- AOÛT 2022 -
 
     
 


 

Un attachement saphique émouvant

La littérature sur fond d’amour qui n’ose dire son nom comme le qualifiait jadis François Porché parlant des amours homosexuelles se vit bien différemment que l’on soit un homme ou une femme. Il y a dans l’amour lesbien une force d’attachement bien plus considérable qui peut faire plus de mal que de bien. C’est la réflexion qui nous vient, une fois terminée la lecture de ce très beau roman de Henri Lessard intitulé Ligne de grains. Au passage et on nous l’apprend en quatrième de couverture, le titre l’emprunte au vocabulaire météorologique pour désigner une bande d’orages qui précède un front froid.  Il raconte comment Cupidon va faire que Delphie va tomber raide dingue d’une violoniste Pascale. La première a tout juste la majorité et est intense. La rencontre se fera à l’occasion du lancement d’un ouvrage qui porte le nom justement de Ligne de grains. Comment cet amour sera t-il reçu par l’objet du désir ? On vous laisse le soin de le découvrir. Le grand mérite du romancier est d’avoir su vampiriser l’âme des deux protagonistes. 
Ligne de grain Henri Lessard L’Interligne 192p.    www.interligne.ca

 


 

Et si Marie Curie avait fait ce premier mariage ?

C’est une démarche assez singulière que celle de Jillian Cantor addmirative de la scientifique Marie Curie, qui au lieu de lui consacrer une biographie comme telle, s’attache à un volet particulier de la vie de celle-ci, le moment où sous son nom réel de Marya Sklodowska, elle se voit forcée de renoncer à son amour un mathématicien nommé Kazimierz Zorawsky. Le coeur brisé elle va quitter la Pologne pour se rendre à Paris entreprendre des études de physique et de chimie à la Sorbonne. Cantor fait le pari que, si elle était demeurée dans son pays et mariée comme elle le souhaitait, serait-elle demeurée une femme au foyer avec une progéniture à s’occuper ? En France Marya francise son prénom et épousera comme on sait Pierre Curie. Marie et Marya fait parler son sujet à la première personne. Un peu comme dans le procédé du roman biographique. Les faits sont véritables, seules les répliques et pensées sont mises en bouche. Une belle occasion pour saisir le parcours éblouissant de cette femme qui marquera le monde scientifique de son empreinte.  En fin d’ouvrage, pour ceux et celles qui voudraient prolonger la connaissance de Marie Curie, on rappelle que Françoise Giroud lui a consacré une biographie qui se retrouve maintenant en Livre de poche.
Marie et Marya Jillian Cantor. Préludes 445p.

 


 

Une poésie coup de poing à saveur métaphysique

Si vous aimez la poésie, alors nous n’avons pas d’autre choix que de vous recommander le deuxième recueil du genre signé Alexandre Dostie Que ceux qui m’aiment me sauvent” qui est un titre un peu contradictoire, car s’il indique un besoin d’être sauvé, la conclusion en est tout autre, qui, plus réaliste souligne que l’on ne peut que compter que sur soi-même pour sa rédemption. Le narrateur est un désillusionné des choses du monde. Il se voit comme se noyer. Et pour exprimer son ressenti il ne fait pas dans la dentelle. Ça ressemble pas mal à l’humanité cachée de bien des gens qui se sentiront interpellés. Extrait “J’arrive à ce qui recommence les creux de vague qui me raclent la gorge j’appâte le monstre du bout de la langue j’ai les mots qui goûtent le sang”. Une poésie puissante trempée dans la lucidité chronique. Il faut savoir que le poète est aussi un homme de l’image avec des courts-métrages à la clé. Il sait donc parfaitement illustrer les choses en observateur de ce monde à la dérive.
Que ceux qui m’aiment me sauvent Alexandre Dostie.  Les éditions de ta mère 127p.  

 

 


 

Les tribulations d’un jeune français en Australie

Il s’appelle Antoine, l’air désabusé comme le sont les trentenaires de notre temps. Partout où il passe, il fait sa marque. Il va finir par se rendre en Australie où son grand-père ethnologue travaillait et à qui la fortune lui a souri. Ses descendants en profitent.  Notre franchouillard nomade sera confronté à ce zeste de famille auquel il ne s’identifie pas trop. Il va bourlinguer dans le pays continent et sera victime, ça ne s’invente pas, d’un accident avec un kangourou. Puis un malheur n’arrivant jamais seul, c’est bien connu, s’ajoute la mésaventure d’être mêlé à son corps défendant à une affaire criminelle. Voilà grosso modo la toile de fond de Gugubarra de Jacques Trompas qui porte la double casquette de romancier mais aussi comme réalisateur de commentaires et de fictions. Autant dans les mots que dans la lentille, il sait créer des images fortes. Puis si vous êtes en mal d’exotisme, l’Australie demeure tout de même une destination de choix. 
Gugubarra Jacques Trompas. Au vent des îles 168p.    www.auventdesiles.pf

 


 

Une histoire de famille éclatée en Nouvelle-Zélande

Que l’on soit du Québec ou du bout du monde, la situation des familles éclatées prévaut aux quatre coins de la planète. Et l’étoile montante de la littérature néo-zélandaise comme on la qualifie Becky Manawatu s’en sert comme matériau pour son premier roman Bones Bay. Elle plante le décor dans une île ou un enfant d’origine maorie, Ari est placé dans une famille d’accueil. En fait chez sa tante et son mari dont le quotidien est pimenté de violence. Heureusement que pour alléger le fardeau le garçonnet trouve du réconfort auprès d’une charmante petite voisine, Beth, dont le mot peur est exclu de son vocabulaire. On va voir évoluer tout ce beau monde, à la dure, dont le grand frère d’Ari, qui se prénomme Taukiri. C’est un roman pétri de grande humanité qui ne vous laissera pas indifférent.  Nous on a beaucoup aimé, et quand on dit celà, c’est un pur euphémisme.
Bones Bay Becky Manawatu. Au vent des îles 431p.     www.auventdesiles.pf

 


 

Le tour de l’île de Pierre Lahoud

Saluons au passage Pierre Lahoud qui a reçu récemment l’Ordre du Québec pour son apport à la promotion de notre patrimoine. Pour son treizième opus de la collection “Curiosités” aux éditions GID il s’est sans doute fait un immense plaisir compte tenu que l’île d’Orléans est un coin de la Belle Province qui a conservé le plus de liens avec la Nouvelle-France. Songez que l’on y répertorie 600 maisons traditionnelles! Quel joyau. Pas pour rien que le barde national Félix Leclerc s’y attaché au pays y a installé son lieu de fin de vie. Et qui lui a consacré une de ses plus belles chansons “Le tour de l’île”. Lahoud nous convie au sien, nous faisant découvrir des détails architecturaux de ces maisons. Il y a une d’elles, celle d’un bedeau (imaginez!) qui a toutes les les allures d’un manoir.  Ce livre est un incontournable pour qui veut envisager de s’y rendre et en apprécier toute la richesse. Le photographe émérite qu’il est a su placer sa lentille à son meilleur pour restituer ce qu’il y a de plus beau.
Curiosités de l’île d’Orléans Pierre Lahoud. Gid 227p.     www.leseditionsgid.com

 


 

Sur l’établissement des Filles du Roy à Varennes et Verchères

La Société des Filles du Roy a été fondée en 2010 s’est donnée pour mission de perpétuer le souvenir de nos premières colonisatrices. Quatre tomes sont paru touchant à des secteurs de leur établissement. Un cinquième ouvrage paraît donc qui est centré sur celles qui se sont établies dans les régions de Varennes et de Verchères.  Car les précédents tomes concernaient les localisations de Montréal, la Prairie, la Côte-du-Sud et Repentigny. Ces femmes d’une héroïcité sans nom qui ont fait l’objet de l’admiration d’une Anne Hébert qui dans “Le premier jardin” écrivit à leur propos “Il faudrait les nommer toutes à haute voix, les appeler par leur nom, face au fleuve, d’où elles sont sorties au XVIIème siècl, pour nous mettre au monde et tout le pays avec nous”. Il nous fallait la citer pour vous donner la dimension de l’importance historique de ces femmes matricielles d’une colonie à faire prospérer. Ouvrage collectif on nous abreuve d’un luxe de détails qui force le respect, tant la recherche a été approfondie. Ces femmes qui sont remontées de Montréal vers Varennes et Verchères, souvent dans des embarcations de fortune dans des conditions périlleuses qui ont coûté même la vie à des marins de métier. Cet ouvrage d’érudition mais de facture populaire s’inscrit bien dans le cadre de notre devise “Je me souviens”.
Les Filles du Roy Collectif. Société d’histoire des Filles du Roy. Septentrion 471p.    www.septentrion.qc.ca

