- mars 2021 -
 
 

 


De la difficulté d’être maman

Il y a un an ou à peu près, on a demandé par sondage en France à des femmes qui étaient mềres, si, sachant ce qu’elles savent de la maternité, qu’elles auraient faits quand même des enfants. Et 71% d’entre elles ont répondu par la négative! Marie Dupuis qui a suivi une formation en psychologie le sait bien qui a choisi le biais du roman pour nous présenter trois femmes, dans trois contextes différents, “aux prises” avec les contingences de la vie de maman.  Ça ne fait pas tellement longtemps que la procréation est remise en question. Et même aujourd’hui, une femme qui manifesterait pas le désir d’engendrer fait encore l’objet de pressions, quand ce n’est pas directement, de façon insidieuse. C’est donc tout le mérite de l’écrivaine qui, dans Sous le sein gauche, se met dans la peau de ses trois personnages et les enjeux qu’elles vivent. Bref, pour les femmes ce petit ouvrage fera figure de baume.

Sous le sein gauche Marie Dupuis. Éditions David 101p.     www.editionsdavid.com

 

 

 


Être artiste en Abitibi

Voici qu’il nous tombe sous la main un livre que l’on peut qualifier d’attachant. D’autant que c’est le premier d’Alexandre Castonguay puis c’est la nature même de son sujet. En effet, ce comédien met en avant-plan, comment arriver à vivre de son art à Rouyn d’une part, mais dans toutes les régions profondes du Québec, hors Montréal qui les regarde de haut. Pour ses trajets constants entre Montréal et l’Abitibi, il passe par le terminal d’autobus. Et avec le temps il va fraterniser avec le type du dépanneur. C’est presque un documentaire qu’il nous propose. Avec ce J’attends l’autobus, c’est la réalité de l’artiste que nous découvrons si nous ne connaissons pas cet univers de l’expression artistique aux confins de la Belle Province. Ce pourrait faire en passant  l’objet d’un réel documentaire filmé. Notre Alexandre est d’une grande lucidité. Et son propos est sans filtre. Ça fait du bien.

J’attends l’autobus  Alexandre Castonguay. Les éditions de ta mère 123p.     www.tamere.org

 

 

 


Un bien étrange roman

En quatrième de couverture de Créatures primordiales de Tassia Trifiatis-Tezgel on peut lire ceci la concernant “possède des accents littéraires uniques”. C’est très vrai. Comment décrire un roman qui a des couleurs initiatiques ? En effet, un homme et une femme reçoivent d’une entité des missions à accomplir. Que l’on nomme ici des mandats. Qui les amènent un peu partout, de la Turquie en passant par Toronto. Des mandats oui, mais pour quelles raisons, pour quoi faire ? Là est l’intérêt. L’écrivaine nous plonge en plein mystère. Il y a de ces mandats qui ont des objectifs quasi impossibles comme de colliger sept mille ouvrages sur les classes sociales turques. Et vous ne serez pas au bout de vos surprises. Vous aimez le déroutant, alors vous êtes comme un addict au sucre dans une bonbonnière. Dire que nous avons aimé est un euphémisme. On a adoré.

Créatures primordiales Tassia Trifiatis-Tezgel. Leméac 150p.   

 

 

 


Nous sommes tous racistes

C’est la conclusion sans ambages à laquelle parvient Jacques-Philippe Leyens qui est en Belgique le pionnier du développement de la psychologie sociale. Qui signe un essai incontournable Sommes-nous tous racistes ? Qui tombe à pic au Québec alors que le racisme systémique est récurrent dans notre actualité. Et que le service de police de la Ville de Montréal a été mis à rude épreuve pour sa pratique du profilage racial. L’auteur de cet essai sur le racisme dit ordinaire, a bien analysé nos comportements d’homo sapiens face à la différence. Au Québec nous sommes à la lisière du racisme, un tantinet xénophobe. Dans un chapitre, il expose le cas le plus classique de la relation entre noirs et blancs. En somme, il met devant nous le miroir de qui nous sommes, faisant la démonstration noir sur blanc, excusez le jeu de mots facile,  de nos comportements interraciaux. Et le ton est donné par lui-même d’entrée de jeu, alors que Levens admet être raciste. Une transparence rare dans ce domaine où chacun se drape toujours de ne pas l’être.

Sommes-nous tous racistes ? Jacques-Philippe Leyens. Mardaga 187p.   www.editionsmardaga.com

 

 

 


Vivre avec les pandémies

Vous êtes sans doute parmi ceux qui vous demandent quand prendra fin cette pandémie du Convid-19 et comment tout ça va se terminer ? Un de nos collaborateurs à la rédaction avance que nous en avons pour les années vingt à venir, séquelles comprises. A cet énoncé, le sang nous a glacé. Et pourtant à lire Les nouvelles menaces mondiales de Sébastien Boussois il faudra en prendre son parti, nous devrons composer non seulement avec la présente pandémie mais avec d’autres à venir. Ce professeur de sciences politiques qui enseigne à l’ULB de Bruxelles et notre Université du Québec à Montréal, nous exhorte à faire preuve de réalisme et de voir la réalité crûment de ce qui nous attend. Il se risque à prévoir l’avenir. Qui lui donnera raison ou non ? Chose sûre, à le lire, rien ne sera plus comme avant.

Les nouvelles menaces mondiales Sébastien Boussois. Mardaga 170p.   www.editionsmardaga.com

 

 

 


Un tombeau pour la jeune morte

Au siècle des Lumières on nommait tombeau une oeuvre musicale ou littéraire qui rendait hommage à une figure disparue. C’est un peu ce à quoi s’est employé Gilles Leroy dans Requiem pour la jeune amie. Autofiction ou réel roman ? Il s’agit d’un homme qui ravive trente ans plus tard le portrait d’une amie âgée de vingt qui mourra de façon sordide des suite d’un viol. Il ne l’a jamais oublié notre narrateur. A l’en croire, elle ne laissait personne indifférent, surtout pas lui qui à défaut d’avoir pu lui sauver la vie comme il est dit, tente au moins de restituer son souvenir.  La qualité de cet écrivain est qu’il dispose d’un riche vocabulaire où chaque sujet, verbe et complément trouvent leur place. Jamais trop, jamais moins. On la voit vivre sous nos yeux cette belle fille au triste sort.  En littérature, ce livre est l’équivalent de la chanson “La source” d’Isabelle Aubret où également, la fille périssait aux mains de loups.

Requiem pour la jeune amie Gilles Leroy. Mercure de France 218p.

 

 

 


Ces médecins nazis et leurs cobayes humains

Au mépris de leur serment d’Hippocrate, des médecins allemands nourris par se sombres lubies médicales, ont expérimenté sur des prisonniers des camps de la mort, des traitements diaboliques causant des souffrances infinies. On réédite en format de poche le livre que leur a consacré Christian Bernadac dans Les médecins maudits. C’est une des pages les plus sombres de l’histoire de la médecine qui est rapportée dans ces chapitres. L’historien a eu accès à des documents inédits ainsi qu’à des témoignages de survivants. On a peine à imaginer ce que ces cobayes ont dû affronter dans leur chair. On sait que plusieurs de ces sinistres médecins ont réussi après-guerre à échapper aux mailles de la justice. Effrayant. C’est un devoir de mémoire auquel s’est attelé Bernadac afin que jamais plus on ne puisse revivre ces horreurs.

Les médecins maudits Christian Bernadac. Michel Lafon 263p.    www.michel-lafon.com

 

 

 


Il n’y a pas de vie ordinaire

Quelqu’un a déjà dit, c’est Aznavour pense t-on que dans la vie de chaque individu il y a de la matière pour une création artistique. C’est à quoi nous avons pensé en parcourant les pages merveilleuses de Origine paradis de Thierry Brun qui narre les tribulations d’un homme, Thomas, orphelin,  qui se rappelle son enfance, partagée entre un internat et un cadre familial assez peu invitant. Qui fut le lot de bien du monde, mais dans les mots de l’écrivain cela confère toute une dimension. Si nous utilisons  cette métaphore empruntée au monde de la télévision, ce serait une existence avec de meilleurs pixels qui permet de mieux voir les détails. L’homme de lettres vampirise l’âme de son sujet. On aime bien ce Thomas qui rame fort pour surfer sur les vicissitudes d’une vie dite ordinaire. Il y a aussi des fragments à connotation politique, l’extrême-droite que l’auteur décrypte. Bref, un roman solide.

Origine paradis Thierry Brun. Éditions Hors d’atteinte 246p.    www.horsdatteinte.org

 

 

 


Un peu à la manière de Paris Hilton

Que de ressemblances entre le personnage de Mia dans le roman de Jessie Ann Foley You know I’m no good” et celui de la riche héritière Paris Hilton. C’est que chacune, dans leur milieu de vie respectif était considérée comme des cas difficiles, indomptables, et envoyées toutes deux dans des établissements censés leur inculquer le bon sens. Un climat éprouvant au possible. Les deux femmes ont aussi fait l’objet d’agressions sexuelles et d’une perte d’estime de soi abyssale. Avec un retour “à la normale” dans chaque cas. L’écrivaine a mis l’accent sur le volet démolition de l’être que représente d’avoir été flétrie dans son intimité. Écrivant en connaissance de cause, ayant été agressée de même. Est-ce que Mia réintégrera la société formatée comme on s’attend d’elle où il restera en elle un zeste de rébellion ? A découvrir. Un roman très de notre temps que nous vous recommandons, à mettre sur le dessus de la pile de votre prochain achat.

You know I’m no good  Jessie AnnFoley. Hugo 330p.      www.hugoetcie.fr

 

 

 


Comment vivait-on au temps de Lénine ?

Et dire que le communisme avait pour ambition l’égalité entre les hommes ? Quelle lubie! Si vous voulez savoir de quoi a eu l’air la révolution bolchévique au cours des sept premières années qui ont suivi la révolution de 1917 allez lire Vivre dans la Russie de Lénine de l’historien de renom Jean-Jacques Marie. Un chaos comme vous ne pouvez pas imaginer, avec des problèmes de productivité dans les campagnes, l’Armée rouge qui se servait au “buffet” raflant d’abord pour elle les maigres pitances. Une cruelle famine, des enfants crasseux traînant dans les rues couverts de poux et agressant le chaland pour pouvoir survivre. Et on ne parle pas de l’incurie administrative. Un gigantesque bordel en somme.  Il y a quelque chose de dantesque à la Jérôme Bosch. Imaginez le pire et c’est en-deçà de la réalité. Avis aux passéistes qui, en cette période de pandémie et de restrictions, soutiennent que c’était mieux avant et qui gémissent de leur sort actuel. L’historien de surcroît se fait excellent conteur de tout ce sombre chapitre.

Vivre dans la Russie de Lénine Jean-Jacques Marie. Vendémiaire 374p.   www.editions-vendemiaire.com

 

 



 


Deux variations sur le même thème

Pierre Ouellet, si la tendance se maintient, héritera du qualificatif de démiurge. Pensez donc, il nous gratifie non pas d’un, mais de deux livres quasi en même temps Port de terre au Noroît et L’état sauvage chez Druide. Qui chacun dans une couleur particulière, évoque l’arrière-pays de Beaufort son “pays”. Celui qui remporta en 2015 le prix Athanase-David pour l’ensemble de son oeuvre, pour reprendre la formule consacrée, se fait plus descriptif dans le premier, alors que dans le second il y a une tonalité qui parfois relève de la poésie en prose. Ainsi écrit-il “Je cherche en vain le souffle qui me donne le jour, le vent de dos qui me mette au monde”. Et dans les deux livres la présence de trois enfants qui partent en mode exploratoire. C’est en même temps une célébration de la nature. Dans Port de terre le texte s’appuie sur de belles photos de Christine Palmieri où l’adage qu’une photo vaut mille mots, trouve toute son illustration.  Seulement avec la population de Beauport il y a un sacré bassin de lecteurs potentiels, ceux ensuite qui connaissent la région et qui ont envie de savoir ce qu’en dit l’auteur et les autres à qui cette lecture donnera le goût d’aller dans cette belle région du Québec.  Quel titre des deux l’emporte ? C’est comme demander à un parent de choisir entre ses enfants. Les deux bouquins se complètent l’un l’autre.

 

 

 


Journalistes et médias sociaux

D’aucuns affirment que les médias sociaux ont supplanté le journalisme, trop à la remorque des intérêts capitalistes. Une réalité cependant, c’est que les journalistes ont recours à ces plateformes dans le cadre de leur travail. Ils doivent alimenter  la bête en permanence, conférant au rythme de leur travail un aspect d’esclavage. Professeure à l’École des médias de l’UQAM,  Judith Dubois a sondé 393 journalistes québécois, donc un large échantillonnage pour leur demander en quoi les médias sociaux occupent une place dans leur quotidien professionnel. C’est un fait indéniable que ces derniers ne peuvent ignorer ces véhicules d’information qui sont aussi parfois des sources. Un étrange rapport. On apprend plein de choses, notamment sur les ancêtres des fake news dans les journaux québécois du XIXème siècle. Ces médias sociaux qui, qu’on les aiment ou non, ont changé la donne de l’information au plan mondial.

Journalisme, médias sociaux et intérêt public Judith Dubois. Presses de l’Université Laval 130p.      www.pulaval.com

 

 

 


Quand votre papa est baron mondial de la drogue

En littérature, il est rare de pouvoir lire le récit d’enfants de sombres personnages. De mémoire il y a eu le petit-fils de Rainer Hoess le commandant du camp d’Auschwitz, qui s’est exprimé de la sorte et plus près de nous la fille de Joe Di Maulo le no. 2 de la mafia montréalaise pour ne nommer que ces deux exemples. Qui nous ont montré une facette interne de ces individus sans foi ni loi. Dans cette lignée il faut ajouter maintenant Juan Pablo Escobar le rejeton du baron mondial de la drogue et chef du cartel colombien Pablo Escobar. Qui dans son pays jouissait dans son pays d’une grande popularité, qui tel un Al Capone en son temps à Chicago se faisait mécène, distribuant aux pauvres et faisant construire des commodités publiques. Il fut même élu à la Chambre des représentants, mais ce n’était pas là où il excellait. Le fils nous livre sa vision de cet homme recherché par toutes les polices de la terre. Aujourd’hui il donne des conférences afin de prévenir ses auditoires que de tels être ne puissent plus agir. Sa démarche orale et écrite Ce que mon père ne m’a jamais dit, s’inscrit dans une perspective évidente de repentir. C’est une lecture captivante va sans dire.

Ce que mon père ne m’a jamais dit Juan Pablo Escobar. Hugo doc 231p.    www.hugoetcie.fr

 

 

 


Son job, fauché des êtres pour les amener dans l’Au-delà

Mikaël Archambault a une longue feuille de route comme scripteur en humour, mettant son talent à la disposition de galas, d’émissions de télé et comme gagman pour des humoristes. Il écrit aussi pour son bénéfice et le nôtre et le voici qui débarque avec un troisième roman La mort des corbeaux qui ne manque pas de piquant. Jugez vous-même. C’est un avocat spécialiste en droit du travail, Elliot Leclair qui un jour sera rappelé par le Très-Haut. Une fois rendu au Purgatoire on lui confie, chez les corbeaux, un mandat bien singulier qu’on n’imaginait pas en un tel lieu, à savoir de faucher les âmes des personnes pour les conduire dans l’Au-delà. De manière à ce que lui-même gagne son Ciel. Une fois dans ces cimes  célestes il apprendra que sa propre mort avait un lien avec la curiosité qu’il manifestait pour une firme pharmaceutique. Et il décide alors de se venger.  Qui est contraire à l’éthique des dits corbeaux qui s’opposent à ce qu’on se mêle des activités des vivants. Ce roman d’une rare habileté, chevauche entre deux genres, le thriller et le fantastique. De quoi se gagner illico l’intérêt de deux lectorats. L’écriture est maîtrisée et surtout il tient une très bonne histoire entre les mains.

La mort des corbeaux Mikaël Archambault. Goélette 395p.     www.boutiquegoelette.com

 

 

 


Que cache grand-mère ?
L’histoire du roman de Claire Bergeron nous plonge à la fin du XIXème siècle dans une localité nommée Sutherland City, un bled du bord du lac Témiscamingue. Fabiola Sutherland est veuve depuis un quart de siècle. Elle est une femme aisée. Un jour elle décide de déménager. Et que va découvrir sa petite-fille Gladys, un certificat de mariage vieux de plus d’un demi-siècle, qui se trouvait glissé dans un missel. Elle qui croyait qu’il n’y avait eu qu’Égide son époux, qui était en fait son deuxième conjoint. Voyant ce précieux document dans ses mains, l’aïeule le lui a arraché prestement. Les secrets d’une âme brisée, confirme ce mot célèbre d’André Malraux, à savoir que l’homme est un tas de petits secrets. Nous sommes encore une fois en face d’une histoire de squelette dans le placard. Que va découvrir Gladys curieuse comme tout ? On vous le laisse découvrir.
Les secrets d’une âme brisée Claire Bergeron. Druide 437p.    www.editionsdruide.com

 

 

 


Laval comme jamais vous ne l’avez imaginée

Parmi nos collaborateurs il y en a un qui exècre Laval comme tout, décrivant cette agglomération de ville sans âme, faite essentiellement d’autoroutes et de centres d’achats. Seuls les quartiers de Sainte-Rose et de Pont-Viau trouvent grâce à ses yeux. Il a par contre été bluffé en parcourant cette petite plaquette Traduire les lieux Origines fruit de la collaboration de la poétesse Nancy R. Lange et du photographe Robert Etcheverry. Ils sont allés à la découverte de petits trésors paysagers. Il n’y avait pas davantage besoin que d’une plaquette, puisque ces clichés valent bien mille mots. Et que dire de la sensibilité exquise de cette écrivaine qui a su traduire en des strophes sublimes ce qui s’offre à sa vue. Vous ne verrez certainement plus Laval de la même façon.

