- LIVRES OCTOBRE 2020 -
 
 

 


Le poète se fait nouvelliste

Francis Catalano est connu comme un poète aguerri et qui cette fois se laisse tenter par le genre de la nouvelle. Ce qui nous donne Qu’il fasse ce temps ou le temps est précisément le dénominateur commun de toutes ces nouvelles. Le gars ne manque pas d’imagination et il nous le montre avec éclat dans “La réplique du Mont-Royal” où il procède à l’éruption de notre montagne bien connue. Et il emploi un ton archaïque, propre aux échanges dans le monde antique, pour décrire le phénomène. Comme première incursion dans ce style littéraire, on peut parler de réussite. C’est un court bouquin mais ici ce n’est pas le contenant qui compte mais le contenu.

Qu’il fasse ce temps Francis Catalano. Druide 117p.    www.editionsdruide.com

 

 

 


De l’importance du délateur pour la résolution des crimes

Délateur ou informateur, peu importe la dénomination que l’on donnera à ces personnes, elles constituent un rouage essentiel pour pouvoir résoudre des crimes qui, autrement demeurerait impunis. C’est dont nous entretient l’ex-enquêteur au SPVM Philippe Paul dont on avait salué le lancement de son premier ouvrage “Coupable d’être policier” où il racontait que son leadership en irritait plus d’un parmi sa confrérie policière. C’est lui qui pénétra en premier sur le site du massacre de Polytechnique ce qui ne manqua pas de lui occasionner des reproches, notamment de faire dans la bravade. Mais lui en avait cure. C’était de faire son devoir point barre. Une sorte d’Eliot Ness local, qui, s’il n’a pas eu la joie de coffrer Vito Rizzuto le parrain présumé de la mafia montréalaise, comme en son temps le premier le fit avec Al Capone, il réussit à mettre tout de même sous les verrous quantité de trafiquants. Mais cela se fait avec des complicités dans le Milieu. Code 4-1 le pouvoir de l’informateur décrypte la relation qui se noue entre l’enquêteur et l’indic. Qui peut se révéler un univers dangereux pour chacune des parties en cause. L’ex limier à la tête d’acteur hollywoodien, est un merveilleux conteur. On a déjà hâte au troisième tome.

Code 4-1 le pouvoir de l’informateur Philippe Paul. Druide 221p.    www.editionsdruide.com

 

 

 


Jeanne et son viking

A trop souvent lire la chroniqueuse du Devoir, on oublie que Josée Blanchette en <a titre de romancière, manie la langue française avec maestria. Elle le fait encore une fois dans Mon (jeune) amant français. L’histoire d’une femme prénommée Jeanne qui se fait larguer par son mari un médecin, qui s’est épris d’une jeune résidente évidemment plus juene que lui. Un véritable tsunami pour l’infortunée épouse. C’est sur la recommandation d’une amie psychiatre qu’elle va entreprendre un virage à 180 degrés où enfin elle va s’autoriser pas mal de folies, dont celle de s’amouracher d’un français, plus jeune d’un quart de siècle! Ce sera son viking. Dans ce roman, la romancière use d’un français à faire rougir un académicien. Et avec quelle grâce elle décrit les séances coquines, notamment un strip-tease qui fera son petit effet, d’autant qu’il permettra à l’être aimé, de découvrir de jolies lingeries. La protagoniste aura réussi à faire de son citron une jolie limonade.

Mon (jeune) amant français Josée Blanchette. Druide 223p.    www.editionsdruide.com

 

 

 


C’était l’été 75

Un de nos coéditeur pratique un journalisme bien spécial, il est ce qu’on nomme “croque-mort” pour un de nos quotidien montréalais et réalise des nécrologies artistiques lors du décès d’un de nos artistes, communément appelé improprement dans le jargon journalistique des “viandes froides”. Ce travail l’amène à faire des recherches sur la vie des artistes concernés. Un travail de documentation laborieux, car rarement les artistes ont trouvé le moyen de s’exprimer sur leur art. Ce préambule pour souligner une expérience de vie artistique concernant trois comédiennes de talent Louise Portal, Marie-Lou Dion et Christiane Pasquier qui à l’été de 1975 se sont retrouvées ensemble sur les mêmes planches pour la pièce Madeleine de Verchères au Théâtre de Marjolaine. Un théâtre d’été qui fournit l’occasion aux comédiennes de vivre ensemble durant toute la belle saison. Pour nous, elles se remémorent les faits et gestes qui ont meublé leur quotidien. Et vous allez constater dans Un été, trois grâces, que côté frottis de l’épiderme elles savent donner et prendre leur pied. C’est une lecture jubilatoire qui attend quiconque osera ouvrir la couverture et se laisser happer par de belles histoires.

Un été, trois grâces Louise Portal, Marie-Lou Dion et Christiane Pasquier. Druide 191p.       www.editionsdruide.com

 

 

 


Variations en forme de nouvelles sur le thème des  ponts

Sous la direction de Chrystine Brouillet on a demandé à treize personnes dont Johanne Seymour, Ariane Moffat et Tristan Malavoy pour ne nommer que ceux-là, de répondre à la commande qui leur a été faite, de donner libre cours à une nouvelle de leur cru inspiré par le dessin d’un pont réalisé par James Kennedy. Sous le titre de Ponts vous avez là, autant de sensibilités réunies. Et le résultat est stupéfiant. On a la signature de Claudine Bourbonnais la cheffe d’antenne de Radio-Canada dont on avait lu Métis Beach et qui signe Piégée à partir de la reproduction du fameux pont de Brooklyn.  Vous allez être conquis par tant d’imagination. C’était un beau défi relevé avec brio par tous.

Ponts Collectif sous la direction de Chrystine Brouillet. Druide 237p.      www.editionsdruide.com

 

 

 


A la connaissance de la musique soft-rock

Arnaud Choutet est un incollable pour ce qui touche à la musique américaine. Il a eu l’opportunité de s’en imprégner ayant vécu quelques années chez l’Oncle Sam. On lui doit déjà divers ouvrages sur la musique pop. Voilà que sa dernière ponte est consacrée au Soft rock née dans les années soixante-dix en provenance de la Californie, un style qui s’est détaché du rock avec cette fois plus de douceur et s’abreuvant à d’autres courants comme le folk ou le country, voire le jazz. Des musiques qui ont fait la joie des programmateurs radio. C’est donc à une démonstration éblouissante par le disque que nous invite le musicographe qui a fait une sélection de ses coups de coeur qui illustrent le genre. Et qui constitue une bonne partance pour qui voudra se monter une discographie conséquente. Et dans le ton employé, il y a une vaste culture qu’il veut généreusement nous partager. C’est la meilleure initiation qui soit. Diantre pourquoi n’avons nous pas eu de tels profs en classe ?

Soft rock Arnaud Choutet. Le mot et le reste 251p.    

 

 

 


Sublimes vieilles ruines italiennes

Thomas Jorion n’a pas de problème avec le vieillissement. Pour lui, plus c’est vieux, plus c’est beau. Et mille fois encore quand c’est en ruines. Et c’est ainsi qu’il nous offre Veduta qui est le fruit de ses curiosités parmi les édifices en délabrement à travers toute l’Italie à travers les siècles et qui ont conservé de beaux restes. C’est son troisième album dédié aux immeubles vétustes, comme autant de natures mortes et qui ne demandent que l’intervention de l’homme pour restaurer ces splendeurs. On se prend à rêver d’avoir assez de pognon pour se procurer un de ces mini palais et lui redonner le lustre d’antan. On ne se lasse pas de passer en revue ces pages magnifiques. Quel photographie qu’il est, de saisir ainsi l’âme d’un bâtiment. Et l’éditeur en a fait comme toujours un beau livre d’art qui trônera sur la table à café.

Veduta Thomas Jorion. Éditions de La Martinière 234p.    www.editionsdelamartiniere.fr

 

 

 


Quelles seront les conséquences de l’actuelle pandémie ?

C’est la question que se posent des millions de gens qui sont frappés par les mesures de restrictions et de confinement en lien avec la pandémie de la Covid-19. Jean-François Caron professeur titulaire de philosophie politique à l’Université de Nazarbayev  tente des esquisses de réponses, formule des hypothèses dont des refontes sans retour en arrière concernant la mondialisation et le néo-libéralisme économique. Sa boule de cristal lui laisse entrevoir un nouveau rapport avec la Chine. C’est à une table rase du système économique à laquelle il faut s’attendre. Et le prof trouve tout de même des conclusions positives pour la marche du monde. Allez les découvrir dans cette petite plaquette prophétique Pandémie qui autorise à peut-être avoir moins peur des effets que cela va engendrer.

Pandémie Jean-François Caron. Les Presses de l’Université Laval  88p.  www.oulaval.com

 

 

 


Les joyeuses divagations de Ti-Mé

Claude Meunier à l’humour tatoué dans son ADN. Quoi qu’il fasse et dise ce ne peut-être que d’une hilarante débilité. Souvenez-vous entre autres il y a vingt ans du Journal de Ti-Mé. Certains réclamaient à grands cris un tome 2 tellement on était en manque de rire. On n’aura pas attendu en vain. L’auguste Ti-Mé a choisi la pandémie pour se manifester et nous arracher des rires durant cette période qui est toute, sauf jojo. Voici donc ses nouvelles Réflexions mentales qui fait porter sur le dos des écureuils le véhicule du virus au même titre que les pangolins en Asie. De même que les provisions qu’il a accumulé pour faire face à un confinement. Il faut lire par ailleurs sur les pratiques sexuelles du marquis de Sade et de sa dame. Il est drolatique à souhait, et deux qui parviennent à nous arracher ne serait-ce qu’un sourire sont des bienfaiteurs de l’humanité.

Réflexions mentales 2ème journal d’un Ti-Mé. Leméac 196p.   

 

 

 


La difficile route vers un monde sauf

Peut-être êtes-vous de ceux et celles qui avaient appréciés le roman de science-fiction de Charles-Étienne Ferland “Dévorésaux allures de fin du monde. Il persiste et signe avec Métamorphoses. Tandis qu’à Toronto la Ville-Reine on édifie une nouvelle civilisation avec les rescapés du cataclysme précédent, Jack le protagoniste, va entreprendre un parcours pour se rendre retrouver les siens à Main Duck Island. Mais il ne l’aura pas facile. L’écrivain qui est entomologiste à la ville, mettra bien entendu des insectes pour lui encombrer l’existence, mais aussi notre homme de lettres étudie de même que le fait un entomologiste, nos comportements d’homo sapiens devant tant d’adversité. C’est un petit bijou de roman qui nous plonge automatiquement dans un univers et qui réussit à nous évader du quotidien.

Métamorphoses Charles-Étienne Ferland. L’Interligne 180p.    www.interligne.ca

 

 

 


Deux misanthropes sur une île se contactent par la force des choses

Amin Maalouf n’a pas l’esprit en repos très longtemps. Son imaginaire est à l’oeuvre continuellement et nous offre des résultats littéraires étonnant comme son dernier roman Nos frères inattendus une réelle fiction qui met en scène un homme, Alec, et une femme Ève, quisont seuls sur une île et qui ne se fréquentent pas. Deux misanthropes chacun pour des raisons qui leur appartiennent. Mais leurs petits arrangements va s’en trouver perturber par un événement extérieur à portée mondiale qui va les atteindre. Le mec a des contacts dont un certain Moro, conseiller rien de moins du président des États-Unis et misogyne avéré qui leur permet de comprendre ce qui leur arrive. Et au final Ale et Ève vont se rapprocher intimement. Comme quoi, jolie métaphore, l’homme n’est pas une île.

Nos frères inattendus Amin Maalouf. Grasset 330p.     www.grasset.fr

 

 

 


De belles histoires venant de la Mékinac

Les québécois sont friands de belles histoires. A preuve l’engouement qui perdure pour les fameuses Belles Histoires des Pays d’En Haut de Claude-Henri Grignon jusqu’aux contes de Fred Pellerin. Les éditions des Trois-Pistoles en avait fait même une collection régionale. Les éditions GID ne sont pas en reste qui apporte une grande contribution à cet égard. Ainsi sort Mékinac terre de légendes de Pierre-Luc Baril. Pour ceux qui ne sauraient où se trouve la Mékinac, c’est un coin de la Mauricie où l’auteur a vu le jour et pour laquelle son attachement n’a de cesse. Chez GID on lui devait il y a deux ans “Légendes mékinacoises”. Et il faut croire qu’il n’avait pas encore épuisé le filon puisqu’il nous revient avec d’autres histoires fascinantes. Il y a par exemple le serpent de la Saint-Maurice, animal légendaire qui n’a rien à envier au monstre du Loch Ness. Et Memphré du lac Memphrémagog n’a qu’à bien se tenir. Une petite plaquette divertissante à souhait.

Mékinac terre de légendes Pierre-Luc Baril. Les éditions GID 68p.    www.leseditionsgid.com

 

 

 


Le journal d’un magnat de la Gaspésie au XVIIIème siècle

Les historiens pour enrichir leur travail, vont puiser dans des actes notariés, vieux grimoires et journaux du temps. Sylvain Rivière en qualité d’historiographe et journaliste de formation est allé à la rencontre du Journal de Charles Robin. Né dans l’île anglo-normande de Jersey il est à proprement parler un véritable bourlingueur qui a sillonné pas mal de mers et de pays. Il aboutira en territoire gaspésien pour se rendre compte des immenses possibilités d’affaires. Notamment la morue dont les espagnols et les portugais sont friands. Il en exportera des tonnes là bas. Il bâtira un véritable empire, diversifiée, dont le point central est Paspébiac. Il retournera en fin de vie à Jersey pour y mourir. Il a écrit fort heureusement pour les générations suivantes un journal où méticuleusement il consigne ce qu’il voit et entend. Nous avons avec lui le portrait d’un commerçant au Québec au XVIIIe siècle. Et en toute transparence il nous fait part de toutes les difficultés rencontrées, les rats dans les navires et les maringouins de même. Sans compter les échanges avec l’administration emmerdante du temps. Passionnant est un euphémisme.

Journal de Chalres Robin Son emploi du temps jour après jour 1767-1774. Les éditions GID.   www.leseditionsgid.com

 

 

 


Le festival mémorable de Manseau, c’était il y a 50 ans…

Le festival de Woodstock avait fait un tel retentissement qu’on a tenté d’imiter ailleurs notamment avec ce fameux flop magistral du Festival de Manseau, l’année d’après Woodstock, soit en 1970. L’enfer est pavé de bonnes intentions, on en a la parfaite illustration avec toutes les bévues rassemblées pour finalement offrir un plat amer. Laissons Jacques Crochetière qui revient sur cet événement 50 ans plus tard. Il a décrypté tous les impairs et le grand dérangement que ce festival a causé auprès des autorités, d’autant que la rumeur voulait que la mafia soit de la partie. Vous lirez la réalité des choses. Beaucoup d’amateurisme au final. En fin d’ouvrage on a le commentaire de maintenant de quelques festivaliers. C’est intéressant de voir le regard qu’ils portent sur ce qu’ils ont vécu. Ce livre rempli un vide journalistique, car étrangement les médias ont été silencieux concernant la commémoration de cet événement, sans doute trop orientés vers la Covid-19 et les élections américaines. 

Le Woodstock pop festival de Manseau Jacques Crochetière. Les éditions GID 188p.    www.leseditionsgid.com

 

 

 


La hantise d’un père absent

Le rapport père-fille, a-t-on besoin de le rappeler, est fondateur dans la construction de l’équilibre de cette dernière. Sarah Chiche dans Saturne n’en dit pas moins dans ce roman où au cours du mois d’avril 2019 à Genève, une femme entrevoit celle qu’elle croît reconnaître. Elle ne s’est pas trompée, c’est bien la fille de ce père qu’elle a connu et lui en fait part. Rappelons que Harry, le paternel a trouvé la mort dans des circonstances tragiques et que sa fille avait alors tout juste quinze mois. Et cette fin est d’autant plus épouvantable que tout annonçait des lendemains qui chantent pour cet homme qui était à la tête d’un empire médical en France, lui le ressortissant algérien. La fille fera sa vie, une vie qui aurait pu à son tour finir brusquement. Deux thèmes sont en présence dans ces pages, le deuil et le triomphe de la volonté.

