- MAI 2024 -
 
     
 


 

Une fille de la haute qui en pince pour un mauvais garçon

Paraîtrait que Jessa Hastings serait du genre à se triturer les méninges pour un rien. Elle doit souffler un peu, voire largement devant l’accueil réservé à son  tout premier roman Magnolia Parks qui est devenu un carton promotionnel sur la plateforme Tik Tok. Son histoire met en scène une fille très de notre temps, les nerfs à fleur de peau qui fréquente la haute dont elle est issue. Et comme les contraires s’attirent, voici qu’elle s’amourache d’un mauvais garçon, avec sans doute l’intention de le “sauver”. Mais lui va s’ingénier à lui rendre la vie impossible en multipliant les coucheries. L’auteure qui vit en Californie a très bien compris la tendance résurgente des romances, au grand étonnement des observateurs sociaux.  Car c’est un scénario banal mais qui trouve à faire vibrer. D’ailleurs le cinoche l’a bien compris qui veut transposer le roman au grand écran.
Magnolia Parks  Jessa Hastings. Hauteville  534p.  www.editions-hauteville.fr

 


 

Un étrange patricide

L’imagination est le trésor dans lequel l’homme ou la femme de lettres peut puiser pour trouver des pépites qui, transposées sur papier vont trouver leur lecteur. C’est le cas de Jean-Paul Dubois lauréat 2019 du Prix Goncourt qui débarque avec L’origine des larmes. Habituellement on prétend que les gagnants du Goncourt touchent au jackpot une fois, mais que la suite devient plus difficile car la barre devenant plus haute. Mais ici il n’y a aucune crainte, car avouez que c’est rare qu’un fils tue son père….qui est déjà mort. Étrange ? Attendez de plonger dans ces pages où des éléments de psychologie nous apprennent que cet ingrat fiston remuait depuis longtemps d’en découdre avec son géniteur. Nous allons suivre le protagoniste jusque dans le beau de son psychiatre où il déballe son fiel. C’est un exercice périlleux qui aurait pu être raté pour cause d’incohérence. Mais non, tout se tient. Dubois fait ici office de magicien des mots et des idées.
L’origine des larmes Jean-Paul Dubois. Éditions de l’Olivier, 245p.

 


 

Confessions d’une vedette de la télé française

Les québécois téléphages de la télévision française, connaissent sans doute Véronika Loubry qui a été en vue au petit écran de l’Hexagone dans des films.  Sinon vous la découvrirez dans son livre confession La vie m’a réservé bien des surprises. Cette quinquagénaire a tout largué du monde des projecteurs et des artifices pour se recentrer sur elle-même et préserver une qualité de vie. Car elle a su assez rapidement que la vie n’était pas un cadeau avec le cancer de son être aimé et d’autres vicissitudes. Elle partage actuellement son vécu sur les réseaux sociaux auprès de ceux qu’elle a baptisé ces “Instaamies”.  Elle est l’exemple de l’adage qui dit que ce qui ne tue pas rend plus fort. Elle envisage des lendemains heureux et nous gratifie de ses recettes de vie. Que dire, quand il est question de se faire du bien.
La vie m’a réservé bien des surprises  Véronika Loubry. Leduc 195p.    www.editionsleduc.com

 


 

Une réédition de Shogun

A Hollywood ce ne sont pas des créateurs qui mènent la cité du cinéma mais des comptables, car au sud de la frontière, le 7ème art ne compte sur aucune aide gouvernementale. Tout doit venir des poches du privé et ça doit rapporter. D’où des redites de succès du passé auxquels on ajoute un numéro de série. C’est ce qui se passe avec la série Shogun que l’on réadapte. Toujours basé sur ce roman triomphal de James Clavell paru en 1975. Chez l’éditeur Épopée Callidor on profite de la nouvelle version sur écran pour ressortir l’ouvrage. Nous sommes dans le Japon du dix-septième siècle, replié sur lui-même où les portes sont fermées à tout étranger. Un anglais va oser défier le territoire. Captif, avec son équipage de deux seigneurs nippons qui convoitent le titre de Shogun, ils vont passer de mauvais quarts d’heure. On connaît les supplices chinois ? Il y a aussi ceux des japonais qui ne déméritent pas de ce côté là.  Allez revoir ce classique des best-sellers qui n’a pas pris une ride.
Shogun James Clavell. Épopée Callidor, 646p.    www.editions-callidor.com

 


 

La riche histoire de la grimpe des Dolomites

Le massif italien des Dolomites est captivant. Certains n’hésitent pas à qualifier l’ensemble rocheux de plus belle montagne du monde. Chose certaine, même Jean-Paul II au temps de sa forme en pinçait pour ce coin où il aimait se retirer. Le grimpeur marseillais, connaît les Dolomites pour l’avoir escaladé, de même que d’autres parois sur la planète. Il s’est fait pour nous historien en nous racontant dans Dolomites 150 ans d’escalade le récit rétrospectif de tous ces audacieux qui ont gravi ces escarpements. C’est un livre très dense où on voit bien à quel point l’auteur s’est investi pour ne pas manquer de rendre hommage à quiconque à oser se mesurer à ces montagnes de toute beauté, faites de roches, de calcaire ou encore d’éléments volcaniques. Pour ceux qui voudraient prolonger le plaisir de cette lecture, Vaucher complète par une bibliographie succincte.
Dolomites 150 ans d’escalade Barney Vaucher. Éditions du Mont-Blanc 474p.   www.leseditionsdumontblanc.com

 


 

Le coin Miam Miam

Il y a un petit bout de temps que nous n’avions fait mention de l’actualité des livres de recettes. En voici deux qui ont retenu notre attention. Le premier aux éditions Béliveau est signé Émilie Maurice sous le titre Cuisine Ketozen en famille. Le mot Ketozen dans le titre, fait référence à cétogène, puisque keto est l’équivalent anglais de céto. L’auteure en a fait un néologisme accolant keto à zen. Bon finissons-en avec la sémantique et voyons cette offre culinaire simple, sans gluten ni juste assez de glucides ou pas du tout. Des voix négatives se sont élevées devant la possibilités de calculs rénaux, d’affaissement et quoi encore. Baliverne que tout cela quand on regarde des propositions telles que le filet de truite à la coriandre et à la lime, la poutine…mexicaine, ou bien des tartelettes au fromage et aux bleuets. Comment trouver là dedans de quoi de répréhensible! Il y a dans ces pages attrayantes de quoi sustenter les palais les plus exigeants.

