure y va vu suffisamment de bons matériaux pour accoucher d’un bouquin souvent désopilant.

Cuba libre. Anne Fleischman. La Plume D’or 128p.  www.editionslpd.com

 

 


 


Fille d’un…prêtre et d’une ex-prostituée!

Gamine titre choisi par l’auteure Mary Marleyne c’est tout un programme. En effet, pouvez-vous avoir plus singulier qu’une jeune fille dont le paternel est un prêtre et la mère d’une ancienne prostituée. Ça vous marque une existence. Sin on lui a tu longtemps la vérité, elle finira par l’apprendre. Et dire que ce fut un choc est un euphémisme. Un véritable tsunami psychologique qui conduira à une rupture avec la mère. Il faudra qu’elle-même donne naissance à une fille pour que cette dernière puisse servir à ce qu’elle se réconcilie avec ce lourd passé. Et au point de départ, la toile de fond est un petit village du fin fond du Québec. Le ton est tout de suite donné. Dans ce genre de petit bled où le commérage est hérissé en sport national et où il y a également beaucoup de squelettes dans le placard familiaux. La romancière a ce grand talent de la recherche des mots qui font image. Avec elle on voit très bien ce qu’elle décrit et même on habite les sentiments de ses personnages. Elle tutoie l’excellence et cette qualité d’écriture, sans artifices, fait figure de classe de maître en français.

Gamine. Mary Marleyne. La Plume D’or 291p.     www.editionslpd.com

 

 


 


Rencontres diverses avec le Très-Haut

Ah ces écrivains, on leur doit bien une chose c’est qu’ils ont de l’imagination à revendre. Si vous croyez que tout a été exploité en littérature! Et dire que ce pauvre Mallarmé avait déclaré que la chair est triste et qu’il avait lu tous les livres. Dommage qu’il soit mort trop tôt le poète car s’il avait lu En plein chœur d’Arlette Cousture il aurait constaté que la littérature n’a pas dit son dernier mot. C’est qu’elle est originale la trame de ce roman où chaque chapitre a en commun, que le personnage qui l’habite vient à l’Église pour rendre des comptes avec le Seigneur. Vous avez tantôt un fermier qui déplore que sa progéniture n’a pas le goût de la terre, un autre un bourreau qui se vide le cœur. Onze individus qui disent ce qu’ils ont sur le cœur dans le chœur. Très original. L’auteure célébrissime des Filles de Caleb a dû prendre un plaisir fou avec ces soliloques divins. Et c’est un plaisir que vous ressentirez à chaque page.

En plein chœur. Arlette Cousture. Libre Expression 193p.   

 

 


 


Éthique et super soldat

L’étude des combats au cours de la Seconde guerre mondiale nous a appris comment l’État-major des troupes allemandes fournissait de la pervitine pour augmenter la résistance de leurs soldats. Avec des résultats souvent dévastateurs, certains même entrant dans des états psychotiques et abattant des camarades de tranchées. Mais on fermait les yeux au nom de la victoire à atteindre. Avec les années, les armées ont peaufiné des drogues et autres substances pour favoriser l’efficience du fantassin. Comme des drogues qui permettent au soldat victime de chocs post-traumatiques de surmonter l’épreuve. Mais toutes ces tentatives de créer le soldat surhomme entraîne un questionnement sur la moralité des méthodes employées. C’est la réflexion en profondeur que mène Jean-François Caron au long parcours universitaire et qui pose les questions éthiques en rapport avec cette problématique. Peut-on et a-t-on le droit de tout se permettre au nom des nouvelles règles de combat ? Telle est la question.

Théorie du super soldat. La moralité des technologies d’augmentation dans l’armée. Presses de l’Université Laval 154p.     www.pulaval.com

 

 




 


La solitude, la fatigue, la maladie

La maison d »édition Delbusso publie très peu de romans, mais quand elle le fait, c’est guidé par un flair de repérer des auteurs qui valent le détour. En voici deux qui ont retenu notre attention. Le premier Jean-Christophe Réhel lance Ce qu’on respire sur Tatouine. Il exploite trois thèmes, la solitude, la fatigue et la maladie. Ce triumvirat thématique suffit amplement à noircir des pages et il le fait magnifiquement. Le romancier sait trouver le ton juste pour mettre à l’avant-plan la banalité de tout ce qu’on peut faire. C’aurait pu s’intituler « L’ordinaire d’une vie ». C’est pourquoi il faudrait que vous claironniez à la cantonade qu’il existe un livre qui nous ressemble avec nos joies et nos frustrations. Comme c’est un peu la radiographie de la vie de bien du monde, surtout l’ennui, il va interpeler assurément ses lecteurs. Aucune affectation littéraire, sinon un sujet, un verbe et son complément mis à la bonne place. En plus, comme le narrateur s’exprime à la première personne, c’est comme s’il mettait dans la confidence. C’est peut-être la définition d’un certain art d’écrire.

L’autre roman La nuit et le jour de Ginette Paris a au début comme toile de fond Santa Barbara en Californie. Les personnages y vivent comme ont s’imaginent ceux qui ont réussi et qui mènent une vie prospère, gorgés du soleil dont on est si souvent privé ailleurs. Ce pourrait être un décor idyllique, mais comme nous vivons sur du temps emprunté, ils ne sont pas eux non plus à l’abri des vicissitudes de l’existence. Dame Paris fait l’impression d’une portraitiste hors pair avec son art consommé de croquer les êtres et de nous les restituer comme lorsqu’elle parle du père de Teddy, C’est presque trash. Puis l’expression du désir féminin est bien décrite. Un peu comme pour le précédent titre, il n’y a pas de grande histoire, sinon un assemblage de petites qui sont le lot de bien des gens. Que ce soit à Santa Barbara ou au Québec, l’humain conserve son fond de commerce.

 

 


 


Le vrai du faux dans Astérix

Il s’appelle Bernard-Pierre Morin et c’est un incollable pour tout ce qui touche au monde d’Astérix. Ceux qui sont accros à cette célébrissime bande dessinée, ont dû se demander à un moment donné, ce qu’il y a de vrai et de faux dans ce qui est rapporté dans les albums. Alors si vous êtes taraudés de la sorte, voici cet homme qui débarque avec toutes les questions et les réponses dans Astérix, les vérités historiques expliquées. C’est follement intéressant, avec toute l’iconographie propre aux albums pour chaque thème abordé. Il déboulonne des mythes et restitue des vérités d’époque. Après lecture, si vous retenez toute cette mine de renseignements, vous passerez pour de petits surdoués. C’est en passant un magnifique cadeau à offrir pour tous ceux dont vous savez qu’ils aiment ces irréductibles gaulois.

Astérix, les vérités historiques expliquées. Bernard-Pierre Morin. Chêne 159p.   www.editionsduchene.fr

 

 


 


Gilles Paris et ses variations sur des prénoms

Est-ce que nos prénoms conditionnent nos vies ? En tout cas ils sont des marques indélébiles d’une chose que l’on ne choisit pas, comme sa famille, sa religion. Des trucs imposés. C’est pourquoi Gilles Paris a trouvé un angle intéressant pour son recueil La lumière est à moi et autres nouvelles. Chaque personnage se présente par son prénom et ce qui l’a marqué dans son enfance. Ça ne peut pas mieux tomber avec cette collection chez Gallimard qui porte le titre de « haute enfance ». On trouve de jolies perles de réflexion comme ici quand Anton déclare  « on ne devrait pas grandir quand on perd sa mère à quatorze ans ». Chez l’écrivain il y a une élégance manifeste. Ça coule de source. On dirait qu’il a fait sienne la sentence de Boileau qui disait que ce qui s’énonce clairement, les mots viennent aisément. Il évoquait l’art oratoire, mais la citation vaut autant en littérature. On constate aussi tout le poids de la mère dans ces pages, tel un tatouage au cœur de l’enfant. On appréciera la magnifique photo de la couverture qui fait penser à ces têtes d’anges sur les pierres tombales des cimetières, pensifs. Tout est point dans ces pages. L’écrivain tutoie l’excellence.

La lumière est à moi. Gilles Paris. Gallimard 195p.   

 

 


 


Oyé, oyé saluons la naissance d’une nouvelle maison d’édition

Quelle ne fut pas notre joie d’apprendre la naissance d’une toute nouvelle maison d’édition Le Blanc Cahier  qui s’est donné comme ligne éditoriale d’éveiller la curiosité et d’apporter du bonheur. C’est tout un programme. Les trois premiers opus reçu ont en effet éveillé notre curiosité et leur lecture nous a apporté sinon du bonheur, de grandes joies. L’éditeur qui est aussi auteur Lorenzo Sterzi (photo) a une imagination très fertile dans Ce n’est pas une histoire à raconter manière de dire, allez répandez là bien au contraire. Avec ces désopilantes mêlant un espion au XVIIIème siècle et autres historiettes. Et la singularité de son écriture c’est qu’il élève son jeune lecteur, car c’est un livre catégorie jeunesse, à un niveau de réalisme sans le style béotien qu’on a l’habitude de lire dans ce créneau. C’est hyper réaliste avec mots crus parfois.

Puis Louise Leblanc arrive avec Évolution chez les Cro-Magnons et autres histoires. C’est un recueil de nouvelles qui est un assemblage nous dit-on de parutions antérieures glanées à travers son long parcours d’écrivaine où elle a derrière elle une trentaine d’ouvrages. Et elle a cette qualité propre à ce genre littréaire qui demande de la virtuosité dans la simplicité. Car comme on doit faire court, il faut que ça soit juste. D’où le mot ou le qualificatif qui tombe à point nommé et qui veut bien dire ce qu’il a à dire. Et en terminant on attire votre attention sur un très bel ouvrage de Suzanne Sterzi qui raconte ses souvenirs, du moins c’est comme ça que nous le percevons, dans Des nouvelles de mamie. C’est toute une époque qui revit sous nos yeux remontant aussi loin qu’au début du siècle dernier. Et ce qui donne de la couleur ajoutée à ce récit, ce sont les illustrations faites par elle-même. Un double talent qui l’honore. En plus c’est un travail soigné d’éditeur. Les trois ouvrages se signalent par le fait que l’on découvre à travers les pages des symboles hashtag qui permettent avec son téléphone intelligent, d’aller plus loin dans l’exploration des textes. Pour un démarrage d’une nouvelle maison d’édition, c’est un lancement réussi sur tous les plans. Longue vie.

 

 


 


Que vont manger les petits ?

C’est un casse-tête quotidien pour toutes les mamans de savoir quoi offrir à manger à leurs jeunes enfants. Comment respecter son budget, ne pas sombrer dans la routine et être un peu imaginative ? Eh bien voilà que vient à la rescousse la nutritionniste Stéphanie Côté dans Savoir quoi manger enfants qui est un véritable dépanneur avec un programme échelonné sur 21 jours de menus qui comprend autant les déjeuners, dîners, soupers et collations. Il est destiné à la tranche d’âge allant de 2 à 12 ans. Ces recettes ont le grand mérite d’être simples à préparer, ne requérant que ce qu’il faut au minimum d’ingrédients. Et en plus les portions sont mesurées pour le niveau d’âge de vos petits convives. Nous avons essayé le sauté de tofu et de légumes au gingembre, absolument succulent.

Savoir quoi manger enfants. Stéphanie Côté. Modus Vivendi 207p.    www.groupemodus.com

 

 


 


Ces fêlés du ciboulot qui ont marqué l’Histoire

Nous sommes des nains devant la connaissance. Et on le vérifie encore en parcourant les pages de ce livre passionnant (et l’adjectif est faible) intitulé Les Zinzins de l’Histoire de Gavin’s Clemente Ruiz qui nous fait découvrir une galerie de gens illustres ou moins mais qui chacun à leur façon ont laissé des traces marquantes de leur passage. On est habitué à une certaine nomenclature lorsqu’il est question de personnages historiques, mais ici c’est que l’historiographe a fouillé beaucoup plus loin et nous dévoile des noms qui ont peut-être passé à la trappe mais qui ont été très présents en leur temps. Comme Noor Inayat Khan, une espionne qui a vécu de 1914 à 1944, l’indienne Lakshmî Bâî (1858-1858) qui s’est battue contre l’occupant anglais ou Tomoe Gozen, aussi surprenante soit-elle comme femme samouraï alors qu’on a toujours pensé que ce n’était que des hommes ces guerriers nippons. Et il y en a pour des pages à s’émerveiller de tant de pointures aussi déjantées qui ont tous en commun de ne pas avoir subi leur existence. Ce livre devrait être impérativement au programme de l’Éducation nationale.

Les Zinzins de l’Histoire. Gavin’s Clemente Ruiz. Chêne 142p.    www.editionsduchene.fr

 

 


 


Saint-Sauveur à Québec, l’âme d’un quartier

Le quartier Saint-Sauveur à Québec, lieu de naissance d’Alys Robi est chargé de poésie. Encore faut-il regarder atour de soi et en saisir les beautés. Lyne Richard l’a fait pour nous, qu’elle traduit magnifiquement dans les pages de son recueil de nouvelles Les cordes à linge de la Basse-Ville. Ce qui est une œuvre salutaire à l’ère où tout le monde, la tête courbée, scotché sur leur téléphone dit intelligent, ne voit plus l’environnement qui est le leur. Vivement les poètes car la nouvelliste en possède l’âme, capable encore d’observer leur lieu de vie.  Vous avez là toute une galerie de ce qu’on appelle le vrai monde. Une nouvelle nous a plu particulièrement, qui a pour titre « Le SDF et la boîte jaune » où un itinérant s’exprimant à la première personne raconte son émerveillement des « trésors » qu’il trouve parfois dans les vidanges. Plus humain que ça tu meurs…

Les cordes à linge de la Basse-Ville. Lyne Richard 127p.    www.levesqueediteur.com

 

 


 


Dialogues strictement féminin

Aux éditions du passage une démarche particulière, celle de vingt-deux femmes de lettres qui se sont mises en équipe pour un collectif poétique coiffé sous le titre de Ce qui existe entre nous. Le tout sous la direction de Sara Dignard. Inclassable, ce projet mêle poésie en prose et échanges poétiques comme si on se communiquait en soi de cette façon. Ce qui frappe et irrite aussi c’est qu’il n’y a pas de trace d’homme. A aucun moment une des participantes ne fait référence à la masculinité dans son existence. On savait le matriarcat dominant au Québec qui a succédé à la religion, et nous en avons la preuve ici. Car si les contributrices traitent de la vie qui passe dans bien des variations, l’homme n’existe pas. C’aurait été plus acceptable une anthologie de femmes de lettres et c’aurait été plus acceptable. Maintenant si vous passez par-dessus ça et examinez le contenu plutôt que le contenant, il y a de belles fulgurances. Elles sont vingt-deux qui s’expriment dans diverses tonalités. Maintenant si vous considérez que la parole féminine a une valeur ajoutée, alors vous adorerez.