Traduire les lieux Origines. Nancy R. Lange poétesse et Robert Etcheverry, photographe Éditions de la Grenouillère 75p.      www.delagrenouillere.com

 

 

 


Wajdi Mouawad le confiné

En temps normal Wajdi Mouawad est en constant mouvement. Mais avec le confinement il doit se contenter de voyager intérieurement. Ce qui lui permet mentalement de plus grands déplacements. Et il ne s’en prive pas. Si vous vous demandez où il se trouve, c’est à Nogent-sur-Marne qu’il s’est fixé, prenant le temps d’examiner l’activité des humains en temps de pandémie. Ça nous donne un fameux journal du temps qui passe Parole tenue qui commente la période allant de mars à avril 2020, les deux premiers mois en fait de l’arrivée de ce virus qui allait changer le cours du monde. En deux mois il lui en est venu des idées par la tête. Il s’exprime tantôt sur un charcutier André Berthet devenu un célèbre libraire, dont la librairie a fermé ses portes, mais dont la mémoire est demeurée intacte dans le souvenir des amants du livre. Qui vendait La Pléiade comme on vendait des saucissons, avec la même ardeur. Puis il s’attarde aux regards des autres, du rapport au père. Bref, dès qu’on tourne la couverture, pas de page de garde, on est immédiatement plongé dans le récit. On a hâte aux prochains mois d’observations.

Parole tenue Les nuits d’un confinement mars-avril 2020
Wajdi Mouawad. Leméac|Actes Sud 182p.

 

 

 


Nos intellectuels québécois et leur pensée sur l’éducation au début du siècle dernier

Sous la direction des Denis Simard, Jean-François Cardin et Olivier Lemieux voici un collectif qui s’est penché sur un volet de la vie intellectuelle du Québec à savoir ce que nos gens d’esprit considéraient sur l’éducation, ceux de la période allant des années 1900 à 1915. Des noms qui pour beaucoup ont été oubliés de la mémoire collective.  Peut-être sauf quelques-uns, un Charles De Koninck qui est étroitement associé à l’Université Laval dont il a été un des plus brillants penseurs et qui a donné son nom à un pavillon. A son propos on s’attarde sur une comparaison avec Bergson et notamment sur la question de la politesse. Et un André Laurendeau dont un Cégep du Sud-ouest de Montréal porte son nom et lié à une période du quotidien Le Devoir. Puis viennent les Georges-Henri Lévesque le père de l’enseignement de la sociologie, Georges-Émile Lapalme créateur du Ministère de la culture, et pour terminer François Hertel Jean-Charles Bonenfant qui contribua à l’essor des archives de l’Assemblée nationale du Québec. Voilà de belles découvertes à faire en leur compagnie.

La pensée éducative et les intellectuels au Québec La génération 1900-1915. Collectif. Presses de l’Université Laval 234p.     www.pulaval.com

 

 

 


De la misogynie à l’ère 2.0

Les femmes ont libéré la parole, l’ère MeToo. Mais comment les hommes ont-ils accueillis ces dénonciations ? Professeur émérite à l’Université d’Amsterdam Abram de Swaan a radiographié l’état de la masculinité et comment s’est organisé la riposte dans certaines civilisations. La misogynie a encore de beaux jours et s’exacerbe même. Avec des exemples troublants. Au Québec et en France pour ne nommer ces deux exemples, les féminicides atteignent dans l’Hexagone des statistiques stratosphériques. A la lecture, la guerre des sexes bat son plein. Du machisme catholique à la domination islamiste radicale en passant par l’orthodoxie juive, on voit que la femme n’a pas tort d’alerter le monde sur des comportements qui persistent. C’est un sombre tableau qui nous est présenté dans ces pages. A se demander si l’homo sapiens a vraiment évoluer.

Contre les femmes Abram de Swaan. Seuil 364p.      www.seuil.com

 

 

 


La leçon des Wendat sur l’inclusion

Georges E. Sioui est retraité de l’enseignement à la Faculté des arts de l’Université d’Ottawa. Sa feuille de route est longue chez ce spécialiste en études anciennes et aussi sur l’éducation indigène. Il est un de ceux qui soutient que les amérindiens ont été les fers de lance du modèle démocratique et de l’inclusion. Chez les Wendat (Hurons) par exemple, le mot Eatenonha qui donne son titre à sa dernière ponte, signifie Terre-mère, vocable indiquant que nous nous trouvons dans un espace accueillant pour la diversité et le respect. En sous-titre de son essai on peut lire « racines autochtones de la démocratie moderne ».  L’auteur est d’une grande transparence. Tout n’est pas qu’angélisme, la nature humaine amérindienne ou pas, étant ce qu’elle est. Mais chez eux on se rapproche d’un idéal de vie. Le plaisir de lire cet ouvrage c’est d’être au contact d’une richesse culturelle inouïe dont on ignore à peu près tout.

Eatenonha Georges E. Sioui. Presses de l’Université Laval 187p.      www.pulaval.com

 

 

 


Conflit entre Homos sapiens et Néandertaliens

Pour paraphraser les Sainte Écritures, au commencement étaient les Homos sapiens un peu plus évolués et les Néandertaliens. Eh bien nos ancêtres avaient-ils déjà en eux la fibre belliqueuse. C’est à quoi on est invité à assister dans ce roman préhistorique Le chant du bison de Antonio Perez Henares. C’est un pavé consistant qui suppose pour en écrire tant, que l’auteur qui nous a déjà donné une trilogie préhistorique « Nublares » s’est largement documenté. C’est un livre initiatique, ca run jeune homo sapiens, Chat-Huant sera pris en charge par un mentor qui lui enseigne qu’il n’a d’autre choix que de vaincre les Néandertaliens s’il veut survivre. Les coups de massue vont suivre. Plus exotique que ça tu meurs. On est vraiment plongé dans un autre univers.

Le chant du bison Antonio Perez Henares. HC Hervé Chopin 492p. 

 

 

 


Trajectoire de masculinité

Comment se forge un garçon ? La réponse vous l’avez noir sur blanc dans cette autobiographie sur le genre de Ivan Jablonka. Si les filles s’expriment de bien des façons sur leurs états d’âme, on sait finalement peu de choses de ce qui se passe dans la tête d’un jeune mec. Eh bien Jablonka dit tout, faisant porter le chapeau de ses propos à tous ses congénères de la gent masculine. D’où le titre Un garçon comme vous et moi. Un constat, la CHOSE préoccupe le garçon jusqu’à l’adulte. Il décrit ses émois devant une belle, l’émoustillement à la vue des premiers pornos à la télévision. Il a manifestement un « problème » avec sa troisième jambe. Effectivement que les mâles se reconnaîtront à travers ces aveux. Et il a l’art de bien se raconter. Le problème ? C’est trop court. Vite un tome deux monsieur.

Un garçon comme vous et moi Ivan Jablonka. Seuil 294p.      www.seuil.com

 

 

 


De taciturne à ouvert sur le monde

Le fabuleux voyage du carnet des silences est le premier livre de non fiction de Clare Pooley qui, dans un précédent ouvrage nous avait raconté sa victoire sur sa dépendance à l’alcool. Maintenant elle nous transporte à Londres où son personnage central, Monica, avocate de son état. Un jour elle aperçoit sur sa table un carnet laissé par un de ses clients, sorte de journal. L’auteur de ces pages sera bientôt octogénaire. Il a pour nom Julian Jessop et c’est un artiste assez singulier. Elle retrouvera cet homme qui est devenu à son corps défendant misanthrope. Il faut dire que la Monica, curieuse pour deux, avait mis le nez dans ces pages. Elle sait à qui se tient devant elle. Ce carnet aura des répercussions non seulement sur la vie de la jeune femme, mais sur Julian qui graduellement s’ouvrira aux autres. C’est un roman qui fait la démonstration que l’homme au sens large de l’humanité n’est pas une île et qu’il a besoin des autres. Il est grégaire par nature. Et que rien de tel que l’amitié.

Le fabuleux voyage du carnet des silences Clare Pooley. Fleuve éditions 473p.     www.fleuve-editions.fr

 

 

 


Les humains tel un chaînon

A la ville, la montréalaise Bindu Suresh est pédiatre. Sans doute a-t-elle un agenda plus que chargé. Elle a quand même trouvé le temps de concocter un petit roman 26 nœuds qui n’a pas proprement d’histoire à raconter sinon la chaîne humaine que symbolise ses personnages qui entament des liaisons qui naissent et meurent. La vie quoi. Pour un premier roman, c’est toujours quelque chose d’émouvant que cette entrée dans le monde des lettres. Eh bien elle a réussi bien plus que la note de passage. Un très beau sens de l’observation de la sensibilité humaine. Comme nous sommes face à une galerie, il y a fort à parier qu’un des protagonistes va vous interpeler. Suivez cette chère doctoresse à la trace. Il y a incontestablement de la graine d’écrivaine confirmée en elle. Nous on a pris du bon temps à sa lecture.

26 nœuds Bindu Suresh. Marchand de feuilles 178p.    www.marchanddefeuilles.com

 

 

 


La représentation du Moyen-Âge en sol québécois

Nous sommes des nains devant la connaissance. C’est ce qui nous vient à l’esprit en lisant cet essai Rejouer l’histoire d’Elsa Guyot dont le thème est fondé sur la représentation du Moyen-Âge dans les musées du Québec. C’est à proprement parler une thèse. Ensuite il est question de l’influence de cette période de l’histoire sur notre architecture comme la basilique Notre-Dame de Montréal de style néo-gothique et la Christ Church anglicane, pour ne donner que ces deux exemples. Quels ont été les centres d’intérêts du monde muséal de chez nous pour le Moyen-Âge et comment cela s’est-il concrétisé. On sera surpris de certaines acquisitions dans des collections d’ici. L’essayiste qui est historienne de l’art spécialisée dans la muséologie et l’art médiéval est parti à la trace de tout ce qui s’est fait comme expositions sur le Moyen-Âge dans nos différents musées. Un travail de moine est le qualificatif le plus approprié.

Rejouer l’histoire Elsa Guyot. Leméac 182p.    

 

 

 


Une femme vendue treize fois par l’État islamique…

Comme titre, La putain du Califat vous a des airs de roman historique genre Angélique marquise des anges. Et pourtant on est loin d’être dans l’eau de rose. C’est au contraire un cas vécu, celui de Marie, chrétienne de confession, qui s’est retrouvée dans les mailles de l’État islamique avec la contrainte de servir de distraction sexuelle à ces barbus pourtant dits rigoristes. En plus d’être violée, elle subira la torture aux mains de ces barbares qui l’ont enlevée. A cette lecture on à peine à croire que cet état de fait puisse exister en ce début du XXIème siècle. Nous sommes en plein Moyen-Âge. Marie décrit comment ces djihadistes ont une lecture élastique du Coran et à quelles exactions ils se livrent dans un pur sadisme. Il est miraculeux que cette femme ait pu sortir des griffes de ces tortionnaires et qu’elle puisse livrer son témoignage accablant.

La putain du Califat Sara Daniel et Benoît Kanabus. Grasset 196p.   

 

 

 


De Kandahar au Nunavut

Tout commence alors qu’un soldat canadien posté à Kandahar tombe raide dingue amoureux d’une femme après l’avoir vu en couverture d’un magazine. Hélas pour lui, il périra à la suite de l’explosion. Mais l’objet de son amour, meurtrie ira aussi loin qu’au Nunavut pour la cicatrisation de son âme. Voilà en très grand résumé la trame de, Une nuit d’amour à Iqaluit. Déjà qu’avec ce matériau on peut faire beaucoup. Mais c’est sans compter que l’auteure Felicia Mihali y met de la valeur ajoutée en faisant en sorte qu’en plein processus de guérison, Irina, sera rattrapé par des vérités auxquelles elle ne s’attendait pas. Quel talent que cette Mihali qui, tenez vous bien, a entrepris des études en français, néerlandais et…chinois! Une curieuse donc. Et la beauté de ce roman c’est aussi la description de la vie quotidienne à Iqaluit. Qui suppose deux choses, soit qu’elle s’y soit rendue ou qu’elle s’est très bien documentée. En somme il y a de la matière pour vous passionner à plus d’un titre.

Une nuit d’amour à Iqaluit Felicia Mihali. Hashtag 384p.     https://editionshashtag.com/

 

 

 


Coupée des siens une internée en psychiatrie partage de riches leçons de vie

La santé mentale on le sait bien, demeure encore un tantinet tabou. C’est pourquoi la lecture de Sortir du labyrinthe de Raymond Paul vaut le détour. Car souffrir dans sa tête peut-être un état de vie passager et son sujet peut avoir bénéficié d’une riche expérience de vie à partager. La faiblesse se changeant en force. Bref cette parenthèse en introduction de ce roman qui met en scène une femme qui a séjourné un long moment en institut psychiatrique. Pendant plus d’une décennie elle aura perdu le contact avec ses proches. Elle veut raconter à ses filles, ce par quoi elle est passée, mais ne sait pas trop comment s’y prendre. Elle va donc jeter sur papier ses pensées intimes, pour jeter son espèce de journal, une fois les pages noircies. Eh bien, retournement de vie, cette Suzanne écartée des siens va muter en précieuse conseillère. A sa façon elle incarne le fameux adage que ce qui ne tue pas rend plus fort.

Sortir du labyrinthe Raymond Paul. Druide 318p.   www.editionsdruide.com

 

 

 


Un rappel de liens culturels

Le politologue Simon Labrecque utilise la palette de ses connaissances patrimoniales pour jeter ç’a et là des pistes de réflexion. Un désir de liens nous amène chez Charles Trudeau, père de notre illustrissime ex-premier ministre du Canada, le romancier Jacques Ferron, Saint-Jérôme, Louis Hémon, quelques curés de régions etc. Un petit essai riche de belles couleurs que nous avons désappris. Il nous donne le goût d’aller explorer plus loin les sujets présentés. C’est un opuscule indéfinissable mais qui a le mérite de titiller notre curiosité. Le prérequis étant d’être intelligent…Est-ce ironique de sa part, en couverture un fragment d’une illustration représentant l’église Saint-Jean Baptiste de Québec, véritable joyau architectural, fermée au culte et dont on ne sait que faire. Patrimoine, quand tu nous tiens.

Un désir de liens La mémoire qui nous agite. Simon Labrecque. Liber 152p.   www.editionsliber.com

 

 

 


Il était une fois l’écologie

C’est en 1895 qu’apparaît pour la première fois le mot écologie. Voilà un fait que nous apprend Pierre Fraser chargé de cours à l’Université Laval qui nous arrive avec une petite plaquette riche de son contenu L’écologisme avec pour sous-titre « Ou le succès d’une idéologie politique ». Son but, aller en amont et nous raconter comment a débuté mondialement cette prise de conscience du déclin de l’environnement planétaire. Un petit cours 101 qui démonte les mécanismes de conscientisation du domaine allant jusqu’à Greta Thunberg. L’écologie a pris avec le temps une couleur politique. En toute fin d’essai il nous interpelle sur ce que sera le monde futur. Quand à lui, l’écologisme comme idéologie est porteuse.

L’écologisme Pierre Fraser. Liber 130p.    www.editionsliber.com

 

 



 


Deux enquêtes qui prouvent, preuves à l’appui, la conjuration de la Covid-19

Le problème avec les médias officiels c’est qu’ils se sont étrangement alignés sur les diktats des santés publiques de par le monde, qualifiant comme au Québec ceux qui émettent des idées contraires de Covidiots. Et là, ce ne sont pas des chroniqueurs qui entrent dans la ronde, mais des journalistes censés faire la part des choses. Comment par exemple expliquer qu’au Japon, pays de la distanciation, où les habitants ne sont pas portés d’office sur les rapprochements physiques, ensuite civilisation hygiéniste au possible (inventeur de la toilette autonettoyante, puis portant des masques depuis des décennies pour se prémunir de la population automobile, comment dans ces conditions, les médias peuvent-ils alerter sur des éclosions du virus de la Covid-19 en territoire nippon ? Voilà une logique qui n’a jamais été dans la mire d’un journaliste. Prenez Élisabeth Lemoine l’animatrice de C à vous, qui n’invite que des médecins alarmistes et qui attaque ceux qui émettent le moindre doute ou qui font l’apologie du professeur Didier Raoult. Il est évident que nous faisons les frais d’une vaste conspiration. Et pour en avoir la preuve éclatante, la maison d’édition Le jardin des Livres fait paraître deux enquêtes choc qui décrivent les manigances orchestrées par des puissances de ce monde, Bill Gates, les pharmaceutiques et les blouses blanches. Le premier Enquête sur un virus est signée du grand reporter Philippe Aimar qui a besogné comme pas un pour étayer sa théorie du complot. La valeur de ses sources ajoute à la crédibilité de son plaidoyer. Les manipulations qu’il expose sont sans limites. Et en complément le brûlot de la virologue Judy Mikovitz qui mène une dénonciation continue contre les conglomérats pharmaceutiques. En parcourant ces deux bouquins renversants on se dit, qu’il y a là toute la matière pour mettre en place devant les tribunaux une défense pour ceux qui veulent démontrer sans l’ombre d’un doute les sombres machinations de puissances financières et médicales qui ont entrepris d’asservir l’humanité.

 

 

 

La fille de Romy Schneider s’adresse à sa propre fille

L’a-t-on assez répété ? Sarah Biasini est la fille de la regrettée Romy Schneider dont elle a des traits évidents de filiation. Elle tente de se créer une identité en propre, ce qui est un défi quand on porte sur ses épaules le poids d’une célébrité comme sa mère. A cette fin, celle qui est aussi comédienne, se lance donc dans l’écriture avec La beauté du ciel. Sur la couverture on voit Romy Schneider qui pose un tendre baiser sur la petite Sarah. Dans ce récit Sarah s’adresse à sa fille Anna qui vient de naître. Elle lui transmet mille et une réflexions qui lui viennent en tête. On croit voir dans cet exercice de style une sorte de thérapie. On sait que l’écriture est un moyen efficace de libérer la parole. Pour une première incursion en littérature c’est assez bien réussi. La sensibilité ça lui connaît. Il y a des passages attendrissants, quand la nouvelle maman révèle à son bébé qu’elle aimerait redevenir petite fille. Que du beau, que du bon.

