- SEPTEMBRE 2021 -
 
 

 


Variations sur le thème de la nostalgie

“Nostalgie quand tu nous tiens” on a tous lu ou entendu cette phrase en quelque part. Pour Denis Bachand la nostalgie est significative dans l’accomplissement de son être au point qu’il a senti la nécessité de partager en quoi elle joue un rôle. Voyages en nostalgie c’est pour lui comme ouvrir un album photos et s’y plonger. Et comme sa curiosité est grande, il nous promène de Le Clézio au Red Light en passant par ceux du burlesque de chez nous. La qualité de cette démarche, c’est que l’on sort de cette lecture plus intelligent encore que lorsque l’on y est entré. Et on est aussi interpellé sur ce qui fait le sujet de notre propre nostalgie.

Voyages en nostalgie Parcours mémoriel à travers les arts et les médias. Les Presses de l’Université d’Ottawa 138p.    www.presses.uottawa.ca

 

 

 


Est-il moral de manger de la viande ?

Voilà une question fondamentale qui est le pivot de Que veulent les véganes ? cosigné par Alexia Renard et Virginie Simoneau-Gilbert. La première est doctorante en science politique à l’Université de Montréal. Sa thèse sur laquelle elle planche porte justement sur la jeunesse antispéciste au Québec, la seconde est aussi doctorante en philosophie à l’Université d’Oxford, sa thèse porte quant à elle sur les comportements moraux chez les animaux non humains. On lui doit une histoire de la SPCA. Donc, deux essayistes gagnées à la cause animale.  Elles soulèvent d’entrée de jeu une première contradiction, à savoir que lorsque l’on interroge la majorité des gens, tous ont une sensibilité à la cause animale, mais en même temps on n’hésite pas à tuer les bêtes pour se nourrir. Leur ouvrage est à la fois un cours d’histoire sur la cause animale qui ne date pas d’hier comme vous pourrez le constater. Déjà dans l’Antiquité on s’en souciait. En même temps c’est un regard sur la question éthique. Un deux pour un qui va en intéresser plus d’un, tant chez les lecteurs carnivores que leur contraire. Car chaque page est remplie d’arguments. Et en bonnes universitaires qu’elles sont, elles complètent leur écrit par une bibliographie de fond pour quiconque veut approfondir le sujet.

Que veulent les véganes ? Alexia Renard et Virginie Simoneau-Gilbert. Fides 199p.
www.groupefides.com

 

 

 


Cours 101 contre le harcèlement de rue fait aux femmes

Dans le communiqué de presse qui accompagne la sortie de Dis bonjour sale pute, on rapporte une sombre statistique venant de l’IFOP en France qui signale que huit femmes sur dix ont fait l’objet de harcèlement autant dans la rue que dans les transports publics. Et ce sombre phénomène n’a pas seulement pour cadre l’Hexagone. On se souviendra d’un reportage réalisé au Caire, tandis qu’une femme circulait seule dans les rues avec une caméra cachée sur elle. Elle ne pouvait pas faire trois pages sans être apostrophée par des commentaires salaces. Emanouela Todorova est une militante de la cause des femmes qui en a jusque là ,de ces comportements qui perdurent, au point de consacrer un blog uniquement sur ce sujet dans Instagram @disbonjoursalepute. Dans son livre, elle fait tout le tour de la question, sur la manière de réagir, trouver des aides et quoi encore. C’est vraiment un cours 101 pour contrer les mâles en tourmente de testostérones.

Dis bonjour sale pute Emanouela Todorova. Leduc 175p.     www.editionsleduc.com

 

 

 


Comment peut-on être à la fois morte et vivante ?

C’est l’énigme à laquelle nous convie Guillaume Musso dans L’inconnue de la Seine. Et attention, ça n’a rien à voir avec le roman du même titre publié chez Gallimard en 2012 par Didier Blonde. Ici c’est une femme qui est repêchée, heureusement vivante dans les eaux de la Seine. Elle souffre d’amnésie. Après analyse d’ADN et des photos on apprendra qu’il s’agit d’une pianiste de renom Milena Bergman. Mais là où ça ne cadre pas du tout, c’est que l’artiste elle, est connue pour être décédée voici  un an lors d’un crash d’avion. D’où la question ici posée, comment peut-on être à la fois morte et vivante...L’ancien fiancé de la pianiste et une flic répondant au prénom de Roxane vont se mettre sur l’affaire et tenter d’élucider ce mystère. On attendait Musso, comme les disciples de Bacchus piaffent d’impatience devant l’arrivée du vin nouveau. Eh bien, Musso tutoie comme toujours l’excellence, connaissant parfaitement les ingrédients à inclure pour faire recette. On signalera au passage la typographie augmentée pour ceux qui ont des problèmes de lecture. Une délicate attention pour tous ceux qui ne veulent pas perdre une phrase de cet autre best-seller en devenir.

L’inconnue de la Seine Guillaume Musso. Calmann Lévy 407p.    www.calmann-levy.fr

 

 

 


Un survol historique des liens entre Aznavour et le Québec

Mine de rien, Mario Girard de La Presse est entrain de se bâtir une belle notoriété comme biographe. Après nous avoir donné un album merveilleux sur l’historique de la pièce de Tremblay “Les Belles-Soeurs” et une biographie remarquée sur Renée Claude, voilà qu’il s’est choisi un sujet plus pointu, à savoir un regard rétrospectif sur les rapports entre Charles Aznavour et le Québec.  Il se voyait déjà! Aznavour et le Québec est un sacré travail de recherche. Seulement qu’à la fin du livre, il détaille tous les passages du chanteur dans nos murs à partir de 1948 avec les dates précises de chacune de ces présences, ce qui suppose un travail considérable de recherches. Il faut savoir que l’auteur-compositeur-interprète de La Bohème a eu une dette envers d’abord Montréal qui l’a accueilli. Il était alors en duo avec Pierre Roche, qui lui décidera plus tard de s’installer au Québec. Quand on sait que la France a  mis vingt ans à le reconnaître. Qu’est-ce qu’il a été humilié là bas. Tandis qu’au Faisan Doré sur le boulevard Saint-Laurent, il a enchanté le public. C’est le Québec qui lui a donné confiance en ses moyens. En même temps Girard nous fait revivre tout un pan des fameuses nuits de Montréal. On se dit après lecture, qu’est-ce qu’on peut s’ennuyer maintenant à Montréal désertée dès 21H Dire que nous avons adoré est un euphémisme.

Il se voyait déjà! Aznavour et le Québec Mario Girard. Les éditions La Presse 274p.    www.editionslapresse.ca

 

 


Sur le triste sort des enfants autochtones

Au moment où le calendrier fédéral des congés fériés s’enrichit d’un nouveau jour férié le 30 septembre “Journée nationale sur la vérité et la réconciliation” concernant les peuples autochtones,  sort le livre-enquête d’Anne Panasuk Auassat”. L’ancienne correspondante de Radio-Canada a accepté en juin dernier le poste de conseillère spéciale pour le soutien aux familles d’enfants autochtones disparus auprès du ministre des Affaires autochtones du Québec. Elle était toute désignée pour ce rôle, ayant menée des enquêtes sur le triste sort de ces jeunes amérindiens livrés corps et âmes à des religieux qui en ont abusé à l’infini, souvent jusqu’à ce ce que mort s’ensuive. Son livre est un réquisitoire sans pitié pour ces religieux, ici nommés qui ont souillé ces jeunes enfants qui ne trouvaient aucun soutien, abandonnés à des êtres très souvent sadiques qui agissaient au nom du Seigneur. Un ouvrage bouleversant qui doit être lu impérativement pour que ces choses là ne se reproduisent plus.

Auassat Anne Panasuk. Édito 185p.     www.editionsedito.com

 

 


Un témoignage stupéfiant sur la vie des Desmarais

Lorsqu’on a annoncé que Sophie Desmarais la fille de Jacqueline  et de Paul Desmarais, une des familles les plus riches au Canada, allait témoigner de l’intimidation dont elle a été victime dans un pensionnat en Suisse qui l’a marquée pour la vie, un de nos coéditeur s’est montré sceptique. Pour lui, il n’y avait qu’un appel de ses célèbres parents fassent un appel au collège pour que le tout cesse. Mais c’est ce qu’on va dans Tout pour être heureuse c’est que père et mère l’ont abandonné à son sort en compagnie d’autres enfants riches, méprisants et harceleurs. Ce qui est stupéfiant, c’est qu’alors qu’on ne savait strictement rien de cette famille, qui verrouillait toute information, faisant signer des ententes de confidentialité au personnel sous peine de poursuite, voici que Sophie dit tout, mais absolument tout. Elle a pris quand même la peine de prévenir ses deux frères qui ont donné leur aval! On a dans ces pages un portrait haut en couleurs de Jackie. Car si le père était effacé au possible, continuellement occupé par ses affaires et ses lectures, la mère est un véritable phénomène, l’excentricité au possible. Parvenue, cassante et impitoyable avec ses proches. Ce qui faisait mourir de honte sa fille. Quel livre merveilleux qui corrobore que l’argent ne fait pas le bonheur. Rappelons que pour donner un sens à sa vie et lutter contre son anorexie et ses envies suicidaires, Sophie Desmarais s’est associée à Jasmin Roy associant son nom à la fondation de son dernier, qui lutte contre l’intimidation. Les pages sur cette mère sont délirantes, qui à elle seule mériterait de faire l’objet d’un film. C’est le livre le plus étonnant de cette rentrée. Et merci à l’auteure d’avoir levé le voile sur ce qui se cache derrière la richesse.

Tout pour être heureuse Sophie Desmarais. Michel Lafon 263p.    www.editionsmichellafoncom

 

 

 


Anémone, cette actrice regrettée pour son franc-parler

L’actrice Anémone est morte d’un cancer du poumon en 2019. Il nous reste des films d’elle où on peut apprécier, sa dégaine, son humour, et des interviews où son franc-parler est unique quand on sait que le mensonge est le ciment de la société. Elle, elle envoie tout balancer. Hélas son amour de la clope aura eu raison d’elle avec une saloperie de cancer du poumon. Et parmi les témoignages qui perpétuent son souvenir il y a ce livre de Laurent Brémond un cinéaste, qui a eu l’initiative de capter sur films des souvenirs de l’actrice qui se raconte. Je préfère les génies aux abrutis combine un regard de l’auteur à l’origine de cette initiative et aussi une partie autobiographique par son sujet même. On goûtera la franchise brutale de cette femme qui a eu comme qualité première de diriger sa vie comme bon lui semblait, se moquant comme d’une guigne de la célébrité. En autant qu’elle avait de quoi s’offrir cigarettes et bons verres de vin, elle n’en demandait pas plus à l’existence, sinon qu’on lui foute la paix. On regrette la disparition de gens si rares comme elle le fut. Heureusement ce bouquin ravive de manière posthume sa mémoire.

Je préfère les génies aux abrutis Anémone et Laurent Brémont. Confidences inédites. Robert Laffont 232p.       www.laffont.ca

 

 


La réhabilitation d’un écrivain suisse

Le nom de Édouard Rod (1857-1910) ne vous dira sans doute rien et c’est normal. Pour une raison inexpliquée, ce romancier, journaliste et critique suisse a été injustement relégué aux oubliettes de la littérature. Qui chez lui est pourtant abondante, en termes de romans. Heureusement les éditions Les Lapidaires ont eu l’heureuse initiative de publier  Le sens de la vie datant de 1889 qui est un peu le livre phare de son oeuvre.  Comment qualifier ce livre si ce n’est une sorte de journal où il se montre comme revenu de tout. Même les splendeurs architecturales de l’Italie finissent par l’ennuyer. Il faut dire au passage que cet ami de Zola est avant tout un disciple de Schopenhauer. Donc pour une vision optimiste de l’existence il faudra repasser. Même les libre-penseurs trouvent chez lui une limite. Il est manifestement atteint de lucidité chronique. Ce pourrait être déprimant cet espèce de Buster Keaton des lettres qui ne sourit jamais dans ses écrits. Mais non. Il faut se confronter d’une part à ses idées et surtout apprécier la qualité de son style. Chapeau à l’éditeur d’avoir pris ce beau risque. A la fin du livre il raconte son chemin de Damas, à l’église Saint-Sulpice où il a soudainement la réalité de la transcendance et il se met à glorifier le Créateur. Décidément l’hominidé nous surprendra toujours.

Le sens de la vie Édouard Rod. Les Lapidaires 266p.    

 

 

 


Une anticipation surréaliste

Que diriez-vous d’un roman où les autorités policières sont à la traque d’un individu pour cause de graffitis, que le cimetière du Père-Lachaise n’existe plus, transformé en parc car la mort a été totalement occultée ? Eh bien ce n’est que quelques-uns des éléments que vous allez trouver dans Boucles rebelles de Guillaume Mazeline. C’est un livre d’anticipation totalement surréaliste où l’imagination est à chaque chapitre. Le protagoniste, Anjou, est aussi dans l’attente de la finalité de la succession d’un oncle mort dans les années...soixante.  C’est presque un film qui se déroule dans notre tête à la lecture de dialogues savoureux. C’est une belle surprise pour cette rentrée. Et puisque nous évoquons le septième art avis aux scénaristes confrontés au drame de la page blanche, vous avez ici de quoi faire un sacré bon film.

Boucles rebelles Guillaume Mazeline. Éditions Une heure en été 352p.   

 

 


Depuis ma naissance je n’ai connu que tragédies et lamentations

C’est le titre d’un chapitre du journal qu’a tenu Melkon Bedrossian un arménien, qui s’il a évité de périr sous le génocide des turcs n’en a pas moins subi une autre forme d’atrocité, cette assimiliation forcée à la culture turque. En effet, il a été déporté et embrigadé dans un orphelinat. Si nous avons le récit de ce calvaire, c’est grâce à la découverte de ce journal par son fils Jacques. Ce document précieux était recouvert de poussière dans un grenier. C’est une courte plaquette mais dense par le contenu. Qui nous rappelle que si l’Holocauste a dominé dans l’horreur au XXème siècle, il ne faut pas perdre de vue que le génocide arménien est au palmarès d’une des plus grandes tragédies qui témoigne de la haine de l’homme pour l’homme. A lire, pour ne jamais oublier.

60 ans après, l’émotion m’étrangle encore Melkon Bedrossian. Éditions Hémisphères 71p.     www.hemisphereseditions.fr

 

 


Fin de la trilogie de l’Oeuvre à la joie

La russo-pakistanaise Zarina Khan complète sa trilogie de l’Oeuvre à la joie avec La sagesse d’aimer. Le premier tome nous ramenait chez ses aïeuls qui ont connu la Russie tsariste. Et au fil des tomes précédents on a vu le déroulé de son histoire ancestrale et la sienne dont l’enfance sera marquée par un inceste qui va s’étaler sur quelques années et dont elle aura peine à se débarrasser des traumatismes. Dans ce dernier tome, nous sommes à la fin des années soixante-dix. Ce qui l’a sauvé un peu de la tourmente psychologique c’est la rédemption par l’art. Mais pour son malheur, elle devra subir, comme si elle n’en avait pas assez eu, les affres de la violence conjugale. Pour reprendre le cliché bien connu, c’est une vie de roman, mais très marquée par les malheurs. Mais ce qu’il y a de positif dans cette lecture, c’est que c’est aussi une femme du monde qui a connu bien des univers, se promenant d’un continent à l’autre. Puis il faut le dire, c’est fichtrement bien raconté.

L’Oeuvre à la joie Tome 3 La sagesse d’aimer. Zarina Khan. Hozhoni 533p.   

 

 

 


La saga d’une brillante jeune femme sous l’Inquisition mexicaine

Nous avons été surpris de recevoir un pavé venant des éditions marchand de feuilles, car habituellement le format standard de leurs titres publiés fait penser à ce qu’on trouve chez Actes Sud. Nous avons donc été doublement intrigués, tant par le contenant que le contenu. Car il s’agit d’une saga dont nous avons le premier tome Les épouses de la faim intitulé Rosa divina. Nous sommes plongés au Mexique au XVIIème siècle. Nous ferons connaissance avec une jeune fille, Juana Inés de la Cruz dont l’enfance est baignée d’amour. Elle sera sous la coupe d’un père bienveillant qui pousse son enfant vers la connaissance, ce qui est assez rare en général dans l’éducation des filles, surtout à cette époque. Envoyée à Mexico pour parfaire son éducation, elle fera le plus bel effet à la cour vice-royale. Mais alors que tous les horizons lui sont ouverts, c’est plutôt au couvent qu’elle décide de se réfugier. Dans ce refuge, avec l’aval de la vice-reine, elle se met à publier des écrits en tout genre, dont certains ne sont pas du goût de l’Inquisition. On ne vous en dira pas davantage sur ce qui l’attend, de crainte de gâcher votre plaisir. Mais sachez que l’auteur de ce roman épique Paul Anderson a dû se renseigner au préalable sur les conditions de la vie quotidienne au Mexique de cette époque. Et on voit aussi comment quelqu’un qui sait et qui n’a pas peur, dérange toujours l’ordre établi, Le père de Juana avait ouvert la voie car c’était un libre-penseur. Vivement le tome deux. Au passage, bien que ce soit indiqué roman, l’histoire s’inspire librement de la vie d’une religieuse prénommée Juana et dont des notes en fin de bouquin, nous la situe, elle et son temps.

Les épouses de la faim Tome 1 Rosa divina. Paul Anderson. Éditions marchand de feuilles 706p.         www.marchandefeuilles.com

 

 


Tout connaître sur l’illustration pour la jeunesse

Valérie Belmokhtar porte la double casquette d’être artiste et enseignante. Elle a eu cette excellente idée de rendre un tribut à un art visuel qui mérite d’être davantage connu, celui de l’illustration jeunesse. Elle nous gratifie d’un magnifique album Illustrateur jeunesse: un vrai métier! Qui passe en revue tous les aspects entourant ce domaine. Et puisqu’il est question d’illustration, l’ouvrage en regorge qui sont autant d’exemples de diverses approches. Des témoignages aussi d’acteurs du milieu. Et on ne fait pas d’embellie. Il est bien dit dans ces pages que très rare ceux qui arrivent à vivre uniquement de leur travail, car la réalisation prend du temps et les commandes ne suivent pas toujours. C’est la raison pour laquelle, ces artistes de l’image complètent avec des contrats ailleurs comme dans la publicité. Mais pour ceux qui veulent s’y mettre, c’est le meilleur guide disponible sur le marché.

Illustrateur jeunesse: un vrai métier! Valérie Belmokhtar. Pyramyd
www.pyramyd-editions.com

 

 

 


Pénétrer l’univers fabuleux des insectes

L’autre jour, à l’occasion d’un documentaire, un scientifique traitant de la supériorité d’une composante du règne animal par rapport à une autre et à l’homme, faisait remarquer fort à propos, que s’il fallait éliminer les insectes de la planète, l’homme n’y survivrait pas très longtemps. Comme quoi ces bestioles sont essentielles à l’écosystème. Et c’est un univers pour lequel on découvre de nouvelles bibittes totalement inconnues. Et aux entomologistes amateurs, voici que paraît un album de grande facture qu’aurait bien aimé notre regretté Georges Brossard, créateur des insectariums.  Il s’agit de Fabuleux insectes cosigné par Denis Richard et Pierre-Olivier Maquart. Pour l’exercice il a fallu faire un choix arbitraire, tant il y a d’insectes sur Terre. Les auteurs se sont donc limités à une cinquantaine. Qu’est-ce qu’on apprend. Comme cette mouche, tenez-vous bien, seule du genre à se déployer...en Antarctique. Comme quoi nous sommes des nains devant la connaissance. Un autre spécimen à découvrir que l’on surnomme le “homard des arbres” qui attirera votre attention. Et les photos qui soutiennent les textes nous montrent ces insectes avec tous leurs attributs. C’est fascinant rien de moins.

Fabuleux insectes Denis Richard et Pierre-Olivier Maquart. Delachaux et Niestlé 239p.      www.delachauxetniestle.com

 

 

 


Pour des visites éclairs dans des villes attrayantes d’Amérique du Nord

Les guides Ulysse ne cessent de peaufiner leurs ouvrages pour nous tenter comme c’est pas possible à devenir nomade. Même quand ce n’est que le temps d’un week-end comme ici dans leur dernier opus 52 villes de week-end en Amérique du Nord. Si le temps nous manque et qu’on a juste le temps d’une fin de semaine pour changer d’air, c’est ici un florilège de belles propositions. Pour chaque ville sélectionnée, tant au Canada qu’au sud de la frontière, on tente de répondre succinctement à trois questions: Quand ? Pour qui ? Pourquoi ? Trois courts questionnements qui méritent donc un développement. Quand ? Certaines villes présentent de meilleurs attraits à tel ou tel moment du calendrier saisonnier. Pour qui ? Vous aimez particulièrement les musées ? Vous avez une sélection de villes qui vont correspondre à vos goûts en la matière. Et pourquoi ? C’est ici que le guide va plaider pour mettre de l’avant des raisons qui davantage vous feront choisir une destination plutôt qu’une autre. Comme toujours, l’album est agrémenté de superbes photos qui témoignent des attraits des endroits retenus.