Ce qui existe entre nous. Collectif sous la direction de Sara Dignard. Les éditions du passage 174p.   

 

 


 


Victime d’un AVC il raconte

Éditeur de métier Antoine Audouard qui a longtemps été au service de Robert Laffont a vu un jour sa vie basculer alors qu’il fut victime d’un AVC partiellement paralysant. Souvent quand on évoque cette sombre perspective pour nous-mêmes, on se met à spéculer sur ce que sera alors notre réaction et aussi jusqu’à quel niveau cette attaque sera invalidante. L’auteur se demandait s’il fallait raconter le tout. Finalement il s’y est mis. Et ça donne un récit merveilleux Partie gratuite. D’abord c’est un remarquable conteur et il trouve les mots juste pour nous partager son ressenti. Il se défend dans ces pages d’avoir été courageux face à l’adversité. Ce qui l’a sauvé au demeurant c’est une grande curiosité. Bref, vous allez beaucoup aimer. Et en même temps, ce grand témoignage peut justement aider de futures victimes. La connaissance des choses fait moins peur.

Partie gratuite. Antoine Audouard. Édito 338p.     www.editionsedito.com

 

 


 


Thriller dans Marseille la dure

La ville phocéenne a maintenant des airs du Bronx des années soixante-dix. Les petits dealers y font la loi et les règlements de compte entre gangs adverses se règlent quelques à la kalachnikov. C’est dans cette ambiance, toute, sauf sécurisante, qu’un incendie va se déclarer dans un immeuble des Mimosas, face au Vélodrome de Marseille. Une jeune fille d’à peine seize ans, Luce, enceinte de jumeaux, va fuir le sinistre en emportant avec elle argent et drogue du petit potentat du coin Tony Beretta. Pouvez-vous figurer à quel point on va tenter de la traquer ? Car filer avec le butin et la came d’un dealer, autant dire que vous signer votre arrêt de mort. C’est dans ce climat explosif que nous plonge avec ravissement Denis Zott dans Maudite! Et le qualificatif qui donne son titre au bouquin est, dans le Milieu de la deuxième ville de France, un euphémisme. Nous ne vous disons rien du final car on ne veut pas bouder votre plaisir.

Maudite! Denis Zott. Hugo thriller 414p.    www.hugothriller.com

 

 


 


C’était les deux meilleures amies du monde

Il était une fois deux femmes aux univers distinct, l’une monoparentale prénommée Stephanie vivant de peine et de misère un petit garçon âgé de cinq ans. L’autre, Emily, femme d’affaires, mariée et donnant toutes les apparences de la réussite sociale. Elle a aussi un petit garçon. Tout devrait séparer ces deux femmes aux univers si éloignés. Et pourtant elles sont de grandes amies. Un jour cette dernière va demander à Stephanie de garder son petit ange. Puis elle va s’évaporer dans la nature sans qu’on la retrace! Et il arrivera que la gardienne par défaut va s’acoquiner avec le pauvre mari. Mais attendez de voir ce qui se trame. Disparue de Darcey Bell est si fort qu’Hollywood va le transposer au grand écran. En attendant vous pourrez imaginer les scènes dans votre tête et passer un sacré bon moment.

Disparue. Darcey Bell. Hugo Thriller 351p.   www.hugothriller.com

 

 


 


Un portrait implacable du monde carcéral américain

C’est un roman, mais il a valeur de documentaire Le Mars Club de Rachel Kushner raconte le triste sort de Romy Hall, à l’aube de la trentaine qui est condamné à finir ses jours en tôle pour avoir trucidé un homme qui lui cherchait noise. Cette ex danseuse nue avait auparavant donné naissance à un petit bonhomme. Et c’est tout le talent de l’écrivaine de décrire par le menu la vie sous les barreaux au sud de la frontière où auparavant la justice, cyniquement vous condamne déjà à deux peines, pas juste une, de réclusion à vie, plus un six ans en prime. La femme de lettres qui rafle un tas de distinctions littéraires n’a pas déméritée. Pour ce livre elle s’est documentée pour savoir comment ça se passant en dedans avec des règles internes impitoyables, la loi de la jungle en somme.  Ensuite elle nous donne un flash-back du genre de vie qui peut vous mener à cette conclusion mortifère. Et les dernières lignes sont touchantes lorsque « l’héroïne » évoque son petit garçon. On ne peut demeurer de marbre.

Le Mars Club. Rachel Kushner. Stock 472p.    www.editions-stock.fr

 

 




 


Deux agendas 2019 sur le thème du cheval et des anges

A ce temps-ci de l’année on fait déjà provision des agendas pour l’année qui vient. Et 2019 n’est pas en reste avec que les éditions Rustica lancent deux livres agendas de fort belle facture. Le premier L’agenda du cheval 2019 sur des photos de Jean-Louis Klein et Marie-Luce Hébert plaira aux amateurs de la plus belle conquête de l’homme. Tandis que de son côté Denise Crolle-Terzaghi se fend de Mon agenda des anges. On trouvera beaucoup de textes sur la mission des divers anges identifiés et des messages à connotation spirituelle comme de raison.

 

 


 


Qu’il faisait bon à Québec dans les années soixante

Parmi les livres qui nous ont touchés droit au cœur parmi les arrivages  c’est cet album A Québec au cœur des années 1960 de Pierre Anctil constitué de photos réalisées par son père Jean-Louis Anctil et que le fiston a exhumé des albums de famille. Quand on dit qu’une image vaut mille mots, ça n’a jamais été aussi vrai qu’ici dans ces pages avec tous ces clichés faits en amateur mais à qui les années ont donné une force anthropologique incroyable. Car nous, qui sommes plongés dans l’ère inhumaine, virtuelle du numérique, où il n’y a jamais eu autant de solitude, nous voilà en face d’instantanés de vie qui témoignent d’une époque qui nous semble si loin, où il y avait encore un noyau familial, où les femmes étaient infiniment plus coquettes que maintenant, même celles de la classe ouvrière. En somme on était modeste mais fier. Ces photos là viennent nous chercher. On peut devenir soudainement passéiste ou s’amuser à faire des comparaisons avec ce que nous vivons maintenant. Le fils a réalisé ici un véritable devoir de mémoire. Et dans sa longue introduction il nous raconte ce que fut sa famille.

A Québec au cœur des années 1960. Pierre Anctil, photographies de Jean-Louis Anctil. Presses de Bras-d’Apic 142p.     www.pressesbrasdapic.com

 

 


 


Encyclopédie sur le chat noir

Indéniablement le chat noir est envoûtant. Et sa fascination a traversé les millénaires. Ce félin à la robe ébène a sa propre histoire, captivante au possible que nous rapporte avec érudition Nathalie Semenuik comme l’évocation du célèbre cabaret de Montmartre, le Chat noir. Comme l’objet du livre est de toute beauté, vous pouvez imaginer l’iconographie magnifique le concernant. Et c’est tout à l’honneur des éditions Rustica d’avoir mis un soin jaloux à la présentation graphique, à composer par l’élégante couverture qui est un petit défi technique d’impression. En passant on ne peut trouver plus beau cadeau à quiconque adore les chats.

Chat noir. Nathalie Semenuik. Rustica editions 159p.    www.rustica.fr

 

 


 


Une BD sur…le monde hospitalier!

Dire que la bade dessinée couvre tous les sujets est une lapalissade. En effet, et même le monde hospitalier. Bienvenue à l’ère du ministre Gaétan Barrette alors que deux bédéistes, un médecin

 urgentologue  François Paquet et un infirmier Yves Lessard y vont à fond de train, décrivant un monde qu’il connaisse bien, celui des urgences et plus globalement de l’hôpital en lui-même. Fallait y penser. Y A-t-il un univers où il se passe autant d’histoires ? ET dans la satire nos deux comparses ne donnent pas leur place. On rit énormément.  Tout y passe, des menus routiniers aux patients rouspéteurs. Cet exercice est salutaire. A lire de préférence à l’urgence, vous aurez le temps de le relire quatre fois.

Stat une urgence en BD Code bleu. François Paquet et Yves Lessard. Perro 46p.    www.perroediteur.com

 

 


 


Des infos pour les petits sur tout ce qui bouge sur la Terre

Il nous arrive de belles surprises, tel cette réédition revue et augmentée de Atlas Planète Terre d’Enrico Lavagno sur des illustrations de Sacco et Vallarino. C’est un très grand album par sa dimension d’une part, mais aussi comme mine de renseignements sur les us et coutumes de mille et une contrées. L’ouvrage se divisent d’abord en cartes, puis pour chaque continent et pays, de petits textes, jamais très long qui nous informent sur ce que chaque localité possède de caractéristiques. On dit qu’il est destiné aux enfants, mais les adultes pourront se nourrir de connaissances incroyables. Bref, tous ceux qui aiment le voyage sont visés au premier chef.

Atlas pour les enfants Planète Terre. Enrico Lavagno. Illustrations de Sacco et Vallarino. Nuinui 143p.    www.nuinui.ch

 

 




 


Le coin santé physique et psychique

Deux titres cette semaine au Dauphin Blanc. A commencer par Joane Flansberry avec Les Archanges. C’est à elle, souvenons-nous en, que l’on doit « La Bible des Anges ». Ce titre est un peu dans cette continuité. C’est que dans ce dernier titre elle avait un peu escamotée le cas des douze Archanges. A qui elle leur consacre maintenant un ouvrage entier. Ce médium nous dit en quoi les interférer procure du bien. Alors que Christelle Duquenoy nous parle d’un aspect assez négligé dans les rapports interpersonnels, le sourire. Qui illumine même le visage des gens âgés. Elle a de quoi parler cette auteure car elle est chirurgienne dentiste et odontologue. Le sourire du cœur est une exhortation à apprendre comment sourire même quand on n’en a pas tellement le goût.

Les quatre prochains titres proviennent de Béliveau éditeur. Négocier, on le fait à toutes les étapes de notre vie et pour plein de choses autant du côté professionnel que sur un plan personnel. La négociation a été souvent été élevée au rang d’art. Quelles en sont les règles fondamentales ? Pour le savoir, nous vous référons à Stéphan Lavigne et Lucie Turcotte qui font tous deux dans le coaching. Ils signent ensemble 95 tactiques de négociation. C’est passionnant dans la mesure où on voit bien que tout est rapport de force et stratégie de finesse. Cette fois Nathaniel Branden aborde la question de l’estime de soi. Et il y consacre quelques pages dans ‘Estime de Soi une force positive. Il fait rapidement le tour de la question en s’en tenant à l’essentiel. Et là où il se démarque chez d’autres qui ont écrit sur le sujet c’est qu’il considère fondamental de posséder une connaissance de sa valeur surtout dans le monde changeant du travail, où on ne se gênera jamais pour vous dire cruellement que tout le monde est remplaçable.

Un tout autre registre cette fois, celui de la médiumnité. Nancy Gagnon qui jadis avait peur de la mort est devenue, tenez-vous bien une médium qui a appris accidentellement qu’elle possédait des dispositions pour entrer en communication avec l’âme des défunts! Elle nous dit tout sur ce parcours et comment travailler sur cette relation avec les êtres chers qui sont dans l’autre monde. Journal d’une médium traite beaucoup des énergies, car les défunts se métamorphosent en énergie. Les sceptiques seront confondus.
Et un classique à ce temps-ci du calendrier, nous avons nommé Astrologique, ce que vous réserve 2019 de Marie-Christine Dean le guide du genre le plus complet sur le marché. Elle fait intervenir non seulement l’astrologie proprement dite, mais différentes composantes comme la numérologie, les maisons d’âge. C’est un classique indémodable pour qui veut anticiper de quoi sera fait le lendemain.

 

 








 


Le coin santé physique et psychique (2)

Jean Proulx est philosophe, théologien et écrivain. Et il a réussi à mettre en joie Frédéric Lenoir qui n’a pas hésité à préfacer Grandir en humanité chez Fides. C’est un petit livre, tout court, mais qui distille des préceptes de vie formidables qui tiennent à peu de choses comme d’être au sommet de soi-même, de toujours laisser la réflexion guider ses pas, etc. En somme de faire une bonne vie comme le disait un jour la grande Juliette Gréco à un de nos coéditeurs. Cette lecture fera du bien à beaucoup de gens qui se cherchent. Chez Broquet la journaliste économique Nathalie Côté dit d’entrée de jeu qu’un enfant ça n’a pas de prix…Et pourtant il peut en coûter entre 3 et 15 mille dollars par année, selon le train de vie. C’est pourquoi elle a senti la nécessité de venir en aide aux parents qui doivent budgéter la fécondité. Devenir parents, guide de survie financière chez Broquet, regorge de précieux conseils pour pouvoir souffler un peu et apprécier la vie de famille sans avoir toujours le signe obsessionnel du dollar en tête.

Chez l’éditeur Liber Pierre-Henri d’Argenson a écrit La fin du monde et le dernier dieu. C’est un essai inquiétant qui veut nous ramener à une rude réalité. C’est que alors que la superficialité conditionne notre existence ultra matérielle, nous avons exploité toutes les ressources de notre planète et on assistera peut-être à une fin du monde. Au moins ce haut fonctionnaire de carrière nous donne t-il quelques siècles encore. Ouf! Mais cela dit, c’est un fabuleux sonneur d’alerte. Et c’est aujourd’hui qu’il faut prendre conscience de la destinée humaine avant qu’on atteigne une situation de non-retour.

En 2006 l’anthropologue spécialisée en santé publique Rose Dufour fondait à Québec « La Maison de Marthe » qui offre aux personnes aux prises avec la prostitution, les moyens de s’en sortir. L’émission Second Regard lui avait d’ailleurs consacré un reportage marquant il y a quelques années à la télévision de Radio-Canada. Toute son expertise dans le domaine est contenu dans son essai Sortir de la prostitution aux éditions Delbusso. C’est un livre de grande rigueur qui livre des conseils et des exemples fondés sur sa pratique. Ce livre fera sans doute référence auprès des intervenants du secteur.