La beauté du ciel Sarah Biasini. Stock 250p.      www.editions-stock.fr

 

 

 

Une scientifique poétesse de la nordicité

Elena Johnson qui est chercheuse en écologie terrestre sait se faire aussi poétesse. C’est ainsi que dans le cadre d’une résidence poétique dans le cadre d’une recherche en écologie au Yukon, elle s’est mise à observer le décor grandiose et sauvage qui s’offrait à ses yeux. « Armée » de son carnet de notes et d’un crayon de plomb, elle a consigné des impressions. Cela nous vaut un recueil de poésie et aussi d’observations animalières regroupées sous le titre Notes de terrain pour la toundra alpine. Elle restitue les sons, le mouvement ambiant, la grandeur, etc. Et si de par sa profession elle est une cérébrale, elle est dotée d’une double faculté qui lui permet de voir autrement les choses. Une femme de lettres qui a compris la nordicité. Qui nous fait tout humble. Extrait « Une grappe de tentes sur le lit du ruisseau de juin. Des plateformes de bois sur pierres, pas d’empreintes sur le lichen ni la mousse. En automne le camp prend fuite ».

Notes de terrain pour la toundra alpine Elena Johnson. Presses de l’Université du Québec 72p.    www.puq.ca

 

 

 


Jusqu’où mène le manque de confiance chez une femme

Dans ce qu’elle identifie comme une autofiction Valérie Breault qui est intervenante psychosociale, a voulu consigner dans Exister vers quels abîmes psychologiques une femme peut descendre de niveau lorsque sa confiance en elle est minée jusqu’au tréfonds. Avec des conséquences épouvantables dans ses rapports avec la gent masculine. Assortis parfois de violence conjugale. Sur la couverture, on peut voir une femme poings liés par de gros cordages. Ils sont chez elles une métaphore de leur désarroi. Sans dire que le tout se termine sur un happy end, il y a tout de même une note d’espoir. C’est un livre message pour les femmes, trop nombreuses, qui n’ont aucune estime d’elles. C’est aux éditions de l’Apothéose. Et chez le même éditeur, dans un autre registre, bienvenue dans une littérature au nouveau vocable la hard fiction. Il s’agit de Zermina  de Henri Bélanger. Le titre l’emprunte au surnom donné à une exoplanète. L’auteur est un passionné de conquête spatiale. Il est parti de faits avérés pour structurer son imaginaire. Pour ceux que le cosmos fascine, et ils sont nombreux, vous saluerez ce premier exercice réussi de fiction. Prometteur. Qui annonce peut-être une carrière littéraire dans ce créneau spécialisé. En tout cas c’est bien parti.

 

 

 


Heureux qui comme Samuel Lalande-Markon a fait un sacré voyage

Il faut être un petit peu fou pour caresser même l’idée de se rendre de Montréal à Kuujjuaq dans le Grand nord québécois. C’est pourtant ce qu’a réalisé Samuel Lalande-Markon qui durant un mois a fait ce trajet à vélo et en canot. Si vous avez hâte de connaître ce qu’on peut éprouver durant ce qui n’est rien de moins qu’une performance, allez lire ce qu’il en dit dans son merveilleux récit La quête du retour. S’il a pédalé en solo, la portion canot il l’a accompli en compagnie de David Désilets. Au total 2,600 kilomètres de distance. Pour donner un ordre de grandeur, aller de Montréal à Québec représente 250 kilomètres. Il parcourait 261 kilomètres quotidiennement! C’est presque herculéen. C’est un bon conteur de surcroît qui répond à toutes les questions, souvent avec beaucoup d’humour. Quand on est en danger au milieu de ces étendues infinies ? Bonjour les secours. Air Médic ne s’y rend même pas. Si le confinement pandémique vous pèse, vous avez le livre idéal pour voyager par procuration.

La quête du retour Samuel Lalande-Markon. Les heures bleues 294p.     www.heuresbleues.ca

 

 

 


Des trucs utiles pour être en accord avec sa vision écolo du monde

Cynthia Desrosiers n’a pas fait que théoriser. Celle qui a travaillé comme chargée de projet dans un cabinet de designer et d’architectes a eu l’opportunité de mettre à contribution ses connaissances écologiques dans l’érection d’un domaine autosuffisant. Elle a ramé certes, mais quel laboratoire pour mettre à contribution son savoir. Faisant preuve de générosité elle s’est mise en tête de nous partager ses petits trucs, qui ont un double mérite, sauver la planète et côté budget faire des économies substantielles. Cela donne le Guide éco responsable. La célèbre Jane Goodall, experte en chimpanzés, à l’orée de de ses 90 ans, exhorta récemment la population mondiale à s’informer avant de consommer. Quelle est la provenance de tel produit, dans quelles conditions il est cueilli ou fabriqué. Dans son guide, l’auteure va dans ce sens nous apprenant que si on aime les amandes, c’est une chose, mais qu’un seul de ce fruit réclame cinq litres d’eau pour sa culture…Côté couches pour bébé, elle prône l’usage des couches lavables, nous informant par la même occasion que des municipalités ont des octrois pour les ménages utilisant ce type de couches. A conserver toujours près de soi ce livre indispensable.

Guide éco responsable Cynthia Desjardins. Broquet 144p.      www.broquet.qc.ca

 

 

 


A qui veut faire une avancée dans la connaissance de la philo

Prof de philo au cégep de Saint-Laurent Steeven Chapados connaît les raccourcis pour faire assimiler à ses étudiants les grands courants philosophiques. Il a décidé de s’étendre plus loin que ses salles de classe en partageant son savoir en la matière par le biais d’un petit pavé intitulé brièvement Monde. Attention, on n’est pas ici dans « Philosophie pour les nuls ». C’est un peu plus exigeant, la matière est dense. Il a choisi six thématiques : atomes, religions, nature, nombres, essences, logique ainsi que Foi et raison. En même temps que c’est un cours sur les idées, c’est aussi un cours d’Histoire. Il nous décrit avec brio les guerres que se livraient Carthage et Rome. Cette initiative de vulgarisation survient à point nommé alors que le monde post-pandémie ne sera assurément plus le même et que de grandes questions existentielles viendront hanter les esprits. Ce livre devrait figurer comme manuel scolaire au niveau secondaire. Car qui sait, à moins peur. C’est tout le mérite de la connaissance. On a bien aimé ce passage dans lequel il expose Socrate et la notion de responsabilité chez des êtres qui commettent des crimes lourds. Sont-ils foncièrement méchants ou ignorants des codes sociaux ?

Monde Steeven Chapados. Fides 470p.   www.groupefides.com

 

 

 


Le continent africain à découvrir en 100 questions

Que sait-on vraiment du continent africain dont l’image tiers-monde reste accolée. Et pourtant il y a un dynamisme qui fait jour. Il faut savoir que 40% de la population de l’Afrique à moins de…15 ans! C’est ce genre de faits qui rajuste notre idée que l’on s’en fait qui ont parcourt L’Afrique 2,5 milliards de voisins en 2050 coécrit par Stephen Smith qui enseigne les études africaines à l’université de Duke aux États-Unis, chroniqueur sur l’Afrique successivement à Libération et au Monde et Jean de la Guérivière qui a été au service étranger de ce deuxième quotidien. Ils répondent à des questions que l’on se pose dont, comment expliquer tant de corruption dans ces pays ou l’importance des arts de la scène. Cent questions au total qui font le tour de l’actualité. C’est une belle mise à jour qui permet de réviser nos préjugés. Ce livre comble un réellement un vide.

L’Afrique 2,5 milliards de voisins en 2050 Stephen Smith et Jean de la Guérivière. Tallandier 379p.       www.tallandier.com

 

 

 


Faire connaissance avec maître Dôgen

Dôgen est un des grands penseurs spirituels du Japon. Il est né en 1200 et est décédé en 1253. C’est un disciple de Bouddha. Il s’est rendu d’ailleurs à cet effet en Chine pour parfaire cet enseignement. Il revint au Japon et tenta assez difficilement de répandre cette sagesse. Les éditions Sully dans la collection Le Prunier ont invité un moine zen Ryodô Awaya qui en compagnie d’un illustrateur de manga réputé Fumio Hisamatsu à faire revivre en bandes dessinées la vie et l’œuvre de ce grand maître zen à qui on doit au passage un recueil célèbre en pays nippon, le Shôbôgenzô. C’est une excellente idée de passer par le biais de la BD pour relayer la biographie de ce personnage éminemment respecté. Et dans cette édition on a réuni les trois tomes de la version originale. L’éditeur nous déroute un peu, car, comme pour tout ouvrage oriental, l’histoire commence par la fin, couverture comprise.

Dôgen maître zen Ryodô Awaya et Fumio Hisamatsu. Sully 380p.     www.editions-sully.com

 

 

 


État de la drague gay en ce 21ème siècle

Comme nous comptons une bonne représentation de la communauté gay au sein de la rédaction de Culturehebdo, nous étions intéressés au premier chef par cet essai du socio-anthropologue Laurent Gaissad qui cartographie la vie gay actuelle dans Hommes en chasse. L’équipe rédactionnelle a un parti pris à savoir que l’homosexualité, même en 2021 est pour l’ensemble toléré mais non accepté. Au mieux fait-on avec. Mais le sous-titre de l’ouvrage dit bien de son contenu « Chroniques territoriales d’une sexualité secrète ». Ces deux derniers mots en disent long. Car on ne se vante pas trop quand on est gay de ses conquêtes, de crainte d’être ostracisé comme un colporteur de maladies vénériennes et le pire le SIDA. Les bosquets ont encore de l’avenir quand on lit ces pages qui font la démonstration d’une certaine misère. Puis il y a le web qui entre dans la danse avec ce que le virtuel peut manquer d’humanité. C’est un très grand document que ce bouquin qui radiographie vraiment la réalité de ce microcosme social avec ses codes. Pour comprendre que le chemin sera encore long pour parvenir à une réelle acceptation.

Hommes en chasse Laurent Gaissad. Presses Universitaires de Paris-Nanterre 184p.    www.pressesparisnanterre.fr

 

 

 


Le Mouvement Desjardins souffle ses 120 chandelles

A 120 ans vous êtes un vieillard depuis longtemps. Mais l’exception confirme la règle. Exemple le Mouvement Desjardins qui a maintenant cet âge, depuis sa fondation par Alphonse Desjardins qui se faisait le chantre de la coopération. Avec le succès que l’on connaît. Et pas pour lui de se contenter d’être né pour un petit pain. Il avait de l’ambition le père Desjardins. Songez qu’en 1908, dans ses visées américaines, il ouvrit en 1908 une caisse à Sainte-Marie de Manchester dans le New-Hampshire! Pour marquer le coup, on a décidé de publier un survol de toutes ces années glorieuses dans Desjardins ensemble depuis 120 ans. C’est l’éditeur des éditions La Presse Pierre Cayouette à qui on doit cette monographie fort intéressante du seul fait des archives. Et il y en a de fort belles. Si vous pensez à première vue que c’est une catégorie d’ouvrage de nature corporative un peu ennuyeuse, détrompez-vous. Nous sommes en face d’un beau cours d’histoire en photos et vignettes qui raconte la fabuleuse entreprise, grand fleuron du Québec inc. On fait connaissance avec une nonagénaire qui a été jadis directrice d’une caisse que l’on nommait alors populaire, qui se trouvait…dans sa maison! Et puis on apprend que les Caisses Desjardins ont été les premières à faire du télétraitement de données informatiques dans le secteur bancaire au pays. Bref, on ressort de cette lecture, plus intelligent que lorsqu’on y est entré, ce qui est un beau compliment à ce devoir de mémoire.

Desjardins ensemble depuis 120 ans. Pierre Cayouette, préface de Guy Cormier. Éditions La Presse 230p.     www.editionslapresse.ca

 

 

 


Quelques petites et grandes leçons de vie

Dans ce monde complètement dingue d’une pandémie orchestrée ou non, il serait bon d’aller puiser du côté des philosophes des éléments de compréhension pour réussir à passer au travers. Il y a une lecture à ce propos que l’on vous recommande fortement Philosophie et création de Pierre Bertrand chez Liber, qui a enseigné la philo durant trois décennies. Comme ses propos sont très avisés, marqués au coin du gros bon sens, il est souvent invité à s’exprimer dans des conférences ou séminaires. Il a regroupé ses interventions dans ce livre éclairant. Dont le premier chapitre consiste à donner un sens à la maladie. Quel thème on ne peut plus actuel avec cette hantise de la mort en marge de la Covid-19. Et plus loin quand il nous remet en mémoire que l’homme est fondamentalement grégaire et qu’il a besoin de ce contact aux autres. Avis aux chantres du confinement à perpète.

Si vous aimez ce cher Bertrand et ses réflexions pertinentes, vous pouvez compléter avec un autre de ses ouvrages Pour demeurer bien vivants toujours chez le même éditeur. Si le vocable « être bien vivant » suppose une agitation. Lui nous répond que ce n’est pas du tout ça. Qu’au contraire c’est faire preuve d’une grande paix intérieure. Il est fait beaucoup référence dans ces pages à l’amour divin, à l’exclusion des clichés masochistes du monde chrétien. Une très belle lecture qui quitte ici un peu plus l’univers de la philosophie pour entrer dans celle de la spiritualité.

 

 





 


Le coin santé physique et psychique (1)

Nous pauvres humains, ignorons pas mal de choses sur le comportement sexuel des animaux. Question de se rattraper, à lire impérativement Le sexe tout bête de Gideon Defoe. Non seulement nous en apprend-il sur les mœurs d’un tas d’animaux, petits et grands, mais il le fait avec tellement d’humour. On rit à chaque page, tellement il va chercher parfois des comparaisons biscornues. Avec des dessins hilarants va sans dire de Florence Cestac. C’est aux éditions Wombat. Et rire est vraiment bienvenue avec ces confinements qui sont devenues des modes de vie sans fin. Un petit livre qui fait grand bien. Et pour certains mammifères, de quoi nous rendre jaloux côté performance.

Cédons cette fois le propos à deux astrologues Kim Farnell présidente de la Loge astrologique de Londres et Yasmin Boland qui publient Mercure rétrograde. Selon ce que ces augustes personnes nous apprennent, c’est que la planète Mercure est responsable de notre communication. Et que dépendant où elle se trouve dans notre cartographie astrale, elle interfère sur notre façon d’échanger avec nos semblables. Sachant cela, comment profiter de cet apport pour améliorer notre communication avec les autres, désencombrer son existence, faire table rase de ce qui ne va pas en nous pour remplacer le tout par une autre attitude. Ce livre qui sort au Courrier du livre est sous-titré « Guide pratique pour transformer le chaos à votre avantage ». Qui pouvait imaginer qu’une planète si éloignée pouvait avoir une incidence sur notre développement personnel ?

Lâchez toute dépendance! Voilà la proposition de Michèle Cocchi et Jacques Vigne. Tout un programme. Ces deux-là font tout le tour de la question des dépendances. Et elles sont nombreuses. Pour quelles raisons est-on accro à telle ou telle de celle-ci ? Il y a un aspect métabolique non négligeable. Ah ces sacrées endorphines trompeuses, qui nous procurent un produit qui nous fait envoler de joie, mais oh combien est la chute! En fin d’ouvrage après ce grand exposé qui nous aide à nous comprendre, on entre dans la phase de se libérer de ces attachements maudits. Et de faire intervenir à cette étape des réflexions de maîtres indiens qui ont planché sur la question. Le livre paraît aux éditions Accarias.

 

 

 


Le coin santé physique et psychique (2)

Apprenant qu’un proche avait une fille dans son collimateur et qui s’apprêtait à lui chanter la pomme, un membre de notre rédaction recommandait toujours ce précieux conseil « informe-toi auprès de cette fille sur ce qu’on été ses rapports avec son père. Si c’est négatif, tu peux être certain que toute sa vie elle se vengera sur les hommes ». Et pour l’ensemble il n’avait souvent tort. Ça tombe bien, voici Dans les yeux de mon père aux éditions Hugo doc où des humoristes femmes racontent leur papa. Dans l’ensemble, le contenu est assez positif. On peut supposer que ces neuf femmes sélectionnées pour cette démarche ont un bon rapport avec la gent masculine. Mais ici on serait plutôt dans le genre « le plus fort c’est mon père » ou presque comme le chante si bien Lynda Lemay. C’est rafraîchissant de lire des propos comme ceux-ci qui ont de quoi rassurer les hommes.

Aux éditions Mardaga deux titres qui ont pour but de renseigner adéquatement sur le tabac et l’alcool. Ils sont le fruit d’auteurs provenant de la cellule drogues de l’Université de Liège. Le premier Le tabac en questions, est sous la direction de Vincent Seutin. On livre 30 réponses pour autant de questions, portant pour beaucoup sur la nocivité. On aborde le sujet des cigarettes électroniques à l’intention de ceux qui en font usage comme une sorte de sauf-conduit en marge du tabagisme. Eh bien il y a d’autres inconvénients qui s’y rattachent. On répond de même à ceux qui se questionnent sur l’efficacité des gommes spécialisées censées faire office de sevrage. Quand on lit ces chapitres on se demande, alors que les santés publiques mènent une lutte sans répit au Covid-19, se souciant de la santé des populations, pourquoi n’interdisent-elles pas la cigarette qui fait davantage de morts en une semaine dans le monde que l’actuel bilan des décès du fameux virus. Cherchez l’erreur.

L’autre L’alcool en questions est sous la direction de Vincent Seutin, Étienne Quertemont et Jacqueline Scuvée-Moreau. Là, on trouve 41 réponses. Boire un peu d’alcool est-il bon pour la santé ? Boire du café permet-il d’atténuer les effets de l’alcool ? On nous informe même du rapport des animaux avec l’alcool. Vraiment tous les aspects sont abordés sur le même principe que le précédent ouvrage. En trouvant des réponses simples à des questions qui le sont, on se trouvera peut-être en meilleure position pour prendre les décisions qui s’imposent si on est fumeur ou buveur immodéré. Ce guide d’information sur l’alcool tombe à point nommé alors que l’une des conséquences néfastes du confinement imposé par nos gouvernements est une recrudescence de la consommation des vins, bières et spiritueux. Rien de très réjouissant.

 

 

 


Ces étranges Icamiabas du Brésil

Quel beau sujet à la fois anthropologique, ethnologique et historiologique que ces femmes mythiques d’une Amazonie ancienne, les Icamiabas, qui vivaient seules entre elles, laissant les garçons aux hommes pour qu’ils s’amusent entre eux, alors qu’elles faisaient leurs petites affaires toutes seules, gardant pour elles les filles qu’elles élevaient aux rudiments de la survie en forêt. La journaliste Nina Almberg est allée fouillée de ce côté là en établissant des portraits de femmes contemporaines qui se réclament de cette étrange tribu féminine.  Jamais, à moins d’être un féru de culture sud américaine, on avait entendu parler de ces amazones. A mettre sur le dessus de votre pile d’achat de livres.

