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Sur la destruction des bonnes idées
Jusqu’il y a peu dans l’histoire, quand un régime autoritaire s’en prenait aux intellectuels c’était par la symbolique de la destruction de leurs ouvrages au moyen d’autodafés. On a tous encore en mémoire ces nazis jetant au feu les auteurs proscrits. Aujourd’hui on est plus raffiné dans la destruction, on s’en prend carrément aux idées en répandant la bienpensance soit par le wokisme ou autrement. Pour avoir une idée des moyens employés, lisez ce qu’en dit Michel Onfray dans son dernier essai Autodafés. Qui se sert de quelques exemples pour décrire les méthodes d’éradication de la pensée autre. Il cite entre autres un Paul Yonnet dont la recherche de la vérité figure même sur sa pierre tombale et injustement ignoré. Bref, c’est un réquisitoire sur le malaise de notre temps concernant la diffusion de l’opinion, surtout quand elle heurte la “normalité” ambiante.
Autodafés Michel Onfray. Les Presses de la Cité 201p. www.pressesdelacite.com
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Deuxième tome de la trilogie sur Marjorie Chalifoux
Il était une fois dans les années cinquante, une jeune fille de dix-neuf enceinte des oeuvres d’un conjoint injustement décédé au cours d’un accident. Originaire d’Ottawa, Marjorie Chalifoux ira s’exiler à Montréal où elle utilisera à bon escient ses talents de couturière pour survivre dans une jungle urbaine peuplée d’une faune disparate dont elle devra prendre du recul. Heureusement, elle est dotée d’un sacré tempérament qui n’est pas exempt d’humour. Voici en résumé la trame de fond du deuxième tome de la trilogie Marjorie à Montréal de Véronique-Marie Kaye dont le travail littéraire a déjà été reconnu par des distinctions. Vous avez ici un beau portrait de femme, surtout pour ces années du milieu du siècle dernier où les droits de la femme ne pesaient pas lourd. Elle a du courage à revendre cette Marjorie, si attachante par sa volonté sans faille.
Marjorie à Montréal Véronique-Marie Kaye. Prise de parole 320 p.
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Une innu et l’appel des origines
Natasha Kanapé Fontaine était déjà poète, comédienne, artiste en arts visuels. Il ne lui restait que l’écriture d’un roman pour compléter son sens artistique multidisciplinaire. Il a pour titre Nauetakuan un mot innu qui signifie qu’un son au loin vient à nous. Qui raconte une autochtone, Monica, qui vit en milieu urbain et qui ne veut donner du sens à sa vie actuelle, ses études en histoire de l’art, ne parvenant pas à maintenir son intérêt. En même temps, il lui vient des réminiscences de gestes, de sons, d’odeurs qui lui rappellent son milieu d’origine. Que va t-elle faire ? Ce premier roman, très réussi au demeurant a énormément d’accents poétiques, forcément c’est une poète, on n’échappe pas à sa nature. Ce livre s’inscrit dans une floraison d’ouvrages qui paraissent chez nombre d’éditeurs qui veulent rattraper l’ignorance qui fut collectivement la nôtre touchant à ses riches cultures des peuples premiers. Il n’est jamais trop tard pour faire amende honorable. Ce qui nous donne de beaux textes comme celui de la jeune Fontaine, et pour une première incursion dans le roman c’est prometteur.
Nauetakuan Natasha Kanapé Fontaine. XYZ 248p. www.editionsxyz.com
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Les trucs d’Aristote pour le management d’aujourd’hui
Le patronat à la tête dure. Alors que la main-d’oeuvre se raréfie, que la jeunesse privilégie une meilleure qualité de vie plutôt que l’esclavage au boulot, les patrons eux crient au loup devant l’augmentation du salaire minimum et considèrent toujours lke travailleur au rang de ressource humaine, pas plus qu’un numéro d’assurance sociale dans un budget. C’est encore le règne du management à la verticale. Si on en juge le docteur en philosophie Pierre d’Elbée, ils ont tout faux, qui devrait s’inspirer d’un des phares de la sagesse antique. En effet, selon l’essayiste dans Aristote 10 clés pour repenser le management ce dernier a dans sa besace des idées qui collent très bien à notre temps. Dont deux notions qui font défaut aux patrons, la magnificence et la magnanimité qui étaient des valeurs prônées par le maître. Comme quoi le gros bon sens n’a pas de date de péremption. Pour Noël, que chaque groupe de travailleurs offre cet ouvrage à leur cadre.
Aristote 10 clés pour repenser le management Pierre d’Elbée. Mardaga 221p. www.editionsmardaga.com
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Un merveilleux tribut à une femme tant aimée
Quand on pense aux relations de couples homme femme on à peine à imaginer que ca puisse exister dans l’harmonie, tant il y a de disparités et d’attente entre ces deux sexes, tels deux planètes irréconciliables. Mais comme l’exception confirme la règle, vous avez à côté de ces antagonismes des cas merveilleux d’union hétérosexuelle, comme de fut le cas pour l’auteur dramatique et scénariste Jean-Claude Grumberg qui connut soixante ans de mariage avec sa dulcinée qui malheureusement fut emportée par la maladie. Vous pouvez imaginer le vide abyssal qui s’est produit dans sa vie. Et qu’il a décidé de traduire dans Jacqueline Jacqueline. Au dix-huitième siècle on nommait ce genre d’hommage, un tombeau. C’en est un ici. C’est un cri, c’est aussi un témoignage merveilleux. Il y a de grands accents sentimentaux dans ces pages par la force des choses. De là où elle se trouve, la Jacqueline a encore une preuve qu’elle fut grandement aimée.