 


 

La Foi quand elle se faisait tranchante

On juge quelqu’un à ses oeuvres, il en va de même pour les institutions. Et le bilan de la Sainte Église catholique apostolique est loin d’être réjouissant. On l’a critiqué de tout temps pour ses méthodes qui sont à l’opposé du message évangélique prôné par Jésus du temps de son bref passage terrestre. Entre autres, la France qui a connu au tout début du XXème siècle la loi de la séparation de l’Église et de l’État a eu nombre de détracteurs du clergé. Entre autres Louis Dorlet qui publia en 1936, donc au temps du Front populaire, un pamphlet publié dans la Brochure mensuelle sorte de littérature à vocation anarchique. Le titre de sa charge Le sabre et la soutane qui est réédité pour notre plus grand bonheur. En effet, c’est un petit condensé d’horreurs commises par l’Église qui n’hésitait à trancher dans le vif, au sens propre du terme, pour asséner ses prétentions moralisantes. Il cite pour l’exemple le cardinal Ruffo qui en 1810 constitua une bande de brigands et pillards qui sévit en Italie. Bref, de quoi alimenter ou conforter votre anticléricalisme existant.
Le sabre et la soutane Louis Dorlet. Les éditions Libertaires 85p.   

 


 

Deux évasions plutôt qu’une

Maintenant que le tourisme a repris de la vigueur au point qu’en France cet été, bonne nouvelle, le niveau de tourisme a été supérieur à la période de l’avant pandémie. Vous songez sans doute à des destinations, autres que celles entreprises habituellement, telles les destinations soleil représentées par la Floride, Cuba, la République dominicaine ou le Mexique. Voici que sort deux titres dans la collection “Guide Évasion” chez Hachette. Le premier par son ampleur est le  Guide Évasion Portugal fruit du travail préliminaire de Denis Montagnon, Sarah Sergent et Sandrine Rabardeau et repris dans sa présente édition par Natasha Penot. Des guides sur ce pays, il y en a une pléthore. Mais ce qui a retenu notre curiosité c’est l’attention portée pour beaucoup sur les petites localités. Bien sûr, Lisbonne n’est pas négligé. Les auteurs se sont plu à aller plus loin et dégoter des petits trésors patrimoniaux, ou bien de restauration et d’hébergement. Car on vous livre plein de bonnes adresses. De sorte qu’il nous apparaît être l’indispensable à avoir près de soi pour ce voyage qui sera d’office riche de souvenirs impérissables.
L’autre titre est le Guide évasion Corse. Cette fameuse île, surnommée à juste titre comme l’île de Beauté. Et qui, l’actualité nous l’a ramené au premier plan avec des dévastations climatiques jamais vues. On espère que celà ne freinera pas votre désir de vous y rendre. C’est un journaliste du lieu Pierre Pinelli qui nous sert ici de guide. Rien de tel qu’un local pour nous amener dans des sentiers parfois oubliés des tours opérateurs. A son tour de nous livrer ses bonnes adresses et des indications spécifiques comme le vin que l’on y produit, excellent aux dires des amateurs de Bacchus. Encore là, tout comme celui consacré au Portugal, c’est l’attention porté aux petits coins qui fascine dans ces pages et qui donne une coloration particulière au voyage.

 


 

Broderies sentimentales autour du Café Temporel

A Québec, au cas où vous ne le sauriez pas, le Café Temporel sur la rue Couillard fait figure de havre pour la bohème locale entichée de culture francophone.  Martin Têtu y campe le décor de son premier roman Félix au Café Temporel qu’il situe dans les années quatre-vingt dix qui commence à sentir le vide existentiel. On est pourtant avant l’ère numérique à proprement parler qui a fait des humains des zombies et de cette invention plus récente de la pandémie de la Covid-19 auquel cas notre héros déjà un déboussolé se serait certainement enlevé la vie ou à tout le moins sombré dans une profonde dépression. Mais bon, là n’est pas le propos car notre “héros” s’investit comme serveur dans le fameux café puis tâtera de la radio, à la station CKRL où on le virera comme un malpropre pour cause de rajeunissement des ondes!  Il est un peu désabusé notre cher Félix et l’auteur sait trouver les mots pour traduire les états d’âme de son sujet. En même temps c’est une introspection de ce que c’est que de vivre dans le Vieux-Québec. Car outre ces beaux vieux murs qui nous ravissent il y a aussi des êtres humains qui, dans l’époque choisie par Têtu, traînent leur savate. Comme première entrée en littérature c’est une réussite.  Avis à ceux qui décernent des prix littéraires pour un premier roman, regardez par ici.
Félix au Café Temporel Martin Têtu. Éditions Persona 150p.    

 


 

Écologistes mais propagandistes quand même de la consommation

Au Québec on a une expression savoureuse pour exprimer le fait que les actes ne suivent pas les paroles “les bottines ne suivent pas les babines”. C’est un peu le constat que fait Fanny Parise dans son essai provocateur Les enfants gâtés. Avec pour sous-titre “Anthropologie du capitalisme responsable”. Que dit au fond cette anthropologue qui observe avec attention nos moeurs contemporaines, que si d’un côté on tient un discours écologique, ce n’est pas pour “consommer mieux et moins, mais consommer mieux et plus”. Au fond, il y a une grande hypocrisie entre le discours officiel et la réalité du terrain. Elle tend le miroir de nos contradictions. Et on sort de cette lecture en se disant que parti comme on l’est, rien ne va réellement changer et que la sentence finale pour la survie du monde sera sans appel. Car la consommation a pris ce tour vicieux de bien se présenter aux esprits engagés pour la pérennité de notre bonne vieille Terre. Et l’auteure décortique très bien la manoeuvre de l’industrialisation version 2.0.
Les enfants gâtés Fanny Parise. Payot 313p.    

 


 

Celui que Paul Auster compare au jeune Hemingway

Lorsqu’une pointure comme Auster vous donne cette bénédiction, disons que ça donne des ailes. Le yougoslave Semezdin Mehmedinovic a puisé dans son expérience personnelle pour accoucher d’un bijou littéraire Le matin où j’aurais dû mourir. Son personnage sera foudroyé par une crise cardiaque. Il ne devra sa vie qu’au secours de sa femme et du Samu. Toutefois, une séquelle qui va le contraindre à se soumettre à un traitement avec le risque d’affecter sa mémoire. L’homme ne partagera pas cette sombre perspective et gagnera Phoenix en Arizona accompagné par son fils. Mais la fatalité entrevue pour lui touchera plutôt sa femme qui elle, verra sa mémoire sombrer graduellement. Comme quoi en ce bas monde, nous rappelle ce livre magistral, nous vivons sur du temps emprunté. Ceux qui sont passés par la maladie, ou que hante cette possibilité trouveront un grand intérêt à sa lecture. Il y a de l’humanité à chaque page. Auster n’a pas fait dans la surenchère. La référence à Hemingway est méritée.  Peut-être parce que l’auteur a connu la guerre dans on pays et qu’il sait la fragilité de la vie humaine.
Le matin où j’aurais dû mourir Semezdin Mehmedinovic. Le bruit du monde 229p.   www.lebruitdumonde.com

 


 

 Un cri d’alarme pour une conscientisation politique

François Boulo est à la ville juriste à Rouen. Il est porte-parole des fameux Gilets jaunes. Il a mal à sa France et au monde. Il voit bien comment les politiciens vivent dans leur tour d’ivoire sans se soucier d’une guigne pour le petit peuple, en débit des discours démagogiques la main sur le coeur. Et ce n’est pas drôle ce qui s’en vient dans l’Hexagone avec ce jeune Héliogabale à l’Élysée qui vient de proclamer la fin de l’abondance et dont le gouvernement évoque le début des rationnements!  Les Gilets Jaunes vont certainement devoir reprendre du service à l’automne. Mais Boulo exhorte tous les français dans un premier temps à se conscientiser politiquement, même si c’est barbant et que notre quotidien l’emporte sur tout. Car comme il l’écrit fort à propos, si nous ne occupons pas de politique c’est la politique qui va se charger de le faire. Et pas comme on souhaiterait. Il écrit donc Reprendre le pouvoir afin de sensibiliser les lecteurs à l’importance bien maîtriser la politique certes, mais aussi l’économie. A lire impérativement pour prendre la place qui nous est due.
Reprendre le pouvoir François Boulo. Les Liens qui Libèrent 267p.     www.editionslesliensquiliberent.fr

