- MARS - avvril 2023 -
 
     
 


 

L’époque révolue des bateaux blancs

Les passéistes vous diront que c’était mieux avant. L’analyse des faits leur donne souvent tort. Mais il y a une chose que l’on peut déplorer c’est la disparition des fameux bateaux blancs qui sillonnaient les eaux du fleuve Saint-Laurent et du Saguenay. Des bateaux de croisière abordables qui faisaient la joie des passagers. Ils étaient la propriété de la Canada Steamship Lines qui délaissera cette activité commerciale en 1965. Louis-Vincent Barthe qui est officier de navigation au long cours revient sur cette époque chargée de nostalgie. L’épopée des bateaux blancs qu’il présente avec force imageries, raviveront bien des souvenirs à qui aura eu l’opportunité de monter à bord de ces navires. L’auteur nous raconte le quotidien des ces équipages qui savaient prendre du bon temps une fois les pieds sur terre.
L’épopée des bateaux blancs Louis-Vincent Barthe. Les éditions GID 205p.     www.leseditionsgid.com

 


 

Il était une fois Rimouski

La réputée collection “100 ans noir sur blanc” aux éditions GID compte un nouvel opus et pas le moindre. En effet, sous la plume de deux anciens journalistes de Radio-Canada dans le Bas-Saint-Laurent Sylvie Pineau et Richard Saindon on a choisi de raconter Rimouski chargée d’une si riche histoire qu’il était inconcevable de passer à côté. Si vous êtes familiers de cette série d’ouvrages, vous savez qu’on décrit en photos le quotidien des citoyens du lieu désigné, et ce sur une période de cent ans. Comme toujours une iconographie émouvante. Prenez par exemple ce cliché obtenu de la ville en 1920 vu depuis le monastère des soeurs du St-Rosaire. Pas moins qu’un bled qui connaîtra un développement fulgurant avec des figures de pointe comme le visionnaire Jules-A. Brillant, qui domina l’économie locale, notamment dans le domaine des communications. Par ailleurs, bien que la rivière Rimouski était attrayante, on comptait les noyades par dizaines. Trop de nageurs téméraires dans ces eaux tumultueuses. Vous avez une photo de 1950 montrant l’archevêque Georges Courchesne dans son cercueil, ce prélat ultraconservateur qui finit par avoir la tête de Mgr. Charbonneau l’archevêque de Montréal. Que de trésors à découvrir pour tous, au premier chef les rimouskois.
Rimouski une histoire à livrer Sylvie Pineau et Richard Saindon. Gid 208p.    www.leseditionsgid.com

 


 

Un abécédaire sur Patrick Bruel

Il y a bien des manières de raconter une carrière artistique. Frédéric Quinonero qui a un bon palmarès de biographies de vedettes à son actif a choisi la forme de l’abécédaire pour présenter Patrick Bruel. Ce dernier qui était il y a peu sur le plateau de Quelle époque sur France 2 pour présenter son dernier disque n’est pas confronté au passage à vide. Au contraire, il en profita pour annoncer la mise en vente pour des billets au Zénith de Paris pour…mars 2024! L’interprète de Qui a le droit a déjà un bon bagage derrière lui, tant comme auteur-compositeur-interprète que comme acteur de cinéma. Dans cet album richement garni de photos à différentes époques, on apprend qu’à ses débuts il vouait une grande admiration pour Jacques Brel qui figure à la lettre B, et dont il inscrivit des oeuvres maîtresses du créateur d’Amsterdam dans ses prestations. Un beau cadeau pour les inconditionnels de l’artiste.
Patrick Bruel au fil des mots Frédéric Quinonero. L’Archipel 154p.  www.editionsarchipel.com

 


 

Le beau conte de l’aviation

Parmi les belles histoires à raconter aux jeunes enfants, il y a l’épopée de l’aviation. C’est ce qu’a décidé de faire Francesco Tomasinelli sur des illustrations de Diletta Sartorio. Dans cet album coloré à souhait on débute avec les premières explorations faites par Léonard de Vinci qui observa dans un premier temps, les manoeuvres des oiseaux. Car ça été un fantasme de tout temps dans l’humanité, que de pouvoir s’envoler dans le ciel. Le mérite de l’auteur c’est de s’en être tenu à l’essentiel des grandes étapes qui ont marqué l’aéronautique. Ainsi c’est au cours de la Première Guerre mondiale que verra naître l’hydravion. Toute une révolution en son temps.
Avions Francesco Tomasinelli et Diletta Sartorio. Nuinui jeunesse.  www.nuinui.ch

 




 

Chez Nuinui à la découverte des dinosaures

Les dinosaures de par leur dimension hors norme étaient et sont encore des bêtes fascinantes. Que le cinéma a tôt fait de récupérer pour enflammer les imaginations. Deux albums sortent chez Nuinui qui nous les présentent. Deux chinois Yang Yang sur des illustrations de Zhao Chuang nous servent de guide pour mieux identifier ces monstres dotés de forces incroyables et qui ont vécu tout de même des millions d’années jusqu’à ce que le choc d’un météorite sur notre planète les évincent du décor. S’il y a en a de très connu comme le tyrannosaure dont on parlera plus loin, il y en a une foule à découvrir tels le tianchiasaurus, le yunnasaurus, ler panguraptor et le saturnalia, des noms qui nous sont si peu familiers aujourd’hui. Quel univers.

Les mêmes créateurs que l’on vient de citer, se sont attachés plus spécifiquement au tyrannosaure, souvent plus connu sous l’abréviation de T-Rex considéré comme le roi des dinosaures qui donne son titre à l’album qui lui est entièrement consacré. Un animal terrifiant au possible. L’ouvrage est une véritable prouesse d’imprimerie avec des encartés qui ont dû être un défi pour la maison d’édition. On analyse en profondeur l’anatomie de ce violent prédateur, avec des coupes de la boîte crânienne et cette dentition redoutable.

 






 

Le coin de la BD

Benoît Peeters s’est donné une grosse charge de travail en décrivant l’histoire de la bande dessinée. En bédéiste qu’il est lui-même avec notamment son fameux cycle des Cités obscures il était en terrain de connaissance. 3 minutes pour comprendre 50 moments-clés de l’histoire de la bande dessinée. Le titre est modeste car il faut tout de même plus que trois minutes pour parcourir cet ouvrage nourri d’informations qui citent les pionniers du domaine et les personnages phares comme Superman, Tintin, les Schtroumpfs et quoi encore. Un travail de bénédictin pour reprendre le cliché bien connu. C’est au éditions du Courrier du Livre et un livre de référence.

Aux éditions Prise de parole un grand survol historique avec 500 ans de résistance autochtone de Gord Hill. Le livre d’histoire accessible qui devrait figurer au programme officiel de toute institution scolaire digne de ce nom qui aurait encore à coeur le goût de faire aimer la connaissance aux tout-petits. Car le mec a réussi dans des limites bien circonscrites à faire un survol des guerres entre premières nations des continents américains contre les envahisseurs, que ce soit les Aztèques, Mayas et Incas contre les hordes espagnoles jusqu’à notre Crise d’Oka en passant par les batailles livrées par les amérindiens dans le Far West tant canadien qu’américain. Une sorte de justice rendue à l’histoire réelle gommée par l’histoire officielle des forces dominantes.