Jacqueline Jacqueline Jean-Claude Grumberg. Seuil 282p. www.seuil.com
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Les tribulations de Dapper Dan collaborateur black de Gucci
Si vous aimez la lecture de vie fortes, sans hésitation allez lire ce que dit de son existence le tailleurs Dapper Dan dans son autobiographie Ma vie made in Harlem. En partant, dès que vous êtes black au sud de la frontière, vous êtes assuré d’avoir une vie de misère. Et notre homme n’y a pas échappé, qui s’il est aujourd’hui collaborateur de Gucci l’a eu à la dure, avec un père joueur invétéré de poker, négligeant sa famille. Le fiston lui-même héritera de ce goût pour le dé, lui aux dés. Avec ses gains il subvenait aux besoins de sa famille. Il a dû lutter contre sa dépendance à l’héroïne. C’est un gangster qui étonnamment lui fera prendre conscience de sa dérive. Bref, un parcours du combattant où il décrit très bien le marché de la drogue dans la Grosse Pomme, ses fréquentations avec les barons de cette sale industrie. C’est un récit très vivant que vous apprécierez hautement, vous consolant par la même occasion de votre vie reposante. Il aura par la suite gagné ses galons dans le monde de la mode comme styliste reconnu, en particulier dans le milieu artistique.
Ma vie made in Harlem Dapper Dan. Les Presses de la Cité 345p. www.pressesdelacite.com
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Une enfant sourde dans une culture entendante
Celle qui parlait trop bien est l’émouvant parcours de Marianne Kurz née sourde et qui ne parlait pas. Mais à qui la parole viendra ensuite. Et ce qu’elle a été bavarde ensuite, qui donne son nom au titre. Cette sourde va accomplir toute une trajectoire. Professeure spécialisée à l’Institut national des jeunes sourds de Chambéry, elle est doublement détentrice d’une maîtrise en philosophie et en métiers de l’enseignement. Elle raconte comment elle a été accueillie par ses parents. Ce qui leur a fallu d’abnégation pour accepter cet handicap et comment, ensemble ils ont cheminé pour doter cet enfant d’une qualité de vie. C’est touchant d’apprendre ce que c’est que de vivre dans un monde où l’on n’entend pas, sorte d’enfermement. Même si la situation des personnes sourdes vous indiffère, c’est la qualité ici du témoignage qui prévaut. Cette force en soi qui peut trouver des résonances chez bien d’autres.
Celle qui parlait trop bien Marianne Kurz. Kiwi 137p.
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Le mal afghan décrypté par un fin connaisseur
L’actualité nous ramène au triste sort de l’Afghanistan, au bord de la faillite et de la famine, aux prises de nouveau avec les Talibans qui règlent leur compte avec les femmes qu’ils soumettent avec honte. S’il y en a un qui peut nous raconter la détresse de ce pays, c’est bien Michael Barry, professeur au département d’études proche-orientales de l’Université de Princeton, puis professeur à l’Université américaine de Kaboul dont il fut évidemment chassé. En plus il est conseiller au département d’art islamique du Metropolitan Museum of Art de New York. Une jolie carte de visite qui lui permet d’avoir son mot à dire sur ce qui se passe là bas. Et il ne s’en prive pas dans Le Cri afghan qui est l’étude la plus accomplie, décryptant par le menu pourquoi et comment en est-on arrivé là. Il fait des retours en arrière pour raconter les occupations successives soviétique et américaine et leur échec. Les amateurs de géopolitique font jubiler à cette lecture éclairante.
Le Cri afghan Michael Barry. L’asiathèque 620p. www.asiatheque.com
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Les vues de l’esprit des Pères du désert
La solitude du désert a toujours été source féconde pour les esprits en recherche. Jésus ne s’y est-il pas retiré lui-même pour faire le point ? Imaginez maintenant des êtres au contact permanent de cette nature de force. Ce qu’ils ont pu tirer de réflexions. Et ils ne s’en sont pas privés. A preuve La sagesse des Pères du désert une transposition originale de Camille W. de Prévaux et Jean Trolley. En effet, au lieu de nous abreuver d’aphorismes, ici le mot exact est apophtegme, ils ont choisi une manière ludique en abordant ces traits d’esprits par le biais de la BD. La première est auteure et scénariste, tandis que le second est un dessinateur accompli. La combinaison de leurs talents produisent un petit livre fort distrayant qui nous met en contact avec ces paroles attribuées aux ermites et moines qui vivaient les déserts égyptiens au IVème siècle. Un de ces sages dira que si un homme se repent de ses péchés, il faut trois jours à Dieu pour l’accueillir à nouveau! Et attendez de lire le reste.
