- FÉvrieR 2021 -
 
 

 


Richard Burton s’épanche

Notre coéditeur qui est responsable de notre section films, voyant la sortie du livre Richard Burton journal intime eu un mouvement de recul ne voyant pas l’intérêt d’une telle lecture, croyant avoir tout vu et tout entendu sur l’acteur et sa fameuse Liz Taylor.  Pour son malheur ou plutôt son bonheur il a eu une petite curiosité, ouvrant une page au hasard. Eh bien, il a été incapable de décrocher. Pour la raison que cette célébrité du septième art se dévoile avec une rare impudeur. Pour résumer comme l’a mentionné notre collègue, il n’est question que d’alcool et d’ennui. Le couple Burton-Taylor a donné naissance au phénomène des paparazzis. Ils ont été les premiers “people” de l’Histoire du spectacle depuis leur rencontre sur le plateau de Cléopâtre. Si leur train de vie est paru enviable pour le commun des mortels, ils font la démonstration que la gloire ne fait pas le bonheur. Qu’est-ce qu’ils se sont ennuyés ces deux-là. Même plus de goût pour leur carrière. Ils le faisaient pour gagner du fric, car leur train engloutissait des fortunes. Et qu’est-ce qu’ils ont bu aussi. Deux alcooliques qui se chamaillent pour donner du pep à leur existence dans but. Le grand mérite du journal de Burton c’est qu’il ne nous cache rien des coulisses de la renommée, la leur au premier chef. Burton n’a aucun orgueil, et fait montre d’un grand sens de l’autodérision. 

Richard Burton journal intime  Séguier 592p.     www.editions-seguier.fr

 

 

 


Une biographie sur le secrétaire personnel d’Hitler

Il était sur à peu près toutes les photos de groupe entourant Adolf Hitler, mais les allemands à vrai dire ne le connaissait pas. C’était Martin Bormann qui devint à force d’intrigues et de réelles compétences, le secrétaire personnel du dictateur et responsable de la conduite de la chancellerie du Reich. Il était détesté de tous dans la hiérarchie nazie pour son influence auprès du Führer. D’ailleurs on devait impérativement passer par lui pour atteindre Hitler. L’excellent historien et fin connaisseur du nazisme François Delpla raconte par le menu, l’ascension de ce hiérarque de ce terrifiant régime qui au début secondait le no. 2 du parti Rudolf Hess en gérant l’administration de la formation politique. Il était doté d’une mémoire hallucinante et maniait les chiffres avec talent. Il a su se rendre indispensable et atteindre rapidement le premier cercle du dictateur. C’est Bormann qui, pour l’anniversaire de son chef, fit construire le fameux nid d’aigle à coups de millions de marks et qui finalement ne fut visité par l’intéressé que de très rares fois, le chancelier allemand ayant le vertige. C’est aussi son secrétaire qui fit exproprier de force, quand ce n’était pas sous la menace des résidents , commerçants et aubergistes de Berchtesgaden pour permettre l’agrandissement du domaine hitlérien. Et un curieux mari. Il fit dix enfants à sa femme Gerda. Qui correspondait au voeu de la politique nataliste du Reich. Mais comme celle-ci ne pouvait plus lui donner d’autres enfants, elle consentit avec fierté que son illustre époux fasse de possibles enfants avec sa maîtresse, une actrice. Bref, ce ne sont que quelques éléments parmi d’autres qui captive le lecteur. Cet ouvrage se rangera dans la catégorie de ceux qui se vendent très bien en librairie, le Troisième Reich et tout ce qui touche de loin ou de près à cette période, suscite un intérêt qui ne se dément pas.

Et pour demeurer dans le même registre, voici que paraît aux éditions Wombat, une toute petite plaquette L’art de mentir que fit publier les Alliés anglo-américains en 1944 qui collige des mensonges éhontés proférés par messires Adolf Hitler comme Joseph Goebbels son ministre de la Propagande. Parmi les citations, le dictateur qui se défend de vouloir faire la guerre ou comme lorsqu’il se drape d’indignité quand on lui rappelle son désir d’annexer l’Autriche. Qu’il dit n’avoir en aucune façon le projet d’intégrer ce pays au Grand Reich. On connaît la suite. C’étaient les “fake news” du temps. On y trouve des illustrations du britannique Rowland Emett un des collaborateurs de la fameuse revue satirique anglaise Punch.

Martin Bormann homme de confiance d’Hitler François Delpla. Nouveau monde 409p.      www.nouvea-monde.net

 

 

 


Un grand classique du roman western

Le roman western n’a pas encore reçu toutes ses lettres de noblesse. Pourtant aux États-Unis, le genre littéraire est vénéré et à son palmarès, comme La fureur des hommes de Charles O. Locke (1895-1977) ont tiré la matière pour la réalisation de ce grand film western portant le même titre signé Henry Hathaway. Pour ce qui est du livre d’origine paru dans les années cinquante, on le considère comme l’un des vingt-cinq meilleurs livres western de tous les temps par l’association Western Writers of America. Ça raconte une histoire de légitime défense au moment où Tot Lohman défend sa peau en abattant un fils fortuné du clan des Boyd, le jeune Shorty. Qui mettra en rage sa smala. Au point que l’infortuné Tot devra prendre la fuite pour aller retrouver son paternel au Nouveau-Brunswick. Un périple chargé d’aventures. Une écriture à l’adrénaline très forte. La rudesse digne du Far-West.

La fureur des hommes
 
Charles O. Locke. Actes Sud 233p. www.actes-sud.fr

 

 

 


Un acadien sous les drapeaux dans le Jura lors de la Première Guerre mondiale

Ressortissant de la Côte d’Ivoire, Jean-Louis Gromaire s’est fixé à pas mal d’endroits, Sénégal, France, et maintenant il est établi au Québec. Il est titulaire d’un doctorat en géographie sociale. Avec plus de vingt ouvrages derrière lui il a entrepris de nous raconter dans un roman Acadissima qui narre les tribulations d’un acadien Jean-Baptiste, conscrit pour aller combattre en France au cours de la Première Grande guerre. Il n’ira pas au front directement mais rejoindra le Corps forestier canadien qui sera mobilisé dans le Jura. Une affectation à laquelle il ne s’attendait pas. De son côté, son amoureuse transie, Angelaine, tente d’en découdre avec sa mère. C’est donc une belle histoire à deux niveaux qui nous est racontée. On voit que le romancier s’est bien documenté au préalable sur l’époque qu’il décrit. Le plus qualificatif que l’on peut accorder à ce bouquin c’est que c’est un roman émouvant. Car ici les sentiments sont amplifiés par le contexte de l’époque.

Acadissima Jean-Louis Gromaire. Les Presses de l’Université d’Ottawa 361p.     www.presses.uottawa.ca

 

 


A quoi ressemblaient les femmes de Vikings ?

A proprement parler, bien peu peuvent donner la réponse. Car lorsqu’on évoque la figure de ces guerriers et explorateurs scandinaves, on a tous en tête, et surtout, ces grands gaillards, très virils avec casques d’aciers sur la tête et leurs fameuses cornes. Une image d’Épinal de mâles alpha. Et leurs femmes ? Johanna Katrin Fridriksdottir comble notre méconnaissance en lançant Les femmes Vikings, des femmes puissantes. L’essayiste islandaise est chercheuse en littérature médiévale, spécialiste des civilisations nordiques. Entre parenthèses, dès les premières lignes, on apprend que le mot drakkar qui désigne normalement les navires des Vikings est une invention du XIXème siècle qui n’a aucune correspondance avec la vérité historique. Grosso modo, elles jouissaient de droits considérables en même temps, et paradoxalement, qu’elles n’avaient pas tout à fait le même statut que les hommes.  Ce sont des femmes qui vivaient pour la majorité en milieu rural, avec le dur labeur que comporte le travail à la ferme. En clair, on leur conférait énormément de dignité. Et puis il y avait des combattantes, les fameuses valkyries dont s’est emparée la légende. L’auteure accorde beaucoup d’importance aux mythologies qui scandaient le rituel de leur existence.  Bref, on entre dans un monde totalement étranger et qui n’est pas dénué d’intérêt, notamment pour un lectorat qui se passionne pour la chose féministe.

Les femmes Vikings, des femmes puissantes Johanna Katrin Fridriksdottir. Autrement 410p.  
 

 


Enquête sur le niqab le voile intégral

Pour peu que l’on soit féministe, on a peine à imaginer ces femmes porter cette longue tunique qui ne laisse voir que les yeux, le niqab. L’affaire a suffisamment agité l’espace public en France au point que le législateur a interdit dès le 11 octobre 2010 le port de ce costume. Ce qui n’a pas été sans incident pour les femmes réfractaires à la loi, qui voulaient perpétuer leurs croyances culturelles ou religieuses. La sociologue Agnès de Féo a voulu répondre à notre interrogation légitime, à savoir comment des femmes acceptent de se couvrir de la sorte, s’interdisant de “respirer” à l’air libre. La réponse n’est pas simple, tant les motivations sont désertes. Ça nous donne en tout cas une étude formidable qui permet d’affiner notre jugement. Notons au passage que cette enquête a pris tout de même dix années, pour preuve de la profondeur de la démarche entreprise.

Derrière le niqab Agnès de Féo. Armand Colin 282p.    

 

 


Des discours qui ont marqué les esprits

L’Histoire a retenu des moments où des hommes et des femmes sont monté(e)s à des tribunes pour lancer divers messages. Certains sont devenus célèbres.  Des contributeurs, sous la direction de Andrew Burnet ont colligé arbitrairement, des allocutions parmi les plus retentissantes. Oui on trouvera ce fameux discours de Martin Luther King où il disait avoir fait un rêve. Il s’y trouve commenter. Tout comme celui de Simone Veil à la tribune de l’Assemblée nationale française exhortant les députés à voter en faveur de la légalisation de l’avortement. Mais on trouvera des perles ailleurs, venant de personnages aussi inattendus que Saddam Hussein, Benito Mussolini, Lénine, Jaurès, Ben Gourion et Angela Davis. Pas nécessairement des personnalités en odeur de sainteté comme Nixon. Il y a bien sûr, incontournable, les mots de Malraux accueillant la dépouille de Jean Moulin au Panthéon. Même Steve Jobs a droit aux honneurs. N’a t-il pas prédit qu’il allait changer durablement le monde. Une prédiction jugée sur le coup peut-être prétentieuse mais qui s’est avérée véridique. Bref, autant de grandes pointures qui ont marqué de leur empreinte verbale.

50 discours qui ont marqué notre époque Collectif. Armand Colin,  319p.

 

 

 


Jean-François Lisée se fait historien du Québec moderne

Jean-François Lisée on le voit bien, occupe très bien sa retraite de la politique. L’ex chef du Parti québécois s’est mué en historien aux éditions Carte blanche, et sa nouvelle peau lui va comme un gant. Et ce n’est pas un travail de dilettante, bien au contraire. Il s’est donné la rigueur voulu pour enrichir son sujet avec le plus de documentation possible. Nous avons eu précédemment de lui Insurrection appréhendée avec pour sous-titre « Le grand mensonge d’Octobre 1970 ». Il nous rappelait le désaccord de la GRC à l’instauration de la Loi sur les mesures de guerre. Les Pierre-Elliott Trudeau et Robert Bourassa firent la sourde oreille. Et autorisant ainsi ces mesures coercitives, ils infligèrent à la population du Québec une sorte de traumatisme et réussirent à faire mettre genoux en terre, aux velléités indépendantistes. Un travail remarqué. Le tome 4 de sa saga du Québec contemporain Guerre froide, P.Q. la CIA, le KGB et l’énigme québécoise ouvre des pages méconnues du travail des espions de tout poils en territoire québécois. On fait connaissance entre autres avec Anatoly Maximov, délégué commercial de l’Union soviétique de 1969 à 1972, qui avait son bureau boulevard Pie IX et qui se livrait pour l’essentiel à l’espionnage industriel. Toute une histoire souterraine qui ressurgit sous le clavier de Lisée qui en apprendra à beaucoup à plusieurs. En fin d’ouvrage, tout comme pour le précédent, il nous gratifie d’une bibliographie pour ceux qui aimeraient explorer plus loin le sujet. Chapeau au travail de recherche préliminaire qui a mené à la rédaction de ces deux ouvrages. Un véritable devoir de mémoire où en dépit de notre devise « Je me souviens » on a le tort d’être affligé d’amnésie collective.

 

 

 


De quoi réfléchir encore sur la loi 21

Elle n’a pas fini de faire couler de l’encre cette fameuse loi 21 promulguée par l’Assemblée nationale du Québec le 16 juin 2019 qui interdit le port d’accessoires religieux pour les fonctionnaires de l’État ou des secteurs parapublics, de même qu’elle exige le visage à découvert. On pensait ainsi clore le débat, mais c’était ouvrir une boîte de Pandore avec des contestations juridiques à n’en plus finir. Mais au fond, quoi penser de tout cela. Pour nourrir la réflexion et trouver sinon la, mais des réponses, nous vous invitons à vous procurer Les enjeux d’un Québec laïque un essai en collectif sous la codirection de Lucia Ferretti et François Rocher. Les collaborateurs proviennent de divers champs professionnels, apportant chacun un angle de vue. Il y a bien eu la Commission Bouchard-Taylor qui a amené énormément d’eau au moulin de la discussion, mais la proclamation de la loi n’a que ravivée d’autres sons de cloche qui demandaient à faire entendre leurs voix. Ce livre est une pierre à l’édifice de la sacro-sainte égalité des droits.

Les enjeux d’un Québec laïque Collectif sous la direction de Lucia Ferretti et François Rocher. Delbusso éditeur 297p.      www.delbussoediteur.ca

 

 

 


L’Histoire par le biais du jeu vidéo, vérités historiques et influences

Alors que sévit « la pandémie » Covid-19, les jeunes et moins jeunes en confinement ou semi-confinement, eux qui consacraient déjà des heures innombrables rivés sur leur console de jeu vidéo, sont maintenant complètement happés par la chose. Avec des conséquences dont on n’a pas fini de mesurer les dégâts. On en voit déjà des signes précurseurs. Par ailleurs il y a les contenus. Un livre sort qui s’est attaché à faire l’analyse de la vision de l’Histoire proposée par les concepteurs. Et aux fins de l’étude on a choisi le cas d’espèce du jeu, sans doute le plus populaire qui soit Assassin’s Creed. Sous la direction de Marc-André Éthier et David Lefrançois on a réuni un aéropage de personnes qui ont un mot à dire, des historiens et des gens au plus près de la création de ce divertissement. Et vous allez voir que la réflexion va très loin. Il est vrai, et un consensus se fait là-dessus, que ce célébrissime jeu est terriblement séduisant tant on y a mis les moyens. Maintenant répond-il à la vérité historique ? Des commentaires se font aussi entendre que cela peut générer des vocations, sinon d’historiens, mais de passionnés d’histoire. Il faut savoir au passage que les profits engendrés par les jeux vidéo ont largement dépassés ceux de l’industrie cinématographique en perte de vitesse.