Aux éditions du CRAM ils sont deux à cosigné Le sentiment de culpabilité, Christine et Bernard Herzog. C’est un sérieux handicap pour le développement de la personnalité. Bernard est un ancien prof de médecine et psychanalyste et il sait à quel point la culpabilité se loge de façon insidieuse. Ainsi il lui attribue des syndromes chez les enfants en raison d’une déficience de l’éducation parentale forgée sur justement la culpabilité, genre pas assez ou trop d’autorité envers les petits. Vous découvrirez les ravages de ce sentiment négatif et par quoi il faut le remplacer. Une proche de notre rédaction qui l’a parcourue s’est tout de suite reconnue dans des comportements décrits.
Enfin, la bedaine vous énerve et vous voulez chassez coûte que coûte la graisse accumulée ? Voici chez Alpen Chassez la graisse abdominale grâce aux conseils éclairés de la diététicienne Ysabelle Levasseur et de la masseuse kinésithérapeute Solène Raymond. Que de bons conseils comme celui d’éliminer coûte que coûte l’alcool qui procure de facto 250 calories et un kilo de plus par année. Vous n’avez pas fini d’en apprendre. Le petit traité d’amincissement se complète par des exercices et conseils nutritionnels.

 

 








 


Le coin santé physique et psychique (3)

Au moment où dans quelques jours à peine le cannabis pourra être fumé au vu et au su de tout le monde puisque légalisé avec l’aval du gouvernement fédéral canadien et des provinces, la question de la dangerosité des stupéfiants demeure d’une vibrante actualité. C’est pourquoi Les drogues de Line Beauchesne chez Bayard est d’une grande pertinence. L’auteure porte une double casquette, celle professeure titulaire au Département de criminologie de l’Université d’Ottawa et professeure associée au Département de santé communautaire de l’Université de Sherbrooke. On lui doit une importante contribution touchant à des mémoires sur la question des politiques en matière de drogues. Elle aborde tous les aspects de la question dont ceux qui ont des casiers judiciaires en raison de la consommation de cannabis. C’est vraiment un livre phare à parcourir avec des exemples de ce qui se passe ailleurs n la matière dans le monde.

Les deux ouvrages qui suivent sont publiés aux Presses du Châtelet. Vous avez le psychothérapeute Erik Pigani qui est un véritable homme de la Renaissance aux curiosités diverses, le piano, le jardinage, le journalisme. C’est un sage ou presque. Il nous arrive avec une sorte de bréviaire Le jardin philosophe qui est rien de moins qu’un recueil de belles pensées à méditer quotidiennement. Et il glane chez Zola, Tolsoï, Marguerite Yourcenar pour ne nommer que ceux-là qui ont quelques idées à partager sur l’existence mais qui ont comme dénominateur commun de favoriser la simplicité. Et de son côté, et dans une même veine de sagesse c’est au tour du Dalaï-Lama de prodiguer ses enseignements dans Conseils spirituels aux bouddhistes et aux chrétiens. On trouvera des recommandations entrecroisées comme d’amalgamer la méditation à la bonne alimentation. De bons aliments ingurgités favoriseraient la détente mentale.

Chez Novalis deux titres qui méritent qu’on s’y arrête. Vous avez Jacques Nieuviarts qui lance La marche dans la Bible. Il est à la ville prêtre assomptionniste. Il nous offre une méditation sur la marche, le nomadisme, l’errance et l’exil. Un thème bien de notre temps avec la situation alarmante des migrants. Lui il puise dans la Bible des exemples comparatifs et toute la spiritualité qui peut s’attacher au fait de se déplacer. On savait la marche salvatrice pour ceux et celles qui veulent au plan psychologique, purger le cerveau de trop de préoccupations. Ce pasteur pousse plus loin le raisonnement. Bref, des symboliques à découvrir pour ceux qui veulent donner du sens à leur vie. Et partons maintenant à la découverte d’une grande âme disparue sans faire de bruit Georgette Faniel (1915-1982) que nous présente Jacques Gauthier. C’est une mystique, éternelle célibataire, qui a vécu dans l’amour du Christ dont elle portait les stigmates aux mains et aux pieds. Elle a vécu toute sa vie dans la paroisse de l’Immaculé-Conception. Toute son existence d’handicapée à la suite d’une mauvaise chute, elle multipliera ses ennuis de santé, mais transformera ses souffrances comme un don de Dieu. Elle rayonnera spirituellement à ce point que le cardinal Léger avec qui elle entretiendra des relations merveilleuses, l’autorisera à avoir sa propre chapelle chez elle où on viendra dire la messe pour elle. Sa conviction était elle que son successeur le cardinal Grégoire la fera demandé auprès de lui. Tout un personnage qui pourrait faire un film merveilleux, confrontant ses valeurs à celles du monde actuel. L’ouvrage est préfacé par Mgr. Christian Lépine, Archevêque de Montréal.

 

 


 


Un beau tribut à une pionnière de la gastronomie au Québec

Peut-être que la majorité du grand public ignore le nom de Rollande Desbois, mais ce qu’ils ne savent pas, c’est que s’ils peuvent fréquenter d’excellentes tables au Québec ils le doivent en partie à cette femme qui a contribué à faire connaître la grande cuisine chez nous, en enseignant notamment à L’Institut national des viandes et à l’ITHQ. Et c’est sans compter toutes ses participations à vulgariser la cuisine à travers différents canaux de communications dont les magazines et la télé. C’est en suivant son mari, qui travaillait à Radio-Canada, que celle-ci a pu entre autres séjourner trois ans en France et suivre les enseignements de son mentor le chef André Guillot, un des pontes de la nouvelle cuisine. Anne Fortin fondatrice de la Librairie gourmande et la journaliste Émilie Villeneuve lui rendent le tribut bien mérité dans une plaquette intitulé Rollande Desbois la gastronomie en héritage. Le livre alterne entre des recettes de la grande dame et son parcours de vie. Cet exercice fait figure de devoir de mémoire.

Rollande Desbois, la gastronomie en héritage. Anne Fortin et Émilie Villeneuve. Les éditions de l’Homme 147p.     

 

 


 


De la traite ratée des vaches à la littérature

Si on dit que tous les chemins mènent au journalisme on pourrait presque en dire autant de la littérature. A preuve la notice biographique de Marie-Hélène Voyer en marge de la sortie de son recueil de posée Expo habitat où il est mentionné avec humour qu’originaire du Bic elle ne savait pas traire une vache, délaissant ainsi la ferme pour des études en littérature qui la conduiront au doctorat à l’Université Laval. Les thèmes abordés sont très disparates, tantôt référent au champêtre, à l’urbanité, à des lieux particuliers. Mais ce qui donne une puissance mille à son style ce sont des associations de mots qui donnent aux strophes des allures de feux d’artifices, qui n’auraient pas déplu à un André Malraux. Jugez vous-même avec « Le moulin »  « Ici sont entreposés nos bocaux de psaumes nos vertèbres de gibier, nos paniques de mercure nos peaux de hontes humides et le cartilage dentelé de nos malaises. »  Et ces poèmes prennent plus d’ampleur lus à haute voix.

Expo habitat. Marie-Hélène Voyer. La peuplade 161p.     www.lapeuplade.com

 

 


 


Le vivre en copropriété

En feuilletant tous les beaux conseils qui figurent dans ce Guide pratique pour une gestion durable et participative des copropriétés on a pensé à cet extrait de la chanson folklorique bien connu, quand il est dit quelque part « tu n’es pas maître dans ta maison quand nous y sommes ». Pour la raison que même si vous êtes propriétaire de votre condo vous devez faire partie du comité de l’immeuble et parfois bonjour les conflits qui peuvent prendre naissance pour un seul petit différent sur des projets d’exécution de travaux. C’est tout l’art de cette cohabitation qui est détaillé. L’ouvrage est édité en France avec une perspective en partie propre à l’Hexagone, mais pour l’ensemble les situations ressemblent pas mal aux nôtres.

Guide pratique pour une gestion durable et participative des copropriétés. Collectif. Éditions Yves Michel 126p.     www.yvesmichel.org

 

 


 


Se retrouver malgré tout avec soi

A lire Ça va aller un carnet d’écrivain d’Isabel Vaillancourt nous avons ce douloureux rappel que nous naissons et mourons seul et que les êtres qui nous accompagnent à certaines intervalles de nos parcours de vie, ne sont que prêtés. C’est ce que vit la protagoniste dans ces pages, qui voit s’éloigner son compagnon pour cause de démence. Alors on est confronté au plus difficile exercice, se faire face. Et comment faire dans ces circonstances avec cette solitude nouvelle, faire comme si de rien n’était. Et les autres qui vous disent « ça va aller » un peu convenu. Puis il y a des espaces de lumière, puis la chatte Annabelle qui fait vraiment sa vie de félin. Vous allez beaucoup aimer les réflexions métaphysiques, ce soliloque sérieux, qui parsème ces pages.

Ça va aller. Isabel Vaillancourt. Lévesque éditeur 132p.      www.levesqueediteur.com

 

 


 


Fin de la saga beauceronne de Daniel Lessard

L’ex correspondant parlementaire à Radio-Canada, Daniel Lessard, met fin à sa saga Maggie dont le décor est la Beauce natale de l’auteur. Ce quatrième tome Le testament de Maggie se veut dans la lignée des précédents, un précieux témoignage de l’esprit du temps. Chaque chapitre évoque une année de 1963 à 1970. Et l’écrivain dont on connaît l’ironie et la lucidité qui habite déjà le journaliste, s’en donne à cœur joie pour dénoncer le clergé omnipotent. On comprend mieux les raisons du déclin de cette Église qui a embrigadé tout un peuple dictant sa conscience. Et on savoure les démêlés du prêtre Vidal avec son amie Maggie, et entre eux l’Archevêque de Québec le cardinal Roy qui donne des coups de crosse, ne prisant guère ce rapprochement homme femme. Mais il y a plus fort que la religion catholique, c’est la femme. Et dont on sait que c’est elle qui balaiera l’église pour lui succéder en quelque sorte.. On espère que Lessard s’attellera à un autre roman et ne nous fera pas languir trop longtemps.

Le testament de Maggie. Daniel Lessard. Éditions Pierre Tisseyre 325p.   

 

 


 


Un médecin sans filtre

Les médecins occupent une place dominante dans l’échelle sociale. Ils ont souvent le statut de demi-dieux dans les hôpitaux. L’expression consacrée « voir le médecin » est encore lourd de signification. Mais que peuvent penser ces êtres qui ont fait le serment d’Hippocrate de nous sauver la vie ? Pour en avoir une bonne idée, suffit de lire le témoignage du Dr. Jean Lemieux qui avec une grande transparence nous livre les états d’âme de sa longue carrière qui l’a mené des Îles-de-la-Madeleine au monde psychiatrique. Il démarre avec sa formation et ses exigences, les cas qu’il a rencontré, le stress lié au fait que l’erreur médicale ne pardonne souvent pas. Bref, tout ce que vous n’avez jamais osé demander à votre médecin s’y trouve. Vous dire que ce médecin est un humaniste est un euphémisme.

Une sentinelle sur le rempart. Jean Lemieux. Québec Amérique 207p.    www.quebec-amerique.com

 

 








 


Le coin littérature jeunesse

Rarement on traite des ouvrages pour la jeunesse, mais c’est ici l’exception qui confirme la règle. Ainsi si vous avez des marmots, petits marmots ou arrières petits marmots, vous pourrez leur mettre dans les mains ces quatre ravissants ouvrages qui les garderont au calme quelques instants garantis. Mais d’abord un cas à part, la sortie de l’Agenda 2018-2019 du héros manga Radiant chez l’éditeur Ankama. Ou votre progéniture tant aimée pourra consigner ses emplois du temps journaliers. Chez Dupuis, dans la collection « Le fil de l’Histoire », les duettistes Ariane et Nino nous racontent le plus illustre monarque de la dynastie des Bourbon, nous avons nommé Louis XIV le Roi-Soleil. Notre tandem  a réussi en quarante pages à survoler ce long règne qui s’est échelonné sur soixante-douze ans! Et dont l’héritage majestueux demeurera le château de Versailles.

Et dans la collection Papillon aux éditions Pierre Tisseyre, d’abord de Mario T. Bolduc « A l’ombre de Cedrus ». L’histoire d’un berger gardien de chèvres qui a pour nom Omar Mourad, surnommé plus couramment Petit Bouc. Le pauvre enfant a une demi-jambe qui l’oblige à porter une prothèse, dont le paternel dit qu’il est l’heure de la changer. Et tout va prendre la tournure d’une aventure en raison du bois qui va composer la prothèse, auréolé de mystère. Ensuite de Lyne Vanier « Le roi qui avait peur des livres ». Il était une fois un roi despote qui régnait de tout son poids assujettissant ses sujets comme jamais. Allant même jusqu’à les priver de livres. Heureusement qu’ils se trouvent toujours des âmes rebelles. Et il s’en trouvera dans son royaume. Vous allez voir comment ils vont faire la vie dure à ce méchant roi.

 

 








 


Le coin BD et conte illustré

Attention, il faut changer l’adage et ne plus référer à l’humour vache car désormais, grâce à Ian Fortin il faut faire place aussi à l’humour lapin. Et son lapin fétiche a pour nom Boni. Dont on retrouve les désopilantes tribulations dans Un papy farceur chez Dupuis. Qu’est-ce qu’il peut en arriver des aventures à ce lapin pas comme les autres qui confrontés aux aléas de l’existence, se trouvera bousculé plus d’une fois. Il est un peu l’équivalent du chat de Geluck. Dans un autre tonalité, aux éditions de la Gouttière le duo Joub et Nicoby nous arrive avec La maison de la nuit. Vous êtes-vous demandé quelles activités pouvaient bien survenir dans une maisonnée la nuit venue ? Eh bien avec notre duo vous avez toutes les réponses. Cette BD n’a aucun scénario. Que du dessin muet que l’on observe. Le but sans doute étant qu’une image vaut mille mots. Et au final on retiendra qu’il s’y passe pas mal de choses.

