- LIVRES NOVEMBRE 2019 -
 
 


 


Deux livres sur la condition animale

Avouons que le titre est accrocheur en diable Que pensent les dindes de Noël ? aux éditions Tana. L’idée vient de Fabienne Delfour qui est éthologue à l’Université Paris 13. Avec en plus un objet de recherche plus ciblé, à savoir l’éthologie constructiviste qui consiste à non plus faire des animaux des individus mais des sujets. L’évolution de la connaissance nous a appris que les bêtes sont dotées d’une palette d’émotions. Mais qu’en est-il réellement surtout quand on a tendance à les confondre avec des émotions humaines. La recherche est fondée sur une grande empathie pour ces animaux que l’on voit vivre mais dont on sait finalement si peu de choses. L’auteure se met donc dans la peau d’un animal choisi pour nous partager ce que ce dernier ressent. Mangerons-nous maintenant la dinde de la même façon ?

Ailleurs c’est David Jaclin professeur adjoint à l’École d’études sociologiques et anthropologiques de l’Université d’Ottawa qui documente depuis des années la condition des animaux exotiques vendus commercialement, souvent clandestinement à des nord-américains désoeuvrés qui trouveront tendance d’avoir un tigre du Bengale qui barbotte dans leur piscine en plastique de Floride, nourri avec des aliments de supermarchés et à qui on fait gober des contraceptifs!  L’animal en vient à perdre ses repères. La laisse du tigre avec pour sous-titre “frictions humanimales en Amérique du Nord” est un brûlot dénonciateur de ces perversions qui consistent à déraciner une bête d’un autre continent pour épater la galerie en se souciant comme d’une guigne de ce qu’éprouve l’animal. C’est aux Presse de l’Université d’Ottawa.

 


 


Un seul homme raconte l’Histoire de France en la synthétisant

Jean-Joseph Julaud est une signature connue de la collection “Pour les nuls” où on lui doit entre autres “La géographie française pour les nuls”, “La littérature française pour les nuls” et “La poésie française pour les nuls”. Cette fois la commande était d’une toute autre importance, raconter l’histoire de France. Eh bien les défis ne lui font pas peur, car il s’est acquitté magistralement de ce mandat en produisant L’histoire de France pour les nuls un pavé très lourd de plus de 800 pages. Alors que cette même histoire ailleurs se raconte souvent en plusieurs tomes, lui, il parvient à tout synthétiser en un seul volume. On ne nous dit pas comment il a mis de temps à la recherche et à la rédaction, mais le résultat final nous laisse sans voix. En plus que c’est un excellent conteur comme on souhaiterait en avoir dans nos salles de classes. Il y aurait moins de décrocheurs assurément. Alors si vous déplorez avoir des manques concernant l’histoire de ce pays qui est aussi une civilisation, allez-y, c’est enrichissant comme ce n’est pas permis. C’est désormais un fleuron de la célèbre collection.

L’histoire de France pour les nuls. Jean-Joseph Julaud. First 824p.    www.pourlesnuls.fr

 


 


Tout connaître sur les serpents

Récemment à Télématin le magazine matinal de la télé française, on nous faisait voir un reportage sur les pompiers de Bangkok qui ont une occupation bien singulière, débarrasser les serpents qui envahissent la capitale thaïlandaise. On en compte 300 variétés, dont 10% sont venimeux. Mais pourquoi ne cherche t-on pas à s’en débarrasser pour de bon ? C’est que d’une part les serpents chassent les rats, et dans la tradition bouddhiste c’est un animal respecté. Une qui en connaît un rayon à leur propos est l’herpétologue Françoise Serre Collet travaille au Muséum National d’Histoire Naturelle à Paris. Elle lance Légendes de serpents une bible en somme pour ce qui concerne ces reptiles que l’on craint mais fascinants à la fois. Vous saurez tout à leur sujet et leur représentation dans les contes et légendes des civilisations, le combat que mena le dieu Thor contre l’un d’entre eux, les femmes-serpents, etc. Et ceux qui vénèrent ces animaux trouveront là de quoi renforcer leur passion.

Légendes de serpents. Françoise Serre Collet. Delachaux et Niestlé 254p.    www.delachauxetniestle.com

 


 


Redonner de la dignité aux matelas abandonnés

On ne sait pas comment ça se passe ailleurs, mais au Québec les autorités ne cessent de nous mettre en garde de ne pas toucher aux matelas abandonnés, encore moins de les récupérer pour le chez-soi, de crainte que ceux-ci ne véhiculent des punaises. Pour la designer Lork-k on passe par-dessus ces considérations l’artiste, résolument, ne voyant pas les choses de la même façon. Voulant réhabiliter ces matelas, l’artiste urbaine anti-gaspillage chevillée au corps, transforme ceux-ci en des objets de street-art fabuleux, colorés à souhait. On ne peut pas imaginer ce qu’elle parvient à faire avec des matelas qui suscitent à l’état naturel notre plus totale indifférence. Elle consacre un album à ses expérimentations singulières du plus bel effet. Et ne vous fiez pas au titre qui n’a rien de culinaire, sinon les inspirations suggérées.

Eat me recettes urbaines Lor-K. Pyramyd 167p.     

 


 


Comment on a capté des images célestes

Jean-René Roy est un astrophysicien qui a longuement enseigné à l’Université Laval et qui a ensuite roulé sa bosse dans le monde et beaucoup du côté des américains. C’est un incollable pour tous ce qui concerne la conquête spatiale visuelle. Il nous raconte cette merveilleuse épopée des télescopes et de ce qu’ils ont pu saisir dans l’histoire à l’intérieur d’un bel album à la riche iconographie va sans dire Trente images qui ont révélé l’univers. Dont le titre un peu trompeur laisserait entendre que l’on se concentrerait sur trente photos comme l’indique le titre. C’est beaucoup plus vaste que ça. Un véritable cours d’histoire de l’astronomie. Et tous ces merveilleux télescopes et sondes orbitales qui traquent l’infiniment lointain, nous ramenant à notre petitesse devant l’immensité de l’univers qui semble ne pas avoir de fin. Fascinant est ici un euphémisme à défaut d’autre qualificatif.

Trente images qui ont révélé l’univers. Jean-René Roy. Presses de l’Université laval 291p.     www.pulaval.com

 


 


Grace Kelly la perfection faite femme

Aux éditions Gründ où on est passé maître dans l’art de produire de ce qu’on appelle les beaux livres, on vient de se dépasser avec Grace Kelly portrait d’une princesse en artiste. On doit ce bijou à Stéphane Loisy. Qui a mis l’accent comme le dit le titre, sur l’apport de cette femme sublime au monde artistique. Pas seulement au cinéma qui occupe largement la place bien sûr, mais sur d’autres interventions qu’elle a faite au moment où elle est devenue princesse, surtout à la fin de sa vie où elle narrera des textes. D’ailleurs, s’ennuyant un peu quel que mois après son arrivée dans sa nouvelle vie sur le Rocher, elle avait émis le souhait de reprendre le chemin des studios, ce que macho étant, Rainier refusa tout net. Princesse elle devait le demeurer contre vents et marées. Elle a dit en entrevue qu’elle souhaitait que l’on garde d’elle l’image d’une femme bien sous tout rapport qui aura fait du bien aux autres. Si elle avait vécu elle aurait 90 ans en cette année 2019. La maison d’édition souligne donc cet anniversaire de manière magistrale avec des photos éblouissantes.

Grace Kelly portrait d’une princesse en artiste Stéphane Loisy. Gründ

 


 


Rencontre entre un quasi analphabète et un lettré universitaire

Est-ce un récit ? Rien ne nous donne d’indications sur le genre de Mes conversations avec Claude de Robert Major. La narration à tout le moins d’un individu présenté comme un universitaire en lettres dans ses rencontres avec Claude, un voisin, bûcheron de son état. Et le premier de raconter la relation qui s’est établi entre quelqu’un qui a la tête bien remplie et un manuel. Deux mondes théoriquement improbables à établir des échanges. Mais l’intellectuel a bien besoin des bras de l’autre. Lequel des deux est le plus utile ? Telle est la question qu’on peut se poser. Au final c’est l’harmonieuse cohabitation des genres qui compte.

Mes conversations avec Claude Robert Major. Les Presses de l’Université d’Ottawa 108p.       www.presses.uottawa.ca

 


 


Sur un homme d’affaires confronté à sa retraite

Ça été dit par tous les gérontologues et sociologues de la planète, une retraite mal planifiée peut devenir psychologiquement un abîme. Les romans qui traitent des vieux confrontés à un lendemain non défini, ne sont pas légion. C’est la raison pour laquelle Le vieil homme sans voix de Didier Leclair apporte un éclairage intéressant sur cette condition humaine à l’ère du jeunisme où si la tendance se maintient on considérera qu’à trente-cinq ans vous ne faites vieux jeu. Ici le protagoniste est un homme d’affaires qui a décidé de céder l’entreprise à son fils. Il a beaucoup aimé dans sa vie, trois mariages, il nous l’apprend dès les premières lignes. Mais maintenant qu’il n’aura plus rien à faire, il se met à philosopher sur le sens de la retraite. Il y aura encore pour lui des lendemains qui chantent. Heureusement. L’éditeur a eu la bonne idée de recourir à des caractères typographiques plus dimensionnés pour ceux qui ont des problèmes de vision, ainsi avons-nous pensé. Beau travail monsieur l’écrivain.

Le vieil homme sans voix Didier Leclair. Indociles/ éditions David 226p.    www.editionsdavid.com

 


 


Quand les sons ne vous obéissent plus

Le prestigieux quotidien Le Monde a qualifié La dissonante premier roman Clément Rossi de puissance musicale. Beau compliment pour un novice du monde de la littérature. Et c’est bien mérité pour cette histoire d’un chef d’orchestre en province, dans la soixantaine qui au moment où il dirige sa formation dans du Wagner, se rend compte que les sons sont tout croches, qu’il y a des disparités sonores entre les instruments. Une colère s’empare de lui qui pourrait se rapprocher peut-être d’un Beethoven se sentant sourd. Ce handicap auditif trouve peut-être sa source dans des éléments perturbants venant de sa famille. Qui sait ? Bref, comme le dit le slogan promotionnel accompagnant la sortie du livre “Il y avait quelque chose dans la musique, qui n’aurait pas dû y être”. Notons au passage que l’écrivain est aussi musicien. Il a donc par conséquent de l’empathie pour ce qui arrive à son personnage et nous le fait bien partager.

La dissonante Clément Rossi. Gallimard 236p. 

 


 


Retour sur une vieille affaire de femme disparue

Encre sympathique voilà le titre du dernier Patrick Modiano cet écrivain qui recueille tous les prix de prestige possibles le Roger-Nimier, le Goncourt puis le Nobel de littérature. Et le hic c’est que le premier concerné s’en étonne. Et ce n’est pas de la fausse humilité. Le titre réfère à l’usage que fait l’écrivain de cet encre invisible à l’oeil nu qui se colore au contact d’un produit. Il a de ces manuscrits anciens écrits de la sorte. Le titre est une métaphore. En effet, le personnage central a travaillé jadis pour un bureau d’enquête. Quand il est parti il avait ramené avec des dossiers concernant l’affaire d’une femme disparue, jamais élucidée. Et comme un puzzle, avec le temps il va rassembler les morceaux manquants pour faire surgir un élément éclairant. Le roman fait à peine plus de cent trente pages. Le contenu l’emporte sur le contenant. Vous connaissez l’adage “c’est dans les petits pots….” Eh bien c’est ce qui se produit ici avec ce petit bijou où, comme c’est toujours sa marque de commerce, il met en valeur Paris et ses mystères.

Encre sympathique Patrick Modiano. Gallimard 137p.   

 


 


Le Renaudot grâce à un fauve niché dans les hauteurs de l’Himalaya

Philippe Tesson s’est vu décerné le prix Renaudot 2019 pour La panthère des neiges une équipée qu’il a entrepris avec le réputé photographe animalier Vincent Munier qui lui a fait l’invitation pour une “randonnée” sur le plateau du Changtang à cinq mille pieds d’altitude au Tibet, long de 1600 kilomètres, seconde plus grande réserve naturelle au monde. Pour y faire quoi ? Avoir la chance de croquer avec sa lentille la panthère des neiges, son habitat naturel, dont on dit qu’il n’y aurait plus que cinq mille fauves du genre en circulation. Mais la bête majestueuse ne se laisse pas capter aussi facilement. Tesson raconte qu’il fallait souvent attendre 30 heures par moins 30 degrés celsius pour qu’enfin le félin se pointe. Un récit d’aventures qui plaira à un grand nombre amateurs d’exotisme. Ensuite son prix, Tesson ne l’a pas volé. C’est un sacré conteur.

La panthère des neiges Sylvain Tesson. Gallimard 167p.   

 


 


Un échange épidermique gay né des réseaux sociaux

Il était une fois un romancier bruxellois, jeune trentenaire, qui allant vadrouiller sur les réseaux sociaux, va tomber sur la photo d’un jeune normand de 20 ans, prénommé Marin qui vit à Rennes. On commence par des échanges de type numérique, puis viendra le moment de la rumba des matelas. Et comme ça se passe souvent dans le milieu homosexuel, c’est “d’essayer” l’autre. Un coup d’un soir suivi de Dans le lit de Marin de Mathieu Bermann contiendrait une part d’autofiction. Ceux qui ne connaissent pas le rituel des moeurs de l’amour qui n’ose dire encore son nom en dépit de la fierté gay, en apprendront, car c’est une liaison fugace assez typique du milieu. La suite est donc la conclusion des désirs. Brel avait particulièrement raison quand il a dit un jour que les fantasmes sont infiniment mieux que la réalité.