52 villes de week-end en Amérique du Nord Ulysse 254p.     www.guidesulysse.com

 

 

 


Ce fameux 3 novembre 2020

L’histoire américaine ne pourra jamais oublier ce fameux 11 septembre 2001 dont on célébrait cette année le vingtième anniversaire de ces attentats qui ont stigmatisé la planète. Mais il faudra ajouter à cette date celle du 3 novembre 2020 qui a vu arriver à la Maison-Blanche un Donald Trump qui tout au long de sa présidence nous déstabilisera totalement, au point où on commencera sérieusement à douter de l’équilibre mental de ce leader populiste qui mentait comme d’autres respirent. Mais cette présidence marquante coïncide avec L’Amérique au bord du gouffre chez Robert Laffont, titre de l’essai de ce politologue bien connu Rafael Jacob fréquemment invité sur nos télés pour commenter la politique américaine. Il décrypte avec le brio qu’on lui connaît ce qui ne va pas chez nos voisins. Même si l’arrivée de Joe Biden fait figure de période d’apaisement, si on nous permet cette figure de style, il y a encore pas mal de métastases à éradiquer avant qu’on ne retrouve des États-Unis normaux. Car entre autres symptômes il y a toujours cette situation du sort des afro-américains jamais réglé et l’usage immodéré des armes à feu. Disons que l’essayiste s’inquiète un peu de l’avenir du pays, surtout qu’un Donald Trump n’a pas dit son dernier mot. Pour ceux qui veulent prolonger la réflexion, le chercheur associé à la Chaire Raoul-Dandurand nous propose une bibliographie étoffée sur le sujet.

On évoquait plus haut la tragédie du 11 septembre 2001. Plusieurs livres ont commémoré l’événement. Mais s’il fallait en retenir un qui décrit très bien cette journée funeste c’est 11 septembre chez l’éditeur Perrin écrit en duo par l’historienne et politologue Nicole Bacharan et l’écrivain et journaliste Dominique Simonnet En leur compagnie on va suivre le déroulé de ce qui s’est passé heure par heure. On va vivre avec eux comment la Maison-Blanche va réagir devant l’innommable et l’impensable. C’est une chronologie dynamique des faits, qui va à l’essentiel. Incontestablement la face du monde a changé depuis et surtout la superbe américaine qui a été frappée symboliquement au coeur du pouvoir de la finance. 

 

 

 


Quand la souffrance au travail s’incarne dans le numérique

L’humain c’est une prémisse, a peu de considérations pour son semblable, le fameux adage que “l’homme est un loup pour l’homme”. Le numérique a t-il vu le jour qu’aussitôt l’être humain s’en est emparé pour en faire sa plateforme de déversement de haine, ou à tout le moins d’une manifestation de sa difficulté du vivre ensemble. Dans le monde du travail un grand travail de recherche a été réalisé pour cerner la problématique qui se pose dans la transmission entre collègues. Pour en avoir le coeur net et qui est en même temps une synthèse de la connaissance sur le sujet, il faut lire Incivilités numériques un travail en collectif sous la direction de Valérie Carayol et Aurélie Laborde. D’entrée de jeu on admet que s’il y a de la vindicte par les mails c’est qu’il y avait déjà un antagonisme au niveau relationnel. Que dans ces courriels on va parfois en rajouter dans la coercition, davantage que dans l’oral. Une certaine déshumanisation aussi. Quand on pense qu’hier encore un camarade de travail pouvait se pencher dans le cadre de la porte et vous envoyer un salut matinal, alors que maintenant il le fera par un mail désincarné. Le sous-titre de l’essai donne la mesure de l’angle de recherche “quand les pratiques numériques reconfigurent les formes de civilité au travail”.

Incivilités numériques Collectif de boeck supérieur 160p.   www.deboecksuperieur.com

 

 

 


Au coeur de la bataille de Londres

Erik Larson après avoir pris a posteriori la mesure de ce qu’on vécu au plus près les new yorkais au moment des attaques des tours jumelles du World Trade Center, se demanda comment les anglais ont-ils vécu de même les bombardements de Londres par l’aviation allemande au cours de la Seconde guerre mondiale. Rappelons que la Luftwaffe avait lancé des bombes dans un premier temps de manière sporadique, puis ce furent 57 jours de bombardements, généralement de nuit, suivis d’autres au cours des six mois qui ont suivi. Et c’est avec ce décor de feu que Winston Churchill doit composer, lui qui était arrivé au pouvoir comme premier ministre l’année précédente en 1940. Avec La splendeur et l’infamie, Larson n’entend pas faire une biographie du leader britannique. D’autres ont bien réussi en la matière et de façon détaillée. Il a choisi de se concentrer uniquement sur les attaques aériennes de la capitale anglaise à partir de nouveaux documents et de la déclassification d’autres, qui apportent un éclairage additionnel sur cette page sombre de l’histoire de l’Angleterre. On apprécie encore mieux la posture du vieux lion de Downing Street qui va encourager les siens à faire face. Avec les nombreux témoignages recueillis on peut mieux saisir la frayeur qui pouvait s’emparer des habitants avec ces bruits terrifiants et ces maçonneries qui s’effondraient autour d’eux. Un sacré travail de recherche qui, mieux que tout, nous fait militer pour le maintien de la paix.

La splendeur et l’infamie Erik Larson. Le cherche midi 680p.     www.cherche-midi.com

 

 

 


Remettre l’homme à sa place

C’est rien de moins, la proposition de Éliane Viennot dans son petit brûlot En finir avec l’homme. La dame est professeure émérite de littérature française de la Renaissance et membre honoraire de l’Institut de France. En somme ce qu’elle nous dit, qui n’a rien à voir avec un quelconque radicalisme radical, c’est que le mot homme répété partout, Musée de l’Homme, droits de l’Homme etc. rappelle à la femme un certain écrasement masculiniste. Ou encore que la désignation du mot homme dans des offres d’emploi supposerait aussi le féminin. Elle n’a pas de réponse magique pour contrecarrer cette habitude linguistique, mais appelle à faire preuve d’imagination. Pourquoi le Panthéon serait-il la place des grands hommes ? De quoi faire réfléchir.

En finir avec l’homme chronique d’une imposture. Éliane Viennot. Ixe éditions 117p.    www.editions-ixe.fr

 

 

 


L’Île de Bee ou la nouvelle Sappho

Yumma Mudra, ex-mannequin et très impliquée dans l’action culturelle, est pétrie de sagesse tibétaine. Elle nous gratifie d’un roman fantastique, une île créée par ses soins  L’Île de Bee qui un peu comme la légendaire île de Sappho dans l’Antiquité est peuplée de femmes qui pour beaucoup ont eu à subir les affres de l’existence et qui se refont des forces en essayant d’atteindre à la sagesse. C’est tout à fait de la littérature initiatique qui de par son traitement est assurée d’un large lectorat. D’ailleurs le sous-titre est “ou la béance des sens”. L’auteure décrit le parcours de trois femmes qui se montrent solidaires, démentant le préjugé que les femmes compétitionnent méchamment entre elles. Certes, mais celles-ci vont donner l’exemple du contraire.

L’Île de Bee Yuma Mudra. Éditions Le Souffle d’Or 254p.     www.souffledor.fr

 

 

 


Déboulonner des mystifications sur Christophe Colomb

Sur la couverture de Le vrai Christophe Colomb de Jean Lemaître, l’illustrateur s’est montré inspiré en montrant l’explorateur justement sans visage, question de répondre au thème du livre, qui est le vrai Christophe Colomb ? L’auteur a créé son double, Max, qui du Portugal jusqu’à Cuba va enquêter pour démêler le vrai du faux concernant le découvreur de l’Amérique. En introduction, il précise bien, qu’outre le protagoniste qui est un personnage fictif, tout le reste est absolument authentique. Son homme est professeur de journalisme au nord de Paris, et enseigne à ses pupilles qu’un véritable journaliste d’enquête doit délaisser les actuelles bébelles technos pour aller plutôt sur le terrain, voir des gens, serrer des mains et noter. Comme à l’ancienne, pour lui, seule méthode trouvant grâce à ses yeux. Et lui aussi veut faire mentir Guitry quand ce  dernier prétendait sur les profs “que ceux qui peuvent font, ceux qui ne peuvent pas enseignent.” Lui Max va donner une leçon magistrale et concrète en essayant de nous faire voir le véritable Colomb. Que nous apprend-il de nouveau que nous ne sachions déjà, on vous laisse le soin d’en faire la découverte. Sachez par contre que le mec n’a pas lésiné sur les moyens pour nous livrer sa vérité historique.

Le vrai Christophe Colomb Jean Lemaître. Éditions Jourdan 239p.   www.editionsjourdan.com

 

 

 


L’enfermement, la nouvelle peine de mort

Au moment où la France se gonfle en célébrant le 40ème anniversaire de l’abolition de la peine de mort initié par le ministre de la justice mittrandien, Robert Badinter, paraît un petit pavé au titre provocateur La peine de mort n’a jamais été abolie publié aux éditions du bout de la ville. On a rassemblé des témoignages de prisonniers, hommes et femmes qui, si oui on ne tranche plus des têtes dans l’Hexagone, on laisse par contre mourir les prisonniers à petit feu. Et on l’a vu notamment avec cette pandémie où les contraintes sont telles dans les prisons que cela s’apparente à de la torture. D’ailleurs au Québec le Protecteur du citoyen dénonce ces mêmes mesures au même motif. Ce sont des textes poignants que l’on peut prendre connaissance et qui nous montre la réalité carcérale, loin de réhabiliter l’individu qui, au contraire, l’avilit et lui enlève toute dignité. Songez que dans les prisons québécoises on interdisait même la lecture. Quel rapport avec des mesures sanitaires ? En France c’est une situation épouvantable qui prévaut et qui fait de cet ouvrage oeuvre utile.

La peine de mort n’a jamais été abolie Dits et écrits de prison choisis par l’Envolée. Les éditions du bout de la ville 128p.   www.leseditionsduboutdelaville.com

 

 


Une fantasmagorie réunissant Fellini et Depardieu

La collection Ciné cinéma aux éditions Hémisphères est constituée d’essais centrés sur le septième art. C’est pourquoi quand Jean-Max Méjean est débarqué avec son manuscrit Depardieu à Cinecittà où il imagine une collaboration fantasmagorique entre ces deux monstres, l’éditeur a eu un premier mouvement de recul, car la fiction ne cadre pas avec la ligne éditoriale. Mais à la lecture, on s’est rendu compte que l’auteur fait cadeau d’un luxe de détails sur des tournages de films, vampirisant ce qui pouvait se passer dans la tête de l’acteur français et du cinéaste italien. C’est pourquoi l’éditeur a fléchi. Nous pouvons bénéficier d’une introspection de la vie cinématographique sur les célèbres plateaux de Cinecittà et les vagabondages dans Rome et les environs. Du beau travail d’un fin connaisseur de cinéma. Qui nous donne le goût de voir et revoir les films de ces deux géants.

Depardieu à Cinecittà Jean-Max Méjean. Hémisphères 120p.     www.hemisphereseditions.fr

 

 

 


La guerrière d’Hyrkanie frappe encore

Pour la petite histoire de l’âge d’or des comics de Marvel, c’est le personnage de Red Sonja qui assura la célébrité du dessinateur Frank Thorne. Chez Graph Zeppelin on sort le deuxième volume des aventures de cette femme sans peur et sans reproche, qui comprend les sept premiers épisiodes strictement consacrés à cette héroïne de l’ère hyborien. Ajoutons la collaboration de non pas un, mais deux scénaristes, Roy Thomas mais surtout Clara Noto dont la notice du communiqué de presse accompagnant la sortie de l’album, nous apprend qu’elle était d’une exigence atteignant l’excès et dont la psychorigidité eu raison de sa triste fin. La diablesse à l’épée titre de l’ouvrage se situe dans un monde d’une grande dureté où toute faiblesse est proscrite. A notre rédaction nous avons un fan fini de ce type de femme forte. Et avec Red Sonja il se dit en très bonne compagnie

Red Sonja Volume 2 La diablesse à l’épée. Frank Thorne, Clara Noto et Roy Thomas. Graph Zeppelin 133p.      www.graphzeppelin.com

 

 

 


L’ABC pour créer son poulailler

Que ce soit en zone rurale et parfois selon une tendance récente, en zone urbaine, certains ont le goût de se lancer dans la création d’un poulailler. Sans doute pour obtenir ses oeufs frais le matin. Quelques rares municipalités au Québec ont accepté de déroger aux règles et de permettre une modification de zonage favorisant ces élevages particuliers. Car faire croître une poule ne se fait pas sur un claquement de doigt. Il faut apprendre à bien connaître les différentes races et  les moeurs de cette volaille. Un connaisseur s’offre à nous servir de guide. Il s’agit de Jean-Claude Périquet qui présente dans la célébrissime collection “Pour les nuls” Je crée mon poulailler. Saviez-vous que les poules avaient parfois l’habitude de...manger leurs oeufs! Et comment les en dissuader. C’est une mine de renseignements. Et même pour ceux qui ne veulent pas de lancer dans cette production, au moins il y a là une meilleure connaissance de la provenance de ce que nous mangeons dans l’assiette au déjeuner.

Je crée mon poulailler pour les nuls  Jean-Claude Périquet. First 256p.   www.pourlesnuls.fr

 

 


Un humour déjanté à l’américaine

Si vous êtes un familier des stand-up comic américain, vous savez de quel bois ils chauffent. On est souvent dans l’absurde le plus total. Dans le domaine de l’écrit humoristique made in USA vous avez Jack Handey qui est d’origine texane. Il publie beaucoup dans des magazines comme le New Yorker ou le Playboy. C’est aussi un script boy de l’émission télévisée culte américaine Saturday Night Life. Si vous ne le connaissez pas encore et que vous voulez découvrir quelqu’un qui prend ses lubies pour des lanternes, voici qu’une occasion nous est offerte avec cette anthologie de textes décapants s’étirant sur une trentaine d’années, qui vont de son voisinage avec la famille des Draculas ou comme lorsqu’il voit dans son télescope, à sa grande stupéfaction, une planète jumelle de la Terre. Vous voyez le genre.  Ce que je dirais aux martiens est amusant au possible et cet humoriste par les temps moroses qui courent, est rien de moins qu’un bienfaiteur de l’humanité.

Ce que je dirais aux martiens Jack Handey. Wombat 199p.    www.nouvelles-editions-wombat.fr

 

 

 


Un roman pastoral et initiatique

Au fil des ans Francine Ruel s’est constitué un capital de sympathie considérable. Que ce soit par ses prestations comme comédienne que comme écrivaine. En plus que sur un plan personnel elle fait preuve d’une large ouverture, elle qui ayant eu de nombreux amants a maintenant une conjointe qui lui procure selon elle ses plus beaux tremblements. C’est donc cette femme aimée et que l’on aime qui nous arrive avec sa dernière histoire Le promeneur de chèvres. Elle situe l’action après la période de pandémie (elle est optimiste!), où on fait connaissance avec un gars qui a joué de malchance et qui n’a d’autre choix que de trouver refuge à la campagne chez son grand-père. Un homme bienveillant qui lui confie la promenade des chèvres. Et tandis qu’il honore la commande, Gilles, âgé de 27 ans, va faire des rencontres. La romancière nous le montre se développant intérieurement. Pas besoin de s’évader ailleurs, le plus grand voyage c’est celui que l’on fait à l’intérieur de soi-même. A sa façon, cela rejoint la belle chanson “Tu trouveras la paix dans ton coeur et pas ailleurs”. Un roman initiatique qui en interpellera plus d’un. Dans les affaires de coeur,  la Ruel est championne.

Le promeneur de chèvres Francine Ruel. Libre Expression 273p.   www.editions-libreexpression.com

 

 


Un poète collagiste, éleveur de vers libres

Décidément la maison d’édition Sémaphore ne cessera de nous surprendre. D’abord en temps normal par la qualité des titres retenus pour son catalogue, mais aussi par sa non limitation quand vient le temps de sortir des sentiers battus. Ainsi, avec sa collection “Mobile” qui serait sa section des beaux livres dont voici un deuxième titre Morceaux de mémoire de Mathieu Dubé qui se présente comme poète-collagiste et éleveur de vers libres. C’est un grand ouvrage soigné avec une typographie imaginative en adéquation avec le produit offert.  Les inspirations, le poète les prend de partout. Ainsi imagine-t-il Dieu offrir de Prozac à Moïse.  C’est l’imaginaire le plus débridé qui soit. C’est totalement fou par moments mais en ces temps de grisaille pandémique, bon sang qu’on a le goût de décoller par l’esprit. Ce second ouvrage chez Mobile annonce des lendemains qui chantent pour la belle poésie.

Morceaux de mémoires Mathieu Dubé. Sémaphore 219p.   www.editionssemaphore.qc.ca

 

 


 
Le coin des arts martiaux

Deux parutions cette semaine chez l’éditeur Budo. Pour commencer un titre particulièrement intéressant, à l’heure où en raison du confinement lié à la pandémie, les tout jeunes ressentent un besoin urgent de bouger. S’il vous prend comme parents, l’envie de les initier au judo, quel défoulement, voici un manuel d’initiation fort bien conçu de Claude Fradet Tout le judo pour nous. Pour rendre la chose intéressante à un jeune lectorat on eu la judicieuse idée de recourir au genre de la bande dessinée. En même temps que le dessin des mouvements, de la ceinture blanche à la ceinture noire, vous avez de courts textes qui expliquent les mots japonais. C’est à la fois ludique et instructif.

Si vous croyez que l’art martial est une culture strictement oriental, détrompez-vous. Exemple, en Égypte, et remontant à l’époque des pharaons, se pratiquait déjà ce qu’on appelait le “bâton des pharaons” ou Tahtib. C’était une discipline guerrière. C’aurait pu peut-être tomber dans l’oubli, si ce n’est le travail de Boulad Adel Paul lui-même né en Égypte et qui est Docteur en sciences physiques. Il a milité avec succès pour que l’Unesco reconnaisse le Tahtib au rang du Patrimoine Universel Immatériel de l’humanité. C’était en 2016. Afin que les techniques soient diffusées il lance un guide L’art martial du bâton égyptien. Ce qu’il y a de particulier dans cet outil didactique, c’est que, outre les photos montrant les gestes, il y a partout des QR code pour ceux qui voudront plus d’informations. Une belle découverte pour les amateurs d’arts martiaux qui croyaient avoir fait tout le tour du sujet.

 

 


Non, la vieillesse n’est plus un naufrage

Cela avait été une phrase célèbre du général De Gaulle qui avait prétendu que la vieillesse était un naufrage. Aujourd’hui c’est une vérité démographique, on vit plus longtemps et certainement mieux que nos ancêtres. Mais il n’en reste pas moins qu’un combat doit être mené contre l’âgisme, car il y a tellement de faux prophètes qui font miroiter des jeunesses éternelles, tels les “vendeurs” de botox. Tout ceci comme préambule à la sortie d’un livre reportage d’un grand intérêt mené par deux journalistes de La Presse Alexandre Sirois et Judith Lachapelle ayant pour titre 80, 90, 100 à l’heure! Ils sont allé à la rencontre de 14 personnes dans ces tranches d’âges, leur demandant comment ça se passait pour eux. Et pour beaucoup ce sont des noms connus, tels Janette Bertrand, Denis Vaugeois, Béatrice Picard, Denise Filiatrault ou encore Hubert Reeves pour ne nommer que ceux-là. Ce qu’on retiendra de ces divers propos c’est la grande transparence dont ont fait preuve les participants. Mais globalement le discours est positif. Nous recommandons plus que tout ce livre à tous ceux qui angoissent quand ils aperçoivent une ridule! Il y a là de quoi rassurer.

80, 90, 100 à l’heure! Alexandre Sirois et Judith Lachapelle. Éditions La Presse 232p.     www.editionslapresse.ca

 

 


Un karma chaotique

C’est un roman noir que nous fait découvrir Marilou Addison avec Post mortem. la protagoniste qui parle à la première personne, nous offre en quelque sorte son journal de vie. Un véritable petit karma. Il n’y a pas grands moments de joie dans cette existence. Mais qui a dit qu’il fallait représenter son quotidien sous ses meilleurs aspects ? En même temps c’est, pour reprendre le cliché bien connu, une vie de roman qui pourrait faire un carton au cinéma, pour peu que ce soit bien joué. Beaucoup de lecteurs vont se reconnaître dans ces pages et confronteront leur vie de misère avec la sienne. C’est rassurant en quelque part, car ça nous indique encore une fois qu’on chemine tous à bord du même bateau existentiel avec ses joies et surtout beaucoup de peine. Elle est l’illustration de deux adages à savoir que l’enfer est pavé de bonnes intentions et que ici bas c’est une vallée de larmes. Si vous ne faites pas dans le jovialisme et que la réalité ne vous fait pas peur, allez lire ces lignes d’une grande lucidité.

Post mortem Marilou Addison. Éditions de Mortagne 341p.     www.editionsdemortagne.com

 

 


Une autobiographie magistrale centrée sur l’insomnie

Sur le bandeau du dernier livre de Marie Darrieussecq on n’a pas inscrit un slogan, mais seulement le nom de l’écrivaine. Car c’est un nom qui compte dans la littérature française.  Et le sujet qui est celui de son bouquin va toucher un lectorat dont on ne mesure l’étendue, car il s’agit de l’insomnie. Dont elle souffre depuis vingt ans et dont elle croit qu’elle croit qu’il doit concerner la moitié de l’humanité.  Intitulé simplement Pas dormir c’est à la fois une autobiographie centrée sur son mal en même qu’un essai sur ceux qui n’ont pas trouvé le sommeil depuis la nuit des temps. Comme cela touche effectivement plein de gens, et la pandémie n’aide pas la cause, elle fait oeuvre utile en apaisant sans doute des gens qui trouveront en elle un miroir à leurs miroirs nocturnes. Et dans un chapitre incroyable, elle déballe tous les trucs qu’elle a essayé sans succès pour se trouver dans les bras de Morphée.