Le jeu et l’Histoire Assassin’s Creed vu par les historiens. Collectif sous la direction de Marc-André Éthier et David Lefrançois. Delbusso éditeur 270p.     www.delbussoediteur.ca

 

 

 


Vingt-cinquième anniversaire de l’État du Québec

C’est maintenant un rendez-vous doux depuis un quart de siècle avec ces éditions de L’état du Québec dont paraît celle de 2021. Une démarche dont le résultat s’apparente en une sorte d’almanach avec différents sujets pour comprendre les enjeux dominants pour l’année en question dans la Belle Province. Et la Covid-19 va influencer bien évidemment le contenu éditorial. On se risque à mesurer les conséquences qu’elle aura sur la relance de l’économie, si relance il y a d’ici la fin de l’année. On s’interroge de même sur les effets directs et corollaires concernant les politiques sanitaires et les menaces consécutives pour la démocratie. L’écologie y trouve sa place avec des idées pour freiner le réchauffement climatique. Et puis bizarrement ce n’est pas un titre périssable car on aura à cœur de conserver ces éditions afin de mesurer a posteriori qu’est-ce qui préoccupaient nos intellectuels telle ou telle année. La cuvée de cette année est riche de par la qualité des sujets et ceux qui signent les articles.

L’État du Québec 2021 La relance du Québec en 25 thèmes. Institut du nouveau monde|Delbusso éditeur 235p.     www.delbussoediteur.ca

 

 


Une bonne entrée en matière pour connaître la philosophie

Nous saluons toutes les initiatives qui permettent de combler le vide abyssal en matière de culture générale dans le système scolaire. Et la philosophie est une science humaine qui écope particulièrement au niveau du secondaire. Mais c’est à dessein de la part des gouvernements qui n’aiment pas trop que le vox populi sachet et pose des questions. Mais bref, voici un fin connaisseur en la matière Claude Gagnon qui a brossé pour nous Portraits de philosophes. S’il  y a comme de raison les grandes pointures incontournables du domaine, il s’attache à nous instruire de la pensée de maîtres contemporains, dont Edith Stein à qui il consacre des pages qui valent le détour. C’est une belle porte d’entrée pour qui veut aller plus loin ensuite dans la recherche.

Portraits de philosophes Claude Gagnon. Éditions Carte blanche 182p.   www.carteblanche.qc.ca

 

 


Tenir parce que rien n’est facile

C’est en grande partie le credo d’Anthony Omenya ressortissant français qui a voulu goûter au rêve américain. Son parcours a été assez chaotique, avec une santé vacillante qui ne lui a pas permis de se réaliser tant comme il aurait voulu, tant dans le sport qu’en musique. Mais s’il a chuté, c’était sans compter sa force de résilience. Et s’il a compris une leçon c’est bien celle que rien ne se fait sans y mettre les efforts et surtout ne pas céder à la première déconvenue. Aujourd’hui il s’épanouit comme consultant en application numérique. Son entreprise, Omenya consulting connaît d’heureux jours. C’est de tout cela dont il nous entretient dans son premier ouvrage Faire la différence. Une petite plaquette riche d’expériences. Ce bouquin se situe dans le créneau du développement personnel. On ne perd jamais son temps à connaître ce qu’on vécu les autres pour s’approprier leur savoir.

Faire la différence Anthony Omenya. Les éditions de l’Apothéose 106p.   www.leseditionsdelapotheose.com

 

 


Un premier roman et déjà une adaptation au cinoche

Il semble que pour Ocean Vuong les fées se soient penchées sur son berceau. En effet son tout premier roman Un bref instant de splendeur qu’édite en version française Gallimard est à peine sortie des presses que le cinéma s’empare de son sujet pour le porter au grand écran. Et il y a de quoi faire un bon film tant l’ingrédient premier est d’avoir une bonne histoire. Jugez vous-même. C’est un jeune eurasien américain fils d’un GI et d’une vietnamienne qui écrit une longue lettre à sa mère qui ne pourra en prendre connaissance étant analphabète. Il va reprendre dans ses lignes ce qu’a été cette saga familiale. Puis il rendra compte de son amour pour les gens de son sexe. L’homosexualité dans une culture asiatique ne fait pas toujours bon ménage. Mais il assume. Une violence certaine cohabite avec de la résilience, voire un désir d’apaisement face à un passé familial tumultueux dont une grand-mère schizophrène pour cause de bombardements. Une entrée en littérature qui se fait sur un coup de tonnerre.

Un bref instant de splendeur Ocean Vuong. Gallimard 287p.

 

 

 


Tout ce que vous vouliez savoir sur James Bond et n’osez demander

 En voilà un livre qui est assuré de cartonner au vu de son sujet le fameux James Bond. Le célèbre agent 007 créature de Ian Fleming a toute une histoire derrière lui avec des anecdotes à la pelle, assez pour garnir des pages entières. Ce qui donne au final Son nom est Bond, James Bond de Kevin Collette un incollable qui est dit-on très proche des héritiers du défunt écrivain. C’est même étrange qu’un tel ouvrage ne soit pas paru plus avant. Mais on ne s’en plaindra pas tellement nous prenons un plaisir à découvrir des secrets de coulisses, comme lorsque Fleming passa l’arme à gauche en pleine ascension de son personnage fétiche au roman tout comme au grand écran. On ne voulait pas interrompre le filon. Un petit casse-tête pour la succession qui devait confier à un autre auteur de pérenniser les aventures de l’espion britannique. On ne s’ennuie pas une seconde à cette lecture. Et pour les accrocs de l’agent 007 c’est comme plonger les mains dans une bonbonnière.

Son nom est Bond, James Bond Kevin Collette. City 286p. 

 

 

 


Sur l’étrange mort de Sophie

Anne Grondines a été d’abord musicienne puis convertie vers l’enseignement. Mais c’est une dynamo incarnée. Et en dépit de ses charges familiales, elle a trouvé le temps de concocter un thriller policier, son noviciat dans le monde des lettres. Et qui tourne autour de la mort d’une jeune femme Sophie, qui était allée sur le Mont-Royal pour des retrouvailles et trouvée morte le lendemain. Au moment des faits. on avait conclu à un accident mortel. Mais ce constat n’est pas celui attendu par les proches et notamment son amie Isabelle. Vingt-trois ans plus tard, c’est l’ouverture d’une enquête. L’occasion pour Isabelle de livrer sa vérité sur cette affaire troublante. En gros c’est une histoire classique mais bien ficelée. La qualité de l’écrivaine se démarque ici par le fait qu’elle est une excellente dialoguiste. On la soupçonne d’être une cinéphile. Ce qui dynamise le récit des événements. Comme premier pas en littérature, ça regarde bien. Les amateurs de romans policiers sont ici en bonne compagnie.

Elle est morte à 11H 11 Anne Grondines. Les éditions de l’Apothéose 396p.    www.leseditionsdelapotheose.com

 

 


 Se cultiver sur le bol de toilette

Ça l’air fou comme ça, mais très sérieusement un de nos co-éditeurs a déclaré un jour que le quart de sa culture générale provenait des moments de lecture passés sur le bol de toilette. En ajoutant que s’il fallait évacuer par le bas, autant remplir par le haut. Eh bien il n’est pas le seul à trouver que ce moment d’intimité peut-être occupé très sérieusement. En effet  Annie Pastor nous livre le tome 2 de 1000 pages pour ne plus vous ennuyer aux WC. C’est une idée géniale de colliger des textes de pure culture générale provenant de tous les horizons. Tout en vous affairant de façon intestine vous pouvez en savoir plus sur le mythe du saucisson d’âne, la surveillance par Big brother ou bien sur les oeufs Fabergé. Instructif est peu dire. C’est une véritable mine d’informations. Le petit problème, vu le poids du bouquin et sa reliure broché standard vous risquez une petite tendinite. Mais c’est peu de choses en regard de la somme de savoirs disponible.

1000 pages pour ne plus vous ennuyer aux WC Annie Pastor. Hugo www.hugoetcie.fr

 

 


L’autopsie de Bombardier

Bombardier qui était un des fleurons de l’industrie québécoise agonise sous nos yeux. Et l’actualité de nous rapporter que des scandales la concernant, dont le non moindre est la prime pharaonique accordée à l’avant PDG qui pourtant a contribué à couler le navire. Une leçon étrange de récompenser la non compétence. Daniel Bordeleau qui a longtemps traité d’économie à la salle des nouvelles de Radio-Canada revient sur les faits douloureux entourant la chute de ce géant des transports. Et dire qu’avec la C Series on croyait, excusez le jeu de mots facile, que l’entreprise allait s’envoler. Airbus n’en a fait qu’une bouchée. Un décryptage d’erreurs épouvantables. Et dire que tous ces administrateurs ratés ont en poche au moins un secondaire V!

Bombardier la chute d’un géant Daniel Bordeleau. Fides 196p.    www.groupefides.com

 

 


Un récit qu’aurait bien aimé La Boétie

La Boétie était le grand ami de Montaigne et il consacra leur amitié par cette sentence “parce que c’était lui parce que c’était moi”. S’il avait eu connaissance du récit d’Erin Moure il aurait savouré, car cette auteure dans Toots fait la shiva avenue Minto rend hommage à un illustre inconnu Paul-Émile Savard, un petit homme qui a eu bien des misères en ce bas monde. Elle a décidé de lui rendre un tribut chargé d’humanité. Car il ne l’a pas eu facile, logeant dans des endroits miteux mais qui ne diminuait en rien sa personnalité attachante. Beaucoup d’artistes dont Aznavour ont rappelé que le monsieur ou madame tout-le-monde a chacun son histoire à raconter. Lui Savard n’a pas eu cette chance. C’est donc l’amie très chère qui a choisi de raviver son souvenir. Ce qu’il y a de bien dans ce livre qu’on vous recommande au-dessus de toute autre publication, c’est la richesse de l’observation, des moeurs d’une époque, des lieux choisis, que ce soit le quartier NDG, l’Abitibi ou Vancouver. Cette écrivaine a un talent fou. Le seul regret, c’était trop court. On aurait bien pris 500 pages.

Toots fait la shiva, avenue Minto Erin Moure. Éditions du Noroît 150p.    www.lenoroit.com

 

 

 


Du drame de vivre dans le regard des autres

La protagoniste du second roman de Karine Geoffrion “La valse” aurait eu intérêt à méditer sur la chanson “Tu trouveras la paix dans ton coeur et pas ailleurs”, mais pour son malheur, cette femme qui offre toutes les apparances de la réussite, le chic en prime, vit dans le regard des autres. Et dans celui de sa soeur qui se sépare de son conjoint pour cause d’adultère avec une jeunette. Rien de bien étrange de nos jours.  Mais c’est que ce bris conjugal aura un effet quelque peu dévastateur chez la première. Soudainement c’est comme si le sol vacillait sous ses pieds. L’assurance qu’elle affichait n’était donc que pure parade. La romancière a le talent de vampiriser cette femme instable. Elle rend bien les tourments qui l’habitent. C’est un court roman qui montre bien que sa valeur ne tient pas au nombre de pages mais à la densité des messages qu’il véhicule. Si vous êtes du type insécure vous allez être en pays de connaissance. On nous rappelle que tout ici bas est un prêt.

La valse Karine Geoffrion. Les éditions Sémaphore 102p.     www.editionssemaphore.qc.ca

 

 


Second volet au roman d’anticipation Tricheurs d’élite

Sans tambours ni trompettes Louise Gauthier est entrain de gagner ses galons dans le registre des romans d’anticipation. L’ingrédient premier étant d’avoir de l’imagination et elle en a à revendre. Elle nous arrive avec le second tome de sa saga Tricheurs d’élite qui a pour titre Génies. Le pouvoir en place dans ces pages veut déshumaniser les sans-caste. Déjà ce simple fait a de belles résonances en rapport avec ce que nous vivons aujourd’hui. Mais ce funeste projet de gouvernance n’est pas de l’heur de trois rebelles qui voudraient bien sonner l’alarme auprès de la population. Mais chez cette dernière, il y a comme une certaine apathie rebutante, propre à décourager les plus fervents. Il y a un être qui a peut-être la recette pour cet éveil mais il demeure pour l’instant introuvable. On se met donc à sa recherche. Et comme ça se passe souvent dans ce genre d’aventures,  le premier ennemi est le temps. Voilà pour la trame. L’action vous pensez bien ne manque pas. Aux amateurs du genre vous serez comblés.

Tricheurs d’élite Génies. Les éditions Goélette 391p.     www.boutiquegoelette.com

 

 


L’amour qui s’affiche

Linda Mestaoui a eu la bonne idée de colliger des photos de murales publiques illustrant le sentiment amoureux sous diverses déclinaisons. Street art, mon amour est la résultante d’une belle recherche aux quatre coins du globe. Et quelle galerie de talents! Si au début pour le passant on considérait de telles peintures comme des agressions sur des immeubles, l’esthétique a eu raison de tout, et on considère maintenant ces oeuvres de rue comme une embellie urbaine. Et ici plus que jamais concernant l’amour, une image vaut mille mots et bien davantage.  Et l’auteure ne s’est pas contentée de ficher en photos ces peintures, on trouvera en fin d’ouvrage une notice de présentation pour chaque artiste retenu.

Street art, mon amour Linda Mestaoui. Pyramyd 127p.   

 

 

 


Une agréable façon de contrer la hausse du panier d’épicerie

Il y a un consensus actuel, surtout avec cette pandémie, à savoir que le panier d’épicerie connaît un coût exorbitant. Qui en pousse plusieurs à jongler avec l’idée de faire sa propre culture maraîchère maison. Si vous voulez concrétiser cette perspective, nous vous recommandons fortement Potager du jardinier paresseux de Larry Hodgson qui fait figure de sommité comme horticulteur et à qui on doit, excusez le jeu de mots facile, une floraison d’ouvrages à destination de ceux qui ont le pouce vert. Ici c’est justement pour une clientèle qui n’a pas forcément la vocation mais qui veut pouvoir jouir d’un résultat de récolte avec un minimum d’efforts. Vous avez tous les conseils préliminaires et les trucs pour ne pas rater le coche. La première partie est constituée d’une théorie de base à posséder, les fondements de la mise en terre. Suivi de conseils pratiques touchant tel ou tel légume, comment faire pousser une carotte, un oignon, une pomme de terre. Des basiques de la table quoi. Et au final aussi, une sacrée différence de goût.