Chez Planète rebelle un beau conte musical Le carnaval des merveilles et des monstres de l’auteur Mihalis Makropoulos sur des illustrations de Katerina Veroutsou et côté musical des compositions de Giannis Georgantelis. On est dans un monde bien spécial. On fait la connaissance de deux charmants enfants, Olivier et Coralie qui, villageois, vont se rendre à la ville pour participer au renommé  carnaval. La maman s’est dépensée sans compter pour que leurs costumes soient attrayants. Et voilà ce qui gêne le roi de la Nuit, un triste sire qui va les kidnapper. Comment les captifs vont-ils se soustraire à ce maléfique personnage ? On ne vous en dit pas davantage chers enfants pour ne pas bouder votre plaisir. L’album est complété par un CD où le conte est narré par François Lavallée. Dépaysement garanti.

Une bombe, l’actuel et déroutant locataire de la Maison-Blanche a droit à son ouvrage aux éditions des 400 coups. Décidément il fait parler vraiment partout. Cher monsieur Donald Trump de Sophie Siers et Anne Villeneuve vaut le détour. Ce sont des lettres du jeune Sam qu’il envoie au président des États-Unis. Et le thème récurrent dans cet envoi épistolier c’est ce fameux mur qui obsède tellement Trump. Et qui chicote beaucoup le petit. C’est mignon comme tout. En même temps, pour les parents, cette lecture visera à mettre dans les échanges les notions de diversité et d’inclusion.

Et du côté des magistrales BD un titre qui retient l’attention c’est la saga Gagner la guerre des  Frédéric Genêt et Jean-Philippe Jaworski. Et si ça vous évoque quelque chose, c’est l’adaptation du roman fantasy à succès qui rappelons-le, avait été lauréat en 2009 du meilleur roman français du prix Imaginales. Ce premier tome « Ciudalia » nous transporte dans la république imaginaire de Ciudalia où a eu lieu une bataille rangée avec les troupes averses du monarque Ressine. Les premiers remporteront les honneurs. Et le protagoniste de l’histoire, Benvenuto compte sur cette victoire pour capitaliser sur une paix durable. Mais pour sa grande déconvenue, les triomphateurs s’entredéchirent pour le partage du butin. Ces pages nous rappellent que la violence est décidément dans l’ADN de l’être humain. On remarquera le soin apporté au dessin avec un rare sens de la minutie.

 

 


 


Tout savoir sur le caca

Il y a des années, l’historiographe Martin Monestier avait publié une sorte d’histoire sociale des excréments. Et ça se présentait comme un assemblage d’articles de nature encyclopédique. Mais si vous mettez ce même thème dans les mains du désopilant Boucar Diouf alors là vous êtes assuré, tout en vous instruisant, de rire un bon coup. Car lui au contraire de l’auteur cité s’attache à tout ce que le genre humain ou animal produit en termes de déjections. Et avouons nous le, nous sommes des ignorants en la matière car on ne discute jamais de ce qui constitue le plus intime de l’être. Mais cette lecture nous montre notre méconnaissance abyssale de l’univers du fécal. Nous vous recommandons hautement cette lecture qui nous plonge dans un monde méconnu.

Apprendre sur le tas. La biologie des bouses et autres déjections Boucar Diouf. La Presse 136p.      www.editionslapresse.ca

 

 


 


Trois filles que rien ne destinait à devenir copines

Il y a un préjugé tenace que chez les filles il n’y a que du crêpage de chignon et que la solidarité féminine est pure utopie. Le premier roman de Virginie Francoeur « Jelly Bean » oppose un sérieux démenti. C’est la rencontre improbable de trois filles, Ophélie issue de bonne famille et de belle éducation, Sandra une danseuse nue et Djamila ressortissante algérienne. Elles seront des frangines fantastiques. L’écrivaine a créé ces occasions de rencontre entre ces filles que rien ne prédestinait à se fréquenter, du moins pas Ophélie avec Sandra. Elles exploreront ensemble le monde et seront confrontés un temps au bras de la justice et vous verrez pourquoi. Ce pourrait faire un très beau film. Avis aux producteurs en panne de sujets.

Jelly Bean. Virginie Francoeur. Druide 177p.     www.editionsdruide.com

 

 


 


10ème tome du cycle du Dernier royaume de Pascal Guignard

L’enfant d’Ingolstadt de Pascal Quignard est encore une fois une vaste promenade érudite qui passe par le domaine de l’art et des cultures. Ce pourrait être un simple essai en quelque sorte, mais ce qui distingue cette démarche, c’est qu’elle aussi de la grande littérature. D’abord parce que sa lecture demande un petit niveau d’attention. Ensuite on est conquis par tant de savoir et aussi sur la générosité que l’écrivain met à nous faire partager son savoir. C’est une véritable classe de maître littéraire. C’est le dixième tome du cycle du Dernier royaume.

L’enfant d’Ingolstadt. Pascal Quignard. Grasset 268p.

 

 


 


Un meurtrier au sein de l’Académie

Mary Higgins Clark est rompue à toutes les intrigues et sait toujours incorporer des ingrédients qui font recette comme encore une fois dans La nuit est mon royaume où le décor est la Stonecraft Academy à Cornwall. Un établissement qui célèbre deux décennies d’existence et pour lequel on a invité une historienne. Ce pourrait être pour elle un exercice plaisant, mais elle tenaillée par la peur. En effet, sa fille fait l’objet de menaces. En plus une des anciennes pupilles a été trouvée noyée dans sa piscine. Un malheur ne vient jamais seul comme dit l’adage. Et ce n’est pas la première fois qu’elle est témoin de morts mystérieuses. On se pose de drôles de questions parmi les élèves. A commencer par l’hypothèse que l’auteur de ces crimes puisse se trouver dans l’enceinte même du collège. Captivant est un euphémisme.   

La nuit est mon royaume. Mary Higgins Clark. Éditions retrouvées 455p.   www.editions-retrouvees.fr

 

 


 


Le lourd secret d’une mère

L’être humain a cette disposition de se draper dans des postures pour cacher son intériorité. Et il arrive que ça déborde. Ainsi cette mère qui n’en peut plus de vivre son lourd secret, décide de s’en délivrer auprès de ses fils. C’est ce qui compose Dix-sept ans d’Éric Fottorino qui encore une fois sonde les tréfonds de l’âme humaine. Et il tutoie l’excellence en vampirisant les sentiments qui habite cette femme qui avait été renié par sa famille. Elle en a été très marquée. Maintenant comment va se faire cette livraison et comment elle sera accueillie par sa progéniture, vous en découvrirez le tout dans ces pages magnifiques. C’est simple, on parle d’un grand roman.

Dix-sept ans. Éric Fottorino. Gallimard 263p.  

 

 


 


Dans l’univers du trompe-l’œil

Se sont trois étudiants, Paula, Jonas et Kate qui vont entreprendre des cours sur le trompe-l’œil dans un institut de beaux-arts à Bruxelles. Ainsi commence Un monde à portée de main de Maylis de Kerangal. Puis la vie va faire en sorte que leurs routes vont se séparer. Et la romancière nous fait voir trois vies entrecroisées. Et en même temps c’est une incursion dans cette spécialisation des arts visuels qu’est la reproduction ou le trompe-l’œil. On va se promener sur les plateaux de Cinecitta tout comme aux grottes de Lascaux. Cet univers pictural nous est assez souvent étranger et c’est en plus du plaisir littéraire une découverte à faire.

Un monde à portée de main. Maylis de Kerangal. Verticales 285p.    www.editions-verticales.com

 

 


 


Deux femmes, deux destins

Swing time de Zadie Smith est un roman de haute volée qui nous présente deux filles, des métisses vivant à Londres, qui vont entreprendre des cours de danse. Elles ne passeront pas le stade de niveau professionnel car on verra par la suite que la vie va leur réserver pour chacune, un tracé bien différent. Ce qui provoquera leur séparation. Mais il y aura des retrouvailles. Et c’est tout l’intérêt du livre qui retrace le parcours de l’une et de l’autre. L’une verra son équilibre psychique assez perturbé. Et quand elles se retrouveront ce ne sont plus les mêmes femmes. Leur amitié aura-t-elle survécue à tant de changements de vie ? Nous vous laissons le soin de le découvrir. Et puis c’est écrit avec un emportement qui nous ravit.

Swing time. Zadie Smith. Gallimard 469p.  

 

 


 


 Entre le policier et la gastronomie

Chrystine Brouillet au cours des dernières années nous a montré son intérêt pour deux domaines, le policier d’une part avec la création de son enquêteuse fétiche Maud Graham et les plaisirs gustatifs dans « Treize à table ». Avec Chambre 1002 c’est un combiné des deux. En effet, le personnage central se prénomme Hélène et est chef réputé qui va se rendre dans la Grosse Pomme pour aller récolter un prix gastronomique. Au retour elle sera victime d’un accident de voiture qui la plongera dans le coma. Alors voilà qu’intervient les deux thèmes favoris de la romancière. C’est que le contexte de l’accident n’est pas clair et ensuite on verra comment les proches vont judicieusement faire appel à la cuisine pour réveiller la victime de son profond sommeil. C’est brillamment amené. Et comme dame Brouillet nage comme un poisson dans l’eau avec ses sujets de prédilection, elle y déploie tout son talent.

Chambre 1002. Chrystine Brouillet. Druide 340p.    www.editionsdruide.com

 

 


 


Le plaisir plutôt que les tourments

Dans son roman La décision, Luc Fournier met en scène un quinquagénaire, Hugo, qui est au mitan de sa vie et qui fait comme tout être humain rendu là, procède à un inventaire. Son mariage a fait un crash, il se voit vieillir et se considère hors circuit côté séduction. Mais en même temps, il travaille beaucoup sur lui-même à vouloir supplanter les tourments qui l’asaillent par une quête du bonheur forgé par la simplicité et non pas par les diktats du paraître et de la surconsommation. Vous aimerez la fragilité de ce personnage qui ressemble à pas mal d’entre nous. Et cette part d’humanité nous touche énormément. Roman métaphysique il interpellera assurément les lecteurs confrontés à ce genre de dilemme, surtout la gent masculine.

La décision. Luc Fournier. Essor livres éditeur 175p.    www.leseditionsdelapotheose.com

 

 


 


La marche, un antidote merveilleux pour décompresser

Vous vous demandez certainement pour quoi la reine Elizabeth II a pu réussir plus de 60 ans de règne avec un parcours sans faute ? Elle l’a dévoilé elle-même à travers une réplique de celle qui l’a incarné à l’écran, Helen Mirren, quand cette dernière confie à son premier ministre Tony Blair, qu’il n’y a rien de tel pour décompresser que de marcher. Cette petite parenthèse pour vous amener à un guide merveilleux Randonnées de rêve chez Ulysse, conçu justement pour vous évader mentalement de ce monde de fou. Écrit par une équipe en collectif de bons marcheurs on trouvera 50 itinéraires dont bien sûr l’incontournable chemin de Compostelle, iconique, mais pleins d’autres propositions aux quatre coins du monde, en Équateur autant qu’autour du Mont Blanc. Les photos sont sublimes et donnent envie de quitter notre bled tout de suite.  La dernière qui complète le bouquin est proprement spectaculaire, on ne vous en dit pas plus. Vous avez l’embarras du choix.

Randonnées de rêve. 50 itinéraires autour du monde. Collectif. Ulysse 207p.  www.guidesulysse.com

 

 


 


Une simple histoire d’amour et pourtant…

Tu me sauveras une autre fois de Sarah Bouchard raconte les chassés-croisés d’un homme et d’une femme Noah et Espérance. On sait que la relation de deux sexes si opposés par essence suppose un archipel de compromis. L’auteure nous permet d’entrer dans leur intimité nous faisant voir les doutes de l’une et les espérances de l’autre. Ce sixième roman en titre de l’écrivaine marque une zone de zénith d’écriture maîtrisée. Ensuite elle est une brillante dialoguiste qui dynamise l’histoire. Un peu comme si nous assistions à un film d’amour avec pleins de soubresauts. Beaucoup se reconnaîtront dans ces pages qui sont une variation sur le même thème de la vie de couple.

Tu me sauveras une autre fois. Sarah Bouchard. Robert Laffont 427p.   www.laffont.ca

 

 






 


Le coin santé physique et psychique (1)

Les trois prochains titres sont aux éditions AdA. Shyalpa Tenzin Rinpoché ce tibétain de grande sagesse, débarque avec Vivre pleinement. Le titre est déjà tout un programme en soi. Le moine axe son propos sur la misère qui nous habite mentalement alors que la surconsommation ne parvient plus à combler cette addiction à la possession qui nous place dans une posture d’insatisfaction perpétuelle. La vie est beaucoup plus simple que ça, et le bonheur repose sur bien peu de choses. De là ses conseils judicieux. Les observateurs de la marche du monde sont unanimes à dire que c’est la valeur d’authenticité qui sera la plus recherchée dans un court laps de temps, tellement le mensonge est devenu le ciment social. Et Andrea Mathews arrive à point nommé avec La bonté démystifiée, l’authenticité d’abord. Nous drainons trop de culpabilité selon cette thérapeute. Et que la paix intérieure repose notamment sur une compréhension et un dialogue avec nos émotions. Ses conclusions sont fondées sur trente années d’expérience clinique. Et savez-vous quel est le bain de santé naturelle des japonais ? Vous saurez la réponse dans Shinrin Yoku du professeur Yoshifumi Miayazaki. Ce sont les bains de forêt. Cet enseignant et chercheur souligne qu’une immersion en forêt, permet de trouver l’apaisement si difficile en milieu urbain. La forêt a un effet bénéfique qui contribue à la réduction du stress et favorise un meilleur sommeil. Et ce n’est pas tout. De belles découvertes à faire en communion avec la nature.

Le bouddhisme et les femmes. Voici une thématique qui a été peu explorée jusqu’ici et qui fait la teneur de cet essai de Lama Tsultrim Allione « Les pouvoirs du féminin sacré ». L’auteure au passage n’est pas n’importe qui, même que c’est toute une pointure, puisqu’elle a été la première américaine a pouvoir devenir moniale tibétaine. Après des années de formation en Himalaya, elle a fondé un centre de retraite au Colorado. Elle entremêle des souvenirs de nature biographiques avec la transmission des divers esprits bouddhiques. Car il s’avère qu’il n’y en n’a pas qu’un seul. Ce courant philosophique qui remporte l’adhésion des plus jeunes, car basé sur la tolérance, tient un discours qui colle aux besoins des femmes. Sur lequel elle épilogue abondamment. C’est aux éditions du Jour.