Dans un autre registre, mais celui-là dans ce qui se fait de plus perfectible en cuisine française, sort Recettes & transmission réalisé en collectif par les meilleurs ouvriers de France, oui ceux-là qui arbore le col bleu-blanc-rouge à leur veste, signe distinctif de cette confrérier de prestige. C’est un album de classe qui a fait l’objet d’une réception émouvante à l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec. Cet album somptueux a été rendu possible grâce au mécénat de Louis Le Duff,  présent lors du lancement. Vous trouverez dans ces pages le summum de la gastronomie au pays de Baudelaire. Des exemples:  Mathias Héritier est fier de sa mousse de foies blonds de volaille aux chanterelles et trompettes de la mort. Le duo Jordan Goube et Jeanne Bousquet nous fait saliver avec leur carpaccio de poulpe aux agrumes. Alors que cet autre duo formé de Frédéric Simonin et Tracy Angelloz-Nicoud partagent leur recette de gonades prises dans une gelée iodée sous une crème onctueuse au fenouil sauvage, qui requiert 24 oursins. Vous voyez que nous flottons dans des cimes, non pas inatteignables, mais exigeantes. Et les photos à elles seules nous mettent en appétit. Ce n’est pas pour rien qu’il a été proclamé meilleur livre de recettes au monde.   

 


 

Un autre excellent roman sur l’inépuisable sujet de l’Holocauste

Anna Stuart écrivaine britannique de son état, s’est démarquée dans le paysage littéraire par des sujets inspirés par la maternité au sein des camps de la mort. Cela nous a d’abord donné “La sage-femme d’Auschwitz” qui a été vite remarquée. Elle persiste et signe cette fois avec La sage-femme d’Auschwitz. Qui narre la situation d’une femme incarcérée dans ce sinistre camp de la mort avec son bébé. Or il était interdit que les femmes gardent leur enfant avec elles. On tuait souvent même les mômes dans des moments d’atrocités que nous ne pouvons pas reproduire ici. L’enfant, une fillette, sera découvert. Or elle doit sa vie sauve au fait d’être blonde, correspondant à l’idéal nazi aryen. Le rejeton sera placé dans une famille allemande. La maman aura eu auparavant la précaution de tatouer son numéro de déportée sous l’aisselle de la petite Pippa. Après la guerre, elle se mettra en selle pour retrouver son enfant. La question posée en quatrième de couverture et qui donne déjà le goût de le lire, est parviendra t’elle à retracer la petite. D’abord, est-elle encore en vie ? C’est un roman puissant, sans doute inspiré de faits réels, le tatouage en moins.
La sage-femme de Berlin Anna Stuart. City 429p.    www.city-editions.com

 


 

Police et mesures sanitaires ne font pas bon ménage

La pseudo pandémie de la Covid-19 commence à être démasquée par de sérieux ouvrages qui ont pris le temps de faire les recherches adéquates pour appuyer leurs conclusions. Voici un des livres les plus intéressants qui aborde un angle de ce que fut la vie quotidienne au Québec durant la crise sanitaire, à savoir comment les forces policières ont composé avec l’application des mesures coercitives. On doit cette merveilleuse étude à Yves Boisvert et Luc Bégin. Sous le titre La police et les contrôles sanitaires ont voit que la réception de l’application par la police des règles contraignantes ont été accueillies très diversement. Après tout, le Québec n’a jamais vécu dans une dictature et voilà que l’on demandait à nos agents de la paix de traquer des gens qui avaient envie de vivre et qui ne croyaient pas une miette ou avaient de forts doutes sur ce que les autorités de la santé publique répandaient comme propagande de peur.  C’est une lecture qui rappellera de très mauvais souvenirs à plusieurs. On voit aussi le niveau d’improvisation du gouvernement dont le gouvernail menait à la dérive. Pour un travail universitaire, la lecture en est très vivante. En fermant ce livre, on souhaite ne plus jamais avoir à revivre ces horreurs. Et oui, la police a été instrumentalisée de la pire façon qui soit.
La police et les contrôles sanitaires Yves Boisvert et Luc Bégin. Les Presses de l’Université de Montréal  392p.   www.pum.umontreal.ca

 


 

Une radio de la Résistance se raconte

Il s’appelle Maurice de Cheveigné. Il a fait de la Résistance en France sous l’Occupation allemande. Il transmettait des messages radio codés. Un jour, il s’est fait prendre par la police allemande. A coups de nerfs de boeuf on a fini par lui faire avouer sa participation aux actions contre l’autorité en place. Il fut déporté au camp de concentration de  Sachsenhausen près de Berlin. Il a raconté tout ce parcours dans Radio libre salué par Daniel Cordier le secrétaire du chef de la Résistance Jean Moulin, comme “un bouleversant chef-d’oeuvre”.  Ce dernier a peut-être fait dans l’enflure, mais reste que ce livre est un sacré témoignage d’un héros, rien de moins. Beau gosse, Cheveigné recevra même des sollicitations homosexuelles dans ce camp maudit. Qui sera libéré fort heureusement par les Alliés. Qui a sacrifié sa vie pour rendre le monde libre. Publié en 2014 nous l’avons en format poche.  A lire par devoir de mémoire. Radio libre Maurice de Cheveigné. Éditions du Félin 254p. 


 


 

Un chant polyphonique sur le massacre à Paris au soir du 13 novembre 2015

Les attentats islamistes à Paris au soir du 13 novembre 2015 dont notamment le massacre au Bataclan, resteront à jamais gravés dans nos mémoires comme un des pires épisodes de l’Histoire de France. Et la littérature est au rendez-vous pour qu’on n’oublie jamais. Tel le récit de Laurent Gaudé  Terrasses” qui décrit sa soirée telle qu’il l’a vécue, lui et les siens. L’éditeur a raison de qualifier cette démarche de chant polyphonique. Chacun et chacune a “sa” soirée du 13 novembre. L’auteur mêle ces voix avec habiletés et transpose par quoi il est passé en termes de gamme d’émotions. C’est un récit court, une plaquette, mais le contenu dépasse largement le contenant.  Ces témoins n’oublieront jamais. Ils ont été confrontés à l’Empire du Mal rien de moins où toute humanité est évacuée.
Terrasses Laurent Gaudé. Actes Sud/Leméac 133p.     www.actes-sud.fr

 


 

Théâtre: un triangle amoureux

Jon Fosse est un dramaturge norvégien qui jouit d’une renommée égale avec Ibsen dont il est joué aussi souvent que ce dernier. En 2021 Fosse écrit Vent fort qui décrit l’arrivée d’un homme auprès d’une femme de laquelle il s’est absenté depuis fort longtemps. Cette dernière a entre-temps emménagé au quatorzième d’un immeuble. Mais ce n’est pas tout, elle a fait entrer un autre homme dans sa vie. Qui va d’ailleurs surgir au moment de l’arrivée du premier. Commence une relation à trois, trois voix qui devront faire avec cette nouvelle réalité. Mais ce n’est pas sans égratignure.
Vent fort Jon Fosse. L’Arche 60p.     www.arche-editeur.com