Saturne Sarah Chiche. Seuil 205p.      www.seuil.com

 

 

 

Une mort étrange dans un bled islandais

Comme c’est étrange pour ce qui est des polars qui se situent en Islande et écrits par des auteurs de ce pays. Ils débutent à peu près tous par un bled à peu près éloigné de tout où on va découvrir un crime. Et qui évidemment va agiter la localité. C’est ce qui se passe avec Siglo de l’écrivain Ragnar Jonasson. Un petit mot sur cet homme de lettres né dans la capitale islandaise et qui voue un culte pour toute l’œuvre d’Agatha Christie au point d’avoir traduit ses ouvrages dans sa langue maternelle. Alors quand on a pour modèle maître la reine du genre, on est à bonne école. Siglo qui donne son nom au roman est le diminutif d’un petit port de pêche nommé Siglufjördur. Nous sommes avant Pâques. L’inspecteur Ari Thor est appelé en pleine nuit, car on vient de découvrir le corps d’une adolescente gisant sur la rue principale. Ce qui rend la chose doublement étrange, alors que ce coin est réputé tranquille, c’est que sur les murs d’une maison de retraite, un vieillard a inscrit Elle a été tuée. Et pourtant on n’en était pas encore arrivé à cette conclusion. C’est une histoire à élucider, et le limier doit composer avec son travail exigeant où il doit lutter contre la montre et surtout établir la conciliation travail famille.

Siglo Ragnar Jonasson. Éditions de La Martinière 264p.      www.editionsdelamartiniere.fr

 

 

 


Une mère de substitution mais jusqu’où ?

La consolation des inconnus de Alice Nelson exploite le sujet de ces femmes obnubilées par la maternité, et qui à défaut de procréer par elle-même vont trouver des dérivatifs, comme de devenir des mères de substitution à l’endroit de jeunes enfants. C’est le cas ici d’une écrivaine et universitaire newyorkaise, Marina qui sera mis au contact d’une ressortissante rwandaise, mère d’un jeune garçon prénommé Gabriel. Elle remarque le curieux rapport de la maman envers son rejeton. Ce qui n’est pas sans rappeler la propre relation qu’elle entretenait avec sa mère au comportement hiératique. Marina va donc jouer la carte du rapprochement avec un attachement particulier pour Gabriel. Mais quoique soit le lien qui se soude, elle n’est pas la mère en titre. Comment va-t-elle composer dans cette situation ? L’écrivaine vampirise bien les sentiments qui habitent cette femme en mal de mère, excusez le jeu de mots facile. C’est de l’ordre du thriller psychologique. Dans le dernier chapitre elle laisse parler Gabriel. Voyez comment il a vécu toute cette attention.

La consolation des inconnus Alice Nelson. Les Escales 311p.    www.lesescales.fr

 

 

 


Des pilules à prendre sinon c’est le cauchemar assuré      
                                                     
Pour ce qui est du Québec, on le dit régulièrement comment on investit peu en santé mentale. Et au-delà de la personne déséquilibrée classique, il y a d’autres formes de souffrance qui viennent hypothéquer l’équilibre des personnes qui en sont atteintes. Prenez le cas de cette jeune fille qui est au cœur du roman de Florence Seyvos « Une bête aux aguets ». Plus jeune elle fut atteinte de la rougeole au grand désarroi de sa mère quasi hypocondriaque et qui « martyrise » d’attentions sa fifille. Un médecin proche va ordonner que sa patiente prenne deux pilules quotidiennement et à perpète. Sinon, et comme ça se produit souvent chez elle, elle est traquée par des phénomènes qui ont eu pour conséquence qu’elle vit dans une peur constante. Qu’est-ce qui va arriver avec cette malheureuse aux prises avec ses démons ? Comme l’écrivaine est scénariste, elle sait tenir son lecteur. Et tout n’est pas ce qu’on devrait s’attendre. Du bonbon pour qui aime les sentiers sinueux du cerveau.

Une bête aux aguets Florence Seyvos. Éditions de l’Olivier 138p.  

 

 

 


Sur l’euthanasie planifiée des nazis

Dans l’aménagement de l’aide médicale à mourir, les pays qui ont eu ou qui se penchent encore sur la situation, ont tous eu au départ un mouvement de recul, voire de rejet de la mise en place d’une telle politique craignant des dérives médicales. A l’extrême, beaucoup ont en mémoire ce que les nazis avaient structuré pour éliminer tout ce qui pouvait faire figure d’individu taré. Ainsi on appliqua une extermination encadrée sous des principes d’eugénisme. Pour voir de quoi cela retourne, il faut lire ce roman qui sort L’heure des spécialistes de Barbara Zoeke qui dans un petit mot d’introduction, rend hommage à son père d’avoir pu préserver sa campagne du triste sort qui aurait pu lui être réservé. Nous sommes en Allemagne année 1940. Un professeur d’université séjourne au sanatorium de Wittenau. Son entourage redoute le pire, connaissant les intentions du régime hitlérien et le presse de fuir le pays, alors que lui continue de croire qu’on pourra le soigner. L’écrivaine recrée pour nous le climat qui prévalait alors. On sait que cette première phase d’extermination préfigurera l’Holocauste à grande échelle. Un roman très fort qui rappelle à sa manière que l’homme est un loup pour l’homme.

L’heure des spécialistes Barbara Zoeke. Belfond 246p.     www.belfond.fr

 

 

 


La chute de la bière qui moussait un peu trop

Les amateurs de houblons furent longtemps à apprécier la bière Dow, particulièrement dans la région de Québec où la marque était dominante. On se souviendra que MM. Paul-Yvon Charlebois et Sylvain Daigneault avaient commencé à nous raconter l’histoire de cette brasserie dans la Belle Province. Le tome 2 était vivement attendu qui détaille pourquoi cette bière si aimée connue une fin commerciale aussi dramatique. En fait, c’est que voulant plaire aux fervents de la Dow qui voulaient que perdure l’effet moussant, le maître brasseur ajoutait un ingrédient le sel de cobalt qui provoqua la mort d’une quinzaine de personnes par arrêt cardiaque. Ce qui provoqua la panique et interrompit sur-le-champ la vente au public. Ce sel est aujourd’hui strictement défendu. En complément, nos historiographes ont ajouté divers éléments iconographiques de ce label qui nous plongent dans une nostalgie.

La brasserie Dow Tome 2 La chute. Paul-Yvon Charlebois et Sylvain Daignault. Les éditions GID 167p.  www.leseditionsgid.com

 

 

 


Tout savoir sur le Nunavik

Quand on parle du territoire du Nunavik on ne peut faire autrement que d’être dans l’hyperbole, tant tout est grandiose, à commencer par son territoire, le grand nord du Québec et qui représente la superficie du tiers du Québec! Mais que sait-on à part que c’est désertique pour l’ensemble et que le climat est hostile ? Certainement pas concernant l’identité et la culture des Inuits qu’on appelaient encore hier des esquimaux. En fait c’était leurs ancêtres. Mais pour rattraper notre vide abyssal en la matière voici un travail de maître mené par Marcel Rousseau un universitaire en renom qui nous présente une somme Les Inuits du Nunavik d’hier à demain. Il est question d’histoire de ce peuple, son environnement géographique et socio-économique et culturel. On voit que les Inuits ont été dépossédés de leur identité, surtout après les années cinquante. Ce qui les ont énormément frustrés. En fin de bouquin l’auteur, après son grand exposé magistral, pose les questions sur le futur de cette civilisation, les défis qui l’attend. Comment concilier deux cultures, celle du nord et du sud ? C’est passionnant et nous fait réaliser la richesse de ce peuple premier.

Les Inuits du Nunavik d’hier à demain Marcel Rousseau. Les éditions GID 576p.        www.leseditionsgid.com

 

 



 


Deux intrigues policières menées rondement

Vous êtes plusieurs à aimer les intrigues policières et pour divers motifs. En voici deux qui nous parviennent, chacun des auteurs mettant de l’avant leur limier fétiche. C’est le cas du maître du genre James Patterson qui met une fois à contribution son enquêteur vedette Alex Cross. Ce dernier lit-on dans Justice pour Cross a eu un début dans la vie absolument épouvantable, avec un milieu familial toxique dans sa Caroline du Nord natale. Il arrivera que son propre cousin Stefan sera mis en accusation pour un meurtre. Pour les fins de l’enquête, notre justicier devra retourner sur ces lieux maudits trente-cinq ans plus tard. Sa démarche sera gênée par le fait que dans son bled on préfère se la fermer. Mais qu’importe, on connaît la ténacité de l’homme de loi. Ce que l’écrivain ajoute ici, c’est la tension personnelle de Cross au vu de son passé qui lui revient en pleine figure. Donc beaucoup de supplément psychologique qui bonifie l’histoire. C’est aux éditions Jean-Claude Lattès.

Plus près de nous, c’est notre compatriote Raynald Lecavalier qui signe Les trois guerrières aux éditions de l’Apothéose. Pour la troisième fois on retrouvera la belle complicité entre le détective Christophe Marceau et l’inspectrice Lindsay Patterson attachée au service de police de New York. Ce qui va occuper nos comparses c’est la macabre découverte dans un hôtel en renom de Washington, du corps d’un ancien ambassadeur espagnol. Notre enquêteur québécois qui a une longue feuille de route derrière lui, établit assez vite un lien entre ce crime et un autre remontant à quatre décennies. On voyagera pas mal dans cette histoire sous forme d’un triangle entre la métropole américaine, l’Espagne et Washington. S’il y a un parallèle à faire entre ce livre et le précédent c’est que les deux écrivains savent bien construire leur intrigue. Ils nous déroutent alors qu’on croit connaître la réponse avant les enquêteurs. De toute évidence ces thrillers combleront les afficionados.

 

 

 


Les souvenirs militants du péquiste Paul Bégin

Contrairement à la France où un politicien, à quelque échelon qu’il est ou a été se sent en devoir de se raconter, au Québec, mis à part les leaders de formation politique ou d’anciens premiers ministres, rares sont les politiciens qui prennent le temps de raconter leur engagement. On en trouve essentiellement du côté des gens du Parti québécois qui a une longue tradition de débats d’idées. C’est le cas du député et ministre originaire de Dolbeau Paul Bégin qui nous sert un lourd pavé retraçant son parcours qu’il intitule A la recherche d’un pays, Mémoires d’un militant. C’est un cas singulier d’un ex siégeant à l’Assemblée nationale du Québec qui prend le temps de montrer à quoi s’expose une personne qui a pris sur elle de s’engager envers une cause, puis des citoyens que l’on représente au Salon bleu. La notion de sacrifice est présente tout au long de ses pages. Bégin a siégé au cabinet et a eu la déconvenue de se faire jouer un sale tour par le premier ministre Bernard Landry dans un dossier qui le tenait à cœur au moment où il était opéré pour un décollement de la rétine. C’en était trop. Il démissionnera avec fracas pour retourner à la pratique du droit avec un militantisme cette fois pour l’environnement. Le gars a pris le temps de tout se souvenir et de déballer le tout avec brio. Il nous tend la main pour aller dans les coulisses de la vie de parti et du pouvoir. De quoi encourager des vocations ou d’en décourager c’est selon. L’auteur a le mérite de la plus entière transparence.

A la recherche d’un pays, Mémoires d’un militant 1962-2002 Paul Bégin. Les éditions GID 769p.    www.leseditionsgid.com

 

 

 


Il était une fois la milice canadienne

Parce que la documentation est toute fin pratique quasi inexistante sur la milice canadienne en Nouvelle-France peu d’historien s’y sont intéressé. Fernand Gauthier fait exception s’inspirant de beaucoup comme il l’écrit par le travail remarquable accompli sur ce sujet par l’historienne Louise Dechêne avec Le Peuple, l’État, et la Guerre au Canada sous le Régime français. La milice tel qu’il la définie d’entrée de jeu, est une organisation paramilitaire constituée de civils sur une base volontaire. Au cours des ans, et surtout après la Conquête, le Régime anglais retirera les armes de cette formation. Et cette milice, sous les deux régimes, fera de ses membres des fonctionnaires relayant l’autorité centrale auprès du petit peuple. La première milice en Nouvelle-France l’a été par lettre de Louis XIV au gouverneur d’alors afin d’aider à combattre les Iroquois. On sera gré à l’historien de ses recherches dans moult grimoires afin de restituer ce pan de notre histoire encore méconnu.

Histoire de la milice canadienne 1669-1871 Fernand Gauthier. Les éditions GID 224p.     www.leseditionsgid.com

 

 

 


 Un classique ignoré des féministes

La maison d’édition Le temps des cerises, réédite un classique de la littérature russe du XXème siècle, La mère de Maxime Gorki qui inspirera le cinéaste Vsevolod Poudovkine qui en fera une adaptation au grand écran vingt ans plus tard, de même que Bertolt Brecht. L’histoire qui serait celle d’une pauvre femme, Pélagie Vlassova si ce n’avait été de l’engagement qu’elle a pris auprès de son fils envers la révolution d’Octobre. Dans la préface de l’ouvrage que signe François Eychart ce dernier s’étonne à juste titre que le mouvement féministe n’ait pas récupéré cette belle figure de femme engagée qui trouvera son épanouissement dans l’action militante. Et de rappeler que pour Gorki cette Pélagie est peut-être le précurseur anonyme des temps plus humains. Mais au-delà de la belle histoire en elle-même il y a un style imparable qui fait plaisir à lire avec un sens de la description, des choses et des âmes, qui n’appartient qu’à Gorki.

La mère Maxime Gorki. Le temps des cerises 421p.    www.letempsdescerises,net

 

 

 


Les familles qui ont édifié le Kamouraska et la Grande-Anse

C’est une collection toute nouvelle aux éditions GID qui a pour nom “Passeurs de mémoire” qui revisite une région donnée du Québec, non pas pour en faire l’histoire comme ça se déroule avec d’autres titres chez le même éditeur, mais à travers les familles qui ont édifié ces régions. Les amateurs de généalogie vont se délecter de voir la corrélation entre une famille et son enracinement. Pour ce travail, les collaborateurs ont travaillé étroitement avec les associations de familles. Un apport logique pour qui voulait s’atteler à cette tâche monastique. Nous avons donc un tome entre les mains qui couvre le Kamouraska et la Grande-Anse fruit du travail de Serge Lambert et Doris Girard avec la collaboration de Maude Gamache-Bastille. Même ceux qui ne se sentent pas concernés par la localité, on prendra un vif plaisir à consulter la riche iconographie où là plus que jamais, une image vaut mille mots. Vous les avez devant vous les bâtisseurs du Québec, cette nation si distincte. C’est en quelque part très émotionnant. Chapeau pour ce projet laborieux et porteur. Un véritable devoir de mémoire.

Le Kamouraska et la Grande-Anse Serge Lambert, Doris Girard, Maude-Gamache-Bastille.
Les éditions GID collections Passeurs de mémoire 274p. www.leseditionsgid.com

 

 

 


Sépultures marines du Québec

Saviez que depuis une vingtaine d’années, grâce à des technologies de pointe, on a repéré une quarantaine d’épaves dans les eaux du Québec. A telle enseigne qu’on n’hésite pas à décréter le fleuve Saint-Laurent entre autres comme le plus grand musée du Québec ce qui est peu dire. Samuel Côté fait figure d’expert du domaine. On lui doit notamment sur la chaîne Historia à la série grandement appréciée “Chasseurs d’épaves” de même que “Les sombres secrets du Saint-Laurent”. Et sur la chaîne Unis TV “Mystère des lacs”. Il fallait bien que tout ce patrimoine trouve son équivalent livresque. Le voici donc sous sa plume Le monde des épaves au Québec. L’auteur nous nourrit d’une foule d’anecdotes et sur les techniques employées pour repérer et identifier les navires frappées par le mauvais sort. Par exemple le yacht Christine qui appartenait à Sir Donald Alexander Smith hommes d’affaires éminent, ponte de la Hudson’s Bay  et premier baron Strathcona et Mount-Royal. Son navire entra en collision avec un sous-marin en face de Saint-Jean-de-l’Île-d’Orléans le 18 mai 1915 faisant sept victimes. Quel passé maritime qui ressurgit de belle manière.

Le monde des épaves au Québec Samuel Côté. Les éditions GID 202p.   www.leseditionsgid.com

 

 

 


Le monde merveilleux des manchots

Les manchots nous amusent toujours par leur démarche qui a certainement inspiré Charlie Chaplin pour son personnage de Charlot, avec cette démarche chaloupante caractéristique. Ils sont visuellement attachants. Mais que sait-on de plus sur eux ? Eh bien pour en connaître davantage, laissons nous conduire par le zoologiste Tom Jackson qui leur consacre tout un album. On apprend dès les premières pages qu’on en compte de seize à vingt et une espèces différents! Comme il savait d’office qu’il devait atteindre un large public, il nous a servi, non pas un lourd traité les concernant. Pour commencer ce beau voyage dans l’Antarctique, il nous sert de très belles photos. On peut les admirer de plus près qu’en mode réel. Ensuite, en guise d’information, il se contente de petites vignettes forts instructives. Comme de la manière dont ces gentils bipèdes font pour partir de l’eau pour arriver à atteindre une paroi glacée. De la haute voltige.

Les manchots Tom Jackson. Éditions L’imprévu 224p.   