La sagesse des Pères du désert Maximes et autres pépites spirituelles illustrées. Camille W. de Prévaux et Jean Trolley. Novalis 130p. www.novalis.ca
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En quoi votre identité est un trésor pour le business
La feuille de route de Gauthier Vasseur a de quoi donner le tournis, lui qui est directeur exécutif au Fisher Center for Business Analytics à l’Université de Berkeley, de même qu’à l’Université Stanford et chez Le Pont en France. Sans compter ses passages à la Silicon Valley et ses collaborations avec Google et Oracle. Plus branché que lui tu meurs, et surtout concernant l’exploitation des datas, sa spécialité. Des connaissances qu’il partage dans Devenez un data pionnier! On est professeur ou on ne l’est pas. Son guide nous rappelle à quel point nos données sont un trésor pour le business. Et que les industries ont tout intérêt à regarder de ce côté là pour assurer leur futur avec l’aide de l’intelligence artificielle bien sûr mais l’humain qui n’est pas écarté de la donne comme on se surprendra de le découvrir. L’homo sapiens tendra la main à la technologie sans en être expulsé. C’est le cours 101 pour comprendre et exploiter les données. Avec un sens de la vulgarisation qui est tout à l’honneur de son auteur qui ne s’est pas perdue en théories fumeuses.
Devenez un data pionnier! Gauthier Vasseur. Mardaga 329p. www.editionsmardaga.com
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Une grande fresque sur l’esclavage noir aux États-Unis
La littérature américaine est riche de titres qui nous remettent en mémoire ce que fut une des pires pages de l’histoire des États-Unis, à savoir l’exclavage des noirs. En voici un, et de taille qui s’ajoute Les prophètes de Robert Jones Jr. une première incursion en littérature car le New York Times n’a pas hésité à comparer sa démarche à celle de Toni Morrison de par le lyrisme qu’il contient. On se trouve dans une plantation, où un esclave, Amos, va entreprendre d’évangéliser deux des siens, Samuel et Isaiah. Oh, là, là qu’est-ce qu’ils vont y goûter ces deux derniers maintenant pétris de messages d’amour et de liberté. Pas du tout du goût des maîtres qui vont s’ingénier à les remettre au rang des bêtes. Le quotidien de ces pauvres malheureux est bien rapporté et comment la Foi va permettre à ces infortunés de voir une lumière au bout du tunnel, fusse t-elle Éternelle.
Les prophètes Robert Jones Jr. Grasset 509p.
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L’avenir de l’Église en deux titres
Deux mots italiens collent assez bien à ce que doit être la voie de passage de l’Église catholique si elle veut envisager le futur en des lendemains qui chantent: aggiornamento et risorgimento qui signifient une remise à jour, voire une renaissance. Car elle a été bien mise à mal notre chère sainte, catholique et apostolique église romaine. Si vous êtes inquiets sur son sort, voici deux titres publiés chez Novalis qui sortent en librairie, abordant deux thèmes engageants pour elle. D’abord une étude d’une grande profondeur concernant les abus sexuels sur des mineurs. Un travail en collectif sous la direction de Stéphane Joulain, Karljin Demasure et Jean-Guy Nadeau ayant pour titre L’Église déchirée. Le 21ème siècle aura été dévastateur pour l’Église et le qualificatif est faible. Au point que Benoît XVI a remis son tablier pour se retirer dans un travail de solitude intensifiant sa spiritualité et la recherche intellectuelle qui lui est si chère. Laissant par la même occasion au pape François un lourd héritage. Pour ce livre on a requis les avis de trente spécialistes multidisciplinaires pour saisir la problématique en la matière. On a voulu circonscrire ce qui se passe dans la tête non seulement de l’agresseur, mais aussi celle de la victime. Loin d’être une hagiographie de l’institution, il y a une lucidité qui est bien résumée par le titre du dernier chapitre et sa conclusion “Comment espérer encore dans l’Église et pour le monde ?” On découvre une foule de choses dont les résultats d’une étude australienne qui mentionnait que bien que les crimes sexuels, sont à dominante homosexuelle, l’orientation sexuelle n’est pas le facteur qui explique pourquoi des clercs ont agressé des jeunes.
Autre coup dur pour l’Église catholique la pandémie. Celle-là, seules les cartomanciennes ont pu la voir venir. Elle a ébranlé le peu de pratique des fidèles en raison des mesures sanitaires imposées, frisant l’infantilisation. Et nous livrant des images calamiteuse, telle les dernières messes chrismale de l’archidiocèse de Montréal, alors que normalement la cathédrale Marie-Reine-du-Monde est pleine à craquer avec tous les prềtres qui viennent se retrouver fraternellement, le minuscule cortège avec Mgr. Christian Lépine en tête a dû remonter l’allée centrale dans un temple où on pouvait facilement compter quarante personnes. En même temps, s’il y a une rare chose d’intéressante, c’est que les autorités ont brandi le spectre de la mort pour asseoir leur autorité. La mort, qui dans nos sociétés a été totalement évacuée. Même que pendant la pandémie les salons funéraires étaient interdits de séjour aux proches. L’occasion pour mettre les fins dernières au menu des discussions. Tout ce préambule pour savoir comment notre Église vivra la post-pandémie. Eh bien un ouvrage s’intéresse à la chose L’Église autrement ? qui est un ensemble de réflexions venant de seize québécois. Un fait ressort l’Église doit être le fait d’une communauté et non plus d’une autorité au management à la verticale. Où les laïcs sont appelés, ils le sont déjà, à intervenir dans la marche à suivre.