 


 

 Une psychographie de Philippe Sollers

 Philippe Sollers a quitté ce monde le 5 mai 2023. Une secousse dans la paysage des lettres françaises où ce dandy avait une place digne d’un pontife. En 1996, Pascal Louvrier avait brossé un portrait de lui. Il avait eu pour cela la complicité de son sujet. Avec l’actualité du décès de Sollers, on a cru bon de rééditer Philippe Sollers entre les lignes. Qui relève plus de l’essai que de la biographie classique. Ou plutôt d’une biographie professionnelle. On voit le jeune bordelais qui débarque dans la capitale française, et bonne étoile au-dessus de sa tête, sera vite reconnu par ses pairs. C’est un ouvrage fondateur pour qui veut connaître ce qui a guidé l’écrivain au fil de son existence.
Philippe Sollers entre les lignes Pascal Louvrier. Le Passeur 252p.    www.lepasseur-passeur-editeur.com

 


 

Dans le sillage de Protagora premier sophiste pré-socratique

Là on entre ici dans du sérieux: aller à la connaissance de Protagoras premier sophiste, et premier penseur de la démocratie. Professeur à l’Université Laval Jean-Marc Narbonne lui consacre un essai de grande rigueur qui se veut une relecture philosophique et historique de ce grand penseur de l’histoire de l’humanité. Qui conseillait Périclès sur des lois à mettre en place axée sur des fondements démocratiques. On sait peu de choses sur son statut social à sa naissance ou si il a été expulsé d’Athènes ou bien estimé par les athéniens jusqu’à la fin. Ce dont on est sûr c’est qu’il a été le premier à faire payer son enseignement et celà coûtait très cher. Ce qui lui vaut des critiques sur une prétendue rapacité. Agnostique il tranchait sur ses contemporains en ne reconnaissant ni en niant l’existence des dieux. On connaît l’essence de sa pensée à ce sujet quand il dit un jour que l’homme était la mesure de toutes choses.
Protagoras premier penseur de la démocratie Jean-Marc Narbonne. Presses de l’Université Laval 230p.     www.pulaval.com

 


 

Voici à quoi sera confrontée la nouvelle Top gun de la santé

Déjà que le ministère de la santé du Québec est un effroyable monstre bureaucratique, voici que Québec en rajoute avec une autre structure imposante en marge de la première avec une “Top gun” à sa tête qui vient du privé, Geneviève Biron. Si vous voulez savoir à quoi va devoir se mesurer cette nouvelle très haute fonctionnaire à la rémunération stratosphérique allez parcourir ce qui tombe à point nommé Les organisations de santé vues sous l’angle de la complexité. Que l’on doit à Paul A. Lamarche et Laura Maillet, le premier prof à l’Université de Montréal, la seconde à l’ENAP.  On décrypte cette démesure bureaucratique qui gruge près de la moitié du budget de la province. En fin de lecture on se dit que d’entrée de jeu, la nouvelle Top gun devra rendre son tablier assez vite, car c’est la lourdeur dévorante qui triomphe. Et on l’a vu encore vu dans l’actualité où le nombre de fonctionnaires a été en hausse.
Les organisations de santé vues sous l’angle de la complexité. Paul. A. Lamarche et Laura Maillet. Presses de l’Université Laval 186p.    www.pulaval.com

 


 

Pourquoi tout semble mener vers un apocalypse

Si vous êtes accro aux journaux télévisés où on vous déballe à la queue leu leu une ribambelle de catastrophes écologiques et économiques, on sera porté légitimement à penser que tout celà à une odeur de fin du monde. Bref, pour ceux que l’état du monde inquiète, voici un essai qui fait le tour des questions qui préoccupent le populo. Il s’intitule Effondrement: 20 scénarios possibles. Son auteur Thierry Brugvin est un universitaire sociologue. Dans ces pages il montre les interactions entre l’activité humaine et les soubresauts du climat. Avec à la clé comme mentionné dans le titre, vingt scénarios probables à partir d’une étude globale faite à partir d’autres études provenant d’organismes internationaux. De quoi alimenter votre propre anticipation des événements à venir.
Effondrement 20 scénarios possibles Thierry Brugvin. Éditions Yves Michel, 248p.   
www.yvesmichel.org

 


 

Déséquilibre psychique et incarcération

Posons la question, la prison est-elle la solution pour tous ? Un livre en son temps a remué certaines consciences. Il s’agit de Les évincés de Francis Lemuel le pseudonyme de Marc Christin décédé en 1916 à l’asile de Cery en Suisse. Ce type qui avait fait son droit, pour devenir un écrivain du genre étoile filante, c’est mis à frauder pour “gagner sa vie” expression horrible entre toutes surtout quand on n’a pas demandé à naître. Sa mascarade a pris fin dans les filets de la justice. Qui aurait pu se montrer clémente, mais le type était du genre récidiviste au point que la société en a conclu qu’il était atteint d’un déséquilibre mental. Reste que le mec a écrit ce livre fondateur qui interroge sur la manière dont on prend en charge en tôle les gens souffrant de perte de santé mentale. Un classique du genre pour les criminologues. Le gars peut-être n’était-il pas si pertrurbéque celà, car les lucides dérangent.
Les évincés Francis Lemuel. Florides helvètes 316p.     www.florideshelvetes.ch

 


 

Le quatrième polar du tandem d’enquêteurs Bonneau et Lamouche est sorti

J.L. Blanchard surfe sur le succès que procure son duo d’enquêteurs fétiches les Bonneau et Lamouche. Voici que sort le quatrième en titre de leurs aventures La femme papillon. Tout commence par une invitation faite par le président de la République française à Bonneau. Puis il va arriver une succession de crimes, dont en tout premier la disparition de Bonneau. Vous comprendrez que Lamouche débarque en trombe dans la capitale française pour élucider lui-même ce mystère. Il sera en butte avec la police locale qui voit d’un mauvais oeil ce québécois se mêler de leurs affaires. Évidemment ne comptez pas sur nous pour vendre la mèche tout de suite. Prenez d’abord le plaisir de voir l’évolution de l’affaire. Encore une fois ce quatrième opus contient les ingrédients qui font recette.  Ah oui, pour ce titre de la femme papillon, c’est qu’on prête à Bonneau d’être membre d’une sorte de secte dont la tête dirigeante est une femme qui porte ce surnom.
La femme papillon J.L. Blanchard. Fides 349p.   www.groupefides.com

 


 