 

 



 


Le coin jeunesse

C’est un secteur que l’on touche très peu, mais l’exception confirme la règle. Deux titres que nous vous suggérons pour combler vos enfants et développer leur imaginaire. Chez l’éditeur L’Élan vert du tandem Brigitte Delpech et Amélie Vidélo c’est Basilio petit rat de l’Opéra. Notre sympathique petit rongeur va se retrouver en formation de ballet pour la prochaine production du Roi des souris. En même temps qu’un rêve se réalise, cela permet aux jeunes de se familiariser avec la préparation des danseurs de ballet.

Et aux éditions Kimane grâce à des textes de Jonny Marx accompagné d’illustrations magnifiques de Chaaya Prabhat on découvre la civilisation de la Haute Égypte. L’album a pour titre Les égyptiens. Tout y est, des pyramides aux pharaons, des rites entourant la vie de ces derniers. Et prouesse de l’édition, on a conçu 80 volets à soulever qui en cache parfois d’autres. A se demander comment on parvient à faire de telles impressions. Donc des éléments qui se détachent du livre si on en sent le besoin et les installer autrement. Comme introduction à ce temps phare de l’Antiquité on ne fait pas mieux. Cet ouvrage ludique et didactique en même temps, devrait se retrouver dans toute bonne bibliothèque de niveau primaire.

 

 

 


Crimes en milieu de haut savoir

Nos universités à qui on a accolé le surnom de lieux de haut savoir n’ont pas tout rose. Comme toute micro-société, il y a inévitablement des conflits, de la haine profonde, des trahisons. Souvent c’est un titulaire d’un département de recherche qui s’attribue le travail d’un subalterne, des nominations qui créent de l’envie, quand ce ne sont pas carrément des élèves qui érigent des règlements de comptes envers le corps professoral. Et au sommet du pire des crimes. Bref, un véritable terreau de bons sujets pour un romancier confronté au drame de la page blanche. Ce n’est certainement pas le cas de l’écrivain grec Petros Markaris qui s’en est donné à cœur joie dans Le séminaire des assassins. Le personnage central, le limier fétiche de l’écrivain, le commissaire Charitos vient tout juste d’être nommé directeur par intérim de son service, ce qui augure des lendemains heureux. Mais que trois anciens professeurs d’université qui ont en commun d’être devenus ministres sont retrouvés morts. L’enquête va donc se transporter en milieu universitaire, un petit monde dont les codes échappent au justicier. Mais c’est sans compter son brillant esprit cartésien qui le conduira à élucider cette mystérieuse affaire. C’est très bien amené en même temps que le lecteur découvrira les coulisses de l’université.

Le séminaire des assassins Petros Markaris. Seuil 276p.     www.seuil.com

 

 

 


Chacun est porteur de son histoire

Il arrive à tout écrivain de se demander sur quoi portera le prochain sujet de bouquin. Avec quelquefois des passages à vide côté inspiration. David Feonkinos s’est souvenu de ce que des lecteurs venaient lui dire lors de séance de signature, à savoir que leur propre vie était un véritable roman. Tiens, tiens se dit-il, pourquoi ne pas regarder de ce côté-là ? Et ça donne La famille Martin. Ceux qui croient que l’affaire ainsi trouvé fait en sorte que tout est dans le sac se trompent. Car de livrer des confidences ne vient pas spontanément et certains peinent à dévoiler des secrets de famille, les fameux squelettes dans le placard. Il est bien tombé notre homme de lettres car il y a pas mal d’ingrédients, de quoi donner une vie aux allures de roman pour reprendre le cliché. Peut-être cet exercice de style réussi fera des petits au profit d’autres écrivains inspirés par cette démarche.

La famille Martin David Foenkinos. Gallimard 226p.

 

 

 


L’exploit de raconter treize siècles de l’Empire romain

Pierre-Luc Brisson chercheur attaché au Département d’histoire et d’études classiques de l’Université McGill et chercheur affilié à l’École française de Rome a réussi tout un exploit. En effet, dans un petit livre d’à peine plus de deux cent pages, il a trouvé le moyen de raconter treize siècles de l’Empire romain, la première mondialisation de l’humanité. Son Histoire de la Rome antique, une introduction nous informe de tout ce qu’il y a à savoir de la fondation obscure de Rome jusqu’à la disparition de l’Empire en Occident en 476. C’est une lapalissade qu’il s’en est passé des faits durant cette très longue période dont les structures ont même inspiré les pères fondateurs des États-Unis. Un travail de vulgarisation cinq étoiles captivant du début à la fin. Il conclut son travail par une bibliographie assez détaillée pour ceux qui voudraient poursuivre leur exploration de cette civilisation faste.

Histoire de la Rome antique Pierre-Luc Brisson. Les Presses de l’Université Laval coll. À propos 213p.    www.pulaval.com

 

 

 


Une femme d’affaires vengeresse

Voici ce qui se passe, c est une entrepreneure suédoise qui a misé gros pour son expansion aux États-Unis. Et voilà qu’il va se passer de curieux événements qui vont faire s’effondrer son rêve américain. Elle fera preuve à la fois de résilience face à l’adversité en même temps qu’elle ne renonce pas. C’est ainsi que tablant sur des amitiés féminines elle va repartir à l’assaut et….On vous laisse le soin d’imaginer le reste. C’est un roman très particulier sur un thème assez peu exploité, la force des femmes, leur ténacité. Des femmes qui ont connu des déconvenues en affaires ou celles qui aspirent tout simplement à se lancer dans le business, vont prendre beaucoup d’intérêt à sa lecture.

 

 



 


Le coin santé physique et psychique

L’ancienne première ministre Pauline Marois avait dans ses cartons de concert avec son ministre de la santé, un projet pour étendre les services de soutien à domicile pour les aînés qui ne souhaitaient pas aller dans un CHSLD. Hélas sa défaite électorale n’a pu donner suite à ce beau projet qui aurait allé le fardeau dans les soins de santé et réduire les coûts. Les gouvernements successifs au Québec n’ont pas cru bon donner suite. Pour rappeler l’importance de ces interventions maison un sociologue Mario Paquet récemment retraité du système de santé publique rend compte du travail de Lucette une auxiliaire familiale dont il en fait un cas d’analyse dans son ouvrage Lucette au maintien à domicile aux Presses de l’Université Laval, qui est une démonstration par l’exemple de la nécessité de ces soins prodigués à la maison même du patient.

Aux éditions du Dauphin Blanc John P. Strelecky concepteur du célèbre best-seller le Why Café publie Ce que j’ai appris. Ce sont ses réflexions pour une vie meilleure. Si dans ses ouvrages antérieurs ce champion de la croissance personnelle a livré divers cas vécu, ici c’est lui qui se met à l’avant-plan pour nommer ce qui ont été ses lignes de force en ce bas monde. Une petite plaquette dont le contenu l’emporte grandement sur le contenant.

Les trois prochains ouvrages sont édités chez Béliveau. Vous avez Mélanie Carpentier qui débarque avec Inacceptable qui a regroupé des témoignages de survivantes de l’exploitation sexuelle et mieux encore, de proxénètes. Ceux qui ont aimé la série à succès Fugueuse sur le réseau TVA revivront des cas similaires. Et cet ouvrage tombe à point nommé, où pour cause de pandémie, des jeunes filles semi-confinées ne savent plus comment occuper leur temps et sont en quête d’argent. Des proies vulnérables pour des individus aux sombres desseins.
Et justement concernant la pandémie de la Covid-19, des bouquins sortent sur le sujet. En voici un du coach bien connu Alain Samson avec Rebondir après une pandémie. Il imagine l’après pandémie, mais non pas dans l’optique d’un retour comme avant, mais l’annonce d’un nouveau monde, puisque des facteurs de vie socio-économique auront irrémédiablement changés. Notamment la question du télétravail et le rapport à l’argent. Il imagine donc des scénarios de vie nouvelle ou des constats pour nous amener à bien recycler notre existence pour une vie meilleure.

 

Une procureure de la Couronne à la cour municipale de Montréal, et proche de la rédaction, aujourd’hui à la retraite, avait été affectée dans les dernières années de sa vie professionnelle au dossier des femmes violentées. Et le problème qu’elle rencontrait, c’est que ces femmes battues renonçait en bout de piste à poursuivre leur conjoint, sous prétexte de lui redonner une seconde chance. Michele Weldon en connaît un rayon qui est passée par là. Elle nous partage son vécu dans Le calvaire d’une femme battue. Elle nous dit quel fut son aveuglément avant d’admettre que oui son compagnon était violent. Comme le phénomène de cette violence conjugale est répandu, ce livre témoignage est assuré à la base d’un vaste lectorat potentiel.

L’actualité nous amène son lot d’articles qui soulignent que le semi-confinement au Québec et le confinement total ou partiel ailleurs dans le monde en raison de la pandémie de la Covid-19 a déjà des conséquences sur l’équilibre mental des individus, avec une hausse marquée des dépressions. Ces mesures sanitaires contraignantes, l’avenir nous le dira, fera davantage de victimes que de réelles mesures de protection. Donc comme plusieurs souffrent de la situation dans ce climat anxiogène, voudront-ils trouver des pistes de solutions, Voici que la psychologue Ariane Hébert nous arrive opportunément avec Stress et anxiété où elle déballe des stratégies qui si elles n’éradique pas les problèmes, elles permettent de les appréhender. Il est beaucoup question dans ces chapitres des ressources disponibles et comment s’en servir au mieux. Ce livre salutaire est publié aux éditions de Mortagne.

 

 

 


Un jeune homme différent en quête de lui-même

Claudine Ducasse est une écrivaine sur qui, vous amant(e)s de belle littérature devriez vous pencher. Car elle écrit magistralement bien et on pourrait mettre le qualificatif en majuscules. Elle nous offre un véritable dessert pour l’imagination avec Minuit moins cinq au clocher qui met en vedette un jeune homme qui a une tare physique, c’est-à-dire qu’il a la tête qui incline vers la gauche en permanence. Ce qui lui a valu le surnom de “Minuit moins cinq”. L’auteure le fait vivre à Cap Maillant qui est inspiré de son village natal de Cap Chat. Quand vient la nuit, Christin Lucas, c’est son nom,  va grimper au clocher de l’église pour se perdre en rêveries. Voilà pour la trame de fond. Pour le reste il a une vie, des ambitions, un grand drame aussi vers la fin de l’ouvrage. Mais il est attachant par sa différence. Mais surtout le style de dame Ducasse. Une véritable classe de maître.

 

 

 


Voyeuse malgré elle

L’été des oranges amères de Claire Fuller narre l’histoire d’une architecte anglaise, Frances Jellico. Cette femme a un contentieux avec sa mère tyranneau en jupons. C’est pour cela que c’est avec bonheur qu’elle va accepter l’invitation d’un couple à venir évaluer leur propriété néoclassique dans le domaine de Lyntons, en pleine campagne anglaise. A un moment donné, elle se rendra compte que dans sa chambre se trouve une ouverture dans le plancher qui donne à voir sur la salle de bains du dessous. Et elle assistera à l’intimité de ses hôtes Peter et Clara. Ce roman est comme un film bucolique à saveur bourgeoise comme on en trouve dans les productions de James Ivory. Ce pourrait faire une très belle adaptation au grand écran. En attendant nous sommes invités à forger nos propres images. Mais tout ce qui n’est que luxe, ordre et volupté est un écran qui masque des vérités que vous apprendrez au fur et à mesure en compagnie de la protagoniste. Un beau roman, structuré qui nous fait évader. On n’en demande pas davantage.

L’été des oranges amères Claire Fuller. Stock 411p.   www.editions-stock.fr

  

 

 

 


Guy Ouellette décrypte la grosse bavure dont il a fait l’objet

Il aurait pu nommer son plaidoyer livresque “Un homme indigné”. Il a plutôt choisi Qu’on accuse ou qu’on s’excuse. On se souviendra que le député lavallois a fait l’objet des foudres de l’UPAC qui voulait en découdre avec cet homme qui posait trop de questions. Le député a été, rappelons-le un enquêteur émérite de la Sûreté du Québec où il a eu à faire face aux motards criminalisés. L’homme n’a pas froid aux yeux et s’est gagné au fil de sa carrière la réputation d’un être tout ce qu’il y a plus d’intègre. Le directeur de l’Unité permanente anticorruption (UPAC) Robert Lafrenière qui aspire ambitieusement à  transformer son organisme en corps policier, va faire la vie dure à cet élu gênant. L’unité d’enquête qu’elle est encore, va obtenir, une première, l’autorisation d’un juge à piéger ce représentant du peuple. Il sera  injustement arrêté illégalement et sans justification. Sans compter les soubresauts politiques qui conduiront Ouellette à quitter le Parti libéral pour siéger comme indépendant. Il avait une dette envers ceux qui lui ont accordé sa confiance ou qui doutent encore de lui. C’est pourquoi il passe en menu toute “L’affaire Ouellete”. démêlant le vrai du faux. C’est le cri du coeur d’un homme dégoûté par tout ce qu’il a dû passer comme épreuves. L’UPAC n’en sort pas grandi et on l’a vu par la suite avec l’enquête la concernant. 

Qu’on accuse ou qu’on s’excuse Guy Ouellette. Hugo doc 333p.    www.hugoetcie.fr

 

 

 


Un père haïssable dénoncé par sa fille

Habituellement les éditions JPO nous habituent à des ouvrages traitant de l’aéronautique. Cette fois il y a une collection qui va cartonner puisqu’elle est pilotée par l’animateur Jacques Pradel chroniqueur populaire en France des affaires criminelles. C’est une collection qui porte son nom. Nous avons titre qui nous parvient En plein coeur le rapt d’Orange de Danièle Berthaud. Elle revient sur une affaire qui a défrayé mondialement la manchette en 1961. Le 26 septembre 1961, une fillette âgée de 8 ans est enlevée par André Berthaud avec la “complicité” de sa fille Danièle qui a alors 17 ans. C’est un père d’une rare violence avec sa fille, imprévisible. Qui la terrorise continuellement. On retrouvera la fillette enlevée saine et sauve le 4 octobre suivant. Le bonhomme Berthaud est en garde à vue. Demandant pour aller aux toilettes il va s’emparer d’un couteau à cran d’arrêt laissé dans ses affaires personnelles et se le plante en plein coeur. Il meurt sur le coup. Sa fille sera accusée de complicité d’enlèvement. Cette dernière lève enfin le voile 50 ans plus tard sur toute cette affaire qui la remue encore. Et le texte décrivant le rapport à son horrible père est à glacer le sang. On à peine à imaginer une telle relation venant de son géniteur. En fin d’ouvrage Pradel interview la femme et revient sur cette affaire.

En plein coeur le rapt d’Orange Danièle Berthaud. Éditions JPO 115p.    www.editions-jpo.com

 

 

 


Un survol sur l’inégalité des femmes aux yeux de l’Histoire

Elle est une préhistorienne de renom dont on ne compte plus les publications sur l’homme de Neandertal. La chercheuse au CNRS Marylène Patou-Mathis a même été la commissaire de la grande exposition “Neandertal” présentée en 2018 au Musée de l’Homme. Dans son ouvrage qui paraît L’homme préhistorique est aussi une femme elle s’insurge contre l’image de la femme de cette préhistoire qui se serait consacré aux tâches domestiques et maternelles. En lisant ces chapitres on voit bien qu’elle était très égalitaire, chassant comme son homme et fabricant des outils domestiques. Mieux encore, la scientifique sort de son domaine de prédilection préhistorique pour faire un survol de la situation de la femme au plan historique jusqu’à nos jours. C’est un travail de révision de l’Histoire qui se devait d’être fait pour rendre justice à des femmes qui refusaient d’être des potiche s ou d’autres contraintes de l’être par le législateur.

L’homme préhistorique est aussi une femme Une histoire de l’invisibilité des femmes. Marylène Patou-Mathis. Allary éditions 349p.      www.allary-editions.fr

 

 

 


Il était une fois la télévision québécoise

Qu’est-ce qui s’en est passé des choses à notre petit écran francophone québécois depuis 1952 alors que la figure mythique de Radio-Canada, Henri Bergeron accueillait les premiers téléphages. Sophie Imbeault a jugé bon que notre télé méritait d’être rappelé. Ainsi elle lance Une histoire de la télévision au Québec. Sur la couverture en aperçoit Guy Sanche dans le personnage légendaire de Bobino et Bobinette successivement incarnée par Paule Bayard et Christine Lamer. L’historienne passe en revue les grands chapitres des différentes chaînes de chez nous, accordant des espaces à des figures personnalités marquantes à l’animation et du côté des comédiens et comédiennes. C’est un beau tour d’horizon, comme si on repassait ensemble un album de familles, car ces êtres qui ont peuplé la télévision sont aussi entré chez nous. En même temps on voit que la télévision reflète aussi son époque. Des thèmes qui étaient auparavant proscrits sont maintenant au menu des scénarios. C’est un beau devoir de mémoire. Et l’auteure nous fait savoir que sa série à elle c’était “Duplessis” de Denys Arcand avec Jean Lapointe dans le rôle du premier ministre. On lui donne totalement raison, ce fut un épisode marquant de notre télévision et une consécration pour le comédien et acteur qui fut plus grand que nature ainsi que tout le casting bien choisi. Nostalgie quand tu nous tiens.