Chez Graph Zeppelin c’est un grand voyage dans l’Italie antique avec Thrace du duo Trifogli et Celestini. Avec le tandem on fait connaissance avec une jeune noble de Pompéi prénommée Adriana qui a une proximité un peu particulière avec son esclave Cleio. Arrive l’éruption du Vésuve. Ils vont s’en sortir sains et saufs. Les deux se verront séparés, elle devra épouser un homme de son rang. Et il faut dire que l’oncle de la belle s’était montré brutal avec Cleio le rappelant à sa condition sociale. Les années passent et dans un spectacle du cirque, qui Adriana voit-elle ? Cleio en gladiateur. Cupidon sera de retour. C’est le tome 1 de ce qui s’annonce comme une série.
Et terminons par une note érotique avec la sortie chez Tabou du premier tome de Kiff pulpeuses et généreuses de Max Sulfur quel patronyme prédestiné car il fait dans le sulfureux ce gars issu du monde de la pub. Avec lui on partage la vie du pauvre Markus que toutes les belles du coin s’arrachent. Oui, ces dames sont à l’initiative, telles que la nature les ont doté si ce n’était de l’éducation pudibonde auxquelles elles sont assujetties. Voyez la femme dans toute sa splendeur chasseresse. Les hommes fantasmeront à souhait sur ces femelles en chaleur. On est de tout coeur avec cet homme désoeuvré devant tant de hardiesse.

 




 

Le coin de la poésie

Le regretté Charles Aznavour avait pour marotte qu’il fallait intéresser son auditoire dès les premières minutes, les premières notes, au risque qu’il décroche. La poétesse Caroline Dawson a compris le message car dès les premières strophes de son recueil Ce qui est tu elle marque des points. Extrait “je m’invente des cicatrices mes tibias bruns martèlent la terre la poussière des jeux repère sous mes ongles…” Elle s’adresse dans ses mots à son fils âgé de sept ans qui se passionne pour les bestioles tel un entomologiste en herbe. Elle veut lui livrer à sa façon tout ce qu’elle a vécu comme réfugiée, elle qui quitta le Chili à l’âge qu’a actuellement son fiston. Il y a de belles envolées. C’est publié chez Triptyque.

La guerre qui sévit en Ukraine ne pouvait pas laisser indifférent une âme sensible de poète. En voici un qui s’est déjà commis sur le sujet Bernard Anton qui nous a donné un précédent opus intitulé, “Lauriers pour l’Ukraine”, Il persiste et signe avec Anathema sur l’usurpateur aux éditions Les impliqués, en recourant au genre du haïkus. Au passage en couverture, une illustration de l’artiste visuelle Hanna Zahoma “Couleurs de l’Ukraine”. On ne peut être plus près de l’actualité. Extrait “terreur inhumaine bâtisses et vies détruites lune ensanglantée”. C’est si poignant qu’il vaudrait la peine qu’un comédien en lise à voix haute des passages au cours d’une soirée bénéfice pour venir en aide à ces infortunés ukrainiens aux prises avec la folie aveugle russe.

Aux éditions de La Grenouillère Daniel Guénette nous sert La châtaigneraie. C’est la célébration d’une amitié. En effet le poète était lié avec le romancier Gérald Tougas qui avait pour grand plaisir de contempler les arbres peuplant sa châtaigneraie. Bonheur brutalement interrompu par sa cécité. En quelque sorte, ce que Guénette réalise, c’est ce qu’on appelait à l’époque des Lumières, un tombeau, un hommage en quelque sorte. Extrait “En ce temps-là nous ne savions pas encore que janvier était mis en danger par une boussole détraquée le nord n’était pas encore tout à fait perdu”
Chez Prise de parole Xavier Gould présente Des fleurs comme moi. Qui est le fruit d’une réflexion identitaire d’une figure queer acadienne. Ce qui est déjà singulier en soi. C’est ici de la poésie revendicatrice. On n’est pas dans les fleurs bleus, et les mots veulent bien dire ce qu’ils ont à dire. Et c’est écrit dans ce qui pourrait être du chiac, le patois acadien mêlant français et anglais. Extrait révélateur du ton “quand chu trop fucked up ej end up tout le temps en avant d’un miroir yink pour me trouver laide”.  A lire et méditer sans faute car le sujet traite de la question du genre, si d’actualité.

 


 

Un polar qui mêle le dur et le doux

Kim St-Pierre débarque aux éditions Goélette avec un polar, son tout premier, pour lequel elle a créé son enquêteur fétiche avec qui il faudra faire connaissance et qui a pour nom Léa Beaumont. Comme une ombre a pour décor la ville de Montréal. Qui se signale maintenant, et pour de vrai, dans une violence exponentielle jamais vue. Qui donne de la crédibilité aux actes sordides qu’elle décrit. En effet on répertorie des cadavres de femmes qui ont en commun d’avoir été violées avant d’être trucidées. Du travail en perspective pour dame Beaumont. Qui doit composer avec un profileur, Jules Trépanier. On ne vous révélera certainement pas la conclusion sur ces meurtres multiples, de crainte que vous boudiez votre plaisir. Sachez que pour une première incursion dans le genre du policier, l’auteure a bien compris comment entremêler les ingrédients qui font recette. On annonce déjà une suite aux enquêtes de Léa Beaumont. Prometteur.
Comme une ombre Kim St-Pierre. Goélette 225p.    www.goelette.ca

 


 

Peut-on redevenir beatnik ?

Si vous désespérez, et avec raison de l’inhumanité de notre époque numérique et que vous cherchez de la pâte humaine, alors voici une lecture toute trouvée, indiquée roman mais qui en réalité est un récit, celui de Richard Walter un trublion révolté de tout, qui en France va vouloir se la jouer à la Jack Kerouac, se déplaçant comme on pouvait le faire encore dans ces années soixante-dix, en faisant du pouce. C’est de l’humain pur jus. Et le gars ne fait pas dans la dentelle pour décrire ce qu’il ressent. La faute à Kerouac est l’histoire si vous voulez de celui quoi serait le dernier beatnik de l’Hexagone. Imaginez que ce gars à rebours de tout, doit faire son service militaire..désopilant. Il sera vite réformé et on le comprend, inadaptable. Quelle lecture que nous vous recommandons fortement à mettre au dessus de votre prochaine pile d’achats de livre.Il nous parle d’un monde que les moins de vingt ans, évidemment, ne peuvent pas connaître et ne connaîtront jamais plus.
La faute à Kerouac Richard Walter. Les impressions nouvelles 202p.   

 


 

Un être machiavélique prend plaisir à torturer des femmes

Le titre à lui seul est tout un programme Hurlements. Et quand on sait que ce thriller porte la signature de Alexis Laipsker qui a tâté du média longtemps et qui est une pointure au poker, ça promet. Les forces de l’ordre sont en face d’un maniaque en série qui prend un plaisir diabolique à mutiler des femmes pour les entendre hurler. Celà fait penser à l’innommable duo baptisé les tueurs du coffre à outils aux États-Unis qui jouissait de l’agonie de leurs victimes, leur intimant de hurler leur douleur. Ici le sadique agit seul. Le commissaire Venturi et sa partenaire la criminologue Olivia Montalvert ont du pain sur la planche. Ils ne seront pas au bout de leur surprise. Nous avons adoré la manière dont l’enquête est menée et sa conclusion. Vite monsieur Laipsker, un autre opus!
Hurlements Alexis Laipsker. Michel Lafon 397p.   www.michel-lafon.ca

 


 

Des squelettes dans le placard d’un village savoyard

Deux heures avant la fin de l’été de Sébastien Pierroz est un polar qui a pour cadre un petit village savoyard. Le protagoniste, Damien, basé à Londres pour son travail auprès de Greenpeace, doit retourner dans son bled d’origine dans le cadre du décès de son grand-père. Un village qui a ses zones d’ombres. Dont le meurtre d’une jeune femme en 1976 attribué assez vite  à un ressortissant algérien avec racisme en toile de fond. Puis il y a la propre soeur de Damien, morte “accidentellement” en 2002. Finalement, lui, son frérot Adrien et une journaliste franco-ontarienne, vont tenter d’en découdre avec tous ces mystères. Le roman est habilement mené. On est certain que l’écrivain a lu beaucoup dans le style, car il s’est imprégné des meilleures méthodes pour garder captif son lecteur.
Deux heures avant la fin de l’été Sébastien Pierroz. Éditions David 371p.     www.editionsdavid.com