Pas dormir Marie Darrieussecq.  P.O.L. 307p.   www.pol-editeur.com

 

 


Portrait d’un père

Est-ce en réaction aux femmes qui prennent toutes les tribunes publiques, certains auteurs veulent aussi faire une place à l’homme. On l’a vu récemment avec Amélie Nothomb qui a fait de la figure de son père, le point central de son dernier ouvrage, véritable tribut à son géniteur défunt. Marc Dugain entre dans le bal avec La volonté celle dont a fait preuve son père toute sa vie, et dont il raconte leurs apports, un peu frustré vu sous l’angle du fiston. On pense à la chanson “Mon vieux” de Daniel Guichard. La relation au père est toujours faite de regrets. Dugain a beaucoup aimé son père qui était une sorte de marin, courageux aussi car il a lutté pour préserver une jambe qui lui restait à la suite d’une polyomyélite contractée durant sa jeunesse.  Nous sommes dans l’ordre du témoignage plus que dans la recherche d’un standard littéraire. Malgré que pour raconter son paternel, l’écrivain sort sa plus belle plume. Vous aimerez comme nous avons aimé. Du Dugain grande cuvée.

La volonté Marc Dugain. Gallimard  284p.

 

 


Veuve et submergée par une enfance traumatisée

Qui a dit que l’on traînait toujours son enfance ? En tout cas, Tara, la figure centrale du roman de la mauricienne Natacha Appanah le vit cruellemment. C’est qu’elle a perdu voilà trois mois son mari. Elle vit dans un appartement totalement délabré. En plus de devoir être confronté à un deuil, il y a des souvenirs de jeunesse pas trop reluisants qui remontent à la surface. Rien ne t’appartient est comme une sorte de dépossession psychologique. Comme si nous étions à la remorque de l’existence. Comment notre femme sauta t-elle composer avec l’adversité ? C’est un des beaux titres de cette rentrée automnale. Voilà un ouvrage qu’aurait goûté au premier chef une Françoise Dolto qui était partisane que l’enfance était l’alpha et l’omega de la construction d’un être.

Rien ne t’appartient Natacha Appanah. Gallimard 159p. 

 

 


Deux frères et un domaine contrariant

Stephen King répond toujours présent, lorsque au cours d’une lecture il tombe en amour avec son histoire et son auteur. Et c’est ainsi que celui à qui on ne peut reprocher de manquer de flair, a flippé sur Leur domaine de Jo Nesbo. Qui narre les tribulations de deux frères. Ils ont eu la douleur de perdre leurs parents au cours d’un terrible accident de voiture. L’un deux ira bosser chez un pompiste, tandis que l’autre s’exile au Canada. Ce dernier se prénomme Carl. Il a de l’ambition et revenant au pays, il veut transformer le petit domaine familial en un hôtel de luxe rien de moins agrémenté d’un spa. Tout cela serait bien beau, si ce n’est que ce retour au bercail s’accompagne de rancoeurs qui vont surgir. Ici, dire que le climat est toxique, est un pur euphémisme. Pendant qu’on règle lamentablement ses comptes, la construction de l’hôtel se fait au rythme d’une tortue.  En parcourant ces pages on se rend bien compte à nouveau de toutes les entourloupettes entourant les fameux liens du sang. indéfectibles. Si l’ĥomme est un loup pour l’homme comme on le dit, il se fait déjà prédateur au sein même de sa propre famille.

Leur domaine Jo Nesbo. Gallimard série noire 634p.

 

 


Un polar court mais qui a du mordant

Pas besoin de faire long pour être dans l’excellence. Pour preuve La femme au manteau bleu de Deon Meyer. L’écrivain est d’origine sud- africaine et demeure toujours dans le pays, à Paarl exactement. Il a d’ailleurs situé le décor de son crime en Afrique du Sud. Un jour on découvrira le corps d’une experte en peinture de l’âge d’or hollandais. La particularité concernant sa dépouille, c’est qu’elle a été enduite d’eau de Javel. La toilette du mort, quoi! Les enquêteurs vont dans un premier temps se demander le pourquoi de sa présence dans la région. Après quoi ils ne tarderont pas à apprendre qu’elle enquêtait sur la disparition de tableaux. Et à ce titre, elle gênait sûrement. Et qu’en cours d’investigation, à l’aide de deux ressources, elle ne sera pas au bout de ses surprises. Mais qui lui en voudra à ce point de vouloir la trucider, là est la question et qui nous tient en haleine jusqu’au point final. Du bon travail dans le genre du polar. On en aurait voulu davantage, car c’est court, mais la messe était dite. Vite un autre opus cher Deon.

La femme au manteau bleu Deon Meyer. Gallimard série noire 184p. 

 

 


Romance hivernale au Vermont

Martine Labonté-Chartrand est une familière des romances à succès. Sa dernière ponte Sous la neige de décembre va vous réconcilier d’une part avec la neige, mais aussi de l’ambiance des Fêtes. Car hélas il y en a des désabusés qui ne vibrent plus à grand-chose. C’était le cas de Sophie, personnage central du roman, une écrivaine de son état, à qui Noël ne veut plus rien dire. Mais c’est sans compter le hasard qui fait bien les choses. En effet, se rendant chez une grand-tante dans une petite localité du Vermont, sa route va croiser celle d’un séduisant veuf répondant au prénom de Milo. La classe fait homme. Eh bien Cupidon qui ne se tient jamais très loin, va décocher la flèche de l’amour. Un véritable happy end.

Sous la neige de décembre Martine Labonté-Chartrand. Éditions Goélette 184p.     www.boutiquegoelette.com

 

 


Des chats qui nous jugent

Les montréalais vont adorer, car il semble au niveau des statistiques, que l’on compte au rang des animaux de compagnie de prédilection, environ quatre cent mille petits félins dans la métropole. Autant de lecteurs potentiels pour Estie de chat de Lapuss’ qui est une bande dessinée désopilante décrivant le rapport des chats avec leur maître. Et dans ce petit bouquin, les chats s’expriment et ne s’en privent pas, portant des jugements lapidaires sur les gens qui les hébergent. Quand par exemple, un de ces chats raconte à quel point l’homme consacre trop de temps aux réseaux sociaux, risquant ainsi de les négliger. Et le chat va entreprendre des mesures de boycott de l’ordinateur. Vous ne verrez plus après coup votre chat de la même manière.

Estie de chat Lapuss’. Tome 1 et Tome 2 Éditions Kennes 62p.   

 



 


Le coin santé physique et psychique

Un des professeurs que nous aimerions tous avoir dans le système scolaire est sans contredit Boucar Diouf qui a l’art de rendre la connaissance si amusante que nous nous laissons conduire avec plaisir à tenter d’atteindre son niveau d’érudition. Là, il a décidé de nous amener dans l’infiniment petit avec La face cachée du grand monde des microbes aux éditions La Presse. Qui sont d’une utilité dont on ne peut imaginer la portée, si ce n’est qu’après en avoir pris conscience en compagnie de notre génial prof. Qui aurait eu l’idée de ce livre raconte t-on, après avoir voulu répondre à une question d’un journaliste. Et son regard nous promène dans l’histoire connue de ces microbes en passant par l’épidémie de myxomatose en Australie et son lien avec la prolifération des lapins dans ce continent jusqu’à la putréfaction d’une graine en Afrique et ses conséquences olfactives. Bref, comme toujours avec le prof Diouf on sort de cette lecture plus intelligent que quand nous y sommes entrés.

Dans la santé toujours, mais celle-là spirituelle. C’est le psychanalyste Jean-Guilhem Xerri qui présente La vie profonde aux éditions du Cerf. Si en regard de l’état du monde actuel on s’inquiète pour ce qui sera du lendemain, lui, se transforme pour nous en une sorte de coach mental afin de faire face à toutes les éventualités. C’est au passage un adepte de la méditation. On doit s’aimer soi-même avant d’être en mesure de dispenser de l’amour aux autres. Mais attention de ne pas sombrer dans le nombrilisme. Il consacre d’ailleurs à cet effet un chapitre sur le narcissisme. De même, il nous invite en fin d’ouvrage à ne pas retenir notre sensibilité. Que si on a envie de pleurer, eh bien que l’on pleure, point barre. Un livre qui au demeurant fait du bien venant d’un croyant qui ne fait pas heureusement dans le prosélytisme.

 

Aux éditions Érès, place à Patrick De Neuter qui porte la double casquette de psychologue et de psychanalyste. Qui signe Les hommes, leurs amours et leurs sexualités. Comment se comporte la sexualité de l’homo sapiens, surtout le mâle à notre époque, les sexualités évoulant au fil des époques et des cultures. Il fait l’état de la question. Et pour lui aucun tabou n’est esquivé, dont l’inceste d’un père envers sa fille, nous donnant comme exemple ultime et désastreux celui de Georges Simenon pour sa fille. Les fantasmes d’enlèvement et de viol qui rodent toujours dans l’imaginaire des hommes. En somme, si la technologie elle, change à une vitesse folle, les lubies sexuelles au masculin demeurent passablement les mêmes. L’essai est intéressant au vu du regard que ce médecin des âmes porte sur la libido des mâles.

 

Cette fois, c’est une atmosphère glauque qui vous attend avec Délaissée, persécutée, jugée de Nancy St-Laurent.Une enfant de la DPJ comme on dit, comme il y en a des milliers, et d’autres milliers en attente de classement par cet organisme. Bref, à se demander si le Québec aime ses enfants, comme les vieillards laissés à l’abandon dans les CHSLD. On se souviendra que l’horrible histoire de la petite martyre de Granby a donné lieu à la Commission Laurent pour examiner les failles du système, tant à la DPJ que dans le réseau scolaire et de la santé. Car personne, on se rappellera n’avait sursauté en voyant cette fillette squelettique qui succombera sous les coups. Donc, à cette commission on entendra divers témoignages dont celui de Nancy St-Laurent un cas classique d’enfant violentée, et ballottée dans le système. Qui sera suffisamment percutant pour que quelqu’un l’entendant lui suggère de transposer par écrit ce qu’elle a vécu. Et cela donne un livre coup de poing aux éditions de Mortagne. On à peine à imaginer que ces choses là peuvent encore se passer à une époque où on n’a que le fameux penser aux autres si chers aux tenants de la pandémie. C’est à lire impérativement pour connaître dans quelle société véritable que l’on vit. Et on espère que pour la jeune fille cet écrit aura été libérateur.

 

Aux Presses de l’Université Laval dans la collection bioéthique critique De la médecine technicienne à la santé écologique cosigné par Marie-Hélène Parizeau professeure titulaire à la Faculté de philosophie de l’Université Laval et Josée Anne Gagnon pédiatre et professeure agrégée à la Faculté de médecine de la même université. Le numérique et l’intelligence artificielle se sont invités dans la médecine. Les patients qui s’informent sur internet discutent et argumentent davantage avec leurs médecins traitants. Ensuite on voit une poussée vers le privée face aux impairs du système de santé publique dont la pandémie de la Covid-19 a accentué les ratés. Bref, devant toute cette “évolution” comment penser l’éthique médicale ? Les auteures avancent l’idée de santé écologique dont elles développent le concept. C’est à un véritable aggiornamento que nous sommes conviés en médecine pour que la personne souffrante soit au coeur du projet en lien avec son environnement.

 

 


Enjeu autour d’une momie noire...en Sibérie!

Un indicateur d’un écrivain confirmé c’est quand il fait preuve d’imagination. Et sur ce seul point Wilfried N’Sondé n’en manque pas une miette. Jugez-en par vous-même. Il a situé son roman Femme du ciel et des tempêtes en Sibérie, tandis qu’un chamane fait la découverte d’une sépulture d’une ancienne reine morte voici des millénaires. Mais le plus singulier dans cette trouvaille, c’est que la momie est de race noire! Interloqué et on le serait pour moins que ça, le chamane va s’adjoindre l’expertise d’un zoologue français, qui à son tour demandera de l’assistance. On veut jusqu’à présent limiter la diffusion de cette affaire extraordinaire car en même temps, des promoteurs convoitent ce territoire pour y faire construire un vaste chantier industriel et gazier. Des sommes énormes sont en jeu. Alors comment faire triompher l’archéologie a contrario de gros intérêts financiers ? C’est en même temps un thriller écologique, très de notre temps. L’histoire est menée rondement avec une foule d’ingrédients qui vont maintenir la curiosité du lecteur jusqu’à sa conclusion.

Femme du ciel et des tempêtes Wilfried N’Sondé. Actes Sud 266p.   
www.actes-sud.fr

 

 

 


L’essentiel du R&B en 100 albums

Ce qu’il y a de bien avec les éditions du mot et le reste c’est que leur catalogue qui s’étoffe de mieux en mieux, constitue un ensemble de guides fantastiques pour qui veut ne pas être dépassé par la vie musicale et connaître ce qui compte dans tel ou tel domaine. On vous a parlé dans nos colonnes récemment d’un ouvrage consacré à la musique italienne contemporaine. On persiste et signe cette fois avec une introspection judicieuse du R&B en cent albums. Et c’est Belkacem Meziane qui se charge de nous promener entre ceux qui ont fait ou qui font les titres de gloire du genre. Le gars coiffe plusieurs casquettes, notamment comme musicien lui-même. Mais il est aussi chroniqueur, conférencier et enseignant. Bref, il est rompu à la communication. Le tout commence par un rappel de l’histoire du R&B. Un survol éclairé où on voit que ce qui a toujours fait “problème” c’est la classification réelle de ce style qui a été matinée au fil des ans par tellement d’influences comme on l’a vu avec un Barry White, pourtant une icône de l’ère disco.. Notre auteur démêle cet écheveau pour ne se centrer que sur ce qui est reconnu comme du vrai R&B. Sa sélection vous permettra comme pour tous les autres ouvrages, de vous constituer une banque musicale.

This is how we do it Belkacem Meziane. Le mot et le reste 246p.  

 

 

 

L’étrange Chien en cuisine

Assez curieusement, alors que la vie dans une cuisine d’établissement se prêterait à bien des sujets de roman, il n’y en a que très peu qui ont été consacrés à cet environnement. En voici un qui débarque assez raide merci. Le titre en lui-même annonce la couleur Le Chien de Akiz. Ce dernier est réalisateur et scénariste. C’est peut-être sa qualité d’homme du septième art qui lui a donné ce sens de la dynamique d’une histoire. Ici le Chien dont il est question est un cuistot qui bosse dans un restaurant de luxe, le El Cion. Le mec est totalement atypique. On dit de lui, originaire du Kosovo, qu’il a passé son enfance enfermé dans un puits et que son seul contact avec le monde, l’était par le biais de la nourriture. Ce qui aurait eu pour effet de développer chez lui des papilles gustatives d’exception. Vérité ou légende urbaine ? Reste que sa présence en bouscule un peu plus d’un. D’après ce qui est dit sur l’écrivain, c’est son observation des mouvements entre la cuisine et la salle qui lui a suggéré cette idée à base de son roman, excellent au demeurant. Ceux qui travaillent en restauration vont apprécier, excusez le jeu de mot facile, au premier chef, ce livre qui est une belle trouvaille de la rentrée.

Le Chien Akiz. Flammarion 249p.    

 

 

 


Cette espionne qui obsédait Klaus Barbie

Dire que nous avons dévoré ce livre d’histoire est bien en dessous de la vérité. Nous l’avons dévoré. Qui réhabilite la mémoire d’une femme, que dire, d’une héroïne, qui est complètement passée sous les radars. Elle a pour nom Virginia Hall américaine issue d’un milieu plus qu’aisé et qui ne voulait surtout pas mener une vie oisive. Elle a donc pris l’initiative de se mettre au service de la résistance française durant l’Occupation allemande. Et pour vous donner une idée de son action, elle aura été presque à un même niveau que Jean Moulin le chef de cette résistance qui périra au prix d’horribles tortures comme on sait, aux mains du boucher de Lyon, le chef de la Gestapo locale, Klaus Barbie. Celui-là même qui fera une obsession de mettre le grappin sur cette femme diabolisée à ses yeux. A qui il promet les pîres supplices afin de démanteler les résistants. Hélas pour lui, la femme savait jouer de finesse, risquant sa vie de minute en minute. Elle accomplira de véritables exploits en digne collaboratrice du renseignement. Après la guerre  elle aura l’indignation de voir son ennemi Klaus Barbie, embauché par le renseignement américain afin qu’il prềte ses connaissances! Quel camouflet. Ensuite, autre indignité, mis à part la remise d’une haute distinction militaire, quand elle entrera à la CIA naissante on en fera tout juste une gratte-papier, lui refusant la reconnaissance de ses exploits au prétexte d’être une femme. Une infamie dont la CIA s’avouera des années plus tard en donnant son nom à une des ailes du Pentagone. Quelle vie! Il semble que la Paramount a fait quelque chose là dessus mais on a cherché en vain. Ce serait l’occasion de redonner vie au grand écran à cette femme déterminée comme pas une et qui a permis d’écouter la guerre. D’ici là vous avez une fabuleuse biographie entre les mains signée Sonia Purnell. Cet ouvrage devrait mériter une distinction parmi les livres récompensés dans le créneau des ouvrages historiques.

La femme de l’ombre Sonia Purnell. Alisio 503p.    www.alisio.fr

 

 

 


Des itinéraires de voyages auréolés

C’était la seconde édition du du Prix du Témoignage d’Aventure, orchestrée conjointement par les éditions Alisio et et la collection Aventure des Éditions Points. Qui a été remporté par le duo Cécile et Charles-Antoine Schwerer dont la notice biographique nous apprend qu’ils se sont connus à l’école des Hautes Études Commerciales. Ces deux là ont entrepris un très grand périple s’étirant sur treize mois, les amenant en Asie centrale, en Chine, au Tibet, en Asie du Sud-Est et autres lieux de la carte du monde. Ils en ont rapporté un récit exaltant Entre les plis du monde sous-titré “chroniques sur les hauteurs de l’Asie”. Ces émules d’un Albert Londres sont allés à la rencontre de biens des peuples, s’immisçant dans leur quotidien. Avec un luxe de détails qui fait en sorte que c’est comme une photographie qu’ils transmettent.  Ceux qui aiment l’aventure seront ici comme dans une bonbonnière. Car ce sont d’excellents conteurs. Pas étonnant que le jury ne se soit pas trompé en leur accordant les honneurs. Le seul tort c’est que c’est trop court. Ce qui équivaut au plus grand des compliments.

Entre les plis du monde Cécile et Charles-Antoine Schwerer. Alisio 415p.  www.aliso.fr

 

 

 


Le taxi comme confessional

Un taxi est souvent un lieu de confidences où les anonymes se livrent au chauffeur croyant bénéficier ainsi d’une oreille attentive. Lee Durkee le sait mieux que quiconque, lui, qui de prof d’anglais à l’origine s’est reconvertit ensuite dans l’industrie du taxi. Il en a eu des passagers sur sa banquette arrière. Qui sont à l’origine de son second roman Mississippi driver. Il a étiqueté son livre de roman, mais ça relève presque de l’autofiction, comme lorsque dans un film on prévient que toute ressemblance avec les personnages est fortuite. D’ailleurs l’écrivain fait cette même mise en garde en fin de pages. Oui mais...Bref, on se délecte des descriptions que fait son protagoniste qui s’exprime à la première personne. Ce bouquin va inévitablement trouver une suite au cinéma. Le genre d’excellent petit film B qu’on aime bien regarder calé dans son fauteuil. C’est toute une faune humaine qui est décrite à commencer par un prisonnier relaxé qui s’en va retrouver une copine. La qualité du roman, c’est sa grande humanité. L’homo sapiens dans toutes ses déclinaisons. Vite un tome deux monsieur Durkee.

Mississippi driver Lee Durkee. Flammarion 300p.

 

 

 


 A la découverte des microdistilleries du Québec

Un peu comme l’a été le développement des microbrasseries sur la bière au Québec qui graduellement ont grugé des parts de marché appréciables aux géants du domaine, les microdistilleries de la Belle Province connaissent de belles envolées. Et pour en juger, rien de tel que de se procurer ce guide fantastique du sommelier Ronald Georges qui nous arrive avec son Guide Georges. En couverture, il affiche le sourire de celui qui apporte du bonheur. Son ouvrage se divise en deux parties. D’abord un tour d’horizon des microdistilleries qui comptent chez nous. Pour chacune , il nous raconte leur petite histoire. Dans la seconde partie c’est sa sélection dégustation. Un choix arbitraire comme de raison avec une fiche signalétique pour faire connaissance et quoi retenir du produit. C’est festif en diable et ça nous donne le goût, d’une part de faire de faire de l’achat chez nous, pour encourager ne serait-ce ces producteurs qui ont en commun un grand souci de faire de la qualité afin de concurrencer les grands compétiteurs de l’étranger. Ce guide est à conserver dans votre bibliothèque culinaire. Il est devenu un outil de référence.