Une histoire de la télévision au Québec Sophie Imbeault. Fides 531p.     www.groupefides.com

 

 

 


Décryptage d’une violence conjugale
Pour son entrée en littérature Nicolas Rodier a choisi de traiter de violence conjugale. Une problématique sociale en France justement où on ne finit plus de dénombrer les femmes assassinées dans ce cadre toxique familial. L’écrivain  novice a vraiment choisi un sujet bien de son temps, qui rejoindra à coup sûr un vaste lectorat concerné au premier chef. Et comme toile de fond, il n’a pas choisi un milieu de misère sociale. Car ce mâle alpha dominant qui touche sa femme, est d’une très bonne extraction de Versailles où il a passé son enfance. La conjointe va porter plainte et devra répondre de ses actes au commissariat. Mais le repentir n’est pas trop son fort car il croit avoir bien agi en son âme et conscience. Sale bourge décrit bien ce terreau psychologique qui favorise de tels débordements. Comment le tout va se conclure, en happy end ? Allez lire et savourez cette nouvelle plume ou ce nouveau clavier c’est selon. Rodier un nom à surveiller.  
Sale bourge Nicolas Rodier. Flammarion.

 

 

 


Il était une fois Jean Soulard
L’ex chef exécutif du Château Frontenac et maintenant consultant émérite, a cru bon partager les saveurs de son enfance vendéenne dans Chef oui chef! Une réponse classique des brigades répondant aux injonctions du maître en cuisine. Pour parodier Beauvoir, on ne naît pas chef, on le devient, et c’est au contact de son milieu qu’il hume et goûte des produits. Et dieu sait si dans carrière il en a fait des expériences. Comme celle redoutée de la dégustation du fugu, ce poissons japonais doté d’une toxine foudroyante, qui si la découpe n’est pas faite dans les règles de l’art peut vous envoyer ad patres dans l’Au-delà. Il a anticipé ce moment, a surmonté son appréhension et a survécu tout en se remémorant ce plaisir gastronomique. A le lire, il nous donne faim. C’est un chef qui toute sa vie a mis en valeur les produits du terroir, élevant même des poules à son cher Château Frontenac. On ne pouvait pas avoir produit plus frais. C’est une ode aux plaisirs de bouche.
Chef oui chef! Jean Soulard. Flammarion Québec.

 

 

 


Les coups de cœur d’Alberto Manguel

S’il y a un ardent défenseur de la lecture c’est bien l’anthologiste et bibliophile Alberto Manguel qui fut directeur de la Bibliothèque nationale argentine. C’est presque un érudit, mais qui ne fait pas dans l’hermétisme. Au contraire, il a un cœur d’enfant, est émerveillé encore par des personnages venus des contes. C’est un lecteur chevronné qui est invité très souvent à faire des lectures publiques. En 1996 il publia une histoire de la lecture. Bref, il est le livre fait homme. On lance chez Leméac sa sélection de Monstres fabuleux des personnages légendaires plus grande que nature comme Frankenstein, Dracula, Superman et autres qu’il nous raconte comme seul un conteur peut le faire. Sa galerie est composée de choix arbitraires comme de raison, mais tous ces monstres ont forgé une parcelle de la civilisation. Prenons seulement le cas de Faust. C’est le genre d’ouvrage que lorsqu’on en sort, on est plus intelligent que lorsqu’on y est entré. L’auteur nous remet en mémoire ce qu’est la richesse de la connaissance.

Monstres fabuleux Alberto Manguel. Leméac.

 

 

 


La saga proustienne de René-Daniel Dubois

On peut dire sans se tromper que la saga de René-Daniel Dubois, Le livre inachevé de l’orgueil des rats a quelque chose d’éminemment proustien. Car ici l’homme de théâtre et comédien se déploie comme un démiurge de l’écriture. Dans Proust bien que l’on soit à son époque dans les débuts de la photographie, il y avait encore le souci de décrire par le menu tout ce qui se trouvait dans une pièce afin que le lecteur puisse voir. René-Daniel Dubois ne fait pas autrement dans le troisième tome de cette fresque qui s’intitule Grand hall, chaque tome portant le nom d’un espace de maison. Ainsi la rencontre d’un jeune historien et du chef d’orchestre britannique Sir Thomas (que l’on imagine être Sir Thomas Beecham) qui se déroule dans un restaurant nous vaut un luxe de détails. Le cadet qui veut attirer l’attention du maestro n’auras qu’à prononcer le nom d’une personne pour que soudain l’interlocuteur visé sorte de sa distance. Dubois dont le metteur en scène André Brassard a qualifié de plus intense des introvertis, a mis quarante ans de gestation avant d’accoucher de tous ces personnages qui exploitent les thèmes de la vie, de l’amour, de la guerre et de la mort. Et si vous aimez cette démarche littéraire grandiloquente, sachez que l’écrivain, s’il n’en tenait qu’à lui, son histoire ferait dans faire quinze tomes!  Une véritable recherche du temps perdu.

Le livre inachevé de l’orgueil des rats Tome 3 Grand Hall. René-Daniel Dubois. Éditions Leméac.

 

 

 


Les aléas de la célébrité

Céline Dion l’a dit, et plus récemment Mouffe la renommée metteure en scène dans la biographie qui lui est consacrée, le métier d’artiste n’est plus le même. Même que cette dernière à maintes fois songée à décrocher de “l’industrie du spectacle”. Eh bien dans la même veine vous avez Yann Fortier qui dans Né pour être vivant ne dit pas autrement. Et pour illustrer son propos il a donné naissance à un chanteur, Antoine Ferrandez. Nous sommes `l’ère d’avant le numérique. Il y a avait un mode de fonctionnement dans ces années-là. Mais il nous montre que la vie artistique n’est pas qu’un jardin de roses. Et on n’est justement pas encore rendu dans ces pages à la période numérique qui va radicalement modifier la vie des chanteurs où une gloire n’est jamais aussi éphémère que maintenant. L’auteur démontre très bien les aléas de la gloire instantanée. L’Abbé Pierre en son temps n’a t’il pas dit que la pire chose à souhaiter à quelqu’un est la célébrité ?

Né pour être vivant Yann Fortier. Marchand de feuilles 493p.     www.marchanddefeuilles.com

 

 

 


Sur la métamorphose du système américain

Le spectacle affligeant que nous offre en ce moment les États-Unis
a de désespérer quiconque dispose d’un esprit de logique.  Et ce Donald Trump quoi m’aide pas la cause.  Mais selon l’essayiste Mathieu Bélisle il faut s’empêcher de conclure que c’est la voie évidente du déclin américain. Dans son ouvrage L’empire invisible il considère que ce qui se passe est en réalité une métamorphose aux apparences grotesques mais qui cacherait une subtile infiltration ailleurs dans le monde. Et de donner à titre de comparaison un Justin Trudeau. Qu’il décrit comme aussi superficiel que peut l’être un Trump, même si le produit ne se présente pas de la même façon. C’est que les “valeurs” américaines sont récupérées par d’autres gouvernements, assurant ainsi la mainmise des États-Unis sur la conduite du monde. Et pour étayer son propos il émaille le tout d’exemples sidérants. L’Amérique est loin d’être morte, elle mue.

L’empire invisible Bélisle. Leméac 235p.      

 

 

 


Un livre ouvert

Michel Lord sent-il que la vieillesse est de voir mourir autour de soi des choses, des individus ? Toujours est-il que ce professeur émérite à l’Université de Toronto a senti le besoin de raconter autant ses illusions que ses désillusions dans son autobiographie Sortie 182 pour Trois-Rivières. La marque distinctive du gars, c’est qu’il est tout en transparence, n’hésitant pas à raconter par exemple que c’est sa rencontre dans un sauna avec un homme qui deviendra son amant, qu’il décide de s’établir à Toronto. C’est un excellent conteur qui a compris que les choses doivent s’écrire en simplicité. Il sait bien disposer d’un sujet, d’un verbe et son complément. A sa façon, il nous montre très bien que toute vie peut-être riche, pas besoin d’être une célébrité. Il y a pas mal de faits dans les bagages de Lord qui devraient vous intéresser au premier chef. Mettez son livre au-dessus de votre pile d’achats, vous ne serez pas déçus. L’authenticité est chose précieuse et rare. Il est peut-être l’homme honnête que cherchait Diogène dans l’Antiquité.

Sortie 182 pour Trois-Rivières Michel Lord. Les éditions de la Grenouillère 197p.     www.delagrenouillere.com

 

 

 


Tout ce qu’il faut savoir savoir sur le krav maga

Personne parmi notre salle de rédaction ne savait ce qu’était le krav maga. C’est une technique d’auto-défense, un art martial quoi qui a été créé par Imi Lichtenfeld et dont les techniques ont été adoptées par l’armée israélienne. Ce sont des mouvements simples pour se prémunir lors d’un corps à corps. Et peu importe votre corpulence ce qu’on enseigne dans ce guide Krav maga progressif qui est l’outil de pédagogie reconnu par la Krav maga wordlwide, c’est que n’importe qui peut assurer sa protection. Il y a cinq tomes prévu et le premier pour le niveau 1 est le fruit de deux maîtres du domaine Darren Levine et  John Whitman. Abondamment illustré, vous avez des études de posture en cas d’attaque. C’est un livre approprié car avec le déficit mental dans la population, vous ne savez jamais sur quoi vous pouvez tomber.

Krav maga progressif Darren Levine et John Whitman. Éditions Budo 79p.   www.budo.fr

 

 

 


La chasteté comme ordre du cœur

Gabrielle Vialla est une mère de famille qui s’investit depuis des années dans la promotion de la spiritualité conjugale. Elle a senti le besoin de donner un éclairage sur la chasteté qui à ses yeux n’a rien à voir avec la continence. Elle publie donc La chasteté comme une proposition de respect du corps. Le message de l’Église catholique en ce sens est de se donner dans l’unité de sa personne. Elle est assez lucide pour se rendre compte que ce thème n’est pas vendeur, surtout à notre ère d’hypersexulaisation. Mais combien de malheureuses surtout qui se sentent abusées justement par manque de respect. Bref, c’est un défi qui semble gratifier les personnes qui la pratique. Et elle de nous détailler pour quelles raisons.

La chasteté Gabrielle Vialla. Artège 141p.      www.editionsartege.fr

 

 

 


Pour commémorer le 150ème anniversaire de naissance de Maria Montessori

Cette année marque le 150ème anniversaire de Maria Montessori (1870-1952) pionnière d’un enseignement pédagogique destiné aux touts petits qui va essaimer partout dans le monde. Il lui fallait bien une biographie en conséquence. La voici. Cette femme forte de l’Évagile pour reprendre le cliché connu, a été une des premières femmes médecins dans son Italie natale. Personnalité complexe comme pour tous les caractères forts, elle se passionnait pour tout, fusse t-il une simple pomme de terre. Martine Gilsoul en collaboration avec Charlotte Poussin toutes deux éducatrices Montessori, revienne sur le chemin parcouru par cette femme hors du commun qui se rendit même en Inde déjà rendu à un certain âge, résistant à la chaleur ambiante. Sa foi en ses méthodes d’éducation valait à ses yeux qu’elle soit propagée. Ce fut mission accompli.

Maria Montessori Martine Gilsoul et Charlotte Poussin. Desclée de Brouwer 320p.    www.editionsddb.fr

 

 

 


Nos aristocrates sous la gouverne du Régime anglais

Même pour ceux qui n’entretiennent pas un goût particulier pour l’Histoire seront quand même interloqués de savoir ce que fut le sort des aristocrates français en Nouvelle-France au lendemain du Traité de Paris qui rendit notre vaste territoire aux vainqueurs anglais. Il faut savoir qu’à partir de 1764 et pour près de cinq ans, 300 canadiens revinrent en France, on ne leur laissait pas vraiment le choix ou tu te soumets ou tu quitte. Et on estime aux tiers des aristocrates locaux qui disparurent. Cette épopée tristounette nous est contée par Jean-Paul Morel de La Durantaye (1932-2016) professeur de littérature au Collège Lionel-Groulx de Sainte-Thérèse et qui mourut sans avoir eu le temps de terminer son livre La noblesse canadienne sous le Régime français dont sa famille et ses proches se firent de son vivant, la promesse de compléter. Voici donc cette fresque de notre passé qui revit dans ces pages. Passionnant est un euphémisme qui nous fait voir par le menu le mépris dont les francophones firent l’objet et comment les petits gaulois que nous étions alors finirent par résister contre vents et marées. Passionnant est un euphémisme.

La noblesse canadienne sous le Régime anglais Jean-Paul Morel de La Durantaye. Les Presses de l’Université Laval 254p.      www.pulaval.com

 

 

 


L’énigme Mouffe enfin dévoilée

Mouffe a toujours fait partie du décor du showbizz québécois avec ce gros toupet qui la voilait un peu. Très présente certes mais véritablement effacée. Pourtant c’est toute une pointure de notre monde artistique allant de sa participation à l’Osstidcho au Quat-Sous à Magie rose au stade olympique de Montréal. Il fallait tout le talent de Carmel Dumas  pour revenir sur le parcours de Claudine Monfette alias Mouffe, fille d’un ophtalmologue en renom et vivant à Outremont. Milieu bourgeois bien sûr. Mais tout en respectant son ascendance, cela ne l’empêchera pas de transgresser les lois de son milieu et de cumuler des aventures humaines et professionnelles et toujours avec le soutien de sa mère qui lui paiera même une “garçonnière” au centre-ville de Montréal que fifille fasse sa vie comme elle l’entend. Une mère hors norme bien entendu. La biographe nous a habitué déjà à des récits de vie où elle ne se contente pas de nous relayer un curriculum vitae. Elle situe son personnage et son époque. Mouffe c’est la parolière de la chanson culte de Charlebois (son amant) “Ordinaire” et metteure en scène de brio qui s’investit comme jamais quand elle embarque dans un projet. En même temps, jolie femme et cultivée comme ce n’est pas permis, elle a des règles personnelles et ne se donne pas à tout venant. C’est une fidèle de coeur et de corps. Bref, c’est une artiste et créatrice qui a permis, grâce à des parties de son journal, que l’on trouve à quelques endroits dans le livre, qu’elle soit enfin découverte et ce qu’elle a légué au monde artistique de chez nous.

Mouffe Carmel Dumas. Les éditions La Presse 277p.     www.editionslapresse.ca

 

 

 


A  la rencontre de Nâzim Hikmet

Le poète turque n’aura pas joui longtemps de la tranquillité, soit qu’il ait passé du temps derrière les barreaux, soit en quête d’une contrée paisible pour l’épanouissement de sa créativité. Les  éditions Le temps des Cerises nous fait cadeau d’une anthologie qui vous permettrait d’aller à la rencontre d’un être lucide, sensible et aussi très fort. Difficile de détacher lequel poème est majeur. Mais en quatrième de couverture on a choisi “La plus drôle des créatures” qui se présente comme une mélopée qui prend plus de sens quand lue à voix haute, où le poète blâme l’humain qui se comporte souvent tel un mouton allant à l’abattoir sans mot dire. C’est un texte puissant, et très d’actualité alors que les populations sont soumises présentement à des diktats sanitaires dont on mesure difficilement la pertinence et l’étendue.

C’est un dur métier que l’exil Nâzim Hikmet. Le Temps des Cerises 230p.     www.letempsdescerises.net

 

 

 


Une semaine seulement avant la destruction de l’Ordre du Temple

Ceux qui ont eu le bonheur de regarder la série culte télévisée “Les rois maudits” basée sur le roman de Maurice Druon, savent quelle fut la traque dont firent l’objet les Templiers par les catholiques sûrs de leur fait. Hervé Gagnon nous plonge exactement dans le même climat avec son thriller ésotérique qui prend fin avec le tome 2 de la saga La mort du temple “Corpus Christi. Hugues de Malemort doit jouer contre la montre, car prophétisé dit-on par l’apôtre Thomas, il a droit trouver son Graal, un objet maudit sinon dans une semaine c’est la destruction de l’Ordre du Temple. Le récit est pimenté d’indices pour permettre au preux chevalier de trouver sa piste. La force du texte, vient de la connaissance que possède l’auteur de ce contexte socio-historique. Du bonbon pour les amateurs du genre.