 


 

Une déportée décide de raconter son Ravensbrück

Il était une fois un journaliste français bossant pour un magazine de style Art de vivre et une reporter allemande, qui vont se retrouver en Australie pour une convention internationale sur la rose. Sur place ils vont faire la connaissance d’une femme au charisme assuré, qui est présidente de l’événement horticole. Barbara qui est fascinée par cette française stylée va finir par apprendre qu’elle a été déportée au sinistre camp de concentration pour femmes de Ravensbrück. Comme la reporter a fait oeuvre de devoir de mémoire, elle va finir par arracher les confidences de ce séjour en enfer. Cela donne La douceur signé Etienne de Montety. L’auteur est à la tête du Figaro littéraire. C’est un roman certes mais qui a valeur de documentaire, tant il fourmille de détails sur la vie quotidienne dans ce lieu maudit. Vous connaissez sans doute l’adage qui veut que quiconque ignore l’Histoire est condamné à la revivre, a intérêt à parcourir ces pages qui sont à mettre au passif de l’humanité.
La douceur Etienne de Montety. Stock 265p.     www.editions-stock.fr

 


 

Un hommage au savant des bibittes

La chose ne va pas faire la manchette cette année, mais 2023 marque le bicentenaire de la naissance de Jean-Henri Fabre que l’on peut qualifier de père de l’entomologie, car il passa l’essentiel de sa vie à étudier les insectes et faire partager au monde le fruit de ses observations. Rendons grâce à Henri Gourdin à qui on doit une biographie de Jean-Jacques Audubon qui était aux oiseaux à ce que Fabre fut aux bibittes. Il a vu le jour à Saint-Léons non loin de Rodez. Il était un écologiste avant la lettre car il voyait dans le progrès, une menace à la nature qu’il chérissait tant, lui l’humble entre les humbles qui ne chercha aucunement les honneurs. Le biographe est doublé d’un excellent conteur ce qui ne nuit pas. On apprendra l’estime mutuelle entre l’entomologiste et Charles Darwin qui s’écrivaient régulièrement. Une immense vie sous le sceau de l’observation.
Jean-Henri Fabre l’inimitable observateur. Henri Gourdin. Le Pommier 272p.   www.editions-lepommier.fr

 


 

Avant que ses yeux ne quittent le monde, le temps de l’inventaire

Il y a de ces romans qui ont une valeur initiatique comme l’alchimiste de
Paul Coelho. C’est le cas de Le Livre de Pacha de Véronique Sales. La narration du vécu d’un ethnologue, Pavel Kiriline, véritable érudit qui s’est penché sur des peuplades retirées dans le fond du monde. Il y a des années de celà il avait eu des problèmes ophtalmiques au cours d’un séjour à la Baie James au Canada. Il s’en était rétabli non sans quelque inquiétude. Mais voilà que la maladie oculaire le rattrape avec une sentence sans retour, la cécité. Que va t’il faire ? C’est ce cheminement qui fait le sel de ce livre où le personnage semble être le fruit vivant de réincarnations. D’où l’initiatique rapportée au début. Un grand roman par sa richesse d’un homme en quête de l’authenticité des choses quand vient l’inéluctable.
Le Livre de Pacha Véronique Sales. Vendémiaire 300p.    www.editions-vendemiaire.com

 


 

La Chine en elle

Les livres sur l’Holocauste et ceux sur la migration ont donné naissance à des ouvrage d’une force inouïe en raison de la somme de matériaux dans lesquels témoins, écrivains, biographes peuvent puiser à l’infini. Un terreau fertile pour puiser des valeurs ou leur absence. En voici un sur la confrontation psychologique entre l’occident et l’orient qui vous habite. Le seul roman, une autofiction, de Chuang Hua  “La femme traversante”. On voit la famille de la narratrice qui va quitter la Chine envahie par le Japon. Direction New York. Le patriarche de cette famille, à prendre au premier degré du terme, est contrôlant et aimant à la fois. Sa fille Jane repousse les prétendants au mariage proposés par le père. Elle quittera le foyer pour aller vivre à Paris. Elle y fera la rencontre d’un journaliste français. Ce qui la taraude, c’est la question identitaire. Nostalgique d’une Chine mais qui, au bout de sa réflexion, s’incarne finalement en elle. On est chinoise ou on ne l’est pas. Elle, elle l’est dans sa construction mentale. C’est un seul roman de l’écrivaine mais qui marque les esprits de ceux qui se donnent la peine de le lire. Au premier chef, ceux qui ont connu les atermoiements de la migration.
La femme traversante. Chung Hua. Éditions Zoé 236p.   www.editionszoe.ch

 


 

Toute vérité est bonne à dire

Hélas, pour une majorité de gens, de nier la vérité se voudrait un rempart sécuritaire. Mieux le mensonge qu’une vérité explosive. Et pourtant. Le contraire est possible, qui peut tendre vers l’amour. Voilà en résumé l’équation qui se vit dans une famille dans ce roman Pour Suzanne alors qu’une petite fille, interroge sa mère, à savoir si celui que l’on présente comme son père, est le véritable. Qui va réveiller des choses que l’on aurait probablement eu envie de ne pas discuter. Les squelettes ou non dans le placard des familles, ont toujours été un terreau inépuisable pour un écrivain qui serait confronté au dilemme de la page blanche. Ici Nina Almberg tire habilement les ficelles dans une langue qui à elle seule est une classe de maître.
Pour Suzanne Nina Almberg. Hors d’atteinte 211p.   www.horsdatteinte.org

 


 

Un bel hommage de l’éditeur de Jacques Lacoursière

En 2021 nous apprenions avec une infinie tristesse la disparition de l’historien Jacques Lacoursière un des plus grands vulgarisateurs de l’histoire de la Belle Province. On savourait notamment ses prestations télévisuelles, où il pouvait mettre à profit son art de conteur. En complément du bonheur de le lire. Et pour pérenniser en quelque sorte son souvenir, les éditions du Septentrion, son éditeur de toujours, met sur le marché Une histoire du Québec raconté par Jacques Lacoursière qui se veut une édition hommage. En synthèse vous avez toute l’histoire de cette province aux dimensions d’un pays qui ne l’est pas encore. De la Nouvelle-France jusqu’au référendum de 1995. Du beau travail qui permet de mieux nous connaître, car dans les écoles malheureusement, l’enseignement de l’histoire est un parent pauvre. C’est pourquoi ce livre devrait impérativement être au programme du ministère de l’éducation. En fin d’ouvrage, l’éditeur Denis Vaugeois présente un hommage bien senti.
Une histoire du Québec par Jacques Lacoursière Édition hommage. Septentrion 232p.   www.septentrion.qc.ca

 


 

Dans un bled des Balkans, les forces du bien et du mal

Pour présenter la nature humaine dans tous ses états, vous pouvez plancher sur un bouquin de psychologie ou de morale. Ou bien de vous servir du mode du roman comme le fait avec maestria Philippe Claudel avec Crépuscule qui situe son histoire au début du siècle précédent dans un coin perdu qui se situerait dans les Balkans au moment de “L’Empire”. L’époque et le le lieu à vrai dire ne compte pas plus. Ce qu’il faut retenir c’est pour quelle raison on a trucidé le curé du coin ? Une enquête qui sera confié au policier Nourio qui a un adjoint qu’il regarde avec condescendance, qui s’appelle Baraj. C’aurait pu être un polar comme il y en a tant avec son lot de rebondissements. L’écrivain qui est au zénith de son art, en profite pour montrer de quoi est faite la pâte humaine, du meilleur au sordide. A peine sorti, le bouquin a récolté l’unanimité de la critique à laquelle nous joignons la nôtre.
Crépuscule Philippe Claudel. Stock 507p.   www.editions-stock.fr