Et cette chère Marthe Saint-Laurent que l’on voit régulièrement comme débatteuse sur le plateau de l’émission de Denis Lévesque sur le réseau TVA, nous exhorte à faire fi des commérages et de vivre sa vie, de s’écouter davantage. Celle qui milite contre le « bitchage » depuis longtemps signe Pour en finir avec le jugement des autres et la culpabilité chez Québec-Livres. Car hélas trop de gens vivent dans le regard des autres et ont peur de vivre pour eux-mêmes.  Il y est beaucoup de culpabilité car on se sent toujours dans les radars de l’entourage. Le vieil adage que l’on est le pire ennemi de soi-même est d’une éternelle vérité. L’essayiste a vécu la même chose et en parle en toute transparence. C’est une amie très chère qui lui fera remettre les pendules à l’heure en l’invitant à suivre son instinct, ses aspirations réelles et à se foutre du jugement d’autrui. C’est un tout petit livre mais d’une grande densité.

 

 





 


Le coin santé physique et psychique (2)

Les quatre titres qui suivent sont publiés aux éditions du Souffle d’Or. Ils sont deux Marisa Ortolan et Jacques Lucas qui cosignent Le Tantra horizon sacré de la relation. Les esprits chagrins dès qu’ils entendent les mots tantras ou tantrisme, s’imaginent des transports génitaux subtils. Bien que cette harmonie homme et femme prônée par ce courant spirituel inclut la sexualité, cla va bien au-delà que le frottis de l’épiderme et des organes intimes. Il y a la paix à rechercher entre les deux êtres et notamment, le tantrisme peut même aider à solidifier une relation qui s’ébrèche.

Ce thérapeute et éducateur Michel Clayes-Bouvaert qui vit maintenant en France a passé quinze ans de sa vie en Chine. S’il est beaucoup question à l’ère numérique de l’intelligence artificielle, lui il mise plutôt sur l’intelligence émotionnelle. Il constate dans son livre Le défi émotionnel qu’on demeure trop fixé sur une base émotionnelle très près de l’enfance mais qui n’évolue pas. Et on ne s’étonnera pas qu’il consacre en ce sens un long passage sur la question de la confiance en soi si fondamentale pour la suite des choses dans le développement de l’individu. Ailleurs c’est Pierre Cauvin et Geneviève Cailloux dont on réédite tenez-vous bien pour la cinquième fois leur classique Deviens qui tu es. Une édition revue et augmentée. A leur façon ils font leur la leçon de Jean Cocteau quand ce princes poètes disait « Ce qu’on te reproche cultive-le c’es toi ».  La grande valeur de ce bouquin c’est la description par le menu de tous les types de personnalité. On s’amusera à identifier laquelle catégorie correspond le mieux à notre identité psychologique.

On ne sait pourquoi mais l’autisme dont on ne parlait jamais il y a trente ans semble se répandre chez les enfants comme une épidémie. Qui le dispute au TDAH. Mais ça demeure une dure réalité pour les parents selon le degré du syndrome. Notons la publication de ce livre qui en aidera plusieurs Le quotidien avec un enfant autiste de Kate C. Wilde. C’est un guide merveilleux pour les parents désemparés quand leur enfant les frappe ou les mord. D’ailleurs c’est une telle problématique que même des éducatrices spécialisées jettent l’éponge devant ces accès de violence. La spécialiste partage le fruit d’un quart de siècle de fréquentation avec ce monde bien particulier qui fascine les chercheurs.

 

 






 


Le coin santé physique et psychique (3)

Ila l’air très relaxe ce sage indien Ramana Maharshi bien alangui sur son Récamier la tête posant sur la paume de sa main gauche. Il semble être prêt à répondre à toutes nos questions. C’est ce qu’il fait d’ailleurs dans Libre de toutes pensées chez l’éditeur Accarias. En fait dans ces pages il répond à des questions fondamentales sur la vie, l’amour et la mort. En toute transparence puisque comme le titre l’indique, il est libre de toutes pensées. Ça donne des réponses lumineuses, limpides. Et on évoque énormément la question du Soi, le principe fondateur de toute vie réussie.

Aux éditons de La Martinière Philippe J. Dubois et Élise Rousseau signent en tandem Petite philosophie des oiseaux. Le premier est ornithologue et l’autre journaliste et qui est auteure de plusieurs livres sur les animaux. Chaque chapitre est un comme un bestiaire volatile ou que ce soit le corbeau, le pinson ou quoi encore à plumes, chacun de ces oiseaux nous livrent des leçons de vie. Globalement la vie d’un oiseau dit-on, est à risque, exactement comme notre vie. Ils migrent comme nous ressentons parfois le goût de voyager. A leur façon ils sont des propagandistes de cette thérapie de la nature connue chez les japonais qu’ils nomment bain de forêt et dont un livre est consacré à cette thérapie et qui fait l’objet d’une recension plus haut dans cette rubrique sur la santé physique et psychique. Les coauteurs nous donnent le goût de nous mettre à leur observation. Ils le disent d’entrée de jeu, on a tous besoin d’un plus petit que soi. Qui demeure d’une éternelle vérité.

Jean-Louis Drolet est psychologue et professeur à l’Université Laval. Il nous propose La route du sens aux éditions de L’Homme ou l’art de s’épanouir dans un monde incertain. Son ouvrage ne peut pas mieux tomber alors que le choc de la civilisation numérique qui vide de sa substance humaine les rapports aux autres, la supplantant par la vie virtuelle en déstabilise plus d’un. Du moins ils vont s’en rendre compte brutalement plus tard. L’auteur met l’humain au centre de sa proposition. Il explore entre autres deux thèmes, la peur et la liberté pour lesquelles il a de belles envolées. Et surtout que l’on doit donner du sens à notre vie et la rendre intelligible. C’est sa première leçon. Tout un programme de mieux-être en perspective.

Et aux éditions Cristal Bernard Peltier publie Jouez et gagnez grâce au pendule. C’est la radiesthésie qui est ici expliquée dans ces pages. Il y a dans les jeux, explique t’il, une clé qui ouvre les portes qui favorisent le hasard. Et il met en garde le lecteur de ne pas brûler les étapes en allant directement au dernier chapitre. Il faut suivre pas à pas les enseignements qu’il prescrit. Et parmi ses recommandations il déconseille les visites au Casino et les jeux de grattage. Vous verrez pourquoi. Son but est de doter le lecteur des outils pour forcer le destin. Et ils emble qu’on sera étonné des résultats.

 

 




 


Deux titres puissants chez Grasset

La rentrée littéraire s’annonce décidément passionnante cette saison si on en juge seulement par ces deux sorties chez Grasset et dans deux registres totalement différents. D’abord un roman de Samuel Benchetrit un écrivain qui a du caractère si on juge ses prestations comme invité sur le plateau d’On n’est pas couché sur TV5 monde. Dans Reviens., c’est un écrivain qui parle de lui à la première personne (est-ce une autofiction ?). Et déjà par le style employé, et le ton de confidence on embarque tout de suite. C’est au plan psychique un feu-follet que tout excite. Vous adorerez le personnage tellement chargé d’humanité en raison de toutes ses faiblesses. Et il y a des phrases que l’on aime se remémorer comme lorsqu’il est écrit « Ma vie était pleine de plaisirs qui ne formaient jamais un bonheur complet ». Beaucoup vont se reconnaître. Puissant.

Changement de tonalité avec Vanessa Schneider qui est la cousine de la regrettée Maria Schneider partenaire abusée par Marlon Brando dans Le dernier tango à Paris. Elle ne l’a pas eu facile cette actrice, fille naturelle de l’acteur Daniel Gélin qui ne l’a jamais reconnue. Est-ce cet abandon qui l’ar marqué au fer rouge ? Toujours est-il que sa vie durant elle se trouva sous l’emprise de la dépression et des drogues, faisant même des overdoses. Excessive, elle ne rassurait pas le milieu du cinéma qui lui fermera souvent les portes. Elle mourra des suites d’un cancer à l’âge de 58 ans. Sa cousine nous parle d’elle, telle qu’elle l’a connue. C’est un beau portrait chargé de tendresse.

 

 


 


Tout savoir sur les cristaux, ces magnifiques minéraux

Si on vous parle de pétalite, de muscovite, de kunzite ou bien de cyanite, il y a fort à parier que vous ne saurez pas de quoi on parle. Eh bien il s’agit de cristaux. Ces fameux minéraux à qui on prête des vertus curatives, tant au plan psychique que physique. Florence Mégemont les connaît bien qui nous les présentent, au total 200 tous aussi beaux les uns que les autres. Pour chacun une fiche signalétique avec descriptif et en quoi ce cristal va agir sur notre organisme. Les photos sont magnifiques, fatalement avec de si beaux sujets à capter. On ne se lasse pas de les regarder.

Petit Dico des cristaux. Florence Mégemont. Exclusif 318p.    www.editions-exclusif.com

 

 





 


Le coin Miam miam

Aux éditions Mango on rend hommage à la cuisine nippone avec trois beaux ouvrages tous trois portant la même signature de Laure Kié. Ils honoreront parfaitement votre bibliothèque culinaire consacrée aux cuisines du monde. Débutons avec Nouilles japonaises. Les nouilles forment un basique de cette cuisine. Qui s’apprêtent de tant de façon, en ramen, soba ou udon, croustillantes, ou dans autant de déclinaisons que l’on veut. Quand on regarde seulement les photos on salive immédiatement. Et en plus ce sont des plats tellement santé. Puis il y a des esprits chagrins qui considèrent que les sushis ont été l’effet d’une mode et que ça ne fait plus tendance. Que ne faut-il pas entendre. D’autant que, au plan de la réalisation, il y a tant de créativité qu’on n’aura jamais fini de les explorer. L’auteure leur consacre un livre Sushis & brochette avec des recettes, des techniques selon la méthode éprouvée du pas à pas. Et vous avez aussi l’art des makis, les « cousins » savoureux des sushis.

Et nous vous gardons le livre essentiel avant d’entreprendre les précédents. Il s’agit de Les bases de la cuisine japonaise. Madame Kié ne ménage aucun effort pour que nous puissions comprendre ce qui compose fondamentalement cette cuisine qui au même titre que les autres cuisines orientales, sait admirable ment jouer des contrastes. C’est une vulgarisatrice hors-pair.

 

 


 


La permaculture expliquée

C’est en 1968 qu’est né le concept de permaculture en réaction à l’industrialisation sauvage de l’agriculture dont on commence à peine à constater les ravages. Sachez que pour la France seulement on a fait disparaître 92% des agriculteurs depuis 1950. Et le désastre n’a de cesse. Un timide mouvement commence qui veut redonner à la culture ses lettres de noblesse. Et des justiciers montent au front en brandissant des techniques ancestrales à échelle humaine, écolos et durables afin que cesse ce massacre où les grands groupes agroalimentaires ne pensent qu’en terme de performance et de rentabilité sans souci de la pérennité des terres qu’ils exploitent sans vergogne. Un collectif de spécialistes vous dit tout sur l’agriculture du gros bon sens paysan. C’est le Traité Rustica de la permaculture. C’est un apprentissage exigeant qui demande de tout revoir des connaissances présentes. L’avenir de la planète vaut que l’on fasse de ce guide une référence.

Le Traité Rustica de la permaculture. Collectif. Rustica éditions 424p.    www.rustica.fr

 

 


 


Les relations de Samuel de Champlain

En mal d’exotisme ? Allez revisiter les débuts de la Nouvelle-France, ne serait-ce pour se rappeler d’où nous venons. Et dans la collection « A propos » aux Presses de l’Université Laval, en format de poche, on réédite les Récits de voyages en Nouvelle-France 1603-1632 de Samuel de Champlain fondateur de Québec fait-il le rappeler. Les textes sont présenté intégralement en français moderne avec des notes opportunes de Mathieu d’Avignon. Il y avait bien des gens qui par le passé aurait aimé faire cette lecture, mais rebuté par les tournures et archaïsmes du français du temps. Accessible en français d’aujourd’hui, on n’a plus d’excuse pour ne pas revivre ces heures glorieuses où on est vraiment parti de rien.

Récits de voyages en Nouvelle-France 1603-1632. Samuel de Champlain. Collection A propos aux Presses de l’Université Laval 692p.    www.pulaval.com

 


 


Il nous observe comme un entomologiste le ferait des fourmis

Douglas Coupland connu pour son classique culte « Génération X » revient sur le devant de la scène avec Obsolescence des données qui le fait rapprocher cette fois d’un Desmond Morris, lui qui en son temps a su bien voir qui était les homos sapiens. Coupland en observateur de l’époque numérique, cherche à comprendre nos comportements et s’aventure à des pronostics sur le futur. Il traite de mille et un sujets allant de l’ennui, la dépression, les brownies au cannabis, les hyper connectés d’internet et quoi encore. Il sait bien qui nous sommes et nous renvoie le miroir de qui on est. Ah oui, il a énormément d’humour et le lire est tonifiant. C’est le plus beau cadeau qu’on puisse lui faire.

Obsolescence des données. Douglas Coupland. Au diable vauvert 579p.   www.audiable.com

 

 


 


 Tout connaître de Disney World et Orlando

Claude Morneau se mue en guide extraordinaire pour nous promener à travers les innombrables attractions de Disneyworld de même qu’il nous refile les bons tuyaux pour profiter à plein de la ville d’Orlando. Dans le cas du gigantesque parc d’amusements, il y a des composantes qui changent souvent de sorte que son présent tome est une mise à jour de ce qu’il faut essayer pour être dans l’air du temps. Sachant que les québécois ont un faible pour ce site, l’ouvrage risque encore une fois de demeurer la référence. Et comme l’auteur est intègre, il se risque même à porter un jugement de valeur sur des attractions qui au final e valent pas le détour. Il nous dit comment opérer pour éviter de se retrouver dans une file interminable. Et quand à Orlando, elle possède son charme dont un musée le Holly land Museum qui recrée la Terre Sainte. Et il énumère quantités de restaurants où faire bombance. Cette ville jadis dortoir, vit une exubérance en raison du voisinage de Disney World.