Un coup d’un soir suivi de Dans le lit de Marin Mathieu Bermann P.O.L. 379p.    www.pol-editeur.com

 


 


Il s’en passe des choses à l’Avenir

Michel Bélil a entrepris une saga Les cinq saisons de l’Avenir une saga policière qui se situe à la fin du XXIème siècle dans une petite localité nommé L’Avenir. Nous avons présentement le dernier tome de la série “Le printemps”. On voit vivre un homme orchestre d’origine métis Joachim O’Bomsawin qui fait tout dans cette municipalité, dont cadre administratif et jusqu’à chef de police. Et c’est dans cette dernière fonction qu’il est appelé à élucider le meurtre de deux leaders de factions criminelles rivales. C’est superbement écrit et cela lui avait été reconnu par ses pairs puisque l’auteur a remporté dans le passé le prix Boréal du meilleur roman et du meilleur recueil fantastique ainsi que le prix Septième Continent. La typographie est faite aussi pour faciliter la lecture. Comme diversion pour une journée de grisaille ou d’ennui c’est la prescription parfaite. Le problème c’est que le “danger” d’accoutumance croît avec l’usage.

Les cinq saisons de L’Avenir Le printemps. Les éditions de L’Apothéose 312p.  www.leseditionsdelapotheose.com

 


 


Pour Alexandra un malheur ne vient vraiment jamais seul

Il y en a décidément pour qui la vie est une succession de douloureux karmas. Prenez cette pauvre Alexandra “héroïne” du roman  Je te promets fidélité deuxième roman de Chantale Ostigny qui à la ville est infirmière clinicienne en santé mentale. La pauvresse, peut-on imaginer pire, le  conjoint, Charles qui est allé faire une course et qui tombe raide mort. Elle dévastée, perd l’enfant qu’elle porte. Et pour ajouter à cette succession de désastres, fouillant dans des effets personnels que l’employeur du défunt lui  remet, elle tombe sur une photo montrant l’amour de sa vie dans les bras d’une femme. Enfer et damnation. On a beau parler de résilience, mais tout de même. Ce pourrait être un mélo à la Eugène Sue, mais non, l’espoir fait jour quand même. C’est un livre qui est en même temps un espoir pour les lecteurs qui seraient accablés par un ou des malheurs. Ensuite un rappel que l’on connaît quelqu’un vraiment demain, encore mieux le surlendemain.

Je te promets fidélité Chantale Ostigny. Fides 172p.     www.groupefides.com

 


 


L’histoire de l’économie sociale au Québec

Il allait de soi que c’était à Pauline Marois de préfacer Trente ans d’économie sociale au Québec de Nancy Nemtan la grande prêtresse de cette économie alternative. Car c’est la politicienne qui écoutant les doléances du petit groupe formé par dame Neamtan dans le quartier de la  Pointe-Saint-Charles, est allé défendre cette forme innovante d’économie malgré la propre réticence de ses fonctionnaires. Mais l’ancienne première ministre du Québec n’allait pas se laisser démonter. Et c’est sous le gouvernement de Lucien Bouchard que l’on adopta une loi en 2013 qui consacra le genre économique. Nancy Neamtan au coeur de toutes ces batailles était la mieux placée pour faire revivre cette épopée qui donna entre autre naissance au réseau des centres de la petite enfance qui allait changer la vie de bien des familles québécoises.

Trente ans d’économie sociale au Québec Nancy Neamtan. Fides 260p.     www.groupefides.com

 


 


Les messages véhiculés par les arts martiaux dans les jeux vidéo

Parmi l’imposante production de jeux vidéo, le marché des arts martiaux est très présent et populaire. Et on a en tête ces combats où les .acteurs voltigent dans des chorégraphies étudiées. Des combats aussi de haute volée. Mais ce sont aussi des clichés si on prend connaissance de l’étude que leur consacre un collectif de chercheurs sous la direction de Olivier Bernard Arts martiaux et jeux vidéo, quel rapport à la culture ?”.  La conclusion c’est qu’on assiste à une culture martiale vidéoludique. Et qui colle aussi à plein en cette ère numérique où les jeunes sont devenus même dépendants avec des conséquences dont on ne mesure pas encore tous les effets.

Arts martiaux et jeux vidéo, quel rapport à la culture ? Collectif sous la direction d’Olivier Bernard. Presses de l’Université Laval 278p.     www.pulaval.com

 


 


Quand un fermier bio croise une critique gastronomique

Elle, s’est Marie-Claude Lortie la critique gastronomique de La Presse, dont les restaurateurs vont tout de suite à la fin de son papier pour voir connaître sa sentence à la question “On y retourne ?”. La dauphine de la regrettée Françoise Kayler a pris du galon avec les années et on la redoute presque autant que sa prédécesseure. L’autre c’est Jean-Martin Fortier est un fermier bio-intensif. Les deux vouent un culte aux produits locaux. Alors imaginez s’ils unissent leur passion pour prôner le fait de cultiver nous-mêmes nos fruits et légumes. Ça donne L’avenir est dans le champ où on donne des conseils pour la production de 12 fruits et légumes. C’est d’abord un plaidoyer pour le beau et bon produit. On nous dit, et bombez le torse, que notre carotte est la meilleure au monde! En fin d’ouvrage, des conseils pratiques pour monter son jardin, comme pour la salade mesclun, pour ne nommer que celle-là. Et tenez-vous bien, Miss Lortie qui a un potager urbain sur son toit, compte élever des poules dans son jardin!

L’avenir est dans le champ Jean-Martin Fortier et Marie-Claude Lortie. Les éditions La Presse 263p.        www.editionslapresse.ca

 


 


Le coin Miam Miam

Il y a de ces fois où on file “cochon” comme on dit communément et où on aimerait bien se mettre dans le gosier une bonne fournée de frites. Mais ce qui nous retient c’est l’ennemi juré de notre organisme, le gras. Heureusement la technologie s’est invitée dans nos cuisines et nous offre des accessoires pour manger plus sainement. Et c’est le cas de la Friteuse à air chez l’éditeur Broquet, un membre de notre équipe à la rédaction, ne jure que par son appareil dont il ne s’imagine plus vivre sans. Et il nous a fait la démonstration à quel point sa friteuse à air est capable d’épurer un maximum de gras, sans rien enlever à la saveur. C’est le mini-fourneau magique. Ceux qui veulent en connaître davantage peuvent se reporter sur le livre que leur consacre la nutritionniste Dana Angelo White. Elle arrive avec pleins de recettes diverses qui feront que votre menu ne connaîtra pas la routine. Vous ne pourrez plus après vous en passer.

Puis du côté de l’éditeur Marchand de feuilles, un ouvrage qui tranche nettement avec la ligne éditoriale de cette maison d’édition qui fait généralement et strictement dans la pure et belle littérature. C’est que nous sommes en face d’un livre de recettes! Oui mais d’un genre particulier. Michele Genest serait comme une sorte de Frère Marie-Victorin, qui non content de reconnaître des plantes, nous proposerait des recettes très originales. Gourmand Boréal sera un fleuron de votre bibliothèque culinaire. La dame ne s’arrête pas qu’aux plantes à dévorer. Elle englobe aussi le règne animal. Que diriez-vous de saucisses de caribou au fenouil et à l’orange. Toute résistance est vaine. Ses recettes vont même faire plier des blasés qui croient qu’ils ont  goûté à tout ce qui est possible de se mettre sous la dent.

 




 


Attention v’la nos caricaturistes Côté et Chapleau et leur bilan 2019

C’est un rituel attendu comme le beaujolais nouveau, le bilan annuel de nos caricaturistes Serge Chapleau à La Presse et André-Philippe Côté au Soleil qui chacun aux éditions La Presse, nous font leur bilan de l’année 2019 à un mois de la fin de cette année. Côté a choisi Justin Trudeau entouré de gens costumés autour de lui, en référence à son propre goût du travestissement en divers personnages, tandis que Chapleau fait de Greta Thunberg une Jeanne d’Arc. Comme toujours, nos illustrateurs sont sans ménagements pour les faiblesses de leurs contemporains. Et la convention admise veut que les victimes doivent encaisser sans mot dire….maudire!

En même temps ce qu’on observe ce n’est pas seulement la qualité du dessin, mais le haut degré de cynisme, certains parleront de lucidité dont ils sont dotés et qui nous portent à réfléchir sur la cohérence de certaines actions posées. On constate amèrement que ce n’est pas toujours l’intelligence qui guide nos dirigeants.

 


 


A l’écoute et à la vision des oiseaux

Les oiseaux sont là qui font entendre leurs chants et qui peuplent l’espace, mais que la majorité d’entre nous finissent par ne plus voir. Ce n’est pas le cas de Nicole Malinconi qui n’en a pas finie d’être séduite par leurs ramages et leurs plumages. Elle qui leur a déjà consacré un ouvrage “Les oiseaux de Messiaen” en 2005. Et tout comme ce compositeur cette auteure belge partage une fascination pour les volatiles. Elle persiste et signe avec une petite plaquette charmante comme tout au titre inspiré Poids plumes. Ce n’est pas un travail d’ornithologue, mais d’amoureuse, qui les voit vivre et qui nous rapporte ses observations d’amatrice éclairée. Ainsi si les hirondelles ont leur chapitre, le simple petit moineau n’est pas en reste. Et voyez ce que lui inspire le chardonneret. On est entre la nouvelle et la poésie en prose ou presque. Bref, ceux qui aiment ces jolies créatures du ciel trouveront ici un autre motif de les aimer davantage. Et notons au passage les dessins de cette plasticienne compatriote Kikie Crèvecoeur qui apportent une signature à l’ouvrage lui conférant une qualité d’édition additionnelle.

Poids plumes Nicole Malinconi, dessins Kikie Crèvcoeur. Esperluète 78p.    www.esperluete.be

 


 


Université et ignorance

Le résultat est affligeant. Nos jeunes sortent des écoles petites ou grandes et ne savent rien, hormis du fait qu’ils ont planché comme des fous pour arracher le diplôme qui est le sauf-conduit pour franchir le portail du monde du travail et un emploi bien rémunéré. Mais côté culture générale c’est le désert. Un petit brûlot paraît De l’éducation libérale, essai sur la transmission de la culture générale.  Travail de réflexion sous la direction de Louis-André Richard professeur et docteur en philosophie qui signe un chapitre en compagne de Thomas De Koninck, Joseph Facal et Mathieu Bock-Côté. Chacun faisant le procès à divers degrés du monde universitaire. Et c’est d’autant à l’honneur de l’éditeur que ce pamphlet se doit d’exister, oublié par les Presses de l’Université Laval. On voit des professeurs carriéristes vivant dans leurs bulles et qui ne visent qu’à publier dans de doctes publications, souvent dans des conditions à remettre en question. L’université en somme est à repenser de fond en comble puisqu’elle a manqué à sa mission en terme d’inculquer de la culture générale pour répondre à l’exhortation des anciens le fameux “Connais-toi toi même” qui ne peut être atteinte que par un élargissement du savoir.

De l’éducation libérale, essai sur la transmission de la culture générale Collectif sous la direction de Louis-André Richard. Presses de l’Université Laval 106p.      www.pulaval.com

 


 


D’étranges poèmes par une sorte d’ovni qui transcende les genres

A ceux qui ne vivent que dans la “normalité” passez votre chemin car vous n’avez pas d’affaire dans les jambes de l’artiste multidisciplinaire Laurence-Caron Castonguay. qui doit être hérissé qu’on lui accole un genre sexuel, lui qui s’amuse à dérouter en faisant suivre chaque mot pouvant identifier son sexe par un “e” entre parenthèses. Ce doit être un exercice épuisant. Mais trêve d’identification, allez plutôt lire ce qu’il a à dire sur les relations affectives dans son joli recueil La mort habite ici. Dès les premières pages on est transporté par ce talent d’évocation. Jugez sur pièce “j’atterris sous les aurores ce soir nos couleurs flirtaient de rose et de bleu vêtues elles m’ont redonné mon coeur resté collé à 15 000 pieds”. Sublime est en dessous de la réalité. S’il n’a plus de sexe, l’auteur(e) est-il un ange descendu du ciel ?

La mort habite ici  Laurence Caron-C.  Hashtag 81p.      www.editionshashtag.com

 






 


Le coin santé physique et psychique

Les ados ça cause de la psychologue clinicienne et psychanalyste Marie Springer aux éditions Érès. Qui part d’un constat, souvent un adolescent se présente comme quelqu’un de renfermé. Et la faute en reviendrait aux adultes qui ne savent pas les implique dans leur conversation. Car à partir du moment où le lien s’établit, l’ado peut alors se mettre à causer et même beaucoup. Dans ces pages, l’auteure rend compte de ses expérimentations et d’observations autour d’elle. Et c’est cette même qualité de communication qui va favoriser l’insertion de cas de jeunes difficiles.

Chez le même éditeur c’est Marianne Mas qui dans Lire délivre raconte l’histoire de lectrices bénévoles qui vont à la prison pour femmes de Sequedin dans le Nord de la France. Et le temps qu’elles sont là, en l’espace de deux heures, ces détenues se livrent comme jamais. En même temps, cette journaliste de France Télévisions de la région Nord-Pas-de-Calais livre un témoignage sur le quotidien de ces incarcérées dont le physique accuse l’enfermement. Ce sont pour la majorité des éclopées de la vie qui en fin de lecture ne peuvent que mériter notre empathie.  Avis à ceux de la droite qui ne voient dans la prison que la seule punition admissible à des écarts de conduite.