 


 

Considérations sur la peine judiciaire

En matière de justice interfère l’aspect culturel. Ainsi aux États-Unis l’incarcération a véritablement et essentiellement une signification coercitive. Au Canada on la place sous l’angle de la réhabilitation. Pour ce qui est des condamnations et des sentences, on critiquera au Québec comme en France pour ne nommer que ces deux endroits, l’application de sentences dites bonbon ou souvent des accusés ayant commis des actes d’une certaine gravité se retrouvent à l’air libre, ayant passé à peine quelque temps derrière les barreaux. C’est donc toute une réflexion à se faire sur le sens de la peine. Un exercice qui vient d’être fait et rendu public à travers cet essai de Jérôme Ferrand, Fabien Gouriou et Olivier Bazac Éprouver le sens de la peine”.  Quand le droit, la philosophie et la psychologie se rencontrent, cela donne un bouillonnement d’idées concernant l’emprisonnement, et ici un large volet est consacré à la probation. Des éclairages utiles pour donner du sens au mot punitif.
Éprouver le sens de la peine. Jérôme Ferrand, Fabien Gouriou et Olivier Bazac. Éditions du commun 237p.     www.editionsducommun.org

 


 

Une déclaration d’amour poétique au peuple algérien

L’éditeur prend soin de le situer, ce livre Une dette algérienne n’est ni un roman, ni un recueil de poésie, mais une chronologie événementielle d’un homme L. Bertrand qui fait ses comptes avec les algériens qu’il aime et qui veut en quelque sorte se faire pardonner quelque chose qu’il tente d’expliquer à travers un long poème qui se déroule qui recèle autant d’hommages aux petites gens qui peuplent ce beau pays qui regorge de ressources naturelles certes, mais surtout humaines. Et c’est un appel à l’humanité que le poète lance. Nous formons une Terre globale où il ne devrait y avoir aucune distinction malfaisante. Extrait “D’autres, les places ils les habitent Selim et Ta attendent quelques 50 dinars questionnent le père des choses de la vie qui les traversent de ces sons de ces odeurs de capitale qui les marquent ces trottoirs enroulant leurs jeunes cuisses”.
Une dette algérienne L. Bertrand. Éditions Terrasses 157p.   www.terrasses.net

 


 

Retour sur un colloque pionnier de la préoccupation écologique

Nous sommes en juin 1972. André Gorz  portant à ce moment-là, la double casquette de journaliste et penseur organise un colloque dans la capitale française sous le thème novateur à ce moment “Écologie et révolution”. Et qui accepte son invitation ? Nul autre qu’Herbert Marcuse. A ce moment -à de l’Histoire on n’est pas très préoccupé par les menaces qui pèsent sur la planète. Les deux vont faire figure de précurseur en alertant le monde sur les déprédations causées à l’environnement par l’exploitation industrielle effrénée.  Christophe Fourel et Clara Ruault reviennent sur cet événement. La seconde partie nous offre des documents complémentaires concernant les deux hommes, dont un entretien inédit. Ce rappel est à inscrire dans notre devoir de mémoire concernant les premiers sonneurs d’alerte du désastre annoncé.

Écologie et révolution pacifier l’existence André Gorz/ Herbert Marcuse: un dialogue critique.  Christophe Fourel et Clara Ruault. Les Petits matins 185p.  
 


 

Sur ce que les médias peuvent faire ou non

La pandémie de la Covid-19 et le traitement de l’information qui en a découlé a provoqué l’ire de plusieurs, fondée ou non. Avec pour résultat une perte abyssale de crédibilité concernant les médias. Plusieurs étant accusés d’être inféodés aux puissances financières. C’est pourquoi l’essai de Pierre Trudel chroniqueur au Devoir arrive à point nommé. Droits, libertés et risques des médias fait le tour des législations qui les encadrent et tout ce qui touche aussi au droit d’accès à l’information. C’est une sorte de mise au jour d’où nous en sommes à ce chapitre. Qui intéressera au premier chef ceux qui exerce la profession de même que le public intéressé par cette problématique. Car il n’en reste pas moins que la liberté de presse est un bastion de la démocratie, qui s’en trouve menacé pour moult raisons.
Droits, libertés et risques des médias Pierre Trudel. Presses de l’Université Laval 303p.   www.pulaval.com

 


 

Tout ce que vous devez savoir sur le naufrage de l’Empress of Ireland

Dans la nuit du 29 mai 1914 le paquebot Empress of Ireland entre en collision avec un navire charbonnier à la hauteur de Sainte-Luce-sur-mer dans le Bas-du-Fleuve. Provoquant le naufrage du premier, provoquant la mort de 1012 personnes. Cette tragédie sera l’une des plus importantes après celle du Titanic. S’il y en a un qui connaît bien tous les aspects de cette sombre page de l’histoire maritime c’est bien Langis Dubé plongeur expérimenté qui aura effectué 369 plongées sous les 140 pieds d’eau de profondeur. Il détaille chacune de ses plongées importantes. Et il nous apprend, dans la province de Québec où la devise est “Je me souviens” que, à son grand étonnement en 1980, plusieurs personnes à Rimouski ignoraient l’existence de ce fait historique, pourtant à leur porte. Et ce qui ajoute à la valeur du récit, c’est le ton du conteur, ce qui en fait un livre qu’on lit d’une traite avec la difficulté de s’en détacher.
Si le sujet vous captive, vous pouvez compléter votre curiosité avec cet autre album 1964: A la découverte de l’Empress of Ireland de Samuel Côté. Pourquoi l’année 1964 ? C’est qu’elle coïncide avec le 50ème anniversaire de la catastrophe d’une part, qui a redonné de la visibilité à l’événement, dont la découverte de l’épave. L’auteur a produit un documentaire “A la conquête de l’Empress of Ireland”. Dans son bouquin il nous montre des documents officiels, des artefacts et des photos des préparatifs de plongées.
Mes 369 plongées sur l’Empress of Ireland  Langis Dubé. GID 191p.  
1964: A la découverte de l’Empress of Ireland Samuel Côté GID  116p
www.leseditionsgid.com

 


 

L’évolution de l’Outaouais à travers un personnage de fiction

Fonctionnaire fédérale à la retraite, Louise S. Dumoulin se passionne depuis longtemps pour l’Histoire. Et elle persiste et signe avec Marguerite Legoux maraîchère et pionnière de l’Outaouais. D’entrée de jeu, l’auteure nous prévient que c’est un personnage de fiction. Elle sert de prétexte comme témoin de l’évolution de ce qui fut à l’origine une bourgade, qui deviendra ville anglophone et protestante pour en arriver des décennies plus tard à une métropole francophone! Quelle métamorphose! Pour le moment elle cadre son récit en 1848 année de l’arrivée de la protagoniste en Outaouais. Son histoire est forgée à partir de données rigoureusement historiques celles-là qui situent la région et son temps. D’ailleurs en fin d’ouvrage, pour ceux et celles qui voudraient plus explorer à fond le sujet, elle livre ses sources. C’est si bien narré que cela pourrait faire un très beau film. Avis aux scénaristes en panne de sujet. Lâchez vos énièmes versions cinématographiques de Maria Chapdelaine. Il y a d’autres choses à voir. Entretemps on peut se rabattre sur cette lecture édifiante et se faire ses propres images.
Marguerite Legoux maraîchère et pionnière de l’Outaouais Louise S. Dumoulin. GID 211p.     www.leseditionsgid.com

 


 

Joufflu et combien utile Le Petit Larousse illustré 2023

Il y a des esprits chagrins qui ont annoncé un peu trop tôt la mort des dictionnaires version papier, les considérant obsolètes au vu des consultations rapides qui peuvent se faire sur le web. C’est tout simplement une vue de l’esprit, car quand est atterri sur notre table de rédaction l’édition 2023 papier du Petit Larousse illustré, nous avons eu comme de une émotion. Car chez nous à Culturehebdo, on n’a rien perdu du plaisir de humer l’odeur combinée de l’encre et du papier. Ensuite il faut prendre en compte que l’impression papier n’a pas une trop courte date de péremption, et qu’avant qu’il y ait des changements significatifs, la cuvée que vous allez avoir entre les mains est bonne pour longtemps. Bref, ce bébé Larousse tout en couleurs et à l’iconographie soigné, a du plaisir à livrer pour bien longtemps. En passant, c’est 90 mille articles qui vous attendent de pied ferme.
Le Petit Larousse illustré 2023    www.larousse.fr