Potager du jardinier paresseux Larry Hodgson. Broquet 160p.    www.broquet.qc.ca

 



 


Le coin Miam miam

Des basiques pour cuisiner sans que ce soit une corvée. Hélas ce qu’on ne vous avait pas prévenu, avec votre naissance c’est que vous devrez vous nourrir au moins trois fois par jour, sinon deux et que ce ne sera pas toujours une partie de plaisir. Encore pire, si vous devez assurer la substance de votre famille...Pour alléger ce fardeau Lucie Baladier aidée par la conseillère en nutrition Nathalie Mertens a conçu ce petit guide plein de débrouillardise avec des trucs basiques qui à la limite, risquerait de transformer cette charge en petit plaisir. Simplifiez-vous la cuisine!, annonce la couleur. Pour faire en sorte d’économiser du temps précieux et de faire une bonne récupération des aliments.  C’est aux éditions Goélette.

Chez le même éditeur un autre tandem conjuguent leur savoir dans Boîtes à lunch véganes. Il s’agit de Gabrielle Fortin et Didier Brassard. Déjà qu’il y a la routine des lunchs qui peut devenir un casse-tête, en plus si on est de vocation végane, oh là, là! Eh bien peut-être la solution tient-elle dans ce livre où on vous propose de succulentes choses à se mettre en bouche et santé de surcroît comme ces sandwichs au tofu à la vietnamienne, les fameux banh mi, le bol mexicain et le cari de pois chiches et légumes. De la variété qui prend sa source dans les cuisines du monde.

Nous en connaissons parmi nos proches qui n’ont plus recours au fourneau et qui ne jurent que par l’autocuiseur. Il est vrai que cet accessoire de cuisine s’est imposé avec les ans, et est devenu aussi révolutionnaire dans les cuisines. Dana Angelo White en connaît un rien sur ce bidule et nous fait partager généreusement son savoir dans Cuisine santé avec votre autocuiseur Instant Pot. Il s’agit bien entendu d’un livre commandité, qu’importe, l’essentiel, peu importe la marque, que vous connaissiez l’ABC de ce qu’il faut faire avec. C’est donc un livre de recettes fabuleux avec des gourmandises, c’est le qualificatif, comme ce barbecue de boeuf à la coréenne, la chaudrée de crevettes ou bien des saucisses de poulet aux poivrons et oignons. Et là on évoque des plats de résistance, c’est sans oublier que l’on peut se concocter de formidables petits déjeuners. Aux éditions Broquet.

Et pour conclure un véritable joyau de cuisine patrimoniale Liban de Tara Khattar une cheffe de renom qui voulait mettre à la disposition, la tradition culinaire de son pays natal. Elle n’avait jamais oublié, enfant, ce que ses grands-mères lui cuisinait. Elle aura beaucoup voyagé et bien qu’elle goûta et préparait des mets occidentaux dignes des grands hôtels, elle s’ennuyait de la cuisine d’antan. De temps en temps elle appelait ses aïeules pour leur demander la manière de faire tel ou tel plat. Bref, elle a consigné dans ce beau livre richement édité chez Hachette des recettes goûteuses et authentiques. Ce qu’il y a de bien avec ces cuisines orientales, c’est qu’elle requiert des ingrédients peu coûteux et de préparation facile. On a salivé rien qu’à voir la fattouche, cette salade à la mélasse de grenade. Et vous irez de découverte en découvertes.

 

 


A la découverte des parcs nationaux du continent nord-américain

Avec les livres et guides d’Ulysse on nous a appris à tutoyer l’excellence. En voici un qui maintient ce niveau de standard Les 150 plus beaux parcs nationaux d’Amérique du Nord. Ce magnifique album, fruit d’un travail en collectif, répertorie ce que la nature sauvage aux États-Unis et au Canada a de plus spectaculaire. Dommage que cette fichue pandémie ne nous permette pas d’aller apprécier de visu ces panoramas grandioses. Heureusement on peut se rabattre sur ces photos qui, même si ça fait cliché, valent mille mots. Ce qui frappe au premier regard c’est l’espace. Des hectares à perte de vue avec pour chacun un écosystème. Les textes qui soutiennent les illustrations sont une mine de renseignements. Il y a aussi des notions d’histoire, car on donnera le cas échéant la date de création du statut de parc national. Des politiques qui ont eu pour effet de préserver ces endroits des prédations de l’homme, le pire ennemi de la nature. Un jour on nous permettra sans doute de pouvoir voir du pays, cet album autorise tous les futurs fantasmes du voyageur et aidera, à la préparation des itinéraires.

Les 150 plus beaux parcs nationaux d’Amérique du Nord Collectif Ulysse 255 p.  www.guidesulysse.com

 

 


Cinq pièces de théâtre inédites d’Hubert Aquin

Avant d’attaquer le vif sur sujet qui est un devoir de mémoire, rappelons que celle-ci est une faculté qui oublie. A preuve un documentaire récent tourné à Novosibirsk en Sibérie, alors qu’un reporter à l’occasion d’un micro-trottoir, demandait à une jeune bimbo qui était Lénine, qui n’en savait rien. Alors en projetant peut-on imaginer un cas d’espèce ce que répondrait un adolescent québécois à la mention du nom d’Hubert Aquin. Et c’est la raison pour laquelle nous saluons les éditions Leméac d’avoir soutenu le travail de François Harvey pour sa présentation de cinq pièces inédites de théâtre d’Aquin. Lui qui déjà à la Bibliothèque québécoise nous avait offert une somme théâtrale d’un millier de pages de ce dramaturge et écrivain, parfois acteur. Une oeuvre sombre venant de quelqu’un “atteint” de lucidité. chronique, qui décidera comme on sait de mettre fin à ses jours. Le drame des hormones, titre de la première pièce est une recréation de la Genèse à la sauce Aquin. Il faut lire la préface d’Harvey qui narre ce qu’a été la présence du théâtre dans la vie de cet homme tourmenté. Ça vaut le détour et nous donne le goût d’approfondir la connaissance de l’être et du créateur.

Théâtre Hubert Aquin. Leméac 261p.     

 

 


Sur Jules-Paul Tardivel

Il n’y a pas plus belle illustration de ce qu’il y a eu de pire comme idéologie catholique que l’ultramontanisme où ce qui vient de Rome a préséance sur tout, notamment le politique. Et parmi les laïcs qui soutenaient cette vision du monde, se trouvait Jules-Paul Tardivel (1851-1905) qui déjà à 54 ans, entrevoit sa mort, se disant usé corporellement mais aussi par les attaques de ses adversaires, même d’amis qui avaient changé de camp, ne partageant plus sa vision rétrograde du monde. Journaliste, il a été à la tête de son journal au titre présomptueux “La Vérité”. Lui qui prétendait qu’un journal pouvait faire du tort (s’il était opposé à ses idées) oubliait qu’il en a occasionné  lui-même énormément. A travers cette biographie de Dominique Marquis à qui on doit un livre sur l’histoire de l’Action catholique c’est tout un passé du Québec obscurantiste qui ressurgit et comment cette forteresse moralisante a fini par vaciller.  On a peine à imaginer les sornettes qui étaient véhiculées à cette époque, surtout la seconde moitié du XIXème siècle. Avis aux passéistes du monde présent qui affirment que c’était mieux avant…

Jules-Paul Tardivel l’homme public et l’homme privé (1851-1905) Dominique Marquis. Leméac 234p.   

 

 


Frédéric Mitterand sur le frérot atteint du virus de la Covid-19

L’auteur et ancien ministre de la Culture ne pouvait pas être plus de son temps qu’en publiant un ouvrage sur la pandémie actuelle, d’autant que son propre frère a été atteint de plein fouet. Cela donne Une drôle de guerre, sorte de journal où ce mémorialiste raconte les déboires de santé du frérot mais aussi les résultantes du confinement et autres mesures sanitaires. Que dire de cette démarche livresque ? Sans nier l’existence du virus, il faut le circonscrire à ce qu’il est, touchant des êtres déjà vulnérables mais pas aussi dévastateur, que peut l’être une grosse grippe. Au moment d’écrire ces lignes, Mitterand anticipait une seconde vague. Le livre qui sera intéressant à lire dans un futur rapproché, et peut-être le pourrait-il sous la plume du même homme, ce sont les vérités post-mortem qui vont ressurgir quand on apprendra qui en aura tiré des bénéfices et à quels contrôles épouvantables les sociétés auront été soumises. Et surtout les conséquences épouvantables qu’elles ont engendrées, le remède étant souvent pire que le mal. Bref, c’est à lire oui, mais dans une contextualisation.

Une drôle de guerre Frédéric Mitterand. Robert Laffont 434p.     www.laffont.ca

 









 


Le coin de la BD

C’est d’une cuvée exceptionnelle dont il est question cette semaine du côté de la BD. A commencer par la parution chez Glénat du tome 2 de l’intégrale des Boumeries de Samantha Leriche-Gionet alias Boum qui est une success story sans pareil dans l’univers du web. Elle se met en scène avec son amoureux. Et là va surgir un troisième personnage dans son petit microcosme, l’arrivée de sa fille Margot. Cet album couvre les années 2012-2015. A propos de sa maternité, la bédéiste craignait d’ennuyer son monde avec ce sujet. Bien au contraire, elle a vu que cela interpellait pas mal de gens. Et puis qu’elle le veuille ou non, elle ne pouvait faire fi de cette enfant qui a chamboulé son existence. Ses dessins basiques et les réflexions de son héroïne font penser à Peanuts de Charles Schulz. Les pairs du domaine ne s’y sont pas trompé qui ont accordé à Boum une rafale de distinctions.

Chez Glénat toujours dans la saga La part de l’ombre le premier volet de deux intitulé Tuer Hitler du duo Patrice Pernat et Francisco Ruizge. C’est l’histoire authentique du suisse Maurice Bavaud, très beau jeune homme, qui a projeté d’assassiner Hitler en novembre 1938. Il va profiter d’un rassemblement nazi pour s’approcher du dictateur mais il en sera empêché par la foule des admirateurs brandissant le salut nazi. Il renonce finalement à son plan. Prenant le train de retour, un contrôleur remarque qu’il n’a pas de papiers en règle. Arrêté et remis à la Gestapo c’est sous la torture qu’il avouera ce qu’il projetait. Il sera guillotiné. Et pour la petite histoire l’ambassadeur suisse en Allemagne pronazi, ne lèvera même pas le petit doigt pour tenter de le sauver. C’est donc de tout cela dont il est question. Un beau tribut à cet être épris de liberté qui en a payé le prix de sa vie.

 

Les deux prochains titres sont édités chez Dupuis. De Paka et Cyprien Iov c’est le tome 3 de  Roger et ses humains. Si vous ne connaissez pas encore Roger qui donne son nom à cette série loufoque, il s’agit d’un petit robot, très serviable, capable de rendre à peu près tous les services imaginables. Et quelquefois il s’empêtre dans des situations en apparence inextricables. Dans ce tome il sera partie prenante de seconder Florence et Hugo qui ont décidé de devenir entrepreneurs. On sourit énormément.
Et un classique de la BD ce sont les aventures de Black Danny du trio Lebras, Marniquet et Zumbiehl. Ceux qui aiment l’action vont être servis. Au départ nous nous retrouvons aux derniers jours de la guerre en avril 1945. Un général allemand à la tête d’une petite unité, va procéder à l’évacuation de Pologne d’une arme secrète. Ensuite un saut dans le temps en 1953 aux États-Unis alors que l’on attelle à la conception d’un avion supersonique à la base, le Sea dart. Et au moment où on apprend qu’il y aurait une base secrète nazie encore en opération sur les flancs de l’Altiplano. C’est un euphémisme que de dire qu’on ne s’ennuie pas une seconde.

Deux albums cette fois chez Dargaud. Murena du triumvirat Dufaux, Theo et Delaby. Au passage Delaby n’est plus de ce monde, Theo ayant pris le relais, mais son nom figure à titre de paternité. Nous sommes plongés dans la Rome de Néron qui vient d’incendier sa capitale. Murena est l’ami de l’empereur, mais soudainement il a disparu. La rumeur qui parvient à Néron c’est que ce qu’il croyait être une âme soeur fomentait un plan pour le détrôner. La réalité est toute autre, tandis qu’il fuyait tout simplement une femme entreprenante. Mais il n’en demeure pas moins que la tête de Murena est mise à prix. Voilà pour la trame de fond captivante.

L’autre titre est un changement d’univers avec Mémoire rechargée de la saga XIII du duo I. Jigounov et  Y. Sente qui ont repris le flambeau des créateurs d’origine William Vance et Jean van Hamme. Quand on pense aux événements qui se sont déroulés au Capitole, on croirait cette BD prémonitoire. En effet, une organisation ultra-conservatrice répondant au nom de Mayflower veut s’emparer de la Maison-Blanche. Cette faction est dirigée par un sénateur complotiste. Notre héros Jason Mac Lane alias XIII infiltre l’organisation. On lui demande d’abattre le pape en visite. Il va le toucher d’une balle au bras. La sinistre organisation va atteindre son but et le sénateur véreux occupera le Bureau ovale. Et de là, de reprogrammer le cerveau de l’agent XIII pour mieux servir leurs sombres desseins.

Et nous sommes en terrain connu avec Michel Vaillant aux éditions Graton. Le trio Lapière, Benéteau et Dutreuil nous éblouit avec Duels. Ici le duel au pluriel n’est pas entre le pilote automobile et ses adversaires potentiels de d’autres écuries de courses, mais bien contre son propre coéquipier Daniel Farid, un jeune prodige du volant dévoré d’ambition qui fait tout pour tasser le “vieux”.  Vous allez voir comment Vaillant va réagir. Il n’entend nullement se laisser mettre sur la touche par ce freluquet.

Chez La Pastèque une tendre histoire celle de Crevette fruit de l’imagination de la bruxelloise d’origine bretonne Elodie Shanta. Il faut savoir que la maman de son personnage central est assez déjantée, sorcière et vouée à toutes les subtilités de la parapsychologie. Et sa fille ira à l’école des sorcières un peu comme dans Harry Potter. Mais l’auteure avec Crevette les premières années s’attache à la genèse de la formation de Crevette. Elle est l’altruisme incarnée. Tant mieux au moment où on réclame de l’humanité de se soucier des autres. Voici un beau modèle.

 

 

 


Une nouvelle affectation pour un chien de berger

C’est curieux, Tchiko un conte pour enfant débarque en librairie alors que l’actualité en France nous apprenait qu’une application numérique fixée autour du cou d’un mouton de tête, éliminait le recours au traditionnel chien de berger lors d’une transhumance. Eh bien ça n’arrivera peut-être pas au chien Tchiko dans l’immédiat, mais pour le moment son maître n’a plus de moutons à faire garder. Par contre, on réaffecte le gentil canidé à la surveillance de deux enfants, Jean-Jean et Olive. Le toutou est un peu désarçonné car des petits ça ne se comporte pas comme des moutons. Il va lui falloir s’adapter. On doit cette historiette au duo Benjamin Adam et Marion Barraud. C’est chez La Pastèque.