Le titre est un peu provocateur L’élevage des enfants écrit par Emmanuel Prelle et Emmanuel Vincelot. Nos deux Emmanuel avaient publié il y a quelques années chez le même éditeur Wombat “L’élevage des enfants” qui connu un vif succès. Ils récidivent mais cette fois dans le contexte des vacances. Comment occuper nos mômes les jours de congé. Tout un défi. Encore une fois, l’humour est au rendez-vous comme lorsqu’ils proposent d’emmener la progéniture à un cours magistral au Collège de France! De quoi les faire fuir à toutes jambes...Comme on rit énormément, ces deux-là peuvent peuvent être considérés comme des bienfaiteurs de l’humanité.

Au Québec le sort des aidants naturels a été largement connu grâce aux efforts de sensibilisation de la chanteuse Chloé Sainte-Marie qui durant dix-sept ans s’est occupée de son conjoint le cinéaste Gilles Carle. Et elle a contribué à mettre sur pied des maisons qui portent le nom de ce dernier et où des parents ou proches épuisés peuvent mettre en hébergement leur être cher mais impotent. En France la reconnaissance des aidants naturels tarde, et c’est en sonneuse d’alerte que pose le Dr. Hélène Rossinot experte en médecine sociale et qui a fait des aidants naturels le sujet de sa thèse. Elle présente Aidants, ces invisibles aux éditions de L’Observatoire. Et saviez-vous que 11 millions de personnes dans l’Hexagone prennent soin de quelqu’un au quotidien. Dans ces pages elle rapporte des témoignages de ces gens là qui peinent à concilier leur engagement avec leurs autres occupations dont professionnelles.

Pour terminer, aux Presses de l’Université Laval Guilhème Pérodeau gérontologue clinicienne et professeur associée à l’Université du Québec en Outaouais nous offre La pleine conscience guide pour une retraite heureuse. Elle emploi un terme intéressant” re-traiter sa vie” pour que le vaste temps qui est devant une personne confrontée à la retraite, devienne un moment d’intériorité. Le concept de la pleine  conscience, qui fait fureur dans bien des milieux s’attache à ne considérer que le présent. Car une retraite non planifiée peut-être au début fort attrayante, le farniente des premiers mois. Mais par après une certaine routine peut vous attendre au détour, et faire de la retraite un naufrage psychologique. Elle livre des approches intéressantes pour que cette tranche de vie, soit remplie et gratifiante.

 


 


Un tout premier roman sur la fragilité des êtres

C’est toujours émouvant d’accueillir une novice dans le monde de la littérature. Et on aura alors pour cette personne toutes les indulgences du monde. Eh bien dans le cas de Jocelyne Richer qui lance son premier roman Où est la terre ?, on accueille d’emblée cet ouvrage car il tutoie déjà l’excellence. Avec cette psychothérapeute qui doit composer avec une patiente assez ébranlée psychiquement qui ne sait plus trop où elle se trouve d’où le titre. D’autres personnages vont s’ajouter qui nous font voir comme avec une loupe qui capable de sonder les âmes, à quel point la nature humaine est fragilisée. C’est d’une part bien écrit mais aussi un bon sens des dialogues qui dynamise bien le développement. A mettre au-dessus de votre pile de prochain achat de livres.

Où est la terre ? Jocelyne Richer. La plume d’or 187p.     www.editionslpd.com

 


 


Une illustratrice de mode qui attire notre attention

Ceux qui adorent la mode, les client(e)s comme les stylistes ont impérativement l’obligation de se procurer L’élégance française de Megan Hess est une fameuse illustratrice de mode. Elle a sélectionné dix grands couturiers français qu’elle nous invite à découvrir. Pour chacun d’abord une petite notice pour nous dire qui ils sont, ce qu’ils ont apporté au monde de la couture. Ses choix ce sont porté sur Chanel, Dior, Saint-Laurent, Lanvin, Givenchy, Chloé, Balmain, Vuitton, Hermès et Céline. Elle reprend des dessins qui caractérisent chaque style. Et en bonne observatrice des coupes et des textiles elle nous invite à porter un autre regard. Elle le dit dans son introduction, la mode doit être une joie, non une contrainte. Et l’éditeur a mis un soin à la présentation graphique de ce livre, doré sur tranche, rien de moins.

L’élégance française Megan Hess. L’Imprévu 191p.    

 


 


Asimov et l’éthique en robotique

Le maître de la science-fiction américaine Isaac Asimov a fait figure de visionnaire concernant toute la question de la robotique. Ses robots à lui, il les avaient conçus plus “terminés” que ceux que nous pouvons voir aujourd’hui. Mais il annonce un monde futur dans lequel nous avons les pieds dedans. Sous la direction de Jean-Pierre Béland et Georges A. Legault et les collaborations de Jacques Beauvais et Jonathan Genest vous avez une étude morale de l’univers de l’intelligence artificielle qui s’intitule Asimov et l’acceptabilité des robots. Si vous avez peur de ces derniers les voyant comme autant de menaces, alors vous êtes candidat à cette lecture.

Asimov et l’acceptabilité des robots Collectif. Coll. A propos des Presses de l’Université Laval 278p.       www.pulaval.com

 


 


Attention un poète risque de vous remuer un peu beaucoup

José Claer est un poète trans et un écrivain phare des éditions L’Interligne. Disons que pour résumer, il n’a pas froid aux yeux. Et son tout dernier recueil Mordre jusqu’au sang dans le rouge à lèvres est du genre provocateur, Extrait “ on se fait un cadavre exquis sur la banquette arrière, je le préviens, je suis vierge, il glisse son chapelet d’héritage entre mes grandes lèvres et me pénètre avec Jésus-Christ en érection sur la croix.” Avec une telle entrée en matière, pas sûr qu’il soit invité à commenter aux Deux filles le matin à TVA ou chez Anne-Marie Dussault à RDI où elle risquerait de faire une syncope. Qu’importe, rien que le bouche à oreille va faire largement son petit bonhomme de chemin. Si les mots ne vous font pas peur, alors plongez. En ce monde tellement formaté, que ces écrits là sont oxygénants.

Mordre jusqu’au sang dans le rouge à lèvres José Claer. L’Interligne 85p.    www.interligne.ca

 


 


Propagation de la culture et émancipation féminine

Voilà les deux thèmes exploités dans le roman de Jojo Moyes Le vent nous portera” qui met en scène une jeune anglaise qui étouffe dans la société de la Grande Albion. Elle va épouser un américain, beau et prometteur de lendemains qui chantent. On connaît le dicton “qui prend mari, prends pays”. Elle ira donc vivre avec son conjoint, chez lui dans le Kentucky. Mais l’intégration aux moeurs américaines se fait difficilement. Et c’est là qu’elle va faire la connaissance d’une femme qui opère une bibliothèque mobile. Allez transmettre la connaissance dans des coins reculés. Elle trouvera là un échappatoire de premier plan. Elle va s’épanouir comme jamais. C’est aussi un beau plaidoyer pour l’amitié féminine.

Le vent nous portera Jojo Moyes. Milady 602p      www.milady.fr

 


 


Une romance et un thriller aux éditions Hugo

La vie a quand même du bon lorsqu’elle vous amène deux romans solides, l’un une romance, l’autre un thriller enlevant. Dans l’ordre Nos âmes tourmentées de Morgane Moncomble et d’Olivia Kiernan “Les liens du sang”. A Culturehebdo, rarement on touche au genre de la romance. Mais pourquoi pas une exception qui va confirmer la règle ? D’autant que l’auteure (s’il-vous-plaît de grâce pas autrice) adore écrire  et ce depuis l’âge tendre de 12 ans. Ici c’est une femme, Azalea qui a gardé un contentieux avec sa ville natale de Charleston et surtout avec sa mère qu’elle ne voyait plus depuis belle lurette. Or voici que cette dernière vient de rendre son dernier souffle. Elle n’était pas rancunière car sa succession ira bien à sa famille dont la maison familiale. Dans la tête de l’héritière, on vend tout et hop on disparaît du décor qui nous rappelle tant de mauvais souvenir. Mais Cupidon s’est invité en la personne d’un voisin, viril et spécial, portant tatouage, a bien percé son secret. Que faire ? Vous allez partager l’effeuillage de la marguerite d’Azalea en vous demandant ce que vous auriez fait à sa place.

 


 


La commissaire Frankie Sheehan avec deux cadavres sur les bras

Retenez ce nom Olivia Kiernan qui se fait une niche dans l’univers du thriller. Son premier “Irrespirable” avait retenu la critique. Encouragée par cet accueil, elle persiste et signe avec Les liens du sang. Un sacré suspense qui nous amène à Clontarf, une station balnéaire pas très loin de Dublin. C’est que deux dépouilles ont été découvertes dans...une église. Il y a une piste, mais vraiment à vérifier, car ces meurtres surviennent alors que sort de prison un individu qui avait trucidé ses parents alors tout juste adolescent. Crimes dont il se disait innocent. Mais même si le lien de cause à effet est ténue, la commissaire Frankie Sheehan (qui est l’enquêteuse fétiche de l’écrivaine) va tenter de voir s’il n’y a pas une corrélation entre ces deux affaires. Et la beauté de la structure chez la romancière, c’est de nous réserver des surprises, l’humain étant un tas de petits secrets comme le disait jadis André Malraux. Ceux qui aiment le genre du thriller vont jubiler au-delà de toute expression. Bienvenue dans les brumes irlandaise.

Les liens du sang Olivia Kiernan. Hugo Thriller 393p.     www.hugoetcie.fr

 


 


Commémoration d’un amour inavouable

Depuis, mon coeur a un battement de retard de Valérie Cohen est d’abord un beau titre qui annonce le menu. C’est l’histoire d’une femme qui a un business gratifiant, conjoint d’une grande correction à son endroit et un adolescent comme on en rêverait. Sauf que tout n’est jamais parfait. Dans sa prime jeunesse, la dame a eu un amour déçu. Le gars l’avait laissé tomber. Et depuis tout ce temps, chaque 12 mars jour de la rupture en question, voilà qu’elle se remémore cette fracture de vie. Et quel hasard le jour où sur un site de rencontres de gens mariés, elle aperçoit son Roméo d’antan. Et cédant à ses pulsions confuses elle va le contacter et…..on ne vous en dit pas plus pour ne pas gâcher votre plaisir. C’est un livre de romance qui interpellera sans doute des lectrices qui ont connu des chagrins d’amour ou pour les hommes l’inverse. Le coeur a ses raisons comme dit l’adage.

Depuis, mon coeur a un battement de retard Valérie Cohen. Édito 304p.     www.editionsedito.com

 


 


Il était une fois la télévision au Québec

La télévision, même en ces temps de bouleversements numériques demeurent le reflet de la société. C’est le constat que fait Robert Armstrong qui présente un essai La télévision au Québec, miroir d’une société. L’homme reprend toute la saga de la télé dans la province. Et ceux qui pensent que le petit écran a surgi seulement en 1952 avec l’ouverture officielle à Radio-Canada en 1952 par Henri Bergeron, détrompez-vous.  Car il faut remonter à 1931 alors qu’une filiale VE9EC, propriété conjointe de CKAC et de La Presse diffusait déjà des émissions en direct avec un auditoire forcément microscopique. Il évoque la figure d’Alphonse Ouimet, cet ingénieur, un pilier de la Société d’État qui va nous donner cette petite télé aux oreilles de lapin, comme on appelait son antenne au-dessus de l’appareil. Puis il y a tout ce qui va suivre en télévision dans la Belle Province. Pour retracer cette épopée il a eu recours à un grand nombre de collaborateurs. Le résultat est à la hauteur de l’effort consenti.

La télévision au Québec, miroir d’une société Robert Armstrong. Presses de l’Université Laval 302p.         www.pulaval.com

 


 


Les dangers de Facebook noir sur blanc

Ceux qui redoutent la puissance et le niveau de malveillance de Facebook ont de quoi se mettre pleins d’arguments sous la dent avec ce brûlot de Robert McNamee “Facebook une catastrophe annoncée”. Il n’est pas n’importe qui. Rien de moins que le mentor de Mark Zuckerberg fondateur du réseau social numérique. Il a été au coeur de la construction de cet empire. Et il en voit les dérives. Il a quitté Facebook et a fondé entre autres le Center for Humane Technology dont l’objectif est de dénoncer les dérives des médias sociaux. C’est un ouvrage très documenté qui nous fait voir l’organisation de l’intérieur. Et les mensonges et l’arrogance de Zuckerberg qui se croit au-dessus de tout, surtout des gouvernements. Et que dire de la no. 2 Sheryl Sandberg qui a pour mission de donner du vernis à l’entreprise. Réellement on prend la mesure de cette extraordinaire puissance et celle des Google de ce monde et autres, les fameux GAFA qui sont un empire dans un monde en folie.