 


 

Un homme du sérail de l’information s’en prend aux “complotistes” médiatiques

Voyage au pays de la dark information de Antoine Bayet est une mise en garde contre des plateformes médiatiques qui véhiculent des “dark news”. Bayet est directeur éditorial de l’Institut national de l’audiovisuel et enseignant à l’École de journalisme de Sciences Po. Donc c’est a priori quelqu’un qui mérite d’être entendu. Hélas, son propos est émaillé de charges contre le chercheur célébrissime Didier Raoult de qui on croirait qu’il dit n’importe quoi, alors que ce dernier s’appuie dans ses dires concernant la Covid, toujours à partir des données officielles gouvernementales. Ensuite il pique l’animateur de Sud radio, André Bercoff qui laisserait passer n’importe qui d’anti-vax à son antenne. Bercoff est un  journaliste de métier qui, grâce à la qualité de ses intervenants a pu cadrer la “pandémie” dans ses justes proportions, comme lorsqu’il a donné l’antenne à la généticienne Alexandra Henrion-Claude.  Bref, Bayet est légitimé d’exprimer ce qu’il pense, mais la détresse causée par l’orchestration de peur médiatique autour de la pandémie ne permet pas que l’on remette en question ceux qui ont détecté la plus grande arnaque sanitaire de tous les temps.
Voyage au pays de la dark information Antoine Bayet. Robert Laffont 276p.    www.laffont.ca

 


 

Les confessions en toute transparence du grand parrain de la mafia américaine

Lucky Luciano testament est un livre fondateur. Car pour la première fois, le capo di tutti capi, autrement dit celui qui fut des décennies durant le parrain de la mafia américaine, nous avons nommé Lucky Luciano s’est livré totalement en dépit de la fameuse loi de l’omerta, celle du silence absolu. C’est qu’il n’avait plus rien à perdre celui qui a été de la même génération qu’un Al Capone. Si ce dernier régna à Chicago, Lucky lui, était roi et maître à New York. Pour revenir à cette livraison exceptionnelle, il faut rappeler que le mafieux avait dit oui à deux individus Martin A. Gosch et Richard Hammer à la seule condition que le livre qui en serait issu, ne soit publié que dix années après sa mort. Car il craignait que si ses souvenirs paraissent de son vivant, qu’il ne le soit plus très longtemps, surtout qu’ils n’auraient pas été du goût de son successeur le juif Meyer Lansky.   Cet ouvrage, qui est disponible en langue française, a inspiré le film Le Parrain avec Marlon Brando dans le rôle-titre. Le livre entremêle la narration du gangster à la première personne et des mises en contexte du côté des auteurs. C’est palpitant au possible. On voit bien que ces gens-là, vivent certainement dans l’excitation perpétuelle, mais à l’espérance de vie très courte.
Lucky Luciano testament entretiens avec Martin A. Gosch et Richard Hammer. Éditions La manufacture de livres 505p.      www.lamanufacturedelivres.com

 


 

Des femmes d’horizons divers expriment leurs parcours

La grande reporter au quotidien Le Monde Annick Cojean a un talent bien à elle, d’arracher simplement des confidences. Et les femmes trouvent en elle de quoi s’épancher. On le voit bien encore une fois avec Nous ne serions pas arrivées là si…C’est un sacré aréopage qui est réuni là avec des femmes de calibre telles Laure Adler, Mona Ozouf, Isabella Rossellini, en passant par Barbara Hendricks et Emma Thompson, pour ne nommer que celles-là. En réalité. le témoignage de chacune diverge du titre quelque peu, car chacune débute sa confession par “Je ne serais pas arrivée là si….”  Il serait fastidieux et imméritée pour ces femmes, de n’en citer que quelques-unes et ce qu’il y a à retenir. Autant les femmes au premier chef, que les hommes (oui messieurs) trouveront de riches enseignements parmi ces parcours. Et puis la forme questions-réponses est si dynamique. Vous arriverez vite à la fin du livre en regrettant que ce soit déjà terminé. Ce qui est, avouons-le, le plus beau des compliments.
Nous ne serions pas arrivées là si…Annick Cojean. Grasset Le Monde 385p.    www.grasset.fr

 


 

Cupidon qui frappe en pleine crise sanitaire et politique en Algérie

Disons le tout de go, la pandémie de la Covid-19 a emmerdé bien des gens, notamment en raison des périodes de confinements décrétés par les divers gouvernements. Et l’Algérie n’a pas échappé à cette vaste arnaque sanitaire mondiale. Louenas Hassani qui en est à son troisième opus en carrière,  en a fait le cadre d’une émouvante histoire d’amour dans ce contexte où l’on voudrait bien s’épancher, mais sans pouvoir sortir de chez soi. Et si ce n’était que la seule embûche. Fou d’Ahlam narre le coup de foudre qui embrase Elian, professeur de philosophie qui ne se contient plus devant Ahlam, jeune étudiante en médecine. On dit la jeunesse audacieuse, la leur parviendra-t-elle à surmonter les obstacles ? On vous laisse le soin d’en découvrir l’issue.  Retenons à ce stade ci que c’est un livre poignant qui nous rappelle à quel point l’amour doit être l’unique ligne de notre conduite terrestre pour lui donner du sens.
Fou d’Ahlam Louenas Hassani.  David 243p.    www.editionsdavid.com

 


 

Un médecin à la vie perturbée

Le personnage central du roman de Marie Paquet “La deuxième vie des étoiles” le Dr. Seth Mahoney aurait dû se coller aux préceptes bouddhistes. En effet, dans le bouddhisme du moins tibétain, on enseigne que la stabilité n’existe pas dans ce monde. Que l’on aspire à la permanence des choses, en santé, travail ou amour. Mais que l’existence humaine est tout le contraire, faite de rebondissements. C’est ce qui lui arrivera, lui qui aspire à une vie en eau alme. C’est que va débarquer dans son train train Patricia, une connaissance depuis l’adolescence et qui a l’art de le remuer et pas à peu près. De quelle nature et forgée cette relation ? L’auteure utilise une construction habile où elle laisse l’antenne à chacun des deux acteurs de son livre . Un chapitre l’un, l’autre, qui laisse le loisir aux deux de nous partager leurs motivations. Dame Paquet est une fine observatrice de nos moeurs d’homo sapiens.
La deuxième vie des étoiles Marie Paquet. Goélette 269p.    www.goelette.ca

 


 

Les riches heures d’un gentleman cambrioleur italien

Pour résumer, Raoul Saccorotti est une sorte d’Arsène Lupin italien qui a eu une vie tout sauf routinière et que raconte par le menu le journaliste Phil Casoar dans L’Arsène Lupin des Galetas. Qui va être mêlé à des ventes aux enchères de provenance douteuse, vente d’armes, qui bourlingue en Italie, France et Espagne. Et d’un chic à part ça. Il ne doit pas y avoir beaucoup de photos de lui, on en voit deux dans le livre, une en couverture, le montrant plus jeune en frac de gala, melon et chemise à poignets mousquetaire et une autre adulte en quatrième de couverture avec des airs de repris de justice. Cette biographie rocambolesque est un pavé qui fourmille d’anecdotes sur un homme qui se refusait à la vie commune de ses semblables. Le petit pain aux autres. Et comme il ne faisait rien comme les autres, il a trouvé le moyen de mourir dans un hôpital de Gênes en 1977 et d’être incinéré seulement en 1986! Et on ne sait trop où pourquoi. Amateurs de vies hors normes, vous êtes ici dans une bonbonnière.
L’Arsène Lupin des Galetas Phil Casoar. Cerf 582p.    www.editionsducerf.fr

 


 