La dernière amazone Nina Almberg. Éditions Hors d’atteinte 177p.    www.horsdatteinte.org

 

 

 


Trouver sa vérité à Java

Il y en a de ces gens qui étouffent dans leur milieu, et qui croient qu’en allant ailleurs ils vont trouver la paix intérieure. C’est oublier que l’on apporte souvent son problème avec soi. C’est à cela que nous fait penser ce deuxième roman de Camille Zabka “Ne crains pas l’ombre ni les chiens errants” (très beau titre au demeurant) qui narre les tribulations d’une jeune femme trentenaire qui, se sentant prise en étau dans son contexte de vie, décide d’aller s’exiler dans l’île de Java. Elle se fera un compagnon, donnera naissance à un enfant. Mais se permettra une liaison adultérine. Croyez-vous que la sérénité dans ce contexte là est au rendez-vous ? Ceux qui sont en quête d’apaisement se sentiront interpellés dans ces pages écrites avec maestria.

Ne crains pas l’ombre ni les chiens errants Camille Zabka. L’Iconoclaste 206p. www.editions-iconoclaste.fr

 

 

 


Sur la traite de pauvres servantes sud marocaines

La canadienne, ressortissante marocaine Soufiane Chakkouche a choisi la voie du roman pour nous alerter sur une exploitation des femmes peu connue, à savoir ces petites jeunes filles du sud marocain qui sont amenées à travailler comme bonnes dans de riches familles. C’est un étrange, alors qu’on dépense des milliards pour aller explorer sur Mars, on est incapable de régler ces sordides faits de traite des humains. Fin de la parenthèse. Zahra a valeur de documentaire. Et quelles mentalités, qui subsistent encore dans les rapports hommes femmes. A croire qu’on n’a rien compris. C’est un roman très fort et qui fait oeuvre utile de sensibiliser la communauté des humains que ces choses là ne puissent plus se reproduire.

Zahra Soufiane Chakkouche. Éditions David coll. “Indociles” 333p.    www.editionsdavid.com

 

 

 


Un ex PDG de Nestlé se raconte

Les journalistes le savent bien. Durant longtemps il n’était absolument pas envisageable qu’un dirigeant d’entreprise se livre sur sa vie personnelle. A la limite la direction des communications aurait opposé un veto à une telle demande venant d’un scribe.  Maintenant, avec le temps, les patrons se sont humanisés. Certains sous la poussée d’actionnaires qui mettent la bonne gouvernance à l’avant-plan des valeurs entrepreneuriales et notamment un respect des ressources humaines.  Un bel exemple nous est donné de la part de Peter Brabek-Letmathe un simple autrichien, à l’origine vendeur ambulant de glaces, qui s’est élevé dans la hiérarchie de Nestlé pour en devenir le grand manitou. Il a quitté en 2017. Dans Ascensions il revient sur ces années. L’occasion en or pour comprendre ce qui se passe dans la tête d’un cadre supérieur et les défis qui l’attendent. Vous dire que c’est passionnant est un euphémisme. Tous ceux que la vie professionnelle intéresse auront intérêt à parcourir ces pages. Il y a de formidables leçons de vie managériales.

Ascensions Peter Brabeck-Letmathe. Favre 278p.     www.lausanne@editionsfavre.com

 

 

 


Ces mensonges entourant la disparition du MH 370 de la Malaysia Airlines

Parmi les grands mystères de ce bas monde, outre le Triangle des Bermudes, vous avez cette mystérieuse disparition de ce Boeing 777-200 de la compagnie Malaysia Airlines ce 8 mars 2014.  Un crash qui a entraîné dans la mort les 239 personnes qui prenaient place à bord. Le mystère car c’en est véritablement un, c’est que cet avion a complètement disparu des radars sans laisser de traces….alors qu’un satellite est capable de repérer une pièce de dix sous sur terre! François Renault est un fana du monde de l’aviation. Il a décidé de son propre chef de mener son enquête. Quand on soulève des draps on peut s’attendre à des surprises. Toute une enquête digne de l’inspecteur Clouzot. On appréciera la somme de détails qui montre qu’il n’a négligé aucun aspect. On voit bien que tout dans la version officielle n’est que mensonge. On ne s’est même pas donné la peine de balayer la zone exacte de l’écrasement en mer. Dans quels buts ? C’est digne d’un grand polar.

MH 370 François Renault. Favre 348p.      www.lausanne@editionsfavre.com

 

 

 


D’ignorer le regard des autres

Dany à la dérive de Pierre-Luc Bélanger a beau être un roman, c’est aussi un formidable outil pour quiconque qui se fait dire constamment qu’il ne correspond pas  aux attentes d’untel et untel. Le Dany en question est un adolescent qui ne vit que pour les tatouages et la voile. Il est admirable ce garçon, car en marge de quête d’identité qui est la trame de ce livre, il n’est surtout pas fainéant. On le voit s’adonner à des petits travaux qui lui rapportent assez pour envisager de vivre ses passions. Quand on sait qu’à peu près 90% des gens n’ont pas ou peu de confiance en soi, imaginez le fameux lectorat que cet écrivain risque de s’attirer, une fois que la multitude sera mise au courant de l’existence de ces pages. Et enfin, ce Dany est rien de moins qu’attachant.

Dany à la dérive Pierre-Luc Bélanger. Éditions David  210p.     www.editionsdavid.com

 

 

 


Une Saint-Simon en jupons

En librairie on ne manquera pas certes la couverture du dernier ouvrage d’Anne FuldaMes très chers monstres” où on aperçoit une belle photo d’elle avec sa belle tignasse grisonnante, très chic. La photo est magnifique. Si le contenant est superbe, le contenu l’est encore plus. Car la journaliste s’est mue en une sorte de Saint-Simon, brossant le portrait de plusieurs personnalités allant de Jean d’Ormesson à Charles Aznavour en passant par Brigitte Bardot. La galerie est vaste et éclectique. C’est une excellente portraitiste car elle a cherché l’âme de ses sujets. Elle finira par faire admettre par Michel Drucker qu’il peut-être cynique. Qui conforte le narcissisme jamais guéri d’un Delon, qui le lendemain d’une rencontre l’appelle, s’étonnant qu’elle ne lui avait pas mentionné qu’il était beau...Vous n’allez pas vous ennuyer une seconde à cette lecture qui fait voir le talon d’Achille de toutes ces célébrités. Qui font un peu pitié. C’est vrai ce que disait l’abbé Pierre quand il affirma un jour que la pire chose à souhaiter à quelqu’un était la gloire.

Mes très chers monstres Anne Fulda. Éditions de l’Observatoire 363p.

 

 

 


Une deuxième vie mordante à des photos

Jorge Bernstein si vous ne le connaissez pas, est un prof de renom (c’est lui qui le dit sans aucune modestie) gourou du courant graphiste du Picture Telling. Si vous ne savez pas de quoi il retourne et que vous avez pour cause pandémie envie de rire un peu beaucoup, allez voir les montages photos qu’il fait dans L’humour légendaire du facétieux professeur Bernstein. En quatrième de couverture il met en garde les lecteurs, sûr de son fait “aucun ouvrage ne sera repris ou échangé si ses pages sont maculées de traces de rire gras”. Les bulles qu’il appose sur les photos sont parfois désopilantes et rappellent la grande époque en France d’Hara-Kiri. Il est malaisé de prétendre que vous allez rire au même endroit, l’humour étant une chose très personnelle, mais toute personne qui s’est donné la mission de faire rire ses contemporains est un bienfaiteur de l’humanité.

L’humour légendaire du facétieux professeur Bernstein Jorge Bernstein. Éditions Rouquemoute 129p.     www.rouquemoute-editions.fr

 

 

 


La fin justifie-t-elle les moyens ?

Là est la question comme disait l’autre.  L’ombre de Rosa de Fernande Chouinard raconte l’histoire d’un homme, Jak, qui a vu périr Rosa, son âme soeur, au cours d’une manifestation dans son pays. Pays qu’il avait quitté. Mais ce qui ne l’a pas quitté, c’est cette obsession de venger sa Rosa et d’abréger les jours du meurtrier. Tu ne tueras point, on connaît ce credo chrétien. Mais est-ce que la loi du talion trouve sa justification, quand un autre s’est permis de donner la mort ? C’est toute cette morale qui est en toile de fond de ce roman solide comme tout qui interpelle son lecteur, car qu’aurait-on fait à la place de Jak en pareille circonstance ?

L’ombre de Rosa Fernande Chouinard. Éditions David 184p.     www.editionsdavid.com

 

 

 


Sur les rapports conflictuels de Napoléon avec l’Église et la Foi

Si vous ne le saviez pas encore, 2021 commémore le bicentenaire de la mort de Napoléon. On vous le remettra bien assez en mémoire avec le déluge de bouquins sur l’Empereur qui risque de déferler. Il y en a un qui paraît qui ne manque pourtant pas de piquant et qui, en apprendra peut-être beaucoup auprès même de napoléoniens convertis de longue date. En effet, l’historien Philippe Bornet dans Napoléon et Dieu adoubé par Jean Tulard aborde la question du rapport conflictuel du plus grand des français de son temps avec la Sainte Église catholique apostolique et romaine, de même qu’avec la Foi en général. Comme l’auteur le souligne, même son oncle le cardinal Fesch lui fit parvenir une petite tombe miniature au fond de laquelle on pouvait lire “Pense à ta fin, elle est proche”. La table est mise pour une lecture époustouflante des liens tordus de l’Empereur, surtout quand l’Église se mêlait ou vice versa de la légitimité de ses unions conjugales. On sait comment il humilia le pape Pie VII. Il fut excommunié ce n’est quand même pas rien. Quelle histoire! Et racontée de main de maître. 

Napoléon et Dieu Philippe Bornet. Via romana 179p.    www.via.romana@yahoo.fr

 

 

 


Répertoire exhaustif des volatiles du Québec et de l’Est de l’Amérique du Nord.

Nous sommes très heureux de vous faire savoir l’arrivée de l’édition revue et augmentée de ce fabuleux trésor pour ornithologues Les oiseaux du Québec et de l’Est de l’Amérique du Nord de Roger Tory Peterson l’autorité en la matière. Il y a de nouvelles inscriptions dans cette réédition. Ne nous demandez pas lesquels, ce serait aussi laborieux pour nous que de définir ce qu’est un arabe en trente secondes. Cela étant dit, on retrouvera l’exacte présentation côté fiche signalétique avec pour chacun des oiseaux représenté tout ce qu’il faut savoir de ses habitudes. Parce que ses ouvrages sont si beaux avec les magnifiques dessins des volatiles, l’éditeur rappelle qu’il a donné une conscience auprès d’un large public afin de préserver ces créatures fantastiques qui égaient le paysage.

Les oiseaux du Québec et de l’Est de l’Amérique du Nord Roger Tory Peterson. Broquet 433p.       www.broquet.qc.ca

 

 

 


Quand le Groupe des 9 cherche à savoir qui tire les ficelles du monde

On a beau dire, et les pontes du monde des lettres prendre de haut parce qu’il vend trop, Marc Levy demeure un grand écrivain. Et pourquoi ? Car il a compris comme peu d’autres, que tout tient dans une bonne histoire. Et avec sa saga du chiffre 9 qui est le nombre des hackeurs qui, tels des justiciers planétaires, veulent en découdre avec les nouveaux maître du monde, qui ont quand même en commun avec ceux d’avant, ce goût que confère le pouvoir de l’argent. Il est visionnaire Levy au moment où l’humanité s’interroge maintenant à savoir à qui profite la pandémie du Covid-19. Les pharmaceutiques ? D’autres forces monétaires ? Si vous avez aimez le premier tome de 9 “C’est arrivé à minuit” avec Le crépuscule des fauves vous jubilerai. Sachez que la formation des hackeurs, sauf Maya disparu, elle qui avait pour mot d’ordre de ne jamais réunir tous ses membres en un seul lieu, a choisi de se donner rendez-vous à Kiev. Serait-on sur le point d’avoir le fin mot ? Et pour ceux qui trouveraient le tout trop court, consolez-vous, on nous annonce un troisième tome en préparation.

9 Le crépuscule des fauves  Marc Levy Robert Laffont| Versilio 389p.    www.laffont.ca

 

 



 


Le coin de la poésie

Les poètes participent parfois de ce désir d’un monde meilleur. Comme Hélène Poirier qui voyant nos fragilités souhaiterait que nous empruntions à la porcelaine et aux oies ce qui fait respectivement leur force et leur résilience. Cela nous occasionne La porcelaine des oies aux éditions David. Extrait “Ton image auréolée ne rétrécit pas. Parfois, j’accueille la lune et ton oeil sans distinction. Les nuages et les papillons de nuit à nouveau libérés des décombres”.

Puis aux éditions du Noroît deux recueils.  Larry Tremblay débarque avec Trois secondes où la Seine n’a pas coulé. Ce grand fleuve de France le captive certes puisqu’il y a un poème “Le rêve de la Seine”. Extrait “De l’eau ridée c’est possible ? Eau qui passe a passé murmure le vent. Puis je rêve que le jour m’offre des bijoux”. Un bel élan de sentimentalisme bienvenu à cette époque si dure.

Puis il y a cette création de Judy Quinn Tout est caché”. Entre parenthèses, nous avons été ému par l’emballage graphique avec cette couverture et cette texture chic cartonnée qui rappelle les éditions poétiques des sixties. Deux thèmes sont exploités dans ces strophes, le deuil et l’amour. La poétesse s’alarme de l’état de la nature et en même temps cherche un refuge pour plus de quiétude. Extrait “J’ai compté le nombre d’années qu’il me reste à vivre si tout se passe normalement. J’ai lancé des galets dans le canal et pas un n’a rebondi.”

 

 

 


Les ego de la culture pop

Un cadre privilégié pour étudier le narcissisme est bien celui du monde du vedettariat ou plus généralement de la culture pop. Un de nos collaborateurs en sait quelque chose qui a frayé dans le monde de la musique où il nous a rapporté que des cas d’opportunisme. Aucune sincérité ou si peu dans la valeur des échanges. Bref, Stéphane Girard le sait bien puisqu’il en fait son champ d’expérimentation dans son essai dont le titre  annonce le programme, Moi et ma fascination de moi. Pour son travail il s’est arrêté à quelques cas de figure puisés chez les stars de la téléréalité ou du web. Ce professeur de littérature et de sémiologie à l’Université de Hearst en Ontario. C’est un travail exigeant auquel il s’est astreint et vous verrez les degrés de lecture qu’il en tire sur la question de l’ego. En fin d’ouvrage, il nous gratifie d’une bibliographie exhaustive pour qui voudrait approfondir le sujet.

Moi et ma fascination de moi Figures du narcissisme dans la culture pop. Les éditions de Ta Mère  265p.     www.tamere.org

 

 

 


Un roman puissant sur les turbulences de l’adolescence

Un de nos collaborateurs à une théorie concernant la crise d’adolescence qui glace le sang. A savoir que c’est le moment jamais reconnu où le jeune règle ses comptes avec ses parents où il fait leur procès de sa mise au monde non désiré et la longue liste de diktats qui accablent l’enfant “ne fais pas çi, ne fais pas ça”. Et des études souvent ennuyeuses pour pouvoir “gagner” sa vie qu’on n’a même pas demandé. C’est tout ça qui nous est revenu en mémoire en parcourant les pages fortes de Patchée pleine de trous de Julie Bosman où la romancière donne la parole à la fois à l’adolescente et à sa mère. La première flirtant entre autres avec l’automutilation. On est un peu dans le hard. Et la mère qui ne sait trop par quels moyens entretenir un dialogue, mal préparée pour cette phase du développement de vie.  Et c’est à prendre au sérieux, car si la crise n’est pas bien encadrée, bonjour les dégâts. Est-ce que mère et fille trouveront l’apaisement ? On vous laisse le soin de le découvrir. Des livres sur l’adolescence perturbée il s’en est écrit, mais celui-là vaut le détour.

Patchée pleine de trous Julie Bosman. Leméac 216p. 

 

 

 


Les contraires s’attirent

Un amour sur fond des années quatre-vingt. Voilà le programme qui attend le lecteur de Les corps insolubles de Garance Meillon. On connaît ce vieil adage que ce sont les contraires qui s’attirent. C’est exactement ce qui arrive avec la rencontre improbable de Frédéric qui vit dans la zone, logeant dans un de ces immeubles qui a l’air d’une immense cage de poulailler. Elle, Alice, provient de la bourgeoisie dijonnaise. Elle en a jusque là du monde formaté qui est le sien. Elle va monter à Paris pour s’éclater.Nous sommes en 1983, le hasard va faire rencontrer ces deux êtres qui ont en commun d’en découdre avec leur milieu. Cupidon est dans l’air et décoche une profonde flèche. Alice sait panser les failles de son compagnon, et lui de la respecter plus que tout. C’est une histoire très touchante. L’amour décidément ne connaît pas de frontières.

Les corps insolubles Garance Meillon. Gallimard| l’Arpenteur 249p.  

 

 

 


En quoi l’intelligence artificielle change la donne

Il va falloir s’habituer à ces initiales IA pour identifier en raccourci l’intelligence artificielle. Qui est en train, assez discrètement de changer le cours de nos habitudes de vie, comme le sera le télétravail post-pandémie. L’IA force les entreprises à revoir des modes de production. Sans compter des transformations en matière d’éthique. Si vous voulez savoir de quoi il en retourne voici un essai en collectif sous la direction de Jean Bernier « L’intelligence artificielle et les mondes du travail ». Un chapitre particulièrement intéressant parmi d’autres, est celui d’Évelyne Léonard portant sur les régulations sociales du travail numérisé.