LLes entrechats entre Cléopâtre et l’empereur César

De Cléopâtre, reine d’Égypte, on connaît la romance avec Marc-Antoine. Mais dans sa jeune vie de monarque (elle est sur le trône à 21 ans)  il y a ces démêlés avec le puissant empereur romain Jules César. Avant de vous lancer dans la biographie officielle de celle dont on a dit que si son nez avait été plus court le sort du monde aurait changé, vous pouvez vous rabattre dans le genre léger en lisant Le destin de Cléopâtre de Sonia Alain. C’est romancée bien entendu bien basé scrupuleusement sur les faits historiques, mis à part un passage où l’auteure s’est permis une digression avec l’Histoire. Elle a donc imaginé des dialogues probables. C’est la toute puissance du maître de Rome qui influe sur les humeurs de l’égyptienne qui craint que son royaume soit envahi par le premier. C’est écrit avec vivacité et la romancière qui est rompue avec le genre, maîtrise son sujet. Amateurs de romans historiques, vous êtes ici en affaire.
Le destin de Cléopâtre  Sonia Alain. Béliveau éditeur 324p.     www.beliveauediteur.com

 


 

La réaction des noirs français sous l’Occupation allemande

Non ce n’est pas un essai, mais bien un roman, celui de Didier Leclair, pseudonyme pour celui qui est à la ville Didier Kabagema, né à Montréal. Il a campé son histoire durant l’Occupation allemande. Qui met en scène deux personnages centraux, un prince héritier africain qui fait dans le trafic des diamants et un sbire de la gestapo qui le traque, lui et son entourage. Cela donne Le prince africain, le traducteur et le nazi. C’est un sujet singulier car rarement, même dans la forme roman on a tenté de circonscrire l’attitude des noirs français face à l’occupant. Et comme l’époque choisie est propice à tous les débordements, l’action ne manque pas. Chapeau à l’écrivain qui se démarque par l’originalité du thème retenu.
Le prince africain, le traducteur et le nazi  Didier Leclair. Éditions David 265p.    www.editionsdavid.com

 


 

Un universitaire juif qui égratigne Israël

Nous poserions la question. Quelqu’un qui a trouvé comme sujet de son essai Le nettoyage ethnique de la Palestine n’est certainement pas juif. Eh bien, si! Ilan Pappé natif de Haïfa et qui vit en Angleterre où il est professeur à l’Université d’Exeter, a publié son ouvrage il y a plusieurs années, où il admet que les siens sont entrain de perpétrer rien de moins à ce qui s’apparente à un génocide. Les éditions rue Dorion ont ramené cet ouvrage fondateur en l’augmentant de ce que l’actualité est venue confirmer des appréhensions de l’intellectuel. Nous voyons défiler tout l’historique de la machination entreprise par le gouvernement israélien pour évincer les palestiniens de leur territoire légitime. C’est une recherche de grande rigueur qu’il fait bon de relancer pour que ceux qui s’intéressent au Proche-Orient se documente à la bonne source.
Le nettoyage ethnique de la Palestine Ilan Pappé. Éditions rue Dorion 368p.    www.ruedorion.ca

 




 

Le coin de la poésie

Pour marquer le vingtième anniversaire de la collection “au petit fil rouge” les éditions du passage lancent Une terre incertaine de Robert Dion. Professeur de littérature à l’Université du Québec à Montréal. Il est le sérieux démenti de Sacha Guitry qui avait balancé un jour “que ceux qui peuvent font, ceux qui ne peuvent pas enseignent”. Dans son recueil, le poète est au zénith de son talent et nous offre un combiné d’existentialisme et de naturalisme. Extrait “Ma parole se heurte à la matière fracassée d’un seul jet rauque sur un écueil idéalement muet consent à son propre effacement”.  

Au Écrits des forges deux recueils. Le premier Le règne des incendiaires de Mireille Cliche. C’est une longue interrogation poétique sur la marche du monde, et comme il faut faire sienne sa vie. Une plaquette métaphysique de haute volée. Extrait de “Débarras” qui donne le ton “les vêtements sortent des penderies s’accrochent à moi les cintres se lancent au sol me supplient de ne rien jeter”.
L’autre, c’est Julie Stanton avec Dans le banc des âges. C’est quasiment la continuité psychologique du recueil décrit précédemment où la vie est sérieusement questionnée et  surtout la destinée humaine. Ici, la poétesse interroge sur la vieillesse. Sujet ô combien pertinent à notre époque où on ne jure que sur la jeunesse éternelle…la chimère de notre temps. Extrait “Parfois dans la glace du tentes de me séduire ah! Tes jolis mensonges fardés  j’ai quarante ans à perpétuité…” Jeunes adolescentes qui jouent aux nymphettes sur Tik Tok, allez lire ces vers lucides.

Enfin Une histoire dans une histoire dans une de Geneviève Blais aux éditions Poètes de brousse. Il y a dans ces poèmes pour beaucoup en prose, une aura de tragédie. On est dans le féminin qui a des relents de terminus, j’achève où je poursuis semble-t-on lire dans ces strophes chocs. L’heure est très sérieuse. Extrait de ce sixième recueil puissant “Elle Vienna elle joue ou elle prend sa carabine appuie sur les touches ou sur la détente elle serre les dents entre les mains sur la détente ou les touches  même chose”.

 


 

Harki pour s’en sortir

Le thème des déplacements de population, la migration, sera de plus en plus présent dans la littérature qui est souvent le reflet de son temps. Car pour moult raisons, on doit s’arracher à ses racines pour survivre. Dans cette perspective arrive ce magnifique roman aux allures de documentaire Le harki de Meriem que signe Mehdi Charef à qui on doit ce best-seller, “Le Thé au harem d’Archi Ahmed”. En plus il porte la casquette de réalisateur au cinéma avec onze films à son actif.  Dans ce dernier opus il s’attache à l’histoire d’un couple algérien, elle, répudiée par un premier mari pour cause soi-disant d’infertilité. Elle va trouver consolation auprès d’un brave homme Azzedine qui va se faire harki pour pouvoir s’établir plus facilement en France. Ce soit va s’accompagner d’une litanie de petits et grands problèmes, sans compter le remords d’avoir quitté un paysan n’eut été de cette fichue guerre qui ne laissait plus de choix. Et la France qui se vante d’être une terre d’accueil, une prétention à revoir.
Le harki de Meriem Mehdi Charef. Hors d’atteinte 216p.    www.horsdatteinte.org

 


 