Un tombeau pour Cali

Écoute la pluie tomber le joli titre d’Olivia Ruiz est un tombeau. Ce mot qui au Siècle des Lumières qualifiait une oeuvre artistique, généralement musicale, pour souligner la mémoire d’une personne.  Ici le personnage, une femme, Carmen, qui parle à la première personne, se trouve à Marseillette en Occitanie. Elle ravive dans sa tête la mémoire de sa nièce chérie, Cali, morte en couches. Celle qui a voulu donner la vie et qui a perdu la sienne. Donc ce devoir de mémoire la ramène en Espagne franquiste que l’on a quitté pour cause de dictature. Elle a aussi connu la tôle et en parle avec un détail clinique. Comment Cali a joué un rôle dans sa vie,  l’importance qu’elle a prise et dont elle sent le vide abyssal. C’est un très beau texte qui, en notre ère numérique déshumanisante, remet l’humain à la première des places.
Écoute la pluie tomber Olivia Ruiz. JC Lattès 194p.    www.editions-jclattes.fr

 


 

Deux nouveaux bébés chez l’éditeur L’Art-dit

Dans sa collection en plaquette “Propos sur” voici deux nouvelles sorties qui sauront trouver leur lectorat respectif. D’abord un duo formé de Marion Carré et Valentin SchmitePropos sur l’art et l’intelligence artificielle”. Avec en sous-titre une question “Artiste en devenir ?”.  On a vu à ce propos des oeuvres artistiques de facture technologique être proposées sur le marché de l’art, engendrant une spéculation déroutante, compte tenu de la valeur artistique que l’on pourra accorder à ces productions. Les auteurs, tous deux profs à Sciences-Po, déconstruisent les pires appréhensions que l’on pourrait avoir sur l’infiltration de l’intelligence artificielle dans la création. Au sortir de cette lecture on se rassure que le cerveau domine tout de même, sa complexité ayant de quoi rassurer.
Puis c’est un enseignant en maths Michel Racois qui a enseigné son domaine au niveau collégial après avoir fait de même à l’École Normale. Il a la transmission de son savoir dans son ADN. Et il s’est mis en tête de nous faire aimer, ce qui pour beaucoup est barbant et une injustice étant donné que ce sont les maths qui ont suppléé pour déterminer le niveau d’intelligence des humains, au latin et au grac d’autrefois. Bref, il sort “Propos sur la beauté des maths”. Son objectif tenez-vous bien est de faire éprouver une émotion en construisant un raisonnement. Et ce qui est intéressant dans sa pédagogie, c’est qu’il fait intervenir le voyage imaginaire. Pas bête.

 


 

Partir à l’exploration des fleurs de montagnes

Les éditions du Mont-Blanc nous ont habitué à des récits d’escalades vertigineux. Cette fois on sort des sentiers connu avec un album destiné à la jeunesse mais qui plaira à tous, mêlant présenantation encyclopédique en mode vulgarisation et bande desssinée. Le sujet Les fleurs des montagnes, tu connais ? du tandem formé par Charlotte Passelègue et Clémence Cardot sur des illustrations distrayantes de Clémence Cardot. Ce livre regorge de découvertes à faire. Ou des rappels de choses que l’on a oublié. Ainsi comment la sève de bouleau dont on nous montre comment on en fait la récolte (un peu comme celle de l’érable) constitue un formidable tonifiant. C’est vraiment ludique et pédagogique à la fois. Cet ouvrage devrait impérativement figurer dans les programmes scolaires et être un frein au décrochage scolaire pour cause d’ennui.
Les fleurs des montagnes tu connais ? Charlotte Passelègue et Clémence Cardot. Illustrations Yannick Chambon. Éditions du Mont-Blanc 136p.   www.leseditionsdumontblanc.com

 


 

Une artiste de l’art naïf qui rend hommage aux cultures gaspésienne et acadienne

Irène Grant Guérette récipiendaire de l’Ordre du Canada, a connu une vocation pour l’art visuel assez tardive, dans la cinquantaine. Elle est née à New Carlisle puis se transportera à Saint-Jean au Nouveau-Brunswick, pour effectuer un retour à la case départ dans sa Gaspésie natale. Sa peinture entre dans ce qu’on appelle l’art naïve. Il y a là comme une sorte de restitution de l’enfance. Or comme c’est dans l’enfance que l’on forge sa personnalité, il est bon de revenir aux sources avec le pinceau. Nous avons au final un album émouvant Mes couleurs de la Gaspésie et de l’Acadie qui nous gratifie en plus de vignettes fort instructives sur la vie quotidienne et les coutumes. Une belle façon de faire son cours 101 du domaine, tout en distrayant l’oeil avec la vivacité des couleurs choisies.
Mes couleurs de la Gaspésie et de l’Acadie Irène Grant Guérette. GID 115p.   www.leseditionsgid.com

 


 

Troisième tome de la petite encyclopédie du jouet de Jean Bouchard

Sonnez les trompettes, voici la sortie du troisième tome de la trilogie que consacre Jean Bouchard aux jouets au Québec. Dernier tour de manège tel est son titre, est centré sur les jouets de l’après seconde guerre mondiale. Si on fait le décompte des trois bouquins à ce jour, il aura présenté 1600 jouets sur les 2500 de sa collection. Et tous ont la particularité d’avoir été fabriqués au Canada. C’est une immersion dans le monde de l’enfance qui nous est faite avec un défilé de jouets que l’on aurait sans doute aimé avoir étant petit, ou que l’on a possédé c’est selon. Il y a là des trésors qui doivent valoir une petite fortune. On voit entre autres un camion de livraison du fameux magasin Eaton, un petit gadget de la compagnie de balayeuse Electrolux qui permettait d’amasser 40 pièces de vingt-cinq cennes pour pouvoir l’ouvrir. Une incitation à l’épargne par…la force.  Vous irez de découvertes en découvertes. Un monde enchanté s’ouvre sous nos yeux.
Dernier tour de manège  Jean Bouchard. Les éditions GID 202p.   www.leseditionsgid.com

 




 

De la condition d’artiste du dilettante à celui au statut de professionnel

Un esprit chagrin dira qu’il s’écrit trop de livres. Eh bien la réponse est non. Et pour opposer un sérieux démenti à cette vision négative, il y a ce bel essai qui explore un volet psychologique intéressant, ce qui différencie le créateur ou l’artiste, entre l’amateur et le passage au statut professionnel. En effet S’accrocher au monde de Marianne Pascal se penche sur ce transfert de l’anonymat à la notoriété. Il n’y a pas beaucoup de choses à notre connaissance qui ont été écrites sur la valorisation pécuniaire et autres et les considérations qui en découlent. L’auteure en sait quelque chose, qui d’architecte de profession, a délaissé ce monde pour se consacrer totalement à l’art visuel, se spécialisant dans des installations qui font intervenir la lumière. Elle offre des formations dans son atelier des Yvelines. Et elle qui a vécu aux États-Unis où faire de l’argent est la seule raison d’être, elle en connaît un rayon sur l’aspect bankable d’un artiste.
Et puisqu’il est question de marchandisation de l’art, voici un autre titre chez le même éditeur l’Art-Dit signé d’un marchand d’art Frédéric de Senarciens, ex-galeriste et conseiller artistique pour des collectionneurs. Il est titulaire d’un site sur ce secteur ArtMarketGuru. Cent regards sur le monde de l’art est le fruit de son poste d’observateur de la mouvance financière de la valeur artistique. Et savez-vous quoi ? Au risque de froisser la gent féminine, il constate à regret que le monde de l’art est un monde d’hommes….Ouille! Vous en apprendrez sur la faune qui défile au cours des vernissages. C’est vraiment un être atteint de lucidité chronique. Qu’est-ce qu’on s’est amusé à cette lecture.
S’accrocher au monde Marianne Pascal. L’Art-Dit 121p.    
Cent regards sur le monde de l’art.Frédéric de Senaciens. L’Art-Dit 189p.
www.editions-lart-dit.fr

 


 

Daniel Lavoie complète sa trilogie de fabliaux

Si Daniel Lavoie est un artiste éminemment contemporain, il réfère à un véhicule littéraire très ancien remontant au Moyen-Âge, le fabliau, dont le motif était le vers mais avec l’intention de faire rire.  Notre homme sait rire on le voit bien. Il présente la conclusion de sa trilogie sous ce mode qui avait été précédé avec succès par “Finulités” et “Particulités”.  Cette fois le titre est Humanismes qui deviendra bientôt si la tendance se maintient un archaïsme, tant l’univers numérique efface progressivement tout échange humain en présentiel. En quatrième de couverture on a choisi cet extrait, judicieux car il donne bien le ton du contenu “Une star avant de l’être ne l’est pas. Déclaration qui peut paraître bête comme ça. Mais, un jour, elle décide de payer le prix. Pour devenir une star, il faut donner sa vie”.  A parcourir ces vers, un tantinet provocateurs par moments, on voit que l’artiste qu’il est , en est un complet. Ah, il y a aussi cette particularité que chaque fable est précédée d’une recommandation musicale, puisée à diverses sources, tant classique que populaire, pour enrober le texte qui va suivre. Un exercice à faire très intéressant.
Humanismes Daniel Lavoie. Plaines 122p.    www.plaine.ca