L’intelligence artificielle et les mondes du travail Perspectives sociojuridiques et enjeux éthiques. Collectif. Presses de l’Université Laval 214p.       www.pulaval.com

 

 

 


Une déclaration d’un maire fou de sa communauté

En 2013 Maxime Pedneaud-Jobin accédait à la mairie de Gatineau. Dire qu’il est impliqué dans sa communauté est un euphémisme. Du Gatineau il en mange. Mieux, il produit un manifeste Passer de la ville à la cité dont le credo est, que la prospérité d’une agglomération passe par la participation citoyenne. Fini les diktats d’une mairie au-dessus de la mêlée. Non seulement il est gagné à cette idée, mais il l’a incorporée à son administration au point de vouloir en faire un modèle. On est ébahi à sa lecture, par la profondeur de la réflexion et les références qu’il intègre à son plaidoyer. On n’a jamais trop de maires intellectuels par les temps qui courent. D’autres élus ou ceux qui aspirent à la vie municipale auront intérêt à lire ces pages éclairantes. En tout cas c’est un fabuleux véhicule promotionnel pour le politicien à quelques mois des prochaines élections municipales.

Passer de la ville à la cité Maxime Pedenaud-Jobin. Éditions David 216p.     www.editionsdavid.com

 

 







 


Le coin santé physique psychique (1)

L’intégrité du corps médical, surtout du côté des généralistes, en a pris sur son rhume, alors que plusieurs de ceux-ci ne se lèvent même plus pour ausculter leurs patients, incapables de poser un authentique diagnostic (recourant pour ce faire à une multitude de tests externes et coûteux) mais prompts à délivrer une ordonnance en pharmacie. C’est pourquoi, heureusement, connaissance aidant, de plus en plus de gens étonnamment, à l’écoute de leur corps, sont maintenant en position de discuter presque à égalité avec leur médecin. C’est pourquoi une collection « Soulager la…sans médicaments » aux éditions Broquet, est grandement appréciée. Deux opus sont disponibles Soulager la fibromyalgie sans médicaments de Marie Borrel journaliste en santé et Soulager l’inflammation de Carole Grenier également journaliste en santé et Alexia Authenac naturopathe. La fibromyalgie qui a été longtemps superbement ignoré par la médecine a été heureusement reconnue comme pathologie il y a quelques années. Et l’auteure nous dit en quoi l’alimentation sélectionnée met un frein au déclenchement du symptôme. Quant à l’inflammation, elle est la pierre d’assise d’une foule de maladies dont la liste étonne. Les deux auteures vous disent tout à son propos. Et tout ça sans faire sonner le tiroir-caisse de l’industrie pharmaceutique.

Aux éditions Ideo un sujet d’une triste récurrence le burn-out. Et en cette période de pandémie qui n’en finit plus et qui conduit au désespoir de tas de gens, exaspérés par les mesures sanitaires, le burn-out finira par faire au multiple plus de victimes que le Coronavirus. Dans Vaincre le burn-out signé Nathalie Martin conseillère en gestion de carrières s’attache à ce syndrome en milieu de travail, mais par extension les conseils valent pour la problématique dans la vie courante. En ce qui concerne le boulot, elle nous apprend que 20% des travailleurs en sont atteints. Absolument effarant. Pas étonnant quand on sait dans quelle piètre estime les patrons tiennent leurs employés. Elle nous livre ses recettes pour anticiper le mal avant qu’il ne fasse des dégâts. C’est un guide bourré de judicieuses solutions pratiques. Qui a dit que le passage terrestre devait être une vallée de larmes ?

Et si vous voulez approfondir la connaissance du burn-out, permettez-nous de vous suggérer en complément la lecture de Reconnaître et vaincre le burn-out de la psychologue Agnès Bonnet-Suard qui soit aux éditions Broquet. La qualité de sa présentation de ce mal insidieux, c’est qu’elle y ajoute deux déclinaisons, le bore-out lié à l’ennui, et elle est une des rares à aborder cet aspect, et aussi le brown-out associé à la perte de sens, autrement dit le grand bof! Ces deux livres vont vous permettre de faire réellement le tour de la question.

Chez Édito, une autre forme de méditation, qui à en croire la biologiste médicale Mireille Massé c’est celle sportive. Méditation sportive est une exhortation faite aux sportifs d’intégrer le yoga à leurs activités. Pour donner aussi du sens à l’effort physique. Et ça cadre très bien si on s’y arrête à la fameuse maxime des jeux olympiques « men sana in corpore sano ». Elle consacre des chapitres au surentraînement avec tout ce que ça comporte de dangerosité. Ou encore le syndrome du DNF qui touche des athlètes frustrés de ne pas atteindre le niveau de performance qu’ils se sont donné. Ce guide devrait figurer dans tous les gymnases. Il préviendrait bien des déconvenues.

Semble t’il selon Chantal D’Avignon que notre ego exerce trop d’ascendant sur nous et nous empêche de trouver la sérénité. Car le trop plein du moi est aussi une vulnérabilité dans le regard des autres. Une manière de trouver la paix dans son cœur est la Méditation en pleine conscience le titre de son ouvrage qui prône que nos actions soient davantage guidées par le cœur et non l’orgueil. Publié aux éditions de Mortagne, c’est aussi une correction aux clichés qui entourent la méditation. Un chapitre est particulièrement digne d’intérêt, concernant des techniques pour contrer la solitude.

Le désir est le trésor de la sexualité. Tel est le credo de la sexologue Sylvie Lavallée qui a un abattage personnel propre à augmenter le désir chez ses patients. Elle consacre un bouquin entièrement centré sur le désir Désirez-vous désirer ? aux éditions Robert Laffont. Elle est riche de ses consultations. Et expose des problématiques qui font certainement rencontrer un écho chez les lecteurs, genre que peut ou doit faire un homme qui carbure sexuellement aux sensations fortes et qui est frustré par la routine de la vie de couple. Vous verrez la réponse de cette professionnelle. Et si le désir n’est plus au rendez-vous, peut-on le retrouver plus tard ? Des questions que vous vous êtes sans doute posées. Comme sous-titre la sexologue a choisi « l’indiscipline du désir ». Très intriguant.

 

 





 


Un nombre d’enfants peut arriver difficilement à manger. Les spécialistes en santé nomment la chose « trouble de l’oralité alimentaire ». Deux orthophonistes Lucie Briatte et Lauriane Barreau-Drouin dédient un ouvrage à cette problématique Troubles alimentaires pédiatriques aux éditions Tom Pousse. Quand vient l’heure des repas, ça devient parfois pour les parents une sacrée épreuve. Mais vers qui se tourner. Car au premier abord beaucoup de corps professionnels médicaux peuvent être sollicités. Au risque de ne pas frapper à la bonne porte, ce guide expose les manifestations et comment y remédier. On verra à travers ces chapitres les niveaux d’implications, tant du côté des parents que du côté des thérapeutes. Il nous fallait vous parler de cet essai car ce sujet n’est pas si souvent traité en littérature médicale populaire. Donc acte.

Maintenant, nous mettons l’accent sur un bouquin qui est irrévérencieux, d’autant qu’il est signé par un psychologue qui enseigne à l’Université de Toronto après avoir donné des cours à Harvard. Il a pour nom Jordan B. Peterson et au sein de sa profession il passe pour un léger trouble-fête. C’est que pour lui, le formatage social il en a cure. Et qu’un petit désordre ne peut pas faire de tort. Il a établi 12 nouvelles règles de vie pour une vie au-delà de l’ordre. Sans le savoir, il y a quelque chose de bouddhiste dans son enseignement, car le bouddhisme nous dit que, alors que l’on cherche la stabilité dans tout et à tout prix, on ne rencontre souvent que le chaos. Et que ça peut être très sain de transgresser les diktats. Fort d’exemples à l’appui, il ne nous dit pas autrement que nous sommes les artisans de notre malheur. C’est lors de fréquents séjours dans les hôpitaux, notamment pour sa fille, qu’il a pris le temps de coucher sur papier ses réflexions inspirées par le gros bon sens. C’est aux éditions Michel Lafon.

Aux Presses de l’Université Laval un livre étonnant. Tenez-vous bien, un guide destiné pour les personnes en fin de vie, ou du moins prévoyantes pour leur futur, pour savoir comment transmettre des messages à lire post-mortem pour ceux qui nous survivront. L’idée vient de Suzanne Le Blanc avec une préface du Dr. Alexander Moreno un psychologue. On sait depuis longtemps à quel point l’écriture sert de thérapie. En même temps c’est un outil de guérison pour ceux qui ont le goût de se mettre en règle avec leurs proches. Le titre, Messages en héritage avec comme sous-titre « Guide pour écrire des messages d’adieu et une biographie de fin de vie ».
Dans sa préface du livre Une histoire ça se guérit! de la psychologue Danielle Perrault le préfacier Pierre Cayouette voit en elle la thérapeute empathique et bienveillante que nous cherchons tous quand ça va mal à l’âme. A défaut de la voir en consultation, on peut dans l’immédiat lire ce qu’elle a à dire dans son ouvrage publié aux éditions du Cram. La beauté de sa démarche c’est qu’elle nous alerte sur la question de la santé mentale qui est encore un tabou dans nos sociétés. Elle qui a travaillé dans diverses institutions dont un hôpital psychiatrique alors qu’elle n’avait que dix-sept ans, se souvient que lorsqu’on ne venait pas à bout d’un patient, c’était les électrochocs illico. Et ça ne se passait pas il y a cent ans. Avec elle nous explorons la fragilité humaine. Elle nous demande de voir nos vies comme une histoire et de transcender le tout avec de la distance. Nous avons droit à des cas vécus éclairants. Un beau livre pétri d’humanité, qui manque tant en ce moment.

Chacun a sa manière de qualifier le fait de transformer un revers en quelque chose de profitable. Certains diront qu’il faut faire d’un citron une limonade. Pour la communicante Annabelle Roberts c’est la technique du LTDLV, initiales de La théorie de la veste. Cette albertaine d’origine qui a migré en France, a fondé une boîte de communication spécialisée dans la dynamique de la parole. Elle crée des orateurs en entreprise. C’est toute la question de la confiance en soi, si déficitaire dans la population, sur laquelle elle travaille avec ses clients. Grosso modo elle dit aux lecteurs d’oser. N’ayez pas peur par exemple d’exiger une augmentation de salaire quand vous croyez devoir la mériter. C’est un ouvrage court mais qui va à l’essentiel de l’ABC de la maîtrise de soi. A lire aux éditions Édito. 

 

 





 


Le coin de la BD (1)

Trois titres chez Glénat pour commencer. D’abord Julien Neel avec Lou ! sonata. C’est une jeune femme qui donne son surnom au  titre. Ce qui est la trame de cet album, ce sont les diverses rencontres qu’elle fait à travers les pages. Vous ne pouvez pas avoir plus conviviale, altruiste que notre “héroïne” qui est curieuse des autres comme ce n’est pas permis. A ceux que le semi confinement désespère, Lou nous remet en mémoire à quel point la rencontre en “présentiel” est d’une grande importance pour l’assainissement de notre coco. C’est le tome 1 qui annonce d’autres belles rencontres.

Ailleurs c’est le tandem Didier et Lise Tarquin qui débarque avec U.C.C. Dolores. Le U.C.C. dont il est question, sont les initiales pour “Unité Cosmo Corsaire”. Le Dolores lui étant le nom de baptême de cet engin spatial au format un peu spécial. Et plus spécial encore, ceux qui prennent place à son bord, un tueur de robots alcoolique, une soeur en exil de son couvent. Bref, plus déjanté que ça tui meurs. Le dessin est époustouflant, avec des scènes de batailles cosmiques hallucinantes. Dans le genre science-fiction, on tutoie ici l’excellence avec de l’action à la pelle.

Vinland de Yves Martel et Pat Boutin nous ramène bien loin en arrière, 500 ans avant Christophe Colomb à qui on attribue indûment la découverte du Nouveau Monde. Nos bédéistes rappellent à travers leurs personnages, dont le fils du célèbre Erik le Rouge, que les Vikings ont été les réels découvreurs. C’est donc une épopée Viking qui se déroule sous nos yeux.  Ce qui pousse nos explorateurs à voir du pays, c’est que leur Groenland de provenance ne peut vivre en autarcie et a besoin de s’ouvrir au monde pour s’approvisionner en ressources manquantes. On connaît le fameux dicton qui s’applique ici “nécessité crée le besoin”.

Chez Marvel un condensé d’un classique de Marvel, le duo formé par ces “Avengers” Wanda Vision. Elle Wanda, a des pouvoirs surnaturels  dont elle n’hésite pas à se servir à titre de justicière. Son comparse Vision, qui peut se mettre à voler ou modifier la consistance de son corps. Mettez ces deux-là ensemble et vous avec de quoi ne pas vous ennuyer. On a emballé le tout un peu à la façon d’un magazine souple qui facilite la consultation. C’est aussi un ensemble d’historiettes remontant parfois jusqu’à 1972.

 

 



 


Le coin de la BD (2)

Chez Rouquemoute deux titres  à découvrir, chacun dans des univers en propre. Le premier est vraiment original Pédale! de Ludovic Piétu et  Jika. Qui raconte la vie du premier, homosexuel qui fit son coming-out à 23 ans. Et qui maintenant est notre compatriote car ce ressortissant français est en couple et vit au Canada, l’Eldorado pour vivre sa vie gay. Dans cette biographie sous forme de BD on voit comment se développe une identité, les écueils que l’on rencontre. Qui donne des éléments de réponse à ceux qui s’interrogent si l’homosexualité est innée ou acquise. Un moyen didactique aussi pour faire comprendre à ceux qui ne connaissent pas tout à fait ce monde et ses codes.

S’il y a une classe des travailleurs qui en connaissent un rayon sur l’homo sapiens c’erst bien celle des chauffeurs de taxis. A eux seuls ils sont mieux qu’un Saint-Simon en son temps pour décrire leurs contemporains. Ainsi Michel de la Teigne dans Banquette de veaux cède la parole à un chauffeur de taxi parisien. Un râleur comme on les aime et en plus atteint de lucidité chronique. Qu’est-ce qu’il vous déballe sur les clients. Pour chaque catégorie de passagers vous avez un texte désopilant que ce soit le bobo ou l’avocat par exemple et des planches bd en complément. Qu’est-ce que ça fait du bien de mordre une tranche de son prochain. C’est tonifiant.

 

 

 


Rapports à la nature

Depuis longtemps nous avons une affection particulière pour la collection “romanichels” aux éditions XYZ pour le choix des auteurs sélectionnés. Toujours dans la qualité. Et Bivouac de Gabrielle Filteau-Chiba s’inscrit dans cette continuité d’excellence. Pour faire simple, ce sont des personnages qui se retrouvent au contact de la nature. Et comme il est souligné en quatrième de couverture “Mais là où certains voient une nature alliée à protéger, d’autres voient une ressource à exploiter. Jusqu’à ce que le bois grince, que l;a terre craque”. Si vous avez quelque peu la fibre écolo vous allez vous délecter à cette lecture où l’écrivaine magnifie la nature à laquelle elle accole un N majuscule en guise de respect. Il y a des passages où nous sommes en face d’une véritable poésie en prose. En tout cas, si le but recherché était de nous faire apprécier les grands espaces verts c’est réussi. Ça nous donne le goût de fuir les milieux urbains étouffants. Surtout en cette période de semi confinement pour cause de pandémie. Un roman oxygénant. Et ce qu’elle écrit bien la dame. On en redemande. En complément d’ouvrage, assez rare pour un roman, elle a joint une courte bibliographie qui complète son propos.

Bivouac Gabrielle Filteau-Chiba. collection romanichels éditions XYZ 372p.   www.editionsxyz.com

 

 

 


Comment le sucre a donné naissance au racisme

Une formidable tendance dans l’édition, ce sont ces maisons d’éditions qui se sont choisi un créneau particulier comme JPO pour l’aéronautique ou Marest, le cinéma et Budo pour les arts martiaux. Qui a force de spécialisation, sont devenues des références dans leur domaine. Permettez-nous de vous faire découvrir les éditions Nouriturfu qui ont opté pour tout ce qui touche à l’alimentation. Vaste domaine s’il en est. Avec des angles de vue sur des sujets qui ont de quoi en étonner plus d’un. Comme ce Voracisme de Nicolas Kayser-Bril qui se fait historien, racontant la corrélation entre le racisme et l’industrie sucrière. C’est la main-d’œuvre esclavagiste qui a assuré la production du sucre blanc, commerce dominé par des blancs. Avec des exemples multiples on voit comment le nègre a été utilisé comme image de marque et ses conséquences sur la culture populaire et l’enracinement du racisme. Le sous-titre de cet essai étonnant annonce, excusez le jeu de mots facile, la couleur « Trois siècles de suprématie blanche dans l’assiette ». Et son brûlot va même plus loin en détaillant la hiérarchie dans les cuisines où vous ne trouverez jamais un blanc comme plongeur, surtout un noir…

Voracisme Nicolas Kayser-Bril. Nouriturfu 139p.

 

 

 


Neuf façons de connaître Taiwan

Alors que Beijing renforce son emprise sur Hong Kong, une fois que l’ex-colonie britannique sera dans le giron chinois, il est fort à parier que la culture expansionniste chinoise se tournera vers le dossier de Taiwan qui est comme une épine dans le pied de son très petit voisin. Mais qu’est-ce que Taiwan ? Quelle est sa culture, sa couleur distinctive ? Pour mieux saisir cette civilisation, un excellent livre rassemblant neuf histoires écrites par des taiwanais Formosana nous donne divers aperçus de ce qui fait la distinction de ce peuple. On trouve de tout. Comme ce texte hilarant de Huang Chong-kai qui décrit son rapt de nuit dans un zoo, d’un cabiaï, sorte de gros rat de cinquante kilos. C’était son fantasme, il voulait depuis toujours mettre le grappin sur cette bestiole. Plus désopilant que ça tu meurs. Il est même question de la vie LGBT sur place. Autrement dit, pour reprendre le cliché, tout ce que vous avez toujours voulu savoir et que vous n’avez jamais osé demander s’y trouve ou presque.

Formosana Collectif. Asiathèque 304p.     www.asiatheque.com

 

 

 


Le goût d’un voluptueux bain japonais

C’est un fait connu que les japonais sont d’une hygiène corporelle sans pareille. En plus qu’ils portent le masque depuis des décennies pour cause de pollution. Et qu’au contact direct ils préfèrent la salutation distancié tête penchée vers l’avant. Dans ce contexte, comme la Covid a pu faire des éclosions. Cherchez l’erreur. Cela dit un titre au graphisme attrayant nous parvient Sento qui est l’art des bains japonais écrit par Stéphanie Crohin Kishigami. Chez les japonais les gestes du quotidien ont tous quelque chose tenant du rituel. A plus forte raison le moment des ablutions. De superbes photos illustrent différentes sortent de bains, qui sont autant d’idée à inspirer un designer ou un résident propriétaire. Tout n’est ici que luxe, calme et volupté comme disait l’autre.