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La poésie qui gagne le promeneur
On ne dira jamais les mérites de marcher. Question de prendre de la distance par rapport à ce qui nous accapare. Et si de surcroît le promeneur tend l’oreille, cela donne L’oreille au mur de Gabriel Landry. Il est enseignant en littérature au Cégep Maisonneuve. Sacha Guitry avait eu ce mot très dur “ceux qui peuvent font, ceux qui ne peuvent pas enseignent”. Le sieur Landry oppose un sérieux démenti, car non seulement professe-t-il son amour des lettres mais sait écrire. Voyez les premières strophes “et l’on voudrait accorder durablement son pas à telle obligeance de syllabes, de sons clairs, cependant que le jour se lève et que d’un lâcher de chignon le périmètre du désir tournoie”. Il y a de belles fulgurances qui vous attendent de la sorte. Acceptez lecteurs ce rendez-vous doux qui vous est proposé.
L’oreille au mur Gabriel Landry. Noroît 147p. www.lenoroit.com
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La cartographie viticole du monde entier
C’est un gros pavé que nous tenons à deux mains, L’atlas mondial du vin de Hugh Johnson et Jancis Robinson qui en est à sa huitième réédition, pour preuve que c’est devenu au fil des ans un ouvrage de référence. Rien n’a été négligé sur les activités du vin de par le monde. Le Québec y figure où on apprend qu’il existe dans la Belle Province 150 producteurs! De petites exploitations va s’en dire, qui doivent composer avec les rigueurs du climat, qui rendent le travail difficile. Cet album débute par une initiation sur la manière dont on fabrique le vin, comment le goûter. Puis on fait un tour du monde. C’est dingue de constater combien de pays en produisent. Juste un petit bémol, les caractères typographiques sont très petits, sans doute pour permettre de réunir le plus de textes possibles sans que cela ne devienne un livre archi lourd. Mais c’est véniel, en comparaison du plaisir que prendra l’amateur de Bacchus à vérifier les belles découvertes qui lui reste à faire.
L’atlas mondial du vin Hugh Johnson et Jancis Robinson. Broquet 416p. www.broquet.qc.ca
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De l’addiction à l’énergie
Chef de projet parisien dans le domaine de la politique énergie et climat, Philippe Eon a cette réflexion amusée. Est-on addict à l’énergie ? Car il nous en faut, et c’est obsessionnel dans une certaine mesure, pour faire fonctionner automobile, ordinateurs et combien d’appareils énergivores. Pourtant cette dépendance ne se vit pas de la même manière que pour ceux qui ont des addictions au jeu, aux drogues ou à l’alcool. Et paradoxalement on tient des discours écologiques en même temps que l’on consomme de l’énergie fossile à plein. Il s’en explique dans une petite plaquette qu’il vous faut lire à tout prix, miroir de nos contradictions L’énergie, une pierre de touche philosophique. L’homo sapiens c’est faites ce que je dis, ne faites pas….Vous connaissez le reste.
L’énergie, une pierre de touche philosophique Philippe Eon. Presses de l’Université Laval 164p. www.pulaval.com
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Une profonde réflexion sur les enjeux de la laïcité
Il va mal le monde. Le populisme monte en flèche, avec des dirigeants qui prétendent détenir la vérité et la manière de faire. De l’autre les revendications islamistes de par le monde. Avec pour les musulmans des franges diverses allant de la modération au radicalisme exacerbé. Dans ce contexte, quelle est la voie à suivre. Parmi les voix qui se font entendre, il y a celle du professeur émérite universitaire Sami Aoun que les familiers des médias voient de temps en temps, venir commenter l’actualité sur les plateaux de télé. C’est un homme que l’on écoute car marqué par la pondération. Il signe Penser la citoyenneté. S’il y a un certain consensus sur la nécessité d’instaurer la séparation des églises, et de l’État, comment permettre à ces adhérents pratiquants, la dignité, l’égalité. et la liberté de conscience ? Là est la question. C’est un livre qui vous aidera assurément à vous forger une opinion personnelle après exposition des faits.
Penser la citoyenneté Sami Aoun. Médiaspaul 254p. www.mediaspaul.ca
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Il est où le bonheur ?....dans la simplicité
Un de nos collaborateurs, s’est entrepris de faire le grand ménage de son sous-sol. Pour se rendre compte de sa grande dépendance à la surconsommation. Pourquoi avoir une soixantaine de brosses à cheveux. Il en est venu à la conclusion que la meilleure façon de vivre était de le faire “light” sans encombre. A sa façon, il disait que le bonheur résidait dans la simplicité. C’est pourquoi il a tellement apprécié la lecture de Éloge de la simplicité de Mariel Mazzocco, enseignante en spiritualité à l’Université de Genève. Qui fait intervenir de grandes figures de la chrétienté pour appuyer sa défense de vivre avec peu de choses. Un défi titanesque pour ceux à la merci d’Amazon et qui achètent en ligne à tour larigot. Il y a dans ces pages de quoi trouver de beaux refuges mentaux pour qui veut voyager léger sur notre bonne vieille planète. De toute façon on ne l’emporte pas au Paradis disait l’adage.