Tchiko Benjamin Adam et Marion Barraud. La Pastèque  www.lapasteque.com

 

 






 


Le coin spiritualité

Chez l’éditeur Artège deux titres nous parviennent. D’abord une monographie Petite vie de Jean-Paul 1er de Christophe Henning sur ce pontife au si court règne.  Le biographe qui s’attache aux grandes figures du catholicisme, nous avait donné une monographie semblable sur le pape Paul VI. Sa mort après seulement 33 jours sur le trône de Pierre a nourri bien des fantasmes dont celui d’un...assassinat pour cause que ce pape, surnommé le pâpe du sourrire aurait eu le projet de faire un ménage dans les affaires de la Curie. En réalité sa santé était déjà précaire et c’est un élément qu’on avait largement négligé lors du Conclave. Une belle lecture qui nous fera aimer davantage cet homme marqué au sceau de la simplicité, le premier étonné à se retrouver dans cette haute fonction.

Voici cette fois un traité sur la Providence divine Venez à moi vous tous qui peinez sous le poids du fardeau de l’abbé Pierre Descouvremont attaché au diocèse de Cambrai. Et qui a passé beaucoup de temps auprès des jeunes dans ses diverses missions pastorales. Il constate cette évidence qu’on se sert souvent de Dieu quand les choses tournent mal, l’oubliant le reste du temps. Mais Dieu est une constante d’amour pour sa Création. Au moment où un certain désespoir s’empare d’une large part de la population en marge des mesures sanitaires pour cause de pandémie, cette lecture est une belle occasion de renouer le lien avec Dieu et de le voir pour ce qu’il est.  Excusez le jeu de mots facile, mais c’est une lecture providentielle.

Un jour un de nos rédacteurs avait proposé à un magazine de recueillir les commentaires de trois femmes nonagénaires afin de connaître leurs impressions sur la vie actuelle. Et la rédactrice en chef, championne de la procrastination avait décidé de remettre cela à plus tard au grand dam des proposeurs…Heureusement chez l’éditeur Artège on a eu cette intelligence de ne pas attendre, car on a demandé au prêtre et communicateur bien connu Stan Rougier de nous livrer sa réflexion sur l’existence et la sienne. Au souffle des Béatitudes le maître mot qui revient, citation à l’appui, c’est celui de Joie. C’est donc un regard optimiste qu’il propose en guise de testament spirituel. Le titre d’un chapitre est même un rappel que nous n’avons pas d’autre devoir que la joie. A près de 91 ans, on a droit à la fois au respect et surtout à être entendu.

Aux adeptes de la numérologie voici un ouvrage qui ne manquera pas de vous fasciner. Il s’agit de Celui qui n’avait qu’un seul talent. Son auteur le journaliste, écrivain et traducteur Luc de Goustine s’est amusé à relever la présence des nombres dans le Nouveau Testament. La bande promotionnelle ceinturant l’ouvrage nous dit bien de son contenu « Le sens spirituel des nombres bibliques dévoilés ».  De Goustine se défend bien de faire dans ce qui apparaîtra comme de l’ésotérisme. Il y voit plutôt une cohérence de Dieu envers l’humanité. En tout cas, s’il y a ici une interprétation numérique, reste que l’exercice vaut le détour.

Ailleurs c’est une figure bien connue du public qui s’exprime Mgr. Patrick Chauvet archiprêtre de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Un homme qui a l’habitude de prêcher divers messages de consolation et d’espoir. Il nous arrive avec Silence de dieu silence des hommes qui tente de répondre à une interrogation que nous nous sommes faits un jour où l’autre, à savoir comment expliquer le silence de Dieu face au mal dans le monde ? Là est la question. Et ce prêtre qui a vu sa cathédrale cerclée de flammes avait tout lieu de désespérer. Si nous sommes agités intérieurement, pouvons nous entendre la parole divine ? Dieu et le mal, un sujet d’une récurrente actualité.

 

 

 


 Variations sur des cataclysmes annoncés

C’est une lapalissade de souligner que les questions environnementales sont tendances. Dans quelle mesure on s’en alerte est une autre chose. En tout cas, douze voix se font entendre où plutôt lire sous la direction de Catherine Voyer-Léger à qui on doit un essai phare sur la critique culturelle au Québec. Douze gens de lettres se sont prêtés à l’exercice de vivre l’environnement et coucher leurs réflexions. Ce qui donne un petit opuscule En cas d’incendie. Ces textes courts sont parfois comme des nouvelles, parfois comme de la poésie en prose, selon la sensibilité du signataire au sujet commandé. Une pierre de plus à l’édifice de la mise en garde écologique.

En cas d’incendie Catherine Voyer-Léger. Prise de parole 95p.     www.prisedeparole.ca

 

 


De la performance en natation

Marie-Hélène Larochelle enseigne la littérature à l’Université York de Toronto. Dans une autre vie, elle a été nageuse de compétition. Un milieu qu’elle connaît bien, ses codes, ses exigences et aussi ses dérives. Comme elle est curieuse de la monstruosité chez la chose humaine, elle a trouvé aisément de la matière dans le milieu sportif de la natation. L’actualité nous a donné mille exemples de rapports déviants entre un coach et son athlète féminine. Pour certains mêmes on pourrait parler de harem. Ici c’est le lien contraignant entre une nageuse qui fait tout pour hausser son score dans l’eau. Et il y a l’eau trouble entre elle et son entraîneur qui l’emmène sur d’étranges sentiers. Vous aimerez le style de Je suis le courant la vase car la protagoniste s’exprimant à la première personne, on a tout de suite cette proximité avec le lecteur. C’est presque du documentaire tellement ça nous rappelle d’autres situations.

Je suis le courant de la vase Marie-Hélène Larochelle. Leméac 161p. 

 

 


La seule biographie en français sur Eric Clapton

Eric Clapton est l’objet d’une vénération parmi les fans du rock et des guitaristes de la pop. Jean-Sylvain Cabot nous sert une biographie de référence, la seule en langue française Eric Clapton blues power. Un ouvrage qui concernant son sujet frise l’érudition. Clapton, cette belle tête d’abord, puis des fulgurances musicales magiques dont le biographe raconte tant d’anecdotes, comme cette fois où George Hamilton des Beatles, l’invite à mettre sa patte sur sa chanson « While my guitar gently weeps » et ce, dans l’anonymat le plus total. Rare fois où un étranger au Fab Four se voit gratifié d’une telle contribution. Puis tout génie a ses démons, et pour Clapton ce sera la dive bouteille. Bref, de quoi ravir ceux qui connaissent et estiment l’artiste et pour les autres qui voudraient connaître pourquoi et comment il est arrivé à une telle notoriété.

Eric Clapton blues power Jean-Sylvain Cabot. Le mot et le reste 294p.   

 

 


Autour d’une boutique pas comme les autres des vies inventives

Raphaëlle Giordano nous a donné un best-seller qui attira trois millions de lecteurs, excusez du peu « Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une ». Qui exhortait à profiter de l’existence à plein et n’écouter que sa voix intérieure. Elle persiste et signe un peu sur le même thème avec Le Bazar du zèbre à pois. Déjà le titre étonne, et plus étonnant encore c’est le nom donné à une boutique qui pour mieux la définir serait une sorte de cabinet de curiosités qui fascine bien des gens et attire des marginaux. Il y a Basile le proprio de la boutique en question et inventeur. Se grefferont à lui au fil des pages, Arthur un graffeur, avec des bonbonnes de peintures qui ne le quittent jamais et la maman de ce dernier, Giulia « nez » dans la parfumerie. Ils ont chacun une personnalité en propre, mais en commun ce désir farouche de ne pas être à la remorque des autres. Vous allez voir comment ils vont chambouler bien des acquis environnants. C’est aussi un univers qui par sa magie fait penser au film « Le fabuleux destin d’Amélie Poulain ».  Cette lecture est une pure évasion mentale en période de cloisonnement.

Le Bazar du zèbre à pois Raphaëlle Giordano. Édito 312p.     www.editionsedito.com

 

 


Trois angles de réflexion touchant aux médias sociaux

Steve Jobs déclara un jour avec sa bravade habituelle qu’il allait changer le monde. Présomptueuse dans un premier temps, sa prévision s’avéra exacte. Les médias sociaux ont bouleversé les rapports humains avec des conséquences qu’on n’a pas fini de sonder, et pas toujours les meilleures. Un essai en collectif Médias sociaux sous la direction de Schallum Pierre et Jaafar Fehmi fait le point autour de trois aspects, la cybersécurité, la gouvernementalité algorithmique et l’intelligence artificielle. Les contributeurs analysent les enjeux actuels touchant à ces trois volets. D’abord pour nous conscientiser mais aussi pour que ces médias sociaux se montrent plus respectueux de l’usage que l’ont fait des données citoyennes.
Médias sociaux Perspectives sur les défis liés à la cybersécurité, la gouvernementalité algorithmique et l’intelligence artificielle. Collectif sous la direction de Schallum Pierre et Jaafar Fehmi. Presses de l’Université Laval 183p.   www.pulval.com

 

 


Variation sur le thème de l’adultère

Il était une fois une femme vivant avec un homme brillant, veuf, de vingt ans son aîné prénommé Igor. Elle a deux enfants et est journaliste au sein d’un magazine. Et voilà qu’elle va commettre en pincer pour un jeune directeur, le beau Joseph. Une passade qui va s’avérer assez destructrice. Il va lui falloir mettre du sens à cette incartade. Voilà la trame de cette histoire classique chez un couple où la routine fait ses ravages. Mais ce premier roman La trajectoire de l’aigle de Nolwenn le Blevennec annonce des lendemains qui chantent pour cette écrivaine novice qui dès les premières lignes, met le lecteur dans la complicité de ce qui arrive à la protagoniste. Comme c’est une histoire qui est arrivée, arrive, où arrivera à pas mal de femmes, elle est assurée d’un lectorat appréciable. Ce qu’elle écrit bien cette femme. Et c’est un euphémisme. C’est ce qui donne de la valeur ajoutée à une banale histoire d’adultère.

La trajectoire de l’aigle Nolwenn le Blevennec. Gallimard 164p.   

 

 

 


Dans une Rome antique si peut reposante

La nuit des orateurs de Hédi Kaddour nous fait faire un grand saut dans le temps, en 93 de notre ère, sous le règne de l’empereur Domitien, qui comme tous ses prédécesseurs sur le trône, à l’ADN de la conspiration dans les veines. De sorte qu’il tue à tout va ceux qu’il soupçonne même de trahison. Et c’est qui arrivera à un proche ami du sénateur Tacite. L’épouse de ce dernier, Lucretia, devenue d’une belle maturité alors qu’il l’avait épousée nubile à treize ans, va tenter d’interférer auprès du potentat pour épargner sa tendre moitié du courroux impérial. Si vous avez aimez jadis la série « Moi Claude l’empereur » qui a cartonné en son temps, vous serez en terrain connu. Que d’intrigues à cette époque. C’est toute une épopée que l’écrivain fait défiler sous nos yeux. Et puis comme Pâques arrive on aime bien se taper un péplum en jupettes. Quoi que ce roman affiche une classe supérieure tout de même.

La nuit des orateurs Hédi Kaddour. Gallimard 359p.   

 

 


Drame au sein d’un microcosme français en Amérique

Lunch-box d’Émilie de Turckheim décrit bien ce rituel du goûter qu’un élève apportera à l’école en Amérique, au contraire des établissements français dotés d’une cantine. Nous sommes dans un petit bled Zion Heights à Long Island. S’y trouve des expatriés français. La maman prépare donc le lunch scolaire. Mais il arrivera un drame qui va bouleverser ce quotidien. C’est un roman certes mais une belle étude de caractère. La romancière est une fine observatrice l’homo sapiens. Et dotée d’une sacrée imagination pour tout faire partir d’une simple collation portative. Il y a aussi un peu du choc des cultures. Car même aux États-Unis, la fibre gauloise est toujours bien présente.

Lunch-box Émilie de Turckheim. Gallimard 249p.

 

 



 


Le coin santé physique et psychique (1)

Nous avons décidé de recenser le récit Certains cœurs lâchent pour trois fois rien de Gilles Paris chez Flammarion dans cette section, car il entre dans la catégorie des cas vécu et la tonalité de cet ouvrage fera grand bien à ceux qui ont connu ou sont sujets à la dépression. Ce fut effectivement le cas de cet important attaché de presse du monde des lettres, si attentionné à ses mandats. Les misères ne se comparent évidemment pas. D’abord il y a eu ce rapport effrayant avec ce père pour qui il ne ressent rien. D’ailleurs les premières pages consacrées à son géniteur sont assez cinglantes. Notre Gilles connaîtra de nombreuses dépressions et entreprendra toutes les consultations possibles. Il nous parle de Laurent un compagnon de vie qui aura son importance. Ce sera aussi la consommation de cocaïne, les traitements au lithium pour tenter de stabiliser des humeurs chancelantes. La beauté de l’exercice, c’est qu’il a dû éprouver comme c’est le cas, une sorte de thérapie par l’écriture. Ensuite l’auteur qu’il est, renommé pour son « Autobiographie d’une courgette » a décidé de prendre sa vie en mains. Et de nous raconter en fin de page ce qui suscite chez lui une foule de petits bonheurs. Il a réussi à se débarrasser du boulet de vie qui était le sien.

Changement de couleur avec En compagnie de Magalie de Yves Bouthillette. Inspiré par une rencontre du genre au Salon international du livre de Québec. Sous l’allure d’un récit, c’est un auteur qui se rend au salon du livre en question pour la promotion d’un ouvrage. Et le hasard va mettre sur sa route Magalie, une handicapée se véhiculant en chaise roulante. Il est charmé par cette femme jolie aux très beaux yeux et qui aime entretenir le mystère, notamment en donnant vie à un personnage fictif Chloé. Elle a beaucoup d’imagination cette Magalie avec qui l’écrivain va entretenir des discussions à saveur métaphysiques. En somme, la trame de ce bouquin, c’est le sens que l’on veut donner à sa vie. C’est aux éditions de l’Apothéose.

Pourquoi devient-on malade ? Voilà la question que nous soumet Alain Paquette dans ce livre qui paraît aux éditions du Dauphin Blanc. S’il y en a un qui connaît l’adage qu’un malheur ne vient jamais seul, c’est bien lui. Tenez-vous bien, voici la liste d’épicerie des maux dont il a été affligé : troubles cardiaques, douleurs articulaires, eczéma, fatigue chronique, hypersensibilité chimique multiple, faiblesse osseuse, cirrhose du foie. Et on n’a pas encore tout nommé. Un peu plus et on le qualifierait d’hypocondriaque. Si au moins cela avait ça, mais il a bien vécu dans sa chair et son esprit toutes ces pathologies. Et cet étudiant en physique, curieux comme deux, a tenté de comprendre pourquoi il était si malade. Il a donc entrepris une auto guérison qui a porté fruit. Il a regroupé les facteurs déclencheurs en quatre catégories : aspects physionomiques, mode de vie, aspects environnementaux et aspects sociaux économiques. On appréciera la recherche très documentée qui a présidé à la rédaction de cet essai qui ferait honte à beaucoup de médecins incapables de poser des diagnostics mais très portés sur les prescriptions.

