- LIVRES fevrier 2018 -
 
 


 

Un roman troublant sur un bébé mort-né

Avis aux écrivains stigmatisés par le syndrome de la page blanche, allez faire un tour du côté d’Ariane Bessette qui a simplement puisé dans une histoire simple de quoi bâtir tout un roman qui tient en haleine de la première à la dernière ligne. En effet La Crue relate l’histoire d’une femme qui accouche d’un bébé fille à qui on va rapporter que ce poupon est mort-né. Elle ne le verra donc pas, aussitôt accouchée, aussitôt enlevée. Déjà qu’en soi c’est un drame de vie. Mais voilà que trente-trois ans plus tard un téléphone laisse entendre que l’enfant n’est peut-être pas mort…Nous vous laissons le bonheur de prendre connaissance vous-même de la suite. Car la maman endeuillée va partir en quête de la vérité. C’est écrit simplement sans affectation littéraire. La narration des événements fait la force de ce texte.

La Crue. Ariane Bessette. Québec Amérique 160p.    


 


 

Un noir qui agit comme confesseur en Flandre

Parmi les derniers arrivages, un livre détonne sur le reste par sa grande humanité. C’est un roman ayant pour titre Trente jours écrit par une femme de lettres néerlandaise Annelies Verbeke qui nous transporte en Flandre Occidentale où s’est établi un ancien contrebassiste de jazz noir qui s’est mué en peintre en bâtiment pour des raisons qui lui appartiennent. Mais il arrivera que dans l’exercice de sa nouvelle vocation il va attirer à lui des gens qui ont un besoin irrépressible de se confier. Et les gens vont s’ouvrir à lui en plaçant toute leur confiance. Et lui, altruiste dans l’âme, trop heureux d’apporter tantôt des réponses aux problèmes, tantôt des consolations. La beauté de la démarche de l’écrivaine, c’est de rappeler que la réalité de la vie est bien plus importante que la réalité virtuelle des réseaux sociaux et que les gens sont par définition grégaire et ont besoin des autres en vrai. Elle replace l’humain au centre du décor.

Trente jours. Annelies Verbeke. Fleuve 393p.   www.fleuve-editions.fr


 


 

L’enlèvement d’une Sabine

L’enlèvement des Sabines d’Émilie de Turckheim l’emprunte à cette mythologie des débuts de l’histoire de Rome alors que les romains voulant peupler leur capitale enlèvent les femmes de leurs voisins les Sabins pour en faire des procréatrices, jouissant en contrepartie de beaucoup de considération. Ici la Sabine dont il est question est une femme qui démissionne de son boulot et à qui ses camarades vont offrir une petite fête de départ. Et pour l’occasion on lui remet un cadeau vraiment inapproprié, une sex doll, une poupée érotique comme on s’en procure dans les sex-shops. La récipiendaire de cet étrange présent, va être outrée et décontenancée par ceux qui se sont permis de lui offrir pareil cadeau. Rendue à la maison Sabine doit aussi composer par un conjoint charmeur à l’extérieur sous tous rapports, mais qui une fois chez lui se comporte en tyranneau. Alors la fameuse poupée comme vous allez le voir, va jouer un rôle dans ce climat domestique infernal. Ce roman vous l’adorerez pour la grande imagination de dame Turckheim qui a toujours l’art de nous surprendre là où on s’y attend le moins. Et quel beau film cela ferait en passant.

L’Enlèvement des Sabines. Émilie de Turckheim.  Héloïse d’Ormesson 206p.      www.editions-heloisedormesson.com


 


 

Labyrinthe romanesque

Il était une fois une jeune fille au cœur en porcelaine, Emma, qui va rencontrer son Roméo prénommé Marc au pied d’une grande roue. Il y a disons-le, un écart d’âge, lui ayant accédé au statut d’homme. Mais comme l’a dit quelqu’un l’amour rend aveugle et comme un autre dicton dit qu’on connaît très bien quelqu’un surtout le lendemain, La jeune énamourée se rendra compte qu’elle n’est pas tombée sur la personne qu’elle recherchait exactement. Et en marge de leur histoire que l’on va suivre dans son déroulement La grande roue de Diane Peylin nous fait voir d’autres destinées marquées à la dure. Chacun chemine ici bas comme il peut. C’est du grand roman nul doute là-dessus et qui fera vivre à ses lecteurs de grandes exaltations de l’âme.

La grande roue. Diane Peylin. Les Escales 248p.    www.lesescales.fr


 


 

Du vol d’identité littéraire

Jean Contrucci dans Le vol du gerfaut nous a concocté toute une histoire qui mérite d’être lue par le plus grand nombre. Jugez vous-même. C’est un écrivain de renom qui se fait tirer l’oreille depuis une décennie afin qu’il daigne livrer un dernier opus. Mais lui craint par-dessus tout que ce soit le livre de trop. Alors pour mettre tout de même un peu de piment dans son existence et attirer l’attention sur lui, laisse croire qu’il a été victime d’un vol de ce fameux dernier manuscrit. C’aurait été un fabuleux « stunt » publicitaire, se ce n’est que le document va lui parvenir, les épreuves de son roman mais portant une signature autre que la sienne. Est pris qui croyait prendre. Comment se démerder en pareil cas ? Voyez ce que va entreprendre le réel titulaire de sa création littéraire volée.

Le vol du gerfaut. Jean Contrucci. HC éditions 236p.   


 


 

La traque des FLN durant la seconde phase de la guerre d’Algérie

Les passionnés de récits de guerre ont un beau morceau à se mettre sous la dent avec Les commandos de chasse, embuscades en Algérie coécrit par l’ex militaire Pierre Cerutti qui a combattu durant cette période trouble de l’histoire contemporaine de la France et Jean-Christophe Damaisin d’Arès qui une licence en psychologie et qui est aussi diplômé de l’École de guerre économique. Très intéressés par les enjeux de notre temps il a écrit sur les drones, l’intelligence économique et le terrorisme islamique. Ici ils narrent ces petits détachements de l’armée française qui sont allés à la traque des commandos du FLN éparpillés un peu partout et souvent dans des lieux difficiles d’accès. D’où des combattants aguerris pour finir par les débusquer et éradiquer leurs forfaits. Ça se lit avec emportement.

Les commandos de chasses, embuscades en Algérie. Pierre Cerutti et Jean-Chritophe Damaisin d’Arès.  Éditions JPO 175p.    


 


 

Une grande fresque sur la négritude

Quand on a fini de terminer cet énorme pavé qu’est Il est à toi ce beau pays de Jennifer Richard on fait ouf en s’estimant chanceux d’être né blanc. Car quel poids à porter que de naître avec la peau noire. Comme une calamité qu’on traîne d’un continent à l’autre. Et on ne vous parle pas de leur situation aux États-Unis  où leur sort historiquement est à peine moins enviable que les juifs sous le régime nazi. C’est une vaste histoire romancée de la colonisation du continent africain par des blancs peu importe d’où ils viennent d’ailleurs et qui entendent civiliser ces nègres, ou sinon les asservir ce qui se passait le plus clair du temps, en pillant leurs richesses naturelles. D’un chapitre à l’autre et pas nécessairement dans un ordre historique, on saute de la Belgique au Congo ou des États-Unis ou en Grande-Bretagne. Une façon d’appréhender cette sombre tache dans le bilan de l’humanité et qui se perpétue encore dans un racisme ambiant comme c’est le cas aux USA où les policiers tirent du noir comme on abat des lapins.

Il est à toi ce beau pays. Jennifer Richard. Albin Michel 742p.    


 


 

Un autre beau conte thaïlandais de Jacqueline Ayer

Nous décrivions il y a peu ce merveilleux conte thaïlandais « L’arbre à fleurs de papier » de Jacqueline Ayer qui a séjourné plusieurs années dans ce pays. En voici un autre qu’elle nous rapporte de là bas Le cerf-volant de Nu Dang. Ce dernier est un jeune garçon qui aime bien prendre du bon temps avec son cerf-volant qu’il fait voler le plus haut possible. Hélas pour lui, la corde va glisser entre ses doigts et le cerf-volant s’envoler très loin à l’horizon. Aussitôt son propriétaire se met en quête de le retrouver et interroge le plus de gens possible au cas où quelqu’un l’aurait aperçu. Tout penaud il va rentrer bredouille à la maison, quand…On ne vous dévoile pas la fin que vous découvrirez vous-même. Un autre conte charmant d’une autre culture qui nous permet de nous rendre compte que les besoins fondamentaux des humains demeurent identiques.

Le cerf-volant de Nu Dang. Jacqueline Ayer. Mango    www.mangoeditions.com


 


 

Éloïse la quadragénaire qui fait table rase

Dans le genre « chick-lit » voici un petit bijou en son genre qui devrait, mesdames (car ça s’adresse à vous) vous divertir passablement car c’est une quadragénaire ou du moins qui s’en rapproche très rapidement, qui se pose mille questions de nature métaphysique, genre où vis-je où vais-je. Et qui décide de tout foutre en l’air pour s’écouter un peu plus et faire des expériences en compagnie de copines. Il y en a qui la précède en âge et d’autres qui la suivent dans la génération suivante. Et c’est tout ça que vous découvrirez en sa compagnie dans Demain m’appartient de Claire Mabrut. Cette journaliste parisienne rompue à la presse féminine trouve les mots justes pour décrire les désarrois qui assaillent notre « héroïne ». Vous allez certainement voir dans ses questionnements le miroir des vôtres.

Demain m’appartient. Claire Mabrut. Hugo 307p.      www.hugoetcie.fr


 


 

Un poète haïtien à explorer

C’est grâce à une maison d »édition comme Mémoire d’encrier que nous avons l’opportunité d’être en contact avec les plus beaux fleurons littéraires de la culture créole. Le dernier exemple est celui du poète Jacques Viau Renaud qui fait l’objet d’un essai en collectif sous la direction de Sophie Marinez et Daniel Huttinot. En résumé, cet homme de lettres né à Port-au-Prince en 1941 quittera Haïti pour aller vivre avec sa famille en République Dominicaine. Lorsque surviendra l’invasion américaine il se rangera du côté de la rébellion. Il mourra de ses blessures. On lui décernera de manière posthume la nationalité dominicaine. Voici un extrait de sa poésie qui illustre la couleur de son verbe « Il n’est plus nécessaire d’attacher un homme pour le tuer il suffit de pousser un bouton pour le dissoudre, montagne de sel sous la pluie. Il n’est plus nécessaire de l’accuser de mépriser son maître il suffit de proclamer sourcils froncés  qu’il mettait en péril vingt siècles d’existence ».  De quoi donner le goût d’aller à sa rencontre comme l’on fait les participants à ce beau tribut.

J’essaie de vous parler de ma patrie. Jacques Viau Renaud. Collectif. Mémoire d’encrier 147p.       www.memoiredencrier.com


 


 

Le créateur du vilain sapin de Montréal raconte son périple italien

Mettez un fabuleux beau mec, qui a une préférence pour les hommes dans un  malaxeur, ajoutez-lui une très belle culture, se débrouillant pas mal en italien et vous avez au final Jean-David Pelletier qui a fait dans le mannequinat avant de bosser dans le monde du spectacle. Il aura eu son quinze minutes de gloire et même un peu plus, avec cette idée qu’il a eu d’installer un vilain sapin au centre-ville de Montréal. Qui est devenue objet de risée. Suffisamment traumatisant pour son idéateur que celui-ci n’a trouvé pas mieux de prendre le premier avion pour aller accomplir un très beau voyage en Italie qu’il détaille avec un humour dévastateur. Exemple. Une femme assez expansive aux seins refaits, prénommé Catarina, veut qu’il touche ses protubérances et qu’il les commente ensuite. Ça ne lui dit absolument rien. Mais à force d’insistance il enfuit vitement sa tête entre les lolos pour ensuite déclamer un sonnet de Clément Marot poète de la Renaissance française, célébrant les tétins. Vous voyez le genre. On ne s’ennuie pas un instant avec notre auteur qui est un conteur hors pair. Les cocottes du vilain sapin ou la folle épopée de Johnny-D. Du bonbon.

Les cocottes du vilain sapin ou la folle épopée de Johnny-D. Jean-David Pelletier. Les éditions de L’Homme 230p.    

 


 




 

Deux découvertes à faire à La Peuplade

La maison d’édition saguenéenne La Peuplade accompli un travail littéraire sur le terrain qui vaut le détour. A preuve voici deux titres majeurs qui sortent en librairie. D’abord Les querelleurs de France Théoret qui est une pointure puisqu’elle est depuis peu membre de l’Académie des lettres du Québec et lauréate en 2012 du prix du Québec Athanase-David pour l’ensemble de son œuvre. Dans ce roman elle parle d’un contentieux juridique qui va s’étendre sur quinze ans et qui oppose un éditeur et un auteur, tous deux jouissant dans leur domaine d’un niveau de renommé. Elle décortique très bien tout ce qui peut se passer dans la tête des protagonistes dans leur vision chacune de ce qui doit être. De plus, comme elle est une féministe engagée, la romancière jette un regard critique sur ces combats de coq au masculin. C’est une belle radiographie d’un milieu pour ceux qui ne le connaisse pas.

Changement de climat total avec Henri de ses décors de Laurance Ouellet Tremblay. Quand une poétesse se met à écrire une histoire en prose ça vous donne de la valeur ajoutée. Car les poètes ont ce don de triturer tout ce qui cogite dans l’âme des gens. Son personnage Henri, un créateur de décor, est un dominant. Et tout comme l’ouvrage précédent qui nous plonge dans les arcanes du monde de l’édition, cette fois on voit les sensibilités qui s’activent dans l’univers théâtral. C’est une grande poétesse que vous avez à fréquenter. Car les poètes ont ceci qu’ils nous amènent dans des univers planants comme c’est le cas ici.