Un testament comme il ne s’en fait pas beaucoup chez le notaire

Antonine Maillet n’a jamais fait comme les autres. Elle a créé des personnages plus grands que nature, Pélagie la charrette ou La Sagouine qui vont lui survivre. Et parlant de sa fin dernière,  l’égérie littéraire de l’Acadie se devait de faire en marge des autres. Elle qui n’a pas de descendance côté progéniture, a décidé de nous léguer Mon testament dans la Bibliothèque québécoise, document à valeur littéraire s’entend. Dans cet opuscule, elle revient sur ce qui l’a animé durant toutes ces années d’écriture. Elle sentait le devoir d’expliquer ses motivations. En tout cas, ceux qui commenceront par lire ce livre pour découvrir la femme de lettres, seront immédiatement relayé à aller vers les oeuvres qu’elle nous lègue. Car au final, ce sont nous les héritiers.
Et ceux qui veulent demeurer dans la magie de son travail, voici que la plus que nonagénaire persiste et signe avec son monde enchanté dans Le roi Ovide XIX suivi de Pensées flottantes chez Leméac.  C’est une fable où figure trois personnages, un chien, un nounours et un enfant espiègle. Et on pourrait ajouter un arbre très spécial qui serait le quatrième personnage. Car dans ses feuillages grouillent des bestioles inquiétantes pour le futur de l’humanité. Et puis comme l’écrivaine en renom ne finit pas de nous surprendre et qui oppose un fameux démenti en quoi la vieillesse serait un naufrage, disait De Gaulle, eh bien la dame nous offre du…slam! Vous avez bien lu, des vers qu’elle baptise “Pensées flottantes” où elle fait défiler ses centres d’intérêts pour la préservation de la culture acadienne. Décidément madame n’a pas dit son dernier mot.

 


 

La certitude que le français est en péril

Si vous vous inquiétez du fait français à Montréal qui est en décrépitude, allez voir aussi ce qui se passe en France où l’attrait pour la langue de Shakespeare est inquiétant.  Le linguiste et lexicographe Lionel Meney vous livre tous les arguments à l’appui de votre appréhension dans un essai remarquable de lucidité Le naufrage du français, le triomphe de l’anglais. Il fait la démonstration de l’emploi outrancier d’anglicismes que nous commettons nous-mêmes sans le savoir. Il est un lanceur d’alerte. Si nous ne faisons rien, c’est l’anglais qui aura raison de tout. Et la faute est pour beaucoup la fascination des nôtres pour cette langue qui est si “in” Oh excusez le mot….
Le naufrage du français, le triomphe de l’anglais Enquête. Lionel Meney. Presses de l’Université Laval 263p.      www.pulaval.com

 


 

Propos divers sur le fait d’écrire

André Bruneau a passé l’essentiel de sa vie professionnelle à écrire. Qui lui procure depuis toujours des joies innombrables, même s’il en connaît les exigences. Il a senti le besoin de faire connaître ce que peut éprouver la personne en face de la feuille blanche. Devenir écrivain nous dit tout sur l’art d’écrire, car c’en est un à certains niveaux. Dans son livre il garni les pages d’aphorismes sur de grands noms qui ont eu à définir ce que c’est que d’écrire. En tout cas, si l’auteur a voulu donner le goût de s’y mettre, c’est bien parti. Ce sont finalement d’heureux conseils. Si vous ambitionner d’écrire un livre, vous ne pouvez pas passer à côté de cet ouvrage qui livre des clés essentielles.
Devenir écrivain  André Bruneau. Les éditions de l’Apothéose 258p.     www.leseditionsdelapotheose.com

 


 

Les confessions d’Adriana Karembeu

Il fallait voir il y a peu l’ex top model et animatrice Adriana Karembeu sur le plateau de l’émission Quelle époque! Animé par Léa Salamé. La très belle femme qu’elle est et qui a pris avec humilité ses distances avec cette plastique remarquable, était venue faire la promotion de son livre Libre. Un grand moment d’émotion quand il est venu le temps d’évoquer son père, un monstre d’inhumanité avec elle, qui lui préférait sa soeur. Adriana a un moment donné a eu de la difficulté à poursuivre, tant elle est demeurée marquée par son géniteur qui a laissé en elle des traces indélébiles. Elle en avait les larmes aux yeux.  Dans ces pages elle décrit le milieu impitoyable du mannequinat. Elle qui avait les cheveux noirs comme un corbeau, a eu recours à un coloriste pour se muer en blonde incandescente et favoriser son ascension sur les podiums. En même temps, elle raconte la Slovaquie de son enfance, coupée du monde par le régime politique  où on ne connaissait ni d’Ève ni d’Adam les célébrités de l’Occident. Un ouvrage libérateur pour elle et fort intéressant pour le lecteur.
Libre Adriana Karembeu. Leduc 223p.    www.editionsleduc.com

 


 

Un arthropodien qui a son utilité

  Un roman peut-être d’utilité publique quand il transmet des valeurs d’inclusion. C’est le cas de la saga Rôdeur mortel de Mel Gosselin dont le tome premier a pour titre “La métamorphose” car c’en est une dans ces pages, celle de Luk Zau Cam un québécois d’origine chinoise qui va découvrir avec un peu d’effroi qu’il est un arthropodien. C’est une classe d’individus aux allures humaines, mais hélas avec des dispositions qui font en sorte que la société les isole. Un jour, le garçon esseulé fait la rencontre de l’Astronaute, un homme d’affaires nanti qui va justement le mettre à contribution d’un programme mettant en valeur les arthropodes.  C’est une association qui va produire des fruits merveilleux. Le hic c’est qu’on arrive trop vite à la dernière page. Vite monsieur Gosselin le tome II.
Rôdeur mortel Tome 1 La métamorphose. Mel Gosselin. Éditions Michel Quintin 218p.      www.editionsmichelquintin.ca

 


 

Quand les armées s’immiscent dans les laboratoires

C’est un très petit livre, qui risque même de passer inaperçu dans les rayonnages des librairies. Et pourtant il ne faut pas l’éviter, car il dévoile des pratiques à un niveau encore jamais soupçonné. Des treillis dans les labos de Fabrice Lamarck. On imaginait sans peine l’intérêt de l’armée au développement d’armes sophistiquées. Et comme la France est le troisième exportateur d’armements dans le monde, on ne sera pas surpris de voir l’effort mis dans ce domaine. Et comme la maison d’édition qui le produit est grenobloise, l’auteur s’arrête sur ce secteur géographique qui est un centre stratégique en importance dans le domaine. L’homme aime détruire son semblable, on ne s’en surprend guère. Mais à ce point…
Des treillis dans les labos Fabrice Lamarck. Éditions Le monde à l’envers 70p.   www.lemonealenvers.lautre.net

 


 