 


 

Le coin des arts martiaux

Contrairement à ce qu’on pourrait croire, comme pour tous les arts martiaux d’ailleurs, l’aïkido n’est pas un outil de destruction personnelle pour permettre de déverser son agressivité. C’est plutôt comme l’enseigne le maître Olivier Gaurin une manière de déminage de la violence en soi. Il signe un guide merveilleux, lui qui a la culture nippone à ce point imprégné en lui, que, alors qu’il devait faire un court séjour au Japon en 1986, non seulement il ne reviendra pas, mais il épousera une japonaise. Il y vit toujours. Loin d’être le guide auquel nous habitue les éditions Budo avec force illustrations de mouvements à faire, ici c’est la philosophie qui préside à l’aïkido qui est démontrée dans les chapitres. On croirait plutôt lire un traité de philo. Il n’y a pas de mal à atteindre la sérénité intérieure proposée. Comprendre l’aïkido est aux éditions Budo.

Ailleurs aux Presses de l’Université Laval un ouvrage codirigé par Olivier Bernard et Brice Airvaux  traite des Arts martiaux du religieux et des rites. C’est le septième titre de cette collection. En gros la question est posée,à savoir que si le religieux n’était pas le monopole des religions. Car on planche ici au coeur de la dimension spirituelle de la pratique des arts martiaux. Et ce qui est intéressant dans ce traité, c’est que le collectif des chercheurs est allé un peu partout dans le monde pour montrer comment se vivait la pratique des arts martiaux en question. Et comment se vit le tout dans notre monde contemporain de consommation. En fin d’ouvrage on trouve une bibliographie étoffée pour qui voudrait pousser davantage la connaissance du sujet.

 


 

Un superbe roman sur l’immigration italienne à Montréal

Il est discuté dans plusieurs milieux à savoir s’il existe au Québec un racisme systémique. On n’a pas encore la réponse. Mais chose certaine il existe, et plus encore dans les décennies passées une xénophobie, qui était nourrie par le clergé qui voyait de mauvais oeil des idées libertaires venant d’Europe. Après la Seconde Guerre mondiale, l’Italie ravagée a vu nombre des siens partir en nombre pour un lendemain meilleur. Et notamment au Canada. Les nôtres gardaient leur distance. Mais comme les ressortissants avaient du coeur au ventre, beaux et belles comme des coeurs, Cupidon a habilement joué de ses flèches avec de nombreuses unions mixtes qui ont enrichi le paysage montréalais. C’est de tout cela dont il est question avec Par-delà les frontières de Jean Mohsen Fahmy. Un beau retour en arrière à travers le prisme d’un couple formé qui doit composer avec la société ambiante. Ce pourrait, en passant, faire un très beau film. Avis aux scénaristes en panne de sujet et lâchez s.v.p. Maria Chapdelaine!
Par-delà les frontières. Jean Mohsen Fahmy. Éditions David 192p.    www.editionsdavid.com

 


 

Derrière Fernande de Brassens, une histoire touchante

L’homme de théâtre Nicolas Jaillet se fend d’un roman à clé dans lequel il évoque ce qui est à la frontière de la vérité et de la légende, la rencontre avec une réfugiée portugaise, prénommée Fernanda et le barde Georges Brassens. Après quoi, l’écrivain qu’il est, s’est doublé d’une sorte d’enquêteur. Il a interrogé et fouillé à souhait la matière disponible pour son sujet. Cela donne Fernanda qui narre les tribulations dans les années soixante d’une fille-mère qui doit fuit son Portugal natal pour se mettre à l’abri de l’opprobre, voire le rejet des siens. Elle passera en douce en France. Et elle fera alors connaissance avec de ce qu’il qualifie “de vieux garçon de la chanson française”. Cette femme lui inspirera dit-on la chanson Fernande. Du beau travail de romancier qui nous donne à écouter cette chanson paillarde va sans dire.
Fernanda Nicolas Jaillet. La Grange Batelière 151p.    www.editionslagrangebateliere.fr

 


 

Canadiens-français collabos des américains

Au moment de la guerre de l’Indépendance américaine entre 1776 et 1783, des pelotons d’insurgés américains eurent l’idée de s’emparer du Québec, rien de moins. S’ensuivit une bataille qui opposa cette horde rebelle au gouverneur Carleton qui défendit les nôtres. Mais la nature étant ce qu’elle est, nombre de canadien-français se transformèrent en collabos au service des américains! C’est ce volet assez méconnu, qui fait l’objet aussi de mythes, que dépoussière l’historien Gaston Deschênes dans Un pays rebelle. Il revisite ce qui s’est déroulé dans la Côte-du-Sud au moment de l’émancipation des américains face au colonisateur britannique. Un épisode enlevant de notre histoire qu’il fallait revoir à l’aune de la vérité des faits. Mission réussi par l’auteur dont on voit bien qu’il a fait précéder la rédaction de ce livre fondateur par une recherche approfondie. D’ailleurs il fait suivre d’une bibliographie pour ceux qui souhaiteraient approfondir le sujet.
Un pays rebelle Gaston Deschênes. Septentrion 251p.   www.septentrion.qc.ca

 


 

Désobéissance civile cours 101

Le sujet de la désobéissance civile est on ne peut plus d’actualité, alors que les gouvernements entre autres de type populiste, tentent d’imposer au peuple des mesures contraignantes au motif de leur bien-être. On l’a vu avec les mesures sanitaires de la Covid-19 qui ont mené à une dictature salariale. Ce n’est qu’un exemple parmi des centaines. Si un gouvernement exige de sa police de tirer de vraies balles sur une foule contestataire, le représentant de l’ordre a-t-il en son homme et conscience le droit de répondre par la négative ?  Comme Eichmann évoquait en défense, lui l’ordonnateur de la Solution finale, qui ne répondait qu’aux ordres donnés. En droit, le concept de désobéissance civile est novateur et porteur à la fois. Le juriste Thomas Windisch nous détaille toute la signification de l’enjeu dans son essai La désobéissance civile mode(s) d’emploi. Qui fera date et qui en aidera certainement plusieurs quand à leur engagement.
La désobéissance civile mode(s) d’emploi Thomas Windisch. Les Presses de l’Université Laval 264p.    www.pulaval.com

 


 

Un essai majeur sur la séparation des couples et l’impact sur enfant

Dans les Palais de justice on voit les avocats des parties adverses se battre pour connaître qui de l’homme et de la femme qui divorcent, aura la propriété de l’animal domestique! On en est rendu là. Mais pour l’essentiel, ce sont les enfants qui écopent des conflits matrimoniaux. Car si l’un des conjoints quitte l’autre, il demeure à vie l’une des composantes génitrices du petit enfant. Un essai d’importance est publié La séparation parentale et la recomposition familiale dans la société québécoise sous la supervision de Marie-Christine Saint-Jacques, Caroline Robitaille, Élisabeth Godbout, Amandine Baude et Sylvie Lévesque un nombre important de coordonnateur de ce qui représente la radiographie des divorces et ses conséquences dans la Belle Province. Appuyé par une riche bibliographie qui donne la mesure de l’importance des travaux. Cette lecture qui implique diverses contributions interdisciplinaires est un panorama de tout ce que représente la rupture du couple et sa réorganisation.
La séparation parentale et la recomposition familiale dans la société québécoise  Collectif. Les Presses de l’Université Laval 467p.