 


 

L’errance d’un pianiste

Est-ce que le pianiste Alex Toth est désabusé au point de mettre sa carrière en péril ? En tout cas, cet instrumentiste de renommée internationale, tel que nous le présente son romancier Daniel Lytwynuc semble beaucoup s’ennuyer dans les hauteurs où il se trouve. La rencontre d’une peintre cadette en âge, va venir mettre du sel dans son existence, mais vous verrez à quel prix. L’auteur semble s’inspirer de faits réels nous dit-il en quatrième de couverture. Ce ne dut pas être facile pour ce pianiste de vivre psychologiquement de la manière dont il a mené sa vie. Vous apprendrez au final s’il choisira la rectitude attendue par son milieu où persistera t-il dans la marginalité ? En passant c’est très, très bon. Alex Toth (erratum). Daniel Lytwynuk. Québec Amérique 173p.    www.quebec-amerique.com


 


 

Un Jules et Jim nouvelle à la monture contemporaine

Essayez de vivre à trois et de défier les pressions sociales est un sacré défi. C’est une des réflexions qui nous passe par la tête en lisant Le cœur content de Nanouchka van Moerkerkenland. Elle met en scène une femme et deux hommes qui ont fait le pari de tout partager ainsi que leurs amours. C’est du Jules et Jim à la sauce contemporaine. Sauf que tout pourrait être dans le meilleur des mondes si ce n’est que le destin va contrarier cette union singulière qui se voulait pérenne. Dès la première ligne on accroche et l’écrivaine ne nous laisse aucun répit. On envie cette belle liberté de mœurs que s’octroie le trio. Mais y aurait-il toujours un prix à payer dès qu’on s’écarte de la norme ?

Le cœur content. Nanouchka van Moerkrkerkenland. Gallimard 227p.  


 


 

L’histoire trop méconnue des pilotes de chasse femme en URSS

Il y a quelques semaines, on diffusa à la télé, un formidable et rare documentaire su un pan méconnu de la Seconde guerre mondiale, à savoir l’importante contribution des femmes dans l’armée soviétique, tant dans les airs comme pilotes de chasse que sur la terre dans les régiments d’infanterie. Si vous avez raté cette diffusion ou que vous l’avez vu mais que vous auriez aimé en savoir davantage, voici que sort Femmes dans un ciel de guerre de Martine Gay qui se penche sur la contribution des aviatrices russes entre 1941-1945. C’est une pilote Marina Raskova qui convainquit la défense soviétique de recruter et de former en un temps record des jeunes filles qui allaient seconder l’effort de guerre. S’il y avait bien un communisme égalitaire ce fut sous cet aspect qu’il se vit. Les novices de l’air étaient tout de même jeunes, entre 17 et 25 ans. Qui se montrèrent d’une vaillance telle qu’on leur accola des surnoms de femmes redoutables. L’auteure qui se fait historienne est elle-même pilote et a rencontré deux de ses femmes vétérans. C’est toute une épopée qui va se dérouler sous vos yeux et qui rend justice à ces femmes qui n’avaient pas froid aux yeux.

Femmes dans un ciel de guerre. Aviatrices russes 1941-1945. Martine Gay. Éditions JPO 149p.       www.editions-jpo.com


 


 

Le développement durable : communiquer, mobiliser et agir

La question du développement durable et la prise de conscience que l’on veut susciter à cet égard passe par trois étapes, la communication, la mobilisation et l’action. Pour ce qui est de la communication voici un essai qui fera date car il met au jour les méthodes entreprises pour convaincre de la nécessité de la protection de l’écosystème. Développement durable est une recherche entreprise sous la direction de Solange Tremblay, Nicole D’Almeida et Thierry Libaert. «Évidemment on ne pouvait passer sous silence cette méga rencontre internationale que fu la COP21 à Paris. On raconte comment elle s’est organisée et comment s’est fait justement la communication. Puis on verra comment et de façon graduelle, les entreprises ont senti que c’était dans l’air du temps d’afficher une profession de foi envers la protection de l’environnement.

Développement durable. Collectif. Les Presses de l’Université du Québec 323p.    www.puq.ca


 


 

Le combat de la première femme dans l’infanterie canadienne

Au lieu que Téléfim Canada et la SODEC financent des scénarios de films québécois si ennuyeux, chers organismes de subventions du cinéma, suggérez donc aux producteurs d’aller puiser leurs histoires dans des livres comme celui que fait paraître Sandra Perron qui a pour titre Seule au front et qui raconte son histoire à titre de première femme officière à avoir accédé au corps d’infanterie de l’armée canadienne. Dire qu’elle en a bavé est un euphémisme. C’est que les mâles militaires ne voulaient absolument pas d’une femme dans leurs rangs et ne se sont pas gênés pour lui faire savoir. Déjà que l’entraînement est à la dure pour les hommes, figurez-vous ce qu’on lui a fait enduré pour la décourager dans son rêve de faire carrière au sein des forces armées. Elle a été victime d’harcèlement constant et a même subi un viol suivi d’un avortement consécutif à cette agression sexuelle. Et on en passe. Elle a persisté, mais au final au lieu de lui octroyer une promotion attendue on l’a rétrogradé, mon pas de son rang qu’elle avait, mais en l’assignant à une tâche subalterne. Si elle a encaissé tout ce calvaire, c’est qu’elle ne voulait pas prêter flanc à des commentaires ségrégationnistes du genre, on sait bien c’est une femme. C’est un récit remarquable d’une femme entêtée et qui aujourd’hui fait dans la philanthropie et prononce des conférences. Elle est rien de moins qu’inspirante.

Seule au front. Sandra Perron. Québec Amérique 411p.  
www.quebec-amerique.com


 


 

Le brûlot incandescent sur Donald Trump

Ce bouquin de Michael Wolff sur Donald Trump était attendu, c’est le moins qu’on puisse dire. Surtout qu’on en avait eu des bribes avant la sortie de l’édition en langue anglaise qui nous donnait le goût de sauter sur la version française dès sa sortie. La voici sous le titre suivant Le feu et la fureur. On se souviendra que le journaliste avait réussi à gagner la confiance du clown qui occupe actuellement le Bureau Ovale en lui laissant croire qu’il allait faire un portrait flatteur de sa personne. Or c’est tout le contraire qui va se produire. Il le dépeint comme un instable, ça on s’en doutait, mais ce livre nous explique comment ça se traduit au quotidien de l’exercice du pouvoir. C’est un livre inquiétant car il fait la démonstration noir sur blanc que ce type est un incapable absolu. Un incompétent qui gère la Maison Blanche à la manière d’un homme d’affaire, virant tout le monde au gré de sa fantaisie ou provoquant des démissions en règle. Trump quand il a eu vent de la tonalité du contenue a voulu faire interdire sa publication. Il lui a donné au contraire un formidable coup de publicité. Contribuant à faire de ce livre un best-seller avec déjà un million de copies de vendues. C’est à lire absolument pour connaître réellement la personnalité du président des États-Unis.

Le feu et la fureur. Trump à la Maison Blanche. Robert Laffont 370p.    


 


 

Une nouvelle saga d’intériorité de Marilyn

Marilyn Montplaisir nous avait déjà gratifié d’une série en trois tomes « Marilyn » qui trouva vite ses lecteurs, a preuve qu’elle récidive avec une nouvelle saga Le journal d’un ange tome 1 « Renaissance » qui est  présentée comme un long roman, mais qui a une saveur autobiographique. L’ancienne directrice artistique de l’hebdomadaire La Semaine vit maintenant au Costa-Rica. Elle nous entretient tout au long de ces pages de son questionnement intérieur et du sens qu’elle veut donner à son existence. C’est une transparence qui va toucher encore une fois le public qui se trouve en démarche. Car si l’humanisme fait défaut en cet ère numérique, l’authenticité va gagner comme valeur première.

Le journal d’un ange. Tome 1. Marilyn Montplaisir. Le Dauphin Blanc 306p.    www.dauphinblanc.com


 


 

Des nouvelles mettant en scène des personnages haïtiens

Voici un petit recueil de nouvelles que d’ordinaire on verrait publié chez Mémoire d’encre qui se spécialise notamment dans la littérature créole. Non, cette fois c’est aux éditions L’Interligne. Il a pour titre A l’ombre des érables et des palmiers. Son auteur, Guy Bélizaire, haïtien lui-même, nous donne à lire quatorze nouvelles dont la particularité c’est qu’elles mettent de l’avant autant de ses compatriotes. C’est écrit avec une très grande finesse et une quête de sens. Comme ce personnage qui déambule rue Sainte-Catherine à la recherche d’une âme sœur ou du moins un communicant. Mais il n’ose pas, même dans un bar, entreprendre une quelconque conversation, voyant que beaucoup de ceux qu’il voit ont peut-être aussi une douleur. On se verra beaucoup à travers ces personnes toutes en sensibilité.

A l’ombre des érables et des palmiers. Guy Bélizaire. L’Interligne 116p.    www.interligne.ca


 


 

Que peut-il bien se passer dans la tête d’un migrant

La question migratoire est dans l’air du temps, qui voit des populations entières, pour mille raisons, quitter leur terre d’origine pour tenter de trouver un coin de paradis ailleurs, si tant est qu’il s’en trouve un ici bas. Claude Lemay se sent concerné par ce thème du migrant au point d’en consacrer un opuscule Le migrant où il investit la pensée de ces personnes qui ont quitté leur environnement pour un ailleurs avec l’espoir de lendemains qui chantent. Et puis en plus de la réalité du propos, il y a un écrivain qui domine avec une langue belle. Deux raisons pour faire un tour de ce côté. Là.

Le migrant. Claude Lemay. Les éditions de l’Apothéose 122p.    www.leseditionsdelapotheoseécom


 








 

 Le coin santé physique et psychique

Le célèbre trio américain champion de la croissance personnelle formé de Jack Canfield, Mark Victor Hansen et Stephanie Marston s’adresse à madame avec les 7 ingrédients essentiels pour une vie équilibrée pour la femme aux éditions Béliveau. C’est écrit dans l’esprit de la saga à succès « Bouillon de poulet » qui a fait la fortune de ses auteurs. Ici on trouve quarante cas vécus servi à la manière de nos voisins du sud où chacun trouvera son compte par une lecture inspirante avec objectif de redonner confiance à ceux qui en manque.

Maintenant un réquisitoire détonnant qui oppose un sérieux démenti aux féministes radicales qui sont toujours prêtes è ranger tous les hommes dans la même catégorie, à savoir de fieffés cochons. Zéro macho de Florence Montreynaud chez M éditeur est pourtant écrit par une féministe, celle-là au moins tempérée et qui sait faire la part des choses. Cette historienne et linguiste a lancé un mouvement qui donne son titre au livre, à portée internationale, où les adhérents ou signataires disent un non ferme à la prostitution. Parmi ceux-là des mâles qui sont allés au bordel peut-être une fois et qui n’ont pas envie de récidiver. Cet ouvrage donne aussi à ceux qui ne connaissent pas bien les hommes et qui entretiennent à leur endroit des préjugés, d’offrir un éclairage sur ce qu’ils sont en réalité. C’est une rédaction salutaire au moment où la planète femme s’emballe dans le cadre de la campagne me too.

La maison d’édition Tabou depuis belle lurette nous enchante, avec des ouvrages sulfureux et le dernier en date qui nous arrive, témoigne des principes éditoriaux qui la guident. En effet Françoise Simpère présente Aimer plusieurs hommes. Elle se fait chantre du « polyamour ». En cela elle rejoint Maupassant qui lui ne trouvait du plaisir que dans la variété, affirmant qu’un amateur de vin ne saurait se contenter que d’un verre de rouge. Elle ne parle pas d’infidélité dans son vocabulaire mais de fidélités plurielles et elle prône que toute vérité n’est pas bonne à dire, surtout pour celui qui ne veut pas la recevoir, ici le mari. Elle-même pratique l’amour libre depuis plus de trois décennies. Elle nous dit tout ce qu’il faut savoir des enjeux que cela concerne.

Depuis que le ministère de l’éducation du Québec a été créé, on a essayé combien de programmes scolaires, fait l’essai de laboratoires pédagogiques. Et tout le monde a sa petite idée de ce qu’est l’éducation. Parents comme premiers éducateurs, corps enseignant et hauts fonctionnaires de l’éducation devraient se rapporter à un seul ouvrage qui fait référence Éduquer pour rendre heureux de Colette Portelance  aux éditions du Cram. Elle reprend dans ses pages, les fondamentaux de ce que doit être la transmission de la connaissance et dans quel environnement cela doit se faire. C’est si limpide que jamais personne n’est parvenu à mettre cet idéal en pratique. On a sacrifié des générations d’élèves et on en paie le prix très cher avec des décrochages à la pelle. Cet essai de dame Portelance est LE livre à consulter.

Les enfants, surtout dans la tranche d’âge de 0 à 3 ans, sont comme des éponges et ils absorbent tout. Et même par après, vous le savez chers parents, ils ne cessent de vous assaillir de questions. Ils sont en mode réception. Et c’est l’occasion par excellence de développer leurs capacités intellectuelles au maximum. Et si vous cherchez un guide pour comment faire en sorte que leurs facultés cognitives soient à leur meilleur, procurez-vous Les activités d’éveil des tout-petits d’Aldjita Benammar. C’est aux éditions Fleurus. Cette puéricultrice a préparé des programmes infinis de jeux pour mettre constamment le poupon en mode réaction.