Facebook une catastrophe annoncée Roger McNamee. Édito 429p.    www.editionsedito.com

 


 


Sur la transversalité des connaissances entre arts et sciences

Sciences et arts de Virginie Francoeur est un essai assez difficile à résumer pour qui n’est pas en contact direct avec l’ouvrage. C’est pourquoi, pour une rare fois, nous nous contenterons de reproduire la quatrième de couverture, sachant ainsi que nous allons réellement traduire la démarche préalable.
“Cet ouvrage se veut à la fois réflexion théorique et pratique pour offrir un regard inédit sur les sciences et les arts afin de décloisonner ces disciplines pour multiplier leurs potentialités. Nous avons voulu (re)donner chair à la matière brute, la matière objective. Cette réflexion arrivera-t-elle à se déployer en d'autres volets pour sensibiliser de nouveaux publics ?
« Artistes, écrivains et scientifiques ont été dépassés, gênés, d'avoir trop longtemps empêché ces liens et ces possibles. Il y a eu cette exposition abattant tous les murs. Etonnante exposition où le visuel, le littéraire et le scientifique ont créé un espace époustouflant d'humanité ».  Anne Peyrouse chargée d’enseignement, département de littérature, théâtre et cinéma, Université Laval.

Sciences et arts Virginie Francoeur. Presses de l’Université Laval 138p.     www.pulaval.com

 






 


Le coin de la BD

Une belle fournée pour qui aime la bande dessinée, placée sous le signe de diversité des thèmes. A preuve, inspiré des Bacchantes d’Euripide Simon Labelle chez Glénat, a concocté une histoire enlevante se déroulant dans le milieu viticole des Cantons de l’Est et qui a pour titre Le pouvoir de l’ivresse. C’est que le maire d’une petite localité, au caractère bien trempé, ne prise pas les agissements d’un propriétaire de vignoble qui mêle la cueillette des raisins à des bacchanales dont la décence nous interdit de reproduire ici les frottis d’épiderme. Et le maire de vouloir en découdre avec ce dépravé qui a une curieuse définition de l’amour de Bacchus. Comme quoi la mythologie peut servir encore de nos jours et de belle façon.

Aux éditions Le Lombard c’est notre compatriote Hubert Reeves qui a pris la voie de la BD pour nous expliquer Les océans. L’astrophysicien quitte le cosmos pour s’amener du côté des mers et les dangers qui non seulement les guettent mais qui font déjà des ravages, notamment les fameuses bouteilles de plastiques. Et le scientifique qu’il est par toutes les pores de la peau, nous fait voir l’importance qu’ont les océans pour l’équilibre de la biosphère.  Sa description des composantes de ces vastes étendues d’eau est d’une didactique merveilleuse. On ne peut rêver meilleure prof. Il est soutenu par le travail des bédéistes Casanave et Vandermeulen.

Chez Dupuis c’est la deuxième partie d’une saga qui en contiendra quatre L’espoir malgré tout d’Émile Bravo et  mettant en vedette Spirou et bien entendu Fantasio dont l’histoire se déroule en pleine Seconde guerre mondiale, avec ce que l’on voit de meilleur ou de pire chez l’être humain. C’est l’époque du rationnement, de la débrouille et des méfiances. L’auteur restitue bien le contexte de cette époque. Nos deux héros n’en sont que plus admirables de préserver leurs belles valeurs dans cette époque de tourmente. On voit que le créateur a su se documenter sur l’époque pour en bien rendre l’ambiance.

Une belle science-fiction chez Dargaud Renaissance le tome 2 Interzone fruit des talents conjugués de F. Duval, Emem et F. Blanchard. Imaginez, des habitants de la planète Näkän sont mis à contribution pour sauver notre bonne vieille Terre menacée. Et on va suivre cette mission de haute volée, à travers deux personnages qui s’aiment d’amour tendre, Swänn et Säti. Ce récit cosmique vaut le détour par sa dynamique et la qualité du dessin. On est véritablement transporté dans un autre monde. Est-ce que ce n’est pas ça que l’on demande à la bande dessinée, de nous faire évader ? Mission réussie. C’est chez Dargaud.

Chez Artège, une grande figure historique Madame Élisabeth de France soeur cadette de Louis XVI qui connaîtra la même fin funeste que son frère le roi et son épouse Marie-Antoinette. Un personnage haut en couleurs comme les aiment Stéphane Bern, dévote et célibataire. Coline Dupuis sur des dessins magnifiques de Emmanuel Cerisier nous fait découvrir un angle spirituel chez cette noble de haute extraction. Une femme de coeur et de courage également. C’est un beau devoir de mémoire de rappeler cette figure royale si injustement appréciée.

 


 


Jean-Pierre et Rachid

La question de la laïcisation ramène sur le tapis de l’actualité toute la question du vivre ensemble. Et la littérature emboîte aussi le pas, témoin de notre époque. Voici un roman sur deux confessionnalités qui se confrontent. Il a pour titre Quelque part en occident de Stéphane Lefebvre qui nous prend à témoin de la relation qui va se nouer entre un québécois de souche prénommé Jean-Pierre et un autre d’origine musulmane, c’est Rachid qui fait du prosélytisme à sa façon. Comment les convictions religieuses du dernier vont-elles parvenir à imprégner celles de l’autre. L’auteur fait bien voir la différence des cultures de l’un et de l’autre. Car pour notre musulman, le Coran c’est son oxygène de vie. Et Jean-Pierre est encore taraudé par le démon de la chair, on le voit dès les premières pages alors qu’il suit une fille à l’allure de Naomi Campbell, cette top noire dont la “copie”  à des fesses remarquables foi du narrateur. Vous allez vivre l’évolution de Jean-Pierre et c’est un exercice bien décrit de l’intérieur.

Quelque part en occident Stéphane Lefebvre. Annika Parance éditeur 232p.     www.apediteur.com

 


 


Des nouvelles d’une pointure littéraire afro-américaine

John Edgar Wideman est un écrivain afro-américaine de renom qui a été entre autres, le deuxième écrivain noir aux États-Unis à remporter la bourse Rhodes de l’université d’Oxford. Il a arraché nombre de distinctions qui en font un écrivain respecté par ses pairs. Le New York Times ne tarit plus d’éloges sur lui. Si c’est la première fois dont vous en entendez parler, une bonne façon d’entrer dans son univers est de lire son recueil de nouvelles Mémoires d’Amérique qui fut publié la première fois sous le titre American histories. Il y est question autant d’une visite au château qui a vu le tournage de la série culte Downton Abbey que d’une conversation sur l’abolition de l’esclavage. Car natif de Pittsburgh il a éprouvé la vie dans un ghetto noir, celui de Hometown. C’est une plume sensible qui se fait aussi philosophique. Comme lorsque visitant le château anglais précité, il essaie de se mettre dans la peau des aristocrates qui se voient vivre comme des animaux que l’on vient voir comme au zoo.

Mémoires d’Amérique John Edgar Wideman. Gallimard 267p.   

 


 


Sur une cinéaste désillusionnée concernant l’amour

Que de beaux romans cet automne. En voici un dans une classe à part Clic-Clac de Nathalie Azoulai. On fait connaissance avec une cinéaste auréolée, Claire Ganz qui tourne un film qui donne le titre au roman. En même temps le clic-clac signifie ce lit pliant qui sert de couche d’appoint quand on reçoit des invités et que l’on remise plié dans un coin. Une métaphore en même temps, car l’histoire du film ce sont les retrouvailles de deux amants qui ne se sont pas vus depuis belle lurette. Que vont-ils se dire ? Pour la femme de ce duo, c’est pas compliqué, on baise et je me tire, sans chichis. Mais l’actrice qui doit jouer son rôle se rebiffe. Elle n’aime pas la vision de la cinéaste. Ce qu’elle ne sait pas, c’est que cette dernière fait revivre les atermoiements de sa propre mère qui a toujours attendu l’amour qui n’a pas été au rendez-vous. Vous allez beaucoup aimé ce livre qui est lui-même comme un film qui se déroule sous nos yeux. Ce pourrait faire d’ailleurs une très belle histoire au grand écran. A défaut du 7ème art, rien n’empêche de se faire son propre cinéma.

Clic-Clac Nathalie Azoulai. P.O.L.  185p.    www.pol-editeur.com

 


 


Roman camerounais ou français ? D’abord le récit de femmes

Hemley Boum est une écrivaine camerounaise qui s’est établie en région parisienne. Elle a déjà acquis ses lettres de noblesse en décrochant il y a quatre ans, le Grand Prix de l’Afrique noire pour son roman “Les maquisards”. La femme a du style à revendre et a décidé pour son dernier opus Les jours viennent et passent de traduire les préoccupations de trois générations de femmes de son pays, un personnage central Anna, la fille de cette dernière Abi, et Tina rescapée des camps de Boko Haram.  Anna est dans la réminiscence du passé. Et elle est pleine de bonnes attentions pour Tina qui aussi jeune soit-elle a un corps de femme, propre à générer chez les mâles, les pires concupiscences. C’est, pour le lecteur blanc, ignorant des moeurs africaines, une belle introduction à la vie des femmes dans le continent noir. A la lecture, on comprend pourquoi Madame Boum a réussi à attirer l’admiration des amants de la belle littérature. Et ce livre donne aussi la voix aux africaines et leurs revendications.

Les jours viennent et passent Hemley Boum. Gallimard  366p.

 


 


Le maître de la fantasy rapplique

Terry Goodkind est au zénith de son talent de maître de la fantasy, lui qui a cartonné avec plus de vingt millions de lecteurs pour sa saga “L’Épée de Vérité”. Il en a signé une autre qui augure bien et qui devrait lui assurer une très large audience c’est “Les Enfants D’Hara”.  Le tome 2 paraît “Les carnassiers de la haine”. Ces carnassiers ce sont les hordes de la Déesse d’Or. C’est une civilisation de prédateurs qui veulent s’emparer du monde, rien de moins. Cette menace gronde au moment où Kahlan est enceinte de jumeaux. Une magicienne voyante l’avait prévenue de cette double grossesse. Et qui promet quand à l’avenir de ces deux petits êtres en gestation. Mais comment les sécuriser face à la guerre qui s’annonce ? Pas mal d’ingrédients qui nous gardent captifs. Encore une fois Goodkind maîtrise bien ce qui a fait son succès phénoménal.

Les Enfants D’Hara Terry Goodkind. Bragelonne 141p.     www.bragelonne.fr

 


 


De l’antisémitisme au Québec et dans les pages du Devoir

Pierre Rioux professeur titulaire en histoire à l’Université d’Ottawa, est l’autorité pour tout ce qui touche l’histoire de la diaspora juive au Québec. On se souviendra de son ouvrage de référence sur l’histoire des juifs au Québec et aussi “Chacun ses juifs” dont on a la version anglaise qui sort sous le titre A reluctant welcome for jewish people. Le gars a repéré 200 éditoriaux du quotidien nationaliste, allant de 1910 à 1947 par conséquent de son fondateur Henri Bourassa jusqu’au directeur Georges Pelletier. Il a été beaucoup débattu à savoir du degré d’antisémitisme au sein du journal. Cet essai donne le la et apporte une éclairage que procure le temps. Il a retenu aux fins de son étude 60 éditoriaux. Dans la Belle Province la présence juive posait à l’évidence problème. Rapport amour-haine serait trop fort sans doute, mais comme une communauté sous forme de mal nécessaire. On était à des années lumières du concept du vivre ensemble.

A reluctant welcome for jewish people Voices in Le Devoir’s editorials 1910-1947 Pierre Anctil.  University of Ottawa Press 364p.        www.press.uOttawa.ca

 


 


Le coin santé physique et psychique


Les Timothy Leary et Allen Ginsberg qui furent les chantres du LSD seraient ravis de lire Voyage aux confins de l’esprit aux éditions Édito, du journaliste scientifique Michael Pollan qui nous annonce que cette substance tirée d’un champignon hallucinogène est “réhabilitée” et sert maintenant à de nouveaux traitements en santé mentale. Maintenant on s’en sert pour vaincre des dépendances telles l’alcool et le tabac. Pour éradiquer les anxiétés liées à la mort. Que ce pourrait être d’une efficacité comparable et avec moins de dommages que la pratique de la trépanation qui était le protocole mis en place des générations auparavant. Et la méthodologie curative au moyen du LSD se fait sur une courte durée et avec un taux d’efficacité à l’avenant.

Voyages aux confins de l’esprit Michael Pollan. Édito 529p.    www.editionsedito.com

 


 


Deux romances chez l’éditeur Hugo

C’aurait plus s’intituler “ce qui ne tue pas rend plus fort” mais Colleen Hoover a plutôt choisi Un bonheur imparfait. L’histoire d’un couple Graham et Quinn. Les deux tourtereaux se sont connu et ensuite ont juré devant Dieu et les hommes de s’unir éternellement par la voie du mariage.   Mais alors que dans les contes, la classique terminaison “ils se marièrent et eurent de nombreux enfants” ne fonctionne pas, pour la raison que les deux partenaires de vie ne parviennent pas à avoir d’enfants. Si l’époux se fait fataliste, c’est au grand dam de de Quinn qui considère qu’il ne prend pas l’affaire avec plus de gravité, alors que l’idée de concevoir la taraude. Est-ce que cette turbulence dans leur vie de couple aura raison de celui-ci ? C’est ce que vous découvrirez.

Ailleurs c’est le tandem formé par Stuart Reardon et Jane Harvey-Berrick. Si vous ne connaissez pas le premier, sachez que c’est un ancien joueur de rugby maintenant retraité qui fait du coaching de remise en forme et se prête au jeu du mannequinat. Le gars a une sacrée belle gueule et on le voit sur la couverture d’ailleurs de l’ouvrage. Il n’a pas eu le drame de la page blanche, car pour son roman il a puisé dans son vécu de sportif et de mannequin. Et le protagoniste du roman est comme lui un ancien rugbyman qui passe au métier de mannequin avec toutes les dérives que le milieu de la mode comporte, surtout les mirages des hallucinogènes et la dive bouteille. Il pourrait bien tourner le dos à cet aspect peu reluisant, mais en même temps, il veut se construire une place enviable. Quels sont les compromis qu’il devra faire, et au prix même de sa vie amoureuse. Un challenge sentimental que les amateurs du genre apprécieront au plus haut point.