 


 

A chacun son heure de gloire

Le mot de Andy Warhol est bien connu qui veut que chacun connaisse son quinze minutes de gloire. S’il vivrait encore de nos jours il ramènerait sans doute cet espace temps à une dizaine de secondes, car avec les réseaux sociaux, naissent et meurent des gloires éphémères, comme les insectes du même nom. C’est ce qui va arriver à James Baker qui a pris un jour en photo le cadavre d’une vieille dame avec un crayon rouge entre les dents. Et ce cliché va faire le buzz avec des répercussions qui vont dépasser le photographe lui-même, mais surtout son agente et le reste de son entourage. Comme quoi ce qui paraissait au départ une initiative innocente, peut prendre maintenant des proportions planétaires. Voilà le thème de Fais pas tout foirer, James Baker de François Ulrich un auteur très impliqué dans la vie numérique. C’est en même temps la radiographie d’une époque 2.0 absolument démente.
Fais pas tout foirer, James Baker  François Ulrich. Fides 294p.   www.groupefides.com

 


 

Conversations sur les NFT dans l’art visuel

L’ère 2.0 aura vu arriver le phénomène artistique des NFT. En gros ce sont des créations nouvelles ou anciennes qui se retrouvent digitalisés et numérotés en tirage limité. Et qui fait en ce moment le bonheur de plusieurs spéculateurs. Maintenant reste à savoir si c’est un engouement fugace ou bien une voie du marché de l’art faite pour durer. Pour en avoir le coeur net, assistons aux échanges entre Marion Carré qui enseigne au niveau universitaire la question de l’intelligence artificielle en art et Frédéric de Senarclens marchand d’art et courtier en art contemporain, et fort intéressé par la mouvance actuelle associant art et technologie. Cela donne un opuscule très dynamique qui vous aidera à conforter votre jugement à ce propos.
Propos sur les NFT dans le monde de l’art Enjeux, perspectives, limites. Marion Carré et Frédéric de Senarclens. L’Art-Dit 93p.   www.editions-lart-dit.fr

 


 

Âmes artistiques père fille et fébrilité théâtrale

C’est quoi un acteur ? Question simpliste en apparence, mais qui masque des réponses complexes. Car la fibre artistique, sa naissance et sa fin se définissent mal. Mais voici un roman qui offre des clés de compréhension. J’ai tout dans ma tête de Rachel Arditi nous présente un père artiste peintre habité parfois de chimères et sa fille comédienne. Deux nature, quoi. Quand on connaît en psycho l’importance du père pour une fille, il faut prendre en compte cette dimension pour saisir les enjeux de ce roman. Ce qui est intéressant aussi dans ce bouquin, c’est la description de la fébrilité qui préside à la création théâtrale, ici une pièce de Noël Coward. L’auteure qui est comédienne décrit bien ce milieu bourgeonnant. C’est son tout premier roman que l’on salue et qui mérite d’être suivi de bien d’autres. Il semble même que ce soit une autofiction car en bandeau de couverture on voit une toile représentant l’écrivaine enfant, oeuvre de Georges Arditi. Est-ce chez ce père qu’elle a tiré son inspiration ?
J’ai tout dans ma tête Rachel Arditi. Flammarion 249p.  

 


 

Énigmes autour du meurtre d’un politicien

Il faut croire que la demande était là pour que J.L. Blanchard en arrive à un troisième épisode des enquêtes du duo fétiche de limiers qu’il a créé “Bonneau et Lamouche”. La constellation du chat démarre par l’assassinat d’un politicien apparemment sans histoires. Puis comme le veut la recette du polar, les morts s’accumulent. Fruit sans doute de la main d’un tueur en série, car comme le veut la marque distinctive de ces meurtriers spéciaux, ils laissent une signature identique sur chaque dépouille. Ce qui est le cas ici. Donc nos enquêteurs auront du pain sur la planche. Le seul indice dont disposent les deux compères, c’est justement la fameuse signature. C’est très peu pour élucider ces affaires criminelles. Mais c’est sans compter l’esprit de déduction qui est le leur et qui leur permet de conclure alors que tout paraît sans espoir. Ils incarnent l’adage qu’il n’y a pas de crime parfait.
La constellation du chat J.L. Blanchard. Fides 361p.   www.groupefides.com

 


 

Un ex combattant du groupe Wagner décrypte ces mercenaires

Marat Gabidullin s’est singularisé en abandonnant le groupe Wagner, ces miliciens mercenaires au comportement effroyable, à la solde du Kremlin. Il a combattu à leur côté en Syrie. Il a en a résulté un premier livre “Moi, Marat, ex-combattant de l’armée Wagner” chez Michel Lafon. C’était l’an dernier. Chez le même éditeur, il reprend ce qui s’est passé en Syrie dans Ma vérité. Cette parution est motivée par ce qui se passe présentement en Ukraine où cette milice sévit. Et par son témoignage il veut que l’on saisisse bien ce qui anime ces soldats entraînés à la dure sous la férule d’Evgueni Prigojine qui est même allé recruter en prison des criminels, leur faisant miroiter en échange de leur engagement volontaire des libérations de peine.
Ma vérité Marat Gabidullin. Michel Lafon 173p.  www.michel-lafon.ca

 


 

Quand la jeune prostituée mineure rage à l’idée qu’on l’aide

C’est une réalité que connaisse bien les travailleurs sociaux qui se sont mis en tête de sortir de la prostitution de toutes jeunes filles, qui à leur grand désarroi, les envoient paîtrent car elles croient qu’elle sont dans la bonne voie de l’épanouissement et de l’indépendance, à monnayer leur charme. Les intervenants ont l’air alors d’empêcheurs de tourner en rond. Tout cette problématique est bien rapportée et documentée dans cet essai Prostitutions de mineures sous la direction de Bénédicte Lavaud-Legendre chercheure à l’Université de Bordeaux. Ce qui est décrit dans ces pages s’inspire de ce qui se vit présentement en France. Cette étude fouillée va être d’une grande utilité pour les professionnels qui travaillent auprès de la jeunesse.
Prostitutions de mineures Sous la direction de Bénédicte Lavaud-Legendre. Les Presses de l’Université Laval 243p.   www.pulaval.com

 


 

Le théâtre parisien et le folklore inspirée par la Nouvelle-France

Pour saisir la réalité du vécu en Nouvelle-France on s’appuie généralement sur les récits de voyage ou les écrits de personnalités issues de communautés religieuses. Mais il y a plus, et ce sont les pièces de théâtre présentées en France et comportant des visions de la Nouvelle-France, où nos chers habitants prenaient des allures de créoles locaux. En tout cas, Sébastien Côté professeur de littérature à l’Université Carleton, s’est fendue d’une recherche sur le théâtre français en lien avec la Nouvelle-France. Cela donne un ouvrage de grande érudition La Nouvelle-France sur les planches parisiennes anthologie (1720-1786).  On trouve dans ces pages, seize pièces qui illustrent très bien comment on nous voyait outre-mer. Avec ce travail il s’inscrit dans la continuité d’une recherche entreprise dans un premier temps par Bernard Andrès. On s’amusera des répliques puériles nous concernant chargées de clichés comme ce n’est pas permis.
La Nouvelle-France sur les planches parisiennes anthologie (1720-1786) Sébastien Côté. Les Presses de l’Université Laval 420p.   www.pulaval.com

 


 