L’Encyclopédie des plantes médicinales d’Andrew Chevallier chez Sélection du Reader’s Digest fait à ce point autorité qu’on le réédite, revue et augmentée. Ce n’est pas moins de 500 plantes qui sont répertoriées, avec pour chacune une fiche signalétique avec en complément leurs usages curatifs. En soi c’est une bible que l’on aura soin de garder à portée de main. Qui nous rappelle, surtout à ceux qui honnissent les médecins trop à la solde de l’industrie pharmaceutique, que la plus grande pharmacie naturelle se trouve toute autour de nous. Et cet album magnifiquement illustré, nous aide à identifier les plantes. Dans le genre on ne fait pas mieux.


 


 

Jacques Benoit le junkie du vin

Si on part de son titre Le vin est une drogue on peut en déduire alors que Jacques Benoit est un junkie du genre. Le chroniqueur vin de La Presse de 1982 à 2016 nous raconte ce qu’a été son vécu de chroniqueur de vin tous les samedis alors que le plus grand quotidien d’Amérique de langue française était encore en version papier. Parfois avec François Chartier et Vincent Marissal, ils pouvaient être trois à nous tenter aux plaisirs de Bacchus. On croit rêver. Benoit se multiplie en anecdotes avec des révélations. On le censura une fois à La Presse parce qu’il voulut mettre le mot guidoune dans le texte, qui n’était pas du goût de la direction. Il préféra se passer de  sa chronique. Il est question de vignerons qui ont tenté d’arnaquer lui et des collègues en refilant des vins de moins bonne qualité que prétendus. Et dès le début on en apprend qui nous montre que l’on part de loin. En effet, lorsqu’il débuta avec sa rubrique il n’y avait au Québec qu’un seul chroniqueur vin et c’était Gillian Gayton  à The Gazette. En fin d’ouvrage il ne pouvait pas nous quitter sans nous décrire ses habitudes de consommation et ses coups de cœur. Un petit livre charmant et élégant à l’image de son auteur.

Le vin est une drogue. Jacques Benoit. Les éditions La Presse 206p.    www.editionslapresse.ca

  


 


 

Sur le premier ambassadeur noir au Vatican

En feuilletant Un océan deux mers trois continents de Wilfried N’Sondé on mesure pleinement notre ignorance en ce qui concerne les personnages qui ont fait l’histoire du continent africain, tel ce prêtre du XVIème siècle, Nsaku Ne Vunda né en 1583 et qui deviendra le premier ambassadeur noir au Vatican. Il prit le nom de baptême de Dom Antonio Manuel. Ce qui est indiqué comme roman est une libre adaptation de cette vie par l’auteur qui fait parler son sujet à la première personne. Et dès les premières lignes on entre avec grand intérêt à cette lecture qui place le lecteur en mode intimité. En sa compagnie on prend acte des enjeux de l’époque, des difficultés auxquels son mandat de pasteur était confronté. N’Sondé écrit avec un grand talent de conteur.

Un océan deux mers trois continents. Wilfried N’Sondé. Mémoire d’encrier 242p.     www.memoiredencrier.com


 


 

D’un bar de strip-tease au manoir des Royal

Dans le genre romance voici La princesse de papier d’Erin Watt. Ne cherchez pas la biographie de cette dernière, ce serait en vain, car c’est en réalité le pseudonyme de deux auteures qui sont des habituées des best-sellers mais qui ont décidé de lâcher leur fou sous le couvert de l’anonymat. Elles nous annoncent une saga puisque c’est le tome 1 dont il est question ici. L’histoire d’une fille qui a perdu sa mère avec qui elle vivait chichement. Mais là, elle plonge encore plus dans la dèche. Pour se tirer d’affaire elle va se faire embaucher dans un club de strip-tease. Et sur sa route elle va croiser un prince charmant Callum Royal. Cupidon est dans l’air. D’un bar elle va se retrouver dans un manoir et l’aisance matérielle qui vient avec. C’est un peu Cendrillon version 2018, car il y a un hic, les fils du Roméo la déteste cordialement. S’engagera un bras de fer. Qui croyez-vous qui triomphera ? On vous laisse la surprise. Du bel ouvrage rempli de sentiments.

La princesse de papier. Erin Watt. Hugo 475p.      www.hugoetcie.fr

  


 


 

La cavale de Josef Mengele le médecin maudit d’Auschwitz

Josef Mengele demeure à jamais ce sinistre médecin du camp d’extermination d’Auschwitz en Pologne qui sélectionnait les déportés qui arrivaient en train, les envoyant aux travaux ou à la chambre à gaz. A d’autres, il leur réservait d’horribles expériences dans le cours de ses travaux sur la gémellité son dada. Issu d’une riche famille d’industriels en machinerie agricole, il réussit à s’enfuir, semant ceux qui se sont mis à sa recherche. Comme tant d’autres de ses confrères nazis, il prit le chemin de l’Amérique du Sud, rejoindre ses compatriotes allemands. Ce fut le début d’une longue cavale de trente ans qui le mena de l’Argentine au Paraguay puis au Brésil où il mourut en 1979. Mais comment a-t-il réussi à déjouer tous ceux qui étaient à sa traque ? C’est ce que décrit avec brio Olivier Guez dans ce roman vrai qui a pour titre La disparition de Josef Mengele. On sera surpris de savoir qu’il compta de nombreux appuis dont l’indéfectible soutien de sa famille qui lui faisait parvenir rien de moins qu’une pension par le biais d’une filière. Et ce qu’il a pu faire en envoyant des centaines de milliers de gens à la mort, ne réussit pas à en importuner, au contraire. Le mal prend des formes insidieuses et répandues.

La disparition de Josef Mengele. Olivier Guez. Grasset 236p.    www.grasset.fr


 


 

Comment la pensée d’Adam Smith a été détournée

Adam Smith (1723-1790) est encore vu comme le père du néolibéralisme, de l’économie de marché, autrement dit le grand ordonnateur du fossé entre les riches et les pauvres. Or il n’en est rien, et c’est bien tout le contraire. Et le professeur Thierry C. Pauchant le sait bien qu’il cite dès les premières pages de son essai Manipulés « Se libérer de la main invisible d’Adam Smith » où Smith condamne comme une corruption morale cette idée d’admirer ceux qui possèdent la richesse et de mépriser en même temps les pauvres. Il a revu les cinq livres du théoricien de l’économie nous offrant des textes de trois de ces ouvrages inédits en langue française. Vous verrez comment on a trituré sa vision des choses pour en faire un dogmatique du plus fort la poche.

Manipulés. Thierry C. Pauchant. Fides 268p.   www.groupefides.com

 


 


 

Un québécois dans le gang d’Al Capone

Décidément aux éditions de L’Homme on a sorti l’artillerie lourde avec des titres canons, que l’on pense aux souvenirs de Milena Di Maulo la fille du numéro 2 de la mafia montréalaise, ceux du commentateur politique Luc Lavoie de TVA qui dévoile les coulisses de la politique. Maintenant une étonnante surprise, la vie rocambolesque de Léopold Lafrenais un p’tit québécois de chez nous qui n’en pouvant plus de survivre, va se retrouver au sein du célèbre gang d’Al Capone. Le plus étrange c’est qu’il ne parlait pas anglais! Frenchie est écrit par son neveu Dan Gosselin qui a recueilli les témoignages de son oncle au parcours singulier. Le livre a été réalisé en collaboration avec François Perreault. Peut-on imaginer une trajectoire semblable. Et comme Gosselin travaille en communication, il sait rendre les aventures de Lafrenais avec force détails et nous faire revivre une époque où on vivait sur du temps emprunté. On apprend plein de choses sur la régie interne des gangs au temps de la prohibition. Pensez donc, le gars a même été chauffeur personnel du célèbre caïd. Comment il a amassé un fric fou qu’il perdait aussitôt au jeu pour se refaire ensuite. Sa fortune s’est faite et défaite comme un éternel yoyo. Il distillait au neveu ses histoires, bribes par bribes et son interlocuteur de toujours le questionner, fasciné qu’il était. Et il sait restituer ce qui lui a été conté. A lire sans faute.

Frenchie. Un québécois dans le gang d’Al Capone. Dan Gosselin avec la collaboration de François Perreault.
Les éditions de L’Homme 273p.


 


 

Wonder le petit garçon hors norme

C’est devant un marchand de glaces que la graphiste R.J. Palacio fit la rencontre d’un petit bonhomme étonnant qui lui inspirera celui qui deviendra le Wonder de ses récits. Et on a des nouvelles de lui dans Auggie & moi qui nous fait pénétrer dans la magie de l’enfance. Magique car il y a encore de l’innocence qui nous émeut. Comme quand Auggie reçoit un casque d’astronaute dont il a de la difficulté à se départir tellement il est fou de joie. Trois nouvelles ou la candeur est au menu. Destiné un jeune auditoire, il ne serait pas mauvais que les adultes y jettent un coup d’œil, question de revivre un temps leur jeunesse.

Auggie & moi. Trois nouvelles de Wonder. R.J. Palacio. PKJ 349p.    www.pocketjeunesse.fr


 


 

Si vous aimez le monde d’Harry Potter

Vous aimerez alors La marque rouge de Ruberto Sanquer. Qui se déroule dans une école de sorcières en début d’année scolaire. On retrouve Louyse et ses treize amies. On envisage des lendemains qui chantent, mais c’est sans condamner une mauvaise conjugaison des astres qui va faire en sorte qu’un mauvais sort attend notre héroïne. Le romancier a cet immense talent de savoir créer des atmosphères. Avec lui on se fait son propre cinéma. En littérature, et surtout avec cet opus, il marque des points. Une suite nous vous en prions.

La marque rouge. Ruberto Sanquer. Srineo 380p.    www.scrineo.fr


 


 

Regards multiples sur la francophonie nord-américaine

Dans la collection « Voies du français » les Presses de l’Université Laval font paraître Regards croisés sur les français d’ici. A première vue le titre laisse penser à une étude sur l’immigration française au Québec. Non, il s’agit ici des parlers français sur le continent nord-américain avec une incursion dans les Antilles. Cette recherche qui regroupe plusieurs collaborations est sous la direction de deux linguistes spécialistes en autres sur la langue acadienne, Laurence Arrighi et Karine Gauvin. C’est une radiographie des distinctions du français, un peu d’histoire et de prospective.

Regards croisés sur les français d’ici. Collectif. Presses de l’Université Laval 268p.        www.pulaval.com


 


 

Le défi présent des communautés religieuses et gestion du patrimoine

Si le déclin de la vie religieuse en communauté est en déclin et deviendra réellement une chose du passé, les congrégations font face aujourd’hui à un défi, comment gérer leur patrimoine souvent colossal ? Sous la direction d’Étienne Berthold des chercheurs racontent les entreprises faites notamment par les Augustines de Québec et les Ursulines de Trois-Rivières pour disposer au mieux de leurs richesses patrimoniales. Il y a des contributions extérieurs comme une collaboration venant de Russie évoquant l’éducation religieuse orthodoxe dans la Russie post soviétique.

Le patrimoine des communautés religieuses. Sous la direction d’Étienne Berthold. Presses de l’Université Laval 301p.      www.pulaval.com


 




 

L’espace et le corps humain en images

Sous la direction d’Émilie Beaumont paraissent deux albums chez Fleurus dont on ne saurait recommander les hautes vertus éducatives L’imagerie de l’espace et L’imagerie du corps humain le premier sur des textes de Marie-Renée Guilloret et des illustrations de Jacques Dayan, le second avec des textes P. Simon illustrations de N. Soubrouillard. Le premier s’adresse à un public mixte d’enfant et d’ado où on explore le système planétaire. Avec tellement de renseignements. Exemple, savez-vous, à raison de dix heures de marches par jour, combien il faudrait de temps pour faire le tour de la Terre ? Deux ans! Et vous mesurerez ainsi page après page votre degré d’ignorance. Le second est conçu expressément pour les touts petits et visitent des thèmes comme la conception et le sommeil. Dans le genre de vulgarisation scientifique on peut difficilement faire mieux.


 


 

Et si votre chien savait comment décrocher le téléphone ?

Si vous aimez plus que tout au monde la compagnie des gentils canidés, vous ne pouvez pas passer à côté de 101 tours de dressage chez l’éditeur Broquet coécrit par Kyra Sundance et Chalcy sur des photographies craquantes de Nick Saglimbeni. Car le chien a besoin dans un ordre hiérarchique d’un maître. Et il vous aura choisi dans la mesure où vous saurez vous imposer. Et on sera surpris du nombre de gestes que peut poser un tel animal dont, étonnamment, savoir décrocher le combiné du téléphone. Juste de voir en couverture ce magnifique braque de Weimar qui tient en son bec le chiffre 101,  vous donnera le goût d’ouvrir ces pages et de connaître les rudiments d’un bon rapport du maître avec son animal.

101 tours de dressage. Kyra Sundance et Chalcy. Broquet 208p.    www.broquet.qc.ca


 


 

Faire le tour des mythologies du monde entier

La semaine dernière nous traitions d’un ouvrage paru chez Fleurus dans lequel Sabine du Mesnil et Charlotte Grossetête, nous faisait découvrir les mythologies à travers 20 œuvres d’art et dont on a dit le plus grand bien. Dans un même ordre d’idée et toujours au sujets de ces histoires de dieux et déesses qui ont traversé les siècles et qui fascinent encore, voici Mythologies  chez le même éditeur écrit en collectif et qui brosse un tour d’horizon plus complet. Si vous parvenez à tout retenir de ce qui est raconté vous ferez presque figure d’érudit. Ce sont effectivement des histoires passionnantes qui opposent comme toujours les forces du bien et du mal. Il prend le relais du premier ouvrage décrit.