Le guide Georges Ronald Georges. Les malins 281p.     www.lesmalins.ca

 

 

 


Philo, un détour essentiel par l’enfance

L’enfance en philo est plus qu’un parent pauvre, qui heureusement a trouvé ses galons avec la psychanalyse. Laurent Bachler qui est professeur de philosophie, enseigne au niveau des classes préparatoires. Conscient de cette lacune, il se fend d’un petit opuscule La philo au berceau dans lequel il explique en préambule que si les grands esprits classiques ont négligé l’enfance, c’est que le petit enfant, par son insouciance et son immaturité apparaît comme étranger à la raison philosophique. Il est donc parti à la recherche de pensées liées à l’enfance chez certains philosophes. L’auteur ne se limite pas à rapporter des pensées des uns et des autres, car dans la seconde partie il les confrontent.  C’est une démarche intéressante qui vient combler un grand vide et qui permet d’aller plus loin dans la connaissance de notre condition d’homo sapiens.

La philo au berceau Laurent Bachler. Érès 140p.    www.editions-eres.com

 

 

 


Un cocktail de nouvelles fait d’exotisme et d’érotisme

Tout comme cet heureux Ulysse de l’Antiquité qui avait fait de beaux voyages, David Beaudoin a entrepris un long périple à travers la planète. Et il s’est inspiré de ses déplacements pour s’atteler à la rédaction d’un premier recueil de nouvelles L’écueil des mondes qui enrichit la collection “Sauvage” chez l’éditeur Annika Parance. Il a bien des manières de voir le monde.  Dans le cas qui nous occupe, il s’est attaché à lier deux thèmes, l’exotisme et l’érotisme. Dis moi qui tu baises...serait un peu le credo de ces pages.  Un bon nouvelliste est d’abord et avant tout un excellent observateur. Et il scrute nos moeurs au plumard comme un entomologiste le fait avec les fourmis. Ce sont des textes courts mais qui ont du punch comme dirait Voltaire. Et puis le grand mérite de l’écrivain est qu’il ne cherche pas d’effets de style, lui pourtant doctorant en littérature de langue française. Il a compris qu’il faut se mettre à la portée du plus grand nombre. De sorte que le sujet, son verbe et le complément sont à leur place. Continuez monsieur, nous attendons votre prochain opus.

L’écueil des mondes David Beaudoin. Annika Parance éditeur 165p.    www.apediteur.com

 

 

 


Imaginer une femme d’un autre siècle

C’est rare qu’on accole le qualificatif de mignon a un roman, un adjectif que l’on attribue généralement à des individus. Mais c’est le premier mot qui nous vient à l’esprit en parcourant ce court roman La pierre au milieu d’eux tous de Caroline Renédebon. C’est une femme qui en sarclant son jardin à Paris, va faire la découverte d’une pierre tombale sur laquelle on peut lire “ Marie Armand, décédée le 23 mars 1917 dans sa trente-sixième-année regrettée de son mari et de sa fille”. Il n’en faut pas plus pour que l’imagination de la femme s’enflamme. Et elle se met dès lors à figurer ce qu’a pu être cette Marie morte en pleine Première guerre mondiale. Elle va s’appuyer sur des carnets pour forger son personnage. Au passage, l’écrivaine ressortissante française vit à Montréal. Ce qu’on a aimé dans cette plaquette forte de son contenu, c’est l’affection qu’elle voue à cette Marie singulière pour son temps et la nature des liens qui l’unit à sa fille. Un beau portrait de femme. Tout au long de l’ouvrage, l’écrivaine fait des allers-retours entre la vie de Marie et la sienne un siècle plus tard. Ça donne du mouvement au récit. Pour faire amalgame, ce serait comme déguster une délicieuse pâtisserie en cachette, nous réservant surtout un plaisir pour soi-même.

La pierre au milieu d’eux tous Caroline Renédebon.  Les allusifs 117p. 

 

 

 


Deux frères soudés dans l’engagement

Un de nos coéditeurs qui suivait la couverture de l’hommage national rendu à Jean-Paul Belmondo aux Invalides, fut choqué d’entendre la cheffe d’antenne dire ceci “outre les officiels, on comptait un millier d’anonymes”. Quelle condescendance de nommer anonymes des gens qui, à défaut de la gloire de celui qu’on voulait honorer, n’en était pas moins des humains avec souvent des vies riches. Car le commun des mortels a aussi son histoire. Et la plus belle illustration de cela nous arrive en librairie avec Frères insoumis de Claude Vaillancourt. L’histoire de deux frérots, Adrien et Charles, qui deviendront des agitateurs à Québec contre la conscription voulue par la fédéral au moment de la Première guerre mondiale dont on sait qu’elle fut une véritable boucherie. Dans les radars des autorités, ils devront s’exiler en Nouvelle-Angleterre où là encore, et ça ne s’invente pas, ils seront impliqués dans des soulèvements de travailleurs. En même temps que l’on se trouve devant des vies enlevantes, des vies de roman pour reprendre le cliché. L’auteur nous fait revivre brillamment ces époques. On voit bien que la période d’écriture a été précédée de bonnes recherches historiques. Les deux frères sont des gens dignes, droits dans leurs bottes. De vrais hommes. On ne peut que les aimer. Et en terminant la dernière ligne, on se met à déplorer que notre temps ne semble pas donner naissance à de tels êtres pétris d’humanisme. Il faut dire que l’ère numérique a vraiment tué le pensez aux autres. 

Frères insoumis Claude Vaillancourt. Druide 390p.   www.editionsdruide.com

 

 

 


Esquisses poétiques d’un certain Canada

Il est certain que pour nous Québécois, le Canada est culturellement comme un autre pays. L’image et la réalité des deux solitudes perdurent. cela étant, est-ce à dire qu’on doit ignorer ce qui se passe à l’Ouest de Gatineau ? Voici que nous parvient un texte majeur, que la maison d’édition Leméac range au rang d’essai, mais qui est de l’ordre du récit, celui de Sarah de Leeuw oui il y a du néerlandais dans les veines, qui est prof à l’Université du nord de la Colombie-Britannique. Il a pour titre Là où ça fait mal qui pour les plus vieux rappellera le slogan d’une réclame de médicament. Mais pour l’écrivaine, ce sont des esquisses de vie. Il n’y a pas de ligne directrice comme telle, sinon qu’elle fait des va et vient entre des faits de son enfance et sa réalité d’aujourd’hui. Se souvenant que toute petite elle rêvait d’avoir douze ans, ou bien de rappeler que les compagnies minières, lorsqu’elles avaient épuisées les ressources d’un gisement, rasait purement et simplement la petite ville qui souvent avait eu quatre décennies d’existence avec son lot de souvenirs, qui disparaissait sous les pelles des bulldozers. C’est un bouquin d’une sensibilité à fleur de peau. C’est sans doute ce qui explique qu’il se soit trouvé en lice pour les prix du Gouverneur général.

Là où ça fait mal Sarah de Leeuw. Leméac 142p.   

 

 

 

Tout savoir sur le dopage des athlètes russes

Avez-vous vu le documentaire Icare ? C’est une entrevue choc qu’accordait le docteur Grigory Rodchenkov l’ancien grand patron du laboratoire antidopage de Moscou au journaliste américain Bryan Fogel dans laquelle il levait le voile sur les pratiques en cours alors que les autorités russes mettaient en oeuvre une couverture des pratiques de dopage de leurs athlètes, pour laquelle l’interviewé fut bien sûr complice. Vous voyez l’ironie du sort, un directeur d’un centre sophistiqué d’antidopage qui doit fermer les yeux sur le dopage des athlètes de sa nation. Il arriva que des voix indiscrètes dévoilèrent ce qui se tramait dans les laboratoires dudit centre. Quand le scandale éclata le gouvernement russe, d’une rare hypocrisie fit du Dr. Rodchenkov sa bête noire. Il devenait l’incarnation de tous les malheurs du sport russe. Après cette entrevue retentissante, il se trouva menacé de mort et prit le chemin de l’exil vers les U.S.A. A défaut de ne pas avoir vu ce documentaire vous pouvez vous rabattre sur ses souvenirs Dopage organisé où, en plus de raconter sa vie, il reprend par le menu ce qui se tramait dans les officines du sport à la russe. Comment il inventa des méthodes pour que le “poison” soit indétectable. Bref, dire que c’est fascinant est un euphémisme. C’est meilleur qu’un roman d’espionnage. Heureusement que Pierre de Coubertin est mort bien avant.

Dopage organisé Grigory Rodchenkov. Michel Lafon, 332p.   
www.michel-lafon.com

 

 

 


Sur les traces des silences de l’amour de John Lennon et Yoko Ono

A moins d’être un incollable sur tout ce qui concerne John Lennon et Yoko Ono, peu de gens savent que d’une manière assez régulière, le célèbre couple de la pop culture, se rendait l’été au Japon dans des montagnes retirées, pour y aller vivre ce qu’ils appelaient leur silence de l’amour. Des épisodes sur lesquels les biographes officiels ne se sont pas attardés, faute d’avoir investigué sur ce chapitre. Mais ce vide est maintenant comblé par le narrateur créé par François Simon dans ce qu’il baptise roman Le silence de l’amour. A la première personne, son personnage part à la trace de ces séjours nippons. Il y a un mélange de vérités historiques, puisque le gars va se rendre sur les lieux mêmes visités par l’illustrissime duo. Et en même temps des espaces de fiction, où il imagine ce que John et Yoko ont bien pu faire de leur temps. Les fans du compositeur et interprète d’Imagine et de sa douce vont adorer. Les autres seront en face d’un excellent livre qui nous apprend pleins de choses sur ces deux êtres hors norme.

Le silence de l’amour François Simon. Équateurs 265p.      www.editionsdesequateurs.fr

 

 

 


Un roman nourri habité de l’explosion à Beyrouth il y a un an

L’actualité a retenu cette date du 4 août 2020 alors qu’à Beyrouth, une terrible explosion en provenance du port a dévasté une partie de la capitale libanaise. Comme si ce pays déjà en faillite avait besoin de cette épreuve. Cet événement tragique a enflammé l’écrivaine Hyam Yared qui en a conçu un roman Implosions. Qui nous fait voir une femme d’abord et son couple. Cette femme, la narratrice est une boule d’énergie que son compagnon peine à suivre. Surtout qu’elle s’est pleinement remise en question. Où du moins en quête, car lorsque va survenir ce souffle terrifiant, elle se trouve justement avec son époux au cabinet de sa thérapeute. Voilà pour la toile de fond. Ce qu’il y a de très bien dans cette démarche littéraire, c’est que vous avez oui, les tribulations d’une femme en devenir, mais surtout de pouvoir saisir la quintessence de Beyrouth, son âme et celui du pays. L’auteure n’a pas du connaître le drame de la page blanche avec tant de matériaux à sa disposition. En marge de cette vie maritale, on trouve un aspect documentaire à l’ouvrage. En plus que c’est écrit avec une maestria.

Implosions Hyam Yared. Équateurs 269p.    www.editionsdesequateurs.fr

 

 

 


Qui est Salah Abdeslam, grand exécuteur des attentats parisiens ?

Le momentum ne pouvait être que meilleur, la sortie d’une enquête approfondie sur la personnalité de Salah Abdeslam maître d’oeuvre des attentats du 13 novembre 2015 à Paris alors que s’ouvre dans la capitale française le procès des terroristes. Et on a vu dans le prétoire cet Abdeslam jusqu’ici réfugié dans le mutisme, qui se met à  provoquer le juge. On doit ce travail de fond à Etty Mansour qui a planché durant quatre ans, interviewant une cinquantaine de personnes y compris la fiancée d’Abdeslam ce qui n’est pas rien.  Elle a tenté d’être au plus près de la personnalité fantasque de son sujet, véritable incarnation du narcissisme à la puissance mille. On ne comprend toujours pas pourquoi il n’a pas choisi de se faire kamikaze, bris de son engin de mort ou lâcheté de dernière minute ? On saluera cette enquête menée de main de maître. C’est en même temps une étude de ce qui fait le terreau du terrorisme. Ce livre va immanquablement se mériter une distinction honorifique. Il le mérite amplement. Mais il mérite surtout que vous le lisiez, qui décortique aussi la folie de notre temps. Convoyeur de la mort  est aux éditions des Équateurs.

Et si la question du terrorisme vous intéresse, permettez-nous de vous signaler la sortie en format de poche de L’occident face au terrorisme de Jean-François Caron aux Presses de l’Université Laval.  Il est professeur de science politique à l’Université Nazarbayev au Kazakhstan. En résumé il dit que l’approche “guerrière” contre le terrorisme ne doit plus passer par les agressions militaires comme on les a connus. Que l’on doit pratiquer des attaques plus circonscrites. Parce que la guerre conventionnelle a montré ses limites et on l’a bien vu en Afghanistan tandis que les troupes russes et américaines ont successivement battu en retraite, voyant à nouveau la victoire des talibans, maîtres des terrains montagneux.

 

 


A ceux qui apeurent le futur

Vous connaissez bien cette sentence “plus ça change, plus c’est pareil”. Un qui peut vous en parler c’est Mathieu Baudin qui est directeur de l’Institut des Futurs souhaitables, un organisme à but non lucratif qui s’est donné pour mission de faire de la prospective. Avec ce climat anxiogène causée par cette pandémie dont on saura bien un jour qui tire les ficelles, il a senti le besoin de rassurer ceux qui croient que le futur est hypothéqué à jamais. Que nous assistons à la fin d’un monde. Aux pessimistes pour revenir à la sentence du début, il rappelle que ce qui ne change jamais au fil du temps c’est le comportement humain. Et l’homo sapiens en a vu bien d’autres. Juliette Gréco avait confié à un de nos co-éditeurs que si vous pensiez que c’était jojo en 1945 avec toutes ces capitales anéanties, la découverte de la machine de mort industrielle de l’Holocauste et les bombardements atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki, il y avait de quoi déespérer. Et pourtant les sixties ont suivi avec le twist, les mini-jupes et le yéyé. Le début des trente glorieuses. Dites à l’avenir que nous arrivons colporte un message assez optimiste, sans tomber dans le jovialisme gaga. L’essayiste a bien pris le temps de mettre de la perspective sur les choses. Il est celui qui n’est pas collé sur l’arbre, mais qui voit l’ensemble de la forêt. Après lecture on peut dormir un peu mieux.

Dites à l’avenir que nous arrivons Mathieu Baudin. Alisio 191p.   www.alisio.fr

 

 


Réseaux sociaux et médias sociaux dans l’univers de la pédagogie

Le monde de l’éducation a été largement chamboulé par l’arrivée dans le décor des réseaux sociaux et des médias sociaux. Un véritable tsunami qui a même modifié la transmission du savoir. A côté de cela des revers négatifs bien entendu avec des jeunes qui sont scotchés sur leurs bidules au lieu d’écouter le prof devant eux. Pour faire l’état de la situation et des implications que ça suppose, Marjolaine St-Pierre fait le tour de la question au gré des plus récentes études. L’essayiste est professeure honoraire du Département d’éducation et pédagogie de l’Université du Québec à Montréal. Voici un extrait de la quatrième de couverture de E-réseaux sociaux et e-médias sociaux en éducation: qu’en penser ? où la démarche est bien identifiée “Cet ouvrage vise à comprendre et à analyser le changement socio­collectif que les e-RS et les e-MS génèrent en éducation par leur omni­présence ainsi que l’influence qu’ils exercent sur les divers acteurs scolaires, dont les enseignants, les directeurs, les élèves et leurs parents. Il met en évidence neuf axes qui apportent un éclairage socioéducatif sur cet univers communicationnel : éthique, individus-acteurs, organisationnel, pédagogique, philosophique, professionnel, psychologique, relationnel et technologique.”

Par ailleurs, si l’univers du numérique vous passionne prenez acte de la sortie chez le même éditeur des Presses de l’Université du Québec de La communication de crise à l’ère du numérique signé Ivan Ivanov professeur agrégé au Département de communication de l’Université d’Ottawa. C’est le résultat d’une longue gestation d’une décennie dans laquelle il approfondit la connaissance de ce qui se fait et de ce qu’il faut faire lorsque vous vous trouvez sous le feu des projecteurs. Son travail de base est complété par deux grandes entrevues avec le gouvernement canadien et la directrice de la communication de crise de la Gendarmerie royale du Canada. Et son travail est émaillé de cas vécu forts intéressants qui s’éloignent des grandes théories hermétiques que l’on rencontre parfois pour nommer les choses et qui rendent la lecture incompréhensible. C’est un riche travail universitaire qui a le mérite de la vulgarisation.
www.puq.ca

 

 


Le coin de la poésie

Plus que jamais la poésie nous est nécessaire dans ce monde de fou que nos dirigeants appellent de tous leurs voeux comme la nouvelle normalité. Heureusement que la poésie nous permet de décoller de terre et e planer dans l’imaginaire. Prenons cet exemple de la poétesse Maryse Poirier qui est à la ville professeure de littérature au Cégep de Sainte-Foy qui offre un sérieux démenti à Sacha Guitry qui avait déclaré un peu méchamment que ceux qui peuvent font, ceux qui ne peuvent pas enseignent.  Car elle nous arrive avec un recueil au titre quasi prémonitoire, au vu du massacre de notre environnement Les bêtes vivront plus longtemps que nous aux éditions Hashtag. Qui met en scène un couple de femmes, Fauve et Elsa en compagnie de leur fille Elsa. Il y a de forts jolis passages dont voici un extrait qui annonce la couleur “ au matin les gestes craquent désaxent nos corps les saules penchés sertis de fatigue jettent des mots à nos lèvres contre les vitres”. Un baume d’évasion pure.

Au Noroît, Je me suis enfoncée dans la forêt de Tua Forsström. Cette femme de lettre finlandaise se partage entre Helsinki et sa demeure campagnarde. Par contre, issue de la minorité finno-suédoise, c’est dans cette dernière langue qu’elle communique sa sensibilité. La narratrice de ces pages a éprouvé ce qu’il y a de pire dans la douleur humaine, la perte de son enfant. Un traumatisme tel qu’elle en a perdu l’usage de la voix. C’est désormais par le biais de la poésie qu’elle se fera entendre, elle et aussi son enfant défunt. Extrait “Je voudrais bien rapporter ceci: le silence est inégalable en octobre, les sentiers forestiers, les traces mélancoliques,  la pancarte presque illisible: Entrée interdite. Domaine privé. Je ne pense pas que toi tu aurais respecté ça”.

 

 

 

 


Autour du suicide de Bernard Loiseau

Le 24 février 2003 est une triste date à encercler dans l’histoire de la gastronomie française. C’est ce jour-là, qu’en proie à ses démons intérieurs le grand chef Bernard Loiseau s’isola pour se tirer une balle et ainsi mettre fin à ses jours. Ainsi se termina tragiquement l’existence de celui que beaucoup considéraient comme le no. 2 après Paul Bocuse. Et des rumeurs se firent entendre à l’effet notamment qu’il aurait appris précédemment qu’il pourrait perdre sa troisième étoile au Michelin. Courageusement son épouse Dominique va reprendre le flambeau. Et surtout dire la vérité des choses dans La revanche d’une femme. Cette catholique pratiquante, nourrie de valeurs solides rétablit les faits véritables. Loiseau était déjà un être légèrement angoissé. Il attendait depuis vingt-sept ans cette troisième, l’obtint. Mais au lieu de se conforter professionnellement avec ce couronnement, il se triturait les méninges à l’idée de la perdre. Ce qui est une toute autre chose que de l’avoir perdue, ce qui n’arriva pas de son vivant. La vérité, c’est qu’il était atteint de bipolarité, ce qui ne se diagnostiquait pas aussi facilement à l’époque. Une fois le drame racontée, Dominique Loiseau décrit ce qu’il lui a fallu faire pour maintenir les acquis et continuer à prospérer. En même temps, elle peint le monde de la gastronomie avec ses joies et ses revers.  Le livre a été écrit en collaboration avec Katia Chapoutier.

La revanche d’une femme Dominique Loiseau. Michel Lafon 300p.    www.michel-lafon.com

 

 

 


Quand des allégations de violences sexuelles pourrissent votre carrière

L’ère MeToo, si elle a engendré toute une littérature écrite par des femmes qui libèrent la parole, en contrepartie nous n’avons pas eu trop de ripostes masculines. Comme si les hommes accusaient le coup, se sentant repentant à quelque part. Mais heureusement des hommes disent aussi leur ras-le-bol des dénonciations à l’emporte-pièce. C’est le cas de l’écrivain Thierry Samitier qui dans son roman Surprise! se met dans la peau d’un acteur qui va faire l’objet d’allégations pour violences sexuelles. Qui étaient bien entendu infondées. Mais ça va lui pourrir la vie dans le milieu théâtral. En plus que s’il s’attend à trouver des défenseurs, que non. Il devra faire face seul à la musique. Est-ce que l’auteur rend bien compte des moeurs du milieu par la même occasion ? Il doit en connaître un rayon car il fait partie de ce monde artistique. Seuls ceux qui dans ces arcanes sauront en témoigner. Mais dans l’immédiat pour le commun des lecteurs on se trouve devant un livre fort qui décrit bien une certaine dérive de notre temps.