 


 


La Petrowski se souvient

Dans le milieu journalistique, Nathalie Petrowski est une icône en raison de ses billets parfois assassins qui ont fait sa marque de commerce. Elle a toujours été une scribe sans filtre qui ne s’est jamais fait de mouron pour dire son fion. Alors vous pouvez imaginer si on avait hâte de lire ses souvenirs de carrière qui paraissent sous le titre  La critique n’a jamais tué personne. Peut-être pas tué mais elle en a meurtri plusieurs dont René Simard, qui lui a pardonné depuis. Elle revient sur son parcours de jeune journaliste au Journal de Montréal, le décor minimaliste qui faisait office de salle de rédaction, la culture éditoriale chez Québecor. Puis son passage au Devoir et ses rapports houleux avec Lise Bissonnette. Et ne parlons pas de Claude Ryan le “pape” de la rue Saint-Sacrement qui ne savait même pas qui elle était bien qu’elle était une vedette de son quotidien!. Et le dernier chapitre à La Presse et une finale qu’elle aurait sans doute souhaitée différente. Il y a un style Petrowski que nous à la rédaction on adore. La vivacité du ton et le sens de la narration innée. On a dévoré l’ouvrage d’une traite tellement on ne pouvait s’en arracher. Mais on avait une petite frustration, c’est le livre qu’elle n’a pas écrit, où elle nous en aurait raconté encore davantage sur les coulisses du show-business de notre très petite province. On en aurait demandé mille pages. On voit bien que le monde qu’elle a connu est maintenant disparu et que le journalisme de maintenant n’a plus rien à voir. Ce sont des comptables qui dirige, sous la dictature des clics. En tout cas, mettez ce livre au-dessus de votre prochaine liste d’achats. Et pourquoi pas un tome II madame ?

La critique n’a jamais tué personne Nathalie Petrowski. Éditions La Presses 291p.    www.editionslapresse.ca

 


 


Le Maroc du deuxième millénaire sous Mohammed VI

Le règne du roi du Maroc Mohammed VI a fait l’objet de plusieurs livres assez critiques. On avait hâte de pouvoir lire une contrepartie, car dans la vie, tout ne se joue pas d’une seule couleur. Et il faut prendre en compte qu’à l’ère des menaces intégristes, la position du monarque est tout sauf confortable. Et pour ce faire il doit être davantage à l’écoute des revendications de son peuple. C’est pourquoi, contrairement  à son père Hassan II qui était assez despotique avec l’opposition, le fils a été la figure de proue de réformes entreprises avec l’avènement du deuxième millénaire. Et c’est à quoi s’emploie Jean-Marie Heydt qui s’emploie à faire un bilan largement positif des actions menées par le souverain. Il est docteur en sciences de l’éducation comparée et diplômé d’études européennes et enseignant universitaire. Sa feuille de route est très longue. Il invite le lecteur à une relecture des faits qui ont marqué jusqu’ici le passage de Mohammed VI. Et à quels enjeux il est confronté. Les choses ne vont peut-être pas assez rapidement au goût du peuple, mais le roi a de la vision et il a quand même fait entrer son royaume dans la modernité ce qui n’est pas une mince affaire au vu des traditions du Maghreb. Et l’auteur ne serait pas un universitaire accompli sans devoir nous gratifier d’une bibliographie pour ceux qui voudraient pousser plus loin la connaissance de la géopolitique marocaine.

Mohammed VI Jean-Marie Heydt. Favre 181p.     www.editionsfavre.com

 


 


Un bédéiste chinois qui s’attaque à l’Histoire de la Chine

Jing Liu on pourra dira tout ce qu’on voudra de lui, mais il n’a pas peur des défis. Il s’est entrepris de raconter tenez-vous bien, l’Histoire de la Chine en bandes dessinées. C’est bien sûr un angle singulier pour décrire l’épopée de cet immense pays et ses soubresauts millénaires. Nous avons donc deux tomes de son Histoire de la Chine en BD. Le premier traite de la civilisation chinoise de l’Empereur jaune à la dynastie Han (-2697 à 220).  Le second aborde la période des Trois Royaumes à la dynastie Tang (220-907), c’est l’ère de l’unification qui a surgi après des divisions sans fin. Deux autres tomes suivront dont le dernier s’attachera à la dynastie Qinj qui prend fin en 1912. Quel travail, de recherche en premier, avec une façon de synthétiser pour ne retenir que l’essentiel. Puis il y a l’illustration avec des petits schémas éclairants sur tel ou tel aspect. C’est du grand art. Et ceux qui décernent des prix dans le secteur de la BD doivent impérativement regarder de ce côté là.

Histoire de la Chine en BD Tome I et II. Jing Liu.   Le Prunier/Sully   
www.editions-sully.com

 


 


Deux petits nouveaux à la Bibliothèque Québécoise

La renommée collection de poche accueille deux nouveaux titres à son catalogue. Micheline Dumont avec Le féminisme québécois raconté à Camille nous apprend que les revendications des femmes au pays et dans la Belle Province, ne remontent pas à hier. A preuve, l’ouvrage s’ouvre sur une photo datant de 1898 montrant des congressistes du Conseil national des femmes du Canada.  Ces suffragettes toutes vêtues de noir prenaient la chose très au sérieux. C’est une histoire, avouons-le méconnu qu’elle nous invite à découvrir.

Changement de couleur avec Thomas King qui nous présente des récits autochtones Histoire(s) et vérité(s) qui est en fait une variation sur un même thème, le sujet de base s’ouvrant sur une légende amérindienne voulant que la Terre ait flottée dans l’espace sur le dos d’une tortue. Tous les chapitres commencent ainsi avec une déclinaison du récit pour chacun. L’auteur avance que cette lecture nous fera mieux comprendre l’âme des Premières nations.

 


 


Déracinement migratoire et turbulence adolescente

Michèle Matteau en choisissant de s’intéresser à ce qui se passe dans la tête d’un migrant n’était pas confronté au syndrome de la page blanche, car il y a tant à dire sur ceux qui quittent leur pays pour un autre. Avec quelles conséquences ? Entre ici et là-bas raconte ce qui arrive à Ganaëlle une africaine de l’Est âgée de 17 ans, qui a quitté son pays pour s’installer à Ottawa. Elle fait tout en son pouvoir pour être une bonne canadienne. Mais ses aspirations, ç’avait d’abord été imaginé dans son pays

d’origine. Ensuite sa mère n’a plus du tout le même comportement, devenant irascible, voire violente. Et dire qu’on allait se retrouver en terre promise. L’auteure a bien investie l’âme de l’adolescente et tout ce qui peut bien lui passer par la tête.

Entre ici et là-bas Michèle Matteau. Éditions David 162p.     www.editionsdavid.com

 


 


L’exil puis le choc du retour

Irène Chassaing a titré son essai sur le récit du retour au pays natal dans la littérature canadienne francophone contemporaine Dysnostie. Si ce mot vous est étrange, c’est tout à fait normal puisque c’est un néologisme dont l’étymologie vient de deux mot grecs dys (difficulté) et Nostos (le retour). En somme ce qui est exploité ici dans cette recherche c’est le désenchantement de personnages dans notre littérature qui, après s’être exilés reviennent au pays, désenchantés. Ce sujet remonte bien sûr très loin dans l’Antiquité mais au Canada on ne le voit surgir qu’en 1979 à la faveur de “Pélagie la charrette” d’Antonine Maillet. Alors que le thème de la migration est dans l’actualité, c’est une étude qui tombe à point nommé.

 Dysnostie Irène Chassaing. Presses de l’Université Laval 266p.      www.pulaval.com

 


 


Maurice Genevoix l’écologiste

Pour ceux qui connaissent ce nom, le regretté Maurice Genevoix a été dans la littérature française des poilus qui ont connu l’horreur du feu au cours de la Première guerre mondiale avec son roman phare “Ceux de 14” un vibrant plaidoyer dénonçant cette boucherie. Mais l’homme de lettres avait un amour sans limite pour la nature. Et c’est ce que met en lumière Benoît Fidelin qui présente Genevoix, mon ami. Sur la couverture du livre une image qui vaut mille mots, avec Genevoix taquinant le poisson avec sa ligne au bord d’un calme cours d’eau. Image bucolique à souhait. C’est donc un autre visage de cet académicien que nous offre l’auteur. On n’est pas très loin ici des sensibilités champêtres d’un Giono.

Genevoix, mon ami Benoît Fidelin. Bayard  161p.    www.editions-bayard.com

 


 


Le premier juge acadien de la Cour suprême du Canada se raconte


Michel Bastarache est un juriste qui passera à l’histoire de la Cour suprême du Canada pour avoir été le premier acadien à siéger au plus haut tribunal du pays. Sa fiche en carrière est impressionnante au possible. Simplement de rappeler qu’il a été admis à six barreaux! Ce pourrait être grandement satisfaisant et un modèle de réussite sociale et professionnelle. Malheureusement le destin s’est acharné sur ses deux enfants qui sont décédés d’une rare maladie neurologique qui fait en sorte que le corps s’arrête de se développer et la victime même adulte, offre l’apparence d’un corps de dix ans. Il est à l’heure d’un bilan de vie qu’il a couché sur papier avec l’aide du journaliste Antoine Trépanier. Cela donne Ce que je voudrais dire à mes enfants.  Écrit avec simplicité, ce juge émérite se livre en toute transparence. Un bel être toujours épris de justice.      

Ce que je voudrais dire à mes enfants Michel Bastarache. Presses de l’Université d’Ottawa  285p.       www.pressesuOttawa.ca

 


 


La vie d’Elvis en bande dessinée


Le King Elvis Presley, dont le patronyme est un logo vivant à lui seul. Son souvenir est pérenne. On en a encore la preuve avec cette BD biographique de cette icône du rock et dont les déhanchements animaliers en remuaient plus d’un. Elvis ombre et lumière est cosignée du musicien Kent et de Patrick Mahé ancien rédacteur en chef du Paris-Match et présentement à la barre du Télé7 Jours. En clair ce sont les riches heures de l’interprète de Blue suede shoes. C’est didactique comme on peut s’y attendre et d’un traitement dynamique. Ceux qui veulent le connaître mieux sont servis et pour les autres, les fans, des anecdotes qui leur ont peut-être échappés.

Elvis ombre et lumière Kent et Patrick Mahé. Seuil|Delcourt

 


 


Une BD coquine signée Zep


Il semble bien que le Happy Sex 2 de notre ami Zep a trouvé sa clientèle, puisque voici le tome 2. Grosso modo, ce qui fait rire ici, ce sont toutes les gaucheries qui se produisent dans les chambres à coucher du monde. Avec les nouvelles folies de notre époque. Comme le mec qui se rend compte que sa conquête est tatouée des pieds à la tête. Ou l’autre bonhomme qui demande à sa femme après lui avoir titillé le bouton, de jouir comme une femme fontaine. Vous êtes assurés de vous bidonner. Et le pire, c’est que ces maladresses, on les a souvent vécues nous-mêmes.
Happy Sex 2 Zep. Delcourt 62p.   www.editions-delcourt.fr

 


 


Le coin des arts martiaux

Chez Budo deux parutions d’intérêt pour ceux que le combat passionnent. De Darren Levine et John Whitman c’est le guide officiel Krav Maga intégral qui comporte 250 techniques d’auto-défense et de combat au corps-à-corps. Pour ceux qui entendent parler pour la première fois de cette méthode, sachez que c’est celle employée par l’armée israélienne. Comme notre société un peu folle nous expose plus qu’avant à croiser des gens mal intentionnés, cette discipline est celle qui se présente avec le plus de réalisme. C’est le plus complet du genre avec des illustrations simples pour assimiler rapidement la gestuelle appropriée. Ailleurs c’est Roland Habersetter qui nous dit tout sur le wushu chinois mieux connu sous le nom de Kung-Fu rendu célèbre par les chorégraphies acrobatiques du regretté Bruce Lee. Kung-Fu pratique C,est son titre couvre de l’amateur à l’expert. Et comme pour le précédent, des illustrations explicites. A la différence du précédent ouvrage, les mouvements sont plus sophistiqués, complexes parfois.

 


 


Le coin santé physique et psychique


A l’ère numérique, les amours numériques. Et la question qui se pose et qui est le titre d’une étude intéressante L’amour virtuel, un amour véritable signé Caroline Gravel qui enseigne la philosophie au niveau collégial. Le sujet nous intéresse au premier chef car nous avons connu une jeune femme qui s’est marié illico à peine quelques semaines de correspondance sur le web. Peut-on vous dire que ce fut un fiasco. Dans son essai, l’auteure fait le tour de la question, notamment l’enjeu de la distance. C’est un livre que toutes les victimes potentielles du Cupidon de notre temps auraient intérêt à lire. C’est aux Presses de l’Université Laval.

Et chez Le Prunier Sully Doki Suda a écrit La vie du Bouddha Shakyamuni ce sage qui, il y a 2500 ans fonda en Inde le bouddhisme. Au passage, le mot Bouddha veut dire, éveillé. L’avantage de ce que nous soumet Suda, c’est que ceux qui trouvent rébarbatifs les traités sur cette religion ont l’avantage ici d’avoir une synthèse au plus près de ce qu’il faut savoir de cette spiritualité parmi les plus importantes dans le monde. Le bouddhisme fait immédiatement référence à la sagesse et à la cohabitation harmonieuse. Un petit livre référence qui deviendra la porte d’entrée de plus grandes explorations.