Mythologies. Collectif. Fleurus 192p.       www.fleuruseditions.com


 






 

L’art visuel des touts petits

Ces cinq titres sont tous chez Fleurus et agrémenteront les heures de loisirs des jeunes têtes. Commençons par Chapeaux de fées à décorer. Vous avez dans ce petit album six chapeaux détachables avec assorti une planche de pochoirs, cent autocollants et douze papiers matières qui permettent de décorer vos chapeaux comme bon vous semble. Idéal quand on célèbre des anniversaires. Dans une même idée de conception c’est cette fois Diadèmes de princesses à décorer. Sauf qu’ici au lieu de chapeaux ce sont des diadèmes auxquels on a ajouté cinquante autocollants de plus. Même principe pour Masques d’animaux à décorer avec 70 autocollants et Masques de héros à décorer  avec un nombre identique d’autocollants. Dans ce dernier ouvrage on retrouve une grande diversité de thèmes.  

Pour sa part Christian Verrilli livre tous les trucs pour réaliser des Maquillages faciles pour les enfants. Il y a trente-six propositions où vous pourrez soit faire de votre petit garnement un enfant chat ou l’affubler d’une tête de squelette. Pour mademoiselle pourquoi pas un look africain, très tendance ? C’est mignon comme tout.

 


 




 

Deux contes jeunesse

Dans la catégorie des jeunes enfants Sylvie Auzary-Luton présente Je veux mon eouf aux éditions Mijade. Il était une fois un lapin parti à la recherche d’un œuf en chocolat. Mais là où il s’aventure, il risque d’être la proie du vilain renard qui n’aime rien tant que bouffer du petit lapin. Dans le graphisme on a imaginé des rabats qui indiquent au lecteur seulement où se cache le lapin. Craquant.

Et cette fois on se transporte en Thaïlande avec un conte de ce pays rapporté par Jacqueline Ayer. Une fillette de là-bas rencontre un homme âgé qui tient dans ses bras un arbre à fleurs de papiers. Original. La jeune fille en souhaite un pour elle. Voyant son intérêt, le vénérable monsieur lui remet une fleur, et elle s’empresse de planter la graine qu’elle contient afin d’avoir son arbre. Mais il y aun risque de désillusion. Vous verrez pourquoi. L’arbre à fleurs de papier est édité chez Mango.


 


 

Un tribut poétique autour de la mort du père

Le poète Michel Pleau a eu la douleur de perdre son père à un âge aussi jeune que douze ans. Qui aura été, selon ses dires, le grand traumatisme de sa vie. Celui qui en 2015 a obtenu le Prix littéraire de l’Institut canadien de Québec pour l’ensemble de son œuvre signe le plus beau tribut poétique qui soit en hommage à cet être cher disparu et qui demeure inoubliable dans la pensée de l’homme de lettres. Ça donne J’aurai bientôt ton âge dont voici un extrait « Longtemps on nous a fait croire au feu figé des statues pourtant nous savons que seule la lumière vivante connaît le nom des amours des gestes et des fleurs ».

J’aurai bientôt ton âge. Michel Pleau. Éditions David 56p.     www.editionsdavid.com


 


 

Nouvel éclairage sur Adolf Hitler

Peter Longerich qui enseigne à l’Université de la Bundeswehr à Munich, autrement dit cette maison de haut savoir de l’armée allemande, est un spécialiste faisant autorité pour tout ce qui touche au régime nazi. Il nous a gratifié déjà de biographies d’Heinrich Himmler le chef tout puissant de la Gestapo et sur Joseph Goebbels le redoutable ministre de la Propagande du Troisième Reich. Il lui fallait bien dans une certaine logique des choses qu’il s’attaque à la figure centrale de ce régime monstrueux, le führer lui-même. C’est donc une biographie d’Hitler qu’il nous présente, un gros pavé de plus de mille deux cent pages dont trois cent là-dessus sont réservées aux notes d’accompagnement, pour preuve que sa livraison a été précédée d’une intense recherche. L’angle de vue qu’il aborde, contrairement aux prédécesseurs biographes du dictateur, est de présenter le chef d’État et de guerre, non pas comme un génie du mal, mais outre qu’il soit indéniablement diabolique, est au fond un être assez petit qui a bénéficié d’un tas de concours de circonstances. Qui fait en sorte qu’il ne s’est pas fait de lui-même et qui explique sa place dans l’Histoire. Il a bénéficié de complicités qui ont dépassé le maître en quelque sorte. Nul doute que cet ouvrage va bénéficier d’un énorme lectorat.

Hitler. Peter Longerich. Héloïse d’Ormesson 1229 pages.  
www.editions-heloisedormesson.com


 


 

Une biographie de Michel Déon

Michel Déon est décédé en 2016. Il a eu une trajectoire d’écrivain à faire baver d’envie tout homme de lettres. Né dans une famille à l’aise, son père était conseiller du prince Louis II de Monaco, il fera des études de droit et bifurquera vers le journalisme dont Paris-Match. La grande époque. Et qu’est-ce qu’il a voyagé avec une affection particulière pour l’Irlande où il installera ses pénates. Homme de droite, il se retrouvera honoré par ses pairs qui l’éliront à l’Académie française. Avec quarante ouvrages au final il a su faire sa marque. Et il a été transposé aussi au cinéma. C’est tout ce que nous dit Christian Authier qui revient sur cette vie flamboyante. Une belle occasion de revisiter son œuvre.

Les mondes de Michel Déon. Christian Authier. Séguier 188p.    www.editions-seguier.fr


 


 

Une actrice trucidée par un djihadiste

Le dixième ouvrage de l’écrivain François Désalliers est très de notre temps. En effet il exploite le thème de la violence terroriste dans La beauté noire. Qui met en scène c’est le cas de le dire, une jeune actrice qui sera abattue par un djihadiste durant une représentation des Fleurs du mal. Ce qui va se passer durant toutes ces pages, une fois le crime décrit, c’est comment on se relève de la perte d’un être aimé, surtout quand c’est au nom d’une folie sanguinaire ? L’homme de lettres qui est au zénith de son talent, exprime bien le désarroi de notre époque devant tant de violence au quotidien. Il portraiture à merveille cette morosité ambiante.

La beauté noire. François Désalliers. Druide  244p.    www.editionsdruide.com


 


 

De la mort gratuite aux miracles de la vie selon Beigbeder

On pourra dire tout ce qu’on voudra de Frédéric Beigbeder, son image d’écrivain bobo, son goût pour les filles (n’a-t-il pas relevé le magazine érotique Lui ?) mais on ne pourra jamais mettre en cause sa grande curiosité, qui est le fondement même de l’intelligence. Sa dernière ponte Une vie sans fin relève deux contradictions. En effet, il constate avec effroi qu’il y a sur cette bonne vieille Terre 59 millions de morts par an soit 1,9 par seconde. Ça l’effare. Mais en même temps, il assiste médusé aux progrès de la médecine comme lorsqu’il nous raconte cette histoire d’une fille atteinte du cancer à qui on ne donne pas deux semaines à vivre et à qui on appliquera un traitement génomique de choc qui va assurer sa résurrection. C’est une grande fresque de vie et de morts qu’il déploie sous nos yeux. Au sortir de cette lecture on est interpelé, la vie est-elle le cadeau qu’on veut nous faire croire ? Troublant.

Une vie sans fin. Frédéric Beigbeder. Grasset 345p.   


 




 

De beaux arrivages de chez l’éditeur Verdier

Une chose est certaine, le comité de lecture de la maison d’édition Verdier a un flair incroyable pour dénicher à la fois d’excellents écrivains mais surtout de formidables histoires. Nous en avons encore la preuve avec la parution de Obock de Jean-Jacques Salgon et Bye bye, bird de François Garcia. Le premier est un récit de voyage accompli par le narrateur sur les traces du Rimbaud de l’après période du poète, quand ce dernier et son comparse Paul Soleillet se rendent en Afrique pour des projets commerciaux. L’écrivain fait un récit formidable de son pèlerinage avec un sens de la description qui serait à l’homme de lettres ce que l’image est au photographe. Quand il décrit la chaleur insupportable en Abyssinie on ressent cette canicule. Une épopée revue et visitée de façon merveilleuse. Qui nous donne le goût de mettre nos pas dans les siens.

Changement de tonalité avec un roman de François Garcia « Bye byebird ». Il a emprunté son titre à celui d’une des chansons des Moody Blues. C’est une plongée dans les sixties, en Angleterre, Bristol plus être plus précis, où vont débarquer Paco et ses potes pour un séjour d’immersion en langue anglaise. Ce sera un choc des cultures d’une part et en même temps l’affranchissement des mœurs qui ont encore des relents victoriens. Quand on se souvient du scandale provoqué par le simple fait des cheveux longs des Beatles. Garcia qui est un médecin à la ville, s’il connaît l’anatomie humaine, en sait un rayon sur nos comportements psychologiques. Il vampirise l’esprit de ces jeunes et rend bien ce qui les traverse à cette période de rébellion contre l’ordre établi. Nostalgie quand tu nous tiens.


 


 

L’histoire du monde en accéléré de Jean d’Ormesson

Jean d’Ormesson a tiré sa révérence pour toujours le 5 décembre dernier. Un peu comme l’ancien président François Mitterand qui a fait de sa mort à venir toute une mise en scène, l’académicien à qui on doit l’entrée de la première femme sous la Coupole, a joué énormément sur le thème du temps emprunté. Qu’on en juge par les titres « Un jour je m’en irai sans avoir tout dit » et là nous arrive son premier ouvrage posthume « Et moi je vis toujours » où il nous présente la grande fresque de l’humanité de l’Antiquité au XIXème siècle. Où il fait montre de sa vaste culture générale. Car jusqu’à la fin, il aura été un grand pédagogue et il appelait de tous ses vœux qu’on se souvienne. Il y glisse un peu de parcelles biographiques. Est-ce que son décès a donné de la valeur ajoutée au livre, toujours est-il que ce titre a déjà dépassé les deux cent mille exemplaires de vente. Et celui qui a eu le rare privilège d’entrer dans la Pléiade de son vivant nous surprendra encore avec son autre titre posthume « Un hosannah sans fin ».  Vraiment on est jaloux car il l’a reconnu lui-même, il a toujours vécu en première classe.

Et moi je vis toujours. Jean d’Ormesson. Gallimard 277p. 


 


 

En 1933, le récit d’une femme au cœur de la vie polaire

Les amateurs de récits de voyages ou d’aventures ont ici un bijou entre les mains, à savoir la traduction française d’Une femme dans la nuit polaire de l’autrichienne Christiane Ritter. Un récit qu’elle a publié en 1934, l’année suivant son aventure dans l’univers des côtes du Spitzberg dans l’Arctique où elle était aller rejoindre son mari parti vivre une vie de trappeur et fuir la civilisation. Et ça démarre sur des chapeaux de roues quand elle raconte dans les premières lignes comment pour son époux lorsqu’il y avait des problèmes domestiques, il évoquait toujours le Pôle Nord comme le refuge idéal pour être à l’abri des problèmes. Et il réalisera son fantasme. Madame le suivra donc peu après. Quelle adaptation. Au début l’acclimatation sera difficile, mais graduellement elle sera émerveillée par cet environnement à la dure mais aussi fait de beauté. Captivant est un euphémisme.

Une femme dans la nuit polaire. Christiane Ritter. Denoël 212p.     www.denoel.fr


 


 

La star anglaise du thriller N.A. Paris nous coiffe le toupet

A la recherche d’un bon thriller qui nous fait oublier notre récente facture d’Hydro-Québec et les emmerdes de la politique québécoise ? C’est tout trouvé avec la romancière championne toute catégorie du genre B.A. Paris qui arrive avec Défaillances. Elle a l’art d’échafauder le pire avec un presque rien. Voyez vous-même. Un soir une femme emprunte une route en pleine forêt qui s’avère dangereuse. Elle le sera en effet car en roulant avec précaution, elle va croiser une voiture qui est en bordure dans laquelle se trouve une femme. Craintive, elle ne voudra pas s’arrêter. Elle apprendra le lendemain dans l’actualité que c’était la dépouille d’un cadavre victime d’un meurtre. Notre protagoniste va se trouver mortifiée, car aurait-elle pu sauver la vie de l’infortunée ? Ses proches ont beau tenter de la disculper, rien n’y fit. Surtout avec ce qui va arriver avec la série d’événements étranges à commencer par ses propres comportements. Un chef-d’œuvre n’est pas trop fort pour qualifier ce grand travail d’écrivaine.

Défaillances. B.A. Paris. Hugo 295p.       www.hugoetcie.fr


 


 

Des origamis de toutes les couleurs

C’est un petit bloc intitulé 500 origamis qui comprend autant de papiers à motifs différends pour réaliser pleins de ces beaux petits ouvrages issus de l’art de plier à la japonaise. Et à ce chapitre vous avez en début du livre un petit cours 101 sur la façon de contorsionner les pages et leur donner des formes amusantes et inventives.

500 origamis. Fleurus.


 


 

L’auteure aux 800 millions de titres vendus cartonne encore

Qu’est-ce qu’elle doit faire des envieux cette Danielle Steel sans doute l’auteure la plus lue, par conséquent la plus vendue sur cette planète avec ses huit cent millions de copies écoulées. Et ça ne s’arrête pas. Surtout qu’elle va encore faire un bœuf avec Collection privée. Un jour on découvre dans une banque newyorkaise un coffret bancaire abandonné. Qui contient toutes sortes de choses, mais surtout des bijoux hors de prix. La titulaire du coffre avait pour nom Marguerite Wallace Pearson di San Pignelli. Et ce qui complique les choses, elle n’a laissé aucune disposition testamentaire. Un commissaire-priseur de chez Christie’s prénommé Phillip sera appelé en renfort pour procéder à l’estimation des bijoux. Et en cours d’enquête, car il fait aussi des recherches sur la dame en question, découvrira qu’il a un lien avec la défunte. Du Danielle Steel pur jus avec tous les ingrédients qui ont fait sa fortune.