Disney World et Orlando. Claude Morneau, Guide Ulysse 317p.    www.guidesulysse.com

 

 


 


La dernière ponte poétique de Joséphine Bacon

La poétesse autochtone Joséphine Bacon ne fera jamais les gros titres. Elle tisse paisiblement sa toile littéraire en nous gratifiant de beaux textes qui font toujours l’admiration de sa plus grande fan, la chanteuse et artiste multidisciplinaire Chloé Sainte-Marie. Elle nous arrive avec un petit recueil intitulé Uiesh Quelque part. Extrait « Quelque part dans cette ville je suis l’humain du moment je cherche mes traces ». Et chaque poème est suivi de sa traduction dans sa langue natale. Poésie qui rappelle que d’avancer dans la vie c’est porter en soi la bibliothèque de son savoir, sa sagesse. Inspirant. Ce sont souvent quatre lignes pas plus, mais d’une rare densité.
Uiesh Quelque part. Joséphine Bacon. Mémoire d’encrier 125p.   www.memoiredencrier.com

 

 


 


Autour du coma d’Ariel Sharon

Yara El-Ghadban ne manque certainement pas d’imagination. Le troisième roman de cette femme d’origine palestinienne vivant à Montréal est articulé à partir d’un fait réel, le coma d’Ariel Sharon le premier ministre israélien qui sombrera dans le coma de 2006 à 2014 l’année de son décès. L’écrivaine a imaginé quatre femmes qu’inspire l’état comateux de cet homme, gradé militaire avec du sang sur les mains. Que ne vont-elles pas évoquées ? Vous avez là une kyrielle de sentiments qui ne sont pas tous systématiquement négatifs. Certaines appréciations surprendront. On croirait revenir à la tragédie antique grecque avec son chœur. C’est une démarche littéraire de grand style. En même temps qu’on peut apprécier le ressenti de la sensibilité palestinienne face à un tel monstre qui ne répond plus aux signaux extérieurs.

Je suis Ariel Sharon. Yara El-Ghadban. Mémoire d’encrier 129p.   www.memoiredencrier.com

 

 


 


Rareté, un roman sur un amour lesbien à Haïti
Religion catholique et vaudouisme n’aidant pas, la détestation de l’homosexualité en Haïti atteint des sommets inimaginables. C’est toujours si on ne recourt pas à l’exorciste pour faire sortir le diable de cette malheureuse personne déviante qui ose s’accoupler avec une personne de son sexe. Alors imaginez deux femmes amoureuses. C’est assez inédit à vivre d’une part et ensuite que ça se traduise en roman. Eh bien Emmelie Prophète ne s’embarrasse pas de tels préjugés et nous fait assister aux amours naissantes de Maritou et Lucie dans Un ailleurs à soi car on flirte avec l’idée d’aller voir ailleurs si leurs amours peuvent libérer autrement que dans le carcan de Port-au-Prince. Saluons ce beau texte qui célèbre les amours qui encore au XXIème siècle n’osent dire leur nom et au courage de l’écrivaine.

Un ailleurs à soi. Emmelie Prophète. Mémoire d’encrier 119p.    www.memoiredencrier.com

 


 


Yasmina Khadra se livre sans voile

Un des beaux titres de la rentrée est sans contredit ce livre entretien où Catherine Lalanne interview Yasmina Khadra. Cet homme dont on admire les bijoux littéraires qu’il a produit a vu son parcours d’écrivain mis entre parenthèses par son service militaire. Et il a été témoin en direct des horreurs de la guerre. Le titre Le baiser et la morsure décrit bien les antagonismes d’une existence où son idéal d’humanité est malmené par la réalité de la conduite des hommes. Malgré tout, ces pages sont baignées d’espérance. A l’heure où l’authenticité sera recherchée comme une denrée rare, voici un homme qui dit tout, de son mariage arrangé qui aurait pu devenir une catastrophe et qui s’est révélé une merveilleuse histoire d’amour. A mettre au dessus de votre pile d’achats de livres, vous sortirez de cette lecture avec une sorte de baume pour l’intellect et le cœur.

Le baiser et la morsure. Yasmina Khadra. Novalis 178p.   www.novalis.ca

 

 


 


Yves Navarre et une désillusion

Notre coéditeur a pour habitude de dire « on ne connait vraiment quelqu’un que le lendemain, surtout le surlendemain ». La citation colle à plein pour Luc Mercure qui fait le récit dans Le goût du Goncourt de sa rencontre il y a trente quatre ans passé avec le romancier homosexuel Yves Navarre et lauréat du prestigieux prix Goncourt. L’homme avait dix-neuf ans à cette époque, et Navarre figurait dans son Panthéon admiratif. Il ira donc à sa rencontre. Qui sera décevante car ce dernier est aigri et ne lui réserve pas un enthousiasme plus qu’il ne faut. Et même deux ans après, Mercure retourne le voir et il sera accueilli avec une presque indifférence. C’est toute cette désillusion qu’il traduit dans ces pages qui exprime une fois de plus que la fierté gai n’est qu’un mythe et qu’un Navarre portait toujours en lui, malgré qu’il soit auréolé au plan littéraire, les stigmates du rejet social.

Le goût du Goncourt. Luc Mercure. Québec Amérique 166p.   
www.quebec-amerique.com

 

 


 


Une ville allemande menacée par une secte

Depuis qu’il a décoché en 2015 le Grand Prix du roman de l’Académie française pour « La fin du monde » Boualem Sansal fait plus l’objet d’une attention. Et ce prix apporte son poids de responsabilité, car est-ce que les titres qui suivront seront à la hauteur où ce n’aura été qu’une récompense fugace ? Eh bien non, Le train d’Erlingen est une fiction intéressante dans la mesure qu’elle colle à une réalité récurrente dans l’actualité, à savoir la montée des groupes religieux sectaires. Ainsi dans ce roman, c’est une héritière d’un conglomérat industriel allemand, qui vit à Erlingen et qui écrit à sa fille. Elle est angoissée car elle a eu vent qu’un noyau d’extrémistes religieux dont le dessein est d’asservir les populations à leur Dieu. Et il lui faut partir coûte que coûte. Mais le train attendu ne vient pas. En même temps que c’est le fruit d’une imagination, l’auteur échafaude des mécanismes plausibles qui donnent froid dans le dos et qui nous disent de faire preuve de vigilance en la matière. D’où l’intérêt de faire de cette lecture une priorité.

Le train d’Erlingen. Boualem Sansal. Gallimard 247p.

 

 


 


Le testament littéraire de Carlos Fuentes

Pour la petite histoire Federico à son balcon aura été le dernier opus de Carlos Fuentes. Comment qualifier ce roman magnifiquement traduit par Vanessa Capieu ? Il est en tout cas de nature philosophique, car le protagoniste qui est accoudé au balcon de l’Hôtel Metropol où il séjourne, a la chance d’avoir pour voisin de palier Nietzche. C’est quand même pas donné à tout le monde. Et de là va s’engager une conversation sur tonalité métaphysique. Et au fil des pages d’autres personnages assez colorés, surtout du côté des femmes dont on n’oubliera pas de sitôt la troublante Gala. Même ceux qui abhorre le genre du roman ne pourront que courber l’échine devant cette démarche qui élève ce titre au-dessus de la mêlée. Et pour Fuentes qui termina ces pages peu de temps avant de quitter ce monde, c’aura été comme le tutoiement de l’excellence.

Federico à son balcon. Carlos Fuentes 375p.  

 

 


 


Sur l’infortune des inventeurs

Christophe Donner a été inspiré en se rappelant que bien des inventeurs dont les créations ont changé le monde, ne pensons qu’à Daguerre le père de la photographie pour ne nommer que celui-là, n’ont pas eu la récompense pécuniaire qui aurait dû être leur lot considérant l’apport de leurs trouvailles dans le destin de l’humanité. A partir de ce constat, il évoque leur infortune. C’est une véritable réussite. D’abord on en apprend sur le contexte réel dans lequel ces inventions ont été amenées, ce qui a supposé que l’écrivain se documente. A partir de ces matériaux biographiques, il a mis des dialogues dans la bouche de ses personnages. Il réserve un chapitre à celui qu’il n’hésite pas à qualifier d’imposteur le « grand » Thomas Edison. Et vous verrez pourquoi. Instructif comme ce n’est pas permis.

Au clair de la lune. Christophe Donner. Grasset 269p.   

 

 


 


Une visite au pays des sondages

Le premier grand mensonge des politiciens est d’affirmer qu’ils ne prêtent jamais attention aux sondages, alors qu’ils sont plongés tête première dans le premier qui sort. René Gélinas qui est chargé de cours à l’École de gestion de l’Université du Québec à Trois-Rivières, nous propose une visite guidée du merveilleux univers des sondages. Son essai Sondages outils de la démocratie ou opinion réalité ?, nous fait prendre conscience de la place qu’occupe dans nos réflexions l’industrie du sondage. Et qui fait florès en raison de ce besoin insatiable des pouvoirs publics et privés et grands groupes commerciaux à vouloir sonder les idées du petit peuple. Il nous dit tout de l’historique des sondages dans la Belle Province, qui au début se faisaient à partir de Toronto. A la fin vous serez incollable en la matière.

Sondages outils de la démocratie ou opinion réalité ? René Gélinas. Robert Laffont 182p.      www.laffont.ca

 

 


 


De l’exotisme à pleine pages

Alain Leclercq dont on a dit énormément de bien de son précédent titre « Les grands héros de guerre » aux éditions Jourdan, nous revient chez le même éditeur avec Terra incognita qui rassemble des récits d’aventuriers à commencer par Christophe Colomb. L’historiographe est dans la tradition d’un Alain Monestier qui nous gorgeait à sa façon de belles aventures dans des livres aux thèmes si différents et captivants. Et si vous êtes en mal de dépaysement, vous allez voir la ténacité dont faisait preuve les explorateurs en leur temps. Affrontant mille dangers, souvent pour écrire une bonne feuille pour le compte d’une publication. Du Mont Cervin à l’enfer australien, on vous promène aux quatre coins du monde. Ainsi aucun risque de s’ennuyer. Ce bouquin est garanti 100% sans temps mort.

Terra incognita. Récits d’explorateurs. Alain Leclercq. Jourdan 267p.   www.editionsjourdan.com

 

 


 


Les gratte-ciel, devants et derrières

Aux éditions Taschen on a publié il y a quelques années un grand album nous présentant les plus importants gratte-ciel. On se contentait cette fois de nous les faire voir dans toute leur majesté avec un petit historique mais sans plus. Là où John Hill innove, c’est que dans son livre Les gratte-ciel non seulement nous fait-il découvrir les derniers grands buildings du monde, mais il nous les fait voir au scanner en quelque sorte, en nous faisant découvrir la structure interne. C’est assez impressionnant. Car on se pose toujours la même question en voyant ces immenses édifices s’élever dans les airs, comment sont-ils supportés et est-ce assez résistant à la base ? Les photos et dessins vulgarisent les composantes diverses qui entrent en ligne de compte quand on veut défier la gravité.

Les gratte-ciel. John Hill. Broquet.  www.broquet.qc.ca

 

 


 


Faire connaissance avec Paul Chanel Malenfant

Les éditions du Noroît dont on ne dira jamais assez l’immense contribution à la vie poétique chez nous, nous gratifie du plus beau tribut qui soit à l’adresse de l’écrivain Paul Chanel Malenfant une des grandes pointures de la littérature québécoise et hélas encore trop méconnu du grand public. Sensorielles est donc un hommage qui prend la forme d’un collectif où les contributeurs analysent divers angles de l’œuvre de celui qui enseigne la littérature à l’Université du Québec à Rimouski. Et s’il y a un dénominateur entre toutes ces participations c’est la grande rigueur de chacun à sonder la moindre strophe, la moindre ligne de cette œuvre d’importance. Une exigence qu’ils se sont donnés et qui était la moindre des choses envers cet homme de lettres récipiendaire notamment du Prix du Gouverneur Général du Canada et du Prix Alain-Grandbois.

Sensorielles. Autour de Paul Chanel Malenfant. Éditions du Noroît 370p.     www.lenoroit.com

 

 


 


Réflexions sur la communauté des vivants

Sarah Brunet Dragon nous regarde vivre, d’abord les siens. Et elle a opté pour un titre intrigant Cartographie des vivants. Un livre indéfinissable, qui se partage entre récit de vie et poésie en prose. Car elle n’a pas le même regard sur les choses, les êtres que nous. C’est une âme poétique qui va au-delà des images. Et parlant d’images, elle a réparti différentes photos souvenirs comme autant de captures d’écran, d’écrans de vie. Ce qu’il y a de bien dans la voie qu’elle a choisi, c’est qu’elle trouve les mots justes. Rien d’ampoulée pour faire littéraire, mais des phrases qui viennent du cœur vers les cœurs. A travers les descriptions de son entourage on se sentira parfois interpelé par des ressemblances de traits de caractère, que ce soit un pépé ou un oncle. A sa façon, elle nous livre une classe de maître sur l’art d’interpréter ce que l’on ressent.

Cartographie des vivants. Sarah Brunet Dragon. Éditions du Noroît 179p.   www.lenoroit.com

 

 


 


Tombeur de ces dames et coach de vie

Au rang des lectures légères qui font énormément de bien nous recommandons hautement les aventures de Parker Ellis le nom du personnage central à la tête d’International guy, qui coach surtout des femmes. On comprendra d’autant que la créature d’Audrey Carlan souffre de priapisme aigu et aime bien faire Don Juan. Et sa ligne éthique entre posture professionnelle et personnelle est assez mince. Surtout que pour son « malheur » il se trouve devant une de ses Vénus dont il est difficile de résister. Et pour le seconder, deux de ses potes avec qui il forme un trio inclassable. La rentrée nous offre deux tomes le premier se déroule à Paris et l’autre à New York. Et vous allez voir que l’écrivaine a su vampiriser l’esprit d’un mâle et se mettre dans sa peau à la vue d’une femme. Elle traduit crûment les pensées qui peuvent assaillir un mâle en rut. Vous n’allez pas aimer, mais adorer ces lectures en regrettant que ce ne soit trop court.

International guy. Tome 1 Paris, tome 2 New York. Audrey Carlan. Hugo coll. « new romance ».