La mort du temple Tome 2 Corpus Christi. Hugo 386p.     www.hugoetcie.fr

 

 

 


Claude Ryan et René Lévesque au coeur de la crise d’Octobre

Peut-on imaginer tant par l’idéologie que par leur personnalité, deux individus aussi dissemblables que Claude Ryan le directeur du Devoir et René Lévesque chef du Parti québécois ? Et pourtant dans les jours terribles de la Crise d’Octobre, ils feront alliance pour modérer les exactions de certains exégètes qui pour des raisons diverses sont parvenus à faire des amalgames incongrus entre le quotidien nationaliste, le Q et le FLQ! Le cinquantième anniversaire de la crise d’Octobre nous aura valu une abondante littérature touchant à tous les aspects de ce moment historique de l’Histoire du Québec. Guy Lachapelle professeur au Département de science politique de l’Université Concordia a choisi un angle de vu intéressant, soit La grande alliance René Lévesque et Claude Ryan où on verra qu’il y avait plus d’éléments pour les réunir que pour les rendre adversaires. Ils signeront par deux fois des déclarations communes durant cette période. C’est un éclairage qui permet de situer l’époque politique du temps. On a délibérément discréditer le PQ pour le faire disparaître du décor et ce, par la peur et une association malsaine avec les terroristes. L’auteur a glané des correspondances intéressantes à l’un et l’autre des deux hommes qui en disent long sur les réactions dont ils firent l’objet. A l’heure façon ils ont été de grands démocrates luttant pour préserver ce droit.

La grande alliance René Lévesque et Claude Ryan Guy Lachapelle. Les Presses de l’Université Laval 357p.       www.pulaval.com

 

 

 


Des plantes qui peuvent s’épanouir dans l’ombre

Si d’office toute plante a besoin de beaucoup de luminosité pour se développer et nourrir sa chlorophylle, d’autres sont infiniment moins gourmandes et peuvent s’accroître dans des endroits où la lumière passe très peu. C’est de celles-là dont nous entretient Lisa Eldred Steinkopf dans son livre Ces plantes d’intérieurs qui poussent dans le noir...ou presque! Vous saurez tout sur le philodendron grimpant, le ptéris de crète, le muehlenbeckie, autant de noms exotiques pour lesquelles la botaniste a dressé des fiches signalétiques sur l’étymologie de leur nom, le taux de luminosité requise, l’arrosage, leur dimension, leur multiplication, et chose qu’on ignore trop souvent à leur sujet leurs rapports aux animaux domestiques.  Ainsi la dernière plante nommée est toxique pour les chiens et les chats. Dont acte.

Ces plantes d’intérieur qui poussent dans le noir...ou presque! Lisa Eldred Steinkopf. Broquet 160p.        www.broquet.qc.ca

 

 





 


Le coin de la BD

Différentes manifestations marqueront cette année 2020 le 50ème anniversaire de la mort de Janis Joplin. Une initiative intéressante provient de Giulia Argnani qui nous offre chez Graph Zeppelin une biographie sous la forme d’une bande dessinée qui retrace sa vie, à partir de son petit bled de Port Arthur au Texas jusqu’à son décès par overdose à Los Angeles. Une étoile lumineuse dans le ciel de la pop rock qui méritait un tel tribut. Et comme on sait que la mémoire flanche énormément, la BD est un véhicule formidable pour rejoindre de jeunes auditoires et pas que. La bédéiste est fidèle aux grands moment de la carrière de celle qui empruntait son style au blues des noirs. En fin de lecture on s’attriste que cette jeune femme n’ait jamais réussie à vaincre ses démons et que pour tenir il lui fallait s’injecter des drogues fatales.

Chez Tabou, venant des États-Unis d’Amérique c’est un thriller érotico-fantastique Lookers conçu rien de moins par un septuor signé Shand, Andrade, Costa, Camilo, Adrian, Turini et Zanier. Une belle illustration du vieil adage que l’union fait la force, car ça débarque en diable avec ces trois agentes sexy de l’agence de détectives privées qui donne son nom au titre et qui doivent retracer le commanditaire d’un vol menaçant pour l’organisation Ember. Elles n’ont pas froid aux yeux ces belles qui vont jouer de tout leur atouts pour accomplir leur mission.  En passant, les couleurs sont sublimes comme les donzelles.

Et retour chez Graph Zeppelin avec la continuation de la série Danger Girl Gijoe deux agences qui, si vous connaissez cette saga, bien qu’elles ne se connaissent pas l’une l’autre, ont le même mandat, traquer des forces malveillantes qui menacent le monde, ce qui occasionnera leur rencontre. Nous avons ici le tome “Le cobra sifflera trois fois”. Si les thèmes sont moins érotiques que pour la BD précédente, le côté sexy est bien là. Et là aussi c’est de l’action à la pelle. Amateurs de femmes fortes vous serez servis. Les auteurs Andy Hartnell et John Royle ont une sacrée carte de visite, le second ayant bossé sur l’adaptation BD de Spider-Man.

Chez Mosquito un album un peu spécial car il n’est pas à proprement parler une bande dessinée, mais il est l’œuvre du maître italien bédéiste Toppi. Sous le titre Une armée immobile on découvre un dada du créateur, la création de figurines hyperréalistes. Des militaires, guerriers en tout genre, chef cheyenne et tutti quanti. L’éditeur a bien pris soin de mettre en valeur les reproductions à une échelle suffisante pour que nous puissions apprécier la minutie du détail. On connaissait son perfectionnisme en version bande dessinée. C’est cette même rigueur qu’il met à confectionner ces valeureux personnages. Il n’a pas volé son titre de maître et il nous le montre une fois de plus.

Une armée immobile Toppi. Mosquito 109p.    www.editionsmosquito.com

 

 

 


Bukowski et l’amour de la bibine

Il y a 100 ans naissait Charles Bukowski qui laissa au monde le souvenir d’un grand poète et écrivain mais perpétuellement givré. Ainsi a  t-on voulu rendre hommage à cet homme de lettres déjanté en organisant une anthologie de ses textes célébrant la dive bouteille. Sur l’alcool est redevable à Abel Debritto qui a réuni des textes marquants sur le domaine. Et l’éditeur a choisi pour photo de couverture notre homme le bec bien collé au goulot de la bouteille qu’il empoigne goulument. Et quel plaisir de lire ce que dit Bukowski de son addiction à l’alcool. Il n’essaie pas de se dérober avec des justificatifs de repentant. Il affiche clairement son plaisir d’échapper à ce monde qui lui fait mal avec sa meilleure compagne la bouteille. Comme tous les lucides il a son cynisme et rien ne lui échappe de la nature humaine. Il y a ce chapitre où il descend dans un bar miteux, quartier général d’un gang terrifiant et où, sans le savoir il entourloupe la maîtresse du chef de la meute. Quelle raclée dans les toilettes au sous-sol! Mais il revient en place et le tout va se terminer en happy end, tellement les gars de la place sont médusés devant tant d’insistance de sa part. A lire absolument.

Sur l’alcool Abel Debritto. Au diable vauvert 357p.   www.audiable.com

 

 

 


Qui est Joe Biden ?

On ne croit pas se tromper en écrivant que c’est certainement la Terre entière qui aura les yeux rivés sur les États-Unis ce 3 novembre prochain, en appelant de tous nos voeux que l’actuel titulaire de la Maison-Blanche soit dégommé au plus sacrant. Mais alors ce sera donc Joe Biden qui prendra place dans le Bureau ovale. Mais qui est vraiment cet homme que l’on a connu comme vice-président de Barack Obama. Si en prévision du scrutin vous souhaitez en connaître sur son parcours, il y a cet excellente biographie de Jean-Éric Branaa qui nous arrive à point nommé. Ce qui est incroyable, c’est que ce maître de conférences à l’Université d’Assas à Paris, a vu le jour dans la vallée de Lehigh où a grandi Biden. L’essayiste et biographe a déjà prédit tout ce qui est arrivé à ce jour au candidat démocrate et s’est même autorisé à prédire sa victoire. Il sera certainement l’homme de l’apaisement mondial car ce n’est pas un novice dans la conduite des affaires internationales. Il y a l’homme mais aussi sa femme Jill, docteure en éducation. Un chapitre lui est consacré qui révèle une femme de bon commerce. Ce qui augure bien pour la suite des choses. Et pour les accros de politique américaine qui voudraient approfondir le sujet, on trouvera en fin d’ouvrage une bibliographie étoffée.

Joe Biden Jean-Éric Branaa. Édito 321p.     www.editionsedito.com

 

 

 


Un Marc Levy dans les arcanes du web et de ses dérives

C’est arrivé la nuit est le dernier né de Marc Levy qui sort de sa zone de confort pour nous amener dans l’univers du web. Il met en scène neuf hackers qui sont des justiciers qui vont débusquer des gens de l’élite ou des mafieux de tout poil qui exploitent le genre humain. Il va s’attacher à décrire ce que chacun fait. Avec des dialogues bien sûr qui font sa marque de commerce au grand dam de beaucoup qui condamne l’abus du procédé. Mais l’écrivain aux vingt-trois millions de lecteurs n’en a cure, car ici ça sert très bien la dynamique de son histoire. Il semblerait que c’est un roman à clé ou quiconque fouillant un peu pourra mettre un nom sur les personnages infâmes de la vraie vie. Et bien que Levy s’en défende. Question sans doute de s’éviter de futurs procès. En tout cas, ces sonneurs d’alerte que sont les neuf hackers nous mettent en garde contre la divulgation à outrance de nos données personnelles. Avant d’entreprendre la rédaction, l’écrivain s’est largement documenté sur l’exploitation des informations personnelles sur la Toile. En somme un excellent roman très branché sur notre époque sans états d’âme. Tout pour le profit.

C’est arrivé la nuit Marc Levy. Robert Laffont/Versilio 398p.     www.laffont.ca

 

 

 


Réconcilier la maman et la putain

Le cliché est bien connu de ce clivage qui range les femmes dans ces deux catégories immémoriales, la maman et la putain. Eve de Candaulie qui est un des grandes signatures de la littérature érotique, s’est donné pour mandat de réunir les deux entités en une seule. Ça donne Une indécente liberté avec en guise d’illustration provocatrice une femme enceinte jusqu’au cou, vue de profil, affichant une sensualité évidente. Ce sont des mémoires où l’auteure se raconte avec une transparence déconcertante exploitant tout son rapport à la maternité. C’est de l’inédit dans le genre. Et on appréciera, surtout les femmes, qu’elle aborde sans inhibition des sujets tabous jusqu’à présent. Car on en a tant fait et écrit sur la sacro-sainte maman. Comme à partir du fait qu’elle mette au monde, qu’elle doive tirer un trait sur une vie sexuelle active

Une indécente liberté Eve de Candaulie Collection Les jardins de Priape Éditions Tabou 206p.        www.tabou-editions.com

 

 

 


L’affaire Khashoggi, le dossier complet

Si certains pouvaient encore émettre des doutes sur l’implication du prince Saoudien Mohammed ben Salmane dans la mort de l’éditorialiste du Washington Post Jamal Khashoggi il faut lire ces pages glaçantes Sauvagerie Diplomatique de trois journalistes du quotidien turc Daily Sabah pour que toute ambiguité soit dissipée. Les trois scribes Ferhat Ünlu, Abdurrahman Simsek et Nazif Karaman ont eu accès aux enregistrements complets de ce qui s’est passé dans le consulat d’Arabie Saoudite à Istanbul. Le journaliste américain aurait reçu une injection dans la cou qui aurait aussi provoquer son étouffement, et une fois hors d’état de nuire, on se serait chargé de le dépecer!  Un dossier choc, et quel bel exemple que ce journalisme de haut niveau, et d’utilité publique.

Sauvagerie diplomatique Ferhat nu, Abdurrahman Simsek, Nazif Karaman. Le jardin des Livres 324p.        www.lejardindeslivres.fr

 

 

 


Une relation trouble entre une comédienne et une comédienne

Mettre en relation deux personnes demande souvent son lot de compromis. Le roman de Danièle Vallée ne le dit pas autrement. Sept nuits dans la vie de Chérie titre du bouquin, est celui d’une pièce de théâtre où la comédienne Éva tient un rôle important. Cette dernière va se rendre chez une couturière prénommée Clarisse pour lui commander une robe aux fins de la production. Au fil des semaines va se tisser un rapport qui dépasse le cadre strictement professionnel, trop intime même. Avec ces accrochages à la suite. La couturière va vérifier l’adage qui dit qu’on ne connaît vraiment quelqu’un que demain, et surtout le surlendemain. C’est véritablement une relation toxique qui est en marche. On verra que la comédienne est une femme complexe, très entreprise au niveau de la psyché et qui exige beaucoup. Un beau roman qui nous arrive donc et qui est une belle surprise de cette rentrée.

Sept nuits dans la vie de Chérie Danièle Vallée. Éditions David 179p.     www.editionsdavid.com

 

 

 


Un pavé littéraire comme héritage de l’ère Trump

Les arts, surtout le cinéma et la littérature sont souvent le digne reflet de leur époque. A preuve ce pavé de plus de mille pages Les lionnes roman de Lucy Ellmann écossaise d’adoption et ressortissante américaine qui est la radiographie de la civilisation américaine sous l’ère du Joker de la Maison-Blanche. Le magazine Cosmopolitan s’est empressé dans son enthousiasme délirant d’écrire que ça mettait dans l’ombre l’Ulysse de James Joyce.  Sans doute pas, mais il en reste néanmoins que c’est toute une fresque sociale de nos voisins du sud de la frontière qui défile sous nos yeux. Cinq cent pages de trop ? Pas du tout. Au contraire, il lui a fallu cet exercice de démiurge pour que l’écrivaine qui se met dans la peau d’une mère de famille moyenne, raconte ce qui fait son quotidien et dans quelle époque elle vit. Où la question financière est omniprésente. C’est une charge à fond de train contre Donald Trump qu’elle exècre comme ce n’est pas permis. Tout américain qui aura lu cette somme sociale avant les élections, saura où mettre son X sur le bulletin de vote.

Les lionnes Lucy Ellmann. Seuil 1144p.  www.seuil.com

 

 

 


Il était une fois de belles histoires sur le vin

Si votre faible côté plaisir de Bacchus pour l’étiquette Bù vous contribuez à faire fructifier le petit empire de la sommelière et femme d’affaire Jessica Harnois qui a fondé sa propre entreprise de commercialisation du vin. Et dire que toute enfant, elle rêvait d’être astronaute. Avec ses vins elle aura contribué dix millions de bouteilles plus tard à faire grimper les amateurs au septième ciel. Plus tard elle rêvait d’ouvrir un grand restaurant japonais là où se trouvait le delicatessen Ben’s au centre-ville de Montréal. Mais pour défection du chef pressenti, elle obtiendra par concours le poste convoité d’acheteur en chef des vins hauts de gamme pour la collection Signature à la SAQ. Le reste est un destin fabuleux. En dépit d’un horaire que l’on imagine démentiel, elle a trouvé le temps de faire partager sa passion avec la publication de Santé! en co-écriture avec le scripteur humoriste Pierre Huet sur des illustration folichonnes d’Éric Godin. Il est question de tout ce que vous pouvez vous poser comme interrogation sur l’univers des vins. C’est aussi une entreprise de démystification réussie. Ceux qui sont déjà des amants du vin seront en territoire conquis et les autres une belle initiation à ce monde encore chargé d’un peu de mystère.

Santé!  Jessica Harnois, Pierre Huet et Éric Godin. Les éditions La Presse 237p.    www.editionslapresse.ca

 

 

 


Un justicier dans l’âme, déchirure entre guerroyer et aimer

Jules le normand avait déjà donné dans la Résistance, mais aux échos de la guerre d’Indochine il a senti ce besoin irrépressible en lui de défendre, fusse t-il par les armes, les valeurs auxquelles il s’accroche. Ainsi laissera t-il femme et enfants à la maison pour aller au front. Mais Cupidon n’avait pas dit son dernier mot. Et c’est dans cette contrée lointaine qu’il va faire la rencontre d’une indochinoise qui le frappe émotionnellement au plexus. Que faire alors ? Se laisser aller aux joies de l’amour ou bien poursuivre, ce pourquoi il s’est engagé au détriment de la qualité de sa vie de famille. Avec L’Indochinoise et le silence, Guillaume Mazeline scelle cette histoire Le goût de la tempête qui avait débuté par un premier opus  qui avait valu cette année à l’auteur une sélection au prix Françoise Sagan. Tout est tout feu, tout flamme dans ces pages fortes. Faites l’amour, faites pas la guerre disait les enfants fleurs hippies, mais pour Jules ce n’est pas si simple.