Collection privée. Danielle Steel. Presses de la Cité 331p.    www.pressesdelacite.com


 


 

Un roman qui rappelle un chef-d’œuvre

Le roman social a de belles années devant lui avec ce trop grand écart entre riches et pauvres. Et en voici un qui mérite que l’on s’y arrête. C’est Ceux d’ici  de John Dee. En parcourant ces lignes on se met à penser aux Raisins de la colère de John Steinbeck qui se déroule durant la Grande Dépression américaine. Là encore ce sont les riches qui accablent les moins nantis. Quoique le « héros » de notre roman présent ne loge pas dans un bidonville. C’est un entrepreneur en construction d’une petite ville du Massachusetts qui est embauché par un homme fortuné dont il admire jusque là son parcours et cela l’inspire au point de se convertir dans les placements immobiliers, un projet pour lequel il embarque son frère dans l’aventure. Mais le nabab un newyorkais faut-il le préciser, va réussir à se faire élire maire de la petite ville des frérots locaux. Et celui qui était sujet d’estime devient à leurs yeux un personnage exécrable. A travers cette histoire, le romancier qui se fait un moment sociologue, montre les illusions du rêve américain. Qui fait en sorte qu’il est de plus en difficile de franchir une classe sociale en grimpant vers le haut, tant la classe dominante écrase toute possibilité de s’en sortir. C’est un grand texte.

Ceux d’ici. Jonathan Dee. Plon 410p.   www.plon.fr


 


 

Le must en conseils maquillage

Il est fréquent de voir des filles dans les transports publics, alors que le wagon de métro est brinquebalant, se refaire des retouches de mascara avec le pinceau qui s’agite au bout d’une main tremblotante. Ces demoiselles ont tout intérêt à courir se procurer de ce que nous considérons un must en ce qui a trait aux conseils en maquillage. Il a pour titre Make up tout simplement et porte la signature de Magali Bertin une pointure du domaine qui a un blogue qui connaît un succès fou. Tout est passé au peigne fin, la description à partir de photos de différents visages et comment on a obtenu tel ou tel effet, les produits phares, comment faire des corrections etc. Surtout que notre époque valorise le superficiel plus que jamais, tant qu’à faire, autant le faire dans les règles de l’art.

Make up. Magali Bertin. Solar 144p.    www.solar.fr


 


 

L’ABC de la couture sur cuir

Coudre du cuir requiert une dextérité toute particulière, car le matériau est relativement fragile, et un mauvais geste risque d’endommager ce qui est comme une peau. Anne Walterthum est le recours par excellence pour savoir comment s’y prendre, elle qui consacre un album majeur au sujet Accessoires en cuir à coudre. Et c’est la raison qu’on ne trouvera pas ici de jupes ou autres pièces de vêtements. On trouvera des pochettes et des portemonnaies par exemple. Vous avez aussi les patrons pour les confectionner en grand format. Et l’éditeur a pris un soin jaloux du côté de l’illustration afin que chaque étape soit bien expliquée.

Accessoires en cuir à coudre. Anne Walthertum. Créa Passions 111p.  www.creapassions.com


 








 

Le coin santé physique et psychique (1)

Isabelle Pitre a collé le titre suivant Mots de l’âme pour son dernier ouvrage qui sort chez AdA. Mais c’aurait pu tout aussi être intitulé « cri du cœur », tellement elle livre le fond de sa pensée sur tout ce qui la consterne de l’époque dans laquelle nous vivons, notamment cette violence gratuite où périssent aussi femmes et enfants. Elle n’a pas de recette magique pour venir à bout de ces problèmes, sinon d’en appeler à plus de considération pour l’autre. Au moins avec cette lecture vous trouverez une complice qui pense comme vous et ce partage est en quelque sorte une œuvre de délivrance.

Si le bouddhisme gagne en popularité, c’est qu’au contraire des religions, nous sommes ici en face d’un mouvement qui propose l’acceptation de l’autre tel qu’il est. Son seul credo étant que chacun puisse trouver sa paix intérieure. Alors si vous souhaitez faire vos premiers pas en la matière voici une lecture qui vous livrera tous les enseignements de base. Il s’agit d’Être ce qui est du moine thaïlandais Ajahn Chah (1919-1992). Un peu comme Jésus le faisait et pour bien se faire comprendre, il recourait à des fables, des analogies. Et il avait de l’humour ce qui ne nuisait pas et une preuve de sagesse. C’est son disciple Paul Breiter qui a recueilli et consigné ces enseignements dont on peut profiter. C’est aux éditions Sully.

On s’étonnera de voir dans cette section un ouvrage de la maison d’édition Grasset dont le catalogue n’est pas connu pour faire dans le créneau de la croissance personnelle. Mais ici c’est un cas bien spécial avec La meilleure des vies de J.K. Rowlings la célébrissime auteure d’Harry Potter qui avait été invitée d’honneur pour prononcer le traditionnel discours de fin d’année à l’Université Harvard. Est-il besoin de préciser que l’auditoire l’écoutait dans un grand silence, captif. Car elle a déballé les sentiments qui l’ont accompagné tout au long de la période d’avant sa célébrité et celle qui a suivi et qui dure encore. Elle n’a pas de recette magique à livrer, sinon qu’elle exhorte les jeunes à qui elle s’adresse de persévérer contre vents et marées. Et elle termine en disant que ce qui compte au final dans une vie c’est qu’elle  soit bonne.

Aux éditions du Dauphin Blanc c’est Jean-Rock Fortin consultant en développement durable et instructeur d’Aïkido. Il nous propose un voyage au cœur de l’esprit dans ce grand bouquin Ki le chemin de l’éveil.  Il est écrit en collaboration avec Renshi Philippe Poirier. D’entrée de jeu, il informe les lecteurs que c’est une démarche de nature encyclopédique qui ne se lit pas d’une traite. Dans ces pages il y a deux thèmes principaux, la  connaissance et l’énergie.  En même temps, puisque les auteurs sont issus des arts martiaux, il est grandement question de la vraie nature de ceux-ci. C’est une belle rencontre spirituelle et intellectuelle entre l’occident et l’orient.

Vous êtes à un certain degré en karaté et aspirez à décrocher la convoitée ceinture noire ?, alors voilà un incontournable Karaté intensif aux éditons Budo,du japonais Hirokazu Kanazawa qui 10ème dan. Un maître dans toute l’acception du terme, mais généreux, car il dispense tout son savoir sans devoir se rendre au Japon. Tout y est avec d’innombrables photos qui détaillent toutes les postures à prendre. Et ce qu’il y a de merveilleux c’est que pour chaque illustration une vignette qui livre un truc pour accroître la force de frappe par exemple en présence d’un adversaire.  Il complète très bien l’ouvrage décrit précédemment qui ajoute un supplément de sagesse, car le karaté ne se limite pas à porter des coups, mais à faire la maîtrise de soi.


 






 

Le coin santé physique et psychique (2)

C’est une excellente chose que l’on s’intéresse de plus en plus à la culture amérindienne qui avait compris bien avant notre ère de préoccupation écologique, à respecter l’environnement et qui composait en harmonie avec elle. Luc Bourgault qui est lui-même d’origine algonquine, pawnee et abénaquise est allé à la rencontre des aînés de sa communauté afin de recueillir cette belle tradition orale. Ça donne La philosophie de la nature et aux éditions du Dauphin Blanc. Et il vous surprendra en posant une question d’apparence aussi simple, qu’est-ce qu’un être humain ? Allez lire la réponse qu’il en donne.

Philosopher sur plus d’une centaine de pages sur le mot « spécial » est un défi qu’a relevé avec brio Philippe Eon dans Philosopher en un mot aux éditions des Presses de l’Université Laval. On peut à peine imaginer les trouvailles de la pensée qu’il a faite autour de son mot-sujet. En commençant par nous apprendre que le dictionnaire a des limites sur la définition même du mot. Il nous livre toutes les variations possibles sur l’emploi de spécial. On peut parler d’un véritable tour de force intellectuel.

Deux livres aux éditions Alpen tous deux de Philippe Chavanne, Les antidouleurs naturels et Les antibiotiques naturels. Le premier fait appel aux huiles essentielles, plantes, épices, relaxation et méditation. Partisan donc de l’auto-guérison par le cerveau comme nous l’a montré dernièrement un fabuleux documentaire à Point Doc à Télé-Québec. Le second est une utilisation bienfaitrice de la pharmacopée naturelle que représentent la cannelle, l’échinacée, le propolis, le thym et le vinaigre de cidre dont on ne cesse de redécouvrir les bienfaits curatifs. Ces deux livres plairont infiniment à ceux qui considèrent maintenant les omnipraticiens comme rien de moins que des « dealers » au service de la grande industrie pharmacologique.

Puis pour terminer Marthe Saint-Laurent que l’on voit régulièrement sur le plateau de Denis Lévesque à titre de commentatrice de l’actualité, a toujours fait son credo de la lutte contre l’intimidation ou pour employer son terme le « bitchage »  que ce soit à l’école ou dans le cadre du travail. Comment se protéger contre le bitchage et le harcèlement psychologique et sexuel son dernier opus se complète des comportements sexuels inappropriés qui sont devenus récurrents et condamnés universellement, surtout par la gent féminine. C’est aux éditions Québec-Livres. La prescription qu’elle nous donne revient à se donner à soi-même le libre arbitre de disposer de nous-mêmes et de faire attention aux manipulateurs en tous genres. Et surtout de s’enlever la culpabilité de la tête. Bref, un petit guide de respect de soi-même qui ne pouvait pas mieux tomber.

 


 


 

Quand une certaine amnésie nous fait oublier nos ascendants

En langue innue le mot neka signifie mère. C’est ce mot qu’Alain Olivier a choisi pour titre de son roman, où un protagoniste est bien en mal, vis-à-vis de son fils pour lui parler de qui était sa mère. L’occasion de faire une remontée dans le temps et de constater l’apport de nos ancêtres amérindiens. Ce livre fort est dans le droit fil de l’intérêt, qui on l’espère n’est pas un engouement, pour tout ce qui touche aux cultures des Premières Nations. François le protagoniste a du mal à faire cet exercice de mémorisation tant son cerveau semble un gruyère plein de trous. On soulignera aussi une certaine poésie dans le ton qui n’est pas déplaisante.

Neka. Alain Olivier. Lévesque éditeur 136p.        www.levesqueediteur.com


 


 

Une grande exhortation pour la cause des migrants

Xavier Emmanuelli est une grande pointure de l’aide humanitaire. Parce qu’il a été le cofondateur de Médecins sans frontières et fondateur du Samu social en France. Ce médecin en auriez-vous douté, est un grand humaniste. Le communiqué de presse qui accompagne son manifeste Accueillons les migrants rappelle à juste titre qu’il est dans la foulée de l’Abbé Pierre qui en 1954 lançait un cri d’alarme lors de ce fameux hiver 54 pour que l’on s’occupe du sort des sans-abris. Lui, prend le relais en faveur de ceux qui dans des conditions terribles traversent la Méditerranée au prix souvent de leur vie dans l’espérance d’une vie de lendemains qui chantent, et qui une fois sur nos rives occidentales sont traités en parias et parqués dans des camps d’internement. On pense souvent à les renvoyer chez eux! Ils nous dit pourquoi nous devons avant tout mettre nos ressources de privilégiés au service des infortunés, nos frères d’autres continents.

Accueillons les migrants! Xavier Emmanuelli. L’Archipel 157p.     www.editionsarchipel.com


 


 

Lire Trump est révélateur

Des allemands avaient dits jadis que si on s’était donné la peine de lire Mein Kampf, personne ne se serait jeté dans la gueule du loup incarné par Hitler son auteur. Car il était écrit noir sur blanc à l’avance ce qu’il ferait une fois au pouvoir et il s’en est tenu à son projet initial jusqu’au bout avec les conséquences que l’on sait. C’est un peu la même réflexion qui nous vient à l’esprit en lisant Survivre au sommet par Donald Trump la suite de son premier livre « Trump par Trump » que nous avons recensé dans nos pages. Mais là il y a un phénomène intéressant. C’est que cet ouvrage comme le premier, ont été publiés avant que le signataire n’accède à la Maison-Blanche. Mais ce sont des lectures utiles car ils permettent enfin de comprendre la logique de ce président considéré comme imprévisible. Il y a moult anecdotes sur ce que c’est d’accéder à la richesse et comment vivre avec. Ensuite on sera étonné que, comme entrepreneur, il a été un des rares à déléguer des postes de cadres en presque majorité à des femmes, ce qui contraste avec la réputation de misogyne qui lui colle à la peau. Ça nous éclaire énormément sur l’homme et vous serez étonné, ça nous le rend même un peu plus sympathique.

Survivre au sommet. Donald Trump. L’Archipel 244p.      www.editionsarchipel.com


 


 

Les bourreaux nazis qui s’en sont sortis

Comme tout les ouvrages qui touchent au Troisième Reich ou aux tristes sbires du régime hitlérien, Ces nazis qui ont échappé à la corde de Jean-Paul Picaper est assuré de connaître un grand succès de vente. Ici il retrace le parcours des criminels de guerre dont on s’étonnera qu’une grande majorité sont morts de leur belle vieillesse sans avoir été inquiétés, ou se sont cachés sans être retrouvés. L’auteur est un historien dont on voit qu’il fouille des dossiers car il nous donne des portraits en résumé des pontes de cette dictature effrayante. Nous recommandons même cet ouvrage à ceux qui ne sont pas des familiers de cette période tragique de l’Histoire et qui voudraient s’initier. Rien n’échappe à sa curiosité, même ce que devinrent les secrétaires personnelle du Führer. On dévore ce livre de bout en bout.