Surprise! Thierry Samitier. Éditions F. deville 249p.    www.fdeville.fr

 

 

 


Mère courage

La mère courage dont il est question ici n’est pas de la pièce de théâtre de Bertolt Brecht. C’est celle d’une femme de chez nous Anouk Lanouette Turgeon qui n’a pas eu la vie à laquelle elle s’attendait. C’est ce qu’elle raconte dans ses souvenirs de maman Une vie fretless ou comment j’ai accouché d’une méduse. Dans ce livre elle a placé une citation opportune de la grande Jeanne Moreau qui a dit un jour “La vie, c’est ce qui vous arrive alors que vous étiez entrain de prévoir autre”. Dans le cas qui nous occupe, cette femme héritera de deux enfants génétiquement marginaux. Au passage, le mot fretless du titre signifie “en perte de repères”. A sa façon le contenu renvoie à l’adage bien connu, un peu cliché même à savoir que “ce qui ne tue pas, rend plus fort”. Car elle ne l’a pas facile cette femme qui aurait souhaitée comme tout le monde avoir des enfants “normaux”. Il sera d’ailleurs beaucoup question dans ces pages du concept de normalité. Ensuite toute la saga qui l’oppose à notre “merveilleux” système de santé dont les CLSC qui n’ont rien pensé a`des cas comme le sien. Anouk est une femme d’un courage hors norme qui fera du bien pour ceux qui se débattent avec de moins grandes misères. Elle nous apprend qu’il ne faut pas déclarer forfait et se battre, surtout de vivre quoi qu’il en soit.

Une vie fretless ou comment j’ai accouché d’une méduse Anouk Lanouette Turgeon. Éditions Quai no. 5   229p.     www.quaino5.com

 

 

 


Deux couronnements en même temps   
   

 Parmi les livres d’aventures en voici un, totalement captivant signé Jan Morris qui est décédée l’an dernier. D’abord un mot sur cette femme qui l’est devenue en 1972  après une transformation transexuelle. Pour la petite ou la grande histoire, c’est selon, elle accompagnera  à titre de journaliste l’expédition qui parviendra pour la première fois au sommet de l’Everest en 1953. A l’époque, il était connu sous son prénom de James et correspondant du Times. Du camp de base elle suivra l’ascension d’Edmund Hillary et de son sherpa Tenzing Norgay.  Quand l’ascension sera chose faite, il aura pour mission de transmettre au monde cet événement impressionnant entre tous, mais qui devait être révélée seulement au moment du couronnement de la reine Elizabeth II. Deux couronnements, celui de la royauté britannique et du sommet du monde. C’était un brillant scribe qui a su décrire par le menu ce périple qui a fasciné tant d’alpinistes au cours des décennies précédentes. On notera l’attention que le journaliste au rôle et à la personnalité des sherpas, sans qui cet exploit risquait de ne jamais se réaliser.

Les messagers de la couronne De l’Everest à Buckingham Palace. Jan Morris. Éditions du Mont-Blanc 194p.     www.leseditionsmontblanc.com

 

 

 


L’Intelligence artificielle vue par le prix Nobel de littérature

Kazuo Ishiguro est une pointure de la littérature japonaise. Jugez vous-même, il a arraché le prix Nobel de littérature, le Booker Prize, anobli par la Reine d’Angleterre et chevalier des Arts et des lettres de France. Tout un palmarès. Il n’a pas volé ses récompenses loin de là, et fort mérité. C’est que cet auteur de fiction a su trouver son public de par la qualité de ses anticipations. Il le montre encore une fois avec Klara et le soleil. Qui imagine ici un robot stupéfiant prénommé Klara, aux propriétés renversantes. Ses concepteurs l’ont élaboré pour tenir compagnie à des jeunes et moins jeunes. Cette merveille de la robotique trône pour le moment dans une vitrine d’un grand magasin. Le robot qui a des sentiments selon ce qu’on comprend, espère être adopté par un des passants. En même temps qu’une petite voix, ou de la prescience le fait mettre en garde contre les rapports humains. Ce scénario en apparence étriqué, est l’alibi tout trouvé pour l’écrivain de passer en revue son analyse des comportements des humanoïdes que nous sommes. Au passage, la traductrice Anne Rabinovitch est celle de notre compatriote Margaret Atwood.

Klara et le soleil Kazuo Ishiguro. Gallimard 384p.

 

 


Déclinaisons sur un lac aimé

Jean-Louis Courteau est à la fois peintre et sculpteur. Mais en plus il adore la plongée et s’est trouvé un lac d’attache pour qui il a même créé un centre d’interprétation. Cette étendue dans les Laurentides porte le nom de Lac-des-Seize-Îles. Qui le captive au point de faire partager sa passion à travers un ouvrage qu’il lui consacre. Ça donne Seize-Îles. Nous pouvons regarder un lac de telle manière, mais lui a ce don, cette science ou cette curiosité appellez cela comme vous voudrez où il porte une attention particulière. De sorte qu’il nous invite à “voir” son lac. Et on sort plus intelligent de cette lecture que lorsqu’on y est entré. En exemple, le mot thermocline qui signifie l’étage de l’eau où celle-ci change de température. En conclusion, lorsque vous irez dans un lac, assurément que vous ne le verrez plus de la même manière. Un grand livre car il respecte son lecteur. Il figure dans la collection romanichels que nous chouchoutons depuis toujours.

Seize îles Jean-Louis Courteau. XYZ collection romanichels 175p.  www.editionsxyz.com

 

 

 


Deux femmes que ne connaît pas le bonheur

La dernière ponte de Catherine Cusset La définition du bonheur” est un titre trompeur, car dans ces deux vies de femmes, celle de Clarisse et celle d’Ève on n’en trouve que peu de traces. Si la première parisienne se veut libre, c’est parce qu’elle croit avoir fait son compte de la relation avec les hommes. Elle peut vivre sans, quoi. Ève qui est à New York avec mari et deux enfants, à bien son homme, mais elle transpire l’ennui. Le roman nous promène de l’une à l’autre. Il n’y a pas d’histoire proprement dite, sinon la juxtaposition réussie de deux femmes bien de notre époque. Peut-être que l’auteure a voulu nous faire passer le message que le bonheur n’est certainement pas incarné par les deux protagonistes. L’homme est au second plan et c’est ce qui est un peu triste car la réponse au bonheur pour une certaine catégorie de femme tient peut-être à développer une excellente relation avec l’autre sexe. Rappelons nous la chanson de Mouloudji quand il évoquait “qu’on est bien dans les bras, d’une personne du sexe opposé, qu’on est bien dans ces bras là”.

La définition du bonheur Catherine Cusset. Gallimard 344p.

 

 

 


Une biographie de référence sur François Mitterrand

Il n’y a pas grand monde qui saura nous contredire, la Vème République française aura connu deux grands présidents, Charles De Gaulle et François Mitterrand, car ces deux là ont fait leur marque sous les ors de l’Élysée. Et pas seulement, le premier par son parcours antérieur de sauveur de la France et le second par sa vie de monarque, qui consacra l’expression la gauche caviar. Une biographie sort sur ce dernier. Quoi, une autre ? Oui mais pas que. François Mitterrand un roman français du professeur agrégé en histoire Pierre-Marie Terral a le mérite d’être une biographie sinon définitive, du moins de référence. Il nous épargne la lecture d’un tas d’autres biographies, car la sienne renferme tout ce qu’il faut savoir de cet homme au parcours tellement singulier. Qui se comporta réellement comme un roi avec sa cohorte de courtisans. D’ailleurs, le biographe se fait fort de rappeler le quotidien du président qui a de quoi faire hurler tout personne de gauche. Et sa double vie qui marquera les esprits. On dirait que pour préparer son bouquin, que l’historien a lu le plus de choses possibles pour en arriver avec cette synthèse de vie remarquable.

François Mitterrand un roman français Pierre-Marie Terral. Mareuil éditions 351p.   

 

 

 


Couleurs nippones

Le Japon médiéval fascine avec ses rites, son code samouraï et quoi encore. L’écrivain Luke Rhinehart, son nom de plume, né George Cockcroft, malheureusement disparu l’an dernier, avait une grande connaissance de cette culture. Il nous a laissé un très beau roman de type initiatique, qui au-delà de l’histoire de fond, véhicule des enseignements. Le tout se déroule au XVIIIème siècle. Au départ c’est un poète et moine bouddhiste qui se nomme Oboko et qui va trouver sur son chemin enneigé le corps de Matari, une femme qui avait décidée de mettre fin à son existence. Il va l’arracher à son funeste projet.  Plus tard on fera connaissance avec Izzi poète de cour et fantasque et au-dessus, le seigneur samouraï, Arishi. Les deux hommes en pincent pour Matari. Mais se peut-il une histoire japonaise où le sang ne coule pas ? Izzi fera les frais. C’est une ambiance lourde dans ce roman mais parsemée de belles leçons de vie bouddhiste.

Vent blanc, noir cavalier Luke Rinehart. Aux forges de Vulcain 265p. www.auxforgesdevulcain.fr

 

 

 


Une infirmière au secours des enseignants

Faut-il que l’enseignement soit devenu problématique pour que ce soit une infirmière qui vole au secours des profs ? C’est ce qui se passe avec Brigitte Racine qui a débordé un peu de son champ d’expertise d’origine pour s’attacher à comprendre les rapports d’autorité entre parents et enfants et ces derniers avec les enseignants. Elle a colligé son savoir en la matière dans un guide Stratégies de gestion de classe qui passe en revue l’ABC de ce que doit être la structure hiérarchique d’une classe. On le sait, en ce moment c’est le bordel en éducation avec des classes souvent trop nombreuses, souvent composées de cas plus lourds qui devraient bénéficier d’un accompagnement particulier. Avec des professeurs en détresse qui doivent confronter des parents qui ont l’impression d’avoir engendré des merveilles parfaites. Beaucoup de profs ont claqué la porte en moins de cinq ans. Mais pour ceux qui persistent, comment animer sa classe dans le meilleur des mondes. L’auteure y va de recommandations pratiques forts pertinentes. Et la reliure spirale facilite la consultation. De l’excellent travail sur les notions de base en pédagogie.

Stratégies de gestion de classe Brigitte Racine. Éditions du CHU Sainte-Justine 278p.      www.editions-chu-sainte-justine.org

 

 

 


Le pire ? la célébrité

En terminant la dernière page de Héritage de Nora Roberts il nous est venu en tête cette remarque du célèbre Abbé Pierre qui disait qu’il n’y avait rien de pire à souhaiter à quelqu’un que de devenir célèbre. Il avait en tête qu’un peu comme pour le complexe d’Icare que ceux qui volent trop haut risquent de s’écraser. Dans ce roman, on fait connaissance avec Adrianne, une femme qui jadis fut enfant vedette, mais qui avec les ans devint un peu taciturne. En plus qu’elle traînait un drame de vie. C’est en raison de son père biologique dont elle fit connaissance au moment où elle avait sept ans et que celui-ci tenta de la tuer. On devient transformé pour moins que ça. Mais elle a du ressort et entreprendra des cours de yoga sur vidéo qui vont connaître un immense succès. Le revers, viendra de commentaires d’une rare méchanceté, dont un tout particulièrement. Comment Adrianne va composer avec son passé douloureux et les menaces qui planent sur sa tête ? Comme toujours Nora Roberts qui tutoie les best-sellers depuis toujours, compose avec des ingrédients qui font recette. Elle est égale à elle-même.

Héritage Nora Roberts. Michel Lafon 383p.       www.michel-lafon.com

 

 

 


La marâtre d’Aurore l’enfant martyre, victime d’une bavure judiciaire

C’est rien de moins la conclusion à laquelle parvient l’historiographe québécois de la scène judiciaire Daniel Proulx au sujet de la culpabilité de Marie-Jeanne Houde, célèbre pour avoir torturée sa belle-fille, lui faisant avaler notamment du savon, la brûlant régulièrement avec un tisonnier rougi au feu et encore la participation du propre père de la petite, Télesphore qui la bat nue avec un fouet. Bref, de quoi soulager l’ire de la plèbe avec ces détails sordides dont les journaux et La Presse surtout, très partiale qui a condamné à l’avance l’inculpée. Qui sera condamnée à être pendue haut et court et dont la peine sera commuée en sentence d’emprisonnement à vie. Elle sera libérée par après, souffrant d’un cancer généralisé. Celui à qui ont doit notamment la télésérie à succès Les Grands Procès,  revient sur tout le déroulé au tribunal de cette affaire où on fait le parti pris tant du juge que du procureur de la Couronne. L’auteur inclut en milieu d’ouvrage une entrevue avec l’ex-politicien et avocat, Jacques Dupuis, qui souligne les énormités de ce procès. Grâce à son enquête revue et corrigée vous parviendrez inévitablement aux mêmes observations que Proulx, qui a fait travail de fond qu’il faut saluer. C’est tout à son honneur d’avoir de réhabiliter cette pauvre femme livrée à la vindicte populaire en raison de témoignages contradictoires qui n’ont jamais reflété la réalité.

Le mensonge du siècle Daniel Proulx. Éditions La Presse 274p.     www.editionslapresse.ca

 

 

Ulysse et les émerveillements du monde

Dans sa catégorie des beaux albums, les guides Ulysse y vont de trois titres qui chacun dans sa sphère n’a d’autre objectif de nous faire apprécier les émerveillements du large. Comme L’Amérique du Nord en VR. Ces fameux VR qui ont la cote en cette période de pandémie avec toutes ces restrictions dans les hôtels et auberges. Avec ce type d’habitation mobile vous avez une autonomie infiniment plus grande et qu’est-ce qu’on économise en frais d’hébergement. Donc on vous suggère ici 50 itinéraires de rêve. Ça va de l’Acadie à Virginia Beach en passant ou le parc de Yellowstone. Et l’album regorge de précieux conseils. On dira par exemple de ce dernier parc national américain, que la petite difficulté c’est sa surpopulation de campeurs. Mais même si vous ne disposez pas de VR le guide nourrira votre planning de futurs voyages, peu importe le mode de déplacement.

Que faire ce week-end ? Une question que beaucoup se posent avec l’impression d’avoir fait le tour des choses à réaliser. Voici 52 week-ends inoubliables au Québec et en Ontario. Vraiment bien fait dans le genre. Ça peut-être une rencontre avec les Hurons-Wendats de Wendake, Saviez-vous qu’à Stanstead un merveilleux bâtiment victorien abrite une bibliothèque de même qu’une petite salle d’opéra ? A l’île d’Orléans ce fabuleux Manoir Mauvide-Genest construit en 1734. En déambulant dans les espaces vous plongez au coeur de la Nouvelle-France. En Ontario il y a des choses à voir et à faire, tant à London qu’à Kingston. Vous ne pouvez plus après coup être en panne d’imagination.

C’est connu, les québécois ont le pouce vert. Si vous aimez la fréquentation des jardins, en voici de superbes répertoriés dans Les 150 plus beaux jardins du monde. L’équipe rédactionnelle des guides Ulysse est allée partout sur la planète pour dénicher des coins qui sont émouvants par tant de beauté. Exemple au Japon, le jardin du musée d’art Adachi, sur la Côte d’Azur en France, les jardins de la villa Ephrussi de Rothschild, et l’Angleterre n’est pas en reste avec notamment les jardins royaux de Kew. On saluera le soin mis à l’iconographie. Car il fallait des photos à la hauteur des coloris proposés. En même temps, ce peut-être des idées d’aménagement à reprendre pour son propre jardin.

 

 

 

Pour approfondir la question identitaire

La psychologue Rachida Azdouz qui s’est bâti une solide expertise en matière de racisme, complète sa trilogie sur la question identitaire et le racisme à la suite de “Le vivre ensemble n’est pas un rince-bouche” et “Pas de chicane dans ma cabane” avec la sortie de Panser le passé, penser l’avenir qui tombe à point nommé à l’heure du questionnement sur le racisme systémique (dont elle donne une définition), le courant Woke et le communautarisme avec ces Sikhs par exemple qui peuvent vivre au Québec pendant 50 ans sans savoir qui est Jean-Pierre Ferland ou Ginette Reno. Il y a un chapitre que nous avons particulièrement aimé ayant pour titre “L’homme blanc hétérosexuel: une espèce non protégée ?” où on se rend compte qu’il est à la merci de chocs culturels. Elle jette un regard tout particulier sur le discours anti-raciste où les tenants, même entre eux ne font pas l’unanimité. L’auteure en fin d’ouvrage, est honnête en déclarant ne pas posséder de solution magique. Mais, sa démarche par l’écrit a le mérite de poser les enjeux, d’exposer les problématiques en appelant de tous ses voeux à une meilleure compréhension de l’autre. Car qui sait, a moins peur.

Panser le passé, penser l’avenir racisme et antiracismes. Rachida Azdouz. Édito 244p.      www.editionsedito.com

 

 

 


La franchise émouvante de Marie-Sissi Labrèche

Quel bonheur de lire du Marie-Sissi Labrèche dans ce monde si formaté. Une bouffée d’oxygène dans cette société québécoise devenue si sclérosée. Elle débarque, et le verbe est ici approprié avec 225 milligrammes de moi nommé roman, mais qui est un rappel de souvenirs de vie de l’écrivaine. Au mieux de l’autofiction, mais ce ne peut être autre chose qu’elle-même tellement elle est authentique. On ne peut pas être plus lucide qu’elle sur l’existence. Elle est tout le contraire d’une jovialiste. Elle revient sur des épisodes de son enfance, sa disjonction de tout. Une fauve lâchée lousse. C’est une petite plaquette qui se lit trop vite, on en voudrait mille pages. Ceux et celles qui ont de la difficulté à s’identifier à ce bas monde, et vous êtes légions, trouverez dans ces pages une âme soeur. Elle est si authentique et émouvante notre Marie-Sissi. Elle est terriblement humaine.

225 milligrammes de moi Marie-Sissi Labrèche. Leméac 115p.  

 

 

 


Meurtre dans un atelier de croissance personnelle

Avant de dire un mot sur Symbiose de Normand Chaurette nous avons été frappé par cette pensée en introduction du livre, tirée de Sénèque “Pour être heureux, il faut éliminer deux choses: la peur d’un mal futur et le souvenir d’un mal ancien”. Le romancier nous a situé son action au coeur d’un nouvel atelier de croissance personnelle baptisé Symbiose qui donne son nom au titre. Disons que pour parvenir à l’épanouissement que viennent chercher les individus, une dizaine de trentenaires on ne fait pas toujours dans la dentelle, avec des rapports de force physique. Une dynamique bien particulière pour les participants qui veulent expurger leur moi profond. Hélas, tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes si ce n’est qu’on découvrira le corps sans vie d’un de ces membres, et de surcroît à l’atelier même. Une enquête sera déclenchée pour élucider ce crime étonnant, dans un lieu où on vient pour se développer, non pour y mourir. On connaît le talent de Chaurette. Qui a compris que l’essentiel est de tenir une bonne histoire. Un petit régal pour ceux qui aiment la chose policière et aussi des éléments de psychologie qui pimentent ces pages.

Symbiose Normand Chaurette. Leméac 236p.  

 

 


Du plaisir toujours avec des doses de sucre en main

C’est une des tares de l’industrie agro-alimentaire, l’omniprésence du sucre. A défaut de pouvoir s’en débarrasser totalement, pourquoi ne pas faire avec mais en moindre quantité. C’est à quoi s’est attaquée Geneviève Everell dans ce dernier livre de recettes Moins de glucides, plus local, très gourmand. Cette accro aux fromages, qui recommande en passant d’en avoir toujours au frigo, car réputés contenir moins de glucides, est d’une générosité sans pareille quand il s’agit du plaisir gustatif des autres. C’est la raison pour laquelle elle a concocté des délices de toutes sortes pour lesquels toute résistance est vaine. Prenez ces crevettes au prosciutto mayonnaise au citron, assez rare que l’on associe cette charcuterie à ce fruit de mer. Un alliage étonnant et goûteux en diable. Puis qui dirait non à des côtes de veau méditerranéennes ? Pour notre part nous avons essayé son bol taco qui contient entre autres composantes, du poulet cuit et du boeuf haché, encore là des associations étonnantes. L’éditeur offre toutes ces belles tentations dans un écrin magnifique avec des photos qui font saliver. Une cheffe comme elle, est d’office une bienfaitrice de l’humanité.

Moins de glucides, plus local, très gourmand Geneviève Everell. Éditions Goélettes 181p.     www.boutiquegoelette.com

 

 


Sur un site de rencontre, une liaison inattendue

David Dorais nous propose une lecture singulière avec son récit Avant la mort. Au point de départ, lui le célibataire en quête d’une âme soeur, trouvera un site de rencontre plus approprié avec ses aspirations, car les correspondantes sont souvent de niveau universitaire. Il va trouver chaussure à son pied avec une jeune femme qui d’entrée de jeu, dès leur première conversation, lui révèle qu’elle est atteinte d’un cancer incurable. Celle-là il ne l’a pas vu venir. Il aurait pu lâchement prendre la poudre d’escampette, mais par un retournement de l’esprit, il va s’impliquer sachant que la maladie serait au coeur de la relation, avec une personne qui ne sera pas disponible comme il l’aurait souhaité, au vu d’un corps souffrant. Elle finira par mourir. Dorais parle d’un texte impudique.  Il a raison. Mais bon, doit-on faire l’autruche et se masquer ces réalités. C’aurait pu survenir cet état de fait à l’intérieur d’un couple déjà constitué. Comment appréhendé l’inexorable ? Il faut que ces choses là soient dites, et l’écrivain qui se met à nu, mérite notre respect. La maladie et la mort recèlent encore trop souvent leur lot de tabous.