Le goût de la tempête Tome 2 L’Indochinoise et le silence. Guillaume Mazeline. Éditions Une heure en été 292p.     www.uhee.fr

 

 

 


La belle folie de l’écho des chaudrons

Il est mentionné sur la page intérieure de L’écho des chaudrons de Michel Duchesne que nous avons affaire à un roman. Mais tant l’histoire, que le ton à la première personne réfère soit à un récit ou de l’autofiction. Mais peu importe. Il faut vous le procurer. Savez-vous pourquoi ? Parce que pendant notre époque où la déprime nous gagne pour cause de pandémie organisée, tout ce qui est susceptible de nous arracher fusse un sourire, est bienvenue. Et laissez-nous vous dire que le cadre choisi par l’auteur, une cuisine collective est une sacrée récréation pour l’esprit. D’autant que pour pimenter sa narration il a mis le regretté comédien André Montmorency, plus une Pauline qui serait en propre comme au figuré, la aussi regrettée comédienne Johanne Fontaine  qui lui a inspiré la Pauline qu’on y trouve. Ce qui est jubilatoire c’est que tout ce beau monde est tout sauf dans la rectitude sociale. Ils ont le commentaire cru. Que ça fait du bien. La cuisine populaire est un prétexte pour faire vivre tout ce monde ensemble qui sont délinquants dans l’âme. Ils ont compris qu’il ne fallait pas subir la vie mais en prendre le contrôle. Vite un deuxième tome, car le reproche que l’on pourrait vous faire qui est un ultime compliment, c’est que c’est trop court.

L’écho des chaudrons Michel Duchesne. Leméac 234p.   

 

 

 


Intrigues à la Cour de Versaillles au temps de Louis  XV

Si Camille Pascal ne décroche pas un prix d’excellence dans la catégorie des romans historiques, c’est qu’il a la malchance de son côté, car ce qu’il nous offre est un régal La chambre des dupes ayant pour théâtre d’opération la Cour de Versailles au temps de l’auguste règne de Louis XV. L’écrivain répond ainsi au voeu de la duchesse de Châteauroux qui dans une correspondance au cardinal de Richelieu appelait de ses voeux que l’on fasse revivre la journée des dupes. En gros nous voyons vivre sous nos yeux l’amour du ri pour une de ses favorites, sa préférée la fameuse duchesse précitée. Tout se passerait comme cela se fait entre gens de la noblesse, mais il y aura que le monarque sera sérieusement malade à Metz en marge d’une bataille. Là les intrigants vont s’en donner à coeur joie, car nous le savons d’office, l’oisiveté est la mère de tous les vices. L’auteur traduit bien tout ce qui grouillait dans les corridors du palais, vaste machine à rumeurs. Avis aux passéistes qui disent que c’était mieux avant.

La chambre des dupes Camille Pascal. Plon 507p.     www.plon.fr

 

 

 


Sur les effets pervers de la globalisation au plan local

La pandémie du Coronavirus-19 a mis en lumière les carences de la globalisation, comme par exemple l’indisponibilité d’approvisionnement local en masque en Amérique, du fait que le grand fabricant mondial de masque est la Chine avec laquelle les relations sont tendues. Devant cet état de fait, les éditions de la Découverte ont eu l’heureuse idée de publier un essai de Anna Lowenhaupt TsingFriction” lancé pour la première fois en 2005. Sous le sous-titre “Délires et faux-semblants de la globalité” elle a pris comme expérience témoin ce qui s’est passé à Bornéo en Indonésie au sein de la tribu des Dayaks meratus. Alors que le développement nourri par des appuis occidentaux devaient assurer la prospérité de la région, on verra ce qu’il en a plutôt été. Nous assistons à toutes les dépravations du développement international à la sauce capitaliste. Toujours le profit d’abord et avant tout.

Friction Anna Lowenhaupt Tsing. Édition Les empêcheurs de penser en rond 457p.    www.editionsladecouverte.fr

 

 

 


Les limites de l’inclusion sociale

Chez l’éditeur Érès on consacre une série d’ouvrages touchant à l’inclusion sociale. Cette nouvelle préoccupation de la vie en société où ce qui est maintenant tendance est de ne plus exclure des personnes accusant des retards mentaux et physiques et de les intégrer à un groupe donné. Ainsi pourrait-on amener au concert un enfant autiste avec le risque calculé qu’en plein adagio symphonique, qu’il se mette à jeter des cris. Se pose immédiatement la question de la limite à ces bons sentiments. Ne dit-on pas par ailleurs que l’enfer est pavé de bonnes intentions. C’est pourquoi Pierre Suc-Mella s’interroge dans son essai La société inclusive jusqu’où aller ? D’entrée de jeu, il fait sien l’appel lancé par le président Emmanuel Macron à l’effet que des transformations doivent être faites, que nous ne pouvons plus demeurer dans le statu quo. Ainsi l’essayiste conclut qu’il faudra du courage pour amener les changements rendus nécessaires.

La société inclusive jusqu’où aller ? Pierre Suc-Mella. Éditions Érès 158p.
www.editions-eres.com

 

 

 


Plus exotique que ça…

Un membre de notre rédaction se souvient qu’étant jeune, en fin d’années scolaire du primaire, l’institutrice nous faisait cadeau d’un livre ou deux à parcourir comme lecture d’été. Et que soudain c’étaient des livres d’aventures. En recevant Récit de ma vie d’aventures et de navigation de William Leblanc on s’est retrouvé dans cette ambiance d’époque. D’autant que les éditions Au vent des îles redonnent vie à ce titre datant de…1895! Dans sa préface l’auteur nous dit que son intention première était que ses précieuses notes de voyage n’étaient pas destinées à la publication. Mais prenant connaissance de ses premières feuilles, il a reçu bien des encouragements à en faire un livre. Toujours modeste, il s’excuse presque de son style, qui en passant vaut bien des écrivains en renom d’aujourd’hui et qui n’ont pas le centième de sa manière de décrire ce qu’il a vu et connu. Il est né à Rouen dans une famille de pauvreté défiant l’imagination. Avec un père qui le bat pour un rien. Il deviendra matelot et dévorera les livres du commandant. Il pilotera lui-même ses navires qui le mèneront dans des contrées lointaines comme les Marquises. Il nous fait prendre connaissance des mœurs locales, des conflits entre forces tribales. C’était l’époque de Gauguin. Plus exotique que ça. Et ce qui donne une touche émouvante ce sont les en-têtes de chapitres où il décrit les épisodes qui attendent le lecteur. C’est une excellente idée de l’éditeur de redonner un souffle à ce récit chargé d’évasion.

Récit de ma vie d’aventures et de navigation William Leblanc. Éditions pacifique Au vent des îles 283p.      www.auventdesiles.pf

 

 

 


Une paumée reçoit une mission salvatrice mais ô combien périlleuse

Imaginez que vous êtes sans plus de ressources, sur l’aide sociale par exemple. Que vous ne puissiez plus payer votre loyer avec comme conséquence d’être évincé de votre logement. Et l’amour, même pas. Quand tout à coup le hasard va vous mettre sur la route d’un individu qui va vous sortir de la mouise, mais pour cela il faut accomplir une mission. A savoir enquêter sur la disparition complète d’une famille dans des conditions jamais élucidées. Pour cela il lui faut louer la maison qui se trouve isolée. Vous avez là le scénario classique d’un film d’épouvante. C’est justement ce qui attend le lecteur d’Au bal des absents. Il y a le beau risque que vous attrapiez quelques petits frissons. L’auteure Catherine Dufour maîtrise bien les règles du genre. Une belle lecture en temps d’Halloween mais dont le plaisir est non périssable tout au long de l’année.

Au bal des absents Catherine Dufour. Seuil 217p.     www.seuil.com

 

 

 


Le coin de la poésie

Plus que jamais la poésie va venir nous aider à nous évader de cette société anxiogène qui est celle que nous connaissons. Et en plus ce voyage mental n’oblige pas à une quarantaine. On revient de ces lectures indemne et combien enrichi. Aux éditions du Noroît nous avons deux belles propositions de poétesses, chacune ayant son univers en propre. A commencer par Rosalie Lessard et Les îles Phoenix. C’est toute une pointure que cette femme de lettres qui publia son premier recueil à l’âge de dix-huit ans et qui rafla les prix convoités Émile-Nelligan et Alain-Grandbois. Donc on était bien excité à ce qui nous attendait au menu. Elle parle à la première personne sur un ton de récit. Le début est engageant (Je porte mon corps comme une robe brûlée pas un coin d’ombre où je ne l’ai enfoui les douches d’une vie ne suffiraient pas à l’effacer) et plus loin (Si mon père avait une femme du XIXème siècle, il y aurait certainement des médecins pour vouloir dompter ses nerfs). Tout un programme aux accents réalistes.

Ensuite au tour de Yannie Bernier et sa Belladonna qui serait inspiré ce recueil par trois figures : Francesca Woodman, Marina Tsvetaeva et Virginia Woolf. Au siècle des Lumières, ces hommages pris le nom de tombeau. On cherchera les références entre les vers et leurs destinataires, mais ce qui importe c’est qu’elle est comme un peintre qui puise des couleurs sur sa palette pour les appliquer par petites touches. Extrait concernant Virginia Woolf (quel temps aurons-nous parmi les œillets changeants ? quel lustre s’accordera au nôtre ? nos silhouettes s’étalent dans la fumée). Elle sait faire des images. Et à ce propos elle s’attelle en ce moment à un livre consacré au cinéaste Andrei Tarkovski.

 

 

 


Droite au pluriel et populisme

C’est étrange, mais au Québec, du moins dans le petit peuple, il n’était jamais question de parti de droite ou de gauche. C’était soit un parti fédéraliste ou indépendantiste, tel était le clivage bien connu. Mais la jeune génération instruite, voire bobo, aime bien importer des idées d’Europe ou des États-Unis où sévit même une extrême-droite. Frédéric Boily professeur titulaire au Campus Saint-Jean de l’Université d’Alberta et chercheur associé au Centre d’expertise et de formation sur les intégrismes religieux, les idéologies politiques et la radicalisation se fend d’un essai Droitisation et populisme. Avec des exemples puisés au Canada, le Québec particulièrement et les États-Unis. Son propos tient à démontrer qu’il n’y a pas qu’une droite. Elle est plurielle et même qui cherche à se réinventer. S’il y a maints ouvrages sur le populisme grandissant, son essai apporte du neuf sur comment on le vit dans la Belle Province.

Droitisation et populisme. Canada, Québec, États-Unis. Frédéric Boily. Presses de l’Université Laval 203p.       www.pulaval.com

 

 

 


Le coin jeunesse

Deux titres nous occupent. Ce qu’ils sont sympathiques comme tout ces cinq petits amis qui ont décidé d’élucider des vols commis dans leur quartier. C’est Claudette Boucher qui nous partage leurs péripéties dans Grosse frayeur pour les apprentis détectives. Et ces joyeux larrons ont compris que pour réussir leur entreprise justicière ils ont besoin de ténacité. C’est aux éditions L’Interligne. Et ce qu’il y a de bien pour les jeunes têtes qui prendront connaissance de ces aventures, c’est qu’ils apprendront la notion de déduction.

Chez Glénat un peu d’ésotérisme dans Val-Caduc la ville des morts d’Alexandra Larochelle. L’histoire est centrée sur Anaëlle considérée comme la reine des pestes de l’école. Et il lui arrivera qu’en plein cours, pour preuve que l’on vit sur du temps emprunté, elle sera foudroyée net et mourra sur le coup. Son âme ira rejoindre Val-Caduc la ville des morts où elle doit purger 250 années de travaux communautaires. Pensez-vous que cela fait son affaire ? Vous verrez comment elle va essayer de faire de son citron une limonade et contourner le mauvais sort. 

 

 

 


Quand on veut décatégoriser l’amour

La petite maison d’édition Hashtag se construit un superbe catalogue sur fond de thématique LGBT. On vous fera grâce de tous les autres symboles qui se sont ajoutés par la suite à ces quatre lettres pour tenter d’englober le plus d’orientations possibles. Eh bien au royaume de la différence il y a Vincent Fortier qui de gay irait vers le mode queer qui signifie l’absence d’étiquette. Dans son premier roman, fort bien construit au demeurant, il a voulu le temps d’une plaquette et dans un genre autofiction, faire l’apologie de l’amour de sa vie, qui s’est terminé par une rupture douloureuse, comme elles le sont toutes au demeurant. Et d’autres amours parfois furtifs se sont succédés. Mais il n’est pas à l’aise avec l’éphémère. Les affaires d’une nuit lui laissent un goût amer. C’est un romantique. Ce roman est une belle incursion dans un univers qui vit en marge de la tolérance du plus grand nombre et non de l’acceptation, même au vingt-et-unième siècle. Ce qui fait que cet amour qui n’ose dire son nom comme le décrivait en son temps François Porché a sa dose d’intensité. Et c’est ce qu’on trouve dans ces courts chapitres. Beau début.

Phénomènes naturels Vincent Fortier. Hashtag 99p.    www.editionshashtag.com

 

 

 


Un noble artiste peintre tibétain et son courroux chinois

Depuis des lustres, le gouvernement chinois ne cesse d’opprimer le Tibet. Et parmi les horreurs il y a la profanation de ce symbole, le palais de Potala siège de la spiritualité bouddhiste tibétaine. Il y a différentes façons d’aborder cette douloureuse page de l’histoire. Dai Sijie a choisi de raconter les misères du peuple tibétain par le biais du roman et d’une figure, un vieux peintre Bstan Pa qui a été jadis au service du dalaï-lama en exil. Si le nom du romancier et cinéaste ne vous dise rien, par contre si on vous donne le titre de son film culte Balzac et la Petite Tailleuse chinoise, sans doute si vous êtes à tout le moins cinéphile accompli vous serez en terrain de connaissance. Autant le gars sait mettre en images, autant il sait suggérer des images au moyen des mots. Ainsi quand les chinois vont contraindre le peintre sous la torture, il trouve les mots justes pour décrire le supplice enduré. Son tortionnaire principal a pour surnom Le Loup. Un triste et abject individu qui considère son prisonnier comme moins qu’un chien. C’est dire ce qui attend le lecteur. En même temps, l’écrivain nous introduit à l’art visuel tibétain. Un livre de toute beauté qui domine l’horreur.

Les caves du Potala Dai Sijie. Gallimard 187p.  

 

 

 


Un titre très à propos sur les anges du système de santé

Le système de santé en France est au bord de l’implosion tout comme au Québec. On manque d’infirmières et d’infirmiers, et ceux qui sont au front bossent souvent trop souvent au bord de l’épuisement professionnel. Une qui leur rend hommage est Michèle Gazier dans Les passantes qui, dans ce roman nous en présente cinq qui pratiquent leur science et leur amour dans un cabinet médical de Montpellier. L’auteure les a en quelque sorte vampirisé, réussissant à restituer tout ce que ces professionnels vivent au quotidien en compagnie de leurs patients enfants ou gens âgés. Ils sont tous touchés par leur vulnérabilité. Un bouquin qui tombe bien tandis que nos centres de soins et hospitaliers sont submergés en raison de la pandémie qui frappe la planète. Ces personnages d’une grande humanité ne parviennent pas à se cuirasser devant la mort d’un de leurs protégés. Des héros de l’ombre qui trouvent ici la reconnaissance qu’ils méritent.

Les passantes. Michèle Gazier. Mercure de France 174p.   

 

 

 


Sur Jimi Hendrix

Ailleurs dans ces colonnes on a salué la sortie d’une BD chez Graph Zeppelin soulignant le 50ème anniversaire de la mort de Jimi Hendrix le guitariste de tous les excès coréalisé par Mattia Colombaria et Gian;luca Manconi. Si vous voulez poursuivre la connaissance de ce géant de la pop, voici la parution de Jimi Hendrix variations de Jeanne-Martine Vacher productrice culturelle et une des grandes voix de France Culture. Dans le titre vous avez le mot variations qui convient mieux que biographie. Oui certes elle évoque la dure enfance èa Seattle, mais c’est pour mieux situer la fondation psychologique de l’artiste. Mais pour l’ensemble elle analyse par petites touches tout que ce musicien lui inspire et pourquoi devrions l’écouter. Et en ce sens elle est une merveilleuse guide pour qui veut s’initier au monde de ce disparu trop tôt d’overdose, de souffrances devraient-on mieux préciser.