Ces nazis qui ont échappé à la corde. Jean-Paul Picaper. L’Archipel 450p.   www.editionsarchipel.com


 


 

Un récit attendrissant sur la relation d’une chinoise avec un chat

Quand on regarde vitement la couverture de Le chat qui m’aimait de Kwong Kuen-Shan on pourrait aisément croire à un livre de conte. Il n’en est rien car c’est le récit d’une chinoise ayant une peur bleue des chats, vivant au Pays de Galles et qui, à son corps défendant, va s’éprendre d’un beau chat, car tel était le désir de ce dernier d’apprivoiser la belle. Comme mentionné, ce n’est certes pas un livre de conte, mais c’est en revanche une sacrée belle histoire, qui est en même temps, une très belle observation détaillée du comportement des félins. Quand un chat s’en mêle, toute résistance est vaine.

Le chat qui m’aimait. Kwong Kuen-Shan.  L’Archipel 218p.     www.editionsarchipel.com


 


 

Une poétesse d’une exquise délicatesse

Avis à ceux qui décernent des prix littéraires, car nous voudrions leur faire porter attention à Langue de départ le recueil de poésie tout nouveau dont nous gratifie Carole Forget qui nous avait donné en 2013 cet autre beau bijou poétique au titre si évocateur « Le sol ralentit sous mes pas ». C’est une poétesse qui a le sens inné de l’image. Pas besoin de photographier les choses ou de décrire les sentiments, elle n’a qu’à faire voisiner des strophes en apparence inconciliables et qui un peu à la manière de Malraux maître des associations biscornues, finit par faire jaillir des fulgurances. Extrait « le soleil traverse les archives me dénudent comme derrière la vitre une saturation rien ne précède l’aéroport dates et angoisse tout l’engrenage en plein jour une exclamation ce corps me manquera était le mien ».

Langue de départ. Carole Forget. Triptyque 72p.     www.groupenotabene.com


 


 

Inspiré par un papy de 75 ans braqueur de casino

Pour son treizième ouvrage Christine Montalbetti n’a pas eu à être confrontée au drame de la page blanche puisque Trouville Casino s’inspire d’un fait divers authentique, à savoir en 2011, du braquage de ce casino normand par un malfaiteur âgé de…75 ans! Une vocation tardive commandée sans doute par une insatisfaction de vie. En tout cas, la romancière reprend tout le fil de cette histoire et tente de vampiriser l’esprit de cet homme. Mais pourquoi un tel geste à cet âge, c’est quand même singulier. C’est une belle étude de cas. Quand à savoir si le crime ne paie pas, nous vous laissons le soin d’en découvrir l’issue vous-même.

Trouville Casino. Christine Montalbetti. P.O.L.   131p.   
www.pol-editeur.com


 


 

Biographie romancée du peintre anglais vivant le plus connu

Catherine Cusset nous sert une biographie romancée de la vie du peintre anglais David Hockney sans doute l’écrivain anglais jouissant de la plus grande renommée. C’est rare que de votre vivant vous soyez ainsi statufié. Mais la romancière le dit d’entrée de jeu, tous les faits rapportés sont absolument authentiques. Ce qui a été changé ce sont les pensées, les dialogues qui sont le fruit de l’imagination de la dame mais se rapprochant le plus possible du plausible. Elle a sans doute beaucoup potassé son sujet pour investir sa sensibilité profonde sa vie d’homosexuel. En tout cas elle aura réussi à nous donner le goût de découvrir sa peinture.

Vie de David Hockney. Catherine Cusset. Gallimard 184p.   


 


 

 Autour d’un amateur de boxe homosexuel

Pour son entrée en littérature Émilie Houssa a choisi de s’inspirer d’un personnage figurant dans le film Victor Victoria du réalisateur Blake Edward dans lequel se trouve un personnage nommé Squatsh. Qui a certainement du la marquer puisqu’elle en fait sa tête d’affiche dans La nuit passera quand même. Son protagoniste est un fan de boxe, d’orientation homosexuelle, mais très tiraillé. Disons que ce n’est pas une inclinaison sereine chez lui. Et la romancière réussit à bien pénétrer les replis des sentiments qui habitent cet être tourmenté. Comme quoi, même à notre époque l’homosexualité est encore tolérée, loin d’être acceptée.

La nuit passera quand même. Émilie Houssa. Denoël 266p.   www.denoel.fr


 




 

Sur l’héritage de Parti pris et sur la dramaturge Carole Fréchette

Chez Nota Bene on fait les choses en grand avec la sortie de deux essais. Le premier Avec ou sans Parti pris est un collectif sous la direction des Gilles Dupuis, Karim Larose, Frédéric Rondeau et Robert Schwartzwald qui éclaire sur le legs laissé par cette revue de la contre-culture québécoise, publication d’abord politique et littéraire et qui s’élargira ensuite à la politique et la vie culturelle. Avec un pionnier Raoul Roy (en passant il ne s’agit pas du folkloriste) homosexuel qui a eu à vivre en marge des autres au vu de son orientation sexuelle. Et on n’a beau être une revue de gauche, ça ne signifie pas nécessairement l’ouverture. Il quittera le navire et son montrera critique envers Pierre Vallières. La revue eu une vie courte de 1963 à 1968 mais elle est une des composantes de la révolution tranquille. Puis sous la direction cette fois de Gilbert David c’est une introspection de l’œuvre de la dramaturge Carole Fréchette. Intitulé Carole Fréchette, dramaturge avec pour sous-titre « Un théâtre sur le qui-vive ». Cette recherche était opportune, car comment comprendre qu’une écrivaine de son talent, avec une quinzaine de pièces, n’ait jamais eu droit à une analyse fouillée écrite de son parcours ? Le vide est comblé et magistralement. Qui donnera sans doute le goût à des metteurs en scène de monter de ces pièces. Cette auteure qui s’émerveille de ce qu’on peut faire avec les mots.


 




 

Le rétro et le scandinave en décoration

Aux éditions Pyramyd deux petits albums qui débarquent avec une foule d’idées de décoration destinée à ceux qui ont une prédilection pour le style contemporain, à tendance sixties. Le premier d’Allan Torp « Le style scandinave à la maison » dit bien sur son contenu, ce style reconnaissable entre tous avec son recours au bois de teck pour une foule d’utilités. Avec des décors épurés où chaque article ou mobilier conjugue utilité et choix du confortable. Le second signé DC Hillier « Le style rétro à la maison » est en fait un titre trompeur car le rétro ici est au contraire hyper contemporain avec diverses influences occidentales. Il a même une parenté avec le premier ouvrage décrit. Encore là, c’est la recherche d’une simplicité évidente. Rien d’ostentatoire. Et l’éditeur a pris un soin jaloux à l’iconographie, car ici plus que jamais, l’image vaut bien mille mots.


 


 

Zola au-delà de l’image d’Épinal

Imaginez! Durant sa vie, Émile Zola a écrit quelque chose comme plus de 15 mille lettres. Qu’en aurait-il été s’il avait vécu à l’ère numérique et les réseaux sociaux ? Et pour l’auteur du fameux « J’accuse » qui l’a rendu célèbre dans l’affaire Dreyfus, C’était l’occasion de livrer à ses correspondants le plus intime de son être. La place de l’épistolaire ici jouait un rôle de thérapie. Il le savait bien avant que la psychologie nous en informe. Intitulé Au courant de la plume dont le titre l’emprunte à un extrait de sa correspondance, c’est une étude menée par Geneviève De Viveiros et Soundouss El Kettani toutes deux spécialistes de l’école naturaliste. Tout y est, de ses engagements, son exil à Londres, son angoisse à la perspective de pourrir comme fonctionnaire dans une administration. On est si près de l’être que nous croyons que cette lecture est préalable avant d’entreprendre la lecture de ses romans.

Au courant de la plume. Zola et l’épistolaire. Les Presses de l’Université du Québec 176p.      www.puq.ca


 


 

Tout savoir sur la fermentation

Une célèbre chef irlandaise primée Darina Allen a dit de Fermentation de Charlotte Pike que c’est ce type d’ouvrage qu’elle aurait aimé avoir en sa possession en début de carrière afin de magnifier la valeur gustative et nutritive des aliments. Ce qui est curieux est que cette dernière a été l’élève en cuisine de la première. Comme quoi l’élève peut dépasser le maître. Plein de choses peuvent être fermentées des légumes aux desserts et elle en donne une large illustration. Pour les légumes par exemple, une semaine de gestation et le tour est joué. Elle s’inspire beaucoup des cuisines du monde pour l’élaboration de ses préparations.

Fermentation. Charlotte Pike. Broquet 159p.   www.broquet.qc.ca


 


 

L’art du collage

La japonaise Seiko Kato a migré vers le Royaume-Uni où elle donne libre cours à son art du collage. C’est une disciple du couturier Alexander McQueen qu’elle admire pour son côté folie surréaliste. Elle est devenue une autorité en matière de collage et nous fait la générosité de partager son savoir. Atelier collage est le cours 101 par excellence. Elle débute par nous indiquer avec quels outils on doit travailler, très peu d’ailleurs, sinon de bons petits ciseaux bien affutés, de la colle et quelques babioles. Le reste c’est votre imagination. Et si vous en manquez, l’album est plein de références.

Atelier de collage. Saiko Kato. Pyramyd


 


 

La Bible en Lego!

On reçoit des livres de toutes sortes, mais là on doit dire que ce bouquin nous a soufflé totalement. Pensez-donc, une BD originale du fait que son sujet est la Bible mais illustrée par tous ces personnages principaux faits en Lego! Cette belle folie est le fruit de Brendan Powell Smith dont on peine à imaginer ce qu’il lui a fallu de patience pour mettre en chantier son projet. Et en même temps qu’on est admiratif devant ce travail de création, on salue cette manière originale de faire passer le message divin. Chapeau l’auteur qui devrait se mériter plein de prix pour cette démarche singulière. Et puis aussi la scénarisation habile qui a permis de retenir l’essentiel de ce qui est le livre le plus édité au monde, et véritable fresque de l’humanité. Une belle façon, ludique aussi, de découvrir les fondements de notre culture judéo-chrétienne.

La bible en 1001 briques. Brendan Powell Smith. Novalis /Éditions première partie 270p.      www.novalis.ca


 






 

Le coin santé physique et psychique (1)

Marie-Lise Pilote est une fille drôle dont beaucoup rêveraient de l’avoir comme sa « best » comme on dit. A défaut de l’avoir en vraie à nos côtés elle nous fait la faveur de se livrer en toute transparence avec Tout bas ou à voix haute aux éditions La Presse. Pourquoi ce titre ? C’est qu’elle considère que des passages qu’il comporte prendront plus de relief, dits à voix haute. Mais l’essentiel n’est pas dans la manière d’aborder ces pages, mais surtout son contenu désopilant. Car elle traite de tout, de la force du sourire qui attire les gens, l’art de négocier des rabais quand on fait des achats, que durant une longue période, u aveu, elle fut une menteuse avérée. Bref, plus ouvert que ça tu meurs. Et à l’âge où elle est rendue dans ce bas monde, elle a acquis certaines convictions qu’elle tient à partager. Ceux qui l’aiment déjà vont voir leur plaisir décupler, les autres découvriront l’humaniste qu’elle est.

Chez Édito, un récit dans l’air du temps, car comme quelqu’un l’a dit aux Francs-Tireurs à Télé-Québec, les transgenres sont devenus « in » et dépassent maintenant en singularité les gais et lesbiennes qui se fondent maintenant dans la nature. Ainsi Aimée Munezero se raconte dans La femme que je suis devenue écrit en collaboration avec Laurent Montagne. C’est Beauvoir qui disait qu’on ne naissait pas femme mais qu’on le devenait, c’est un peu à ça que l’on a pensé en lisant cette histoire d’un grand courageuse quand on connaît la culture africaine faite de si peu d’ouverture envers l’orientation sexuelle qui dévie de la norme acceptée socialement. Déjà qu’une lesbienne est une honte à qui ont doit apprendre à se guérir, que dire alors d’un garçon qui veut devenir femme ?  Originaire du Rwanda, elle est allée vivre en Belgique où elle a fait du mannequinat, puis a pris la décision de venir s’installer au Québec. Et elle nous le dit bien, à travers des anecdotes multiples que nous n’en sommes encore qu’à la tolérance et non à l’acceptation. C’est une femme de grand courage qui en inspirera plusieurs qui veulent prendre leur place dans la vie.

Les deux prochains livres sont publiés chez Béliveau éditeur. Le premier titre tombe à point nommé à l’heure où dans quelques mois le gouvernement fédéral s’apprête à légaliser la consommation du cannabis. Et qui provoque tellement d’inquiétudes. Notamment sur les effets de la consommation de type dépendance. Pour s’en faire une idée allez lire l’enquête menée par une intervenante sociale Joanne Baum qui est allée à la rencontre de dix accros au « pot » et qui parlent de leur vécu. La vérité sur le cannabis qui rétablit des vérités qu’on aimerait voir sous le tapis, notamment chez ceux qui ambitionnent de faire du fric sur le malheur des gens. C’est même un devoir de se procurer cette lecture faite de témoignages chocs.

Ecore plus jamais assez est écrit par deux psychothérapeutes Laurie Ashner et Mitch Meyerson. Il est destiné en tout premier aux personnes qui sont des insatisfaites chroniques et qui trouvent toujours à redire sur tout. C’est bien entendu un comportement révélateur d’un mal profond, oui, mais lequel ou lesquels ? On trouvera divers tableaux d’attitudes dont certains agiront comme un miroir. Entre autres conseils, de ne jamais tout déballer de ses problèmes à une personne que l’on rencontre, car cette dernière apeurée voudra sans doute laisser le contrat de vous venir en aide à quelqu’un d’autres. La pudeur est parfois de mise.