 


 

Une critique des espaces langagiers, sources de de discrimination

Un peu pour éclairer ce qui vient, une évidence de discrimination langagière est la détestation des cinéphiles de France pour les doublages de films américains en langue française québécoise. On hurle au loup. Comme si le français dit “international” était de France point de salut. Bye bye la Belgique, la Suisse et tutti quanti. Et puis il faut se souvenir que dans les touts débuts de la radio et de la télévision à Radio-Canada on usait d’un langage pointu voire doté d’une tonalité cléricale en roulant les “r”. Bref il y a toujours eu dissension sur la manière de s’exprimer au vu d’une certaine norme. Le philosophe et sociologue Malo Morvan en connaît un rayon sur la question, lui qui a fait sa thèse de doctorat sur les conflits de définition de la norme dans la langue bretonne. Il explore plus largement dans son essai éclairant Classer nos manières de parler, classer les gens.  Il pousse la réflexion sur les classements linguistiques qui sont à l’origine de tant de divisions entre les hommes. Sa conclusion, une évidence que l’on ne veut pas voir, à savoir que les langues existent et qu’il faut composer avec.
Classer nos manières de parler, classer les gens Malo Morvan. Éditions du commun 263p.        www.editionsducommun.org

 

 


 

Un tour de l’Amérique du Sud à caractère cinématographique tout sauf banal

D’abord un mot sur Charlotte Billard qui débarque avec Le bateau à film la narration d’un tour de l’Amérique du Sud afin d’y réaliser des documentaires et contacter des artistes locaux. Cette dame a le cinéma dans les veines, au point d’avoir créé en France son ciné-club voués à la promotion de films étrangers ou du côté français qui ont eu moins de chance en terme de visibilité. Elle est aussi lectrice de scénarios pour le compte de la commission Aide aux Cinémas du Monde du CNC et l’Institut français. Elle embarquera un jour avec l’équipage d’un navire affrété par l’association Le Bato à film. Si vous aimez l’exotisme vous êtes servis dans ces pages où elle va côtoyer des “lutins des ténèbres” comme on les désignent, ces iguanes à la peau noire. Elle n’est pas près d’oublier toutes ces rencontres qu’elle nous partage généreusement. Puis elle est une formidable conteuse,  comme si on y était. Le mérite de cette lecture c’est le degré d’évasion qu’il procure. On en a bien besoin en ces temps de morosité planétaire. Madame, vous êtes une bienfaitrice de l’humanité.
Le bateau à film Charlotte Billard. L’Art-Dit 223p.    www.editions-lart-dit.fr

 


 

Brrr!!! Un tueur en série rôde autour de la célèbre Dr. Kay Scarpetta

Patricia Cornwell ne rate jamais un bon sujet.  Imaginez que sa dernière ponte Autopsie mettant en vedette sa fameuse doctoresse Kay Scarpetta, elle la situe en période…post-pandémique avec un univers teinté de folie. On comprendra aisément que les mesures sanitaires contraignantes ont sans doute haussé le degré de création de psychotiques en circulation. Toujours est-il que dans ce polar de haute volée elle se trouve à Washington en compagnie de son mari Benton Wesley, profileur au sein des services secrets. Et il va arriver que des meurtres vont se produire dans la capitale américaine, pire, près de chez elle. Vite qu’on débusque l’auteur de ces crimes sordides avant qu’elle même risque d’y passer. On trouve dans ce livre tous les ingrédients qui assurent de ne pas s’ennuyer un seul instant.
Autopsie Patricia Cornwell. JC Lattès 361p.    www.editions-jclattes.fr

 


 

Une massothérapeute sexagénaire disserte à haute voix sur ce qui la chauffe

Elle a pour prénom Ninon. Elle est massothérapeute, une professionnelle en tout point. Pas de celles qui clôturent leur pratique par un “happy end” sur demande pour arrondir leur ordinaire. C’est le personnage choisi par Patrick Straehl pour son roman Ninon sur son X cette dernière lettre pour marquer que la femme est à la bonne place dans l’échiquier de l’existence. On appréciera qu’elle est sans filtre, donc hors norme pour notre temps où la langue de bois et l’hypocrisie sont florès.  Sans filtre ne veut pas dire que l’on approuve toute ses convictions loin de là comme lorsqu’elle proclame “Mais quand tu lèves le nez su’ des jobs pas alléchantes pa’c’que tu penses que tu vaux plusse que çà, là j’ai zéro respect”.  C’est écrit en québécois joual. On appréciera diversement selon que l’on soit tenant de l’authentique ou plus collé à un français universel. L’essentiel et l’intérêt demeure la bouille de cette femme qui ferait une sacrée pointure au cinéma. Producteurs de cinoche regardez de ce côté-là. Et ce ne sont pas les comédiennes qui manquent qui pourraient prendre la peau de la Ninon. Faites votre propre casting maison.
Ninon X Patrick Straehl. Les éditions Sémaphore 199p.    www.editionssemaphore.qc.ca

 


 

Des voix de femmes au pluriel

C’est un inédit pour ce qui est du catalogue habituel des éditions Marchands de feuilles qui fait généralement et quasi strictement dans le roman ou ce qui voisine ce qu’on englobe comme le littéraire. Il s’agit de A nos filles cosigné par Michèle Plomer et Justine Latour photographe.. Les deux femmes ont sélectionné un aréopage de femmes d’horizons divers, pour leur demander quels ont été leurs combats personnels dont elle considère que l’on n’en a pas suffisamment parlé et aussi, si elles ont des conseils à transmettre. Grosso modo la question de base à ces entretiens est “Comment survivre au monde ?”  Et comme le mode choisi est celui de la conversation, il y a là un dynamisme que l’on apprécie. Ces femmes se sont ouvertes pleinement, tel un confessionnal. Il serait fastidieux ici, devant l’abondance des pensées recueillies, d’en faire même un sommaire. Mais si vous êtes un curieux de la moitié du monde, arrêtez-vous à ces témoignages. Ils sont tous édifiants.
A nos filles Justine Latour et Michèle Plomer. Marchands de feuilles 321p.  

 


 

Réflexions post-mortem sur la mort d’une mère

Il était une fois l’écrivain Roger Peyrefitte qui ne parvenait pas à cicatriser la douleur engendrée par la mort de sa mère. Il était allé trouver son ami Henry de Montherlant qui cyniquement  l’avait invité à se procurer un chat. Pour Boucar Diouf qui n’est jamais à court d’une pensée réfléchie, ça ne se règle pas aussi facilement, car la mère est une incarnation fondamentale dans la construction de sa progéniture. Et notre fameux biologiste n’a pas échappé à l’influence de la sienne. Et quand celle-ci a été rappelée par le Très-Haut, sa tête a été aussitôt remplie d’idées diverses. Cela donne un ouvrage merveilleux Ce que la voie doit à la mort qui plus largement renvoie à ce que la mort donne un sens à la vie. Pouvons-nous un seul instant nous imaginer immortel et devoir subir les aléas du quotidien à perpète ? La finalité de l’existence nous permet d’apprécier, quand on a une certaine sagesse, la valeur de chaque petite chose du quotidien. Encore une fois notre penseur imagine différentes hypothèses sur ce qui a pu bien arriver à sa mère après avoir rendue son dernier souffle ? Ceux qui ont une hantise de la mort trouveront dans ces pages motif à apaisement.
Ce que la vie doit à la mort Boucar Diouf. Les éditions La Presse 149p.     www.editionslapresse.ca

 


 