Avant la mort David Dorais. Leméac 264p.   

 

 


La saga d’un jeune rabbin au temps de Jésus

Jean Bédard, s’il est romancier, est aussi philosophe. Et à ce titre il lui serait impossible de pondre un roman à l’eau de rose. Sa prose doit être significative. Alors quelle merveille d’avoir choisi comme personnage central un jeune rabbin au temps de Jésus qui va entreprendre un grand périple. On pourrait paraphraser en disant heureux qui comme Jaïre a fait de beaux voyages. Pour assurer sa vie, il va vendre des manuscrits précieux, comme le faisait son père avant lui. Il va entreprendre la route de la Soie. Il emmène avec lui sa fille âgée de douze ans. Ce qu’il y a de remarquable dans cette description d’un être qui cherche son Absolu, c’est ce qu’il voit des rapports avec les femmes dans les contrées qu’il fréquente. Sur la route des grandes sagesses se trouve des fragments d’anthropologie qui font en sorte que le lecteur s’enrichit à cette lecture. Cet ouvrage entre dans la classe des livres initiatiques. En plus, que ce texte est servi par une langue française qui coule de source avec le bon mot au bon endroit. Une véritable classe de maître pour qui veut se mettre à écrire.

Sur la route des grandes sagesses Jean Bédard. Leméac 444p.  

 

 

 


Autour de la création d’une oeuvre du théâtre précolombien

Le génocide espagnol des peuples autochtones d’Amérique du Sud a aussi eu pour conséquence d’anéantir des pans de la vie culturelle. Et on sait qu’il existait entre autres un théâtre précolombien. Que l’Unesco a reconnu en 2008 au titre de patrimoine immatériel de l’humanité. Deux ans plus tard, la salle de l’Ex-Centris présentait un grand texte de ce théâtre ancestral Xajoj Tun Rabinal Achi que l’on doit à la compagnie théâtrale Ondinnok. Les acteurs venaient de divers horizons autochtones de même que des Québécois de souche. Une belle fraternité multiculturelle au service de l’art. Un ouvrage raconte tout ce qui a précédé cette prestation unique dans les annales mondiales du théâtre. Ce compte-rendu on le doit à Yves Sioui Durand, Catherine Joncas, Julie Burelle et Jean-François Côté une gestation laborieuse dont la conclusion en a ébloui plus d’un.

Xajoj Tun Le Rabinal Achi d’Ondinnok. Les Presses de l’Université Laval 152p.   www.pulaval.com

 

 

 


Commentaires sur la mort de Napoléon

Au départ devait se tenir un colloque en marge des commémorations marquant le bicentenaire de la mort de Napoléon en collaboration avec le Musée de l’Armée et la Fondation Napoléon. Hélas la pandémie du Covid-19 vint contrecarrer la manifestation de cette rencontre de haut savoir. Par contre on se fit fort d’éditer les actes de ce dit colloque que nous avons cette fois sous le titre Le plus puissant souffle de vie qui fut l’extrait d’un commentaire de Chateaubriand apprenant la mort de l’Empereur. Sous la direction éclairée de Thierry Lentz et François Lagrange nous explorons tous les aspects de la disparition de ce géant de l’histoire de France et de l’Europe. Pour qui aime la figure de Napoléon, c’est un véritable dessert. Pour les autres moins familiers avec les faits et gestes de ce dernier, c’est l’occasion de prendre la mesure de la place qu’il a prise dans la marche de l’Histoire. Et loin d’être un essai hermétique destiné à de doctes lecteurs, il est au contraire offert à la multitude. C’est rempli d’anecdotes sur les derniers instants de ce personnage hors norme qui fait encore parler de lui. C’est un magnifique tribut à la légende napoléonienne.

Le plus puissant souffle de vie Collectif. CNRS éditions 300p.    www.cnrseditions.fr

 

 

 


Tout un pavé dans la mare sur notre système scolaire merdique

Il y a des livres qui sont de véritables coups de poing. C’est le cas de Débandé de Sylvain Larose qui est aussi un geste politique. Par le biais de son personnage, Éric, un enseignant, le romancier qui est lui-même professeur au secondaire, crache son fiel sur notre système scolaire où le mot autorité fait rigoler. Que ce sont les parents et les élèves qui mènent le bal. D’ailleurs en quatrième de couverture on peut lire “contre tous ceux qui mettent en péril la civilisation, et contre les pires des barbares: les élèves”. Au départ le Éric en question est pétri d’idéal. Il voudrait bien entretenir sa flamme du plaisir de la transmission, mais il est confronté à de très minables réalités. Il nous montre noir sur blanc, qu’est-ce qui cause tant de burn-out dans le corps enseignant. Et pourquoi tant de profs décrochent de la carrière tant ils n’en peuvent plus.  Une lettre de blâme venant d’un parent, comme cela arrivera à notre “héros” peut ruiner une carrière, voire à l’ultime vous congédier. Car les parents ont uniquement des droits, aucun devoir. Même chose pour leurs gosses. On n’à regarder à l’université où les professeurs doivent subir les évaluations des étudiants! Le monde à l’envers.  Mieux qu’un article de presse, ce livre est l’illustration de tout ce qui ne va pas en éducation. Un véritable documentaire. Et là, notre écrivain et prof, nous garde le dessert pour la fin, car il termine le chapitre avec l’enseignement présent en temps de pandémie avec les cours en visioconférence, la distanciation en classe et les élèves masqués. Un sommet de conneries. Et il est courageux le monsieur Larose qui ne recevra certainement pas les approbations de son milieu pour son brûlot. A l’équipe de Culturehebdo on a jubilé car nous plaidons tous que les écoles sont devenues uniquement des lieux de formation de cancres.  Mettez ce livre au-dessus de la pile de vos achats de livres.

Débandé Sylvain Larose. Les éditions Sémaphore 190p.    www.editionssemaphore.qc.ca

 

 

 


Regards sur le jeu vidéo à travers l’horreur

C’est un livre tout petit, vraiment tout petit. Mais ici, ce qu’il faut retenir au-delà du contenant, c’est le contenu. En effet  Bernard Perron professeur à l’Université de Montréal rayonne à l’international dans son champ d’expertise puisque son opuscule Le jeu vidéo avec pour sous-titre “La peur au service de la jouabilité” est publié aux Presses Universitaires Blaise-Pascal à Clermont-Ferrand. Les jeunes et moins jeunes, on le voit bien, sont accros aux jeux vidéos, dont l’industrie dépasse largement en terme de marché le cinéma classique. Et en plus,  il y a une certaine fascination pour le thème de l’horreur qui est un domaine de recherche prisé par notre auteur. Il y a parfois des craintes touchant à ce qu’on appelle le dixième art. A l’aide d’exemples de produits que l’on trouve dans le commerce, l’essayiste recadre le tout.  A lire pour comprendre un peu de notre époque.

Le jeu vidéo  Bernard Perron. Les Presses Universitaires Blaise-Pascal collection L’opportune 63p.     www.pubp.univ-bpclermont.fr

 

 

 


Les symboliques liées au jeu d’échecs

Pour le commun des mortels qui est témoin d’un duel entre deux joueurs d’échecs, on retiendra la concentration de chacun et la posture mentale nécessaire à celui qui au final triomphera de son adversaire et faire échec et mat. Mais pour Yves Vaillancourt, professeur de philosophie à la ville et lui-même joueur d’échecs, il y a plein de messages à décoder. Et pour soutenir son postulat, il s’appuie sur la représentation des échecs dans la littérature, l’art, la presse et le cinéma. Une fois terminé la lecture de son message vous ne verrez certainement plus le jeu d’échecs de la même manière.

Jouer sa vie en jouant aux échecs Yves Vaillancourt. Les Presses de l’Université Laval collection A propos 82p.      www.pulaval.com

 





 


Le monde de la BD et albums illustrés

Chez Delcourt le tome 4 des Légendaires Saga. Elysio est redevenu le sorcier noir Darkhell après avoir bu le philtre des Zari-kos. Grâce à sa force intérieure, il parvient à expulser son côté sombre, qui se retrouve en liberté. Heureusement, le garçon possède encore certains de ses pouvoirs, ce qui peut l'aider à anéantir Darkhell. Il y a une chose que nous n’avons pas comprise. Comment se fait-il que les concepteurs Patrick Sobral, Guillaume Lapeyre et Alexandra Desmassias ont démarré les premières planches en couleurs pour passer au noir et blanc ? Ça déstabilise un peu, d’autant que la colorisation était chatoyante. Mystère de la création.

Aux éditions Pop Corn, l’illustratrice Mathou nous offre non pas une BD en soi, mais des dessins de femmes qui ont toutes en commun de ne pas être parfaites et qui font de leur pied sur cette planète. Un hommage quoi à la femme “ordinaire”. Les people prennent trop de places, vive la femme d’à côté confrontée à son ordinaire, qui essaie de faire de son mieux. C’est une approche très sensible de la moitié du monde . Ça s’intitule Les wonder women aussi mettent une culotte gainante qu’elle sous-titre “des dessins qui font du bien”. On aura compris que l’humour prend une place considérable et c’est très bien.

L’auteur bien connu Simon Boulerice et Ève Patenaude ont conjugué leur talent pour accoucher de Papier bulle l’histoire d’Hortense, qui est hémophile. Un peu comme le tsarévitch Alexis de la famille impériale des Romanov qu’il fallait protéger tout le temps d’une possible coupure fatale. Notre héroïne sent bien que ses proches voudraient qu’elle s’enferme presque dans du papier bulle pour se mettre à l’abri de toute agression épidermique extérieure. Mais c’est qu’elle est forte la fille, bien plus que son entourage peut imaginer. Le sang, omniprésent, est le deuxième personnage de l’album qui sort chez l’éditeur Quai no. 5.

Coédition Glénat et Ubisoft de Malec c’est The lapins crétins. Ce sont des graphismes un peu dingues qui narrent l’expédition spatiale emportant à son bord des milliers de lapins. L’un deux va être aspiré par une force obscure et projeté dans le cosmos. Aussitôt les autres lapins vont se mettre en quête de le retrouver et franchir des dimensions sur lesquelles ils vont laisser leurs marques. Évidemment on se trouve en pleine fiction, domaine qui en passionne d’office plus d’un. Et on se prend de sympathie pour ces charmantes bêtes qui se soucient de leur camarade.

 

 



 


Le coin santé physique et psychique

Le duo formé de Michel Billé et Didier Martz avait été à l’initiative d’un ouvrage ayant pour titre, “La tyrannie du bien vieillir,” aux éditions Érès. Chez le même éditeur, ils persistent et signent avec des collaborations Vieillir comme le bon vin. Pour en arriver à ce que les gens surmontent les pressions sociales de l’âgisme, ils se sont mis en tête de comparer le vieillissement à la maturation du vin. Et c’est dans ce but qu’ils ont demandé la participation d’un oenologue. C’est donc un livre métaphore combinant âge et vin.  Et on verra d’amusantes et rassurantes similitudes.

Aux éditions du CHU Sainte-Justine, on est dans le droit chemin d’un Freud qui a été le pionnier de la “découverte” de la sexualité chez l’enfant, lui enlevant par la même occasion l’aura d’innocence concernant la libido. Avec la sortie de La sexualité de l’enfant de 0 à 12 ans écrit par Frédérique Saint-Pierre psychologue et Marie-France Viau travailleuse sociale et la collaboration de Christèle Millard également travailleuse sociale. D’entrée de jeu, la sexualité occupe une place dans la vie du tout petit. Pour les parents, surtout mieux informés, survient la question de l’orientation sexuelle et du genre. Un volet qui est le fruit de l’avancée des connaissances en la matière. Il sera question des thèmes de la pudeur, de l’intimité. Bref, on fait tout le tour de la question, d’autant que la personnalité de l’enfant se forge dès en bas âge.

Chez l’éditeur Premier Parallèle un essai majeur de la journaliste scientifique Coralie Lemke qui nous informe pourquoi nos données personnelles intéressent tant, notamment celles touchant à notre santé. Des informations qui valent de l’or et qu’elle explique dans Ma santé, mes données. Saviez-vous qu’en Grande-Bretagne, le géant Amazon a accès à toutes les données médicales des anglais ? Même chose en France avec Microsoft. Pour preuve que ces infos sont d’une préciosité sans pareille, les hôpitaux sont souvent les cibles de cyberattaques. La cybercriminalité a de beaux jours. L’ennuyeux, c’est que c’est un problème de taille que le grand public ignore. Cette sonneuse d’alerte fait la démonstration en quoi la divulgation de ce qui était strictement privé dans le cabinet du médecin circule maintenant très librement car les données médicales sont largement numérisées et à la merci de hackers aux intentions malveillantes.

Être jumeau n’est pas une aventure humaine comme les autres, surtout si votre semblable vient à mourir. C’est un vide abyssal. Et curieusement la littérature en psychologie sur le sujet se compte sur les doigts d’une main.  Une qui peut en traiter avec pertinence c’est Lucie Boulanger qui a eu la douleur de perdre un frère jumeau il y a de cela vingt ans. Elle sentait le besoin d’approfondir la question. Et pour la rédaction éclairante de La face cachée de la gémellité aux éditions de l’Apothéose, elle s’est adjointe le concours de Fabrice Bak, psychologue et gémellologue réputé. Il est membre notamment de la Fédération Jumeaux et Plus en France.  Ensemble ils nous disent tout à ce sujet et comment on vit en jumeaux, de la conception à la mort. Et pas que, il est même question de la vie de triplés.  Ce livre comble un fossé. Il intéressera les jumeaux au premier chef, et les curieux de ce que peut-être ce type d’existence qui n’est pas donné à tout le monde.

Dans les années soixante au Québec c’était vraiment l’indigence en matière didactique de sexualité pour les adolescents. Il n’y avait de disponible que les deux ouvrages du Dr. Lionel Gendron “L’adolescent veut savoir” et “L’adolescente veut savoir” qui furent des best-sellers en leur temps, mais qu’on lisait en cachette. S’informer sur la sexualité en ces temps-là risquait de vous faire passer pour un vicieux. Et l’homosexualité n’était même pas mentionné et pour cause, étant encore considérée comme une maladie mentale et criminalisé. Heureusement les temps ont bien changé et on dispose de bons ouvrages. Quoique l’on s’étonne en 2021 que les filles en savent si peu sur leurs corps. Et c’est à dessein que Fabienne Cloutier-Naud et Daniel Brouillette lancent Clitoris n’est pas le nom d’une planète. Brouillette avait déjà écrit semblablement sur la sexualité des gars et avec succès. Son expertise comme communicateur pouvait être d’un apport pour sa collègue. Cela donne un guide qui dit tout, mais vraiment tout sur l’anatomie génitale féminine, le genre, l’orientation et quoi encore. Avec des textes faciles à comprendre et une présentation ludique. Ce livre d’une grande utilité publique devrait figurer impérativement au programme du ministère de l’éducation. C’est aux éditions Les malins.

Pour vaincre la peur de l’avion
Il y en a pour qui monter dans un avion fait l’objet d’une peur, qui avec la réalité des choses en est une irrationnelle, compte tenu du ratio d’accidents qui se produit dans le ciel, où on a moins de chances d’être victime que sur nos routes. Et d’ailleurs la question de la sécurité est omniprésente lors d’un vol au long cours. Fabienne Regard nous livre un manuel qui viendra en aide à ceux que la frousse prend à la seule idée de se trouver à 30 mille pieds du haut des airs. Voyager sans peur reprend une par une, toutes les objections que ces personnes se font pour éviter de monter dans un avion.  Elle-même, se définissant comme pluri phobique, elle avait une peur de l’avion. Elle a suivi le stage “S’envoler sans s’affoler” dont elle deviendra une des animatrices. C’est aux éditions JP0.

 

 

 


D’autres façons d’appréhender le terrorisme

Mine de rien, cela fait exactement vingt ans cette année qu’ont eu lieu les célèbres attaques du 11 septembre 2001 aux États-Unis. Qui a fait prendre conscience à l’humanité toute entière que si le coeur des USA était frappé, plus rien ne pouvait être à l’abri en ce monde. Jean-François Caron professeur de sciences politiques à l’Université Nazarbayev au Kazakhstan signe un essai remarquable où il dit que nous avons tout faux dans la manière de s’en prendre au terrorisme avec ces anciennes notions de guerre totale. Qu’il faut, au contraire, réaliser des attaques ciblées ou s’inspirer de la diplomatie du XIXème siècle.  L’occident face au terrorisme titre de son ouvrage porte un regard critique sur ce qui s’est fait depuis vingt ans dans la lutte contre le terrorisme. Et son ouvrage sort on ne peut mieux au moment où l’Afghanistan s’embrase avec la victoire des talibans.  C’est aux éditions des Presses de l’Université Laval. Chez le même éditeur à ceux qui voudraient approfondir la mouvance djihadiste un essai en collectif sous la direction de Khadiyatoulah Fall qui a pour titre Djihadisme, radicalisation et islamophobie en débats. Les 14 et 15 mars 2018 s’est tenu à l’Université Laval un symposium dont voici les actes. On a senti d’en publier les grandes lignes d’autant que les doctes chercheurs sur la question de la radicalisation sont sur l’impression d’une sorte d’essoufflement, comme si tout avait été dit sur la question.  D’où la nécessité de laisser une empreinte pour alimenter la réflexion à ce propos.

 

 

 


Savez-vous ce qu’est la thérolinguistique ?

Écrivez tout ce que vous voulez à son sujet, mais chose certaine Vinciane Despret déborde d’imagination. Cette enseignante à l’Université de Liège qui porte la double casquette de psychologue et de philosophe, a inventé une nouvelle discipline, la thérolinguistique ou l’étude du langage des animaux au IIIème millénaire. Et concrètement ça donne un ouvrage d’anticipation Autobiographie d’un poulpe. Autrement dit, cette passionnée de la chose animale, s’est mise le temps de quelques pages à vampiriser la tête des bêtes pour en extraire leurs pensées intimes. Ça donne un bouquin distrayant au possible. Si quelqu’un a dit jadis “objets inanimés avez-vous une âme” eh bien pour ce qui est des sujets choisis, elle nous amène dans des mondes imaginaires fascinants. Qui nous aidera à peut-être à envisager notre rapport à la chose animale. Une proche de notre rédaction conquise par les animaux a littéralement dévoré ces chapitres. Seul reproche à ses yeux, c’était trop court. Sans doute le plus beau des compliments que l’on puisse faire.

Autobiographie d’un poulpe et autres récits d’anticipation Vinciane Despret. Actes Sud 149p.    www.actes-sud.fr

 

 

 


La grande prière d’un curé confiné

Si le confinement en lien avec la pandémie et les restrictions sanitaires qui nous égarent ont leur lot de désenchantement, une tulipe peut quand même pousser dans un dépotoir. C’est un peu ce qui arrive avec cette belle réflexion à la fois spirituelle et poétique Jésus seul écrite par l’abbé Stéphen Faure qui est curé de la paroisse de La Farlède et Solliès-Ville dans le Var, donc en Provence, et professeur de spiritualité et d’homilétique au séminaire diocésain de La Castille territoire de Fréjus-Toulon. Dans ces pages inspirantes au possible, il le dit lui-même en sous-titre qui annonce la couleur, que c’est de revenir à l’essentiel. Qui serait pour résumer un regard plus bienveillant sur le monde et surtout apaisé. Il puise dans les Écritures de beaux passages qu’il commente, ou des anecdotes, comme Saint-Paul-de-la-Croix qui demandait aux fleurs de se taire sur son chemin pour ne pas qu’il s’attarde sur son trajet. Qui fait revenir aussi à l’amour de la figure centrale de Jésus. Oui vraiment un livre phare qu’il faut lire. Et qui permettra de réconcilier ceux qui se sont un peu ou beaucoup éloignés de l’Évangile et qui sont confrontés au vide de leur existence.

Jésus seul Stéphen Faure. Artège 123p.      www.editionsartege.fr

 

 


Récits captivants d’un arpenteur du monde

Les récits d’aventures ont un lectorat captif et fidèle. Car qui ne ressent pas un besoin d’évasion. A défaut de le faire soi-même on appréciera de vivre la fugue par procuration. Voici un titre qui dans ce sens va vous ravir au-delà de toute expression. Intitulé L’appel du volcan. Son auteur, Claude Marthaler est un fou de la randonnée pédestre et du volo. Et quoi encore, puisqu’il a failli perdre la vie comme il le raconte, tandis que son parapente se torcha alors qu’il se précipita dans le vide à partir d’un téléphérique de la région préAlpes. Dans ce récit, ou plutôt ces récits au pluriel, il va même escalader illégalement le sommet du Ojos del Salado au Chili. Le gars ne manque pas de vocabulaire et c’est ainsi que nous avons droit à également une belle classe de maître en littérature où le sujet, le verbe et son complément se trouvent à la bonne place, appuyé par une connaissance lexicographique qui lui permet de qualifier chaque chose. Du bonbon.