 








 

Le coin santé physique et psychique (2)

Être en couple aujourd’hui représente un véritable défi car à l’ère des réseaux sociaux, les occasions de trouver de nouveaux partenaires de vie sont infinies et nous sommes au règne de l’éphémère, où on consomme des êtres comme on le fait pour des articles dont on ne sert plus, une fois l’engouement passé. Le professeur sociologue et chercheur à l’Université de Toulouse Gérard Neyrand brosse un tableau de la situation actuelle à la quelle sont confrontés les couples d’aujourd’hui, L’amour individualiste chez Érès. Il reconnaît d’entrée de jeu que le statut de couple est fragilisé pour mille et une raisons. Mais en même temps que les traités de croissance personnelle poussent à affirmer son « je », l’essayiste remarque un paradoxe, que c’est tout de même au contact de l’autre que l’on renforce sa personnalité. A lire absolument avant de se mettre en quête de l’âme sœur. C’est le bouquin que le coquin petit Cupidon n’a pas avant que vous lisiez car lui est partisan que l’amour rend aveugle, alors qu’ici on est dans la lucidité non négative.

Deux livres d’inspiration chrétienne, voire catholiques, tous deux chez l’éditeur Novalis, un petit pamphlet de l’artiste en art visuel Christine Granger spécialiste en icônes et dont on apprend que depuis quarante ans, c’est la figure de la vierge Marie qui l’inspire. Marie de l’Incarnation reproduit de ses œuvres, de toute beauté, assortis d’extraits de textes sacrés qui favorisent la méditation. Et parant de méditation, en voici une du père Thomas Rosica qui a été longtemps attaché au service presse du Vatica, on peut le voir en entrevue sur You tube d’ailleurs en compagnie de nombreux prélats qu’il interviewe dans le cadre de la Fondation Sel et Lumière dont il est le président-directeur. Il nous avait déjà donné « Les sept dernières paroles du Christ » et Reste avec nous est la continuité cette fois sur le thème de la Résurrection du Christ, le fondement de la Foi chrétienne et annonciatrice de l’espérance.

Aux éditions de Mortagne c’est la sortie d’Adam de Samuel Champagne. Est-ce un cas vécu ou un roman, on ne sait trop car il n’y a pas d’indication à cet effet. Mais c’est une histoire un peu particulière, car celui qui parle à la première personne, Adam, est issu d’une famille de sept enfants. Assez rare de nos jours. Un contexte assez écrasant en somme car tout tourne autour de la famille et avec le coût de la vie que l’on sait, les revenus sont restreints au possible et toute possibilité de s’épanouir ailleurs coûte de l’argent. Il raconte donc ce contexte. Viendra un jour où des policiers vont venir frapper à sa porte. Pourquoi donc ? On ne vous en dévoile pas la teneur pour que ne pas bouder votre plaisir et comment le jeune homme va devoir vivre après l’annonce qui sera faite.

La maladie de Parkinson fait de nombreux ravages, et c’est navrant considérant la dimension invalidante. Diane Patenaude en sait quelque chose, elle qui en est atteinte et qui a dû quitter le monde du travail pour cette raison alors qu’elle n’était âgée que de 44 ans. Au lieu de se laisser aller à se morfondre, elle a pris à deux mains les cornes du taureau et a fait de sa maladie un univers de vie où elle milite pour donner de l’information. Son livre phare A nous deux Parkinson aux éditions Marcel Broquet, a fait autorité au point que l’on en est à la réédition revue et augmentée avec les nouvelles avancées de la science qui sont ici rapportées dans ces pages. Et comme on sait que la connaissance permet de vaincre la peur, ainsi vous serez moins terrifiée d’apprendre que cette pathologie aura touchée un proche ou vous-même.

Chez le même éditeur, du Dr. Véronique Baudoux « Divine sexualité ». Cette omnipraticienne qui s’est tournée vers les médecines alternatives nous livre ses considérations sur le corps qu’elle considère, en guise métaphore, qu’il est une porte vers l’âme. Dans l’échange des fluides il y a deux énergies qui se rencontrent celui de l’homme et de la femme. Sa démarche est de faire en sorte de nous déculpabiliser de notre lourd tribut judéo-chrétien en matière de sexe. Là où l’ouvrage pêche c’est que sa vision de la sexualité, du moins dans ce livre ne tient compte que des hommes et des femmes. L’univers LGBT est totalement exclu. Et dieu sait que la bisexualité pour ne nommer que celle-là est largement répandue en réalité comme en fantasme. Peut-être pourrait-elle y consacrer un autre tome ?


 


 

Portrait d’une mère et ses filles

C’est un premier roman de Violaie Huisman qui par ailleurs est très engagée dans l’univers de l’édition et de la vie culturelle littéraire à New York où vit cette française depuis vingt ans. Eh bien si vous vous laisser influencer en parcourant en premier la quatrième de couverture, vous allez être subjugué par l’extrait qu’on en donne où on voit que l’écrivaine qui fait son entrée dans l’auguste monde des lettres, le fait par la grande porte avec un vocabulaire d’une richesse inouïe que de véritables écrivains existe. Fugitive parce que reine est le simple portrait d’une mère et sa relation avec ses filles. Simple en apparence comme du Mozart. Mais là est l’exercice habile de l’auteure qui donne une apparence de facilité alors que nous sommes en présence d’une haute maîtrise. Il faut juste voir comment elle portraiture le personnage de Catherine enceinte qui ne fait aucun sacrifice quand il est le temps des plaisirs, fut-ce t’il de sortir en boîte grosse de neuf mois.

Fugitive parce que reine. Violaine Huisman. Gallimard 246p.


 


 

La collecte de citations de Jean Paré

Oui c’est bien le Jean Paré qui fut à la barre du magazine L’Actualité pendant un quart de siècle qui n’a pas pris aucune ride au plan intellectuel, a preuve sa récolte de citations glanées au fil des lectures, des recherches. C’est un exercice toujours amusant pour le lecteur d’aller à la découverte des réflexions des autres. Car elles ont toutes en commun d’être spirituelles. Les mots de la fin tel est son titre recèle de véritables perles, telle celle-ci du réputé chef d’orchestre Thomas Beecham au sujet du clavecin qu’il décrit comme suit « le son que cet instrument produit est celui de deux squelettes copulant sur un toit de métal ». Ah et puis tenez, de cet autre anglais célébrissime George Bernard Shaw au sujet des médias « Institutions incapables de faire la différence entre un accident de bicyclette et l’effondrement de la civilisation ». Prémonitoire quand on voit le comportement des médias à l’ère de la télévision en continue et des réseaux sociaux.

Les mots de la fin. Citations recueillies par Jean Paré. Québec Amérique 340p.   www.quebec-amerique.com


 


 

Gay durant la guerre de Sécession

S’il y a un roman qui sort du lot cette semaine c’est sans contredit Des jours sans fin de Sebastian Barry. Jugez vous-même, un couple d’hommes amoureux au temps de la guerre de Sécession! Et il n’y a aucun anachronisme car ces amours qui n’osaient dire leur nom se vivaient dans la pénombre comme de raison. Ici c’est un expatrié irlandais qui arrive aux États-Unis fuyant la grande famine. Sur cette terre promise il va croiser la route d’un homme dont il deviendra éperdument amoureux. Et réciproquement. Il va leur arriver plein de choses, dont se travestir et adopter une jeune fille Sioux, combattre sous la bannière de l’Union, etc. Pas pour rien que le Prix Nobel de littérature 2017 Kazuo Ishiguro l’a considéré comme son roman de l’année. Et nous sommes entièrement de son avis.

Des jours sans fin. Sebastian Barry. Joëlle Losfeld 259p.   www.joellelosfeld


 


 

Un Luc Lavoie qui n’a surtout pas la langue de bois

Luc Lavoie le commentateur  de l’actualité au réseau TVA publie ses souvenirs de vie professionnelle sous le titre En première ligne et dont la marque distinctive c’est qu’il ne pratique pas la langue de bois. Lui-même reconnaît faire peur avec sa carrure et sa voix grave. Et puis il a une vaste culture apprise en autodidacte, et dans sa structure de pensée, quand il a quelque chose à vous dire vous avez tout de suite la couleur exacte. Très rare au Québec. Et alors que l’on fuit à toutes jambes les gens vrais, lui au contraire dispose d’un carnet de contacts inimaginables. Il nous en donne un petit aperçu dans son bouquin avec des portraits remarquables de Brian Mulroney, Lucien Bouchard et Pierre-Karl Péladeau pour ne nommer que ceux-là. Avec lui on pénètre dans les coulisses de la politique et on voit que ça joue dur dans ce monde là. Ce n’est que de la gestion au quotidien où chaque politicien et leur entourage éteigne des deux. On a dévoré ce livre en une soirée, tant on n’est pas parvenu à décrocher, c’est peu dire. On voit que le gars a pris le temps de faire une recherche préliminaire pour citer le bon contexte de chaque anecdote, et servi par une maîtrise du récit extraordinaire. A quand le tome 2 cher monsieur ?

En première ligne. Luc Lavoie. Les éditions de L’Homme 325p.  


 




 

L’empire Samsung et la Corée du Nord en vélo

Aux éditions Decrescenzo grâce à qui nous pouvons mieux nous pénétrer de la culture des deux Corées, sort deux ouvrages captivants, chacun dans sa sphère respective. Le premier de Kim Byung-Wan est intitulé L’empire Samsung. Qui n’a pas eu à un moment donné un produit électronique de la célèbre marque sud-coréenne ? L’auteur, ingénieur de formation, connaît bien la culture de cette multinationale car il y a œuvré durant onze ans au département de recherche. Il nous dévoile les secrets de la réussite de Lee Kun-Hee qui a pris les rênes de la compagnie en 1987 et qui l’a haussé à des sommets vertigineux. Habituellement, bien des leaders, surtout américains ont tous sorti un jour ou l’autre en librairie leur recette de la fortune. Ici il n’y a rien de magique. On décortique chaque stratégie à recourir où c’est toujours l’effort qui est de mise. Et en même temps on voit l’ascendant spirituel tout asiatique, a contrario de la vision américaine des affaires. Le dirigeant suprême agit comme un joueur d’échec et les produits, condition sine qua non, doivent être simples côté utilisation. A lire absolument si vous avez le goût de vous mettre en affaire.

De son côté John Everard diplomate britannique de son état a été en poste à Pyongyang de 2006 à 2008. Dans un de ces derniers bastions de régimes autoritaires, et ici le qualificatif est un euphémisme concernant la Corée du Nord, il a pu dans ses temps libres, prendre sa bicyclette et faire le tour de la capitale et ses environs, s’autorisant même à faire un brin de causette avec le petit peuple. Ce qu’il en rapporte dans La Corée du nord à bicyclette est un témoignage de première main au moment ou son leader démentiel menace de tout faire sauter à tout moment, imprévisible comme son homologue au Bureau Ovale. L’auteur qui fort de sa connaissance intrinsèque conseille maintenant l’ONU a eu dans le cadre de sa mission, à se rapprocher des dirigeants. Nous avons des portraits fantastiques de la nomenklatura autant que de l’humble citoyen. Cet ouvrage ne peut pas être plus d’actualité pour saisir la mentalité régnante.


 


 

Une terre d’érable et de sable

C’est un recueil de poésie, une petite plaquette, mais d’une rare densité. Moi figuier sous la neige de Elkahna Talbi fait le pont entre les deux cultures, celle du contexte québécois qui l’a vu naître, à Montréal, précisément, et celle de ses parents d’origine tunisienne. Dans sa préface il y a un bel amalgame, l’érable et le sable. Vous voyez qu’elle a le sens des images. En effet, ses strophes sont très imagées, évocatrices à souhait. C’est son premier pas en littérature. Prometteur. Suivez ce nom, il ira loin.

Moi figuier sous la neige. Elkahna Talbi. Mémoire d’encrier 82p.    www.memoiredencrier.com


 


 

Nicolas Rey se démasque, vrai ou faux ?

Déroutant est un euphémisme pour décrire à quel point Dos au mur de Nicolas Rey est déroutant. Parce qu’il se met en scène en ne se donnant pas le plus rôle, celui d’un écrivain qui n’est plus inspiré et qui confesse faire du plagiat. Le ton est si rempli de sincérité que l’on peut prendre ce mea culpa pour du comptant. Mais une chose nous arrête, c’est que cet ouvrage est bien indiqué comme un roman. Vrai ou faux ce qu’il raconte ? A vrai dire on s’en fout. Car ce qu’on retiendra c’est que son style oppose un démenti à ce qu’il raconte de son présumé drame de la page blanche. C’est du Rey à son meilleur, inspiré. Nous avons lu de bout en bout de manière jouissive.

Dos au mur. Nicolas Rey. Au diable vauvert 265p.   www.audiable.com


 


 

De l’autofiction de haute volée

Avec l’autofiction le plaisir du lecteur est de tenter de démêler le vrai du faux. Il aura ici de la difficulté à en découvre tant Malek et moi d’Alain Beaulieu a bien ficelé son récit. En gros ce serait une femme, Nadine Pilon, qui à la fin du livre on l’apprendra décidera de mettre fin à ses jours. Mais auparavant elle a chargé le signataire du présent livre, de l’aider à coucher sur papier son histoire. C’est un parcours d’une grande densité humaine. Si la protagoniste a décidé que c’en était fini, c’est sans doute qu’elle a eu un vécu d’une intensité peu commune. A ce point que l’écrivain acceptera la commande, car de matériaux dans cette existence. Vous prendrez beaucoup de plaisir si vous êtes adeptes de ce style littéraire, sorte de roman à clé.