Qu’est-ce qui explique le côté belliqueux de Poutine contre l’Occident

Vladimir Poutine a engagé le premier combat en sol européen depuis la Seconde Guerre mondiale. On pensait ne jamais plus revivre de telles abominations. Eh bien l’adage qui dit que ceux qui ignorent l’Histoire sont condamnés à la revivre, dit vrai. Mais pourquoi cette animosité russe. Pour Jean-François Caron professeur de science politique à l’Université Nazarbayev au Kazakhstan, cela n’a rien d’étonnant et s’inscrit dans une continuité qui a pris naissance au XIXème siècle où les valeurs occidentales ont toujours paru comme décadentes. Et Poutine veut instaurer un ordre nouveau. Tout cela est bien expliqué dans son petit essai Russkiy mir. Les réponses sont données à ceux qui s’interrogent sur le pourquoi de l’agression en Ukraine.  C’est un beau cours que nous livre ce politologue versé dans la civilisation russe. On comprend bien les enjeux qui animent le Kremlin.
Russkiy mir Jean-François Caron. Coll. A propos des Presses de l’Université Laval 137p.   www.pulaval.com

 


 

Un aventurier précieux sur ce qu’était Cavelier de La Salle

Il s’appelait Jean-Baptiste Minet un ingénieur de son état qui écrivit en 1684-1685 une relation des expéditions de son contemporain René-Robert Cavelier de La Salle. Et dans ce compte-rendu, il est notamment question de la dernière exploration de ce dernier au Mexique. C’est un portrait beaucoup plus nuancé que l’Histoire a voulu faire du “héros” Cavelier de La Salle. Et pour une raison obscure, ce manuscrit est demeuré tapis dans l’ombre. On pense à des motifs politiques. Grâce au travail érudit de Danielle Trudeau, Louise Trudeau et André Sévigny on a maintenant ce témoignage de premier plan disponible, non seulement dans le vieux français original, mais dans sa traduction en français moderne. Qui donne un éclairage nouveau sur un pan de notre Histoire du Québec encore si méconnu.
Le manuscrit de Jean-Baptiste Minet Nouveau regard sur René-Robert Cavelier de La Salle. Édition critique de Danielle Trudeau, Louise Trudeau et André Sévigny. Les Presses de l’Université Laval 494p.   www.pulaval.com

 


 

Les certitudes du fondateur des éditions David

Yvon Mallette au terme de son existence pourra se satisfaire d’une vie accomplie, au-delà de son engagement professoral universitaire, ne serait-ce que par ce qu’il a mis au monde les éditions David en 1993 qu’il a dirigé jusqu’en 2008. Cet homme a des certitudes qu’il nous partage dans Marcher vers le matin. Un livre inqualifiable, sinon qu’il lui donne l’opportunité de nous faire part de ses observations. Il parle de tout, de l’indignation à voir des franco-ontariens parler anglais entre eux, d’un Canada qui ne sera peut-être pas toujours indivisible, d’un zeste de beauté du monde qui n’attend que l’on lui tende la main, etc.  Ce sont des pages de grande intelligence et d’une acuité rare. Vous aurez plaisir à confronter vos sentiments aux siens. Cet homme, décidément n’est pas scotché à son cellulaire, il voit le monde.
Marcher vers le matin Yvon Mallette. Éditions David 250p.     www.editionsdavid.com

 




 

 Toute une cuvé chez Mémoire d’encrier

La petite maison d’édition de la rue Bélanger, ne cesse de nous étonner par sa vivacité et le choix judicieux qu’elle fait de ce qui figurera à son catalogue. Et la dernière cuvée est de taille avec quatre titres qui valent le détour.. Commençons par ce Jonny Appleseed de Joshua Whitehead. Une histoire vraiment contemporaine car le “héros” est un travailleur du cybersexe (il faut bien gagner sa vie) qui est d’origine autochtone. Entre parenthèses on sait que nos premières nations affichaient du temps de la Nouvelle-France en tout cas, une grande tolérance aux amours qui n’osent dire leur nom. Les gays d’alors on les surnommait les berdaches. Mais maintenant qu’en est-il ? L’auteur nous emmène dans un monde où les excès se mêlent pour notre plus grand bonheur. A lire sans faute pour qui veut s’évader.

Si vous vous êtes laissé emporter par le lyrisme de Joshua Whitehead en regrettant que le titre recensé de lui précédemment se termine trop vite, alors consolez-vous, car vous pouvez poursuivre dans son monde avec Lettre d’amour au territoire. C’est un ouvrage fondateur pour qui veut comprendre cet homme de lettres appartenant aux Première nations du Manitoba. Ici  ce sont des pages autobiographiques où il se livre tout entier. Il porte un regard ajusté sur les siens, qui, parce qu’ils sont autochtones, ne sont pas exempts de toute critique. Avec lui on comprend le cumul des frustrations qu’il a accumulé en tant que gay, mais aussi combien sa communauté a souffert des affres du mépris de l’homme blanc, ce requin raciste par excellence.  C’est un livre pétri d’humanité. A l’ère numérique où l’altérité a été abolie, ça fait du bien à lire.

Vous avez ensuite Brenda Navarro avec Des cendres dans la bouche. Si on vous a dit que la vie était un cadeau, alors allez lire ce roman qui ressemble à la réalité de tellement de gens. Vous avez un jeune homme qui, à Madrid, se jette du cinquième étage. Puis sa soeur éplorée qui rentre au Mexique, le pays natal avec les cendres de l’infortuné. C’est elle qui est la narratrice à la première personne de ce bouquin qui nous marque en fin de lecture. C’est aussi d’un point de vue hispanique éloigné, un regard sur l’Espagne, la dominatrice. On pourrait qualifier, et c’est rare que nous le faisons, de chef-d’oeuvre.

C’est assez rare que cette maison d’édition publie de la poésie, mais n’est-ce pas l’exception qui confirme la règle ? Exception aussi par le contenu. Nous parlons ici du recueil Dans un monde où il se fait tard de Carolyn Forché. Difficile de cerner le fil conducteur de ses strophes. Il y a beaucoup sur la nature, sur l’exotisme aussi car on va d’un pays à l’autre. Alors si le rôle du poète est de créer des images, alors là c’est une réussite complète. Extrat “Ciel blanc, craie et basalte, macareux, fuchsia, et l’histoire criblée de particules de reconnaissance: celle-ci imbibée d’essence …”

 


 

Un roman qui a fait cartonner sur Netflix

L’actrice Jodie Foster qui ne s’est pas trop investie comme réalisatrice de séries télévisées, a reconnu que c’est maintenant chez celles-ci que l’on peut trouver du bon cinéma. D’abord pour la force des moyens mis en oeuvre, mais aussi pour la qualité des histoires. Et l’exemple le plus récent est Damsel tiré du roman de Evelyn Skye et qui fait un tabac sur Netflix. Une duchesse qui vit dans un royaume hypothéqué par la famine et qui se voit offrir, tel une sorte de pacte faustien, de pouvoir soulager les siens à condition d’épouser un brillant voisin. Et charmant de surcroît.  Mais comme on connaît vraiment quelqu’un que demain et surtout le surlendemain, la jeune noble va largement déchanter. Alors si son royaume était dans une sorte de misère, qu’en est-il alors de celui voisin dont elle a épousé le représentant. De la romance pimentée d’actions, ça en demande pas plus pour vous garder en haleine.
Damsel Evelyn Skye. Stardust 377p.    www.hugopublishing.fr