Sento l’art des bains japonais. Stéphanie Crohin Kishigami. Sully 235p.  

 

 

 


Une enquête de fond sur le surnaturel

Le paradoxe est que l’Église a longtemps tenue la science à distance, qui à son tour a tenue le monde du paranormal à distance également. Mais à force de phénomènes inexpliquées, il fallait bien se rendre à l’évidence qu’il fallait cesser de jouer à Thomas et de réclamer des preuves. Philippe Charlier a toute une carte de visite. Docteur en médecine légale, il est docteur-ès-lettres (archéo-anthropologie) et docteur-ès-sciences (éthique bio-médicale. Il est à la tête du département de la recherche er de l’enseignement au musée Quai Branly-Jacques Chirac. Eh bien comme si ce n’était pas assez, il a une curiosité sans limite pour le surnaturel, particulièrement le spiritisme. Taraudé par le monde des revenants, il se fait historien pour décrire comment l’intérêt des hommes s’est développé pour ce qui touche aux esprits. Au XIXème siècle, de doctes savants commencèrent à se pencher sur la question. Et l’auteur, autant il est scientifique, sait se faire un conteur emballant. Vous n’allez pas vous ennuyer une seconde.

Autopsie des fantômes Une histoire du surnaturel. Tallandier 313p.      www.tallandier.com

 

 

 


Un innocent réclame justice

Dans Les oubliés, John Grisham s’est certainement inspiré de ces cas épouvantables d’innocents qui ont croupi en prison des années, voire des décennies et dont on apprendra par après, souvent grâce au miracle de l’ADN qu’ils étaient totalement innocents des crimes reprochés. Dans son roman qui a valeur de documentaire, c’est un noir Quincy Miller qui est condamné à la perpétuité pour le meurtre d’un avocat abattu à bout portant dans une petite localité de la Floride. Voilà vingt-deux ans que ce pauvre homme se morfond dans sa cellule avec personne pour le défendre. A bout de ressources il va adresser une supplique à l’organisation des Anges Gardiens. Ces derniers se sont donné justement pour mission de réparer les injustices. Elle limite toutefois les causes qu’elle endosse. Celle de Quincy trouvera un écho en la personne de Cullen Rose, un juriste qui est un ancien pasteur. Comme tout bon thriller, vous ne connaîtrez qu’en toute fin les auteurs de cet homicide. Que du bon dans cette histoire à rebondissements. Et on éprouve tellement d’empathie pour le pauvre infortuné qu’on a hâte pour lui que le bras de la justice s’abatte sur les vrais meurtriers.

Les oubliés John Grisham JC Lattès 409p.   www.editions-jclattes.fr

 

 

 


Les inventions démentes du professeur Michel

Les inventeurs selon l’image d’Épinal, ont tous un quelque chose d’un peu fou. Mais ça ne dépassera jamais les élucubrations du Professeur Michel qui nous présente 90 inventions de proximité dans Génial et proche du peuple. Sans doute voulu-t-il se défouler en période de confinement. C’est réussi. Voyez parmi ses trouvailles le «smasque» pour offrir une la meilleure distanciation possible en période de pandémie. Ou encore plus dingue, le préservatif multiprise avec trois embouchures pour honorer trois fois de suite votre être aimé ou trois à la suite, c’est selon. Tout ceci alimenté par des illustrations dans un style graphique absolument déjanté. On rit beaucoup ce qui est détoxifiant. Comme nous l’avons écrit ailleurs, tous ceux qui font profession de nous faire rire en ces temps pénibles sont des bienfaiteurs de l’humanité. Merci aux éditions Rouquemoute de faire la part belle à un original comme celui-là.

Génial et proche du peuple. Professeur Michel. Éditions Rouquemoute.

 

 

 


Marthe Robin ne peut pas reposer en paix

Cette pauvre Marthe Robin une des grandes mystiques du XXème siècle avec le Padre Pio, si elle pensait pourvoir reposer en paix après sa mort. Celle qui ne s’est nourrie d’hosties pendant des décennies et vivant les souffrances du Christ a fait l’objet d’une dénonciation à charge d’un nommé Conrad de Meester qui pourfend cette femme, accolant à ses manifestations divines le qualificatif de fumisterie. Ce qui a aussitôt provoqué l’ire de Pierre Vignon qui riposte sinon par la bouche de ses canons, par celui de l’écriture dans Marthe Robin en vérité. Ce prêtre du diocèse de surcroît parle en connaissance de cause puisqu’il a connu cette femme étonnante. Durant quarante ans, il a accumulé sur son sujet une abondante documentation touchant à sa théologie mystique. L’ouvrage reflète le sérieux de sa documentation. N’en reste pas moins que la vie de cette vénérable personne dépasse tout raisonnement humain et relève de l’Ailleurs.

Marthe Robin en vérité Pierre Vignon. Artège 270p.   www.editionsartege.fr

 

 

 


Le pénible Cyrille

Vous allez aimer détester le personnage Cyrille qui occupe l’avant-plan de La poursuite de l’idéal. Parce qu’il a tout ce que vous n’avez pas vous-même et qui ferait sans doute votre bonheur, et malgré tout il traîne un spleen de vie ahurissant. Un bobo de notre temps qui a une bonne situation, l’amitié, des femmes s’il le désire. Et pourtant c’est un gros bof ambulant. Patrice Jean qui brosse un portrait fabuleux du bore-out (déclinaison du burn-out mais caractérisé par l’ennui) qui touche pas mal de monde en fait. Si ça ne vous concerne pas au premier chef, on en connaît tous qui mériterait une paire de baffes tellement ils se complaisent dans une espèce de victimisation métaphysique. Le Camille donc se cherche. Va-t-il enfin trouver un havre de sérénité ? C’est en même temps une belle radiographie des humeurs de notre époque. Parce qu’il portraiture si bien son « héros » notre écrivain, servi par un style maîtrisé, mérite d’être lu. Vous vous sentirez sans doute bien mieux que Cyrille. C’est déjà du positif.

La poursuite de l’idéal Patrice Jean. Gallimard 484p. 

 

 

 


Un rapport père fils

Ont-ils changé ces pères qui autrefois ne disaient pas un mot, relégués à un rôle strictement de pourvoyeur ? Quand est-il ? Si Venir au monde d’Alexis de Gheldere ne livre pas la réponse finale, il nous fait partager le rapport d’un père et d’un fils. Il y a dans ce premier roman réussi quelque chose du père et du fils du film « Un zoo la nuit » de Jean-Claude Lauzon. Un lien attachant. Chapeau pour le titre qui nous remet en mémoire aussi cette belle chanson, au titre identique, de Sylvain Lelièvre, sa composition fétiche. Un beau passage est celui de l’excursion dans le Grand Nord québécois, grosses mouches noires comprises et si inhospitalières. C’est réussi disons-nous pour deux raisons, la vampirisation de l’âme des deux protagonistes et un grand sens de l’observation des environnements. Comme noviciat en littérature ça regarde bien. Suivez ce nom de Gheldere à la trace. Et ceux qui décernent des prix pour les premiers romans devraient regarder de ce côté-ci.

Venir au monde Alexis de Gheldere. Leméac 275p. 

 

 

 


Des panoramas à couper le souffle

A défaut de pouvoir sortir à son goût en raison de cette Covid qui n’en finit plus, on peut toujours se rabattre sur ce grand album Les plus beaux endroits pour se ressourcer de Sylvain Bazin. On est allé prendre des clichés des plus beaux espaces sauvages de la planète. Ce qui donne au final un ensemble de panoramas à couper le souffle. L’auteur rappelle les bienfaits de la marche. Ce que ne disait pas mieux la reine Elizabeth à son premier ministre Tony Blair, lui révélant sa manière de décompresser. Et devant de tels paysages on se sent bien modeste et ça ramène nos petits problèmes à leur juste dimension. A quelque part, ce livre est un bienfait. Et même si on n’est pas présent, les images peuvent être une source de méditation. Et lorsque l’on reviendra à une certaine vie normale, ce peut-être aussi une agréable façon de planifier ses futurs déplacements.

Les plus beaux endroits pour se ressourcer Sylvain Bazin. Gründ 208p.   www.oloeditions.com

 

 

 


Voix de femmes écossaises, apeurées du monde ambiant

Vilaines femmes est pour le moins un titre accrocheur. Chose certaine, ces femmes écossaises venues de tous les horizons ont rassemblé leurs voix au lendemain de l’élection de Donald Trump afin de se faire entendre. Il faut dire que durant sa campagne électorale  le joker blond qui allait occuper le Bureau ovale, avait tenu des propos d’une misogynie sans nom. Rappelons seulement sa déclaration sotto voce à un journaliste où il affirmait que dès que vous étiez une célébrité il n’y avait rien de plus facile que de prendre une femme par la chatte. Inquiétant et plus encore c’est qu’il a tout de même été élu!. Fin de la parenthèse. Donc dans ce collectif, ces femmes ont voulu exprimer ce que c’était d’être une femme en ces temps présent. Et à la lecture de ces témoignages une Simone de Beauvoir aurait eu le sang glacé. La question sous-jacente, a-t-on réellement évolué du côté des hommes ?

Vilaines femmes Collectif. Hashtag 241p.     www.editionshashtage.com

 

 

 


Des apparences trompeuses

Charline Malaval avec Le chant du perroquet corrobore ce que André Malraux disait des humains qu’ils étaient un tas de petits secrets. L’histoire se passe en 2016 à Sao Paulo. Vous avez un jeune journaliste Tiago, qui va faire la connaissance de son voisin, Fabiano. Il a toute une histoire ce dernier qu’il se plaît à raconter au fil des rencontres. Il aura été entre autres un des ouvriers participant à la construction de la capitale, Brasilia. De plus il aura été sans nouvelles de sa femme, disparue lors de la dictature militaire. Et le scribe qui salive à l’idée de faire de ce récit un roman. Mais il va arriver que, recherches aidant, Tiago va se rendre compte que son vis-à-vis fabule, qu’il cache de terribles zones d’ombre. On connaît quelqu’un le lendemain, mais encore mieux le surlendemain nous dit un de nos collaborateurs, au sujet des relations entre individus. Le perroquet là dedans, c’est le volatile qui tient compagnie à Fabiano.

Le chant du perroquet Charline Malaval. Préludes 311p.    

 

 

 


L’enquête à la genèse du mouvement MeToo

Le tandem Jodi Kantor & Megan Twohey revient sur l’affaire Weinstein à l’origine du mouvement MeToo qui a libéré la parole des femmes, d’abord dans le milieu immédiat du cinéma et qui a essaimé partout dans différents corps professionnels. She said le titre de leur investigation s’est mérité le prix Pulitzer, excusez du peu. Attribution méritée, tant il est vrai que cet ouvrage reprend par le menu toute cette affaire qui a déboulonné un magnat du cinéma hollywoodien et mis en lumière des pratiques devenues insupportables de promotion canapé. Les deux auteures sont journalistes d’enquête au New York Times.  Au fil des pages vous verrez qu’elles ne se laisseront pas freiner par les embûches  placées sur leur route. On voulait éviter ce cliché, mais que voulez-vous, ça se lit comme un roman. Et il faut voir le climat qui prévalait dans la capitale du cinéma. Et le peu de considérations des moguls du cinoche envers la gent féminine.

She said Jodi Kantor & Megan Twohey. Alisio 430p.    www.alisio.fr

 

 

 


Une biographie très perso sur John Lennon

Des ouvrages sur les Beatles et chacun des membres des Fab Four il y en a pléthore. Alors en quoi un énième bouquin sur John Lennon devrait attirer notre attention ? C’est que la journaliste britannique et amie d’enfance de David Bowie Lesley-Ann Jones a été dans leur sillon et apporte une touche très personnalisée à sa biographie de l’auteur d’Imagine. Ce qui a tué John Lennon amène un autre éclairage sur celui qui avait un ego surdimensionné. Rappelons qu’il avait déclaré que les Beatles était plus populaire et célèbre que Jésus, ce qui avait provoqué un scandale planétaire. On ne le lit pas, on le dévore. Car elle a en plus un ton bien à elle de glisser ses appréciations sur ce qui s’est passé dans la vie de Lennon dont la personnalité et l’individualisme était tel qu’il ne pouvait mener qu’à la scission du célébrissime groupe. Elle a recueilli aux fins de sa recherche, des éléments de première main. On lui a accordé une grande confiance et c’est le résultat qui en bénéficie. Comme quoi on croyait que tout avait été dit sur Lennon et les Beatles. Il faut croire que le puits n’est pas tari.

Ce qui a tué John Lennon Lesley-Ann Jone. Alisio 564p.    www.alisio.fr

 

 

 


Ce qu’il faut savoir sur la grippe espagnole

En marge de la présente pandémie de la Covid-19 on a ressorti de vieilles illustrations fixées au moment de la fameuse grippe espagnole. Et quand on voit les photos avec des gens masqués et les vignettes soulignant que l’on invitait la population à établir une distanciation, on se dit que rien ne change et que c’est une répétition constante. En fait, l’histoire de l’humanité a été ponctuée de pandémies. Celle dite espagnole de 1918 a été marquante du fait des 50 millions de morts enregistrées. Et le Québec a eu son lot de victimes. La première épouse du grand-père de notre coéditeur à Culturehebdo a été elle-même fauchée par le virus. L’historien John M. Barry sort fort à propos toute l’histoire de La grande grippe, titre de son ouvrage. Les lecteurs se sentiront immanquablement interpellés par les amalgames à faire avec ce que nous éprouvons présentement. Il nous explique pourquoi cette grippe espagnole a fait tant de ravages. Un bouquin qui nous rappelle ce vieil adage que, qui ignore l’histoire, est appelé à la revivre. Brrr!!!

La grande grippe John M. Barry. Alisio 618p.      www.alisio.fr

 

 

 


Si le chien de la reine pouvait parler

C’est une petite fantaisie de la littérature que de mettre en avant le chien d’une célébrité qui, parlant en son nom, va décrire l’environnement où il se trouve. Rappelez-vous de Baltique le chien du président Mitterand à qui on avait donné le droit de s’exprimer dans un livre. Cette fois c’est un corgi de la reine Elizabeth qui s’épanche dans les chapitres de Le corgi de la reine d’Angleterre. L’écrivain qui joue à l’écrivain fantôme est David Michie. On sent qu’il a dû prendre un plaisir immense à vampiriser l’esprit du canidé de Sa Majesté. En même temps en compagnie du toutou, on pénètre là où le sujet de la monarque n’est pas admis. En même temps, le chien joue à sa façon le rôle d’un Saint-Simon de la cour britannique. Distrayant.

Le corgi de la reine d’Angleterre David Michie. Leduc pratique 233p.     www.editionsleduc.com

 

 

 


Quand la douleur vous tient

André Bucher sait que le passage terrestre sera ardu. Ce qu’on a oublié de vous prévenir à votre naissance. Il le montre bien dans son dixième roman  Tordre la douleur. En période hivernale, il nous présente un panorama de gens qui connaissent entre autres l’épreuve de la mort. Le poète l’a dit, elle a des douleurs à nulle autre pareille. C’est un ouvrage qui chevauche la nouvelle et le roman. A la différence que les personnages vont se retrouver à la fin dans les Alpes-de-Haute-Provence. L’occasion pour eux de tordre la douleur qui donne cette expression au titre. Donc se terminant sur une note d’espoir en raison de la solidarité dans l’affliction. Ceux et celles qui aiment les portraits psychologiques soignés seront ici comme dans une bonbonnière.

Tordre la douleur André Bucher. Le mot et le reste 156p. 

 

 

 


Les dérives de l’étalement urbain

Les urbanistes retenus par les villes n’ont jusqu’ici, pas fait preuve d’imagination proposant paresseusement l’étalement urbain comme moyen de développement démographique. Avec pour conséquence un empiètement dommageable sur la nature. L’urbaniste Sylvain Grisot qui a fondé son propre cabinet dixit.net sonne l’alarme. Dans un chapitre intitulé Enjeux il cite Le Corbusier qui dès 1937 déplorait que la nature fondait devant le rouleau compresseur du béton a contrario du fait que le citoyen a de moins en moins de chance d’éprouver le bonheur du contact du vert. Dans son Manifeste pour un urbanisme circulaire Grisot propose une alternative intéressante. Il en profite pour montrer des exemples de ce qu’il ne faut surtout pas faire. C’est un ouvrage fondateur qui devrait éclairer des décideurs sur l’avenir de nos villes et des citoyens soucieux de qualité de vie.

Manifeste pour un urbanisme circulaire Sylvain Grisot. Éditions Apogée 236p.  www.editionsapogee.com

 

 

 


Le sort des Hutus non génocidaires

Jean Hatzfeld est taraudé par legénocide des Tutsis au Rwanda. On lui doit notamment en 2003 “Une saison de machettes”. Il persiste et signe une sorte de documentaire Là où tout se tait. Dans lequel il s’attache à la personne de Hutus qui ont refusé de participer au massacre. Ils n’ont pas la partie belle. Car d’une part ils sont considérés par les leurs comme des traîtres. Et alors que du côté des Tutsis ces “Justes” devraient avoir leur considération, on se montre suspicieux à leur égard. L’auteur est allé à leur rencontre. Des témoignages empreints d’une grande humanité car beaucoup des Hutus qui n’ont pas voulu se commettre dans ces atrocités ont péri de même. C’est un beau travail d’humanité que l’on trouve dans ces pages édifiantes, alors que ces résistants l’ont fait au risque de leur vie. Ceux qui ont suivi cette page sombre de l’histoire de l’humanité auront envie d’en connaître davantage sur ces Hutus au coeur sur la main.

Là où tout se tait Jean Hatzfeld. Gallimard 220p.   