 



 


Le coin santé physique et psychique (2)

Chez Édito, deux sorties. Il y a Michel Rolion avec un roman initiatique sur la destinée. Nous l’avons donc inclus aussi dans cette section. L’homme qui voulait mourir vivant subit deux déveines. D’abord, il y a Alain à qui l’annonce d’un cancer n’augure rien de bon. Puis sa compagne qui le quitte. Comme il est très attachée à elle, et la croyant aux États-Unis, il va filer vers New York qui semblerait être dans la logique de sa fuite. En cours de route, notre homme va croiser un médecin et une jeune femme qui vont modifier son plan de match. Il aurait pu sombrer dans la déprime, il a décidé au contraire de vivre « vivant » et non comme un mort en sursis. Le tout teinté d’un grand message d’espoir.

Le second ouvrage peut très bien être complémentaire du premier. En effet Comment rester serein quand tout s’effondre de Fabrice Midal disciple du bouddhisme et fervent adepte de la méditation. Le titre en lui seul est tout un programme. L’auteur a longtemps éprouvé un sentiment d’être mis sur la touche, d’être marginalisé. Autrement dit il se sentait seul sur son étoile. Il fallait en finir avec cette mise à l’écart psychologique. Dans ces pages il nous raconte par le menu sa mutation psychologique. Il a fait de son citron une belle limonade. Cette démarche s’inscrit très bien dans le créneau du développement personnel.

 

Aux éditions de Mortagne deux titres. Stéphanie Perron débarque avec Trans identité dans la collection bien connue Tabou. Avec un sujet très d’actualité, alors que la question du genre est récurrente. En quatrième de couverture il est mentionné qu’à la naissance l’un des deux genres doit être déclaré. Eh bien depuis, on a appris que dans les nouveaux formulaires gouvernementaux, cette précision doit disparaître. Il est ici question d’un jeune homme Mickaël qui se rend à une soirée LGBTQ+ avec une copine. Et ce qui le caractérise, c’est une détestation de son enveloppe corporelle. On verra en sa compagnie, tout ce qui lui passe dans la tête comme cheminement psychique. C’est bien que cette collection aborde la question du genre. L’humanité évolue très lentement, elle qui a toujours considérée que l’homo sapiens était le fait d’un homme et d’une femme. Mais l’humain est tout sauf monolithique. L’auteure investie bien la psyché de son personnage qui est à l’heure de grandes et graves décisions pour son épanouissement.

L’autre ouvrage Finie l’insomnie! ne peut être plus à propos quand on sait qu’une grande partie des gens ne jouissent pas d’un sommeil réparateur et souffre de ne pas trouver les heures nécessaires à la récupération. C’est même socialement une problématique dont on ne mesure la portée. Et le climat entourant cette pandémie qui n’en finit plus n’aide pas la cause. Les raisons de ne pas bien dormir sont multiples. Alors comment parvenir à gagner quelques heures au plumard. C’est ce dont nous entretient Catherine Polan Orzech et William H. Moorcroft qui ont structuré un programme de 28 jours et ce, grâce au recours de la pleine conscience. De sorte que les problèmes ne franchissent plus la porte de la chambre à coucher.

 



 


Le coin santé physique et psychique (3)

Il y a peu, un de nos collègues à la rédaction nous faisait remarquer à quel point le langage s’est appauvri en France avec des “du coup” à répétition. Un véritable fléau langagier qui révèle un abaissement du niveau de la communication. Et nous de conclure que la faute en était du côté des moyens de communication numériques dont le téléphone dit intelligent, alors que les échanges sont au minimum. Voici une étude en collectif aux éditions deboeck sous la direction de David Galli et Franck Renucci qui étudie justement l’influence du smartphone sur les jeunes Pharmaphoe: la voixdes adolescents. Tout s’y trouve sur l’influence de ce petit bidule qui a révolutionné le monde des communcations.

Puis deux bouquins qui sont publiés aux éditions du CHU Sainte-Justine. De Francine Ferland un Petit guide pour parents épuisés. Avec pour sous-titre “Vers un quotidien plus serein”.  Un sondage avait été réalisé il y a de cela quelques années en France, tandis qu’on demandait à des femmes si, connaissant les exigences de la maternité et de la parentalité elles feraient des enfants. Et la réponse, étonnante, était négative à hauteur de 71%. C’est dire à quel point la vie familiale peut-être contraignante. Forcément on se retrouve avec des parents excédés. Cette ergothérapeute y va de conseils pour savoir comment garder une sérénité en dépit des obligations.  Et surtout ce petit opuscule tombe bien alors que le confinement avec des enfants à la maison a des conséquences épouvantables que semble ignorer les autorités sanitaires.

Au tour de l’ortophoniste Sylvie Martin d’apporter son concours au profit des enfants qui éprouvent des difficultés d’apprentissage de la langue. C’est en effet entre 2 et 6 ans que se fait l’essentiel de l’assimilation du langage. Si en général cela se passe bien pour l’ensemble, vous avez un nombre appréciable de petits qui peinent à apprendre. L’apprentissage des sons et des phrases se veut un guide ludique pour que les leçons passent mieux tout en s’amusant.

 

 


Exprimer son “je” oui, mais sans être différent

C’est la réflexion qui nous est venue à la lecture de Zebraska de la romancière belge Isabelle Bary dont la première édition en Belgique date de 2014  et dont nous avons une première édition en France en format poche chez J’ai lu.  Car cela raconte les réflexions d’un garçon atypique au plan de la personnalité, mais au moins soutenu par sa famille immédiate. N’empêche qu’il est bien conscient de sa singularité. Un jour, sa grand-mère lui remet un livre intitulé Zebraska qui raconte la vie de son père! Et à sa lecture le gamin va reconnaître dans son géniteur une personnalité presque conforme à la sienne. Toute la trame est basée sur l’affirmation de soi à tout prix. Cette littérature qui nous fait du bien quand on se sent seul au monde.

Zebraska Isabelle Bary. J’ai lu 313p.   www.isabellebary.we

 

 

 


Un roman qui touche un thème rarement exploité

Les esprits chagrins affirment parfois qu’en littérature tout a été écrit et qu’il y a trop de livres. Le dernier enfant de Philippe Besson apporte un sérieux démenti car il traite des atermoiements d’une mère qui voit son fils quitter le nid familial. On sait l’attachement des mères à leur progéniture, du moins pour l’ensemble. Que se passe t-il alors dans la tête d’une mère qui voit son fiston s’éloigner de la maison pour aller faire sa vie ? Le romancier a su vampirisé l’esprit de la femme. Qui en plus va se retrouver confrontée à un mari qui est fort peu loquace. Ça va être lourd dans la maison, cette vie à deux qui était au moins distraite par le fils. Besson n’a pas volé sa notoriété pour rien. quel que soit le sujet de son livre, il sait trouver le sujet, le verbe et son complément approprié. Il en fait ici l’éclatante démonstration.

Le dernier enfant Philippe Besson. Julliard 206p.    

 

 

 


Pour comprendre ces évangélistes et leur influence politique au USA

C’est une vérité politique aux États-Unis, la frange de la population située dans ce qu’on appelle la Bible belt et ailleurs sur le territoire américain est gagnée d’avance pour les républicains et s’est manifestée de façon encore plus éclatante dans la victoire de Donald Trump. Notre compatriote André Gagné en connaît un rayon sur ce phénomène social. Professeur titulaire à l’Université Concordia à Montréal, il publie Ces évangéliques derrière Trump. Depuis sa parution, le résultat de l’élection de 2020 est déjà connu, mais n’empêche que, même défait, l’ex locataire du Bureau ovale peut compter sur cette base nombreuse et influente. Il a tout de même failli l’emporter encore de peu. Et c’est ce qui est inquiétant pour la suite des choses. L’essayiste décortique les trois grands principes sur lesquels repose cette clientèle qui ne jure que par Dieu, mis à toutes les sauces. Rappelons que c’est en Amérique que l’on trouve, est-ce le cas encore partout aujourd’hui, une Bible dans chaque bureau de chambre d’hôtel. C’est dire l’exploitation que l’on fait de la divinité. Et les présidents concluent toujours leurs allocutions par “Que Dieu sauve l’Amérique”. Bienvenue dans le monde profond de nos voisins du Sud.

Ces évangéliques derrière Trump André Gagné. Labor et Fides  161p.     www.laboretfides.com

 

 

 


Il se met dans la peau d’Aristote

Professeur retraité de littérature de l’Université Laval, Gilles Maloney sait très bien comment occuper son temps libre. Il s’est donné le défi de se mettre dans la peau d’Aristote, ce grand philosophe mort en 322 avant notre ère.  Étonnant que cela vienne d’un professeur de littérature et non de philosophie. Mais c’est le lecteur qui gagne au change car l’auteur sait donc se faire écrivain pour réussir une autobiographie enlevante comme celle-là, nourrie aux sources authentiques de ce qui fut l’oeuvre et le contexte de l’époque. Il trouve aussi un ton qui aurait pu être celui de son sujet.  Moi, Aristote est un livre impressionnant à plus d’un titre: la personnalité choisie, la fine écriture qui préside le tout et la richesse de l’information philosophique et historique. Pour reprendre le cliché bien connu, c’est un travail de bénédictin. Et peut-être parce qu’il n’est pas philosophe, le biographe ne s’est pas laissé embourber par les théories. Il se fait vulgarisateur en même temps. Chapeau à la démarche qui tutoie l’excellence.

Moi, Aristote Gilles Maloney. Les Presse de l’Université Laval Coll. A propos 648p.    www.pulaval.com

 

 

 


Notre Angélique à nous sous le soleil de Miami

Nous connaissions une Angélique Marquise des anges, faisons connaissance cette fois à une Angélique bien de chez nous, qui si elle ne fait pas dans le romanesque comme la première, n’en mène pas moins une vie trépidante sous le soleil de Miami. C’est le prénom de “l’héroïne” du premier roman de Ann Charron qui a longtemps bossé dans les officines du gouvernement canadien.  Son Angélique porte aussi le surnom de Lucky Lady qui est aussi le titre de ce roman. Un petit anachronisme toutefois, elle dit située son histoire à l’ère disco des années 80. Or ce genre musical est essentiellement lié aux années 70. Le Limelight par exemple pour ce qui est de Montréal, a fermé ses portes en 82 mais n’était plus que l’ombre de lui-même depuis bien longtemps. Mais bref, c’est un péché véniel au regard d’un bouquin qui vaut le détour pour les lecteurs qui aiment l’action. Car on ne se repose pas trop longtemps en sa compagnie, le sous-titre du livre annonce d’ailleurs le programme “une histoire de sexe, drogue et disco”. La messe est dite. Pour ce noviciat en littérature c’est prometteur. L’écrivaine a su ce qui fait la valeur d’un ouvrage, l’histoire. Et ici elle est au pluriel. Ce qui donne de la valeur ajoutée aux raisons pour lesquelles vous devez faire un détour de ce côté là. Ann Charron, un nom à suivre et au passage ce pourrait faire l’objet d’un bon film, voire d’une télésérie. Avis aux scénaristes confrontés au drame de la page blanche…

Lucky Lady  Ann Charron 535p.      www.leseditionsdelapotheose.com

 

 

 


Deux titres captivant aux éditions JP0

Deux titres retiennent notre attention aux éditions JP0, cette maison d’édition qui s’est fait une niche enviable avec l’édition majoritairement constituée de titres consacrés à l’espace où les batailles aériennes.  D’abord Hermès l’échec de la France et de l’Europe dans la construction d’une navette spatiale pouvant faire “compétition” à celle internationale conduit par les américains. François Leproux est ingénieur en systèmes spatiaux. Il raconte cette aventure, jalon de la conquête de l’espace qui s’est terminée en queue de poisson en 1992. Trop d’embûches sont venu à bout de ce qui, sur papier, s’avérait très séduisant et donner un peu plus d’autonomie à l’Europe en la matière.

Dans un autre registre c’est Germain Chambost pilote de chasse émérite avec plus de 6700 heures de vol derrière lui, qui a entrepris de raconter sa guerre d’Algérie avec Algérie d’amour et de guerre. Comme beaucoup d’autres auteurs chez cette maison d’édition, il a en commun d’être un excellent conteur. Et avec le mérite comme ses pairs, de nous décrire la guerre, les combats, vu de l’intérieur. Derrière les stratégies des généraux il y a des hommes et maintenant des femmes en première ligne qui nous livrent d’autres sons de cloche. Bien que Chambost soit un militaire aguerri, il nous donne des goûts de paix.

 

 

 


Il y a cent ans naissait Jacques Ferron

Statufié de son vivant, ce qui est rare dans la littérature de chez nous, exception faite d’un Michel Tremblay, Jacques Ferron vit le jour exactement il y a cent ans. Et la Bibliothèque Québécoise, maison d’édition connue pour ses seules initiales BQ, est un peu gardienne de la mémoire de ce grand homme de lettres au Québec dont elle a les meilleurs titres à son catalogue. Il était normal que ce soit elle qui prépare un tribut ui soit à la hauteur. Elle publie donc la biographie faite par Marcel Olscamp qui s’attache aux trente premières décennies de la vie de Ferron, centrant sa démarche sur le milieu auquel il est issu. Le fils du notaire c’est un monde bourgeois avec un père notaire qui jouissait de toute la considération à Louiseville. On comprendra mieux pourquoi l’homme de lettres s’est détaché de ce monde pour être au service des humbles. Un livre de référence pour qui veut contextualiser l’homme et l’oeuvre.

Ensuite, si la biographie vous a donné le goût de connaître le style Ferron, on lance du même coup les Contes, une édition originale où l’auteur est allé puiser son imaginaire dans l’inventaire du patrimoine des contes et légendes du Québec. Ce qui nous fait dire que Ferron devrait être au programme scolaire comme l’était jadis un Félix Leclerc quand on mettait Adagio au menu des cours de français. En attendant que l’école fasse ce pourquoi elle est instituée, donnons nous le privilège de découvrir par nous-même.

 

 

 


La pensée du nouveau président des États-Unis

Le nouveau locataire de la Maison-Blanche attire la curiosité. Homme mesuré, Joe Biden est tout l’opposé de son flamboyant prédécesseur. Le  président actuel est un homme marqué par les épreuves et qui par la force des choses a atteint une profondeur qui émeut ceux qui l’entourent. Pour mieux découvrir les fondements de sa pensée, le journaliste de La Presse Vincent Brousseau-Pouliot a eu la bonne idée de rassembler des propos sous le titre Je Biden en 50 citations. Si ce n’était que de citations proprement dites cela ne tiendrait qu’en quelques lignes. Ici nous n’avons de plaquette mais un ouvrage de plus de 260 pages qui décrit des propos tenus à différents moment de la carrière de ce politicien hors norme, Qui reçut même les derniers sacrements lors d’un épisode d’une attaque cervicale. En fin d’ouvrage pour ceux et celles qui voudraient poursuivre leurs connaissances du personnage, l’auteur nous livre une bibliographie exhaustive d’où il a tiré ses références. C’est une bonne entrée en matière pour qui veut avoir un bon aperçu de l’homme le plus influent du monde.