 


 


Zéro plastique

En ce moment tout le monde ont la conscience un peu moins tranquille quand on assiste aux ravages écologiques que constitue la consommation effrénée du plastique, dans les emballages, les contenants de liquides eaux et jus et les fameuses pailles. Et ces affreuses images nous faisant voir de quasi continents de bouteilles de plastique flottant sur nos mers.  A ceux qui des voeux pieux, veulent vraiment prendre part concrètement à la sauvegarde de la planète, ont tout intérêt à se procurer Vivre sans plastique écrit à quatre mains par Chantal Plamondon et Jay Sinha.  Ces deux comparses ont fondé une boutique en ligne “Life without plastic” qui dispense des solutions alternatives aux produits faits de matière plastique. Si vous n’avez pas le temps de vous y rendre, reportez vous au livre qui reprend l’essentiel des conseils. Il est présenté comme un coffre à outils écologiques. Un chapitre éclairant qui montre noir sur blanc l’infiltration même imperceptible du plastique, ce sont ces microbilles que l’on retrouve un peu partout, notamment dans les exfoliants. Alors au lieu de dépenser pour ça, faites le vôtre maison avec des fraises ou du café. On vous en donne les recettes. Un recueil de multiples conseils pour concrétiser votre combat.

Vivre sans plastique. Chantal Plamondon et Jay Sinha. Écosociété 235p.    

 


 


Sur le dernier hiérarque nazi fanatique d’Hitler

Rudolf Hess a été une figure de proue du mouvement nazi. Dans presque toutes les archives filmées des débuts du N.S.D.A.P. le parti d’Hitler, on aperçoit jamais très loin dans le champ de la caméra sa haute silhouette raidie et ce visage marqué par d’épais sourcils, tels une toison. Il sera avec son Führer dans la prison de Lamberg au lendemain du putsch raté à Munich. Il lui servira de secrétaire pour la rédaction de Mein Kampf. Il idolâtre son chef à telle enseigne qu’on a laissé courir la rumeur qu’il avait des penchants homosexuels, sa femme qui ne calmait pas les commérages quand elle prétendit que son expérience conjugale au lit avec lui en faisait presque une communiante. C’est Hess qui fait des collectes de fond pour alimenter les caisses souvent à sec de la formation politique et mettre Hitler à l’abri du besoin. En 1941 il fait une sorte de pied de nez à son chef en s’envolant vers l’Angleterre pour négocier la paix avec les britanniques. On l’arrêtera aussiôt. En 1947 il sera transféré à la prison de Spandau à Berlin, où il passera les quarante prochaines années. Il se suicide en 1987, à l’âge de 93 ans.  Il aura été des années le seul pensionnaire de cet établissement pénitentiaire contrôlé sévèrement par les forces alliés. Jusqu’à la fin il demeurera fidèle en esprit à Hitler. Pour revoir cette incroyable destinée dans le détail, allez lire la biographie de référence de Pierre Sevent “Rudolf Hess la dernière énigme du IIIème Reich”exceptionnelle au sens qu’elle est la seule en langue française de ce cacique du régime.

Rudolf Hess la dernière énigme du IIIème Reich. Pierre Servent. Perrin 491p.   

 


 


Une saga au coeur de la guerre civile espagnole

Arturo Pérez-Reverte est une pointure de la littérature espagnole contemporaine. Il fait partie de l’auguste Académie royale d’Espagne. C’est un familier des best-seller avec vingt millions de lecteurs dans le monde! Il a entrepris une saga qui nous plonge dans la guerre civile espagnole dont on sait qu’elle consacra la victoire de franco sur les républicains. Un premier tome “Falco” du prénom d’un des personnages est paru où on voyait la proximité qu’il aura avec une prénommée Eva qui donne son prénom au titre. Tout tourne autour d’un fait historique, à savoir la proposition faite par le régime communiste à Moscou de mettre en lieu sûr en URSS l’or du gouvernement républicain. Plus de 500 tonnes d’or que les vilains rouges garderont pour eux...Mais ici c’est un navire partant d’Espagne avec la précieuse cargaison qui file vers Tanger. Et une fois rendu le régime franquiste menace de faire sauter le vaisseau s’il entreprend de quitter le quai. Puis cette Eva à bord que Falco retrouve. Assez d’ingrédients pour garder captif le lecteur jusqu’au dernier chapitre.

Eva. Arturo Pérez-Reverte. Seuil  407p.        www.seuil.com

 


 


Un roman coup de poing sur l’identitaire autochtone

Ce qu’il y a de bien avec la littérature, c’est qu’il lui arrive de témoigner de son temps. Et quel sujet est récurrent dans l’actualité par les temps qui courent ? La question des autochtones. Nous arrive Débâcles de Marie-Pier Poulin.  L’auteure connaît bien ce qu’il en est de la question identitaire chez les nos premières nations car elle a vécu de nombreuses années en territoire Innu. Dans les environs de la Baie-James et ses grands barrages. Elle y a grandi en fait. Son roman raconte un médecin de la même confrérie Innu qui, alors que Montréal vit la Crise d’octobre et par extension le Québec tout entier, va quitter la métropole pour revenir en terre natale. Et là c’est un peu le choc entre ce qu’il a connu et l’esprit qui règne maintenant, teinté d’un désir d’émancipation. Il sera interpellé d’une manière à laquelle il n’était pas du tout préparé. La romancière a bien investi l’âme de Pierre, le prénom du toubib nordique. Elle traduit ses états d’âme en même temps qu’elle se fait ethnologue, nous permettant de voir vivre la communauté innu. Le tout enduit d’une sensibilité exquise. Ceux qui décernent des prix littéraires pour cette rentrée, regardez de ce côté-ci.

Débâcles. Marie-Pier Poulin. Les éditions Sémaphores 217p.     www.editionssemaphore.qc.ca

 


 


Sur la rectitude politique et les femmes sous la dictature argentine

Nous sommes toujours un peu excité de ce qui sort des presses des éditions Varia car c’est l’équivalent d’autant de desserts pour ceux qui aiment la fréquentation des idées. Et les deux derniers ouvrages qui paraissent pérennisent ce bonheur intellectuel. A commencer par Pierre Mouterde un sociologue qui s’est fait une niche avec l’étude des  mouvements sociaux en Amérique latine. Il présente Les impasses de la rectitude politique. Pour tout libre-penseur, le XXIème siècle est un cachot. Il faut désormais faire attention à tout ce qu’on dit, sous peine d’être vilipendé sur la place publique (comprenez les réseaux sociaux) par la bien-pensance. Et la quatrième de couverture de rappeler ces deux exemples près de nous des affaires Bertrand Cantat et Claude Jutra. Pas question de se porter à leur défense, même pas de tentatives d’amener des circonstances atténuantes. Le tribunal du peuple s’est prononcé. Dans son traité sur la rectitude politique il en appelle à la gauche de monter aux barricades, mais ce qu’on apprend c’est qu’elle se laisse un peu emporter par le courant ambiant. La rectitude se déploie très bien dans un monde de désenchantement.

 

Puis Guylaine Massoutre est professeure de littérature. Indignée par le sort des femmes sous la dictature en Argentine (1976-1983), elle signe  Nous sommes le soleil. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, ce n’est pas un rappel historique avec des cas vécus, de ce qu’ont vécu ces femmes aux mains des bourreaux. D’autres ouvrages ont répertoriés ces horreurs. Ici c’est une réflexion sur la violence faite à ces femme, toute leur symbolique. Il y a en complément des images de la photographe Eva Quintas d’une effroyable nudité. Voici une pensée glanée dans ces pages “Dans les pires conditions la mort ne meurt pas tout à fait, pas plus que la vie ne s’éteint.”

 


 


Une forêt initiatique, un homme s’y aventure

Il était une fois, comme dans un conte, une forêt baptisée du nom de Voorh à qui on attribue bien des pouvoirs qui fascinent et terrifient tout en même temps. Si on s’y aventure on peut même perdre la vie. La légende veut qu’en son centre se trouve le mythique  jardin d’Eden. C’est dans ce contexte qu’un ex militaire a décidé contre toute attente d’y pénétrer. En cela il suivait le chemin pris par Este sa douce. Celle-ci mourra. Et c’est comme pour donner du sens à sa vie qu’il entre dans la forêt avec ses rituels bien à lui. Voilà toute l’ambiance qui attend le lecteur de ce roman qui porte le nom de la forêt et portant la signature de Brian Catling. Nous sommes en face d’une proposition initiatique. Ses pairs crient au génie. Sans être dans cette démesure affective, disons qu’à tout le moins c’est du solide avec des interpellations métaphysiques.

Vorrh. Brian Catling. Fleuve éditions 476p.        www.fleuve-editions.fr

 


 


Le Paris des américaines ou argentées, parfois les deux

Si vous trouvez la société aseptisée, bien pensante et chargée de rectitude, donc ennuyeuse, vous avez entièrement raison. Allez lire sur le Paris de la fin du XIXème siècle et du début du XXème, tandis que des américaines libres débarquaient dans la Ville Lumière, animants la vie sociale de la capitale. Beaucoup de lesbiennes parmi celles-ci, ou souvent très riche comme l’héritière des machines à coudre Singer, disciple de lesbos et qui fit un mariage de convenance avec Edmond de Polignac qui partageait ses goûts pour les amitiés particulières. Ou cette muse saphique, Natalie Barney qui collectionnait les amantes. Cette grosse période s’échelonnera de 1850 à 1920. Grâce à Gérard Bonal on peut revivre cette belle époque dans Des américaines à Paris que les femmes apprécieront et pour lesquelles elles trouveront peut-être des modèles de congénères qui n’avaient pas froid aux yeux. Et les hommes s’apercevront que des femmes qui sortent du moule peuvent être diablement intéressantes.

Des américaines à Paris 1850-1920  Gérard Bonal. Texto 383p.      www.tallandier.com

 


 


Radiographie éclairante de l’économie du monde

C’est un rendez-vous annuel que nous fait le Centre d’études prospectives et d’informations internationales (CEPII) avec la publication de son étude prospective de l’économie mondiale qui arrive en librairie L’économie mondiale 2020. Une petite plaquette dense du côté de son contenu, car elle brosse le panorama de l’économie des nations, du moins celles qui sont sur la sellette. L’étude paraît au moment où on s’inquiète d’une récession. Qui fait bien la démonstration, qu’en dépit d’une belle croissance dans beaucoup de pays et un chômage en baisse comme aux États-Unis, au Canada et en France, l’équilibre économique est demeurée fragilisée depuis la crise financière de 2007-2008. Comment expliquer ce brusque revirement, les affrontements entre la Chine et les USA, la difficulté de mettre en place des accords de libre-échange à la satisfaction des partenaires, des nationalismes populistes, et aussi les changements climatiques qui pèsent avec des désastres à la clé. Le Brexit n’aide pas la cause. Dans cette édition sous la direction de Isabelle Bensidoun et Jézabel Couppey-Soubeyran place aussi à la situation de la Turquie qui plonge. Bref, les perspectives sont loin d’être réjouissantes.

L’économie mondiale 2020 CEPII. La Découverte 125p.  

 


 


Un thriller dans le monde de la drogue dans la Sérénissime

Donna Leon native du New Jersey a bien fait de migrer à Venise où elle s’active à trouver toujours des intrigues de plus en plus captivantes mettant en valeur son limier fétiche Brunetti. Les enquêtes de ce dernier ont conquis des millions de lecteurs, et la sortie de La Tentation du pardon est dans cette continuité. Dans cette histoire, c’est une collègue de sa femme qui se fait du mouron, son fils étant adepte des drogues.  Elle ne sait plus quoi faire. Le jeune a pour prénom Alessandro. Et ce qui n’arrange pas les choses le père de celui-ci sera retrouvé sous un pont, blessé gravement. Contrairement aux autres mandats qui lui sont confiés, celui-là lui tient à coeur, ne serait-ce que parce qu’il implique une proche de son épouse. Puis quand il s’agit de jeunes dans une mauvaise passe, son altruisme prend le dessous. Mais il ne sait pas dans quoi il s’embarque. Du bonbon pour qui aime cette littérature enlevante dans  les mains d’une maîtresse du genre.

La Tentation du pardon Donna Leon. Calmann-Levy 320p.  www.calmann-levy-noir.fr

 


 


La fille de Moustaki raconte son illustre papa

Pia Moustaki la fille de vous savez qui, a cru bon, et elle a raison, de raviver le souvenir de son père, Georges. Fille de métèque vous a des petits airs de biographie du renommé auteur-compositeur-interprète né à Alexandrie en Égypte. Qui deviendra l’amant de Piaf, laissant dans l’ombre sa femme légitime Yanick, qui acceptait la liaison. Moustaki écriras pour Piaf, la célébrissime chanson “Milord” dont les redevances le mettront à l’abri du besoin. Ce n’était pas facile pour une fille de vivre dans une telle ambiance de bohème, sa mère “acceptant” d’être cocufiée par la Me Piaf, pour ne pas avoir l’air d’une bourgeoise idiote. La fille donne le goût de réentendre l’artiste dont elle protège aujourd’hui et pérennise la mémoire. Un beau tribut.