Malek et moi. Alain Beaulieu. Druide 214p.    www.editionsdruide.com


 


 

Vivre sereinement l’après référendum de 1995

Déjà le référendum raté de 1980 a été un électrochoc dont le Québec ne s’est jamais relevé, arrivera ensuite le second knock-out de 1995 qui nous a tous collé au tapis. Le PQ s’est embourbé ensuite avec des scénarios stériles de conditions gagnantes qui ont fini par enliser la formation politique. Puis au tour du gouvernement libéral de proposer ses conditions gagnantes dans la perspective d’un nouveau rapport avec le gouvernement central. Encore là, on se traîne les pieds. Jean-François Simard est un observateur attentif de tout ce qui s’est passé et qui se déroule sous nos yeux. En plus, cet intellectuel a goûté à la médecine de la vie politicienne en siégeant un jour à l’Assemblée nationale. Il a sa petite idée pour la suite à donner à notre destin collectif. Nous ne vous en dévoilons rien pour que vous puissiez découvrir sa proposition dans L’idéologie du hasard un essai politique lumineux qui apaisera, peut-on au moins vous dire, votre sentiment de frustration. C’aurait pu être un docte ouvrage destiné à des fanas de la Constitution. Eh bien non, c’est à la portée de tous. On s’amusera quand il dit que le fédéralisme est en état d’autosatisfaction. Vous voyez, le ton est donné.

L’idéologie du hasard. Jean-François Simard. Fides 196p.    www.groupefides.com


 


 

Un premier roman trippant de Noémie D. Leclerc

Québec Amérique a décidé de donner encore plus de chance à de jeunes auteurs de faire le premier pas en littérature. C’est le cas de Noémie D. Leclerc qui débarque et le verbe ici est fort à propos, avec Darlène. C’est le prénom qu’elle donne à son « héroïne » qui se distingue d’abord par deux choses, elle aime aller au Normandin, ce delicatessen bien connu de la région de Québec et écouter Denis Lévesque à TVA. Pour le reste c’est une fille vivante, curieuse de tout et surtout dotée d’une lucidité à toute épreuve. Et puis le hasard lui fera rencontrer Ashton un jeune américain au look androgyne qui veut se tuer en se jetant des chutes Montmorency. Son destin à elle aussi va basculer. Ça se termine sur un happy end rassurez-vous, comme quoi l’amour triomphe de tout. Ce qui sera la marque distinctive de l’écrivaine c’est son réalisme saisissant. Nous invitons les dépisteurs de prix à remettre pour un premier talent à regarder de ce côté-là.

Darlène. Noémie D. Leclerc. Québec Amérique 231p. 
www.quebec-amerique.com


 


 

Déjà une biographie de Johnny

Les cendres de Johnny Hallyday sont à peine refroidies que sort déjà une biographie. Pur opportunisme direz-vous. Pas exactement, car Johnny le guerrier de Gilles Lhote est écrit par un mec qui a côtoyé la star pendant plus de trois décennies et qui avait participé à la rédaction de son autobiographie « Destroy ». L’auteur est un ancien de Paris-Match qui est devenu rédacteur en chef de VSD puis à la direction du service photo de Télé 7 Jours (c’est un photographe émérite). Il lui a d’ailleurs consacré d’autres ouvrages. Donc c’est un témoin qui a été aux premières loges. C’est une excellente biographie qui s’en tient à l’essentiel et qui est suivie de sa discographie complète. Le biographe raconte entre autres choses que longtemps la consommation de drogues du chanteur était un tabou jusqu’à ce qu’un jour l’interprète décide de tou8t dire pour consacrer sa vie de rocker. Et qui était son compagnon de défonce ? Depardieu! Ensuite il raconte sa romance avec notre Nanette Workman qu’il tenait en très haute estime mais dont il avait peur, la considérant comme son double, si excessive.Vous n’allez pas vous ennuyer une seconde.

Johnny le guerrier. Gilles Lhote. Robert Laffont 306p.    www.laffont.fr


 


 

Un grand classique de la littérature jeunesse américaine

Parents qui cherchez par tous les moyens à garder vos mômes au moins assis sagement une heure, nous avons la prescription par excellence, à savoir leur remettre entre les mais un livre d’une grande pointure de la littérature jeunesse américaine Madeleine L’Engle qui en 1962 publiait ce que nous avons comme titre actuel dans la présente traduction Un raccourci dans le temps. Et dont Disney en a fait une adaptation récente au grand écran. Qui narre les tribulations d’un frère et d’une sœur dont on dit des choses malveillantes sur leur compte, dont des doutes sur le leur degré d’intelligence. Les deux victimes n’ont que faire de ces ragots car ils ont une préoccupation plus importante, retrouver leur père qui après s’être séparé de leur mère n’a plus jamais donné de nouvelles. C’est donc une quête entremêlée d’aventures, mêmes cosmiques. C’est écrit avec brio et ce n’est pas devenu un classique du genre pour rien.

Un raccourci dans le temps. Madeleine L’Engle. Les Malins 266p.   www.lesmalins.ca


 


 

Les utopies d’Aymeric Caron

Aymeric Caron c’est ce bel intellectuel à la tête d’acteur que nous avons découvert sur TV5 en tant que débateur sur le plateau d’On n’est pas couché animé par Laurent Ruquier. Sa marque de commerce était de déstabiliser les invités en repérant des incongruités dans les produits ou les déclarations que ces derniers venaient défendre à la caméra. Et parfois ils les confondaient les laissant dans un état de honte. Alors imaginez ce gars qui couche sur papier sa vision du monde et qui propose en contrepartie ces utopies. En passant c’est un ami du Québec et on annonce sa venue en marge du lancement de sa dernière ponte Utopia XXI. Il s’inspire pour sa démarche de Thomas More qui, il y a cinq cent ans, avait publié « Utopia » dans lequel il appelait de tous ses vœux un monde nouveau. Caron est atteint de lucidité chronique d’où sa force d’analyse et pourquoi il prenait tant de plaisir à pourfendre les hypocrisies. Dans son ouvrage il consacre énormément de temps au monde du travail. On voit qu’il a de l’empathie pour ces gens qui vont au boulot mais dont le salaire ne leur permet pas de faire comme leur père qui de sa seule rétribution pouvait faire vivre sa famille et se permettre même une maison et des gâteries pour ses proches, comme le faisait son propre père, issu de la classe ouvrière. Il y va donc der ses propositions, ces utopies, après chaque thème exploité. La seule chose qui étonne c’est l’absence de considérations sur l’ère numérique et ses conséquences funestes sur la vie sociale, où l’humain est laissé à lui-même et sa drogue virtuelle complété par un déficit grave d’altérité. Mais pour le reste vous allez prendre un réel bonheur au niveau de l’esprit. Car l’essayiste est doublé d’un humaniste et nous met en garde contre les dérives du système néolibéral.

Utopia XXI. Aymeric Caron. Flammarion 511p.   


 


 

Un docte ouvrage sur les actes des Apôtres

Nous tenons à vous prévenir Les actes de Pierre et des douze Apôtres aux Presses de l’Université Laval, tiré de la bibliothèque copte de Nag Hammadi est destiné uniquement aux biblistes de haute voltige qui s’intéresse à tout ce qui concerne les débuts de la chrétienté. Comme nous le faisons toujours, et exceptionnellement, dans le cas des ouvrages hermétiques, nous nous contenterons de reprendre ici les commentaires de l’éditeur « Acta apostolorum et conte fantastique, récit post-résurrectionnel et parabole de la quête du Royaume, hymne à la résistance face aux persécutions mais aussi mythe fondateur de la mission chrétienne, ouvrage de propagande tout autant que précis d'évasion, le premier écrit du codex VI de Nag Hammadi se prête à de multiples lectures. Cette polysémie découle d'un processus rédactionnel complexe, dont le texte conserve de nombreuses traces, qui se cristallise en quatre discours distincts dissimulés dans autant de récits aussi bien autonomes qu'interdépendants : une théologie plurivoque, en même temps extatique et symbolique, véhiculée par l'histoire hybride de Lithargoël, à la fois allégorie du salut de l'âme et psychanodie, un enseignement euthymique transmis par le Jésus ressuscité d'une scène épiphanique, une théologie diaconale et une théorie novatrice de la mission chrétienne, corollaires d'un récit missionnaire, et enfin une théologie ascétique et une apologie de la perpétuation de l'Eglise, renfermées dans une ample métaphore de l'endurance. Si la dernière étape de sa composition peut être attribuée à un cercle mélétien du tout début du IVe siècle, cet apocryphe semble circuler, non seulement en Egypte mais aussi à Rome, en Nubie et en Palestine, au moins jusqu'au XIIe siècle. » 


 




 

Le coin santé physique et psychique (1)

Les deux prochains titres paraissent chez le Dauphin Blanc. D’abord le psychologue Jean Rochette qui pratique en Beauce et en Estrie, alimente depuis quatre ans sa propre page Facebook. Peut-être certains ont-ils ratés certains de ces commentaires. Il en a rassemblé 400 cent dans Des silences ébruités dans lequel il se fait le chantre de la recherche intérieure afin de vivre l’idée que le royaume des cieux est en nous et de faire preuve de plus d’autodétermination. Et cesser d’être la victime des faits extérieurs à soi.
Ailleurs c’est le docteur en neurosciences et psychothérapeute Joël Monzée qui pose la question concernant le suivi à faire pour les parents concernant leur progéniture Et si on les laissait vire ? L’interrogation ou du moins l’affirmation qu’il fait tombe à point nommé où la série « Fugueuse » cartonne à TVA et où les parents effrayés par ce qui peut arriver à leurs ados se demandent comment agir. Et où la réponse se situe dans un juste milieu entre être trop intervenant ou de trop laisser-aller. Ce livre rassurera bien des parents qui cherchent la bonne voie à suivre.

Aux Presses de l’Université Laval le professeur Simon Grondin chercheur et enseignant à l’École de psychologie de l’Université Laval nous livre un condensé de ses expérimentations de la notion du temps dont il est un spécialiste de renom dans Le temps psychologique en questions. Avec une certaine vulgarisation il explique comment la notion du temps varie selon l’âge, les sexes. A la toute fin il répond à la question que l’on se pose tous à savoir pourquoi en vieillissant le temps nous semble passer trop rapidement.


 






 

Le coin santé physique et psychique (2)

S’il y a un livre fondamental en croissance personnelle tout en haut de la liste, c’est De l’art d’élever des enfants (im)parfaits du Dr. Patrick Ben Soussan pédopsychiatre à Marseille. C’est aux éditions Érès. Pourquoi ? Parce qu’il met en garde les femmes agitées en mal de maternité, et qui centrent toute leur vie sur le petit être à engendrer. Car il y a, et il met en garde, des lendemains qui déchantent. Surtout si on fait des enfants pour les mauvais motifs, dont le premier serait pour égayer don existence d’adulte. Il cite une étude américaine où on avait demandé à des lecteurs, si sachant ce qu’ils savent de la parentalité seraient prêts à recommencer. 70% répondirent par la négative! Si vous avez un désir d’enfant, il faut impérativement lire cet ouvrage. Vous risquez de faire moins de petits malheureux.

Toujours chez l’éditeur Érès, un autre livre à mettre à égalité avec le précédent c’est Les écrans de nos enfants une recherche en collectif sous la direction de Marika Bergès-Bounes et Jean—Marie Forget. Qui tombe à point nommé alors qu’on diffusait il y a peu une enquête d’Envoyé spécial sur le fléau du numérique chez les touts petits. Et où on apprenait qu’en quelque sorte, que la dépendance à la dopamine sécrétée par le bonheur de jouer sur des tablettes, est rien de moins qu’assimilable à la consommation de drogues. Et si dangereuse en bas âge que même les dirigeants des grandes fournisseurs du web limitent leur utilisation à pas plus qu’une demi-heure, tellement ils en craignent les effets! Alors que doivent faire les parents affolés par cet abus des outils numériques ? D’où la nécessité de lire ce qu’en disent ces chercheurs. 
Pour les japonais l’ikigai c’est la faculté d’avoir trouvé du sens à sa vie. Et sur l’île d’Okinawa, célèbre pour son débarquement des Marines américains durant la Seconde guerre mondiale et aussi sur pour son nombre remarquable de centenaires, la population locale a adopté cette philosophie qui s’inscrit dans la tradition bouddhiste. Bettina Lemke a assimilé les notions essentielles qu’elle nous fait part dans Le livre de l’ikigai chez l’éditeur Hugo qui est en même temps interactif, car on est invité à répondre à un questionnaire où on doit s’abandonner en toute franchise pour parvenir à la lumière intérieure.

Chez Flammarion le chef réputé Jérôme Ferrer délaisse momentanément ses fourneaux pour lever le voile sur un pan de sa vie personnelle, une expérience de vie alors que sa compagne était foudroyée par un cancer. Ce couple démarrait dans l’existence et caressait de beaux projets. C’était sans la grande faucheuse qui allait ravir l’être de son existence. Faim de vivre c’est le titre, est émouvant au possible. Par cet acte d’écriture, il livre quand même un message d’espoir, réitérant que malgré les épreuves, aussi grandes soient-elles, la vie est belle et qu’on peut passer à travers cette épreuve. Un tout petit livre qu’il avait envie de partager et qui fera grand bien à ceux et celles qui connaissent la même douleur.

Et pour conclure un maître spirituel Ram Dass qui signe Polir le miroir chez AdA. Écrit avec la collaboration de Rameshwar Das son objectif est de nous enseigner comment vivre à partir de notre cœur spirituel. Théoricien d’un certain yoga, il accorde une attention immense à la méditation. Lui aussi à sa façon veut nous intérioriser davantage. Que nous sommes des âmes, comme il dit, et non des egos. Un livre, vous l’aurez deviné, plein de sagesse indienne.



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