Joe Biden en 50 citations Vincent Brousseau-Pouliot. Les éditions La Presse 262p.    www.editionslapresse.ca

 

 

 


Les nouvelles méthodes patronale pour asseoir leur emprise sur les salariés

Les travailleurs n’ont pas de meilleur soutien que la sociologue Danièle Linhart qui dans son travail d’analyse et de recherche montre une empathie pour la condition de ceux qui doivent “gagner leur vie”. Au travail des mines du XIXème siècle à la Dickens succède, on l’a vu récemment à la télé, l’abattage sur les chaînes de production dans les entrepôts qui doivent répondre  aux commandes en ligne. Où chaque seconde est millimétrée. La culture Amazon quoi. Dans L’insoutenable subordination des salariés, l’essayiste qui nous a donné un ouvrage de référence sur le burn-out, s’attarde à la nouvelle image que se donne le patronat pour coiffer un travail toujours aussi sordide. Surtout que, comme elle le fait voir, les salariés aspirent à voir reconnaître leur talent. Le travail devant être valorisant. Les patrons tiennent alors un discours bienveillant qui cache une réalité innommable. On sort de cette lecture en se disant que la seule chose qui est stable en ce monde c’est le changement certes, mais toujours au profit d’un seul côté. Une bibliographie fort intéressante sur l’actualité du travail complète le propos.

L’insoutenable subordination des salariés Danièle Linhart. Érès 281p.   www.editions-eres.com

 

 

 


Trente histoires inexpliquées sur le sol de France

Carole Coatsaliou est assurée d’un important lectorat au vu de son sujet le Paranormal titre de son ouvrage portant sur trente cas d’espèces de phénomènes inexpliqués à s’être produits dans toute l’Hexagone. Car l’étrange nous attire. Une chose extra-terrestre a toujours quelque chose de fascinant que le septième art a bien compris et exploité. Si l’enquêtrice ne donne pas les réponses, elle rapporte tout ce qu’elle a consigné d’étrange. Et il s’en est passé et s’en passe encore, dont la non moindre est encore le fait d’une maison hantée avec la particularité que les murs...saignent! Si nous avons une connaissance du monde et de ses composantes, il y a bien des choses qui échappent à notre logique. Chaque récit est captivant et c’est un euphémisme. Ceux qui aiment le domaine sont ici comme dans une bonbonnière.

Paranormal Carole Coatsaliou. Hugo doc 182p.      www.hugoetcie.fr

 

 

 


Sur un bluesman cinquième meilleur guitariste de tous les temps

Si vous aimez les légendes entourant un artiste alors là vous allez être servi concernant la vie en étoile filante du bluesman Robert Johnson mort en 1938 à 27 ans, âge maudit comme on sait dans la musique pop. Le magazine Rolling Stones le consacre cinquième meilleur guitariste de tous les temps. Pourtant à ses débuts, on ne donne pas cher pour ses talents de guitariste. Mais le gars s’obstine et parvient à dominer les cordes. En complément de cet instrument il s’accompagnera aussi à l’harmonica dont il concevra un support pour pouvoir jouer des deux en même temps. Notre compatriote québécois Jonathan Gaudet a érigé sur lui 29 “tombeaux” comme on disait jadis au Siècle des Lumières pour illustrer la mémoire d’un grand. Ce chiffre correspondant, aux vingt-neuf chansons qui nous sont parvenues. Parlant de faits légendaires on a insinué qu’il avait entrepris un pacte avec le diable pour pouvoir atteindre à la notoriété. On ne sait pas non plus de quoi est-il mort au juste, empoisonnement par un tenancier de bar jaloux, pneumonie ou syphilis ? Puis on ne connaît pas le lieu réel de sa sépulture. Bref, notre biographe a érigé une sorte de romance basée sur des faits réels. Primo il nous donne le goût d’aller entendre l’artiste. Ce que cela pourrait faire aussi un sacré film musical en hommage à celui qui fut l’inspiration de tant d’auteurs-compositeurs-interprètes aux États-Unis dont Eric Clapton pour qui Johnson fut l’inspiration d’un de ses albums.

La ballade de Robert Johnson Jonathan Gaudet. Le mot et le reste 375p. 

 

 

 


Les coulisses d’un show rock télé culte des Rolling Stones

Édouard Graham, docteur ès lettres, est un curieux, capable de s’intéresser comme il l’a fait autant à Guillaume Apollinaire qu’à Joni Mitchell.  Maintenant le voilà qu’il nous gratifie d’un livre documentaire sur les coulisses d’un show mémorable The Rolling Stones rock and roll circus conçu pour la télé en 1968 en marge de la sortie de l’album des Rolling Stones “Beggars Banquet”. Et la beauté de la conception retenue c’est comme décor, un chapiteau de cirque. Avec des excentricités à la clé, mais surtout la présence de grosses pointures de la musique pop tel Eric Clapton, Marianne Faithfull, John Lennon et sa dame et les Who pour ne nommer que ceux-là. Aussi des artistes classique dont le violoniste Ivry Gitlis. Mais au vu du résultat, les Stones qui n’apprécient pas ont empêché sa diffusion qui ne se fera qu’en 1996. C’est de tout cela dont nous entretient Graham avec un luxe de détails sur cet événement mais sur l’époque qui a vu naître ces artistes. 

The Rolling Stones rock and roll Édouard Graham. Le mot et le reste 173p. 

 

 







 


Le coin de la BD (1)

C’est une cuvée magistrale côté BD qui attend l’amateur du genre. Avec des thématiques d’une grande variété. Pour exemple ce premier titre Reverdir le Sahara de Gilles Scherlé inspiré du livre du même titre de Jean-Édouard Buchter. Qui rend compte des efforts réussis de verdissement à travers ces centaines de milliers d’hectares de sable. Un de ces programmes a permis tenez vous bien de faire pousser 5 millions d’arbres en douze ans! A partir de ces merveilleuses histoires de plantation dont le programme Desert Verde, le bédéiste a imaginé une jeune fille qui va vouloir participer à cette entreprise. C’est une ingénieuse façon de sensibiliser au progrès de la lutte contre les changements climatiques. Et de redonner au Sahara son aspect d’il y a plusieurs millénaires. C’est aux éditions Favre.

Du désert passons maintenant dans les hauteurs avec le Sacré-Coeur de Montmartre dont l’histoire est racontée chez l’éditeur Artège par Jean-François Vivier sur des dessins de Emmanuel Cerisier. Comme, en raison de cette pandémie, le tourisme étranger est à zéro, c’est une belle occasion, non seulement de découvrir cette basilique qui domine la Butte Montmartre, mais, dans connaître l’histoire. Une très belle histoire d’ailleurs conduite par une Foi inébranlable. La qualité du scénario et du dessin confère une qualité exceptionnelle à la présentation.

Chez l’éditeur Ensemble on fera connaissance avec une maladie assez rare, le syndrome Xeroderma pigmentosum (peau sèche pigmentée) qui fait en sorte que les personnes qui en sont atteintes doivent à tout prix se cacher des rayons du soleil ou ultra-violets, sous peine d’être candidat au cancer, sans compter la pathologie épidermique pré-existante. Il existe en France une association “Enfant de lune” qui vient au secours de ces gens. Et la BD signée Joris Chamblain et Anne-Lise Nalin raconte l’histoire d’une adolescente qui emménage dans une nouvelle maison et qui découvre derrière un radiateur un journal, celui d’un garçon prénommé Maxime qui décrit ce dont il souffre. C’était un enfant de lune. Et qui était par le fait même empêché d’être exposé à la lumière du jour. A cette lecture, on apprécie de vivre avec ses petits bobos.

Et allons faire cette fois un petit tour du côté de la mythologie avec non pas un mais deux albums consacrés à la figure du beau Achille. Le premier l’est aux éditions Graph Zeppelin fruit du travail de Cosimo Ferri et le second chez Tabou du même auteur mais avec un supplément d’érotisme qui est bienvenu par les temps qui courent. Achille est un des grands, sinon le plus illustre de la mythologie grecque. Ces deux titres marquent la fin de vie du héros qui meurt sous les combats. En même temps c’est l’épopée du fameux Cheval de Troie. S’il était invincible jusqu’à présent, le valeureux guerrier était un mortel. L’occasion pour Ferri de tutoyer l’excellence encore une fois par la maestria avec laquelle il  s’approprie cette belle saga de l’Antiquité.  En même temps, ces albums ont le mérite de suppléer à l’absence de culture générale dans les programmes scolaires.

 

 

 


Le coin BD coquin (2)

Deux albums ont retenu notre attention qui défient la morale ambiante et qui font plaisir à voir autant qu’à lire. Vous pensiez connaître Blanche Neige ? Eh bien selon le duo Trif et Celestini vous n’y êtes pas du tout. Au contraire, elle est assez délurée la leur, et qui jamais n’aurait franchie les studios de Walt Disney. A tourner ces pages on glousse de plaisir presque coupable à voir ces illustrations détaillant les blasons du corps fémin comme jamais, livrés aux divers plaisirs dont ceux du fameux Prince charmant qui ici ressort bien différemment de ce qu’on connaissait de lui. Ici vous avez l’intégrale des albums déjà parus sur le sujet. Aux éditions Tabou comme de raison.

Et chez le même éditeur qui persiste et signe dans l’érotisme débridé vous avez de Franz Mensink sa Coquin Net drônes de filles. Ce mec aime assurément les femmes pour les magnifier de telle façon. Son “héroïne” se contente dans ces pages d’amours lesbiens. Et Dieu sait qu’elle y prend un plaisir intense. Tout est jouissance au contact du corps de l’autre. Une belle image, c’est quand sa vedette boit littéralement la glaire qui s’échappe de la vulve de sa compagne. Si vous demeurez de marbre devant cette image c’est que vous n’êtes évidemment pas candidat à la chose.  Chapeau au maître des amours au féminin.

 

 







 


Au théâtre c’est bien connu, il y a des superstitions comme des fantômes. L’épisode de la saga The Amazing world of Gumball intitulé “Cauchemar d’une nuit d’été” du trio formé de la scénariste Megan Brennan de la dessinatrice Jenna Yaoub et de la coloriste Lesley Atlansky nous transporte en milieu scolaire alors que le jeune Darwin se meurt de déclamer du Shakespeare. Mais une bonne âme lui rappelle qu’un élève est déjà mort de trac au cours d’une prestation semblable. Pour se donner du courage, il fera appel à son frérot. Mais que peut-on contre la malédiction. Vous découvrirez la suite. C’est chez l’éditeur Urban.

Un peu de culture pop s.v.p. chez Graph Zeppelin avec un survol de ce génie du rock Syd Barrett étroitement associé au groupe Pink Floyd. Qui fut éjecté du groupe en raison de sa surconsommation de LSD qui provoquera chez lui des hallucinations et des replis sur soi. Il tentera par la suite de refaire surface en solo avec plus ou moins de réussite. Avec au final qu’il accrochera sa veste pour faire du jardinage et vivre entre autres chez sa mère. Mais il ne fut pas dans la dèche pour autant puisque l’on raconte qu’il laissera à sa fratrie un héritage de deux millions de dollars, venant de ses redevances. C’est cette vie déjantée que narrent Danilo Deninotti et Luca Lenci avec Syd Barrett & les Pink Floyd.  Qui donne le goût d’aller l’entendre sur disque et de rendre ainsi hommage à sa mémoire.

Chez le même éditeur si vous aimez les femmes fortes qui n’ont pas froid aux yeux, allez vous procurer Red Sonja la Reine des Fléaux du tandem Gail Simone et Walter Geovani. La guerrière qu’elle est, doit accomplir un ultime combat afin d’honorer une dette d’honneur. L’adversaire est nulle autre que la dangereuse Dark Amnisia. Sonja va perdre et rendre les armes. Mais pensez-vous réellement que notre vedette va s’incliner aussi simplement. Ce qui donne lieu à de l’action à chaque page avec un dessin nerveux et un scénario rythmé au possible. Le cap et d’épée comme on aime.

Allons maintenant au Brésil avec Sertao de Vianello aux éditions Mosquito. On remonte le tout au début du 20ème siècle au moment où des rebelles veulent trouver justice, eux qui sont exploités par des propriétaires terriens sans scrupules qui sont de connivence avec le pouvoir en place. Et effectivement la police traque le groupe révolutionnaire. Ça se passe dans le Nordeste très pauvre et qui le demeure encore. C’est l’éternelle confrontation entre le bien et le mal. Ici aucune couleur, tout est noir et blanc. L’action, elle,  est très colorée au sens figuré du mot.
Nous avons fait connaissance plus haut avec Syd Barrett et les Pink Floyd, allons maintenant du côté d’un personnage de la pop qui oscille entre l’icône et le mythe, nous avons nommé David Bowie qui incarne l’androgynie, du moins à une certaine époque celle de Ziggy Stardust, sa bisexualité, et aussi l’élégance britannique. Ils sont trois Michael Allred, Steve Horton et Laura Allred qui ont conjugué leur talent afin de rendre une sorte de biographie qui s’attache surtout aux grandes heures de gloires mais en commençant  tout de même par ses débuts, lui et ses potes. Et qui prend fin  au moment de sa rencontre avec Imam qui deviendra sa compagne jusqu’à la fin de sa vie. Parmi notre équipe, hormis de savoir que Bowie est ce qu’il est, un de nos partenaires ne savait que dalle de ce qu’a été la vie de l’artiste. Et dans ces pages il a pu combler largement son ignorance. C’est bien raconté et qui nous fait apprécier encore plus la démarche de cette star qui avait une énorme curiosité musicale.  Album publié aux éditions Huggin & Muninn.

Et si on conclut en se faisant un petit peu peur ? En compagnie du fameux Joker dans une aventure chez Urban comics ayant pour titre Killer Smile. C’est dû aux talents de Jeff Lemire et Andrea Sorrentino. Le Joker qui à la ville est un honorable père de famille et qui on sait, va muter en grand criminel de Gotham City, fait la rencontre d’un psychiatre. Est-ce que le fait d’aller fouiller dans le tréfonds de sa personne va pouvoir le sortir des démons qui l’habite ? La singularité des créateurs, c’est qu’ils ont réussi à vampiriser les hallucinations de ce dangereux psychopathe et les reproduire en images. Quand le mental dérape on peut s’attendre à tout. 