Fille de métèque. Pia Moustaki. Plon 194p.      www.plon.fr

 


 


Pour une question d’argent

La mort de Mrs Westaway de Ruth Ware est une lecture hautement recommandable pour qui adore lire une drame familial dans lequel on retrouve une femme coincée, un héritage inattendu et des rebondissements inattendus. Au point de départ c’est Harriett Westaway, qui gagne sa vie comme elle peut, elle qui est endettée par dessus la tête auprès d’un usurier. Et au moment où elle étouffe financièrement, oh surprise, elle apprend qu’elle hérite de sa grand-mère.  En fait c’est plus compliqué que là. Elle hérite ou elle n’hérite pas ? Voilà la question. C’est un livre qui exploite le thème de la vénalité humaine à un niveau rarement atteint, du moins jamais autant si bien décrit. Bref, vous savourerez votre lecture jusqu’à dernière ligne comme on déguste un bon café jusqu’à la dernière goutte.

La mort de Mrs Westaway  Ruth Ware. Fleuve noir 431p.      www.fleuve-editions.fr

 


 


Il était une fois Johanne Raby prof de chant

Au Québec dans le domaine de la chanson le nom de Johanne Raby est largement connu en raison de son école de chant renommé. Et une théoricienne de l’art du chant avec ses livres “Chanter de tout son corps” régulièrement réédité et “Trouve ta voix”. Elle a senti le besoin de partager son parcours d’une part et la conclusion qu’elle a tiré de ce qu’est un artiste dans  Naît-on artiste ou le devient-on ? Elle est d’abord au départ chanteuse elle-même et oppose un sérieux démenti à un Sacha Guitry qui disait un peu beaucoup méchamment “ceux qui peuvent font, ceux qui ne peuvent pas enseigne”. Elle a donné bien avant de dispenser son savoir. Il est rare que l’on réfléchisse aux pré-requis nécessaires à l’accomplissement d’une vie de chanteur. Les jeunes sont souvent attirés par les paillettes et les projecteurs. C’est oublier les exigences dont des entraînements préalables avant de récolter les bravos sur les planches. Ce livre sera d’une utilité non seulement aux artistes en devenir mais aux parents qui substituent sur leurs enfants leurs propres ambitions.

Naît-on artiste ou le devient-on ? Johanne Raby. Marcel Broquet éditeur 164p.   www.marcelbroquet.com

 


 


Une pièce de théâtre qui déboulonne le rêve américain

Si vous en avez jusque là, des prétentions des États-Unis avec leur rêve américain, leur america great again et tutti quanti, vous avez un bon défoulement en perspective avec la pièce de théâtre de Claude Guilmain “Americandream.ca”. Il est le cofondateur du théâtre Tangente à Toronto. C’est un homme multiple, à la fois auteur, cinéaste de documentaires, concepteur et metteur en scène. Il nous fait voir une famille qui présente un douloureux rappel de leur désillusion de la vie au sud de la frontière. Un désenchantement qui se perpétue depuis la mort de John F. Kennedy jusqu’au 11 septembre 2001. Les directeurs de théâtre en quête d’une pièce susceptible d’interpeller le spectateur ont de quoi se mettre sous la dent.

American dream.ca Claude Guilmain. L’Interligne 372p.     www.interligne.ca

 


 


Qu’est-ce qui caractérise les étapes de la vie ?

C’est un livre destiné a priori aux enfants, mais qui n’est pas interdit qu’un adulte puisse y jeter un coup d’oeil. 100 ans de Heike Faller sur des illustrations candides de Valerio Vidali est parti d’une idée qui est venue en tête de la première la fois où elle regarda sa petite nie encore poupon. Et lui vint l’idée de trouver une idée d’étape de vie correspondant à une tranche d’âge jusqu’à 100 ans. Quelles sont nos priorités à vingt, trente, cinquante ans et le reste. Un moyen ludique que l’existence est un perpétuel inventaire.

100 ans Tout ce que tu apprendras dans la vie. Seuil

 


 


Tout ce qu’il faut savoir sur le féminisme en un éclair

La renommée collection “Pour les nuls” compte un ouvrage de plus Le féminisme pour les nul-les. Sous la direction de Danielle Bousquet ancienne présidente du Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes Margaux Collet, Claire Guiraud, Mine Günbay et Romain Sabathier ont produit un livre magnifique qui n’a pas de ligne directrice comme telle sinon de cumuler dans le désordre, des faits qui racontent l’histoire du féminisme, ou du moins les grandes étapes du qui ont marqué le mouvement. C’est une mine de renseignements qui plaira au plus grand nombre. Car à la lecture il est évident qu’il y a eu une disparité effroyable dans le traitement réservé aux femmes par rapport aux hommes. Mais le combat reste encore à mener, et rien n’est acquis. Par exemple, on apprend qu’en Russie, Poutine a fait voter une loi en 2017 qui fait qu’un homme qui a violenté sa femme s’en tirera avec une amende, contrairement à deux ans de prison auparavant. Un permis de continuer en sorte. Les gens qui sont pétri d’humanisme vont beaucoup aimé ce gros bouquin.

Le féminisme pour les nul-les Collectif sous la direction de Danielle Bousquet. First 456p.        www.pourlesnuls.fr

 


 


Deux “bandes” dessinées qui se parcourent d’une seule main

A la rédaction de Culturehebdo nous aimons toujours découvrir les dernières cuvées des éditions Tabou, car à l’ère d’une remontée de la rectitude, que c’est libérateur de voir ses images qui grossissent le trait d’une ou des sexulaités qui n’osent dire leur nom. Même qu’aujourd’hui la prononciation du simple mot bordel fait rougir des animatrices télé. Alors que dire de ses organes génitaux bien exposés qui suintent de plaisir. Voici donc deux BD qui procurent du bonheur. Il faudra me passer sur le corps dont le titre à lui seul est un programme, met en scène une secrétaire qui développe une addiction au thé vietnamien qui suscite en elle des fureurs utérines incontrôlées. On l’enverra en mission exotique vivre ses fantasmes. C’est du duo talentueux Katia Even et Sergio Bleda.

Ensuite vous avez Xavier Duvet (sic) qui débarque avec dans la collection Féminisation “La douce heure des bas”.  C’est le second tome de la collection en question qui explore le fantasme de la lingerie féminine. Mais, même si ce thème a été exploité souvent ailleurs, l’auteur pousse l’audace plus loin avec comme protagoniste une transgenre bien dotée par la nature qui va provoquer chez des compagnes des transports érotiques hors norme. Et c’est un dessin fabuleux qui fait ressortir le membre triomphant à travers de doux tissus. La force des contrastes.

 


 


A la dure en Tunisie

La littérature n’est pas faite que pour vous faire passer de bons moments, question d’échapper à l’ennui. Elle peut aussi vous remuer dans vos convictions. C’est un peu ce qui arrive quand on a terminé Pas de deuil pour ma mère de Hassouna Mosbahi. Ce tunisien d’origine a été reconnu par ses pairs qui lui ont décerné il y a trois ans le prix Mohamed Zafzaf du roman arabe pour souligner l’ensemble de son oeuvre. Nous avons la chance grâce aux éditions Elyzad une petite maison d’édition tunisienne de pouvoir lire ce livre traduit pour la première fois dans la langue de Molière grâce à Boutheïna Ayadi en collaboration avec Marie-Christine Ben Fadhel. Le narrateur qui parle de lui à la première personne c’est le fils qui décrit avec tellement d’humanité qu’il se rend compte tout petit enfant, qu’il est la dernière préoccupation de sa mère. Et dieu sait si à cet âge où toute la personnalité se forme, combien la présence maternelle compte. Il va trimballer par après son mal être à faire des petits boulots, puisque l’instruction ne lui sera pas permise. Mais de manière récurrent c’est toujours cette fracture avec sa mère dont on laisse entendre, imaginez-donc, qu’elle pratique le plus vieux métier du monde. Bref, une relation corrosive qui pousse même à l’idée matricide. Vous voyez que nous sommes confrontés à l’exacerbation des sentiments. Un roman coup de poing rien de moins. A mettre sur le dessus de la pile de vos prochains achats de lecture.

Pas de deuil pour ma mère. Hassouna Mosbahi. Elyzad 251p.      www.elyzad.com

 


 


Dans la tête d’un chorégraphe

Commençons par un mea culpa, aucun d’entre nous ne connaissions le nom de Paul-André Fortier et nous le reconnaissons, c’est un tort. Il faut dire que les médias qui ont confondu la chronique culturelle des arts nobles avec celui du show-business, ne nous ont pas donné l’occasion de le connaître. Mais les accros de la danse contemporaine vénèrent ce nom qui est une pointure. Si vous mesurez l’importance d’une personnalité par les prix mérités, Fortier est au Panthéon de son art, bardé de prix dont le non moindre officier de l’Ordre national du Québec. Il est septuagénaire et n’a pas battu en retraite. Au contraire, il écrit dans son livre de réflexions sur la danse Masculin singulier “ Tout compte fait, un corps vieillissant est aussi apte à danser qu’un corps juvénile. C’est juste un autre rapport au temps, au poids, à la durée et à l’élan”. Ce n’est pas écrit sous forme d’autobiographie mais sous le mode d’un essai sur ce que représente la danse à ses yeux. Il y a de jolis fulgurances comme lorsqu’il dit “Ce n’est pas moi qui mène le mouvement, c’est le mouvement qui me mène”. Quelle belle intelligence artistique. Il reconnaît avoir été sous l’influence d’une Françoise Sullivan. L’occasion de se rattraper pour ceux qui ne le connaissaient pas. Il nous donne le goût de nous précipiter à la première représentation de dans contemporaine, maintenant que, grâce à lui on en saisit les tenants et aboutissants.

Masculin singulier. Paul-André Fortier. Éditions du Noroît# Chemin de traverse 189p.      www.lenoroit.com

 


 


Sur la chasse aux sorcières en matière sexuelle dans les universités des USA
Laura Kipnis professeure de cinéma à l’Université Northwestern a eu maille à partir avec son établissement pour un article sur les rapports intimes entre enseignants et élèves, du genre toute vérité n’est pas bonne à dire. En 2017 elle publiera Le sexe polémique avec pour sous-titre “quand la paranoïa s’empare des campus américain”. Il existe chez nos voisins du sud ce qu’on nomme dans les universités le code IX qui est amendement législatif qui met en place un système de contrôle des moeurs dans les campus. Avec des dérives dont on peut imaginer l’étendue dans ce pays puritain et hypocrite, ce qui n’est jamais incompatible, et où un langage un tant soit peu grossier en matière de sexe sera immédiatement apparenté à de la violence sexuelle. Ce livre avait donc été publié avant la phénomène Metoo. C’est pourquoi elle a cru bon ajouter un chapitre en forme de mise à jour, qui n’est pas réjouissant sur la codification des rapports entre corps professoral et étudiants et entre ces derniers eux-mêmes. Le sexe feras toujours polémique et sa conclusion concernant la liberté sexuelle des femme laisse dubitatif.

Le sexe polémique. Laura Kipnis. Liber 297p.   

 


 


Comme un grand chef quand il chez lui

Vous êtes-vous déjà posé la question à savoir ce qu’un grand chef organise quand il reçoit à la maison ? La question est mise de l’avant par Jérôme Ferrer en quatrième de couverture de son dernier livre de recettes Recevoir en grand à petit prix. En préface il rappelle les modes de préparation de sa grand-mère, sa première influence, qui ne se cassait pas la tête.  Cette fois, il ordonné son livre avec des propositions pour chaque étape de service: bouchées, entrées, plats principaux et desserts. Et toujours avec comme maître guide, des aliments savoureux et économiques, sans sacrifier quoi que ce soit du côté de la gourmandise. De la grande tablée qui ne vous saigne pas le budget. Et encore là, à travers un horaire démentiel il a réussi, quel magicien, à confectionner des péchés mignons qui agrémentent le passage terrestre. Toute résistance est vaine devant des bonbons d’omble chevalier au gel de citron, des portobellos au fromage de chèvre, ou ce paleron de boeuf braisé...sauce café!  Nous sommes preneurs.

Recevoir en grand à petit prix. Jérôme Ferrer. Éditions La Presse 197p.      www.editionslapresse.ca

 


 


Pour une agriculture vivrière respectueuse de l’environnement

Les sociologues qui scrutent nos agissements ont convenu que les milleniums d’abord mais ceux de la génération Z qui suivent, privilégient d’abord la qualité de vie avant la réussite professionnelle formatée et lucrative. On préfère gagner moins, mais mieux. Certains voudront même exercer un retour à la terre. Cela ne se fait pas sans peine. Et un qui en connaît un rayon est Dominic Lamontagne à qui on doit un brûlot publié il y a quatre ans aux éditions Écosociété “La ferme impossible” dans lequel à coups redoublés il s’en prend aux contraintes législatives quand vient le temps moment de devenir fermier. Mais si vous avez du coeur au ventre et le souci de la biosphère et que vous entendez ne pas mesurer le temps ni les efforts, peut-être aurez-vous ce désir de vous lancer en agriculture. Dans cette perspective Lamontagne lance chez le même éditeur  L’artisan fermier sous-titré “Manuel d’élevage artisanal du poulet de chair, de la poule pondeuse et de la chèvre laitière”. L’ancien bistrotier montréalais s’est installé lui-même à la campagne à Sainte-Lucie-des-Laurentides où il y a bâti une petite ferme vivrière. Tout y est, de comment trancher la tête d’une poule, à comment ériger une structure physique, reconnaître les maladies potentielles de vos bêtes. C’est hautement technique, mais simple de compréhension. Le grand mérite didactique de la démarche c’est de ne rien masquer des contraintes. Et comme on sait, quiconque dispose de la connaissance a moins peut et peut se lancer dans l’aventure en connaissant à l’avance les joies et les écueils.