Éloge de la simplicité Mariel Mazzocco. Labor et fides/ Novalis 189p. www.novalis.ca
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Une autofiction emballante sur Rainer Maria Rilke
L’auteur de Lettres à un jeune poète Rainer Maria Rilke, séjourna longuement à Ronda en Andalousie. Il s’avère qu’Evelyne Abitbol une femme engagée dans les droits de la personne, se partage entre notre Québec et cette région de l’Espagne. Et elle aime en plus Rilke. Alors pourquoi ne pas évoquer cette période du grand littérateur germanique ? Elle utilisera le personnage de Hannah, dont on se demande s’il n’y a pas ici aussi l’autofiction. Bref, l’important est l’évocation de tout un monde. Et que si vous en savez peu sur Rilke, c’est une belle introduction à son univers. L’Andalou c’est ce genre de lecture où on en sort plus intelligent que lorsque l’on est entré. et notons les superbes reproductions des toiles de l’aquarelliste andalou Salvador Chica Jimenez. Il est né à Ronda, lieu justement du séjour de Rilke. Vous avez en fin de livre, des notes qui complètent et des éléments bibliographiques.
L’Andalou Évelyne Abitbol. Dialogue Nord Sud 171p. www.dialoguenordsud.com
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Une autre réflexion de poids concernant la protection de la Terre
La littérature est abondante pour ce qui touche la préservation de notre biosphère. Parmi les sonneurs d’alerte vous avez Thomas Berry qui pèse de tout son poids, considéré également comme une autorité en matière de spiritualité. Nous arrive la traduction d’un livre phare de sa production intellectuelle Le rêve de la terre. Il reprend des thèmes connus, en même temps il glisse des approches qui tiennent compte, non pas seulement de nous-mêmes. Ainsi, pour ce qui est de l’habitat humain, de le concevoir en prenant en compte l’habitat d’autres espèces. Remarque pertinente quand on sait que l’étalement urbain gigantesque comme en Inde, empiète sur le territoire du règne animal avec des conséquences désastreuses, dont la présence d’animaux dans les rues, dont les serpents dangereux dans les maisons. Puis souligne l’importance de l’éducation. Faire comprendre aux jeunes têtes que la terre est la matrice de l’humanité. Tout un ensemble de recommandations censées à l’aune très souvent d’une vision spirituelle.
Le rêve de la Terre Thomas Berry. Novalis 285p. www.novalis.ca
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Un livre sur la maîtresse de…Camillien Houde l’ancien maire de Montréal
A quelques jours de l’année qui se termine, nous pouvons affirmer que les deux livres qui ont retenu notre attention, ont ceci en commun qu’ils ont levé le voile sur la vie secrète de deux univers. Le premier est l’ouvrage de Sophie Desmarais racontant les dessous de la vie familiale chez les Desmarais, ceux de Power Corporation et en même temps le portrait vitriolique de Jackie Desmarais, épouse fantasque du magnat. L’autre qui vient de nous arriver nous en apprend de belles sur la vie secrète de l’ancien maire de Montréal, Camillien Houde qui avait, tenez-vous bien, une maîtresse, ancienne prostituée, qu’il gâtait au superlatif, faisant d’une suite de l’Hôtel Mont-Royal, l’abri de ses alcôves! Étonnant quand on sait que physiquement, ce gros poupin, était tout sauf physiquement un Roméo, lui qui faisait les foudres de la militante Léa Roback qui le traitait de clown. Si nous savons maintenant ces choses c’est grâce à Michèle Laliberté dont la grand-mère, Florida (dont elle a obtenu déclarations orales et archives) était la soeur de Nativa (1884-1955), la maîtresse en question. Cela donne La maîtresse de Camillien Houde. Qu’est-ce qu’on était hypocrite sous la férule de l’Église. Ce livre nous dévoile plein de choses. Ainsi on sait que le fameux pouding chômeur est une création de l’épouse légitime du maire, qui voulait offrir cette sucrerie aux pauvres. A lire sans faute. Tout un monde s’ouvre sous nos yeux. Et la fin de Nativa enterrée dans une fosse commune est bien triste.
La maîtresse de Camillien Nativa (1881-1955). Michèle Laliberté. Éditions Sémaphore 150p.
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Du Ken Follett qui nous gave de plus d’une histoire
Habituellement le gallois Ken Follett va se centrer sur une histoire, généralement appuyée par des recherches préliminaires. Cette fois on le croirait inspiré par le genre de la fantasy qui, on le sait, à l’art d’entrelacer plusieurs histoires, ce qui rend le travail du critique littéraire assez ardu. L’écrivain au 43 millions de lecteurs, dans ce gros pavé de plus de sept cent pages, nous amène tantôt au Sahara en compagnie de deux agents secrets traquant des trafiquants de drogue, puis une veuve qui lutte contre des passeurs, des soubresauts internes au coeur même du gouvernement chinois, puis les défis que rencontre la première femme présidente des États-Unis. Tout ça dans un monde en effervescence qui ne se comprend plus. Qu’est-ce qui domine finalement dans tout ça ? Un art bien à lui de raconter une histoire, même si ici elle est multiple. Peut-être les habitués de l’écrivain seront déroutés, du passage d’une d’elles à une autre, mais seront rassurés, Follett n’a pas démérité, il tutoie encore ici l’excellence.