 


 

Se rappeler de Michel Lessard un géant de la préservation de nos patrimoines

La devise du Québec est “Je me souviens” et ironiquement c’est ici qu’on oublie tout. C’est faire injure à des pointures comme Michel Lessard (1942-1922) entre autres professeurs à l’UQAM qui, un des premiers, a consigné tous nos trésors patrimoniaux, matériels et immatériels. Il a abattu une somme de travail considérable, qui force l’admiration, passant un temps fou à dénicher des trésors chez des gens qui n’en savaient rien. Sous la direction de René Bouchard on lance La somme d’une vie qui brosse le portrait professionnel de cet ethnographe d’exception. C’est un travail collectif avec la collaboration de Yves Bergeron et Jean-Pierre Pichette. Un tribut à cet intellectuel qui aimait profondément le Québec et qui a voulu recenser ce qui doit faire l’objet de nos fiertés. Il était temps de se souvenir de lui.
La somme d’une vie Le patrimoine du Québec selon Michel Lessard. Collectif. Presses de l’Université Laval  277p.      www.pulaval.com

 


 

Le coin de la BD

 La BD si à l’origine a été créée pour divertir, avec les décennies elle est devenue une source d’information sociale et culturelle. Voici que le l’inceste s’invite dans ce domaine avec un récit coup de poing, celui de Héloïse Martin qui s’est inspiré de ce qu’elle a vécu à ce propos. Appuyé par les talents conjugués de Baptiste Magontier et Valentine de Lussy cela donne Les yeux fermés. Cela débute par un repas champêtre chez des grands-parents aimés. Et qui va se trouver parmi les convives, l’agresseur. Qui a pourtant été reconnu pour agression sexuelle et condamné mais pourtant invité. C’en est trop. Vous lirez la suite de comment Émilie veut en découdre. C’est aux éditions Dupuis.

 


 

 Le théâtre espace de vérité

S’il y a encore un quarteron de gens qui aiment aller entendre des classiques au théâtre, la grande majorité de la clientèle contemporaine aime se faire ramasser avec des pièces crues qui disent sur scène ce qu’on est incapable de révéler dans la vraie vie, par peur du regard des autres. La pièce Pisser debout sans lever sa jupe, déjà le titre intrigue, a pour décor un enterrement de vie de jeune fille. Elle s’appelle Ariel. Les proches sont là, mais une absence sera remarquée, qui va faire l’objet de toutes les conversations. On déballe alors des vérités que l’on a dans le nez. Et quand l’alcool est outil de désinhibition…C’est toujours jouissif d’entendre la vérité éclater. La pièce de Olivier Arteau (un patronyme décidément destiné au théâtre) est complétée à l’écrit parce qu’on nomme ici un contrepoint que signe la comédienne Debbie Lynch-White qui dans ce texte d’une violence rare, ne fait mystère de ce qu’elle renvoie comme image et du peu de désir que l’on peut avoir envers elle. Plus réaliste que ça tu meurs.  C’est rafraĉhissant de savoir qu’il existe des espaces libérateurs pour faire entendre ce que sont vraiment les gens sous leur carapace.
Piseer debout sans lever sa jupe Olivier Arteau suivi d’un contrepoint de Debbie Lynch-White.

 


 

Des exemples de moralité douteuse par Balzac

Pouvait-on s’attendre d’Honoré de Balzac, signataire de la Comédie humaine, qu’il ferme les yeux sur les agissements de ses contemporains ? A l’en croire, l’homme est par essence un filou qui n’attend que son heure et il nous en donne la preuve par cent avec sa galerie d’escrocs ou d’esprit retours en tout genre dans Le code des gens honnêtes ou l’art de ne pas être dupe des fripons. S’il vivrait de nos jours, il reconnaîtrait ces mauvaises personnes qui exploitent leurs semblables sur les réseaux sociaux. Mais en son temps, il a eu l’occasion d’en voir défiler de toutes sortes. Et c’est amusant de voir par quelles manoeuvres sont utilisées pour faire les gens. Il y en a qui ont élevé le vol à des niveaux frisant le monde de l’art. Si vous ne savez pas encore qui est l’homo sapiens, alors allez vous déniaiser avec ce démiurge de la littérature qui fait ici oeuvre utile en nous mettant en garde. L’homme est loup pour l’homme, ne l’oubliez jamais.
Le code des gens honnêtes ou l’art de ne pas être dupe des fripons Honoré de Balzac. Le temps des Cerises 171p. 

 


 

La haine que se se vous israéliens et palestiniens expliquée par le menu

Puisque que l’actualité y revient constamment et surtout depuis ce fameux 7 octobre 2023 par une horde du Hamas en territoire israélien, qui a stupéfié le monde, à commencer par le renseignement israélien qui n’a pourtant rien vu venir. Et depuis on sait ce qu’il est advenu avec cette riposte féroce dans la bande Gaza. Alors ce serait peut-être le temps de s’offrir un cours d’histoire de ce qui est à l’origine de ces comportements belliqueux. Un merveilleux livre de vulgarisation de politique au Proche-Orient Comprendre le 7 octobre 2023 cosigné par Genovefa Étienne et Claude Moniquet. On part de la Bible en passant par la création de l’État d’Israël en 1948, sous la pression anglaise, source de tous les conflits.  Il y a eu tellement de sang versé depuis qu’on sort de cette lecture en se disant que cette guerre fratricide ne trouvera jamais de fin. Précisons que c’est le tome 1 qui paraît en ce moment.
Comprendre le 7 octobre 2023  Tome 1 Genovefa Étienne et Claude Moniquet.  Éditions du Félin 282p.        