Cupidon made in Québec

Au départ dans la colonie québécoise il y eu un homme et une femme, qui s’aimèrent et qui firent de nombreux enfants. Pour engendrer, ils avaient compris le message pour la survie de la civilisation québécoise francophone. Maintenant pour ce qui était des manifestations amoureuses, comment cela se vivait-il chez nos aïeux ? La réponse se trouve dans les deux tomes de Histoire populaire de l’amour au Québec du journaliste et historiographe Jean-Sébastien Marsan. Le premier couvre la période allant de l’avant la Conquête et le second à partir de celle–ci jusqu’en 1860.  D’autres ouvrages complèteront cette étude pour se rendre jusqu’à la Révolution tranquille. C’est une mine infinie de renseignements. Ainsi saviez-vous que c’est en 1644 qu’un de nos premiers colons va épouser pour la première fois une amérindienne. Les amérindiennes ou métisses avaient une longueur d’avance sur les françaises nouvellement venues, connaissant les ressources de l’environnement. Ce premier couple mixte aura neuf enfants. Au Bas-Canada en 1818 une domestique ayant subie une fausse couche sera soumise à une forte amende. Et puis rien de nouveau sous le soleil, la présence conjugale était déjà une triste réalité, surtout si le mari était alcoolique et incapable de maîtriser ses pulsions d’être dominant comme le lui autorisait la loi. Bref, vous aurez une petite gêne à proclamer que c’était mieux avant.
Histoire populaire de l’amour au Québec de la Nouvelle-France à la Révolution tranquille  Jean-Sébastien Marsan. Tome 1 Avant 1760 Tome II 1760-1860. Fides.  www.groupefides.com

 


 

Des nouvelles de Jacques Lemaire

Non il ne s’agit pas ici de l’ex-entraîneur des Canadiens, mais d’un écrivain qui s’adonne avec passion à son goût de l’écriture et qui a fait une longue carrière dans l’administration scolaire précédé d’une époque d’enseignant au Collège Jean-de-Brébeuf. Il nous gratifie d’un recueil de quatorze nouvelles. Parmi celles-ci, la quatrième de couverture nous informe que celle ayant pour titre “Le ravin” a remporté le Prix de la nouvelle de Radio-Canada, cuvée 2019.  Pour nous, celle qui a retenu notre attention est “Le miroir” car c’est un soliloque sur le corps vieillissant, le narrateur se voyant dans une glace d’un grand magasin à rayons, côté parfumerie. Il a reconnu alors avec lucidité le poids des ans. Y a t-il une part d’autofiction par-ci par-là ? Car c’est toujours écrit à la première personne.  Et avec une maestria qui incite au respect. Et puis qualité première pour un nouvelliste qui se doit comme tel, un sacré regard sur ce qui l’entoure et sur soi-même. Là dessus Lemaire est champion.
Disparaître Jacques Lemaire. Les éditions Sémaphore 150p.   www.editionssemaphore.qc.ca

 


 

Il ose le dire, il déteste la nature!

Alors qu’effet de mode, ou peur de ce qui nous attend comme homo sapiens beaucoup se découvre soudainement des vertus écologiques, certains allant étreindre une arbre de tout leur être, pour être en communion avec la nature. Eh bien Robert Benchley (1889-1945) ne mange pas ce pain là. Au contraire, il a a ses détestations qu’il nous partage avec un zeste de provocation dans son petit pamphlet coup de poing Pourquoi je déteste la nature. Il a son palmarès des bibittes hideuses qu’il nomme et avec qui il ne passerait pas cinq secondes. D’abord un mot sur le bonhomme qui a gravité dans le comique, avec à sa palme d’avoir été le premier comique du parlant. C’était un familier de l’acteur Errol Flynn et d’Hemingway. Il enleva un Oscar pour son film “Comment dormir ?”  Un humoriste donc. Qui signa des pages épiques pour les riches heures du New Yorker. L’homme pour revenir à ces animosités animalières ne voyait pas d’un mauvais oeil la disparition de certaines bêtes. Il interroge la nature “Aurait-elle aussi des défauts ?”.  On s’est bien marré à cette lecture. Et le seul reproche qu’on pourrait lui faire c’est que c’est trop court, que vous intepréterez bien sûr comme le plus beau des compliments. Et rire on en a bien besoin, et plus que jamais.
Pourquoi je déteste la nature Robert Benchley. Wombat 121p.   

 


 

Tout savoir et même plus sur les feux de forêts

L’actualité nous ramène quotidiennement des feux de forêts dont certains ont pris des dimensions inégalées. On pourrait presque dire que la Terre est en feu. Et les origines sont de différentes natures: foudre, oeuvre d’un pyromane (des pompiers notamment en France!) négligence de fumeurs, etc. Il y a des feux dévastateurs et d’autres faisant partie d’un cycle régénérateur. Pour avoir une idée de quoi il en retourne les concernant, allez lire ce qu’en dit Joëlle Zask dans ce petit livre éclairant au possible Quand la forêt brûle qu’elle décrit en sous-titre, sans détour, comme une catastrophe écologique. L’auteure est non pas une ingénieure forestière, mais une spécialiste de philosophie sociale. Elle remet sévèrement en question les méthodes employées pour éteindre ces brasiers titanesques qui causent plus de tort qu’ils font du bien. En fin de lecture on remet en question que l’on veuille ou non, notre rapport à la nature.
Quand la forêt brûle Joëlle Zak. Premier Parallèle 189p.      www.premierparallele.fr

 


 

Ces coach du Canadien qui ont fait la légende du CH

 Le journaliste de La Presse André Duchesne nous sort un ouvrage qui frise l’érudition concernant l’histoire des entraîneurs-chefs du club de hockey du Canadien. Les coach comme on les appelle communément sont avant-tout des êtres humains. Et c’est cet aspect que privilégie l’historien quand il évoque les figures de parmi les 32 hommes qui ont dirigé derrière le banc des joueurs. Et il réussit de ce fait à intéresser même ceux qui n’ont pas plus d’intérêt pour notre sport national. C’est la pâte humaine que souligne Duchesne. On apprend pour ceux qui l’auront oublié, que Toe Blake qui a été associé aux heures de gloire de l’équipe avait sa taverne qu’il a tenue ouverte rue Sainte-Catherine durant plus de trois décennies. Son prédécesseur Dick Irvin avait lui, une passion pour les pigeons voyageurs. Il a été le coach au moment de la fameuse émeute au Forum, et on raconte que c’est lui qui a renforcé la colère de Maurice Richard. Il finira dans une grande pauvreté. Cette lecture est un véritable bonheur. Et plus près de nous, saviez-vous que Michel Therrien a été auparavant garde du corps de Roch Voisine ? On vous le dit, c’est une mine de renseignements.
Derrière le coach André Duchesne. Les éditions La Presse 341p.     www.editionslapresse.ca

 


 

Une reconstitution de tendresse

Bruno Combes dans ses 60 secondes de bonheur lance le message aux mères monoparentales et autres femmes esseulées, qu’il ne faut jamais désespérer. Que l’amour peut emprunter parfois des chemins insondables. Il donne le cas de Helena, trentenaire qui vit à Londres pour son travail dans le milieu bancaire de la City. Elle est dans la capitale anglaise avec son fils ado, Maxime. Passant le temps des Fêtes dans les Landes, elle sera témoin du violent climat qui va sévir avec une terrible tempête qui va décimer le paysage. Elle ira se réfugier chez un sylviculteur, qui vit lui aussi comme monoparental avec une fille, Océane atteinte d’une maladie handicapante. Quatre êtres qui vont passer ensemble des heures révélatrices. Le bonheur serait-il à portée de main, voire l’amour ? On vous laisse le soin d’en découvrir les tenants et aboutissants.
60 secondes de bonheur Bruno Combes. Michel Lafon 392p.   www.michel-lafon.com

 


 

Les soupes tentatrices de Geneviève Plante

La blogueuse vedette du monde de la cuisine Geneviève Plante qui pilote son site “Vert Couleur Persil” depuis 2014 a trouvé le moyen de nous faire saliver avec des soupes de toutes natures qui entrent comme le souligne avec pertinence le communiqué de presse accompagnant la sortie de L’heure de la soupe dans la catégorie des mets de réconfort. Et ici elle se fait tantôt créatrice, tantôt repreneuse de grands classiques comme la réconfortante soupe à l’oignon. Mais comment résister à un potage d’asperges à l’orange à l’estragon ou bien la soupe aux légumes parfumée au curcuma, de même que le potage tiède de courgettes et de pêches. L’éditeur a pris un soin jaloux de fournir un bel écrin à des propositions avec des graphismes soignés et des photos qui donnent mettent en appétit.
L’heure de la soupe Geneviève Plante. Les éditions La Presse 144p.    www.editionslapresse.ca

 


 