Pour rien au monde Ken Follett. Robert Laffont 778p. www.laffont.ca
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Pour les esprits fins, la fable express, revisitée par Pierre Jourde
Les enfants, même les plus cancres, savent au moins que La Fontaine a écrit des fables. Ce qu’on connaît infiniment moins de nos jours, c’est que la fable a connu à la fin du XIXème siècle, une parodie identifiée comme la fable express dont l’humoriste Alphonse Allais était un des virtuoses du genre. Et qui réclame de son lecteur une connaissance assez poussée des merveilles de la langue française pour en saisir les finesses. Si vous avez envie de mesurer votre niveau à ce chapitre, allez voir ce qu’en fait Pierre Jourde dans La Potiche a peur en rouge. Il nous gratifie en premier lieu d’une introduction pour situer la fable express et ce qui la caractérise. Puis il s’en donne à coeur joie. Il nous en jette tout plein, lui le connaisseur des subtilités de notre langue qu’il a enseigné à l’université. Il chronique aussi à l’Obs. Ce petit livre est une récréation pour l’esprit pour gourmet des mots.
La Potiche a peur en rouge Pierre Jourde. Wombat 137p.
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Éva Delambre donne de ses nouvelles
Éva Delambre au propre comme au figuré donne en fin de ses nouvelles. Et elle était confronté un petit peu au syndrome de la page blanche. Quoi offrir aux lecteurs et lectrices concernant les personnages de ces soumises ? Il faut croire qu’elle n’a pas eu à attendre trop longtemps car son imagination furibonde a repris le dessous qui nous donne à lire Parfums d’Elles. La sensuelle photo de couverture donne le ton. Du texte certes, mais interactif, car vous irez de votre propre fantasmagorie pour donner corps à votre fantasmagorie. La beauté de cet exercice érotique, c’est la qualité de la langue française que l’on trouve dans ces pages. Un pur bijou, voire une classe de maître en termes de littérature. Allez et jouissez en paix, Ça aucune mesure sanitaire ne pourra venir à bout d’Éros.
Parfums d’Elles Éva Delambre. Éditions Tabou 236p. www.tabou-editions.com
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Dur pour les démocrate de régner à la Maison Blanche
Avec l’élection de Joe Biden à la présidence, on croyait que les États-Unis entreraient dans une phase d’apaisement. Surtout après le règne dévastateur de Donald Trump. Qui hélas n’a pas dit son dernier mot et qui plombe les efforts de l’actuel locataire du Bureau Ovale. En plus que chez les démocrates même, une gauche montante fait obstacle à bien des plans de Biden pour relancer l’économie. Une gauche qui a, entre autres, une star en la personne de la portoricaine d’origine Alexandria Ocasio-Cortez plus jeune élue au Congrès et représentante d’une circonscription de New York. Biden en a pris un coup de vieux. Pour avoir l’heure juste de ce qui se passe chez nos voisins au sud de la frontière, allez lire cette radiographie mise à jour du duo formé par Christophe Le Boucher et Clément Pairot dans Les illusions perdues de l’Amérique démocrate. Le premier est journaliste indépendant et le second consultant en transition écologique. Il décrypte le mal américain dans toutes ses coutures. Et montre bien que Trump n’a pas été qu’un effet passager.
Les illusions perdues de l’Amérique démocrate Christophe Le Boucher et Clément Pairot. Vendémiaire 304p. www.editions-vendemiaire.com
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Des regards neufs sur des villes ciblées de la côte ouest européenne
Il y a bien des manières de voir une ville. La collection Odyssée conçue par Nicolas Esbach et Benoît Goffin a été ainsi imaginée, pour que l’on puisse apporter des regards neufs sur un certain nombre de villes. Et pour ce faire le volume intitulé Atlantique s’attarde sur les villes de Dublin, Belfast, Liverpool, Cardiff, Saint-Malo, Fougères, Nantes, Bordeaux, Bayonne et Saint-Jacques de Compostelle. Qui ont toutes en commun de se trouver sur le versant ouest du continent européen. Différents contributeurs ont joué le jeu d’aller se promener dans ces lieux et d’en tirer les impressions qui leur venaient à l’esprit, ou bien de nous informer tout simplement de certaines spécificités géographiques ou urbaines. Chose certaine, ils y ont mis tant d’applications qu’ils nous donnent de les suivre sur ces sentiers de curiosité.
Atlantique collection Odyssée. Éditions ENS 153p.
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Variations sur un prof d’allemand et le quartier Côte-des-Neiges
C’est une toute petite plaquette mais dense pour son contenu. Qui a pour titre Impromptu. En musique, un impromptu a les allures d’une improvisation. Eh bien Catherine Mavrikakis qui n’écrit jamais de banalités, a décidé à travers son récit, de décrire des impressions laissées par un vieux professeur d’allemand, Karlheinz Mueller-Stahl. Ce dernier est la caricature de la vieille Europe culturelle pétrie de classicisme. C’est un donneur de leçons, avec des habitudes de vie bien ancrées. Il est à la fois rigide et pathétique. Il deviendra le mentor de la narratrice. L’écrivaine a cet art de trouver les mots justes pour décrire son personnage principal. On l’imagine très bien, affairé par son travail universitaire, dominant par son savoir, etc. Ce pourrait en passant faire un très beau film. En même temps, c’est le quartier Côte-des-Neiges qu’elle fait revivre, avec des établissements emblématiques de la restauration, certains disparus. Le seul bémol qu’il faut prendre comme un compliment, c’est que c’est trop court.