 

 


 


La dernière cuvée Nothomb  encore sous le thème du conflit parental

On se souviendra que la dernière ponte d’Amélie Nothomb « Frappe-toi le cœur » avait pour toile de fond la rivalité mère fille. Avec Les prénoms épicènes le registre demeure le même mais cette fois un différend entre un père et sa fille. Mais d’abord une explication sur l’adjectif épicène, un mot que personne à la rédaction ne connaissait et qui Nothomb oblige nous force à ouvrir le dictionnaire. Pour apprendre que c’est un mot qui désigne les deux genres, comme les prénoms du couple dans ce livre, Claude et Dominique, qui peuvent coller à l’un ou l’autre sexe ou papillon qui d’office n’a pas de genre. Lui va tout investir dans sa réussite et néglige les siens. Sa femme décroche et va en épouser un autre. En plus Claude déteste leur fille prénommée Épicène. Elle est belle comme un cœur et un sacré tempérament. Si le bonhomme a décidé de se venger d’eux, il va devoir affronter sa jolie progéniture. Cette fois encore le thème de la vengeance est au cœur de l’histoire, une recette éprouvée par l’écrivaine qui marque ainsi rituellement la rentrée. Le roman donne de bons arguments à ceux qui en ont marre du concept de « petite famille ».

Les prénoms épicènes. Amélie Nothomb. Albin Michel 155p.   

 

 


 


Un livre iconoclaste sur le management au XXIème siècle

Si vous faites du 9 à 5 en exerçant votre boulot dans un contexte pénible, allez lire Rework réussir autrement de Jason Fried et David Heinemeier Hansson qui font table rase de tous ces vieux concepts de management qui ont cours aujourd’hui et qui rendent le travail telle une corvée. Il s’adresse autant aux dirigeants futurs ou actuels qu’aux employés. Les deux auteurs ont fondé 37Signals une société de software qui connait un succès exponentiels. Ils passent en revue les façons de faire, comme l’embauche sur c.v. alors qu’ils rejettent ceux-ci, souvent truffés d’embellissement qui ne correspondent pas à la réalité de même que les diplômes qu’ils suspectent. Ensuite que le fameux 9 à 5 est une vision éculée, surtout pour ce qui est des heures de dépassement. Eux disent, à 17 heures tout le monde dehors et sont même partisans du télétravail. C’est une vision rafraîchissante du monde du travail qui va rejoindre un jeune lectorat qui aspirent à une qualité de vie et qui ne veulent pas peinés comme des forçats ingratitude en prime.

Rework réussir autrement. Jason Fried et David Heinemeier Hansson. Maxima 229p.      www.maxima.fr

 

 




 


Deux essais sur la politique québécoise qui valent le détour

Le moment était tout trouvé, en pleine campagne électorale provinciale 2018 au Québec, pour lancer ce Bilan du gouvernement de Philippe Couillard un ouvrage en collectif sous la direction de François Pétry et Lisa Birch en collaboration avec le Centre d’analyse des politiques publiques. A la lecture, l’aréopage de spécialistes semblent vor que le gouvernement libéral de Philippe Couillard a voulu respecter les 158 promesses électorales faites durant la campagne électorale précédente, avec un premier temps qui a été apprécié diversement comme de l’austérité suivi d’un autre temps consacré à des investissements. L’ouvrage d’une rigueur qu’on attend d’une telle démarche universitaire a le mérite de refléter la vraie réalité de ce gouvernement et qui permettra sans l’ombre d’un doute à l’électeur de se faire un choix éclairé dans l’urne au moment venu.

Ailleurs c’est Guylaine Martel qui présente Incarner la politique. Avec en sous-titre « La construction de l’image médiatique des femmes et des hommes politiques au Québec. Cette professeure au Département d’information et de communication de l’Université Laval s’intéresse à la bibitte que représente l’homme ou la femme qui entre dans l’arène politique. Elle relève fort à propos un paradoxe, en même temps que les gens désavouent la politique et se montrent cyniques envers les politiciens, ils sont tout de même fascinés par les personnalités publiques, à plus forte raison les leaders de partis. On n’à qu’à voir l’engouement de la masse à vouloir se faire prendre en selfie avec Justin Trudeau, dont on voit une illustration en quatrième couverture. Et les deux jouent comme un tango, pendant que l’un recule, l’autre avance. Et on appréciera les passages sur les mises en scène pour capter l’attention et les postures que prennent ces acteurs pour convaincre.
www.pulaval.com

 

 








 


Le coin santé physique et psychique (1)

Xavier de Verchère est prêtre salésiens et aumônier national chez les Scouts et Guides de France. Ça allait de soi qu’il fasse le pont entre son engagement dans ce célèbre mouvement de jeunes réputés pour prôner l’agir et celui de sa spiritualité. Et si Jésus avait-il été le premier membre en règle ? Jésus le premier scout nous montre que les valeurs prônées par Baden Powell sont dans le droit fil du message christique. Il y a un long segment où l’auteur énumère de grandes figures du catholicisme qui sont en correspondance avec les messages enseignés chez les scouts. C’est aux éditions du Cerf.

Ceux qui ont un attachement aux petites bêtes auront à cœur de prendre en note la sortie des Archives de la joie de Jean-François Beauchemin chez Québec Amérique. C’est un recueil de souvenirs puisés dans son passé où intervient énormément le règne animal. L’auteur ne boude pas sa joie de revenir en arrière, contrairement à la tendance socialement admise qu’il faut toujours aller de l’avant. En tout cas, ces réminiscences nous donnent à lire de merveilleuses réflexions sur le temps qui passe à saveur métaphysique. Et en plus le gars a des lettres et du style. On se sent honoré d’être les lecteurs de quelqu’un qui a choisi de peaufiner la langue de si belle manière. Si on a mis cet ouvrage dans cette section, c’est que la spiritualité animiste fleure à pleines pages.

Ah le cannabis! On en a jamais autant parlé que depuis que Justin Trudeau en a fait son premier cheval de bataille gouvernemental. On s’interroge encore sur cet empressement à le légaliser à l’échelle du pays. Bon, bref, c’est un autre débat. Mais maintenant que nous seront obligés de vivre avec cette réalité, tâchons de nous adapter en se renseignant. Car la connaissance on le mérite de réduire la peur. Et voici à cet effet un ouvrage de vulgarisation Le petit livre vert du cannabis cosigné par Tristan Péloquin et Philippe Mercure. Les deux sont journalistes à La Presse, le premier s’étant intéressé à son sujet et en rapportant l’actualité le concernant, l’autre chroniqueur scientifique et qui sait vulgariser des composantes chimiques. Avec des questions pertinentes dont celle-ci, combien faut-il en consommer pour être gelé ? Un propriétaire peut-il interdire à un locataire de consommer ? Tout ce qu’il faut savoir à son propos s’y trouve. Chez Québec Amérique.

L’autre jour un camarade de la rédaction, voyant un petit bambin noir dans son carrosse, se prit d’empathie, imaginant déjà le lot d’épreuves que cet être qui n’a pas demandé à venir au monde sera confronté. Pour savoir de quoi il en retourne de ne pas appartenir à la race des blancs, allez lire Voyage au bout de la vie de Louise Marie St-Vincent qui nous fait connaître un jeune homme de couleur noir, Danny, que l’on voit être confronté au racisme ambiant. En même temps il s’est doté d’une sorte d’armure psychologique qui le protège et le fait aller de l’avant. Une belle âme en somme. Tous les noirs et ceux qui luttent contre le racisme ont tout intérêt à parcourir ces chapitres qui baignent tout de même dans l’espérance. C’est aux éditions de la Première chance.

 

 






 


Le coin santé physique et psychique (2)

Place maintenant à roman. Qui s’il se trouve dans cette colonne, c’est qu’il a un caractère initiatique. Il s’agit de L’appel de Priya Kumar chez l’éditeur Hugo. L’appel comme on l’entend chez un religieux qui reçoit la confirmation de sa vocation grâce à un message divin. Dans le cas qui nous occupe, c’est que le personnage qui a eu sa part d’épreuves, ménage mis à mal, accident de la route, se voit inviter à accomplir un pèlerinage en Himalaya. Et sur sa route, il trouvera au fur et à mesure des réponses qui se résument toutes à dire en quelque sorte que le royaume des cieux est en nous, et que les autres n’attendent que notre joie rayonne et non celle des autres. C’est comme un beau conte en définitive.

Les trois titres qui suivent sont édités au Dauphin Blanc. Annick Fortin mère adoptive de deux petites chinoises a justement mise comme personnage central une jeune chinoise dans son roman Au rythme d’Éliane. C’est que  Sue Lian est différente des autres de par son origine et attire un peu l’attention. Et puis au sein de la troupe de danse où elle évolue, surgit Éliane qui souffre du syndrome d’Asperger et qui ne répond pas aux critères de la formation artistique. Aussitôt la première se prendra d’amitié pour la seconde contre vents et marées. Ce court roman fait l’apologie des valeurs de l’amitié et de l’inclusion.

L’éditeur du Dauphin Blanc, Alain Williamson a été le pionnier au Québec pour faire connaître chez nous la spiritualité hawaïenne connue sous le nom d’ho’oponopono pour lequel il a consacré de longs chapitres. Il accueille dans sa maison d’édition Didier Gérôme musicien et adepte de ce courant spirituel, qui va pour nous résumer l’essentiel de ce qu’il faut connaître à ce sujet.  Ho’oponopono express. Une petite plaquette qui se limite aux préceptes de base. A partir de quoi vous pourrez, si ça vous convient, faire de plus grandes explorations. Puis Johann Gauthier ce coach de vie bien actif, nous fait partager le fruit de sa sagesse dans Tout est lumière. Fonctionnaire au fédéral il a écopé d’un épuisement professionnel qui l’a mené à tout quitter pour entreprendre une année de ressourcement à Washington auprès de coach de vie. Et ainsi il se rendit compte que ce serait désormais sa mission, d’éclaire les autres sur le but réel du passage terrestre et comment trouver l’illumination en soi. L’auteur puise beaucoup dans des anecdotes personnelles pour mieux comprendre comment il en est arrivé à échafauder ses certitudes. Sans l’ombre d’un doute cette lecture vous procurera un bien-être.

Aux éditions Cristal Stéphane Marquis débarque avec Vies antérieures guide pratique. Comme le sous-titre mentionne « l’incroyable influence de vos vies passées sur votre vie présente » nous sommes devant un manuel de réincarnation. Tout au long des pages c’est une exhortation à garder toujours le calme en toutes choses. Et de procéder à une régression dont on vous expliquera de quoi il s’agit Le dernier chapitre passe rapidement sur une définition des différentes peurs qui marquent les gens comme la peur de porter des cravates qui est peut-être le signe que dans une vie antérieure on a été confronté à une pendaison!

 

 


 


Poèmes sur le rapport à la consommation

On dira tout ce qu’on voudra du poète Charles Sagalane mais on ne pourra pas l’accuser de ne pas avoir les deux pieds sur terre. Au contraire, l’homme ne se perd pas en rêveries et nous offre dans son recueil Bric-à-brac au bord du lac un regard d’une extrême lucidité par rapport à l’objet, à la consommation. D’abord dans sa propre vie quotidienne. Rarement un ouvrage de poésie interpelle t-il autant le lecteur. Car c’est un thème choisi qui n’est pas déconnecté de nos préoccupations. En fin de lecture on sent comme soudainement le besoin de vivre en mode léger, de se débarrasser du superflu. C’est un hymne à la simplicité volontaire, un concept qui on dirait n’est plus en vogue depuis que les réseaux nous inondent de types dits « influenceurs » qui nous exhortent à toujours dégoter le truc « in ».  Chapeau le poète pour cette action salutaire.

Bric-à-brac au bord du lac. Charles Sagalane. La peuplade 218p.    
www.lapeuplade.com

 

 


 


Contre une guêpe terrible

Aux éditions L’Interligne on frappe fort avec une fiction qui sera au livre ce qu’est le plus captivant des blockbusters au cinéma. Il a pour titre Dévorés et son auteur Charles-Étienne Ferland a une imagination fertile. Jugez vous-même. La civilisation est sous la coupe d’une guêpe effrayante, qui dévore tout sur son passage, anéantissant les récoltes et privant l’humain de sa nourriture. Et pire, non satisfaite de tout gober, l’insecte terrible s’en prendra aux hommes. Il y a un moyen de s’en sortir et il est périlleux. Et quel plaisir a dû prendre l’écrivain qui connaît bien les bibittes puisqu’il est étudiant à la maîtrise en entomologie. S’il s’est éclaté, de notre côté c’est avec jubilation que l’on tourne chaque page en se disant, mais diable comment cette abomination va-t-elle prendre fin ? Avis à ceux qui décernent des prix littéraires, on invite à regarder de ce côté-ci, il le mérite.

Dévorés. Charles-Étienne Ferland.   Les éditions L’Interligne 211p.     www.interligne.ca

 

 


 


Se dépêtrer dans l’univers d’Internet

La passionnante collection d’ouvrages sur le journalisme publiée par les Presses Universitaires de Grenoble recèle des perles. Comme ce dernier opus Chercher et enquêter avec Internet. Son signataire Olivier Bot est rédacteur en chef adjoint et chargé des projets Web de la Tribune de Genève. En plus in enseigne la recherche sur Internet à l’École de journalisme de Grenoble. Il était donc le mieux placé pour nous aider à nous dépatouiller dans l’univers étourdissant de la Toile. Et on n’a qu’à lire le chapitre concernant Twitter. Il y a désormais tellement de fonctionnalités que ça vous donne le tournis. Ensuite il nous guide sur la manière de débusquer la « fake news » si chère au locataire actuel de la Maison-Blanche. Le grand mérite de sa démarche didactique c’est de ne pas s’adresser qu’au cénacle journalistique, à tous ceux qui veulent maximiser l’usage du web. Ici on tutoie l’excellence.