 

 

 


Un méconnu à tort de l’avant-garde québécoise

Il fallait bien une maison d’édition audacieuse comme celle du Cram pour miser sur la parution d’une biographie de Réal Benoit injustement oublié de la mémoire collective et qui a tant fait pour nous sortir de la grande noirceur culturelle. C’est une sorte de Don Quichotte de la connaissance, curieux comme trois petits singes qui se passionnait pour les voyages, la littérature, le cinéma et quoi encore. Il tint une rubrique au Devoir, dirigea durant douze ans le service des émissions sur films à Radio-Canada. Doté d’une santé précaire, il cumula pas mal d’échecs, tant au plan personnel que professionnel qui le firent beaucoup douter de lui. Par exemple à la Société d’État, il avait dans les pattes un adjoint qui ne cessa de gruger du terrain afin de ravir son poste. Très sensible, il consacra pas mal de temps à la dive bouteille. Il était trop en avant de son temps, lui qui fréquentait les peintres d’avant-garde et qui s’intéressait à la musique contemporaine. Il aurait mérité une meilleure postérité. Heureusement, grâce à Marie Desjardins on restitue son souvenir. Quand on pense que le très sévère critique littéraire Jean-Éthier Blais, se penchant sur sa prose, le comparait à Giraudoux c’est que le type vaut le détour. Chapeau à l’éditeur de raviver sa mémoire et tout autant qu’à sa biographe qui a vraiment potassé son sujet appuyé par de grandes qualités narratives.

Réal Benoit 1916-1972 l’avant-garde. Marie Desjardins. Éditions du Cram 311p.    www.editionscram.com

 

 

 


A lire sur Malraux avant de le lire

André Malraux est un géant des lettres dont on continue d’analyser son passage intellectuel. Et qui s’y adonne fait des trouvailles ou met en relief des thèmes qui nous ont échappé. Ainsi Jean-Yves Tadié qui se passionna jeune adolescent pour la Condition humaine, se retrouva à préfacer ou commenter des œuvres du plus brillant ministre de la Culture qui fut. Gallimard a eu la main heureuse de regrouper ces textes qui sont autant d’initiations à Malraux. Quand on songe que ce dernier fut longtemps avec Gide le seul à être entré de son vivant dans la célébrissime collection de la Pléiade. Ce, André Malraux Histoire d’un regard est une plongée dans tous les champs de curiosité du grand homme, et dieu sait à quel point son savoir frisait l’érudition. On n’oubliera pas de sitôt ce grand nerveux, tout tordu, à peine audible, qui savait magnifier les idées avec des amalgames qui nous confondaient en admiration. Eh bien si vous voulez entreprendre l’univers Malraux, débutez par ce livre. Vous ne pouvez trouver meilleur guide.

André Malraux Histoire d’un regard. Gallimard 225p.    

 

 

 


Des faits croustillants sur le septième art

Philippe Lombard a colligé 300 anecdotes de tournage avec vous pour sous-titre « Le cinéma comme vous ne l’avez jamais lu » ou peut-être mieux comme vous ne l’avez jamais vu. Car nous cinéphiles on appréciera diversement ce qui nous est offert au final. On ignore alors tout ces faits et gestes qui ont entouré la création de ces films, les caprices de stars, des mœurs des cinéastes. Bref, il va sans dire que nous nous trouvons en face d’un crac du cinoche. Et son plaisir il nous le fait partager à pleines pelletées. Comme quand il raconte ce moment épique où Otto Preminger au tempérament orageux, voulant montrer à Michael Caine comment embrasser Faye Dunaway, s’empare de cette dernière et lui plaque un baiser qui a une allure morsure puisqu’elle se retrouvera la lèvre saignante. Avec le résultat que l’actrice mettra fin au contrat pour les autres films qui devaient la lier à ce cinéaste caractériel. Des croustilles qui vous feront voir certains films bien autrement. Comme le titre un chapitre, ça n’arrive qu’au cinéma.

300 anecdotes de tournage Philippe Lombard. Hugo image 300p.   www.hugoetcie.fr

 

 

 


Cinq nouvelles sur la part moins reluisante du genre humain

A lire le recueil de nouvelles d’Éric Simard intitulé Instincts primaires on doit supposer qu’il ne doit pas accorder facilement sa confiance au premier venu, tant il sait à quel point l’homme est un tas de petits secrets comme le définissait André Malraux. Il nous gratifie donc de cinq nouvelles qui mettent à l’avant-plan la part la plus inavouable de l’homme. Comme nous l’avons souvent écrit, concernant les nouvellistes, les grands du genre sont de merveilleux portraitistes de l’âme humaine. Simard appartient à ceux-là. On connaît quelqu’un demain, encore mieux le surlendemain. Ici on baigne souvent dans le sordide. Mais ne faisons pas l’autruche, l’homme est un loup pour l’homme, encore que faisons amende honorable auprès des loups, qui sont autrement plus paisibles que les personnages que nous présentent l’auteur. Nous avons beaucoup aimé.

Instincts primaires Éric Simard. Les heures bleues 181p.    www.heuresbleues.ca

 

 

 


Manuel de résistance à la démagogie

Le populisme est un sujet tendance dans les essais. Surtout que les partis politiques de toutes tendances prétendent être au service du peuple. Et on sait ce qu’il advient une fois qu’ils sont au pouvoir. Certains prenant carrément le chemin de l’extrême-droite. Bref pour démontrer à quel point le peuple est si utile aux ambitieux de la chose politique Frédéric Schiffter qui fut professeur de sociologie, signe un brûlot Contre le peuple qu’il qualifie de manuel de résistance à la démagogie. Il décrypte les manœuvres utilisées sur le dos du vulgum pecus pour parvenir à des fins pas toujours reluisantes. Le peuple selon lui, agissant comme une idole que l’on brandit à tout va. Et on verra que ça dépasse largement les clivages clichés du peuple opposé aux nantis. Entre eux les petits se dévorent, chaque camp arguant agir au nom des intérêts du toujours fameux peuple, servi à toutes les sauces. Bref ce bouquin est tonique. A mettre sur le dessus de la pile de vos prochains achats de lecture.

Contre le peuple Frédéric Schiffter. Séguier 110p.      www.editions-seguier.fr

 

 

 


Portrait croisé De Gaulle et Mitterrand

A notre grande stupeur voici une énième ponte de Michel Onfray à se demander où le philosophe trouve t’il le temps de publier autant d’ouvrages qui ne sont pourtant pas des bluettes. En plus qu’il consacre beaucoup d’heures à des déplacements en studio. Son prochain ouvrage devrait nous expliquer sa méthode stakhanoviste de l’écriture. Mais trêve de méthode de travail voyons ce qu’il soumet à notre intelligence, un portrait croisé de Charles De Gaulle et de François Mitterand. Ces deux là ont en effet marqué leur passage à l’Élysée de leur présence écrasante. Mais le parallèle s’arrête là, car pour le reste tout oppose leur vision de la France. L’homme de l’appel de juin 40 selon les observations de l’essayiste aurait été au service de son pays, tandis que le second se serait servi de lui au bénéfice de sa personne. Mitterand est loin de sortir gagnant de la comparaison. Et même que Onfray ne cache pas sa détestation de l’arrivisme du chef d’État socialiste. Une démarche intéressante pour ceux qui se passionnent pour la vie politique sous la Vème République.

Vies parallèles De Gaulle Mitterand Michel Onfray. Robert Laffont 397p. www.laffont.ca

 

 

 


Au temps de la guerre à l’American Library de Paris

Il porte l’identification de roman, mais quand on sait que Janet Skeslien Charles, a travaillé comme directrice de programmation à l’American Library de Paris, on peut imaginer que son ouvrage Une soif de livres et de liberté a aussi valeur de récit, bien qu’une note en début nous précise que c’est d’une fiction dont il s’agit. Car elle est allée potasser les archives de l’institution et en a peut-être ramené de quoi inspirer son imaginaire. Il s’agit en fait d’une jeune femme, Odile Souchet que l’Occupation allemande de juin 40 surprend. Elle va alors se muer en résistante. Comme arme, des livres. Surprenant. Nous tairons ici à quelles fins ces livres serviront, à vous de vous réserver la surprise. Et la leçon de la romancière, est la démonstration que des événements fortuits peuvent déclencher chez des gens des dispositions inattendues. D’ailleurs la guerre est le terreau parfait pour nous montrer le meilleur comme le pire de l’homme. Nous voici en présence d’un grand roman. Car l’histoire en elle-même, romancée ou non, est puissante.

Une soif de livres et de liberté Janet Skeslien Charles. JC Lattès 444p.  www.editions-jclattes.fr

 

 

 


Une biographie définitive sur Paul Morand

Le nom de l’écrivain et académicien Paul Morand est indubitablement associé à la frénésie des années folles où on tentait d’oublier coûte que coûte les horreurs de la première guerre mondiale. Pauline Dreyfus au-delà de l’aura qui entoure ce nom, nous dit vraiment qui il était et ce n’est pas reluisant. Un arriviste de première qui ne cessait d’ambitionner de devenir ambassadeur. Qui vivait fastueusement de par son mariage avec une aristocrate roumaine antisémite au possible et qui le demeura bien au-delà de la révélation de la Shoah. Une indécrottable anti-juive. La biographe a eu accès à des documents inédits qui en disent long sur Morand. Elle déboulonne vraiment cette statue déjà un peu écorchée de son vivant. C’est, de par l’accès à des documents, la livraison d’une biographie de référence. Et c’est de surcroît une conteuse remarquable, ce qui n’enlève rien au travail biographique. Son sujet a bien eu une vie de roman, mais pas sous des auspices honorables. La lumière devait être faite.

Paul Morand Pauline Dreyfus. NRF Gallimard 484p.   

 

 

 


L’ABC de la collecte d’argent

Un de nos camarades à la rédaction, pétri de bonnes intentions, avaient voulu aussi dans un changement de dessein de carrière, fonder un organisme à but non lucratif afin d’arracher à la solitude des aînés en leur organisant de petits récitals en résidence. Après des démarches laborieuses il obtint la reconnaissance du fédéral de son organisme. Mais c’est après que le tout va se corser au moment de solliciter des dons. Il fut confronté à ce qu’on nomme le business de la charité. Qui requiert maintenant des qualités de spécialistes en la matière. Après avoir parcouru la deuxième édition de La gestion philanthropique de Daniel Lapointe il nous a avoué qu’il ne se serait jamais lancé dans pareille aventure. Cet enseignant en gestion philanthropique au niveau certificat à l’Université de Montréal a rédigé l’ouvrage fondateur sur ce monde qui a des règles très précises de fonctionnement. La sollicitation tout comme la donation et la gestion de dons requiert maintenant de hautes compétences. Avis aux intéressés.

La gestion philanthropique Daniel Lapointe. Presses de l’Université du Québec 211p.      www.puq.ca

 

 

 


Sur l’immigration francophone en Acadie du Nouveau-Brunswick

Le sujet est pointu, à savoir une analyse de comment s’interprète dans la réalité, l’arrivée de migrants francophones en Acadie du Nouveau-Brunswick. C’est le thème exploré par Leyla Sall professeur agrégé de sociologie à l’Université de Moncton. A une époque où en dépit de la mondialisation on a jamais autant vu le resserrement des communautarismes, comment les Acadiens accueillent-ils les autres francophones. Est-ce que l’inclusion est une réussite dans la province voisine ? Autant d’aspects passés en revue. Là comme ailleurs on voit que le fait d’être « étranger » pose toujours problème.

L’Acadie du Nouveau-Brunswick et « ces » immigrants francophones. Leyla Sall. Les Presses de l’Université Laval 227p.        www.pulaval.com

 

 

 


Il était une fois Charlie Hebdo.

Avec le Crapouillot et Hara Kiri, Charlie Hebdo a consacré l’irrévérence mais portée à un sacré sommet. Prenez cette Une du 17 août 1978 du dessinateur Reiser invitant le Vatican à élire cette fois une papesse, sous le titre Élisez une papesse bande cons! On pouvait voir à côté, une femme nue assise jambe bien ouvertes, sexe exposé, avec une grande mitre sur la tête. Une image vaut mille mots dit-on, c’est exactement la culture rédactionnelle de l’hebdomadaire née en 1970 au moment de la mort de De Gaulle où le journal titra « Bal tragique à Colombey : un mort ». Christian Delporte a pris sur lui de faire revivre la grande épopée de ce titre iconique de la presse française qui connut son heure tragique comme on sait. Il nous fait voir ce qui animait de l’intérieur ses créateurs. Ce qu’on pouvait s’amuser dans les années soixante-dix. A peine pensable aujourd’hui. Malgré que Charlie Hebdo persiste et signe offensant perpétuellement la rectitude sociale.

Charlie Hebdo la folle histoire d’un journal pas comme les autres Christian Delporte. Flammarion 373p.      

 

 

 


Aux passionné(e)s de recherche sur l’écriture

Aux Presses de l’Université Laval voici la sortie d’un essai sous la direction de Marie-Hélène Forger et Annie Malo ayant pour titre (Se) former à et par l’écriture du qualitatif. Comme pour les ouvrages qui se sont donné un niveau d’exigence, nous reproduisons ici la quatrième de couverture qui détaille mieux les motivations des auteurs. « S’adresse tout particulièrement aux étudiants des cycles supérieurs qui s’intéressent à l’écriture en recherche qualitative et à son apprentissage. Il s’adresse également aux directions de recherche ainsi qu’aux personnes formatrices qui accompagnent ces étudiantes et étudiants dans ce long processus d’acculturation au cours duquel ils s’adaptent aux particularités de l’écriture en recherche qualitative. Il s’adresse enfin à celles et ceux qui offrent des formations et proposent des espaces réservés à l’écriture de recherche. Regroupant des contributions de doctorantes et de doctorants, de spécialistes québécois et européens des littératies universitaires, de la didactique de l’écriture et des approches qualitatives en recherche, ainsi que d’organismes communautaires œuvrant dans le domaine de l’écriture de recherche, cet ouvrage offre des points de vue variés, complémentaires et riches sur les questions que soulèvent l’écriture du qualitatif et l’apprentissage qu’elle nécessite. Il offre une foule de conseils et d’outils conceptuels, textuels et techniques sans négliger de proposer une réflexion multidisciplinaire approfondie sur les enjeux réels que pose l’entrée dans l’écriture en recherche d’épistémologie qualitative. »

(Se) Former à et par l’écriture du qualitatif. Collectif. Les Presses de l’Université Laval 350p.     www.pulaval.com

 

 



 


Sur Hitler et Staline de même que sur la résistance au Führer

Mine de rien, la maison d’édition Jourdan se constitue un catalogue enviable pour tout ce qui touche à la figure d’Hitler, au Troisième Reich dans son ensemble et sur la Seconde Guerre mondiale. Des sujets qui d’office font assurément un carton en librairie. Il est vrai que c’est une période attractive de l’histoire du monde, tant elle est riche d’enseignements sur la nature humaine. L’humanité ne fà ut plus la même par la suite, du moins la perception que l’on pouvait s’en faire. Deux opus paraissent. Le premier Hitler et Staline le duel à mort de Boguslaw Woloszanski. Si le patronyme Hitler est irrémédiablement associé à une figure diabolique, que dire alors de Staline, le petit père des peuples qui à lui seul engendra huit fois plus de millions de morts que le dictateur nazi. On s’est longtemps interrogé sur les stratégies de l’un comme de l’autre au cours de l’invasion allemande en territoire russe. L’historien a bénéficié d’un accès à de nouvelles archives russes qui permettent un nouvel éclairage sur ce qui s’est vraiment déroulé.