L’artisan fermier. Dominic Lamontagne. Écosociété 349p.     

 


 


Où est Dieu ? Dieu est partout et absent à la fois

On se souviendra que cette question fait partie du catéchisme catholique. Mais beaucoup dans la population ont de la difficulté avec la question de l’incarnation divine. Peut-être que la lecture de Dieu est nu de Simon-Pierre Arnold apportera t-il des éléments de solution. C’est un moine bénédictin qui a ouvert une abbaye au Pérou aux abords du lac Titicaca. Il est ensuite le père spirituel d’une nouvelle théologie dite théologie andine qui donne la voie à la réalité autochtone. Il n’a aucune prétention dès le départ sinon de montrer que le Créateur ne se manifeste pas tel que le voudrait les hommes. Il a même pris la voie de l’absence, laissant la liberté aux humains d’agir. Une entité simple et complexe en même temps. La beauté de sa réflexion est de célébrer le Mystère. L’éditeur a aussi pensé aux lecteurs qui auraient des difficultés de vision, car on a choisi une typographie agrandie qui facilite la lecture. Même un agnostique sera séduit par le propos.

Dieu est nu. Simon-Pierre Arnold. Novalis 277p.      www.novalis.com

 


 


Une odyssée visuelle de la France, l’Espagne et le Portugal

Les guides Ulysse ils sont diaboliques, toujours entrain de nous tenter avec des destinations mirifiques. Nous vous mettons au défi de feuilleter leurs merveilleux guides sans avoir la bougeotte. En guise de nouvelles tentations voici une odyssée visuelle intitulée Fabuleuse France. En tournant les pages on comprend aisément pourquoi ce pays est en tête des destinations touristiques mondiales. Tant de choses `faire et à voir. Car la particularité de l’Hexagone c’est que vous pouvez à la fois faire du tourisme de détente en même temps qu’un tourisme intelligent. Car partout on marche sur l’histoire. Comme l’intention des concepteurs est de charmer l’oeil, laissez-nous vous dire que les photos sont pâmantes. Il y en a une notamment concernant le canal du Midi qui est comme une véritable peinture de Monet. Trenet avait donc raison de chanter douce France.

Si on se rend plus à l’ouest sur le continent européen, ce sont l’Espagne et Portugal qui vous tendent les bras et pour lequel on vous suggère 50 itinéraires de rêve, titre d’une collection renommée chez l’éditeur. Séville, l’Andalousie, Porto, le Douro. Qui ne sont quelques destinations. On choisit souvent d’y référer pour tenter de repérer qu’est-ce qui devient l’essentiel à visiter, que, ensuite on peut compléter par d’autres guides Ulysse qui vous livreront les lieux d’hébergement et de restauration. Et comme pour l’ouvrage précédent sur la France, la aussi les photos se passent de qualificatifs, tellement on demeure bouche-bée par tant de beaux paysages.

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La vie après la vie sous un angle divin

L’homme ne cessera de s’interroger sur ce qui l’attend dans l’Au-delà après que son corps ne sera plus qu’une dépouille. La littérature dans ce domaine est abondante. Mais un livre se démarque car il témoigne de la présence divine. Il a pour titre Expériences de vie imminente du Dr. Patrick Theillier. Ce dernier a été directeur du Bureau des Constatations Médicales du Sanctuaire de Lourdes de 1998 à 2009. Car pour des processus autant de béatifications que de canonisations l’Église joue de prudence et veut s’assurer que ceux qui se prétendent guéris après intercession, soient reconnus après un rigoureux processus de sélection authentifié par la médecine. Et c’est là que ce qu’il rapporte de cas échappe totalement à la logique admise. Comment quelqu’un atteint du cancer du pancréas, foudroyant et conduisant inexorablement à la mort,  peut-il se trouver instantanément guéri ? Le moins que l’on puisse dire, c’est que les situations rapportées sont troublantes.

Expériences de vie imminente.  Dr. Patrick Theillier. Novalis 253p.     www.novalis.ca

 


 


La suite sur la culture judéo-chrétienne

La conversion à la chrétienté de l’empereur Constantin marquera le début de la civilisation judéo-chrétienne qui a tellement marqué au fer rouge nos sociétés, et surtout la morale de celles-ci comme l’a démontré le tome un de Les grands récits occidentaux un essai en collectif mené par Jean-Claude Maes et dont nous avons le tome II “Le pilier judéo-chrétien”. Il y a dix contributions et où chacun des experts participants viennent apporter un éclairage sur en somme, l’ADN de notre civilisation occidentale. Ainsi retenons au passage celle de Daniel Faivre qui ouvre le bal avec “Les mythes bibliques de création” et Jean-Claude Maes lui-même et “Riche comme Job”.  Et après les figures paternelles de la Bible, on fait place aux figures féminines dont la non pas moins influente dans le cours des civilisations, nous avons nommé la Vierge Marie.

Les grands récits occidentaux.  Tome II “Le pilier judéo-chrétien”. Collectif sous la direction de Jean-Claude Maes. Liber 236p.     

 


 


Sur les franco-ontariens et la révolution acadienne

Les passionnés sur l’histoire du pays, vont saluer la parution de deux essais lancés par les Presses de l’Université d’Ottawa dans deux sujets bien distincts. D’abord sous la direction de Michel Bock et Yves Frenette “Résistances, mobilisations et contestations “L’Association canadienne-française de l’Ontario 1910-2006”. Cette association qui a vu donc le jour en 1910 à farouchement combattu ce vil Règlement 17 qui interdisait l’enseignement du français dans la province. C’était une nécessité évidente de faire valoir les droits de l’autre peuple fondateur. Il y eu beaucoup de soubresauts dans cette histoire où même on enregistra du sabordage de franco-ontariens qui remirent en cause sa légitimité. L’organisme a été absorbé en 2006 par l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario.  Qui tombe à point nommé au moment où on se questionne sur la vitalité de la langue de Molière à l’Ouest du Québec.

Ensuite MM. Philippe Volpé et Julien Massicotte respectivement doctorant en histoire de l’Université d’Ottawa, s’est fait une spécialité dans ses travaux sur l’Acadie et professeur agrégé de sociologie de l’Université de Moncton qui présentent Au temps de la “révolution acadienne” qui traite d’un volet méconnu de l’histoire de la région, soit l’activisme des marxistes-léninistes. Il y a eu en Acadie une extrême-gauche qui se voulait affiliée avec les idéologies marxiste-léniniste-maoïste. Un feu de paille certes dans le continuum historique acadien qui a été intense au moment où toute ces mouvance s’activait. 

 


 


Faire connaissance avec Marie Rouget dit Noël

Marie Noël (1883-1967) a vécu toute sa vie à Auxerre. Elle sera pour la postérité une poétesse mais qui peut-être gagnera en mérite car pour le 50ème anniversaire de sa disparition l’évêque d’Auxerre a officiellement lancé la procédure pour sa béatification. Quel étrange destin que cette femme éternellement célibataire qui n’a jamais connu d’amour durable. Elle était issue d’un milieu pieux quoique son père professeur d’art était agnostique et sa mère douce, croyante, ne se faisait pas insistante plus qu’il ne faut du côté de la pratique religieuse. C’est Marie qui cheminera dans ce degré de Foi. Elle aura eu une dure épreuve avec la mort de son jeune frère retrouvé mort dans son lit au lendemain de Noël. C’est une figure à tout le moins d’une grande pureté. Qui mérite le détour, ce que nous propose d’ailleurs Chrystelle Claude de Boissieu avec un bel album doté d’une riche iconographie de cette servante de Dieu. Et qui aimait aussi au passage la musique traditionnelle.

Portraits intimes de Marie Noël Chrystelle Claude de Boissieu. Desclée de Brouwer 320p.       www.ddbeditions.fr

 




 


Le coin santé physique et psychique (1)

Aux éditions du CHU Sainte-Justine le psychoéducateur et orthopédagogue  Germain Duclos et la travailleuse sociale Louise Lessard ont mis en commun leur expertise sur un aspect du TDAH, l’estime de soi. Déjà que pour les gens dits “normaux” la pierre angulaire de la construction psychique de l’individu, la confiance en soi accuse souvent de gros déficits, qu’en est-il de l’enfant qui vit le syndrome ? Les deux ont donc conçu un guide qui sera d’une grande utilité pour les parents confrontés à cette réalité exigeante, car c’est un fait que l’enfant TDAH est loin d’être de tout repos.

Parlons maintenant de méditation. Elle est salvatrice à plusieurs égards et les témoignages abondent sur ses bienfaits. S’ajoute à ces voix, celle de Fabrice Midal qui présente Méditer le bonheur d’être présent aux éditions Philippe Rey. Il partait dans la vie avec des carences, dont le manque de confiance en soi. Et graduellement il est apparu aux autres transformé. Et son entourage de s’enquérir de la manière dont il a opéré cette transformation. Il leur a donc vanté les mérites de la méditation. Mais mieux encore il a choisi pour l’édition la forme de la bande dessinée. Le véhicule est ludique et on peut même faire passer le message plus aisément.

Les deux titres qui suivent le sont aux éditions du Dauphin Blanc. Pour commencer, un roman qui est du genre initiatique. C’est de Michel René d’après une idée originale de Richard Giguère “L’homme nouveau” un gars marié, Christian, avec deux enfants, qui aime sa femme, mais qui ne dédaigne pas exprimer sa mâlitude en flirtant. Comme il ne veut pas céder à ses penchants, il décide de s’installer à la campagne. Un soir de pleine lune, allant prendre une marche, il sera saisi par une illumination intérieure jamais ressentie. A la grande surprise de l’épouse. Ils vont revenir en ville. Et là il va se passer des choses étranges. Malgré lui il va devenir une sorte de thaumaturge, guérissant des gens sans qu’il ait joué de rôle de son propre chef. Des gens sont revenus à la santé simplement à son contact. On comprendra que son nouveau statut va en remuer plusieurs suscitant même l’hostilité. C’est écrit avec une belle rythmique, l’auteur nous prenant à témoin de l’évolution spirituelle de son sujet.

Lilou Macé est une femme aux nombreux admirateurs. Cette vidéoblogueuse attire sur internet 75 millions de vue au compteur. Mais qu’est-ce qui peut attirer autant chez elle ? Simplement une joie de vivre communicatrice. Mais elle est active et pas seulement à l’audiovisuel. Elle publie Le défi des 100 jours. C’est un cahier d’exercices relié spirale, qui facilite la consultation, dans lequel elle invite le lecteur à coucher avec transparence tout ce qui habite son être. On connaît la force de l’écriture pour le côté libérateur qu’elle procure. Voilà une belle occasion de se confier intimement.

 






 


Le coin santé physique et physique (2)

Le tibétain Taisen Deshimaru (1914-1982) a été le seul maître zen du monde occidental a se faire le propagandiste du budo. Parmi ses disciples Philippe Coupey moine zen américain.  Ce dernier a eu le privilège de travailler avec le maître sur le livre  Zen et budo aux éditions Budo. Le budo inclut tous les arts martiaux japonais et fait large place à l’éthique, la philosophie et la religion. C’est cette spiritualité qui donne un autre sens aux arts martiaux n’exigeant pas de ceux-ci la confrontation quand on est pétri de sagesse bouddhique. Le livre est dans les deux langues officielles du Canada, français et anglais. Peut-être l’éditeur n’y a pas songé, mais pour quelqu’un qui veut parfaire son anglais, on joint l’utile à la sagesse.

 

Chez l’éditeur Marcel Broquet une orthopédagogue avec derrière elle 40 ans d’expérience Francine Cloutier a senti le besoin de faire entendre sa voix auprès des enseignant(e)s pour les aider à dépister les troubles d’apprentissage chez leurs pupilles. Car elle se rend bien compte que le Québec se préoccupe maintenant des élèves. L’actualité nous revient continuellement sur le dilemme budgétaire d’intégrer ou non des jeunes en difficultés aux classes “normales” ou leur créer des classes bien à eux encadrés par des professionnels. Pour une intervention précoce s’occupe ici de fournir des outils de dépistage. Qui seront d’une grande utilité aux pédagogues aux prises avec cette clientèle qui demande plus d’attention qu’une autre.

 

Les deux ouvrages qui suivent sont édités au Souffle d’or. Les Sagesses du cercle de Claire Jozan-Meisel explore la spiritualité toute féminine. Cette consultante experte en plantes médicinales a fait beaucoup de recherches sur la contribution de la femme dans les pratiques spirituelles ancestrales. Ce traité annonce de la sorte une résurgence de la spiritualité féminine. Si on croit que ce livre ne cible que ces dames, nenni, l’auteure entendant bien que les hommes puissent aussi identifier également leur part de féminin en eux. Notons qu’elle revient sur un thème lourd de sens à ses yeux, le sang menstruel pour lequel elle a donné de nombreuses conférences. Dans certaines tribus nous apprend-elle, le premier sang menstruel de la jeune fille était conservé dans une coupe pour souligner son importance. et de son côté le psycho-bio-thérapeute   Christian Flèche nous livre toute sa science dans Décodage biologique des maladies. Il fait suite à un autre de ses livres “Mon corps pour me guérir” où déjà il établissait une corrélation entre les maladies et une globalité psychique de l’être. C’est un peu le continuum ici, mais à la différence qu’il se présente sous la forme d’une encyclopédie des correspondances symptômes et émotions. C’est amusant de vérifier de quelle façon notre état d’être influe sur l’avènement d’un symptôme.


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