Aux jeunes, de connaître l’Ouest canadien de manière ludique

Les guides Ulysse sortent de leur style éditorial habituel pour partir à la conquête d’un auditoire de jeunes têtes curieuses. Ainsi avons-nous J’explore l’Ouest canadien. Sur des textes de Julie Brodeur et  Annie Gilbert appuyés par des illustrations amusantes de Pascal Biet. En un habile survol, il est question de la faune, de l’histoire et plus encore. On ne s’est pas contenté de montrer ou de raconter. Ce qui fait la singularité de ce charmant album c’est qu’il est aussi interactif, proposant moult jeux à faire ou des créations artistiques. Ce sera peut-être la planche de salut de bien des parents qui ne savent plus où donner de la tête pour garder captifs leurs rejetons.
J’explore l’Ouest canadien Julie Brodeur, Annie Gilbert et à l’illustration Pascal Biet. Guides Ulysse 111p.    www.guidesulysse.com

 


 

Autour d’une pathologie rare la prosopagnosie

La prosopagnosie, vous savez de quoi ça retourne vous ? C’est une maladie neurologique rare qui affecte l’individu qui en est atteint au point qu’il ne peut reconnaître les visages! C’est l’objet du roman de Mathieu Laca dans son roman L’invention d’un visage. Antoine, le protagoniste, est victime de ce syndrome. En quête de ne rien perdre du souvenir des visages autour de lui, il va errer dans des aventures sexuelles et plus encore, s’adonner à l’art du portrait. Puis le hasard le mettra sur la route d’un peintre québécois inconnu Émile Aubin. Il découvrira cet artiste visuel qui a vécu il y a un siècle de cela, à travers une de ses oeuvres qui va marquer notre homme. Titillé par ce choc artistique il tentera d’en savoir plus sur cet Aubin passé à l’ombre de notre histoire picturale. Pour l’anecdote, l’écrivain qui signe ici ce premier roman vraiment réussi est également peintre.
L’invention d’un visage Mathieu Laca. Leméac 274p.

 


 

Réactions d’un polynésien dans la France des Lumières  

Quand on a terminé la dernière ligne du livre de Véronique Dorbe-Larcade consacré à Ahutoru, premier polynésien à se rendre en France au XVIIIème siècle, on se dit que nous sommes toujours des nains devant la connaissance. Les amateurs de l’Histoire, ont entendu certes parler des explorateurs européens qui ont mis les pieds dans l’archipel. Mais sait-on qu’à l’inverse, un autochtone aussi pétri de curiosité demanda à aux français de pouvoir repartir avec eux. Vous pouvez imaginer d’ici le choc culturel qui l’attendit. C’est entre autres à travers les écrits de Bougainville, conquérant bien connu de la région, que l’on en a appris sur Ahutoru. Saluons le travail de recherche fécond à laquelle s’est astreinte l’historienne qui enseigne à l’Université de la Polynésie française, pour restituer la figure de ce polynésien demeuré dans l’ombre. Ce travail méticuleux force l’admiration.
Ahutoru ou l’envers du voyage de Bougainville à Tahiti. Véronique Dorbe-Larcade. Au vent des îles 270p.   www.auventdesiles.pf

 


 

Une correctrice d’épreuves confrontée à la réalité de sa fille

L’entrée en littérature a toujours quelque chose d’émouvant. La novice a ici pour nom Coralie Bru dont on dit qu’elle a un quotidien fort chargé. Et qui a trouvé le moyen d’accoucher d’un beau texte touchant au thème de la féminité et sur trois générations. Son “héroïne” Julia, gagne sa vie à corriger des manuscrits pour qu’ils rencontrent la doxa de la grammaire française impitoyable, et on le sait inutilement compliqué. Elle a deux enfants, Lucie et Antoine. La vie familiale ne se passe pas trop mal, hormis parfois la légitime inquiétude d’une maman. Mais pour une fois elle aura raison de s’en faire, car sa Lucie a un polichinelle dans le tiroir! Oh, là, là. Que faire ? Garder l’enfant ou se faire avorter. Mère et fille vont se rendre chez Rose, une confidente de la première depuis des lustres et d’une autre génération. Que va-t-il en résulter ? Vous en ferez la découverte. Pour un premier opus l’auteure tutoie l’excellence.
Nos jours suspendus Coralie Bru. Équateurs 233p.  www.editionsdesequateurs.fr

 


 

Mylène Gautier alias Mylène Farmer, une vie, un mythe

Mylène Farmer est une bibitte dans le “merveilleux” monde de la chanson. C’est une femme qui entretient un aura de mystère autour d’elle, jouant beaucoup de l’ambiguité sexuelle. Ce qui en fait une icône de la communauté gay. Née Mylène Gautier à Montréal en 1961 de parents ressortissants français. Elle n’aura que peu de souvenirs de sa première tranche de vie canadienne. C’est en 1985 qu’elle émerge dans le showbusiness et n’en décollera pas, quarante ans plus tard, suscitant toujours la curiosité. Cette timide par essence incarnera même la provocation. Vincent Tommy nous permet de la découvrir à travers l’étude de sa discographie. Qui ramène un peu le mythe qu’elle incarne au plancher des vaches. On voit le souci qu’elle apporte à la sortie de ses disques. Un ouvrage de référence pour qui veut connaître ou qui est un admirateur de la chanteuse.
Mylène Farmer prêtresse pop Vincent Tommy. Le mot et le reste 275p.    

 


 

Une vie du maître absolu du saxophone, John Coltrane

Les éditions Le mot et le reste poursuivent leur mission qu’ils se sont donné de faire connaître les pointures du monde de la musique. Ils persistent et signent un trésor, avec la biographie par le disque du saxophoniste de génie John Coltrane dû à Nicolas Fily. Coltrane qui est mort en 1967 a côtoyé tout ce qui se faisait de plus grand en jazz de McCoy Tyner à Dizzy Gillespie, Miles Davis et Thelonious Monk. Comme tous les afro-américains, souffrant de la ségrégation, il trouva refuge dans la drogue et l’alcool. Mais réussit à dominer ses démons. Ses recherches de perfectionnement n’avaient pas l’aval de tous, lui qui fraya avec le free jazz et même l’atonalité. Le discographe reprend tous les enregistrements. Et vous savez quoi ? Dès l’anthologie terminée on n’a que le goût de se précipiter sur un disque de ce musicien et compositeur d’exception.
John Coltrane Nicolas Fily. Le mot et le reste 412p.   

 


 

Second tome de Pierre Lemaître sur les Trente Glorieuses

Le lauréat du Prix Goncourt Pierre Lemaître poursuit dans sa saga sur la période connue en France comme les Trente Glorieuses qui aurait pu tout aussi bien s’intituler l’ère De Gaulle. Suite à “Le Grand Monde” on retrouve dans ce petit village de l’Yonne la famille Pelletier, dont le paternel du clan veut se muer en patriarche, voulant pérenniser des traditions qui laissent les autres dubitatifs. Le charmant coin champêtre est menacé d’engloutissement. Il est question dans ces chapitres d’émancipation féminine. Notons que l’histoire se situe en 1952, année de tous les possibles. Le romancier a bien fait de choisir de faire comprendre l’époque par le biais du roman. Manière de voir comment s’est incarnée la venue de la modernité dans le quotidien des “anonymes”. Un excellent travail d’homme de lettres, oui, mais de mémorialiste.
Le Silence et la Colère Pierre Lemaître. Calmann-Lévy 579p.   www.calmann-levy.fr

 


 