Une bête à corne, celle-là qui n’est pas mythique

Au fil des ans Jean-Pierre Sylvestre s’est imposé comme une grande référence concernant les mammifères marins pour lesquels il leur a consacré de nombreux ouvrages.  Il persiste et signe en consacrant totalement son dernier ouvrage à un cétacé des plus étranges Le narval qui se distingue de ses congénères par le fait qu’il est doté celui-là, d’une longue corne. Un peu comme celle qui équipe la bête mythique de la licorne que l’on peut admirer entre autres sur les célèbres tapisseries de Bayeux. Mais dans le cas du narval, ce gros mammifère existe bel et bien. Il batifole dans les eaux de l’Arctique canadien et et au Groënland. C’est pour cette raison qu’on ne risque pas de le voir errer dans les eaux du Saint-Laurent comme cela se voit avec d’autres cétacés qui ont perdu leur GPS naturel. Un animal qui fascine, notamment les asiatiques qui convoitent la fameuse corne. Mais ce reporter animalier ne se limite pas à son sujet. Il fait aussi le tour d’autres mammifères dotés d’excroissances comme le morse. Bref, pour ce qui est du narval, vous saurez tout ce que vous vouliez savoir et n’osiez demander.
Le narval Jean-Pierre Sylvestre. Septentrion 216p.   www.septentrion.qc.ca

 


 

Les riches heures du Grand Théâtre de Québec

Comme le Grand Théâtre de Québec est quinquagénaire et doté d’une riche histoire, il fallait bien quelqu’un pour le raconter. En fait, ils sont deux qui ont relevé  le défi de superviser ce travail d’historiographie Louis Jolicoeur et André Morency afin de ne pas perdre un moment parmi  tout ce qui s’est déroulé artistiquement entre ses murs. On figure que tout ce beau monde a potassé une masse d’archives, et elles ne manquent pas. A chaque page nous voyons défiler une nomenclature d’interprètes de renom, dans le secteur de la musique populaire et classique et des arts d’interprétation. C’est au final un gros pavé à la typographie serrée. Mais parmi les faits rapportés on ne peut pas oublier, celui-ci, majeur qui marquera l’histoire de cet établissement, et ce dès son ouverture. En effet, l’architecte du Grand Théâtre, Victor Prus avait invité le sculpteur Jordi Bonet à concrétiser le souhait du premier d’intégrer les arts plastiques à l’architecture avec une commande d’une murale sous forme d’un gigantesque triptyque de 1115 mètres carrés représentant la surface de trois des quarts murs d’enceinte du bâtiment. Mais lors de l’inauguration en 1969 une onde de choc parcourt les invités lorsqu’ils découvrent les mots du poète Claude Péloquin “Vous êtes pas écoeurés de mourir, bande de caves. C’est assez!”.
La polémique sera à la hauteur d’un séisme dans le petit milieu bourgeois de la Vieille Capitale. L’oeuvre survivra et on peut encore la contempler. Le Grand Théâtre de Québec l’histoire vivante d’une scène d’exception est du bel ouvrage, véritable devoir de mémoire.
Le Grand Théâtre de Québec sous la direction de Louis Jolicoeur et André Morency. Septentrion 396p.   www.septentrion.qc.ca

 






 

Le coin santé physique et psychique (1)

La rentrée scolaire que nous vivons ramène les éternels sujets sur ce que doit être la bonne éducation. Depuis des lustres, tant au Québec qu’en FRance et ailleurs dans le monde occidental, on ne sait plus trop à quel saint se vouer côté programme officiel de cours. Et les échecs se multiplient. Le Québec qui avait un score pitoyable de décrochage scolaire annonce une hausse de 30% de celui-ci. La psychomotrienne Sophie Donadey-Dupas croit avoir trouvé des pistes de solutions qu’elle livre dans 100 idées pour le bien-être des enfants à l’école aux éditions Tom Pousse. Elle entreprend pour nous un tour d’horizon des pédagogies alternatives pour tenter de récupérer ceux qui sortent du système.

Un peu dans la continuité du titre précédent sur l’éducation, il y a ce problème spécifique de comment on éduque nos garçons, dont on sait qu’ils sont des éclopés du système scolaire, réussissant moins bien que les filles. Mais pourquoi ? La chercheuse et enseignante au collégial le Dr. Marie-Claire Sancho pénètre la psyché des petits mâles qui peinent toujours à exprimer leurs émotions. Elle en établit le constat dans son petit essai Colère, peur et joie chez Fides. Cette disparité éternelle entre les filles et les garçons, il ne faut pas la chercher de midi à quatorze heures. Tout provient encore comment s’est faite l’éducation familiale de base. Tant qu’on en sera au rose et bleu….Alors est-ce à dire qu’il faut baisser les bras. Elle propose des avenues pour accompagner le garçon dans ses émotions, les accueillir, les interpréter et les gérer.

Le saviez-vous ? Il y a deux types de rêves, ceux dits ordinaires et les “rêves de clarté” qui sont un peu plus troublants, car très de proximité avec le monde réel. C’est de ceux-là que nous entretient Michael Katz avec Le yoga tibétain du rêve avec comme sous-titre, “La route royale vers l’Éveil” aux éditions Accarias. Ce guide prend appui sur le livre de Chögyal Namkhai Norbu “Le yoga du rêve” publié chez le même éditeur. Ce qu’il y a d’intéressant et même de très particulier c’est le volet consacré aux animaux, domestiques ou non et la destinée qui les attends. On trouvera des conseils pour diriger et transformer les rêves. Ce qu’on retiendra, c’est vraiment ce que nous disent les spécialistes de l’intelligence artificielle, à savoir que le cerveau demeure une contrée si complexe, que même la technologie ne peut rivaliser. Alors en compagnie de notre auteur, allez explorer des aspects méconnus du monde de la nuit.

Aux éditions Les liens qui libèrent, nous recommandons de placer au haut de la pile de vos prochains achats de livres De l’humiliation que présente Olivier Abel professeur de philosophie, qui identifie l’humiliation comme le coeur sombre de la société. Jolie expression certes mais qui symbolise tellement une forme d’horreur. Il écrit même que c’est le nouveau poison de la société. Dans un chapitre du début, il différencie l’humiliation de l’injustice, car de cette dernière on peut se plaindre et même aller en justice, tandis que pour la première on préférera se taire et subir. Ces effets ont le malheur d’être durables. Seule la résistance du respect peut venir à bout de cette violence inscrite dans l’ADN de l’homo sapiens. En même temps que l’on prend la mesure du problème, on en arrive à trouver soi-même des solutions pour s’opposer à ce fléau des relations interpersonnelles. Qui se vit au quotidien dans les entreprises où un patron, même un collègue, ne se gênera pas pour vous faire remarquer votre absence de performance.  Ne jamais subir la vie disait Françoise Giroud.

 


 

Le coin santé physique et psychique (2)

Dans le créneau cas vécu Catherine Bourgault lance aux éditions Goélette Une famille atypique où d’entrée de jeu elle annonce à ses lecteurs qu’elle a un trouble du déficit de l’attention le fameux TDAH et que, au contraire de se mettre dans une posture de victime, se dit fière d’en être atteint. Grosso modo, c’est que lorsqu’on vous annonce à vous, comme à vos enfants que vous avez ce TDAH, de ne pas en faire toute une montagne et de savoir comment y faire face. Prendre le tout avec une certaine fatalité. C’est donc son propre vécu qu’elle partage généreusement. Car on le sait bien, que lorsque nous avons la connaissance d’une chose, on en a moins peur.

Aux Presse de l’Université Laval un ouvrage en collectif sous la direction de Mona Trudel et Sylvie Fortin qui nous rappelle avec pertinence en quoi l’art peut-être la rédemption de gens qui ont été rejetés de la société ou atteints de maladie mentale. Rattacher les fils de la vie rassemble autant des gens du milieu des arts que celui de la santé et qui, exemples à l’appui, nous montre des cas de récupération (ici à prendre au meilleur sens du mot) qui, autrement auraient été des épaves sociales comme on en voit hélas encore trop dans nos rues. Cela nous rappelle à la rédaction, un souvenir personnel, celui de la première musicologue au Québec Florence Pageau, qui grâce à une seule pièce au piano, avait sorti des limbes un grand handicapé de la guerre. C’était à l’Hôpital Sainte-Anne-de-Bellevue. Le type était prostré, regardant sa ceinture, depuis des décennies. Il ne communiquait plus. Et dès les premières musiques il leva miraculeusement la tête, disant “It’s beautiful”. Tout n’était donc pas perdu.