Impromptu Catherine Mavrikakis. Héliotrope 68p.
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L’homme qui répare les femmes se raconte
Le docteur Denis Mukwege Prix Nobel de la paix, surnommé l’homme qui répare les femmes, s’il a fait l’objet de nombreux livres, n’avait pas eu, sans doute par manque temps, de se raconter lui-même. C’est maintenant chose faite. La force des femmes est l’occasion pour lui de reprendre son parcours de gynécologue et chirurgien en République démocratique du Congo, où il s’est donné pour vocation de “réparer” les femmes mutilées lors d’attaques dans son pays et au Rwanda. A l’hôpital de Panzi il a accompli de véritables miracles sur des femmes qui ont connu l’horreur absolue, comme celle-là qui s’est fait tirer dans le vagin. Ou cette autre qui, violée, a accouché dans la forêt, la tête du bébé mort né, emprisonnée dans son utérus. Une forte majorité de surcroît, ont été atteintes de maladies vénériennes, voire du VIH. Et le médecin de saluer ces femmes courageuses à travers ces pages peu glorieuses concernant notre niveau d’inhumanité. L’occasion de savoir de quelle manière ce soigneur des corps et aussi des âmes a atteint cette notoriété. Un récit très fort d’un être d’exception que vous prendrez plaisir à découvrir et qui est une lumière parmi les ténèbres.
La force des femmes Denis Mukwege. Gallimard 395p.
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Il était une fois le Ciel
Le saviez-vous ? Le ciel a une histoire. Et pour le rappeler il faut aller à la rencontre de ce merveilleux ouvrage Une histoire du Ciel de Edward Brooke-Hitching. C’est qu’au fil du temps, des civilisations, des visions de grands esprits, chacun avait son histoire du cosmos. Et c’est sur cette épopée de la connaissance céleste que revient l’auteur. Un bouquin qui devrait figurer dans toute bonne bibliothèque scolaire. On voit comment les anciens considéraient de ce qu’ils appréhendaient. Les mythologies qui ont entouré le ciel et ses astres. Rappelez-vous seulement la notion selon laquelle la Terre était plate et les ennuis de Galilée avec l’Inquisition. C’est aussi un pan de l’histoire du monde qui se déroule sous nos yeux.
Une histoire du Ciel Edward Brooke-Hitching. Delachaux et Niestlé 253p.
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Un amoureux fou des fromages nous fait partager sa passion
Maxime Girard-Tremblay alias Max L’Affamé avait le projet de nous faire partager son amour des fromages. C’est chose faite avec Fou de fromage. Ce ressortissant de l’École des métiers de la restauration et du tourisme de Montréal nous présente 75 recettes qu’il présente comme décadentes, mais ce genre de dérive, nous on adore. Surtout qu’il a planché avec talent pour nous concocter des recettes dont toute résistance est vaine, allant de la panoplie complète, allant de l’entrée au dessert. Comment s’opposer à cette fondue parmesan au smoked-meat ou à ces coquilles Saint-Jacques à la crème d’estragon ou encore ce homard gratiné au Hercule, ce dernier étant un fromage de la région de Charlevoix qui serait son favori entre tous. A l’évocation de ces merveilles pour le palais on pourrait imaginer un temps fou de préparation. Mais non! On compte une trentaine de minutes pour chaque réalisation. Et que de bonheur à la clé.
Fou de fromage Max L’Affamé. 174p. www.boutiquegoelette.com
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Une vision de Caceres de la célèbre comtesse tueuse en série Elisabeth Bathory
La comtesse hongroise Elisabeth Bathory a réellement vécu, chevauchant le 16ème et le 17ème siècle. Elle est demeurée pour l’histoire une tueuse en série, essentiellement des jeunes filles, plus d’une trentaine dit-on, affreusement torturée. Certains ont imaginé que ce procès visait surtout à mettre un frein à l’influence de cette noble. Que la légende aurait dépassé la réalité. Bref, presque au même titre qu’une Dracula en jupon, son nom est associée à des dépravations sans nom qui ont alimenté le monde des arts. Le bédéiste érotique Raulo Caceres ne pouvait laisser passer pareille occasion. Il accouche de Elisabeth Bathory itinéraire d’un cercueil maudit où il s’en donne à coeur joie, s’autorisant des libertés, car la comtesse était connue comme surtout lesbienne. Ici elle happe le sperme comme nulle autre. C’est le droit insigne du créateur. C’est une débauche en noir et blanc avec profusions de scènes qui ne laisse place à aucune autre imagination. Les érotomanes jubileront assurément.