L’appel du volcan Claude Marthaler. Salamandre 161p.     www.salamandre.org

 

 

 


Retrouver son amour perdu dans un Mexique plus que violent

Il était une fois un jeune homme, Diego et sa tendre Elena. Ils ont tous deux 15 ans et des rêves d’avenir. Mais il surviendra un événement atroce. La jeune fille sera violée par une brute sous les yeux de Diego. Et ce dernier, bouleversé, aura ce geste inconséquent de fermer cette fois les portes de son coeur.  Mais Elena ne sera pas chassé de son esprit et de ses sentiments. Il sait qu’elle s’est rendue dans la terrible ville de Ciudad Juarez, l’épicentre de toutes les violences. Il veut la reconquérir. Et c’est ainsi qu’il va tenter de la retrouver en compagnie de son cousin Ramire.. Voilà pour la trame de fond du dernier roman de Yasmina Khadra Pour l’amour d’Elena  C’est une montagne de violences qui vous attend. La nature humaine dans ce qu’elle a de plus abjecte. Cela en heurtera certains, alors que d’autres n’y verront que la part du diable de l’homme au grand jour. Les dialogues ne font pas dans la dentelle. Nous sommes devant un certain Mexique qui nous offre ce qu’il y a de moins reluisant dans ce pays.

Pour l’amour d’Elena Yasmina Khadra. Mialet Barrault 330p.    

 

 

 


Un couple de monarques en odeur de sainteté

L’Archiduc Rudolf d’Autriche dans la préface de Charles & Zita de Habsbourg itinéraire spirituel d’un couple a bien raison de souligner que notre actuel manque cruellement de dirigeants inspirants, dignes de notre estime. C’est peut-être pour cette raison que les éditions Artège ont eu la bonne idée de lancer cette biographie spirituelle des deux derniers monarques de l’empire austro-hongrois sous la signature d’Elizabeth Montfort. On n’a pas besoin d’être un lecteur fervent de la revue Point vue images du monde pour apprécier cette lecture qui se voue à l’édification. En effet, ce couple a eu un parcours spirituel parfait. Au point que Charles a été béatifié par Jean-Paul II et le procès en béatification de Zita est en instance. Et on espère dans certains milieux chrétiens qu’ils puissent devenir un jour des saints au calendrier liturgique. En effet, leur relation n’est pas banale. Il faut lire ce que l’empereur déclara à sa dulcinée le jour de leur mariage, et ses derniers mots à son endroit avant son décès prématuré. Il a été le seul représentant d’une nation à partager l’exhortation du pape Benoît XV pour la paix. Bien des gouvernants devraient lire ce bouquin pour s’élever un peu de leur médiocre condition. Et que dire du petit peuple qui trouvera à cette lecture de quoi espérer quand on se veut homme et femme de bien comme ces deux aristocrates qui ont traversé bien des épreuves.

Charles & Zita de Habsbourg itinéraire spirituel d’un couple. Elizabeth Montfort. Artège 224p.   www.editionsartege.fr

 

 

 


Ce n’était pas la maman qu’il croyait

Un de nos coéditeurs a pour marotte cette sentence lourde de lucidité: on ne connaît quelqu’un que demain, encore mieux le surlendemain. Et que finalement on ne l’aura vraiment connu qu’à l’heure du bilan final, la mort. Alors on pourra se prononcer. Pourquoi ce préambule ? C’est que le narrateur de Fils d’espionne le romancier hongrois Andras Forgach sera confronté à une troublante réalité. C’est que sa maman qu’il croyait bien connaître, avait une vie double d’espionne. C’est ce qu’il apprendra à travers les archives des services secrets hongrois. Et parfois, cette activité souterraine n’était pas ce qu’il y avait de plus reluisant. Le mec est abasourdi. En somme, ce texte fort qui est publié dans l’excellente collection que nous chouchoutons “Du monde entier” chez Gallimard, est une variation sur ce que disait Malraux qui définit un jour l’homme comme un tas de petits secrets. En même temps, c’est le contexte socio-politique de la Hongrie des années 1970 à 1980 qui est bien rendu.

Fils d’espionne Andras Forgach. Gallimard 337 p. 

 

 

 


La résurrection d’un gars voué à mendier

Aujourd’hui avec la brutalité du système économique, il est très facile de se retrouver à la rue du jour au lendemain. Demandez le à Gaël Galinie, un apprenti ébéniste. Il bossait dans un petit atelier. Il avait vingt ans. Tout allait bien pour lui. Jusqu’au jour où on lui apprit que l’entreprise ne se portait pas très bien, au bord de la fermeture et que son contrat n’allait pas être renouvelé. Comme il n’avait pas complété sa formation, tout le malheur s’est mis à débouler. Il appela des “amis” pour l’aider. On sait ce que sont parfois les amis. Bref, il se retrouve à la rue. Il a écrit son histoire car, loin d’être un lamento, c’est celle d’une renaissance. Aujourd’hui à 31 ans il se déplace à bord de son camping-car qui est son homme et se mue en travailleur agricole saisonnier. Et il est tout heureux. De la rue à la route est une lecture où l’espérance est à chaque page. Il nous enseigne de ne jamais se laisser aller par des événements extérieurs. On a toujours une marge de manoeuvre.

De la rue à la route Gaël Galinie. Favre 158p.     www.editionsfavre.com

 

 

 


Un éblouissant portrait d’une roumaine nommée Dina

Dina titre du récit de Felicia Mihali publié chez Hashtag, est en fait une réédition de 2008 paru à l’époque chez XYZ. On écrit récit mais on n’est plus trop sûr car sur la couverture il est mentionné roman. Et dans le communiqué de presse accompagnant la sortie de l’ouvrage on peut lire parlant de l’auteure “l’histoire est racontée par l’autrice elle-même, originaire de Roumanie et installée au Québec, qui apprend avec stupeur la mort de son ami d’enfance”. Bref, l’essentiel est que nous sommes devant un livre magnifique qui est un éblouissant portrait d’une femme, la Dina en question, qui sera assassinée par qui ? Les soupçons se tournent vers un douanier serbe réputé cruel. Au-delà de la narration des événements et du destin tragique de cette jeune femme, c’est le regard que porte l’écrivaine sur cette victime et le  souvenir qu’elle en trace. Chapeau à l’éditeur de remettre sur les rayons ce grand bouquin.

Dina Felicia Mihali. Hashtag 177p.     www.editionshashtag.com

 

 

 


Le train, terreau de bien des histoires à raconter

Malheureusement on ne prend pas suffisamment le train au Canada. Il est vrai que le service, du côté des horaires et des tarifs, laisse à désirer. Mais bon, une fois qu’on est bien assis dans son compartiment, le déplacement en vaut la peine. Arlette Cousture adore ce moyen de transport. Et elle en fait le théâtre de son présent opus En voiture! All aboard. Ce serait comme un recueil de nouvelles, avec une histoire pour chaque province. Il est dit en quatrième de couverture que ces chapitres ont été inspirés par des faits presque vrais...De l’autofiction pourrait-on dire. L’important étant qu’on prend beaucoup de plaisir à cette lecture. Car elle nous rappelle l’écrivaine, que le train est un formidable terreau de rencontres de toutes sortes. Elle nous livre de beaux personnages, car le commun des mortels, si on sait l’écouter peut nous en dire beaucoup sur les êtres humains et plus largement la vie en général.

En voiture! All aboard! Arlette Cousture. Libre Expression 138p.     www.editions-libreexpression.com

 

 

 


Un polar dans le Grand nord canadien

Même si on se trouve devant un polar de facture classique, avec des meurtres se succédant et une enquête à la clé, quelquefois le décor va changer la tonalité. C’est ainsi que Giles Blunt a campé le sien dans le Grand nord canadien. Grand calme a pour cadre la base d’Arcosaur dans l’Arctique et à Algonquin Bay en Ontario. On va successivement trouvé les cadavres d’un homme et d’une femme. Deux limiers sont dépêchés pour élucider ces affaires, John Cardinal et Lise Delorme. L’auteur sait habilement tirer les ficelles pour ne pas nous en dévoiler trop d’un coup, ce qui fait la force du genre.  Il tutoie l’excellence. Les amateurs de thrillers policiers sont servis sur un plateau d’argent. Et comme canadien, nous sommes flattés qu’il ait choisi le Canada. Du travail de maître.

Grand calme Giles Blunt. Sonatine 393p.     www.lisezsonatine.com

 

 

 


De l’érudition concernant la pop musique italienne

Avouons-nous le, on s’y connaît très peu en musique populaire italienne, sauf quelques titres d’exceptions. Question de combler notre vide abyssal en la matière, voici une superbe opportunité de garnir les rayons de notre discothèque avec des titres phares italiens des soixante dernières années. Et comme guide Rosario Ligammari un journaliste qui est un véritable érudit en la matière. Il lance Buongiorno Pop qui passe en revue 100 albums de 1960 à nos jours. Évidemment ce sont des choix arbitraires. Mais le gars a du flair et sait reconnaître le talentueux. Alors, après lecture, vous serez incollable sur Umberto Bindi, Matia Bazar, Sergio Caputo et tutti quanti. Pour chaque album sélectionné, des notices biographiques et des anecdotes à profusion. C’est un travail de réhabilitation à saluer.

Buongiorno Pop Rosario Ligammari. Le mot et le reste 269p.   

 

 

 


De précieux conseils en médecine vétérinaire holistique

Bien que le courant soit moins fort qu’en médecine des humains, il y a une petite tendance qui se dessine en médecine vétérinaire où on veut s’éloigner des interventions lourdes ou de la surmédication. Un des apôtres de la médecine vétérinaire holistique est le Dr. Walter Villiger qui présente son Guide pratique de médecine vétérinaire énergétique. Il est destiné tout autant aux propriétaires d’animaux qu’aux professionnels. Et ce guide est centré sur les soins à donner aux chiens et aux chats. C’est vraiment une approche novatrice où on se rend compte que bien des pathologies chez nos petits compagnons proviennent de sources nerveuses. En fin d’ouvrage il nous offre un répertoire d’utilisation des remèdes avec leur posologie. Et que d’honoraires de vétérinaires à éviter de la sorte. Nos portefeuilles vous remercient cher doc.

Guide pratique de médecine vétérinaire énergétique Dr. Walter Villiger. Favre 157p.    www.editionsfavre.com

 

 

 


Feydeau dans le texte

A première vue, on serait tenté de croire que l’on se trouve en face d’une biographie définitive de Jacques Feydeau, ce phare des soirées théâtrales parisiennes de la Belle Époque. Il n’en est rien.  Christophe Barbier l’ancien directeur de la rédaction de l’Express et maintenant journaliste sur BFM-TV Il y a bien quelques références à sa vie par çi, par là, mais c’est surtout qu’il passe en revue les thèmes exploités dans son théâtre dit de boulevard avec sa cohorte de portes qui s’ouvrent et se ferment sur les plateaux et les maris cocus et qui ont fait sa marque de commerce. On voit que l’essayiste connaît parfaitement son sujet, allant puiser des extraits qui collent à la démonstration qu’il entend faire. Pour les amants de ce théâtre léger au possible, c’est une belle occasion de revoir son oeuvre. L’auteur, surtout en ces temps d’une rare morosité, nous donne le goût d’aller applaudir au premier Feydeau présenté sur nos scènes.

Le monde selon Feydeau Christophe Barbier. Tallandier 359p.     www.tallandier.com

 

 

 


Revoir sa mère après trente ans d’absence

Une des belles surprises littéraires de cette rentrée est sans conteste Revenir à toi de Léonor de Récondo. L’histoire d’une comédienne à succès, Magdalena, qui n’a pas vu sa mère depuis trente ans. C’est quelqu’un qui va lui signaler qu’on a retracé sa génitrice. Mais que pouvoir dire en guise de retrouvailles. Des blâmes, des interrogations multiples, de l’empathie ? Vous verrez comment l’écrivaine a agencé cette première rencontre déterminante. Et ce sera aussi la divulgation d’une chose non dite. Dame Récondo, qui est aussi violoniste baroque, sait autant jouer de la partition qu’avec les sentiments. Nous avons pris un grand plaisir à découvrir cette auteure d’une part et le sujet, qui bien que pas nouveau en soi, est une belle variation.

Revenir à toi Léonor de Récondo. Grasset 176p.

 

 


Un compatriote signe une analyse significative de la présidence Trump

Gilles Vandal est professeur émérite de l’Université de Sherbrooke et réputé spécialiste de la présidence de Barack Obama. Il nous arrive avec une analyse post-mortem de la saga présidentielle de Donald Trump. Quatre années où le locataire de la Maison-Blanche offrira une gouvernance totalement déjantée asservie à ses lubies et en même temps annonciatrice d’une ère de populisme. Donald Trump le fossoyeur de l’Amérique est l’occasion pour lui, comme pour nous, de dégager avec le recul, ce qu’a été ce règne absolument démentiel. La question est posée d’entrée de jeu, comment en est-on arrivé à hisser au pouvoir un tel individu. De quoi est composée la stratification sociale américaine actuelle. Sa conclusion est que cet incompétent aura changé la face de l’Amérique et du monde.

Donald Trump le fossoyeur de l’Amérique Gilles Vandal. Mardaga 249p.   www.editionsmardaga.com

 

 

 


Une réédition bienvenue d’un essai fondateur sur la langue et le genre

A notre rédaction nous honnissons le mot autrice que pour cette raison nous n’utilisons jamais, lui préférant la désignation d’écrivaine. D’autres par contre ce sont accommodés du mot. C’est une bataille sans fin que celle du genre dans la langue française. Heureux les anglo-saxons qui ne sont pas confrontés à cette problématique, le genre n’existant pas “a table” n’ayant pas de sexe. Tout ceci pour vous annoncer la réédition revue et augmentée de cet essai déterminant Pour une langue sans sexisme paru pour la première fois en 1996 et signé par la docteure en linguistique Céline Labrosse qui fait voir dans cette nouvelle mouture l’état des choses, proposant une sorte d’apaisement dans la désignation du genre. Il faut rappeler, et c’est ce qu’elle fait, que longtemps on donna la préséance du masculin sur le féminin, dans une perspective de noblesse, plutôt de discrimination. L’essayiste exhorte au recours d’une langue plus égalitaire.

Pour une langue sans sexisme Céline Labrosse. Fides 156p.    www.groupefides.com

 

 

 


Sur ces nazis qui feront de brillantes carrières à l’après-guerre

L’historien et journaliste Éric Branca nous propose une lecture véritablement choquante mais nécessaire. Car on l’a dit, quiconque ignore l’histoire est condamné à la revivre. C’est celle de nombreux nazis, ici on en a sélectionné quelques-uns, plus illustres, qui ont réussi à passer à travers les mailles des procès en dénazification et qui ont entamé de brillantes carrières, l’un d’eux se rendant même au poste de chancelier fédéral. L’auteur ne pouvait pas passer sous silence la trajectoire incroyable d’Albert Speer, l’architecte et intime favori d’Hitler qui a conduit des dizaines de milliers de prisonniers à la mort pour cause de travaux forcés, qui fera certes vingt ans de prison à Spandau mais qui retrouvera la vie civile avec une superbe attitude. De même Hjalmar Schacht le banquier du dictateur, un génie de la finance, qui va redresser oui l’économie de l’Allemagne, réduisant comme peau de chagrin le chômage, mais tout cela au service de la machine de guerre. Il mourra paisiblement à l’âge vénérable de quatre-vingt-quatorze ans ans en 1970.  Qui a dit que le crime ne payait pas ? Revoyez votre copie.

Le roman des damnés Éric Branca. Perrin 423p.       www.editions-perrin.fr

 

 

 


Un superbe démenti sur le monde qui n’aurait appartenu qu’aux hommes

Un des mythes persistants veut que ce sont les hommes à qui le monde a toujours appartenu. Une sacrée relecture de l’histoire de l’humanité était à refaire. Et c’est grâce au journaliste chevronné qui s’est fait historien Robert Schneider qui débarque avec Maîtresses et femmes d’influences. Si la sphère politique et économique leur était fermé, elles n’en étaient pas moins influentes en coulisses. L’auteur s’est concentré sur ces femmes fortes en France depuis 1789. Et voici un exemple entre autres et pas le moindre. Celui d’Hélène Portes dulcinée de Paul Reynaud le dernier président du Conseil de la IIIème République farouchement anti-anglaise et qui obligea son mari, tout soumis, eh oui, à faire revenir le Maréchal Pétain pour qu’il puisse signer l’armistice.  Et elle ne fut pas la seule. Peut-être préféraient- elles manoeuvrer dans l’ombre ?  Vous allez faire des découvertes étonnantes. Certes ces femmes n’avaient pas officiellement de pouvoirs, mais dieu ce qu’elles se sont agitées sous les projecteurs pour faire avancer les causes qui leur tenaient à coeur.  On doit aussi à cet auteur un ouvrage remarquable sur les premières dames de France.

Maîtresses et femmes d’influence Robert Schneider. Perrin 312p.    www.editions-perrin.fr

 

 


Une fine analyse de l’action du fameux curé Labelle, le roi du Nord

Les québécois qui malgré la devise provinciale du Québec “Je me souviens” ne se souviennent souvent de pas grand chose, connaissent au moins la figure du célèbre curé Labelle, en raison de la personnification qu’en a faite magistralement le comédien Paul Desmarteaux dans la télésérie culte “Les Belles Histoires des Pays d’En-Haut”. Mais quel a été précisément le rayonnement de ce curé de Saint-Jérôme ? Nous avons un livre de référence qui paraît Le pays rêvé du curé Labelle de l’historien Richard Lagrange. Il nous brosse la vie et la carrière de ce prêtre aux allures de démiurge qui rêvait d’une colonisation canadienne-française intense partant de Saint-Jérôme et allant jusqu’au Manitoba! Malheureusement pour lui, l’attitude de beaucoup de compatriotes de chez nous le découragea parfois. Sans compter l’archevêque de Montréal, Mgr. Fabre qui le jalousait, et qui va lui mettre souvent des bâtons dans les roues. Il avait peur que le curé Labelle ne veuille créer son propre diocèse à Saint-Jérôme et s’introniser évêque avec l’aval de Rome. Hélas, le Vatican pencha pour l’archevêché de Montréal. Le grand succès du pasteur et colonisateur, aura été l’établissement de la ligne de chemin de fer reliant Montréal à Saint-Jérôme. On a dit de lui que s’il n’avait pas été prêtre, ce fervent propagandiste du train aurait été un administrateur du Canadien-Pacifique. C’est toute une épopée qui revit sous nos yeux. Et qu’est-ce qu’on apprend. Saviez par exemple que notre cher curé s’est même rendu à l’Élysée en 1890!

Le pays rêvé du curé Labelle Richard Lagrange. Presses de l’Université Laval 189p.   www.pulaval.com

 

 

 


Splendeurs et misères de la jet-set

Henry-Jean Servat qui fut reporter à Paris Match et une luciole des nuits parisiennes et même de la jet-set mondiale a cru bon partager ses souvenirs d’un monde qui fait figure aujourd’hui de très ancien, à l’heure des nombreuses restrictions de la pandémie présente où le mot plaisir n’a presque plus de place. So chic! est une galerie de portraits choisis au hasard où les personnages sélectionnés semblent faire partie d’une sorte d’Atlantide, un monde disparu. Qu’est-ce qu’on fêtait à certaines époques. Il parle de Lee Radziwill, la soeur de Jackie Kennedy, le summum du snobisme qui lui fit l’honneur de sa table. De gens tels l’académicien Julien Green ou Jacqueline Delubac, fortunée et une des femmes de Sacha Guitry, les deux ne recevant jamais personne mais qui lui ouvrirent les portes de leur antre secret. Il ne fait pas que dans la louange. Il décrit très bien le caractère détestable de Catherine Deneuve, tout comme les administrateurs de médias qui jettent des archives à la poubelle comme celles de Télématin ou bien des pontifes à Paris-Match qui ont refusé des hommages qu’il avait envie de faire sur Danielle Darrieux et Olivia de Havilland, au prétexte que ça...n’intéresserait personne!  Par contre une starlette en bikini, ah ça oui. Servat est un mémorialiste de la paillette. On en redemande de ce Saint-Simon qui parle d’un temps que assurément, les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître et qu’ils ne connaîtront jamais.

So chic! Henry-Jean Servat. l’Archipel 246p.    

 



 


Le coin des arts martiaux

Aux éditions Budo la rentrée s’annonce éclatante avec trois titres sur les arts martiaux. Commençons par L’Esprit du judo de Jean-Lucien Jazarin président du Collège national des ceintures noires de France. C’est un ouvrage phare puisqu’on lui reconnaît d’avoir été la porte d’entrée des connaissances du judo pas seulement en France mais chez les occidentaux. Le maître est décédé en 1982 mais son enseignement demeure grâce entre autres à cet ouvrage qui n’en est pas un didactique sur la gestuelle, mais bien sur l’aspect spirituel. Il raconte ses rencontres avec ses mentors et comment les orientaux l’ont abordé. C’est de plus un excellent conteur,  ce qui n’est pas pour déplaire. Et qui donne envie à ceux qui seraient tentés, de vouloir à tout le moins s’y initier.

Et puisqu’il est question de la pénétration des arts martiaux en France, voici un ouvrage complémentaire à connotation historique Histoire du karaté sur la Côte d’Azur de Gabriel Ben Soussan. C’est que cette région de l’Hexagone a été un lieu déterminant pour la propagation du karaté. Ici nous sommes en face d’un quasi livre d’érudition, car on fait la nomenclature de tous les acteurs de renom qui ont été les étendards des arts martiaux en France. Avec une riche iconographie et des reproductions de coupures de presse sur différentes époques. On se rend compte alors quelle a été la ferveur de ces animateurs à répandre dans le pays leurs connaissances orientales. Et ils ont largement essaimé au point que la France a été le deuxième pays après le Japon pour la pratique de cet art ancestral.