Jimi Hendrix variations Jeanne-Martine Vacher. Le mot et le reste 173p.  www.lemotetlereste.com

 

 

 


Metallica en fine analyse de leur musique
Depuis 1981 année de la fondation du groupe Metallica à Los Angeles, la formation a évolué et toujours une longueur d’avance sur son temps allant de la musique rock au metal trash. Chris Ingham est fin connaisseur de leur production. En notre compagnie il repasse chaque album et chaque titre, racontant par le menu tout ce qui a précédé la naissance de chaque pièce. C’est presque un niveau d’érudition. A ceux qui sont déjà des familiers de leur musique, ils connaîtront la genèse de leurs airs préférés, aux autres d’éveiller peut-être la curiosité et d’aller à la rencontre du groupe. Une belle présentation graphique soutient cet ouvrage qui agrémentera toute bonne bibliothèque musicale.
Metallica Chris Ingham. Broquet 206p.     www.broquet.qc.ca

 

 





 


Le coin santé physique et psychique

Est-ce que c’est le climat anxiogène causé par le semi confinement dû à la pandémie du Coronavirus-19, toujours est -il que plusieurs des titres qui composent la rubrique présente touchent à une invitation à trouver la paix intérieure. Les trois premiers ouvrages le sont chez Édito. Il a pour commencer Tout passe de Nicole Bordeleau. Le titre est à lui seul un programme car si on considère que les problèmes perdurent, cette maîtresse en yoga, nous rappelle le côté éphémère de tout. De ne pas s’envelopper dans la peur. Car c’est le thème majeur de son ouvrage, de lutter contre toutes les peurs qui nous habitent et qui sont contre-productives. Elle fait sienne la philosophie bouddhiste qu’il n’y a rien au départ de stable, que tout est changement. Et elle livre ses recettes pour savoir comment surfer sur les contrariétés.Le psychologue Marc Pistorio n’en dit pas moins dans Connecté à soi, connecté aux autres. Avec la particularité qu’il y a de longs passages consacrés à la vie parentale. Il est aussi beaucoup question de l’amour. Et qui dit parents, dit enfant. Et pour la question de leur éducation il propose une approche novatrice aux antipodes du formatage habituel.

Cette année marque le 120ème anniversaire de la naissance d’Antoine de Saint-Exupéry. Et que diriez-vous d’aller à la rencontre de celui qui a inspiré à l’écrivain son conte le plus célèbre Le Petit Prince ? Et qui est toujours dans nos murs. Pour la petite histoire, sachez que l’illustre homme de lettres se trouve à Québec en 1942. Il se rend chez son ami Charles De Koninck. Se trouve dans la pièce le fils de ce dernier Thomas. Qui se met à poser à l’écrivain toutes sortes de questions. Cet enfant questionneur deviendra l’inspiration pour la figure du Petit Prince. Thomas est maintenant un homme respectable, professeur émérite de philosophie de l’Université Laval. L’animatrice Christine Michaud joue à son tour le rôle de poseuse de questions de nature existentielle à cet homme de sagesse. Et au final vous avec Le Petit Prince est toujours vivant. Il est question beaucoup du sens à donner à la vie, de ce qu’est le bonheur et de Dieu. C’est d’un grand intérêt.

Le corps réagit très vite aux apports extérieurs. A preuve, on peut redonner au cerveau l’aération dont il a besoin en seulement dix jours. C’est la proposition que font les Dr. David et Austin Perlmutter dans 10 jours pour détoxifier votre cerveau écrit en collaboration avec Kristin Loberg chez Marabout. D’entrée de jeu ils nous remettent en mémoire que de nos jours, le cerveau est surexposé. Pensons seulement au bombardement des publicitaires qui s’insinuent sur toutes les plateformes des médias. Aussi les informations pas toujours jojo que colportent les journaux télévisés. Sans compter les interactions négatives des commentaires sur les réseaux sociaux. Bref nous éprouvons ce besoin de faire maison nette dans notre tête. Les auteurs ont établi une liste de choses à accomplir pour régénérer notre ordinateur. L’alimentation et l’exercice sont au cœur de ce programme de reconversion. En prime en fin d’ouvrage, 40 recettes culinaires détox, tel l’agneau à la sauce moutarde ou ces crevettes grillées aux herbes et agrumes. 
Une chef d’antenne de chez nous déclara dans un livre que le meilleur ami de la femme était le chien! Il est un fait que l’animal de compagnie agit comme un compagnon de substitution à l’absence d’une relation à tout autre être humain. Avec pour conséquence que beaucoup donnent à leur animal, à tort ou à raison un prénom humain. Comme le titre de cet essai sur le deuil animalier La vie sans Boris ce dernier étant un canidé. Avec la résultante que lorsque l’animal domestique favori nous quitte pour un monde meilleur, c’est souvent dramatique. Au même titre que la mort d’une personne. C’est pourquoi la journaliste de La Presse Stéphanie Bérubé et le vétérinaire Joël Bergeron ont cru bon livrer des conseils pour parvenir à surmonter le deuil animalier. Vous avez en marge, le rapport qui existe entre le propriétaire et la clinique vétérinaire quand vient le temps de livrer un diagnostic qui n’est pas toujours celui auquel la personne s’attend. La mort, peu importe d’où qu’elle vienne à des douleurs sans pareille disait jadis le poète. C’est aux éditions La Presse.

 

 

 


Les guerres et leur lot d’histoires renversantes

Une guerre a ceci de particulier qu’elle exalte le pire comme le meilleur de l’homme. Elle divise forcément. Mais elle recèle aussi des tas d’histoires, petites et grandes qui ont fait l’Histoire. Et le plus bel exemple qui nous est donné est la sortie d’Histoires de guerre de Mamytwink. Retenons pour les fins de cette recension cette histoire abracadabrante d’un résistant polonais qui se portera, tenez-vous bien, volontaire pour être interné à Auschwitz. Son objectif, créer une révolte interne des détenus et relayer aux Alliés des informations sur ce qui se passe dans ce qu’on a appelé l’anus du monde. Il n’a pas pu créer de soulèvement. Il s’est échappé et une fois la guerre terminé s’est mis au service de la résistance, cette fois contre les communistes dans son pays. Il a été exécuté par ces derniers. Un héros anonyme qui aurait voulu changer le cours de l’horreur et qui en a payé le prix. Des histoires comme celles-la il y en a plein que vous prendrez plaisir à découvrir.

Histoires de guerre Mamytwink. Éditions Michel Lafon.

 

 





 


Le coin de la BD

C’est intéressant de voir comment la bande dessinée s’empare des grands classiques de la littérature pour en faire des adaptations. Vient de sortir sur nos rayons L’Île au trésor ce roman d’aventure de l’écrivain anglais Robert Louis Stevenson qui a consacré les histoires de pirates dont celui qui se trouve dans ces pages, John Silver à la jambe de bois, l’archétype du genre. Eh bien les comparses Christophe Lemoine et Jean-Marie Woehrel ont vraiment mis le paquet pour être dans l’ambiance et participer aux recherches du héros Jim Hawkins qui débarque sur une île à la recherche d’un trésor qui fait flamber les imaginations les plus folles. Sauf qu’il n’est pas le seul à convoiter le pactole. C’est chez Glénat.

Chez le même éditeur vous avez les Boumeries de la bédéiste Boum. Vous avez une amorce d’une intégrale 2011-2012 avec les trois premiers volumes ici réunis qui constituent le tome premier de cette saga qui a récolté moult prix qui ont consacré cette facétie du web. L’auteure se met en scène avec sa douce moitié le programmeur Pierre-Luc. On est nous, invités à être des voyeurs de leur quotidien. Il y a du Bretécher dans le ton. Une bédéiste a les mêmes préoccupations que monsieur ou madame tout-le-monde même si elle a atteint à la renommée. Le quotidien nous happe tellement. Et s’il y a en une bien campée sur la terre c’est elle. On se sent interpellés immanquablement. Mais ça se termine toujours en happy end.

 

Aux éditions Soleil un must avec Wilderness du duo Antoine Ozanam et Bandini. C’est un vétéran de la guerre de Sécession, Abel Truman, qui est sorti indemne d’une des grandes batailles, celle de Wilderness. Il vit maintenant en ermite avec son fidèle clébard dans une cabane de la côte Pacifique Nord-Ouest. Mais il a des comptes à régler avant de quitter cette terre, nourri de vengeance mais en même Eastwood dans ce rôle. Mais en attendant vous pouvez avec grand contentement, vous rabattre sur la BD avec des traits de dessins nerveux qui expriment la violence vécue.

Et pour rire en grand l’éditeur Pataquès nous offre du méga rire en capsules avec Bonjour la science de Placide Babilon. Qui aborde “scientifiquement” des sujets que vous ne verrez jamais traités par Charles Tisseyre à l’émission Découvertes. Comme une thérapie se déroulant dans le corps d’une baleine ou bien tout ce que vous vouliez savoir sur les chips. C’est complètement absurde et on aime ça énormément. Le rire est toujours bienvenu. Et l’auteur a de l’imagination à revendre.

 

 

 


Ricardo virtuose de la plaque

Obligés à un confinement partiel ou total, pandémie oblige, on sera un peu plus intéressé à se mitonner de petits plats simples à la maison, faute d’aller au restaurant. Ricardo dont le prénom est devenu à lui seul un emblème, s’est penché sur la plaque de cuisson. C’est une cuisine à réaliser très simple mais qui peut présenter parfois de légères complications. C’est ainsi qu’il a fait un peu de laboratoire pour accoucher de son dernier livre de recettes A la plaque. D’abord il nous présente “l’instrument” en lui-même, lequel choisir, dans quel matériau. Quoi faire et ne pas faire. Ainsi à exclure les sauces qui doivent être préparées à part, incompatibles avec la cuisson sur plaque. On figure donc une casserole en conséquence. Au final des péchés de gourmandise pour lesquels toute résistance est vaine. Avec beaucoup de desserts à concocter. Le péché existe. Et nous mettons les lecteurs en garde, la fréquentation de Ricardo peut créer de l’accoutumance. Et puis ces photos qui donnent faim. C’est donc vrai que le premier plaisir à la table, est visuel. Ici plus que jamais.

A la plaque Ricardo Larrivée. Les éditions La Presse.   www.leseditionslapresse.ca

 

 

 


Des rêves fous devenus réalités

Un rêve, ne cherchez pas trop à y trouver de la cohérence, ça peut-être complètement sauté. Il semble que la poétesse et illustratrice Andrée Christensen est une rêveuse prolifique, car elle a traduit dans Chambres rêvantes ce qui vient hanter ses nuits. Sous forme de collages complexes elle amalgame des figures dont on ne voit pas au départ les associations. Soutenus par des textes poétiques de haute volée. Pour les images on pourrait la situer entre la folie d’un Jérôme Bosch et le monde onirique de Lewis Carroll. Ces collages sont du grand art. Avec cette dominante très dix-neuvième siècle anglais. Les éditions Davis ne s’y sont pas trompées qui ont offert un bel écrin pour la présentation graphique sous forme d’un album d’un grand chic.

Chambres rêvantes Andrée Christensen. Éditions David.

 

 

 


Deux univers photographiques étranges aux éditions Pyramyd

Aux éditions Pyramyd, deux albums photographiques qui ont en commun de nous permettre de pénétrer dans des univers étranges. Il y a d’abord Didier Bizet qui est allé se balader (sous surveillance bien sûr) en Corée du Nord et qui nous rapporte ce reportage photo qui en dit long. On a vu il y a peu le leader Kim Jong Un, verser des larmes au passage d’un défilé militaire géant et se féliciter que son peuple ait triomphé du Coronavirus. Que du mensonge à la puissance cinq. Ce que nous dit pas moins le photographe qui a tenté de voir ce qui se cache au-delà de ces regards et attitudes policés. Un monde trop parfait pour qu’il n’y ait pas une faille derrière la façade officielle. Un peuple si heureux ça ne prends pas. En fin d’ouvrage il livre une interview sur le déroulement de son séjour. Édifiant.

Et puis au tour de Cyril Abad un autre as de la lentille qui en quelques clics nous fait voir l’Amérique profonde, la clientèle de base de Donald Trump et qui montre très bien comment ce joker orangé a pu s’emparer de la Maison-Blanche. C’est qu’il est à l’image de foutus dingues. Prenez par exemple ces clichés réalisés au sein d’un mouvement évangélique...naturiste avec ce cliché d’un pasteur ventripotent à poil derrière son orgue qui soutient une chorale en tenue d’Ève et d’Adam. Les états bibliques à leur meilleur. Le titre de son travail  In God we trust. Ça dépasse l’entendement. Comme ce cycliste qui déambule avec une grande croix fixée derrière son deux roues. Jamais l’expression consacrée “une image vaut mille mots” n’a t-elle trouvée ici tout son sens.

 

 

 


Vivre ou mourir

Assurément la thématique qui sous-tend Emmanuel veut juste en finir  n’est pas à mettre entre les mains de la jeunesse, car le duo Talhi et Karina exploite celle du suicide. Un jeune homme sent ses forces morales l’abandonner et jongle avec l’idée de se jeter du haut d’un immeuble. En cela encouragé par une horde de petits êtres affreux les Ghells. Qui aiment bien récupérer des corps de macchabés pas trop abîmés. Mais notre personnage central règle quand même son compte à ces Ghells qui sont font trop insistants. Maintenant mettra-t-il son funeste projet à exécution ? On vous le laissera le découvrir. Le dessin est très nerveux comme la tonalité du sujet. C’est chez l’éditeur Glénat.

 

 

 


Son cœur a fixé son choix mais…

Patrick Lapeyre a ceci pour lui qu’il écrit divinement bien. Il a compris la recommandation qu’un Aznavour adressait aux créateurs qu’il fallait capter l’attention dès les premières minutes sinon c’était terminé. Le dernier roman au compteur de l’écrivain Paula ou personne, est son neuvième et confirme cette réputation de belle plume. Une histoire d’amour banale en somme. A l’issu d’un mariage Jean croise une femme qui happe son attention. Il croit l’avoir rencontré à quelque part. En fait il s’agit de la sœur d’une de ses anciennes flammes. Elle se prénomme Paula. Le gars en devient dingue, Cupidon a décoché sa flèche, mais petit hic, la dame est déjà mariée. Que va-t-il se passer ? Ce qui donne lieu à des soliloques de Jean qui réfère à Heidegger. Encore là on vient à la rencontre de l’écrivain comme pour assister à une classe de maître en écriture. S’ébaubir serait le verbe juste et précieux.     

Paula ou personne Patrick Lapeyre. P.O.L.  409p.     www.pol-editeur.com

 

 

 


Le statut de Cyr

C’est ainsi que André Ducharme désigne, en terminant sa préface le comédien et metteur en scène René Richard Cyr dans le livre-entretien qu’il lui consacre. Ce dernier est à l’âge de laisser un legs quel qu’il soit. Et ainsi il va commencer sur un mode biographique avec une mère passionnée de théâtre. Son illumination lorsque âgé de douze ans il verra une pièce de théâtre pour la première fois. Et que dire l’impression que lui fera le théâtre de Michel Tremblay dont il deviendra par la suite un metteur en scène accompli de son œuvre. Métier aidant il tirera quelques leçons sur la pratique de sa profession d’acteur et de metteur en scène. C’est un être multiple qui n’a jamais l’esprit en repos. Dans son monde sur les planches mais aussi à l’aise à mettre en scène des divas comme Céline Dion, Diane Dufresne, élaborer pour le Cirque du Soleil ou bien un protocole pour une tablée chez le chef Jérôme Ferrer. On apprendra qu’il tient Macbeth pour LA plus grande pièce tout azimut. Il passe en revue ses grandes prestations les analysant avec le recul que donne le temps. L’ouvrage est entrecoupé de témoignages de collègues de travail qui disent dans leurs mots à quel point Cyr est un maître de ce domaine. Et parlant de mentor pour René Richard Cyr ce fut André Brassard qui l’a construit dans cette vocation. Le dernier chapitre est un texte de l’interviewé qui traduit son amour pour son art. On appréciera plus que tout, la transparence de cet artiste qui dit tout ce qui lui passe par la tête sans filtre, ce qui est très rare dans ce Québec frileux qui craint toujours de faire des vagues.

René Richard Cyr l’entremetteur en scène. André Ducharme. Leméac 321p.

 

 

 


Un drame rural bouleversant

Mélanie Calvé nous a offert si vous vous en rappelez, une saga passionnante chez Fides ayant pour titre William et Eva qui nous avaient tous touchés et qui lui avait assuré un vaste lectorat. On n’a rien perdu pour attendre car la revoici chez le même éditeur avec Anaïs qui nous ramène à 1929 à Saint-Étienne-de-Beauharnois, théâtre d’un drame qui va remuer cette localité généralement plus que tranquille. En effet, une jeune femme, Anaïs Ladouceur sera kidnappée. On la retrouvera dans un piteux état. Heureusement pour elle, son entourage se resserrera pour lui apporter le réconfort qui lui permettra de surmonter cette épreuve. Maintenant on vous laisse le soin de découvrir le contexte à l’origine de cet événement. C’est du Calvé pur jus qui tutoie l’excellence.

Anaïs Mélanie Calvé. Fides.