Les drones, nouvelles machines de mort

Au cours de la Première Guerre mondiale, on a vu surgir de nouveaux engins semant la mort avec une rare efficacité, tels les chars d’assaut et les avions. Le XXIème siècle a “évolué” avec l’apparition des drones qui ont au moins pour seul mérite de désengager le plus possible des soldats sur le front et ainsi épargner un maximum de vies de chaque côté des parties belligérantes. Comment sont nées ces armes novatrices qui vont de quelques euros à des sommes époustouflantes ? Seth J. Frantzman nous dit tout à leur propos. Tous les pays sont conquis par le fruit de l’intelligence artificielle au service de la destruction. On parle d’un marché de 100 milliards. Un pactole pour les marchands concernés. L’auteur qui s’est largement documenté est correspondant de guerre. Il est un témoin privilégié des nouvelles stratégies guerrières qu’engendrent ces objets volants.
La guerre des drones Seth J. Frantzman. Le jardin des Livres 286p.   www.lejardindeslivres.fr

 


 

Un phénomène du livre au Québec, les petits livres romanesques

Ils pourraient être qualifiés de romans de gare, par leurs petits formats ou bien de Harlequin québécois avant la lettre, ce sont les romans sentimentaux de l’après Seconde guerre mondiale. Selon un collectionneur du genre, François Hébert, entre 1940 et 1965 il se serait publié 11 mille titres, soit environ 500 par année! On était avide d’amour dans ce temps-là, surtout évidemment du côté du lectorat féminin nourri d’idéal de princesse et de prince charmant. Grâce à Marie-Pier Luneau et Jean-Philippe Warren on se plonge au coeur de ce qu’on pourrait qualifier d’industrie littéraire sentimentale. Et en ce temps là où la contraception n’existait pas et que dans l’emportement d’une voiture d’un ciné-parc le condom se trouvait bien loin, que de drames de mères célibataires ostracisées socialement. Il était préférable de fantasmer au moyen de ces petits livres qui faisaient du bien à l’âme.
L’amour à 10 sous  Marie-Pier Luneau et Jean-Philippe Warren. Septentrion 253p.   www.septentrion.qc.ca

 


 

Un résistant sous l’Occupation sous la lumière

Si vous désespérez de la nature humaine, nous avons une ordonnance qui est celle de vous taper un portrait de résistant de la France libre sous l’Occupation allemande. Des hommes et des femmes qui ont bravé la Gestapo pour que l’on retrouve la liberté. Voici que Vianney Bollier présente les actions héroïques de son père André Bollier dit Vélin. Il était de l’équipe qui imprimait entre autres le journal Combat à Lyon. Sachez qu’il risquait hautement sa vie. Car si vous passiez entre les mains des sbires de Klaus Barbie c’était d’effroyables tortures qui vous attendait. Des sévices barbares parfois dignes du Moyen-Âge avec des plongées dans l’eau bouillante, les yeux arrachés et quoi encore. Bollier goûta un peu de cette médecine, et comme il ne voulut pas la revivre, au cours d’un encerclement des forces policières, il se donna la mort. Une vie exemplaire qui méritait d’être davantage connue. Voilà une réhabilitation qui méritait de voir le jour.
André Bollier “Vélin” Vianney Bollier. Éditions du Félin 216p. 

 


 

L’espionnage, de la nuit des temps à nos jours

Genovefa Etienne et Claude Moniquet n’ont pas froid aux yeux, qui ont décidé de raconter l’histoire de l’espionnage des origines à nos jours, et ce en trois volumes. Tout un chantier que cette trilogie. Le premier tome qui sort va de l’Antiquité à la Première Guerre mondiale. D’entrée de jeu on rappelle que la haine des hommes entre eux, remonteraient à 12 mille ans avant Jésus-Christ. Même les mâles de la Préhistoire ont eu tous les prétextes pour se mesurer entre eux, pour une femelle ou une parcelle de territoire. Mais c’est du temps de la grande Babylone ou des Pharaons que l’on sait exactement qu’il s’organisait une collecte de renseignements dans le camp adverse. Avec même le projet de faire des prisonniers pour les soumettre à la question. C’est un travail admirable. On apprend qu’au Moyen-Âge l’Europe était sillonnée de bureaux administratifs qui étaient autant de postes de cueillettes d’informations. Bref, si le domaine de l’intelligence comme on nomme l’espionnage vous passionne, alors dites-vous que cette lecture est un buffet comme pour un goinfre.
Histoire de l’espionnage Tome 1 De l’Antiquité à la Première Guerre mondiale. Genovefa Etienne et Claude Moniquet. Éditions du Félin 432p.    

 


 

Celle qui créa la journée internationale de la femme

Bien des femmes ne connaissent pas le nom de celle à qui elles doivent la création du 8 mars journée internationale de la femme. Il s’agit de Clara Zetkin journaliste et enseignante, née en Allemagne en 1857 et décédée en 1933 près de Moscou. Sa tombe se trouve le long du mur du Kremlin. Et justement, afin de raviver son action Florence Hervé livre des éléments biographiques en début d’ouvrage. C’était une femme qui incarna à elle seule le mot engagement. Elle était de toutes les causes servant l’émancipation de la femme, dont elle voyait celle-ci à travers uniquement son indépendance financière. Elle va fuir l’Allemagne pour aller vivre en URSS où elle avait de nombreux contacts. Et paradoxalement, elle n’avait pas une confiance en soi à toute épreuve, qu’il faut évidemment relativiser dans le contexte de l’époque. A l’époque de la République démocratique allemande, sa figure ornait les billets de 10 marks. Cette anthologie de ses écrits militants vaut d’être lue pour savoir à quoi on lui est redevable.
Je veux me battre là où il y a de la vie Clara Zetkin et Florence Hervé. Hors d’atteinte 245p.    www.horsdatteinte.org

 


 

Propos sur l’identité calédonienne

Louis-José Barbançon est une figure de pointe de la vie intellectuelle calédonienne. En compagnie du journaliste Walles Kotra il libère sa parole dans un ouvrage qui à lui seul est tout un programme A la recherche du nous. Il se définit comme un Océanien d’origine européenne. Et bien qu’il soit bardé côté diplomation, notre homme rend crédit à des autodidactes qui ont apporté des contributions à la communauté locale. Sa vie est riche mais hypothéquée quelque peu, car il est malentendant. Et hormis la question de la lutte identitaire qui est le fondement de ce livre, il y a un chapitre merveilleux sur ce que ça implique d’être sourd à son environnement. Un homme de coeur à connaître et inspirant.
A la recherche du nous Louis-José Barbançon. Au vent des îles 296p.    www.auventdesiles.pf

 


 

 Proust, une réalité plus profonde que le quotidien

Pas besoin de se brûler les ailes dans le monde pour en avoir une connaissance. On peut être très bien confiné dans sa chambre comme l’a fait si longtemps Proust après une large vie mondaine, pour percevoir des messages du monde qui échappent à ceux qui s’étourdissent dans le quotidien. Voilà la recherche qui domine l’essai de Bertrand Méheust avec Proust voyant. L’auteur de la Recherche, qui vivait reclus en raison de son asthme. Qui avait tapissé les murs de liège pour être coupé de tout son extérieur, n’était quand même pas étranger au monde ambiant, car il percevait des vibrations. L’essayiste ajoute même la notion de voyance. Léon Daudet, contemporain et ami, avait perçu les facultés particulières chez Proust. Bref, s’il s’est écrit moult ouvrages sur l’écrivain, cet essai fait pénétrer la connaissance de ce dernier d’une lumière nouvelle qui permettra une relecture de son oeuvre à travers le prisme des pouvoirs psychiques de l’homme de lettres.
Proust voyant Bertrand Méheust. Vues de l’esprit 309p.   