 

 

 


Un tribut à un ami disparu

La Boétie qui a jadis loué l’amitié par son célèbre “parce que c’était lui, parce que c’était moi” aurait apprécié Mike signé par un de nos grands bédéistes Emmanuel Guibert qui a reçu l’an dernier le Grand Prix de la ville d’Angoulême pour l’ensemble de son oeuvre. C’est un récit, celui de la profonde amitié le liant à ce Mike connu alors qu’ils étaient marmots au jardin d’enfance. Avec une passion commune et dévorante, le dessein. Mais pour le malheur de Mike la mort sera au rendez-vous et avant de trépasser, ils se donneront un ultime rendez-vous, lui et Emmanuel. Ce dernier se rendra donc à Minneapolis pour vivre ce grand moment.  Vous dire combien ces chapitres sont touchants est un euphémisme. A l’heure où le numérique a forgé des solitudes et que des contacts virtuels, voici un hommage à la rencontre en présentiel. Rien de tel que le contact humain et Guibert le démontre magistralement.

Mike Emmanuel Guibert. Gallimard 260p. 

 

 

 


Guérir du mal existentiel

Olivier Cadiot avec Médecine générale nous sert une autofiction qui met en scène trois individus: une ethnologue qui a été trop longtemps coupée du monde, un orphelin et le narrateur. Ils se rendent compte que rien ne va plus trop dans leur existence. A la suggestion du narrateur, ils vont se retrouver en retraite dans une maison isolée et abandonnée. Cela va prendre l’allure d’une introspection où chacun va tenter de découvrir sa part d’authenticité. Un exercice parfois douloureux car il faudra creuser passablement en soi et enlever quelques couches de créosote. Quel en sera le résultat, nous vous laissons le soin de le découvrir. Ce bouquin plaira à ceux qui font de la recherche intérieure une démarche essentielle de leur existence.

Médecine générale Olivier Cadiot. P.O.L. 393p.     www.pol-editeur.com

 

 

 


Un polar de première en compagnie de l’écossais Ian Rankin

Pour son polar Le chant des ténèbres, l’écrivain écossais Ian Rankin familier des best-sellers a mis entre autres trois ingrédients nouveaux à son actif, le brexit, la xénophobie et les liens familiaux aussi tordus soient-ils. Au départ il y a John Rebus à qui sa fille apprend que son compagnon est porté disparu. En marge de cela, il y a le fiston d’un riche saoudien, étudiant de son état, retrouvé mort dans un parking d’Édimbourg.  Ils sont deux Siobhan Clark et l’inspecteur Malcolm qui auront à démêler l’écheveau de ces affaires qui vont se montrer compliquées à élucider. John Rebus n’est pas en reste qui va faire des recherches de son côté. Et il sera mis au fait de squelettes dans le placard. Avec un seul de ces éléments il y aurait de quoi nous garder captifs. Là nous avons en prime deux mystères. On connaît Rankin, il est passé au rang de maître du polar et ici il tutoie l’excellence du genre.

Le chant des ténèbres Ian Rankin. Éditions du masque 394p.    www.lemasque.com

 

 

 


L’étrange découverte d’un crâne

Imaginez un peu, vous avez été victime à Dublin d’une agression très violente et vous en sortez amnésique. C’est ce qui va arriver à Toby Hennessy le protagoniste de L’arbre du mal de Tana French qui a reçu pour ce roman policier la bénédiction de deux pontifes du domaine Harlan Coben qui l’a qualifié de “lyrique, haletant et imprévisible” et de Stephen King qui parle d’un thriller extraordinaire. Quels parrainages! Pour revenir à notre Toby traumatisé qu’il est, il ira prendre du repos dans une villa qu’il connaît bien. Et que découvre t-il niché dans son orme favori...un crâne. On serait étonné pour moins que ça. Au lieu d’assimiler cette surprise, il va non plus prendre du repos, mais tenter d’en découdre de cette trouvaille. Et là aussi le secret de famille est une sauce liante à l’histoire. Et comme pour tout bon livre où film, ce qui donne le sel ici c’est la qualité de la narration. Et quand Coben parle d’imprévisibilité, il a bien raison. Ce n’est qu’à la toute fin de ce pavé que vous connaîtrez le dénouement.

L’arbre du mal Tana French. Calmann Lévy 650p.   www.calmann-levy.fr

 

 





 


Le coin de la BD (1)

Les rivalités urbaines sont dans l’air du temps. En voici une Créatures chez Dupuis issue du talent conjugué de Betbeder et Djief. La jeune bande d’amis dans ce premier épisode ayant pour titre « La ville qui ne dort jamais » est poursuivie par de vilaines créatures. Rien qu’à voir le graphisme de ces dernières, on n’aurait certainement pas le goût de les fréquenter. Un de ceux-ci se rassure, en informant que les potes que c’est celui que l’on surnomme Le Gros Taré qui peut leur venir en aide. Ce qui à l’heur d’étonner les autres. Mais pourtant c’est ce qui se passera. Une BD toute en action.

Côté coquineries, les éditions Tabou demeurent fidèles à leur mission d’exciter perpétuellement nos sens. Et ils réussissent encore une fois avec deux titres. A commencer par Frans Mensink qui nous arrive avec une pulpeuse jeune femme en couverture de CoquinNet Lucinage sur la toile qui annonce la couleur. Ce bédéiste néerlandais qui s’est tourné vers l’érotisme n’a pas l’imagination tarie. Voyez sa Lucie qui pour donner du relief a une vie autrement morne, s’adonne au voyeurisme avec une partenaire de jeu nommée Heidi. Tout se passe sur le web bien entendu. Elles ne vont pas s’ennuyer une seconde, bien au contraire. Et que dire de Mensink aux dessins si affriolants.

Un petit goût d’orientalisme ? Alors suivez Trif qui dessine et scénariste ce voyage vers Les Mille et une nuits. C’est le volume II qui a pour titre Le paradis aux 40 vierges. Tout un programme. Et nous ne pouvons évidemment passer à côté de Schéhérazade qui domine ce harem de beautés transcendantes. Si on avait la libido endormi, aucun médecin généraliste ne vous proposera un tel éveil des sens que cette merveilleuse histoire, si bien illustrée…

Chez Graph Zeppelin dans le cadre de la série « Les années Marvel » qui réédite les grands classiques des « comics » américains on vous présente Les aventures originales de Sonja dans l’épisode « La diablesse à l’épée ». Ce personnage est né dans la foulée de celui de Conan le barbare. Le créateur Roy Thomas voulait lui donner sa contrepartie féminine. Une femme qui n’a pas froid aux yeux. Dans ce premier volume la concernant on ne recense plus les péripéties qui vont se succéder. Et où bien sûr elle triomphe à tout coup. Après lecture il faudra remplacer l’expression consacrée « femme forte de l’Évangile » par « femme forte comme Sonja ». Et en plus qu’elle a du chien elle est sexy en diable ce qui ne nuit pas. Et si vous trouvez que c’est trop court, consolez-vous, on annonce trois autres tomes.

 

 





 


 Le coin de la BD (2)

Un petit tour dans le fantastique avec le tome 5 de la saga Zombillénium du créateur Arthur de Pins. Cet épisode baptisée «Vendredi noir » nous plonge dans cette localité où des visiteurs viennent passer leur vendredi noir. A ceci près et cela donne des frissons rien qu’à y penser, les édiles locaux invitent les employés à dévorer ces villégiateurs. Ainsi on augmente la ration d’âmes de ces vampires new style. Il y a le duo formé de Charlotte et Aurélien avec toujours de mauvais plans en tête. Heureusement il y a Gretchen dans leurs pattes pour contrecarrer leurs sinistres manœuvres. C’est publié chez Dupuis.

Chez Dargaud Isabelle Dethan nous présente le deuxième volet « Le couronnement de la reine morte » de sa série Le roi de paille. Qui nous fait voir que le Proche-Orient a toujours été, depuis des temps immémoriaux, une zone de conflits. Ainsi dans cette brillante BD aux dessins somptueux, nous sommes face à deux empire, l’Égypte et celui de Babylone qui se confrontent. Les monarques respectifs ne cessent de s’attaquer impliquant même leurs enfants dans leurs stratégies guerrières. Ça ne peut mieux tomber au moment où l’ancien premier ministre du Québec Lucien Bouchard déplore la suppression du cours d’histoire sur l’Antiquité au niveau collégial.

Mine de rien mais nous sommes rendus au vingt-septième tome des aventures de Blake et Mortimer dont le flambeau comme on sait, a été repris par le trio formé de Jean Dufaux, Christian Cailleaux et Étienne Schréder. Le cri du Moloch est l’histoire d’un vaisseau extra-terrestre piloté par une sorte d’Alien dit-on, auquel les scientifiques ont collé le surnom de Moloch. Une personnalité inquiétante de par son assurance et des intentions que l’on ignore. Car ses messages prennent la forme de hiéroglyphes indéchiffrables. Le professeur Philip Mortimer va donc tenter d’écarter la menace avec l’aide d’Olrik qui reprendra du service.

Et enfin un superbe album pour lequel les éditions Aire libre n’ont pas lésiné sur les moyens graphiques. Il s’agit de L’Âge d’or du duo Cyril Predrosa et Roxanne Moreil. Au passage ça n’a rien à voir avec le film de Bunuel. Nous sommes en face d’un beau conte médiéval à saveur fantasy, qui met en vedette non plus un beau chevalier servant, mais une belle héroïne Tilda qui va entreprendre la reconquête de son trône occupé par son frère. En marge de cet état de siège, vous avez ce fameux Âge d’or, un ouvrage que l’on ne trouve plus et qui permettra à son détenteur de changer la destinée de l’univers. L’activité ne manque pas dans ces pages. Une véritable épopée qui se déroule sous nos yeux.

 

 

 


Des clercs er religieuses loin d’être en odeur de sainteté

Socialement on le savait, bien des vocations religieuses ont été forcées pour cause d’obligation sociale ou bien de refuge pour des homosexuels avec les conséquences que l’on sait. L’ethnologue et muséologue Guy Giguère en connaît un rayon à ce chapitre pour avoir compulsé les archives de nos évêchés. Concernant les mœurs cléricales il nous avait donné par le passé « Les Brebis égarés ». Il persiste et signe avec Curés et religieuses délinquants de l’histoire du Québec qui couvre trois siècles de mauvaise conduite, allant de 1600 à 1900. Des prêtres, religieux et religieuses dévoyées il y en a eu à la pelle. Tellement que par exemple en 1843 l’ultramontain archevêque de Montréal Mgr. Ignace Bourget s’est senti le devoir de rappeler à l’ordre son petit monde. Vous dire que ces pages sont savoureuses est un euphémisme. Ici il rapporte le fruit de ses recherches dans les documents conservés aux archevêchés de Montréal et de Québec. Et pour vous mettre l’eau à la bouche, qui annonce la couleur, un chapitre s’intitule « Indiscipline chez les Sœurs Grises ». Mon Dieu!

Curés et religieuses délinquants de l’histoire du Québec 1600-1900 Éditions GID 194p.    www.leseditionsgid.com

 

 

 


Le quotidien d’un officier de marine marchande

L’histoire ne nous dit pas si Louis-Vincent Barthe a une femme dans chaque port comme, la légende le veut pour les marins, mais ce premier officier de marine marchande, est un familier des fleuves Saint-Laurent et Mackenzie, les Grands Lacs et parfois le long cours. Il nous gratifie de ces Chroniques d’un marin. Car il n’a pas à les provoquer, les aventures viennent toutes seules à lui. Pour ceux et celles que la vie à bord d’un navire, captive, ils sont servis. Car tel un excellent mémorialiste. Ce pied marin a aussi une plume alerte et que la qualité de sa narration pourrait même servir de classe de maître pour un cours de français. En sa compagnie il nous permet d’accéder à la vie interne d’un bateau. Il décrit très bien la psychologie des êtres qui doivent vivre ensemble souvent de très longs moments, presque en huis clos. Il s’est déjà beaucoup écrit sur la vie à bord, mais celui-ci encore une fois pour la noblesse de la langue sort du lot.

Les chroniques d’un marin Louis-Vincent Barthe. Les éditions GID 283p.    www.leseditionsgid.com

 

 

 


Un tribut aux quêteux de la Gaspésie

Les québécois aiment les contes. Ça fait partie de leur ADN. Rappelez-vous des débuts de Fred Pellerin. Combien de bars de quartiers avaient soudainement mutés en cabarets du conte avec parfois des concours du meilleur conteur. Victor-Lévy Beaulieu avait initié aux éditions des Trois-Pistoles une collection sur les contes régionaux. Ça été comme une vogue. L’intérêt demeure. A preuve les belles histoires de quêteux de la Gaspésie dont en tête la figure d’Adelme Porlier telles que rapportées par Sylvain Rivière. Il rappelle dans son préambule le rôle qu’ont joué ces personnages nomades qui sollicitaient la charité. Ils étaient aussi messagers, colportant les ragots vrais ou faux en provenance des autres villages. Souvenons-nous la figure de Jambe de bois dans les Belles Histoires des Pays d’En-Haut de Claude-Henri Grignon.  Adelme Porlier duc de Chikanki, quêteux de grands chemins et ses disciples gaspésiens est un mémorial qui ravive leurs souvenirs.

Adelme Porlier duc de Chikanki quêteux de grands chemins et ses disciples gaspésiens Sylvain Rivière. Les éditions GID 254p.     www.leseditionsgid.com

 

 

 


L’Histoire des premiers immigrants italiens dans la Belle Province

Les montréalais, si on leur parle des premiers italiens de leur connaissance, ils feront immanquablement référence à l’importante immigration italienne de l’après Seconde guerre mondiale, surtout des calabrais et des siciliens, trop pauvres pour demeurer en Italie et qui ont fait le pari du rêve américain, du moins montréalais. Mais l’histoire de la migration italienne au Québec a des racines beaucoup plus anciennes, ce que nous apprend Marcel Fournier dans Les premiers italiens au Québec 1665-1860. Cet historien et généalogiste passionné s’est vu décerner par le gouvernement français les palmes d’Officier de l’Ordre des Arts et des Lettres en reconnaissance de son travail. Entre 1665 et 1860 il est venu 162 premiers italiens dont plusieurs ont francisé leur nom pour mieux faciliter leur intégration.  Ils ont été féconds au plan démographique car leur nombre n’a cessé de croître. Au milieu du XIXème siècle vous avez comme patronyme un Spinelli, nom de famille qui fait référence pour beaucoup à la célèbre dynastie familiale de vendeurs automobiles.  Un pan méconnu de notre histoire comme on le voit bien et cette lecture nous en apprend tellement.

Les premiers italiens au Québec 1665-1860 Marcel Fournier. Éditions GID 188p.   www.leseditionsgid.com

 

 

 


Le Saguenay qui regorge de trésors

C’est immense le Saguenay avec ses fjords et ses caps qui les bordent.. Les habitants en sont fiers qui l’ont qualifié un peu prétentieusement de Royaume. Dans la collection “Curiosités” aux éditions GID, les comparses Dany Côté et Pierre Lahoud nous emmènent faire un tour sur place. Comme pour tous les ouvrages de cette collection sous la direction du second, on a surtout mis l’accent sur l’anecdote. Que ce soit autour d’un bâtiment, d’un cimetière, une usine, un personnage et quoi encore, toujours un souvenir de rattaché. Ainsi une photo saisissante, celle de celui que l’on surnommait “Ricardo l’homme-mouche” qui grimpait partout et qui faisait des exhibitions un peu partout. Sur ce cliché on le voit agrippé aux briques de l’Hôtel Chicoutimi quelques instants avant sa chute mortelle. Un fait divers passé inaperçu mais qui revit sous nos yeux grâce à nos coauteurs. Des petites histoires qui font la grande, à pleines pages.

Curiosités du Saguenay Dany Côté et Pierre Lahoud. Les éditions GID 222p.    www.leseditionsgid.com

 

 

 


Le J’accuse de Guy Bertrand

L’avocat et nationaliste bien connu Guy Bertrand poursuit l’entreprise de son autobiographie avec la sortie de ce tome III qui couvre les années 1976-1985. C’est une charge à fond de train contre ceux du Parti québécois qu’il accuse de s’être écrasé devant le machiavélique Pierre-Elliott Trudeau. On l’oublie trop souvent, mais il ne s’est pas contenté de critiquer les pontes du parti indépendantiste mais il est entré dans la mêlée en voulant se présenter en 1985 à la chefferie du parti. Ce qu’il y a de remarquable dans ce brûlot, c’est la somme d’informations. Ou il a une mémoire incroyable ou bien sa recherche a été bien menée. Entre parenthèses, ce livre a été écrit avec la collaboration de Pierrot Métrailler. Me Bertrand explique comment on a raté le coche qui nous aurait permis de proclamer unilatéralement l’indépendance du Québec. Et de citer la Norvège qui en 1905 a procédé de la sorte vis-à-vis de la Suède. Outre son engagement c’est tout un cours magistral du Québec politique contemporain qu’il nous sert sur un plateau d’argent. Un tome IV annonce t-il est en préparation qui devrait être d’une tonalité un petit peu plus optimiste.

Espoir anéanti Me Guy Bertrand. Les éditions GID 600p.    www.leseditionsgid.com

 

 

 

Généalogie des Darveau du Lac-Saint-Jean

Tout comme on a mentionné plus haut la passion des québécois pour les contes, il y en existe une autre, la généalogie. On ne compte plus les sociétés petites ou grandes qui s’y consacrent. A ceux-là voici une bonne nouvelle, la publication par Aldéi Darveau de la généalogie des siens La famille Darveau du Lac-Saint-Jean de père en fils (1903-1998). Et nous tenons à souligner ceci, et c’est sur quoi insiste l’auteur,. c’est que loin d’être une enfilade d’aïeux pour lesquels ceux qui ont un autre patronyme ne se sentirait pas concernés, vous avez un portrait de l’évolution du Québec avec le défilé des coutumes qui avaient cours à certaines époques. Ce monsieur Darveau est un excellent conteur de surcroît, ce qui s’explique par le fait qu’il a consacré longuement du temps en enseignement. Comment un de ses ancêtres a quitté la vallée du Saint-Laurent, faute de terres disponibles pour aller vers le Lac-Saint-Jean qui faisait figure de terre promise.