Elisabeth Bathory Raoul Caceres. Tabou 176p. www.tabou-editions.com
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Le coin santé physique et psychique
Le concept de normalité de nos jours est sérieusement remis en question plus on avance dans la connaissance de la psychologie de l’être humain, voire son métabolisme. On se rend bien compte que l’homo sapiens ne forme pas un bloc monolithique qui se cantonne dans deux genres seulement, l’homme et la femme. Juliet Drouar le sait trop bien qui nous met devant la figure le miroir de ce que nous sommes en exhortant à Sortir de l’hérérosexualité. En quatrième de couverture de son manifeste elle se présente ainsi et on la cite in texto, c’est trop marrant “thérapeute, activiste, artiste, chercheuse, gouine, trans, pédé(e), blanche, valide, mince, de classe moyenne.” C’est beaucoup pour une seule personne et en même temps elle est toute ces représentations. Dans sa charge, elle s’en prend justement à l’idée qu’il n’y aurait qu’une barre de mesure en guise d’identification, qui serait le prétexte à toutes les intimidations qui ne correspondraient pas à un standard de genre. A lire, ce merveilleux plaidoyer pour la diversité. C’est aux éditions Binge.
Aux éditions Les liens qui libèrent l’économiste et professeur à Sciences Po Éloi Laurent présente Et si la santé guidait le monde ? Un titre on ne peut plus opportun au vu de ce qui se passe présentement sur la planète avec cette pandémie qui perdure un peu trop et ses incidences sur l’économie mondiale. En résumé, il invite à redéfinir la croissance à l’aune de la santé des personnes. La croissance n’est possible que de cette façon. Il en profite pour radiographier nos pathologies, nos habitudes bonnes ou mauvaises et revient sur les principes fondateurs de la prospérité. Au moment où la pandémie mobilise tout, c’est un ouvrage à lire pour prendre de la distance face à cette aliénation présente et se faire sa propre idée du futur qui pourrait nous attendre selon ce que nous serons comme hommes de bonne volonté.
Il y avait encore hier ce qu’on appelait la “famille nucléaire” pour représenter la cellule familiale contemporaine. Maintenant il faudrait parler de famille numérique. Que devient-elle, cette structure au moment où chacun des membres de la famille est scotché sur son téléphone intelligent ou son ordi en ignorant sa fratrie et père et mère ? La travailleuse sociale Michèle Lambin nous arrive avec Frères et soeurs pour la vie. Elle passe en revue le rapport des uns avec les autres, la sorte de hiérarchie qui s’établit entre eux. Et si le lien réel ne serait que de sang et pas davantage ? Car les exemples du contraire de liens fraternels sont multiples et décourageants. Ne portant pas de lunette rose, elle traite autant des complicités que des antagonismes. C’est aux éditions du CHU Sainte-Justine. Et au passage citons son autre ouvrage remarqué “Aider à prévenir le suicide chez les jeunes” au moment où les suicides des jeunes seront exponentiels au regard des mesures sanitaires qui privent la jeunesse de tout contact normal, voire de sexualité.
C’est une évidence que nous surconsommons et surtout en ces périodes de confinement voulues par les gouvernements comme mesure sanitaire. D’être à longueur de journée chez soi, télétravail compris, surgit le cadeau de la vie le plus insidieux, l’ennui, qui porte à consommer pour un oubli factice de notre détresse. On n’a qu’à voir le succès colossal d’Amazon avec ses commandes à la seconde. Et on parle d’écologie ? Que de boîtes pour emballer nos illusions et que de détritus les jours de cueillettes. Il y a un mal profond que décortique avec brio Valérie Guillard professeur en sciences de la gestion à l’Université Paris-Dauphine-PSL. Dans Comment consommer avec sobriété aux éditions de boeck supérieur elle répondra au désir de certains qui se voient acculer dans une sorte de cul-de-sac psychologique et qui peinent à sortir de leur dépendance à la consommation. Comment parvenir à une sobriété en la matière ? Voilà le propos de cet essai qui fait oeuvre utile.
Un regard sur le vieillissement, qui est loin d’être un naufrage comme l’identifiait le Général De Gaulle sans doute mal luné le jour de cette déclaration, Pierre Potvin psycho-éducateur de profession et professeur-chercheur retraité de l’Université du Québec à Trois-Rivières en a un, solide de surcroît, forgé par l’expérience de vie.. C’est un homme au riche vécu qui a été marié durant deux décennies à celle qui était alors la femme de sa vie. Ils ont ensuite divorcé, et l’auteur s’est ensuite mis en ménage avec un homme qui était un ami d’enfance retrouvé avec qui il coule des jours heureux. Il a donc senti la nécessité de partager différentes idées dans Un regard sur le vieillissement et la société en changement aux éditions Crescendo. Il passe en revue les a priori que nous avons, en général assez négatifs sur le fait de prendre de l’âge. Et il fait voir que c’est notre responsabilité de donner du sens au grand âge. Dépendant du soin apporté à notre santé, les activités consacrées, un zeste de spiritualité qui ne fait jamais de tort. Un de nos rédacteurs qui a en sainte horreur le fait de vieillir qu’il maudit carrément, a trouvé un peu de sérénité à cette lecture. C’est vous dire. Car comme on est appelé à vivre plus longtemps, autant le faire correctement et cet ouvrage est un guide tout trouvé en ce sens.
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