Puis au tour de Patrick Campiol qui débarque avec Les résistants allemands à Hitler. En premier lieu, il faut savoir que tous les allemands n’étaient pas nazis d’allégeance. Souvent ils avaient leurs cartes du parti, de peur de représailles. Et la Gestapo ne badinait pas avec l’opposition. Surtout qu’elle était largement aidée par la délation. Hitler a miraculeusement échappé à de multiples attentats dont celui du fameux 20 juillet 1944. Il en tirait une gloire, y voyant un signe de sa mission divine. Sur la résistance au chef nazi l’Histoire a retenu pour nous les noms d’Hans et Sophie Scholl membres d’un mouvement adversaire aux idées nazies La Rose blanche ainsi que du colonel Claus von Stauffenberg. Mais il y en a eu pleins d’autres, au sein même de l’état-major allemand qui appartenaient de cœur à la Wermacht bien plus qu’à suivre Hitler dans ses délires. C’est de tout cela dont nous entretien l’auteur. Une galerie de gens hautement courageux qui voulaient restituer la liberté pour leur peuple, souvent au prix de leur vie, comme les Scholl qui furent décapités à la hache.

 

 

 


Une galerie de figures LGBT qui ont façonné la société

Florent Manelli a été interpellé jadis sur la question de son orientation sexuelle. Et comme sans doute beaucoup de gens éclairés, il a dû être révolté par cet état de tolérance plutôt que d’acceptation qui vise ceux dont l’amour n’ose souvent dire son nom, même en ce vingt-deuxième siècle. Et pour l’anecdote il s’est amené chez nous à Montréal où s’est manifesté alors son goût pour les arts visuels. Montréal étant la métropole par excellence pour l’épanouissement de la vie gay. Il a eu cette bonne idée de coucher sur papier sa galerie de personnalités LGBT de par le monde, qui ont été des modèles de coming-out. S’il y a des célébrités du domaine comme le regretté maire de San Francisco Harvey Milk, vous avez à côté de ça, quantité de gens que la majorité ignore et qui ont bravé la morale ambiante et formatée. Cela nous vaut des portraits de son cru et de courts textes pour nous présenter ceux et celles qui jouissent de son estime. Prenons le cas D’Hiroko Masuhara, une activiste lesbienne qui en 2015 sera la première à épouser une femme dans ce Japon conservateur. Une union civile délivrée à Tokyo. Vous ferez d’autres découvertes de beaucoup de pionniers et pionnières de la diversité. S’il devait y avoir une Fierté gay c’est bien pour ces gens qui n’ont pas eu peur de se mesurer à leur milieu.

40 LGBT + qui ont changé le monde Florent Manelli. Éditions lapin 221p. 

 

 

 


La pandémie, une surveillance plus puissante que celle sur le terrorisme

Qu’est-ce qu’il est réaliste sur l’état du monde cet Olivier Tesquet journaliste à Télérama, qui nous avait offert il y a quelques mois à peine « A la trace » nous mettant en garde sur les dérives orwelliennes de surveillance. Mais il n’avait pas anticipé que ce qu’il décrivait n’était rien au regard des mesures de traçage au motif d’assurer notre sécurité sanitaire. Il s’est donc mis à ce qui serait une suite logique du livre précédent, ce qui nous vaut son État d’urgence technologique. Si on n’en finit plus de répertorier les dégâts que cause cette « pandémie » au plan économique, le dicton qui veut qu’à tout malheur est bon, fait la joie de pas mal d’acteurs de l’économie qui profitent de la situation. Ce Covid-19 se montre même providentiel pour ceux qui tiennent le modèle chinois comme l’alpha et l’oméga de ce qu’il faudrait pour contrôler les citoyens de par le monde. A lire impérativement pour entretenir sa lucidité sur la marche de l’univers.

État d’urgence technologique Comment l’économie de la surveillance tire parti de la pandémie. Olivier Tesquet. Premier parallèle 145p.     www.premierparallele.fr

 

 

 


Des financiers qui pompent notre fric

Heike Buchter est journaliste d’investigation allemande et correspondante dans la métropole américaine du média Die Zeit. Elle est rompue au monde de Wall Street. Elle nous arrive avec ce qu’elle a vu au sujet de Black Rock. Ce nom ne vous dit rien. Et pourtant vous devriez, car c’est le plus important gestionnaire de fonds au monde. Pour vous donner la mesure de l’envergure de ce cabinet, il pèse tenez-vous bien 7400 milliards de dollars. C’est le triple du PIB de la France. Et dans l’Hexagone justement il s’immisce partout prenant des participations importantes dans toutes les entreprises de renom. Pour arracher en une année seulement pour ce qui est toujours de la France, pour 1,5 milliard d’euros de dividendes! Le président Macron, créature lui-même de la finance, s’est empressé d’épingler la Légion d’honneur au revers de la veste du président de la division française du géant de la finance internationale. La journaliste décrit la montée de ce qui était une petite start-up et comment elle s’est appuyée sur les petites gens pour leur faire miroiter de belles embellies financières. Est-ce le cas ? Le sous-titre de cette enquête en profondeur en dit long « ces financiers qui s’emparent de notre argent ».

Black Rock Heike Buchter. Massot 402p.  

 

 

 


Le coin spiritualité

Chez l’éditeur Accarias deux titres qui ont retenu notre attention. L’expérience de l’immortalité un sujet qui devrait attiser notre curiosité, nous qui sommes légions à nous poser des questions sur le sens de la vie ci-bas et ce qui se passe dans l’Au-delà. L’auteur Ramesh S. Balsekar. Le sujet ? La dualité illusoire entre l’Absolu non manifesté et la manifestation de l’univers. Et que pour parvenir à un bel état de conscience il faut tout simplement être. Le sage est le disciple de Jnaneshwar (1275-1296) qu’il cite avec en prime l’enseignement dispensé par un autre maître Nisargadatta Maharaj. L’immortalité c’est ici et maintenant. Une assertion qui vous titille ? Vous allez découvrir à quel point nous nous limitons dans notre perception de l’espace-temps.

Ailleurs c’est Antoine Marcel qui signe L’esprit-Bouddha. Une petite plaquette qui en impose par son contenu que son contenant. Ce qui exprime le mieux la pensée bouddhiste et sa démarche c’est l’Éveil. On parle du sourire au monde de cette grande figure spirituelle. Face à ce que la planète vit d’éprouvant en ce moment, c’est sans doute la première leçon à incorporer à notre quotidien. Savoir prendre de la distance face aux choses. S’imprégner d’une saine sagesse. Ce petit livre est rédempteur pour cette raison et s’impose comme lecture.

 

 

 


Quand madame s’est sauvée au Japon avec le petit

C’est une situation que certains ont éprouvé, à savoir qu’un des deux du couple a pris la poudre d’escampette, sans crier gare, en amenant avec lui ou elle en pays étranger l’enfant né de leur union. C’est le sujet de Tout peut s’oublier d’Olivier Adam. Son personnage est un père qui s’amène chez son ex. Pour se buter à un appartement vide. Il comprend très vite que celle-ci, japonaise, a pris la direction de son nippon natal avec le petit Léo. Dès lors il va entreprendre les démarches pour les retrouver d’une part et faire valoir ses droits. Toute une équipée. Il va même trouver le temps d’épauler une femme qui vit la même chose, mais inversement. Ceux qui vivent ce drame ou qui sont passé par cette épreuve, apprécieront au premier chef, les états d’âme décrits dans ces pages. Et ceux qui ne vivent pas la chose savoureront de ne pas en passer par là.

Tout peut s’oublier Olivier Adam. Flammarion 264p.

 

 

 


Pourquoi le pape François peine à faire l’unanimité

Yves Chiron est un historien de l’Église catholique. On lui doit des ouvrages sur le Padre Pio, Fatima et les catholiques en Chine. Il nous livre un sujet préoccupant concernant l’occupant du trône de Saint-Pierre. En effet, le pape François ne fait pas l’unanimité au sein de la Curie romaine et chez beaucoup de cardinaux. Dès son arrivée, on s’en souviendra, il n’avait pas hésiter à lancer des flèches touchant au train de vie des princes de l’Église plus soucieux de leur carrière que ce pourquoi ils ont été nommés. On le lui fera payer par des agitations en coulisses sur sa gouvernance. Une François phobie titre de son enquête. Car il prend dans ces pages la peau d’un vaticaniste à l’affût de ce grouille et grenouille dans les officines du Saint-Siège. Il passe en revue les réformes entreprises ou en voie de le devenir par le pontife qui axe son action sur l’évangélisation des brebis égarées. On appréciera le travail fouillé et les données qui nous permettent d’apprécier la situation.

François phobie Yves Chiron. Cerf 340p.      www.editionsducerf.fr

 

 

 


Climat, pas la fin du monde mais la fin d’un monde

C’est la conclusion à laquelle parviennent deux journalistes Cyrielle Hariel et Patrice Gascoin dans ce Guide de survie climatique. Car si on ne sait pas où tout ça va nous mener, on a très bien identifié ce qui ne va plus. Et beaucoup, à raison, s’inquiète de l’avenir de nos ressources. Surtout que le réchauffement de la planète vient tout chambouler de l’écosystème. Ils ont donc élaboré une série de trucs pratiques pour savoir comment bien surfer dans ce monde d’incertitudes. Et sans faire dans le positivisme à tout crin, ils sont de conseils. Genre, comment puiser des protéines quand il n’y a plus de viande. Savoir purifier l’eau et la débarrasser des nuisances. Et un de nos rédacteurs faisait remarquer fort à propos que l’utilité d’un tel guide est que plus on sait, moins on a peur. C’est vraiment le titre qui convient pour affronter les vicissitudes actuelles et s’en tirer pour le mieux. A conserver près de soi pour référence.

Guide de survie climatique à l’attention des gens normaux Cyrielle Harriel et Patrice Gascoin. Massot 197p.        www.massot.com

 

 



 


Sur l’embauche d’un dragon bienfaisant

Burn est un roman d’anticipation indéfinissable, car son auteur Patrick Ness nous demande d’emblée de jouer le jeu et d’embarquer à plein dans cette histoire rocambolesque où dans un petit bled rural des États-Unis, un fermier embauche un…dragon bleu pour le seconder! Pourtant ce Kazimir, nom de ce dernier dément la mauvaise réputation qui est faite aux dragons bleus par rapport aux dragons rouges. Et il fait de Sarah fille du fermier une sorte de médiatrice pour la future harmonie entre les dragons et les humains. Ça vous ne dit toujours pas à quoi tout ça rime ? Allez jeter un coup d’œil, car c’est presque une fable qui se conclut par une vision optimiste pour la suite du monde. On a bien besoin de ce genre de prophéties par les temps qui courent. Destiné à un lectorat jeune, nous croyons que les adultes y trouveront aussi de l'intérêt.

Burn Patrick Ness. PKJ jeunesse 399p.       www.pocketjeunesse.fr

 

 







 


 Le coin santé physique et psychique

Deux titres sortent aux éditions Éveil santé qui touchent à la femme enceinte. Roger Itier un homme rompu aux sports et aux arts martiaux présente Le Taïchi de la femme enceinte. C’est que la future maman doit composer avec des maux et de l’inconfort inhérents à sa situation en période de grossesse. On a donc élaboré une série de mouvements qui s’adaptent à la situation. Et dans ce même état d’esprit, toujours du même auteur et pour le même public Le Qigong de la femme enceinte. Dans les deux cas, de multiples illustrations avec des vignettes appropriées, qui soulignent en quoi l’exercice possède tel ou tel avantage.

Le poète nous a dit jadis que la mort avait des douleurs à nulle autre pareille. Et pour chaque individu la réception émotive au départ d’un être cher, variera et évoluera au fil du temps. Sous la direction de Danielle Maltais et Jacques Cherblanc voici une étude de cas Quand le deuil se complique aux éditions des Presses de l’Université du Québec. Les collaborateurs mettent de l’avant diverses situations vécues et les observations qui en découlent. C’est un examen fouillé de la question qui touchera d’office un large lectorat car nous sommes tous candidats à quitter ce monde un jour ou l’autre. Il s’est écrit beaucoup de livres sur le sujet, mais celui-ci a le mérite d’être exhaustif.

Aux éditions de La Martinière une parution au titre accrocheur La vule, la verge & le vibro avec une « sexperte » nommée Maïa Mazaurette qui chronique pour plusieurs publications dont Le Monde et France Inter pour ne nommer que ceux-là. A voir sa photo en couverture affichant un large sourire, elle a la sexualité heureuse. Dans une déclaration faite en marge de la sortie de son opus, elle a exprimé que l’on aborde le sexe un peu comme on le fait avec la cuisine, avec des recettes. Et elle n’a pas froid aux yeux, très confortable par exemple avec le recours de la pince à tétons pour augmenter le plaisir un peu dans la douleur. Il est tonifiant que cette liberté de ton émane d’une femme. On croit avoir tout dit et écrit sur la chose. C’est totalement faux, a preuve ces chapitres qui explorent encore plus en profondeur les désirs.

On mesure déjà les effets pernicieux de la connectivité juvénile permanente, avec son lot mots de maux physiques et psychiques, notamment la dépendance. Stéphane Blocquaux ajoute sa voix aux sonneurs d’alertes qui observent les dérives de cette surutilisation du web dans son essai Le biberon numérique aux éditions Artège. Ce spécialiste en science de l’information agit comme expert conseil pour diverses instances gouvernementales en France. Il nous donne des exemples épouvantables de partage d’intimité que font les jeunes sur la Toile. Comme cette photo où on aperçoit une jeune personne assise sur le siège de toilette, pantalons baissés. Ce cliché splendide va se retrouver partout avec qui sait comme conséquences. Nous recommandons fortement cette lecture aux parents qui ne savent plus quoi faire face à la dépendance numérique de leurs petits.

L’endométriose est une pathologie féminine qui cause bien des douleurs chez celles qui en sont atteintes. Nous avions une proche de notre rédaction qui était affligée de ce mal. Elle avait la dignité de ne pas se répandre sur ce qu’elle supportait, mais on voyait bien que c’était une maladie invalidante jusqu’à un certain point. Bruno Conjeaud oppose les lourdes médications officielles au traitement moins invasif avec l’approche ostéopathique, dont l’usage de l’hypnose. Il détaille les techniques dans Traiter l’endométriose par l’ostéopathie énergétique aux éditions Sully. Qui sera sans doute salutaire pour toutes ces femmes touchées.