La famille Darveau du Lac-Saint-Jean (1903-1998). Aldéi Darveau. Les éditions GID 461p.      www.leseditionsgid.com

 

 

 


Quand le dessin est mis au service de l’imaginaire

En quatrième de couverture de la monographie consacré à l’artiste visuel Lynn Roy on trouve une citation qu’il affectionne et qui en dit beaucoup sur le rôle de la représentation en art pictural “Le rôle de la peinture n’est pas de représenter, mais d’exprimer avec des formes, des lignes et des couleurs qu’elle pend où elle les trouve et qu’elle invente, quand elle ne les trouve pas dans la nature”. Il a très bien compris le message et nous sert exactement dans ces pages de ces êtres que vous ne croiserez jamais sur votre route. Que ce soit des humains ou son bestiaire, il lâche son imaginaire. Et il en sort d’étranges fruits. Ce retraité de l’enseignement de l’anglais a maintenant tout son temps pour se consacrer à sa passion. C’est une belle initiative de la maison d’édition  GID d’avoir accepté de faire la lumière sur ce travail artistique.

Lynn Roy, artiste Les éditions GID 159p.     www.leseditionsgid.com

 

 

 


Un magnifique espace au coeur des Laurentides

Comme quoi le livre fait oeuvre utile. Aucun de notre rédaction n’avait entendu parler du Domaine Saint-Bernard pourtant un joyau des Laurentides. C’est dans ce but de faire connaître davantage ce magnifique espace que la  Société du Patrimoine SOPABIC a eu l’idée d’un bel album où les photos, excusez ce cliché mais c’est le meilleur, valent mille mots.  Le domaine est un espace vert classé comme parc écotouristique communautaire dont la Fiducie du Domaine Saint-Bernard en assure la pérennité et la préservation.  L’ouvrage démarre avec la recherche entreprise par la communauté des Frères de l’Instruction chrétienne qui cherche un endroit de villégiature pour leurs religieux. Et on assiste à l’évolution de ce territoire qui va devenir un lieu prisé des amoureux des espaces verts, hébergement compris. Ce sont surtout les photos qui en disent long sur les beautés du lieu. On ne peut mieux trouver plus bel outil promotionnel.

Le Domaine Saint-Bernard grandeur nature Société du Patrimoine SOPABIC. Les éditions GID 149p.      www.leseditionsgid.com

 

 



 


Des offres impossibles à refuser pour découvrir le Québec

Ne détenant pas de boule de cristal, on ne sait pas encore au moment d’écrire ces lignes si un retour à la normale reviendra dans la Belle Province avec le beau temps et cette pandémie derrière nous. Mais rien n’empêche de préparer des escapades. C’est pourquoi les guides Ulysse se font tentateur avec deux opus qui permettront de découvrir nos paysages. Vous avez dans un premier temps Le Québec cyclable qui au fil des ans est devenu le guide de référence pour ceux qui aiment se véhiculer sur deux roues. Cette édition revue et augmentée consigne les circuits déjà établis. A ce chapitre, on peut se targuer d’avoir des réseaux qui peuvent faire l’envie d’autres coins de la planète. Ici on ne donne pas d’adresses de restos et sites d’hébergement, mais plutôt des noms d’endroits qu’il ne faut pas manquer de visiter tels des centres d’interprétation de la nature, des musées, des lieux commémoratifs et quoi encore. Autant de suggestions que n’aurez pas assez d’une vie pour tout voir. Et il y a cet autre titre qui peut être le complément parfait du premier Le meilleur du Québec selon Ulysse. Car dans cet autre guide, outre des suggestions de visites vous avez des recommandations de restaurants, auberges et hôtels pour différents budgets. On remarquera le soin particulier qu’a apporté l’éditeur au niveau de la conception graphique. Un superbe écrin qui donne  l’envie de s’y rendre.

 

 

 


Inculquer des notions de cuisine aux enfants

Ce que les enfants doivent savoir dès leur premier âge, c’est qu’ils auront à se nourrir, eux, et parfois pour d’autres. D’abord pour une question de survie, puis après de plaisir. Thomas Feller a concocté Enfants mon premier livre de cuisine qui serait l’ABC des premiers pas dans l’élaboration de recettes. Il en a colligé 63 qui sont, on pourrait le qualifier ainsi, des basiques de l’alimentation. Par exemple comment faire un croque-monsieur, une soupe au poulet, une pizza, une salade. Des plats qui requièrent un minimum d’ingrédients. En couverture on parle de recettes fastoches, ce dernier mot qui nous a intrigué, nous de la rédaction et fanas de la lexicographie. Cela veut dire, facile. Alors pour les parents vous ne pouvez trouver meilleur livre d’instruction en cuisine. Et pour les jeunes cela peut devenir une activité plaisante. Pourquoi faire à manger devrait être une corvée ?

Enfants mon premier livre de cuisine Thomas Feller. Hachette 159p. 
www.hachette-pratique.com

 

 

 


Historiettes sur des animaux de compagnie

Nous pourrions modifier l’adage bien connu et poser l’affirmation de la façon suivante « Dis-moi comment tu te comporte avec ton animal et je te dirai qui tu es ». C’est ce qui nous vient à l’esprit en terminant la lecture de Chez le véto de Béatrice Guelpa. Cette journaliste suisse qui a couvert le conflit israélo-palestinien avait cette fois un mandat beaucoup plus soft. C’est ainsi que deux ans durant, elle a hanté durant deux ans, la salle d’attente d’un vétérinaire. Et ce livre est le résultat de ses observations. Il est curieux l’homo sapiens dans son rapport avec la bête qu’il a choisi pour l’accompagner dans on existence. Nous en connaissons qui honnissent l’humanisation que l’on accorde aux animaux en leur donnant parfois des prénoms humains. L’auteure a été à même de voir ces dérives. Mais elle prend bien soin de ne pas porter de jugement de valeur. Elle se limite à rapporter ce qu’elle a vu. A nous de voir si tout ça tombe sous le sens. Il reste et c’est dommage, que beaucoup de gens consacrent davantage d’attention aux petits animaux qu’à leurs semblables. Au-delà de ces considérations, c’est un livre à mettre au-dessus de votre pile d’achats tellement cela en dit long sur ce que nous sommes nous les bipèdes.

Chez le véto Béatrice Guelpa. Histoires d’hommes et d’animaux. Favre 173p.   www.editionsfavre.com

 

 

 


Il était une fois Neuville

La collection bien connu « 100 ans noir sur blanc », compte un petit nouveau Neuville chemin faisant présentée par la Société d’histoire de Neuville. Cette collection relate essentiellement en photos et vignettes l’histoire d’une localité, allant de la fin du XIXème siècle à 1962. L’occasion d’aller faire un tour du côté des trésors d’archives iconographiques. Et Neuville ne fait pas exception, tant on est médusé par ce qu’on découvre au fil des pages. Pour ceux qui ont du mal à localiser l’endroit, c’est à une vingtaine de kilomètres à l’ouest de Québec sur la rive-nord du Saint-Laurent. C’est un territoire pour beaucoup agricole, et majoritairement maraîchers. Comme on n’est pas très loin de la Vieille-Capitale, il est aisé pour les agriculteurs d’approvisionner cette dernière. Et encore une fois, une véritable mine d’informations. Par exemple on apprend que les premiers taxis sur place virent leur jour en 1925. On voit que le port est d’une importance stratégique, tant pour le commerce que pour le tourisme. Il y a un cliché émouvant, remontant à 1889 qui se passe au moment de la bénédiction de cloches paroissiales. Et un des ancêtres se nomme Nicostrate Delisle…Ailleurs c’est le comédien Jean-Pierre Masson, notre Séraphin national qui honore de sa présence une activité de quilles commanditée par la bière Dow!

Neuville chemin faisant La Société d’histoire de Neuville. Les éditions GID 207p.   www.leseditionsgid.com

 

 

 


Tels des Marc-Aurèle Fortin

Ils sont cinq peintres Gérald Boulanger, Yvon St-Aubin, Yvon Lemieux, Raymond Quenneville et Robert Roy qui en commun nous présente cent œuvres d’art sélectionnées représentant différents coins du Québec. Cela donne un magnifique album Hommage au Saint-Laurent. Ceux qui aiment d’abord la peinture figurative et nos paysages, vont être conquis. Peut-être que pour plusieurs lecteurs ce sera la première rencontre avec ses artistes qui savent capter comme pas un nos merveilles. On se dit, mais que de talents dans nos murs. Les éditions GID n’ont pas lésiné sur la présentation graphique qui donne du relief aux peintures exposées.

Hommage au Saint-Laurent. Collectif sous la direction de Raymond Quenneville avec la collaboration pour les textes de Yvon St-Aubin. Éditions GID 159p.   www.editionsgid.com

 

 

 


Divagations sur Picasso et de Staël

Si vous aimez à la fois la littérature et la peinture contemporaine alors là vous allez être en bonne compagnie avec Les yeux de Milos de Patrick Grainville. Le Milos dont il est question, est un homme doté d’un certain charisme, surtout un regard qui envoûte la femme, et pas qu’une, c’est bien là son problème. On trouve de tout dans ce roman d’une belle intelligence, car il se dit beaucoup de choses sur deux peintres Picasso et Nicolas de Staël qui ont en commun d’avoir vécu à Antibes, là où le romancier plante le décor. Le beau Milos entreprend des considérations sur ces deux artistes avec les femmes qui peuplent son univers. Le mérite de Grainville c’est de tenir en haute estime son lecteur qui sort de sa lecture, plus intelligent qu’il n’y est entré. Ce qui en soit est le plus compliment que l’on puisse accorder à ces pages. Comme l’écrivain sait qu’il aura donné le goût d’en connaître davantage sur les deux peintres qui ont ici les honneurs, il s’est permis en fin de livre une courte bibliographie pour qui voudrait pousser l’exploration de ces génies de l’art pictural.

Les yeux de Milos Patrick Grainville. Seuil 343p.    www.seuil.com

 

 

 


Tout ce que vous n’osiez demander sur l’anguille

Décidément le monde du livre n’échappe aucun sujet. Qui aurait pu croire que l’on puisse écrire un livre fort intéressant sur un sujet a priori aussi banal que l’anguille. C’est que cette dernière apprend on dans L’évangile des anguilles de Patrick Svensson est comme une créature mystérieuse qui colporte plus d’un mythe, au point de s’être appropriée toute une histoire que se fait fort de rappeler cet auteur. Peu de gens savent que, entre autres, Aristote et Freud ont perdu quelques cheveux à percer l’aura qui entoure cet animal bizarre. L’auteur qui se fait ici essayiste, est un journaliste. Avec ce qui est son premier pas dans le monde des lettres il a démarré sur des chapeaux de roues puisque sa ponte lui a valu le prix August qui en Suède équivaut au Goncourt. Et n’ayez pas peur de vous ennuyer. Car dès les premières lignes, la table est mise pour un grand voyage intellectuel. Juste pour donner une idée de ce que vous apprendrez, sachez que l’anguille serait dotée d’une conscience…A la toute fin vous avez une bibliographie pertinente, si jamais vous décidez d’aller faire plus loin connaissance avec la bête et la mer.

L’évangile des anguilles Patrick Svensson. Seuil 270p.     www.seuil.com

 

 

 


Que d’événements dans cette imposante propriété du Midwest

L’écrivaine américaine Rebecca Makkai qui vit à Chicago avec sa petite famille, a imaginé une saga familiale s’étirant sur cent ans et dont le théâtre sera la localité de Laurelfield dans le Midwest. Un bled qui réunit alors la bohème artistique. En 1955 il y a Grace qui avec son irascible mari vont emménager dans une grande demeure. Et ça ne prendra pas de temps pour que cette dernière soit interpelée par des signes avant-coureurs de certaines choses à venir. Ce couple ne vit pas seul. Il y a leur fille, le mouton noir et marxiste de surcroît qui vit quand même là avec son mari, bien qu’elle tient très peu ses parents en haute estime, eux et leur côté parvenus. Et cet étrange portrait de Violet, l’arrière-grand-mère qui s’est donnée jadis la mort, et qui semble épier tout ce beau monde. Avec moins d’ingrédients que ça on ferait un très bon roman et surtout une superbe adaptation au cinéma. Nous sommes plutôt en face d’un grand roman à l’américaine comme on les aime. Ceux qui ont décrété « familles je vous hais » auront de quoi alimenter ici leur vindicte concernant les liens du sang. L’écrivaine raconte en épilogue qu’elle a voulu démontrer que les artistes éprouvent un besoin viscéral de vivre en communauté.

 

 

 


Un gros quiz sur vos connaissances touchant aux autochtones

Vous criez sur tous les toits que vous aimez les cultures autochtones ? Mais les connaissez-vous au moins ? Pour le savoir, allez vous soumettre au grand questionnaire de Henri Dorion « Le monde autochtone du Québec ». C’est un ensemble de 365 questions et réponses pour éprouver vos connaissances en la matière. C’est très distrayant. La 364ème de ces questions est la suivante, et pas la plus difficile « Quelle est la réserve Attikamek le plus au nord ? ». Vous voyez un peu le genre. A la fin de la lecture des réponses, là vous pourrez crâner en savoir un rayon.

Le monde autochtone du Québec Henri Dorion. Les éditions GID 172p. www.leseditionsgid.com   

 

 

 


En héritage, des carpes

Voilà un bien curieux bouquin que ce Grand platinum de Anthony van den Bossche son premier roman en fait. L’histoire d’une jeune femme qui a créé une agence de communication. Elle trouve que c’est une charge bien plus lourde qu’elle avait imaginée. D’autant qu’elle a pour client un designer assez éprouvant, prénommé Stan. Pour tout dire, elle veut vendre sa petite affaire. Mais pour l’heure, elle et son frère se sont donné pour tâche de rassembler des…carpes. En effet, leur défunt père avait un dada, la collection de carpes japonaises nommées Koï. Il les avait dispersés dans divers plans d’eau à Paris. Pas question pour elle de les laisser là, d’autant que son père y avait consacré tellement de temps. Et qui vont lui mobiliser aussi pas mal d’heures. Bref, vous voyez la couleur.

Grand Platinum Anthony van den Bossche. Seuil 157p.    www.seuil.com

 

 

 


Une femme, telle une vipère

Isabelle Duquesnoy nous présente un plat de résistance La Pâqueline. Nous nous trouvons en face d’un roman historique se déroulant en 1798. La Pâqueline dont il est question ici, est une femme absolument détestable, un caractère qui s’apparente entre la Folcoche de la Vipère au poing d’Hervé Bazin et la Tatie Danielle du grand écran. Que du fiel à la bouche, médisant des autres même au confessionnal. L’auteure semble avoir une affection pour les thanatologues puisqu’un précédent ouvrage s’intitulait « L’Embaumeur ». Ici c’est le fils de celle-ci qui l’est. Et qui a réussi bellement dans son domaine, avec de quoi être à l’abri du besoin. Eh bien qu’il fasse les honneurs de recueillir cette mère indigne, celle-ci n’aura de cesse de lui cracher ses vérités à la figure. Pire, elle fomente même l’idée de le ruiner! Vous allez nous dire, quel tissu de haine. Aussi surprenant que cela puisse paraître, on ne parvient pas à détester cette femme dont on devine l’immense douleur intérieure. Quel beau personnage pour le cinéma. En attendant, faites-vous vos propres images.

La Pâqueline Isabelle Duquesnoy. Éditions de La Martinière 461p.    www.editionsdelamartiniere.fr

 

 





 


Le coin santé physique et psychique

Alors qu’il était appelé à commenter la pandémie de la Covid-19, l’archevêque de Paris Mgr. Aupetit, qui a  été dans une autre vie médecin, observait cette peur effrayante de la mort chez les gens. Ce qui explique peut-être pourquoi on n’assiste pas à des soulèvements de foule contre des mesures sanitaires souvent incohérentes. La pandémie aura révélé une peur de mourir comme on ne pouvait imaginer. Voici que le supérieur du séminaire de Sion en Suisse l’abbé Joël Pralong se penche sur la question dans ce livre Pourquoi avons-nous si peur de la mort ? aux éditions Artège. Dans le communiqué qui accompagne sa sortie on pose aussi cette question “La pire épidémie n’est-elle pas celle de la peur ?”. Voilà deux questionnements de grand intérêt. L’abbé Pralong est connu pour ses bouquins qui entrecroisent la psychologie et la spiritualité. Ils voient dans nos problématiques l’opportunité de renouer le lien fraternel.

 

Aux éditions Budo le professeur de karaté Areski Ouzrout 7ème dan, signe La vie est un dojo dans lequel il rappelle que les arts martiaux sont des arts de paix qui peuvent également être des arts de vie. Alors qu’on s’attendrait à un traité sur sa discipline avec force photos de mouvements à faire, ici c’est un outil de développement personnel, avec une pensée développée pour chaque jour de la semaine. Que l’on peut donc consulter quotidiennement. A sa lecture, on remarque que l’auteur est un être de sagesse qui a vraiment compris l’autre dimension des arts martiaux et qu’il l’a pleinement intégré à sa vie. Entre autres remarques, il nous dit que, parce que, comme la mort est inéluctable, prenons donc soin de bien vivre sa vie.

 

Comment jouer avec son enfant et structurer son apprentissage, voilà un double défi pour les parents. Deux chercheurs en pédagogie ont élaboré un guide vraiment au point pour soutenir les parents. Les intelligences multiples de vos enfants coécrit par Bruno Hourst et Albane de Beaurepaire aux éditions Leduc, s’est donné pour objectif de développer le potentiel des jeunes de 0 à 12 ans. Et surtout comme c’est indiqué en couverture, de leur livrer un enseignement hors écrans numérique, ce qui on en conviendra est un défi. Et ce ne sont pas les activités qui manquent à lire les propositions qui sont faites. Quand on sait que la personnalité du tout petit se forge entre zéro et trois ans, on peut figurer que, à ces âges, l’enfant est une véritable éponge. Que de belles notions ont peut lui inculquer qui seront des assises solides pour leur existence.

 

 

 


Voix de femmes écossaises, apeurées du monde ambiant

Vilaines femmes est pour le moins un titre accrocheur. Chose certaine, ces femmes

 

 

 


Voix de femmes écossaises, apeurées du monde ambiant

Vilaines femmes est pour le moins un titre accrocheur. Chose certaine, ces femmes

 

 

 


Voix de femmes écossaises, apeurées du monde ambiant

Vilaines femmes est pour le moins un titre accrocheur. Chose certaine, ces femmes

 

 

 


Voix de femmes écossaises, apeurées du monde ambiant

Vilaines femmes est pour le moins un titre accrocheur. Chose certaine, ces femmes