Chercher et enquêter avec Internet. Olivier Bot. PUG 140p.    www.pug.fr

 

 


 


Sur la sécurité internationale

Le pape Paul VI a eu beau en son temps, d’implorer l’humanité du haut de la tribune des Nations-Unies ou bien un Raymond Lévesque de chantonner « Quand les hommes vivront d’amour », l’homo sapiens a de la graine de violence en lui. Il fut un temps même où cherchant noise à son semblable, les droitiers s’en prirent aux gauchers. La guerre est dans l’ADN humain. C’est pourquoi les États et la société civile ont senti la nécessité de se doter d’organismes ayant pour mission de tenter de préserver la sécurité internationale. Delphine Deschaux-Dutard qui est enseignante-chercheure à l’Université Grenoble-Alpes et qui est une autorité concernant les enjeux internationaux, s’est fendue d’une Introduction à la sécurité internationale qui fait l’inventaire des organisations en présence et comment s’exerce la régulation des conflits.

Introduction à la sécurité internationale. Delphine Deschaux-Dutard. PUG 255p.       www.pug.fr

 

 


 


Deux îles de l’imaginaire du Nord, l’Islande et le Groenland

Elles sont aujourd’hui mieux connues, nous parlons ici de ces deux îles voisines, l’Islande et sa géante voisine le Groenland la plus grande du monde. Mais en même temps force est d’admettre qu’entre nous, on serait bien embêté de discourir sur ces contrées lointaines. Avant l’année 1500 il n’y avait aucun document pour faire référence. Et au fur et à mesure, grâce à l’imprimerie naissante, la diffusion des connaissances permettra de révéler au monde l’existence de ces lieux assez hostiles. A toute fin pratique, deux qui en savaient un rayon étaient ceux qui devaient commercer dans ces parages. Si le cœur vous en dit de partir à leurs découvertes nous vous signalons ce livre magnifique de Sumarlioi R. Isleifsson « Deux îles aux confins du monde Islande et Groenland. Tout ce que vous n’osiez demandé à leur sujet s’y trouve. En même temps qu’il survole l’histoire de ces régions il narre les perceptions qu’ont eu certains explorateurs en leur temps. Nous nageons ici en plein exotisme.

Deux îles aux confins du monde, Islande et Groenland. Sumarlioi R. Isleifsson. Presses de l’Université du Québec 241p.     www.puq.ca

 

 


 


Tribulations politiques autour du Prix Nobel de littérature en 1933

Pour l’Histoire l’écrivain russe exilé en Français Ivan Bounine décrochera le Prix Nobel de littérature en 1933. Ce qui ne dut certainement pas faire l’affaire du régime soviétique, car le lauréat était farouchement anti-communiste alors que les soviets auraient certainement aimé voir leur héros national en littérature Maxime Gorki remporter la palme. A partir de ces faits Pierre-Louis Gagnon a conçu un roman La disparition d’Ivan Bounine. Comme le temps qui nous est imparti est limité et ne nous permet pas de démêler ce qui sont des éléments réels de ceux imaginés, nous retiendrons toutefois que c’est un thriller à sa façon qui pourrait faire l’objet d’un film captivant. L’écrivain qui manie la langue française avec maestria a mis tous les bons ingrédients de son côté afin de gâter le lecteur. Nous les sommes au superlatif.

La disparition d’Ivan Bounine. Pierre-Louis Gagnon. Lévesque éditeur 215p.    www.levesqueediteur.com

 

 


 


Les hauts et les bas d’un homme de Foi

D’entrée de jeu, un écrivain qui débute son livre par « je suis venu au monde les fesses en premier » accroche déjà son lecteur. Celui qui est aujourd’hui menuisier et écrivain nous livre le récit de sa vie, dans laquelle il consacra quelques années comme prêtre. Homme authentique il se questionnera souvent sur sa démarche en se comparant aux autres. Qui a fait le bon choix ? Puis quand il sera confronté à son existence de mâle en « proie » aux occasions charnelles, c’est là que tout va basculer. Et il retournera à la vie laïque. J’avoue que j’y ai cru est une radiographie d’un Québec que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. C’est un conteur merveilleux qui nous fait voir à travers son parcours comment s’est opéré le déclin de l’Église qui était omnipotente. Le regret avec ces souvenirs c’est qu’on en voudrait davantage.

 

J’avoue que j’y ai cru.  Yves Chevrier. Les éditions Sémaphore 139p.    www.editionssemaphore.qc.ca

 

 


 


 Sur le business du vin

Le vin c’est tout un empire économique mondial où le vigneron s’il joue, c’est l’évidence, le rôle d’acteur premier, il ne réussira qu’avec l’apport d’autres intervenants qui vont en faire la promotion. C’est tout un business avec des règles infinies de production et de commercialisation. Si vous avez envie de pénétrer dans les arcanes de cet uniques, un ouvrage s’impose Des vins et des hommes de Stéphane Olivesi. Il passe en revue toutes les étapes, à commencer par la question des appellations d’origine contrôlée que l’essayiste dénonce pour plus d’une raison et dont la raison d’être s’est dénaturée. Et qu’il y a une quantité un peu trop impressionnante de vins dits haut de gamme. Après lecture vous ne verrez plus votre ballon de vin de la même manière.

Des vins et des hommes. Stéphane Olivesi. Presses universitaires de Grenoble 340p.      www.pug.fr

 

 






 


Le coin santé physique et psychique (1)

Ça n’a pas été souvent souligné comme elles le méritent, mais les éditions du CHU Sainte-Justine accomplissent un travail extraordinaire de diffusion de la connaissance tant dans le secteur de la santé pédiatrique mais aussi sur la pédagogie. Et pour cette rentrée du livre c’est une jolie cuvée de six titres qui débarquent en force avec autant de thèmes passionnants. Comme Trucs et astuces pour étudier de l’orthopédagogue Lise Morin. On est encore demeuré vis-à-vis de l’apprentissage du savoir avec de vieux réflexes qui tournent autour de l’effort à faire, alors que ce devrait être un plaisir. Et les parents, premiers éducateurs en titre, sont souvent dépassés rudimentaires sur les méthodes à employer pour que les petits bouts d’choux assimilent les notions élémentaires. Elle présente une foule de petits trucs pour contourner les difficultés comme les temps en langue française.

Ailleurs c’est la travailleuse sociale Colette Sauvé dont on réédite son classique, Apprivoiser l’hyperactivité et le déficit de l’attention. Qui s’il est destiné aux rapports avec les jeunes va,  l’ère numérique, être d’une utilité pour que les plus vieux, devenus déficitaires en attention pour cause de trop de d’addictions aux jeux sur écran et consultations sur portable. Un chapitre éclairant est celui sur les méthodes punitives appropriées quand l’enfant se montre insupportable. Dans un même registre, un autre livre complète le précédent L’agressivité chez l’enfant de 0 à 5 ans de Sylvie Bourcier. Au Québec où on ne tolère aucune agressivité, pas même de faire de vagues, voire de vaguelettes, il faut voir ce qu’en dit cette consultante en petite enfance face aux manifestations de caractère.

Une autre réédition d’un ouvrage qui fait autorité Enfin je dors et mes parents aussi de Evelyne Martello. Cette infirmière clinicienne qui œuvre à la Clinique du sommeil de l’Hôpital Rivière-des-Prairies Tout ce qu’il faut savoir sur les conditions idéales à la venue du sommeil est détaillé dans ces pages et comment faire lorsque le sommeil se fait capricieux. C’est rempli de bons conseils, car cette période où tout ne doit être que récupération est fondamentale sur le comportement de l’humain dans son ensemble.
Ils sont trois Richard Cloutier, Lorraine Filion et Harry Timmermans qui signent Les parents se séparent. On a beau dire qu’il y a tellement de parents divorcés autour de l’enfant que ça en deviendrait presque banal. Oh que non. La séparation d’un couple a des conséquences sur la psyché de l’enfant. Comment atténuer les séquelles, idéalement les prévenir, tout est dit dans ces chapitres éclairants. On évoque des moments où l’enfant de retour de chez un des parents lors d’une garde partagée, qui se met à faire des cauchemars. Le mot clé qui revient de façon récurrente c’est la qualité de la communication parentale.

Germain Duclos fort de ses 30 ans de pratique comme orthopédagogue et psycho éducateur a raison de qualifier L’estime de soi titre de son essai comme le passeport pour la vie. Car s’il y a un déficit majoritaire dans le développement de l’humain c’est bien de ce côté-là qu’il faut regarder et dont on ne mesure pas encore assez les conséquences au niveau de la dynamique. La question alors se pose, mais comment inculquer cette fameuse confiance en soi dont on parle tant dans les ouvrages de croissance personnelle ? Y a-t-il une recette magique ? Tout est dit au fil des chapitres.

Et enfin c’est l’orthophoniste Marie-Ève Bergeron-Gaudin qui partage ses connaissances dans J’apprends à parler où elle traite du développement du langage chez les 0 à 5 ans. Si votre enfant a des lacunes ou des retards, voici le manuel tout trouvé pour identifier la problématique et la circonscrire. Et elle rappelle avec justesse combien est important le rôle du parent quand on sait que l’enfant est un imitateur né. Et qu’à partir de ce constat on peut bâtir énormément.

 

 








 


Le coin santé physique et psychique (2)

Claudine Bélisle sait plus qu’une autre que la vie n’est pas un long fleuve tranquille. Elle a eu sa part d’épreuves et est l’incarnation de ce fameux adage que ce qui ne tue pas nous rend plus fort. Elle se raconte dans La guérison de l’Être qui se veut un espoir pour les âmes meurtries. La conférencière qu’elle est transmet ce message qu’il ne faut pas traîner derrière soi son boulet de vie mais qu’il faut faire preuve de résilience. C’est aux éditions de l’Apothéose.
Colette Portelance est une pointure. C’est elle qui fonda le Centre de relation d’aide de Montréal. Et la particularité de cette femme d’exception c’est son immense capacité d’empathie. Il faut lire La communication authentique ou comment approfondir ses relations intimes. Ce classique édité pour la première fois en 2011 est d’une terrible actualité à notre époque où les contactes, surtout dans la jeune génération, ne sont que virtuels. L’ère numérique engendre déjà son lot de souffrances lorsque l’on se rend compte qu’on n’a pas de réels amis. Mais une fois que le contact est en mode réel, le tout doit se gérer. Et c’est là que ces conseils dispensés dans ces pages nous aident à nourrir de belles relations. C’est aux éditions du CRAM.

Aux Presses de l’Université du Québec un livre majeur, Les violences à caractère sexuel un essai sous la direction de Saïd Bergheul et Mylène Fernet. On commence par rappeler des statistiques troublantes. Ainsi en 2014 l’Organisation mondiale de la santé rapportait que dans le monde 20% des femmes avaient fait l’objet de violences sexuelles dans leur enfance  et de 5 à 10% des hommes. C’est considérable d’une part. Avec des conséquences dont on ne mesure pas l’étendue en termes de séquelles psychiques. Tout est passé en revue, allant des signalements à l’encadrement des victimes, notamment au Québec jusqu’à des apports plus pointus comme ce type de violence dans les communautés autochtones. Aucun aspect on le voit bien n’a été négligé dans cette étude qui met en lumière l’énormité du problème. 

Dans un autre domaine, enfin un médecin qui fait bande à part et qui prend la belle énergie des jeunes qu’il ne confond surtout pas d’emblée comme trop de ses confrères en syndrome du TDAH avec à la clé une jolie prescription de l’industrie pharmaceutique. Le Dr. Guy Falardeau lance Tout ce qui bouge n’est pas TDAH aux éditions de l’Homme. Il va rassurer nombre de parents qui sont ameuté par les syndromes dans l’air du temps, TDAH et autisme. Ce pédiatre définit bien sûr le TDAH et apporte les nuances nécessaires qui permettent de ne pas l’associer à d’autres types de comportements. En fin d’ouvrage il déplore qu’on appose l’étiquette TDAH à trop d’enfants qui n’en sont pas, avec des médications néfastes. Bref, la connaissance du sujet permet d’avoir moins peur et c’est tout l’intérêt de cette lecture.

C’est une femme de 93 ans qui nous parle de sexe et pas n’importe qui, nulle autre que l’icône québécoise Janette Bertrand qui publie en compagnie du professeur Michel Dorais qu’elle connaît depuis trente ans Vous croyez tout savoir sur le sexe ? chez Libre Expression. Y a-t-il encore des choses qui n’auraient pas été dites et écrites sur le sujet ? C’est que l’ignorance est crasse, surtout dans le domaine de la sexualité. Il faut se rappeler que dans les années cinquante et soixante quand elle était ce qu’on appelait alors courriériste du cœur, elle devait rassurer des jeunes filles qui se demandaient avec inquiétude si on risquait de tomber enceinte en embrassant un garçon. On s’imaginerait que depuis toutes ces décennies on en sait plus ? Inquiétant plus tôt quand l’autre jour, à l’occasion d’un reportage sur la campagne électorale en cours, on demanda à une jeune fille de dix-huit ans d’identifier lequel leader politique aurait son adhésion, et pointant son doigt sur Philippe Couillard, elle l’identifia par « lui » sans le nommer car elle le voit parfois sur les réseaux sociaux! Il est facile d’imaginer ce qu’elle aurait eu à dire sur les mérites du clitoris et de la pénétration anale! Eh bien c’est encore à Janette Bertrand que l’on doit de comprendre que tout est encore à faire car le sexe est encore tabou à domicile et que l’éducation a mis l’enseignement de la sexualité au programme avec le risque que l’on passe très vite sur le plaisir et l’orientation sexuelle, de crainte de donner le goût aux jeunes de faire des explorations. Faites confiance aux religions qui ne tarderont pas à montrer au front. Comme les « sheds » ont disparu de nos ruelles qui étaient jadis les premiers lieux d’exploration sexuelle et ou on jouait volontiers au docteur, il va falloir se rabattre sur cet ouvrage salutaire où une nonagénaire n’a aucun scrupule à nommer les choses par leur nom. Et le livre est structuré comme une conversation entre les deux et c’est la dame qui pose des questions, très pertinentes va sans dire. C’est une démarche salutaire que nous saluons bien bas.  

Enfin, aux éditions du Dauphin Blanc voici tout en explications Le chamanisme initiatique de Micheline Simard. Ce livre spirituel est rien de moins que l’enseignement de l’Aigle Bleu un chaman canadien qui a eu son initiation chez les Cherokees. C’est tout un univers qui englobe la médecine, les objets sacrés, les prières et rituels, etc. L’auteure qui est ici le relais de ce savoir ancestral a elle-même bénéficié des enseignements du maître. A l’heure où il y a un intérêt manifeste pour les cultures des Premières Nations, ce livre tombe à point nommé.

 


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