 

 

 


Alexandre Taillefer procède à l’autopsie de Téo Taxi

On pourra dire ce que l’on voudra d’Alexandre Taillefer qui en agace plus d’un avec son esprit entrepreneurial qui n’a jamais de cesse et qui connaît parfois des ratés, mais on ne ne pourra pas l’accuser de manquer de courage. Il assume. Tellement, qu’il a décidé de raconter par le menu le désastre du projet Téo Taxi. Tout commence alors que prenant un jour le taxi, un chauffeur se met à lui raconter les misères qu’il rencontre au quotidien, surtout la venue d’Uber dans le décor. Et Taillefer de lui promettre de sauver cette industrie du désastre. Mais malheureusement, alors qu’il s’y jette corps et âme ce sera un flop magistral. Et il a senti le besoin de nous dire pourquoi. Ainsi avons nous droit à un cours magistral sur le transport par taxi au Québec. Taillefer a été en butte à des législations traînant de la patte et vraiment pas de stimuli pour l’encourager à poursuivre. On saluera cette initiative. Car qui peut critiquer qui n’a pas essayé au moins une fois ? Cet ouvrage en est un réussi de réhabilitation. Et c’est bien raconté de surcroît ce qui en fait un livre captivant loin des austères traités de management.

Réinventer le taxi Alexandre Taillefer et Jean-François Ouellet. Les éditions La Presse.    www.leseditionslapresse.ca

 

 

 


Éreintant la profession d’enseigner

En ce moment, pour cause de pandémie c’est le bordel dans les écoles. La saison d’automne n’est même pas terminée que les profs sont au bout rouleau. Alors imaginez en temps ordinaire où l’épuisement professionnel est au menu. Pour avoir une idée du climat allez lire Madame Isabelle en couleurs d’Isabelle Gauthier qui est bien placée pour le savoir. Précisons tout de suite que ce n’est pas une charge contre le système, même si elle en montre l’absurdité comme ces changements d’enseignants qui passent d’une matière à une autre. Au contraire, elle est encore pétrie, comme son personnage, par la vocation que cela requiert. Le ton est assez distrayant dans son ensemble. Avec le nombre de personnes qui forment le corps enseignant au Québec et qui se reconnaîtront peut-être, elle s’assure en partant d’un très bon lectorat potentiel.

Madame Isabelle en couleurs! Isabelle Gauthier. Éditions Michel Lafon.

 

 

 


La philosophie pratique et le regard social

Comme pour les ouvrages plus rigoureux nous reproduisons ici la quatrième de couverture pour transmettre l’intention des auteurs “Le projet philosophique puise ses sources dans la volonté de proposer une explication rationnelle des phénomènes naturels et culturels qui constituent le monde dans lequel l’être humain prend place. Il a servi de trame culturelle à l’Occident et amené le déploiement d’appareils conceptuels où l’on distingue théorie et pratique. On doit toutefois reconnaître qu’une philosophie théorique peut avoir une portée pratique et l’inverse, puisque toute pratique suppose un ancrage théorique pour légitimer la connaissance et les systèmes normatifs à partir desquels les explications sont avancées. Cela fait dire à certains que la distinction est désormais surannée et qu’une théorie philosophique réunifiée s’impose. Que l’on soit tenant de la tradition ou des nouvelles approches, la philosophie pratique s’impose désormais comme un passage obligé pour réfléchir les problèmes et articuler de nouvelles théories faisant écho à l’état actuel de notre monde. Le présent ouvrage revient sur la notion de philosophie pratique afin d’en faire voir les différentes acceptions et manières de la mobiliser pour réfléchir à des problèmes actuels.”

La philosophie pratique pour penser la société Collectif sous la direction d’André Lacroix. Les Presses de l’Université Laval.

 

 

 


Les grandes figures de l’Histoire et la transcendance divine

Il a été tellement évoqué ces figures de l’Histoires tels les Churchill, De Gaulle et Einstein, mais jamais on a imaginé le premier sur ce que pouvait être ses préoccupations concernant la présence de Dieu dans son existence, trop occupé pourrait-on imaginer à batailler tant aux Communes britannique que sur les champs de guerre.  Christine Goguet en curieuse qu’elle est, est allée faire une introspection de ce côté là. Et ce qu’elle rapporte est assez étonnant. A la blague, ces figures, ces pointures déjà trop grandes, n’avaient peut-être que Dieu plus grand qu’eux. Allez voir, ou plutôt allez lire. Ces êtres qui ont marqué leurs contemporains avaient chacun une part de spiritualité.

 Les grands hommes & Dieu Christine Goguet. Éditions du Rocher.

 

 

 


Le dernier opus de Janette Bertrand porte sur le viol conjugal

Cré Janette Bertrand toute une vitalité!  L’avez-vous vu sur le plateau d’En direct de l’univers à Radio-Canada alors qu’on lui rendait hommage ? A 95 ans on est certain qu’elle va tous nous enterrer. Et en plus elle se fend d’un autre opus Un viol ordinaire qui raconte le désarroi d’une conjointe à qui l’homme du couple la force à des actes vu sur de la porno. Il est l’incarnation du mâle alpha, genre à déclarer qu’un gars c’t’un gars. C’est incroyable comment cette grande psychologique populaire est demeurée branchée sur les réalités de notre temps. Aucun tabou ne trouve grâce à ses yeux. Quand on pense qu’il y a encore peu, la femme devait se soumettre aux désirs de l’homme et “faire son devoir conjugal” disait-on alors. Et souvent la nuit de noces pouvait être teintée d’un certain degré d’agressivité où toute délicatesse est exclue. Dans son livre, la femme va qualifier carrément le geste du conjoint d’agression sexuelle et agir en conséquence.

Un viol ordinaire Janette Bertrand. Éditions Libre Expression.

 

 

 


Un roman à saveur écolo

La littérature, tout comme la télévision d’ailleurs, est le reflet de son époque. Philippe Djian l’illustre parfaitement avec sa dernière mouture 2030. C’est que cette année-là, son personnage central Gregg, prend connaissance d’un article racontant le combat d’une jeune fille aux nattes. Ça vous dit quelque chose ? Le petit problème c’est que son beau-frère a trafiqué un rapport sur des pesticides, les présentant comme moins dangereux qu’ils ne sont et il a tout à l’opposé, une nièce militante écologique de la première heure. A travers ça une rencontre au féminin va bouleverser son existence. Un roman écolo donc, très de son temps qui en même temps fera prendre conscience aux lecteurs des enjeux du réchauffement climatique et tout le reste. Du Djian au zénith de sa profession d’écrivain et surtout un bon raconteur d’histoire.

2030. Philippe Djian. Flammarion.

 

 

 


Autre roman écolo chez Flammarion

Comme si Philippe Djian et Serge Joncour s’étaient parlé se croisant dans un corridor de leur même éditeur Flammarion. En effet, notre précédente recension de 2030 de Djian est à connotation écologique tout comme Nature humaine de Joncour qui campe la finale de son histoire en 1999 même année que pour le précédent roman de son collègue en écriture. Ici dans Nature humaine c’est Alexandre qui est éleveur bovin dans sa ferme du Lot. Ses trois sœurs ne partageant pas le même amour pour la ruralité s’en sont allés vers des villes. Lui persiste et signe à la campagne. Et il est réfractaire à tout modernisme dérangeant. Et l’écrivain fait un survol de ce qu’a connu ce département, de la fin des années soixante-dix à l’orée de de l’an deux mille, alors que sa région est frappée de pluies diluviennes. Du genre que la France éprouve depuis quelques années, alors que les nappes phréatiques se soulèvent emportant tout. C’est en même temps un aperçu des défis qu’a rencontré et rencontre encore l’Hexagone. En même temps un hommage à la campagne et ses vertus.

Nature humaine Serge Joncour. Flammarion.

 

 

 


Le premier roman méconnu de Guillaume Musso

Skidamarink pour la petite histoire, est le premier roman de Guillaume Musso mis sur le marché en 2001. Et qui n’a pas connu la notoriété des autres livres qu’il fera paraître à coup de millions de lecteurs. Peut-être que rétrospectivement le familier des best-sellers devait se dire que ce premier pas dans la littérature méritait un meilleur sort. On le remet donc en selle et là, on se doute bien que les gens vont se l’arracher, d’autant que son contenu est loin d’être inintéressant, jugez-vous-même. Ce sont quatre individus qui vont recevoir, tenez-vous bien, rien de moins que des fragments de la Joconde! La célébrissime toile de Léonard de Vinci avait précédemment été volé. Donc chacun en reçoit un morceau et pas que. En effet une note invite à un rendez-vous mystérieux dans une chapelle de Toscane. Et le quatuor de tenter de savoir pourquoi ils font l’objet de cette attention. On voit bien dans cette entrée en littérature tous les ingrédients qui vont faire la marque distinctive de Musso. Il avait déjà en lui ce don de bâtir des thrillers solides. Vous serez en terrain de connaissance. C’était une excellente idée de rééditer voire de réhabiliter ce roman fort.

Skidamarink. Guillaume Musso. Calmann-Lévy.

 

 

 


L’ascension et la chute d’une bimbo

Notre époque sera marquée de la consommation effrénée en toute chose y compris des êtres humains. Les carrières musicales sont longues si elles parviennent à se maintenir deux ans. Les youtubeuses naissent et meurent comme des insectes éphémères. Il en va aussi des bimbo de la pub, des téléréalités et du divertissement. Les fleurs se fanent assez vite. Si Andry Warhol en son temps décréta que chacun aura droit à ses quinze minutes de gloire, il pourrait revisiter le temps de gloriole à la baisse. C’est de tout cela dont nous entretient Éric Laurent dans Une fille de rêve chez Flammarion qui est la suite d’Un beau début qui paru aux éditions de Minuit. Ce dernier nous faisait voir la naissance et l’enfance de Nicole Sauxilange qui deviendra starlette sous le nom de scène de Nicky Soxy. Avec cette suite, on voit la jeune adolescente de seize ans, obnubilée par sa plastique et qui va en jouer sur tous les registres. Avec les ans viendront la désillusion, avec tant d’espoirs déçus. Suivront des épisodes de drogues et d’alcool qui vont la flétrir physiquement et moralement. Il y aura une tentative de sursaut mais ce sera la déchéance en bout de piste. Une bien triste destinée narrée avec brio par l’homme de lettres.

Une fille de rêve Éric Laurent. Flammarion.

 

 

 


Dramatique corollaire à l’issue de la Seconde guerre mondiale

La Seconde guerre mondiale provoqua la mort de 50 millions de personnes dont 6 millions de juifs. Ce qui a hélas été relégué dans l’ombre de l’Histoire c’est que la fin de la guerre n’a pas mis fin au drame en soi. Car de 1945 à 1947 ce furent près de 14 millions de germanophones qui furent expulsés des pays de l’Est conquis par les nazis qui voulaient leur offrir ainsi un espace vital. L’après-guerre fut celui des règlements de compte. Parmi ces expulsés on compte un demi-million de personnes qui connurent des expériences atroces. C’est de tout cela dont traite l’historien Ray M. Douglas dans Les expulsés. On peut vérifier encore une fois en quoi la guerre n’est qu’un amas de choses horribles. Il était temps que la mémoire rende justice à ces personnes déplacées brutalement quel qu’ait été leurs motivations initiales.

Les expulsés Ray M. Douglas. Flammarion.

 

 

 


Le bêtisier de l’incompétence aéronautique

A voir qu’on est rendu au tome 14 des Erreurs de pilotage la chose doit être suffisamment inquiétante. Jean-Pierre Otelli poursuit sur sa lancée, lui-même pilote professionnel, de colliger les erreurs humaines qui ont été à la base de tant de tragédies aériennes. Comme ce lieutenant-colonel de l’US Air force qui confondait son B-52 avec un appareil de voltige pour séduire les foules lors de spectacles aériens. Au-delà des problèmes mécaniques qui peuvent survenir, assez rares tout de même pour rassurer de potentiels voyageurs, ce sont les distractions humaines qui sont la cause de tant d’erreurs funestes. Et dans ce tome comme les précédents on voit que le rapporteur s’est très bien documenté. Erreurs de pilotage Jean-Pierre Otelli. JPO éditions.

 

 







 


Le coin santé physique et psychologique

Deux livres sont publiés qui touchent aux bébés et aux touts petits mais dans ce qu’il y a d’identitaire. Le premier Le bébé, du sentiment d’être au sentiment d’exister aux éditions Érès, porte la signature du psychanalyste Bernard Golse à qui on doit toute une littérature sur la psychiatrie du bébé. Il fait autorité dans ce domaine. Il reprend à son compte le vocable anglophone « Sense of being » de Winnicott. Il fait la démarcation entre le bébé « brut » qui vient au monde avec son bagage initial et l’environnement immédiat avec la maman et le reste qui forgera le reste de sa personnalité. En d’autres mots le ça et le surmoi de la psychanalyse. C’est pour cette raison qu’une bonne compréhension, voire appréhension des liens précoces, peut faire toute la différence pour le cheminement de l’enfant.

Et cette autre lecture qui complétera très bien la première L’Orchidée et le Pissenlit de W. Thomas Boyce aux éditions Michel Laffont. L’auteur est pédiatre et pédopsychiatre. La métaphore florale qu’il utilise identifie comme orchidée, le type d’enfant doit être élevé dans un contexte très particulier, pas n’importe comment, alors que l’enfant pissenlit pousse ainsi dire tout seul et saura surfer sur toutes situations. Et l’étonnant, c’est que sa curiosité scientifique, s’étalant sur quarante années, l’a fait se questionner à savoir comment cela se pouvait-il que deux enfants, frères ou sœurs, éduqués dans une même famille peuvent se montrer si différents.

Sur une note remplie de drôlerie c’est Jean-Luc Coudray qui, dans la collection « Les insensés » chez l’éditeur Wombat on trouve Lettres de burn-out. L’idée maîtresse est originale, regrouper des lettres, fictives bien entendu, de gens, qui chacun dans sa sphère n’en peuvent plus et décident d’accrocher leurs patins. C’est une grand-mère qui dit avoir donné et à qui il ne faut plus rien demander en termes de menus services. La dame veut s’occuper d’abord d’elle. Puis le tueur en série qui se remet en question et qui lassé de trucider ses semblables, a envie de passer à autre chose. Tous ces épistoliers conjuguent maintenant au « moi ». C’est rigolo à lire et puis merci Coudray tu nous fais du bien. Et en cette période tristounette de l’histoire de l’humanité, de nous amuser en fait un bienfaiteur de l’humanité.

Respirez-vous l’air du temps ? Il y a en ce moment un mouvement, encore un peu timide, qui veut que les femmes enrobées, en ont marre de devoir correspondre aux canons dictés par les l’Oréal de ce monde et les couturiers et décident enfin de s’accepter, Mieux, de se trouver belle. Et c’est dans ce courant que Vanessa Duchel a décidé de s’inscrire en présentant Franchement grosse chez Michel Laffont, dans lequel elle revient sur ses frustrations d’antan. Et elle n’a pas été épargné cette « divine » quand jadis serveuse dans un restaurant, le patron ne s’était pas gêné de lui rappeler qu’il lui faisait une faveur car il n’avait pas pour habitude d’embaucher des gens comme ça…Elle en a cumulé des semblables, pour en arriver à dire « stop » et à enfin se considérer. C’est une exhortation aux femmes fortes à se prendre en main, à s’aimer. Et si sur la couverture son visage vous dit quelque chose c’est quelle a été participante à Star Académie.

Lorsque l’on évoque les quatre lettres de TDAH, on pense immédiatement à ces figures d’enfants agités à qui la pharmacopée a imaginé le Ritalin pour les réduire à l’état de doux agneaux. Le syndrome vous l’apprendrez n’est pas réservé qu’aux jeunes. Les adultes peuvent en être atteints et sa manifestation prend une coloration différente chez la femme. C’est pourquoi la psychothérapeute Sari Solden et la psychologue Michelle Frank lui consacre un livre LeTDAH au féminin aux éditions de Mortagne. Elles ont imaginé un programme pour que les femmes qui en sont sujettes retrouvent concentration, estime de soi, confiance et exploitation du potentiel. Elles en appellent, tenez-vous bien, à la célébration de la « neurodivergence ». L’essai est émaillé de cas d’espèces pour mieux situer la problématique et ses solutions.

L’hôpital est en folie, ça rappelle un titre de film américain. C’était une comédie. Mais en réalité c’est une tragédie. Car le vieillissement de la population, un accroissement de la demande en soins et disons-le une augmentation du mal de vivre, font en sorte que l’hôpital est devenu le carrefour du pire avec des attentes aux urgences qui s’étirent sur plus d’une dizaine d’heures, un manque de personnel, celui en place épuisé et coiffant le tout, un monstre bureaucratique. On ne s’étonnera pas qu’y allant pour se faire soigner, qu’on en meure. La sociologue Corine Cauvin Renault a diagnostiqué tout ce qui ne va pas pour la rédaction de son essai qui est en même temps un programme de solutions Reconstruire l’hôpital aux éditions Érès. Une conciliation se veut-il entre normes et relation de soin. Et de débuter son ouvrage par le témoignage d’une jeune élève, confrontée à la réalité du terrain. Elle en appelle de tous ses vœux au final à la restauration des relations humaines, grand facteur de guérison. En cette période de pandémie du Coronavirus-19, son livre ne peut mieux tomber.