 


 

Les animaux ont tort de penser

Les sociologues et tous ceux qui étudient l’homo sapiens vantent le fait qu’il est le seul de son règne à pouvoir penser. Mais en même temps, la raison peut devenir son pire ennemi, pire encore, la déraison. Alors imaginons un peu des animaux qui se mettent à penser. Cela peut occasionner des dérives regrettables. C’est ce que veut nous dire Geneviève Després qui nous présente des charmantes bêtes qui ont eu le malheur de faire des faux-pas causé par un raisonnement discutable et qui regrettent, le fameux Si j’avais su…qui est le titre de cette tendre historiette.
Si j’avais su…Geneviève Després. Les 400 coups.  www.editions400coups.com

 


 

L’exil bruxellois de Baudelaire

Comme l’avait fait Victor Hugo quelques années plus tôt, Charles Baudelaire qui avait sa dose de déconvenues à Paris, décida de s’exiler lui aussi dans la capitale belge. Il logera deux années durant à l’hôtel du Grand Miroir, chambre no. 39 un lieu de pèlerinage pour les baudelairiens fanatiques. Gilles Ortlieb évoque ce pan de son existence dans Au grand miroir. L’auteur s’est donné une difficulté additionnelle, de faire sentir la présence de Baudelaire telle  qu’il a réussi à ne pas nommer une seule fois dans ces pages, le nom de l’écrivain. On imagine aussi la recherche préliminaire qui a été faite pour restituer le Bruxelles de cette époque, mais aussi comment vampiriser l’esprit des Fleurs du mal. C’est un beau travail d’orfèvrerie psychologique. En fin d’ouvrage l’auteur détaille sur les motivations qui l’ont amené à ce travail biographique.
Au passage, si vous aimez la limpidité du style de Ortlieb, le même éditeur, Le bruit du temps, lance cet autre bouquin de lui, un récit intitulé Le sel, la dame et l’éponge. Indéfinissable, ce livre part de la métaphore faite autour de l’éponge, qui nous ramène en Grèce et qui voyage. A partir d’elle, il bâti des considérations intéressantes sur notre passage terrestre.  C’est fou, où le sens de l’observation peut mener. Chose certaine, en tournant la dernière page, vous ne verrez plus sur les étals l’éponge de la même façon. Objets inanimés avez-vous une âme ? questionnait en un autre temps le poète.

 


 

Dérives amusantes sur les fautes d’orthographes

Les salles de cours étant devenues d’un ennui mortel, pas étonnant que les jeunes se détournent du français (l’anglais étant si séduisant). Avec pour conséquence des échecs en français lamentables même en bout de parcours du niveau primaire. Bref, comme il faut savoir rire de tout,  Danielle Loranger s’est emparée de ce constat pour créer un album de dessins désopilants Sam Sixmoineaux orthogaffeur. Un jeune qui fait des fautes comme d’autres respirent. L’auteure produit un de ses textes qu’elle traduit en illustration. Aussitôt le tragique de la situation s’estompe au profit de grands éclats de rires ou de sourires amusés.
Sam Sixmoineaux orthogaffeur! Danielle Loranger. Bouton d’or Acadie 47p.   www.boutondoracadie.com

 


 

Une histoire sur les coulisses d’une manga

Les mangas, statistiques à l’appui ont la cote. Jocelyn Boisvert en est friand. Et il ne se contente pas de regarder la parade, il adhère. Le voici qu’il nous arrive avec Kung-Fu Manga qui nous présente deux personnages Dylan et Laurie. Qui ne veulent pas se faire embrigader par des règles préétablis et veulent faire le manga qui leur plaît. On voit donc ce qui se passe dans les coulisses de cette création particulière. Nous avons donc droit à un livre et une histoire et non un manga comme tel. Seule référence, on commence le récit par la fin comme ça se passe avec les mangas.
Kung-Fu manga Jocelyn Boisvert. Les malins   www.lesmalins.ca

 


 

Biographie de la vie sur la Terre

Tout comme un personnage, la planète Terre avec ses 4,6 milliards d’années a sa propre “biographie”. Et c’est le paléontologue et biologiste Henry Gee qui s’en est chargé avec Une (très) brève histoire de la vie sur Terre. Celui qui est également rédacteur en chef du magazine Nature se rend captivant dès le début des premières lignes avec la genèse faite de nébuleuses, de gaz, de champs magnétiques, de noyau en fusion et toutes les couches de çi et de ça qui vont constituer la planète. Avec des mécanismes de protection contre les rayons dardent du Soleil.  Et même s’il prévient que c’est une très brève histoire, il n’a pas négligé une somme d’informations hallucinantes. La qualité de ce genre d’ouvrage de vulgarisation de haute volée, on l’a souvent répété,  c’est qu’on sort de cette lecture plus intelligent que lorsqu’on est entré. Le plus beau compliment à attribuer à cette sortie littératie scientifique.
Une (très) brève histoire de la vie sur Terre Henry Gee. JC Lattès 426p.  www.editions-jclattes.fr

 


 

L’obsession de la réussite, du bonheur et de l’amour

C’est en ces termes que se conclue la quatrième de couverture de Avide de Myriam Vincent pour tenter de résumer ce qui attend le lecteur dans cet ouvrage qui met à l’avant-plan une jeune femme, Ève, insatisfaite de son niveau de vie, tant professionnel que matériel. Et qui veut passer à la vitesse supérieure. L’occasion lui en est offerte avec une chasse au trésor organisée par une collectionneuse d’art, promotrice du plein air. Et il semblerait que notre Ève serait proche d’indices permettant de mettre possiblement le grappin sur un joli magot. Entre parenthèses elle fait la rencontre d’une autre femme avec qui elle lie des liens affectueux. Mais l’argent est un maître impitoyable qui a bien d’autres considérations que les affects du coeur. Parviendra t’elle à “matérialiser” son rêve ? Nous vous laissons le soin de le découvrir dans ces pages écrites avec une maestria qui force l’admiration. Un texte qui pourrait servir dans une classe de maître en français.
Avide Myriam Vincent. Poètes de brousse 426p.    www.poètesdebrousse.org

 




 

Le coin santé physique et psychique

Le Dr. Rahul Jandial est neurochirurgien et chercheur en neurosciences. Il nous arrive avec un bouquin qui fait l’inventaire des dernières données en neurosciences. Dans Pourquoi nous rêvons, le scientifique nous apprend que le rêve a une utilité que nous ignorons car il a préservé l’espèce humaine. Entre autres, le rêve aide à l’apprentissage. Rêver n’est donc pas superfétatoire, c’est une composante essentielle de notre équilibre psychique. Ce livre publié aux éditions Leduc est fondateur pour qui veut parfaire la connaissance de qui nous sommes. Le cerveau n’a pas dit son dernier mot, et rassurez-vous, on se rend compte que l’intelligence artificielle, tant vantée et présentée aussi comme une menace pour le cerveau, est loin de lui arriver à la cheville.

L’autre jour sur le plateau de l’émission C à vous, la philosophe Elisabeth Badinter avouait ne pas comprendre comment une femme et mère pouvait parvenir, dans ce monde hyper-stressant, à concilier le rapport travail-famille. C’est qu’elle n’a pas eu accès au livre Parents heureux famille heureuse de Priscilla Beauregard aux éditions JCL. Cette mère de trois enfants est éducatrice spécialisée à la ville et fondatrice de Refuge Bohème, une organisation de développement personnel. Dans ces chapitres, elle fonde sa structure sur l’équilibre parental. Si les moteurs de la famille ne vont pas bien, ce sera un effet domino dévastateur. Les interactions sont également primordiales. Bref un petit livre qui n’a d’autre prétention que de nous faire du bien.