Si les deux précédents ouvrages sont de nature théorique, en voici un axé sur la pratique. En effet voici le maître Gichin Funakoshi qui donne son cours de Karaté Jutsu considéré comme la Bible du Karate-do. Nous avons ici une quantité d’illustrations décrivant chaque position à prendre. Écoutez, ce livre n’est pas d’une écriture récente puisqu’il a été édité pour la première fois en...1925! On appelait cela la boxe d’Okinawa. Le maître est considéré rien de moins comme le père du karaté. Il fait la démonstration dans ces pages des katas modernes Shotokan et Wado-ryu. Et l’éditeur a mis les moyens pour nous faire parvenir ce traité, car il n’en existait que de rares exemplaires de ce qu’on croyait perdu d’une part. Ensuite le japonais classique rendait la traduction assez ardue. Il a d’abord été traduit en anglais par John Teramoto et ensuite dans la langue de Molière par Josette Nickels-Grolier.

 

 


Manga sur de vieilles histoires de fantômes nippons

Les histoires de fantômes d’où qu’elles proviennent fascinent toujours. En voici sept provenant du Japon et qui ont vu le jour en 1896! Sous la plume de l’écrivain irlandais Lafcadio Hearn (1850-1904) un des premiers occidentaux à prendre la nationalité japonaise avec un nouveau nom Yakumo Koizumi. Il s’est fait fort de transmettre des éléments de la culture traditionnelle de son pays d’adoption. Grâce au scénariste écossais vivant au Japon Sean Michael Wilson et du talent de dessinatrice de manga Inko Ai Takita vous allez faire connaissance avec des petits contes chargés de mystère. Et l’éditeur Graph Zeppelin présente cette BD à la manière des japonais c’est-à-dire que le début commence par ce qui serait pour nous la fin. Un peu déroutant de lire à l’envers, mais il faut bien faire de petites concessions pour vivre pleinement le Japon littéraire.

Yokai manga histoires de fantômes japonais Lafcadio Hearn, Sean Michael Wilson et Inko Ai Takita. Graph Zeppelin 127p.     www.graphzeppelin.com

 

 

 


Le bédéiste érotique Xavier Duvet n’a pas encore tout exprimé

Quiconque s’affiche ouvertement érotomane, ne craint pas de vouer une admiration sans bornes pour Xavier Duvet qui du côté de la bande dessinée érotique, tutoie maintenant l’excellence et se trouve au zényth de son talent. Et il nous le prouve encore magistralement avec son personnage fétiche de Catlady qui dans Dans la chaleur de la nuit dont le titre seul est tout un programme, se métamorphose en cambrioleuses chez des bourgeoises, dont elle ne se contente pas de dérober les joyaux mais aussi de s’emparer de leur intimité! Tout un programme nocturne. Avec un luxe de détails, Duvet (quel patronyme prédestiné) nous montre par quels moyens son héroïne entend faire grimper ses “victimes” au sommet de l’extase. Dans le genre c’est le maximum.

Catlady Dans la chaleur de la nuit. Tabou 46p.    www.tabou-editions.com

 

 

 


Sur l’histoire de la nonciature apostolique à Ottawa

Un jour, sur une chaîne télé catholique on entendit une interview de son Excellence Mgr. Luigi Bonazzi, le précédent nonce apostolique au Canada. Qui s’exprimait dans un français tout en finesse ce qu’était en clair son travail de représentant du Saint-Siège au Canada. Il a été muté depuis en Albanie. Et c’est maintenant Mgr. Ivan Jurkovic d’origine serbe qui lui a succédé et qui s’exprime tenez-vous bien, en dix langues! Car on s’aperçoit que le Vatican délègue la crème de ses ambassadeurs auprès des pays, pour faire à la fois bonne figure et autorité. Justement paraît une étude en collectif sous la direction de Philippe Roy-Lysencourt qui raconte l’Histoire de la délégation apostolique du Saint-Siège au Canada qui couvre la fin du XIXème siècle jusqu’au début des années soixante. Les collaborateurs ont potassé les archives secrètes du Vatican ouvertes maintenant aux chercheurs, couvrant cette période. Mais hélas, si vous voulez en savoir plus long sur l’affaire de Charbonneau, il faudra encore patienter, car il n’en est pas fait mention dans cet ouvrage bien que l’on traite du travail du nonce en poste à l’époque, Mgr. Ildebrando Antoniutti. Sans doute ce dossier sensible de l’éviction de l’Archevêque de Montréal au profit du cardinal Léger demeure-t-il un sujet sensible. Pour le reste, on rend compte de tout le travail des nonces au Canada pour tenter de rappeler l’autorité de Rome auprès des églises locales qui souvent voulaient en faire à leur tête. On est ébahi devant le travail fouillé qui a présidé à l’élaboration de ce grand cours d’histoire ecclésiale et diplomatique.

Histoire de la délégation apostolique du Saint-Siège au Canada collectif sous la direction de Philippe Roy-Lysensourt. Les Presses de l’Université Laval 287p.    www.pulaval.com

 

 

 


Le tribut d’Amélie Nothomb à son paternel

Le 30ème opus de Amélie Nothomb est un hommage à son père, Patrick, disparu l’an dernier à l’âge respectable de 83 ans. Cela veut donc dire que Premier sang n’est pas un manuscrit puisé dans sa réserve d’écrits à l’avance comme elle l’a si souvent raconté. Cette disparition a sans doute bousculé son agenda de programmation littéraire. Elle titre le bouquin de roman, mais c’est de l’autofiction, mieux, du récit car après avoir investi la peau de Jésus dans son précédent livre très remarqué, il vampirise l’âme de son père défunt qui s’exprime à la première personne. C’est un pur joyau, dans le genre de narrer l’esprit de famille des Nothomb avec en toile de fond cette sentence de Boileau qui voulait que ce qui s’énonce clairement et les mots viennent aisément. Eh bien c’est ce qui se passe ici où avec une simplicité confondante, sans effet de style, le narrateur nous plonge dans ce que fut sa vie et son désir à tout prix d’épouser celle qui deviendra la mère d’Amélie. Du grand Nothomb. C’est papa qui du haut du ciel doit être bien content de sa fille.

Premier sang Amélie Nothomb. Albin Michel 171p.    www.albin-michel.fr

 

 

 


Une poésie en rudesse

Membre de l’Académie des lettres du Québec et de l’Ordre du Canada Denise Desautels est une pointure de notre littérature. Et à ce titre on attendait avec impatience de savoir sur quel thème elle allait poétiquement nous entretenir. Cela donne Disparaître. Sur des oeuvres de l’artiste visuelle pluridisciplinaire Sylvie Cotton. C’est très d’inspiration corporelle en confrontation avec les éléments. Des vers mâtinés d’un peu de violence. Comme l’est la vie et la mort.  Extrait “De portrait en portrait notre oeil ne compte que sur lui-même sa cécité volontaire ses plaies ses empreintes des clichés trop nets il refuse toute aide on le voit c’est là c’est os. A jamais.”

Disparaître Denise Desautels. Autour de 11 oeuvres de Sylvie Cotton. Noroît 137p.    www.lenoroit.com

 

 

 


Sur les atrocités japonaises

S’il s’est beaucoup écrit sur l’Holocauste et les horreurs des camps d’extermination, la littérature est moins abondante du côté des crimes de guerre commis par les japonais durant la Seconde guerre mondiale. Ce vide est comblé par le récit du psychanalyste américain Sidney Stewart (1919-1998)  qui fut fait prisonnier par l’opposant nippon. Cela donne Mémoire de l’inhumain où il fait un récit complet, n’épargnant aucun détail atroce de ce que fut leur quotidien de prisonnier aux mains de l’ennemi. Au-delà de la culture étrangère et de la propagande, il est clair à la lecture que japonais ou pas, quand on donne la chance à un humain de donner libre cours à sa pulsion première de violence, il ne se fait pas prier. Et c’est de voir comment les soldats japonais prenaient un plaisir jouissif à martyriser leurs captifs, comme d’enfoncer une baïonnette dans les intestins d’untel à la moindre saute d’humeur. En plus des sévices il y avait la dimension du contexte tropical avec toutes les hostilités que cela suppose pour un métabolisme occidental. Beaucoup de G.I, succombaient en raison de nombreuses maladies. Et on ne leur donnait aucun médicament. Ils étaient traités comme moins qu’un chien. C’est un récit glaçant sur le côté le moins reluisant  de l’homo sapiens.

Mémoire de l’inhumain Sidney Stewart. Éditions Campagne Première 298p. 

 

 

 


La soi-disant invincibilité d’une drogue de synthèse

Il s’est beaucoup écrit sur les méfaits des drogues. Mais entre les mains d’un romancier de fiction cela peut prendre d’amples proportions. C’est le cas de celui qui signe depuis vingt ans sous le pseudonyme de Phénix. Selon ce que le communiqué de presse qui accompagne la sortie de son dernier livre portant le titre de Hubris, l’écrivain qui se déplace énormément dans le monde a des contacts étroits avec les milieux militaires et du renseignement. Nous voici donc dans la Ville Lumière où on assiste à des incidents liés à des comportements étranges. On apprendra que tous ces cas ont en commun d’avoir absorbé une drogue de synthèse pour laquelle on leur fait croire qu’ils sont invincibles. Et quel hasard avec l’actualité afghane, c’est que les autorités vont apprendre que cette drogue connue des usagers sous l’appellation de Tom & Jerry est issue d’un laboratoire clandestin d’origine islmaiste afghan voulant se venger de la France. Une fiction qui pourrait être très près de la réalité avec ce monde en ébullition. Nous avons adoré parcourir ces chapitres enlevants.

Hubris Phénix La Tengo 279p.     www.la-tengo.com

 

 

 


Le féminisme expliquée simplement

Fanny Anseaume qui a bossé un temps dans le monde de la mode, s’est transformée en sociologue et féministe. Elle veut engager un dialogue pour mieux faire comprendre les revendications des femmes auprès de ceux qui auraient encore du mal à comprendre, certains hommes par exemple. Ainsi elle lance Tu ne vas pas sortir comme ça ? Avec pour sous-titre “le féminisme expliquée à mon père”. Il n’y a pas que lui qui va tirer bénéfice de cette parution. Car elle reprend, un après l’autre, les clichés qui entourent le vécu féminin. Et se porte à la défense des femmes notamment par un chapitre sur l’injonction qui leur est faite d’avoir des enfants. Soulignons les illustrations amusantes de  Lucy Macaroni elle aussi résolument engagée dans la lutte féministe.  En fin d’ouvrage les sources bibliographiques pour ceux et celles qui voudraient pousser plus loin la réflexion.  C’est aux éditions Leduc.

Et si vous voulez demeurer un peu dans le sujet, et chez le même éditeur, un livre entretien A nos soeurs, nos mères, nos filles cosigné par la journaliste Aurélie Godefroy et thérapeute Julie Laurent-Marotte. Une libre conversation sur leurs préoccupations de femmes où plusieurs sujets sont abordés tels le deuil, la confiance en soi, la féminité, la famille, du fait d’être bien entouré, de la méditation. Comme le sous-titre l’indique c’est la puissance de la sororité, comme de se soutenir face à l’adversité. Beaucoup de lectrices se sentiront interpellées par ce bel échange qui se déroule dans le respect des idées et de la personnalité de chacune.

 

 


Un demi siècle de revendications de la communauté LGBT+

C’est curieux, C’est ça notre liberté 50 ans de lutte LGBT+ de Paris à New York signé Mason Funk sort au moment où un de no co éditeurs planche sur un manifeste déboulonnant le mythe de la Fierté, mettant à l’avant-plan que nous ne sommes rendus qu’à l’étape de la tolérance et non de l’acceptation. Fin de la parenthèse. Revenons au livre de Funk est fondateur d’une association américaine  OUTWORDS qui s’est donnée pour mission de documenter l’histoire du mouvement LGBT+ chez nos voisins du Sud. Pour l’essentiel ce sont des témoignages de différents acteurs de la scène gay ou même de simples individus qui ont vu l’évolution de la cause homosexuelle aux États-Unis. Pour la présente édition on a complété avec d’autres points de vue. Il est certain que la seule grande avancée en la matière, a été l’adoption par certains pays d’un encadrement législatif décriminalisant l’homosexualité d’une part, et assurant des protections enchassées dans des chartes des droits de la personne. Pour le reste on appréciera ces commentaires distinctement.
C’est ça notre liberté 50 ans de lutte LGBT+ de Paris à New York. Mason Funk. Éditions Harper Collins 302p.      www.harpercollins.fr

 



 


Le coin de la BD

Les fanas de Stars Wars et bédéistes de surcroît ont maintenant un joyau du genre entre les mains grâce au tandem formé de Charles Soule et Jesus Saiz qui nous offre le tome 1 d’une BD qui s’annonce une saga fulgurante. Dans ce premier volet. Comme ça se passe avec le genre fantasy où s’entremêlent dix histoires, résumons en disant que nos héros sont sur le point de perdre la bataille. Mais ce qui nous a impressionné au plus haut point outre la magistrale qualité du dessin c’est la colorisation. Une explosion chromatique qui est un véritable éblouissement pour les yeux, avec un sens poussé du détail. C’est édité chez Panini.

Chez l’éditeur Casa c’est une note d’espérance avec Les gueules noires sur un texte de Zampano et des illustrations de Eric Sikora. Le titre l’emprunte au surnom que l’on donnait jadis à ceux qui travaillaient dans les mines du nord de la France dans la région des houillères. Il ne reste que des vestiges désespérants des temps anciens où régnait une activité incessante. Ce ne sont que des ruines. Mais heureusement, des gamins ont décidé d’investir une rue d’une localité et de lui redonner vie. Cette BD survient au moment où on tente de redonner vie à des petits bleds de l’Hexagone. C’est une BD festive remplie de notes positives.

 

 

 


La banlieue dans tous ses états

A l’évocation du mot banlieue, nous vient à l’esprit des aménagements qui font clichés, bien que souvent réels. Qu’en est-il vraiment ? Pour faire le tour de cette question périurbaine voici un essai fondateur de Gérard Beaudet urbaniste émérite et professeur titulaire à l’École d’urbanisme et d’architecture de la Faculté de l’aménagement de l’Université de Montréal qui présente un gros pavé Banlieue, dites-vous ? qui passe en revue la suburbanisation de la région de Montréal. Il nous montre autant les beautés de l’étalement urbain au fil des décennies mais aussi de combien d’horreurs. Et que le futur est annonciateur de bien des visions urbaines. Ce ne sera plus monolithique comme ces duplex en rangée typique de Saint-Léonard et de Ville Lasalle. Pour quelqu’un qui s’intéresse au domaine, c’est un ouvrage incontournable qui fera date.

Banlieue, dites-vous ? Gérard Beaudet. Les Presses de l’Université Laval 490p. www.pulaval.com

 

 



 


Le coin santé physique et psychique (1)

La non-dualité est une composante de la recherche dans le domaine de la croissance personnelle. Et un de ces chantres est Alain Galatis qui a beaucoup écrit sur le sujet et qui persiste et signe avec Le jour de la nuit qui est constitué de quatre textes comme autant de variations sur le sujet. On appréciera particulièrement celui intitulé “L’homme croit que ce qui n’existe pas existe” qui a une résonance particulière en ces temps de pandémie. On va y lire comment le formatage de la pensée s’installe dès après la naissance avec au final le souhait d’une pensée unique qui ne se remet pas en question. Publié aux éditions Accarias c’est un livre que nous conseillons de mettre sur le dessus de votre pile de prochain achat de bouquins.

Aux éditions de Mortagne dans la collection “Tabou,” il est question des personnes intersexes, qui ont des caractéristiques, parfois génitales appartenant aux deux sexes. Voilà qui ne doit pas faire plaisir à l’actuel président de Chine qui a décrété ne plus vouloir des personnes efféminées au petit écran. Une information qui pèse lourd de danger car si là-bas on fait preuve de non acceptation, ici on ne fait souvent guère mieux avec à peine de la tolérance. Comme si les êtres humains étaient monolithiques. Dieu se serait-il trompé dans sa Création ? Revenons au livre qui est un tribut à la différence tandis que l’auteur de Noa intersexe, Samuel Champagne s’exprime à la première personne, livrant dans des pages chargées d’humanité, à quoi s’expose socialement l,être qui n’est pas tout à fait comme tout le monde. A la fin du livre on se demande, l’humain est curieux de ce qui se passe sur Mars mais peine à considérer un proche marqué par la différence.

Récemment sur l’application Tik Tok un livreur sous-traitant pour Amazon décrivait le malheur qui lui était tombé dessus. En effet, allant livrer un colis, il emprunte une petite rue au volant de sa camionnette quand soudainement un gamin envoie volontairement une balle de baseball contre son véhicule. Le chauffeur sort de celui-ci, accroche le petit par le bras,  le prend en photo, lui et son domicile et l’admoneste, lui faisant jurer de ne plus le reprendre de la sorte, sinon. Le lendemain il est convoqué par son patron qui lui destine un blâme transmis par la mère du petit, à l’effet que le livreur aurait fait preuve de violence envers sa merveille. Eh bien voilà qui cadre très bien avec le thème de ce livre fondamental à se procurer Le travail est malade il nous fait souffrir de Maxime Bellego aux éditions de boeck supérieur. Ce psychologue fait état d’une longue liste de pathologies du travail et fait la démonstration que les vieilles manières de management n’ont plus leur place. C’est un appel à toute une réorganisation du travail que le praticien des esprits exhorte. On l’a vu au Québec où la détresse au travail est exponentielle comme jamais et où la consommation d’antidépresseurs  atteint des sommets. 

 

 



 


Le coin santé physique et psychique (2)

Les animaux nos meilleurs complices coécrit par le Dr. Christian Bourit et Éric-Antoine Verheyden est un véritable petit cours d’éthologie animale, qui est la science du comportement de ces derniers dont le grand théoricien est Konrad Lorenz. Ces deux conférenciers intègrent la connaissance des quanta de Max Planck à la réalité du lien entre les bêtes et nous. Dans ce livre qui sort chez l’éditeur Guy Trédaniel, ils mettent en lumière toutes les interrelations que nous pouvons avoir non seulement avec les animaux de compagnie mais avec plus largement d’autres animaux. Ils ont sélectionné un nombre partial de ceux-ci décrivant pour chacun des éléments d’études sur leurs agissements et quelles leçons nous devons en tirer. De quoi nous faire porter un nouveau regard et nous faire aimer davantage les beautés de la nature.

C’est quoi un être intelligent ? Une tête bien faite plutôt que bien remplie ? Pour Colette Portelance, la réputée thérapeute connue pour ses écrits sur le lâcher-prise, sa définition va bien au-delà des connaissances et du statut social. A ses yeux, la définition qui correspond le mieux est la personne qui se laisse guider par sa passion et qui l’exploite merveilleusement. Ça donne des individus dotés d’une grande richesse. Elle s’en explique plus largement dans Au coeur de l’intelligence aux éditions du CRAM. Nous avons simplifié un peu d’entrée de jeu, car dans ces chapitres elle fait un tour d’horizon de différentes intelligences. Nous avons beaucoup aimé les passages consacrés à l’intelligence de l’esthète. C’est une étude de ce que nous sommes dans tous nos atours psychologiques.

Comment concilier notre souci de la préservation de l’environnement en accord avec des préceptes de santé. Exemple, est-il préférable de boire de l’eau du robinet plutôt qu’en bouteille, sachant les ravages du plastique qui est laissé à l’abandon dans la nature et particulièrement dans nos cours d’eau.  Voilà à quoi s’attachent Clémence Pouclet et Auxane Maurille-Biron dans ce traité qu’il faut se procurer sans faute Petite bible de santé environnementale. La première est écoconseillère et formatrice en santé environnementale alors que la seconde est illustratrice, consacrant son art à des projets responsables. Clémence Poulet a vraiment fait tout le tour de la question de nos habitudes de vie liées à l’environnement. Un exemple, le recours aux désodorisants pour lesquelles des études se font sur une probable cause à effet du cancer du sein. Alors on propose une alternative. C’est aux éditions Thierry Souccar. Un chapitre est dédié à la recherche de textiles labellisés et un autre à la litière pour animaux. Vraiment on est sonné par l’investissement de l’auteure qui a accompli un travail de moine pour accoucher d’une somme aussi détaillée.

Nous ne traitons que très peu et pour ainsi dire jamais les livres pour l’enfance car c’est un domaine qui est bien couvert ailleurs et qui n’est pas un créneau qui a été retenu au départ. Cependant comme on dit l’exception est la règle, car notre attention a été captée par le sujet Où va le caca ? S’il y a un sujet tabou, à tout le moins délicat c’est la production de nos selles. Comment expliquer ce phénomène du métabolisme aux touts petits ? Eh bien Katie Daynes sur des illustrations délicates de Dan Taylor est allé au front. Dans ce genre didactique un peu singulier avouons-le c’est une réussite. Et l’éditeur Usborne a fait un petit exploit en faisant en sorte que les illustrations sont détachables du livre. C’est très amusant.