 


 

Portrait de deux femmes insatisfaites

Avec Femme de Vitruve cinquième roman de Sara Lazzaroni on fait connaissance avec deux personnages, deux femmes, Nora et Simone qui travaillent en agence de marketing promotionnel sur le terrain. Elles qui ne se connaissent pas jusqu’à un moment donné, ont pour mission de démontrer en vrai les mérites de produits qu’elles promeuvent. Indépendamment de leur destin commun, ce bouquin décrit parfaitement la psyché de deux femmes au tempérament très différent l’une de l’autre, mais qui ont en commun de vivre une sorte d’insatisfaction permanente. Comme si leur monde ne pouvait combler leur besoin de satisfaction. Elles ressemblent beaucoup à ces jeunes professionnelles qui s’épuisent, souvent en vain. Beaucoup de lectrices se reconnaîtront dans ces portraits édifiants.
Femme de Vitruve Sara Lazzaroni. Leméac 127p.  

 


 

Un éclairage britannique inédit sur la rébellion de 1837

C’était un document de premier plan, un rapport de Charles Richard Ogden procureur général du Bas-Canada qui dormait depuis deux siècles dans les archives. Un rapport qui avait été commandé par le fameux Colborne, commandant des armées coloniales pour qualifier la rébellion des Patriotes de 1837 et 1838. Une traduction dans la langue de Molière en a été faite par deux universitaires émérites Louis-Georges Harvey et Yvan Lamonde. Ce rapport précède le réputé rapport Durham qui nous définissait comme un peuple sans histoire. On s’en rappelle encore aujourd’hui. Ogden a une approche légaliste qui fait en sorte que les militaires doivent intervenir avec mandat, dans la grande tradition britannique de l’habeas corpus. C’est un texte de premier plan qui procurera beaucoup de plaisir à ceux qui s’intéressent au Québec au temps de la Conquête.
Une lecture impériale de la résistance de 1837 et de sa répression Le rapport Ogden. Traduction et présentation de Louis-Georges Harvey et Yvan Lamonde. Les Presses de l’Université Laval 185p.     www.pulaval.com

 


 

Éthique et pensée romanesque

Pascal Riendeau est professeur à l’Université de Toronto, spécialiste des littératures française et québécoise. Il lance Regards sur le monde qui est une exploration des conflits éthiques et pensées romanesques dans la littérature française contemporaine. Comme l’orientation de cette étude comporte un niveau d’exigence, nous allons reproduire exceptionnellement ici la quatrième de couverture pour ne pas dénaturer la pensée qui a présidé à cette recherche.
“Quelle fonction l’éthique occupe-t-elle dans la littérature contemporaine? C’est la question initiale de cet ouvrage, qui repose sur deux principes structurants : le conflit et la pensée. Il s’intéresse à la fois au roman et aux fragments ou autres formes gnomiques, idéales pour l’expression littéraire d’une pensée éthique. L’accès au monde imaginaire qu’est la littérature acquiert une pertinence plus grande à partir des interrogations éthiques qui transforment la matière et la manière romanesque. L’éthique romanesque relève alors moins du jugement que de l’évaluation et de l’exploration.”
Regards sur le monde Pascal Riendeau. Presses de l’Université Laval 212p.    www.pulaval.com

 


 

Les enjeux du travail numérique

Les 28 et 29 avril 2022, la Ville de Québec était le théâtre d’un colloque d’importance chapeauté par l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) et portant sur le thème des plateformes numériques. D’autres organismes d’importance ont prêté leur concours à ces doctes séances. Nous avons le résultat de ces actes dans cet ouvrage Les plateformes de travail numériques placé sous la direction de Mircea Vultur. Avec pour sous-titre “polygraphie d’un nouveau modèle organisationnel”. Le XXIème siècle a vu une transformation radicale de la notion du travail tel que l’ont connu les générations qui nous ont procédé. Et que dire du télétravail accentué par la pandémie de la Covid-19.Il y a aussi toute la réglementation légale du monde du travail qui s’en trouve bouleversé. État des choses dans cette étude qui fera date.
Les plateformes de travail numériques Collectif sous la direction de Mircea Vultur. Les Presses de l’Université Laval 317p.    www.pulaval.com

 


 

Curiosité, le business des monastères

Le titre est peut-être en soi un peu choquant, mais il ne faut pas oublier que la règle de Saint-Benoît demande aux moines de contribuer à la vie monastique par le biais du travail manuel. Et au cours des siècles ils ont adapté la notion d’autarcie. Une “enquête” d’une brillante jeune femme Clémentine Perrier nous fait pénétrer au coeur de l’organisaiton matérielle des moines. A l’école des moines, réinventer l’économie tel est son titre s’est vu attribué le Prix X-HEC Entrepreneurs. Elle décrypte l’organisation du travail des moines et religieuses cloîtrées, comment on tirent les revenus. Quelles sont les exonérations fiscales dont elles jouissent en France. La marché économique annuel monastique dans l’Hexagone, se chiffre à 75 millions d’euros, ce qui n’est pas négligeable. En plus, les monastères offrent depuis la nuit des temps, des produits de niche, écolo avant l’heure.
À l’école des moines, réinventer l’économie Clémentine Perrier. Atlande 186p.   

 


 

Une enquête remuante sur les autochtones et les OVNIS

Quand on connaît le degré d’incarnation du spirituel dans la vie des nations autochtones, on s’étonnera qu’on ne se soit pas renseigné plus tôt auprès d’eux de ce qu’ils considèrent des phénomènes extraterrestres. Il a fallu attendre la professeure émérite de l’Université du Montana Ardy Sixkiller Clarke qui signe une enquête bouleversante au possible Autochtones d’Amérique et voyageurs de l’espace. Le monde de l’ufologie vu par les premières nations. Le résultat est proprement renversant. Si elle a réussi sa démarche, c’est qu’au départ, l’universitaire est elle-même issue des nations cherokee et chacta. Ce qui a mis en confiance ses interlocuteurs, au nombre de 4000. Pour les fins de son ouvrage elle a retenu que ceux qui jouissent de beaucoup de crédibilité. Ceux qui se passionnent pour la chose vont prendre un plaisir énorme à entendre ces témoignages qui réduisent de beaucoup notre scepticisme face aux étrangetés venant d’autres galaxies.
Autochtones d’Amérique et voyageurs de l’espace Ardy Sixkiller Clarke. Rencontres avec les hommes bleus et autres peuples des étoiles. Éditions Louise Courteau 312p.   www.louisecourteau.com

 


 

Genèse de l’anglais

Quand on voit la domination qu’exerce la langue anglaise sur la planète on peine à imaginer qu’au Moyen-Âge cette langue était loin d’être appréciée, reléguée loin derrière le latin et le français. Mais à la fin de cette période on assiste à une révolution, alors que l’anglais va peu à peu se répandre dans plusieurs des communications écrites. Pour mesurer l’évolution qu’a connu cette langue maintenant communication universelle entre toutes, il faut lire l’essai de Aude Mairey agrégée d’histoire et directrice de recherche au CNRS. Elle est une spécialiste des îles britanniques au Moyen-Âge. La fabrique de l’anglais est le titre le plus approprié en la circonstance. Pour sa démonstration, elle a mis à l’étude un corpus d’oeuvres composées entre 1350 et 1470. Des textes provenant de divers horizons. Pour parvenir à sa conclusion elle a eu recours aux méthodes d’analyses classiques de même qu’à la textométrie. Pour ceux qui ne sont pas familiers avec ce dernier outil, elle en explique le fonctionnement en fin d’ouvrage. L’avancée de l’anglais, on le voit bien, ne s’est pas faite sur un claquement de doigts et ceux qui l’utilisèrent sentaient le besoin de se justifier. La suite de cette aventure linguistique penchera donc en faveur de leurs arguments.
La fabrique de l’anglais  Aude Mairey. Éditions de la Sorbonne 343p.   www.editionsdelasorbonne.fr