- OCTOBRE 2022 -
 
     
 


 

Le coin Miam miam

La bibliothèque culinaire s’enrichit d’un véritable petit trésor d’inventivité par l’album Climats aux éditions La Presse qui est la résultante de deux talents de haut niveau, soit le chef Jean-Sébastien Giguère et le sommelier Hugo Duchesne. Le titre de ce livre de recettes exceptionnel à pour titre Climats et ferait songer plutôt à un ouvrage ayant pour objet l’écologie ou les changements climatiques. Quoique la nature est ici pour quelque chose tout de même, car l’intention est de conjuguer des plats en fonction des saisons. Donc quinze recettes pour chacune des quatre et trois accords de vins pour chacune, avec un échelonnement de prix. Les esprits chagrins diront que c’est “encore” un autre livre de recettes. Mais allez demander à un mélomane s’il a trop de musique classique chez lui. Il en va de même pour celui ou celle qui cultive les plaisirs de la table. Que diriez-vous d’un millefeuille au foie gras et aux pommes ? ou encore de carrés d’agneau aux petits pois ? Les éditions La Presse n’ont ménagé aucun effort au plan graphique pour être à la hauteur du projet qui tangue entre de la cuisine de terroir accessible jusqu’à des petits vertiges gastronomiques.

Chez le même éditeur, les éditions La Presse une star des fourneaux qui n’a plus besoin de présentation et dont le patronyme Ricardo est devenu une marque à lui seul. Qui nous livre sa dernière ponte Manger ensemble. Mais à la différence qu’il n’est pas venu seul. Il s’est adjoint l’assistance de sa compagne Brigitte Coutu. L’idée qui a présidé à la parution de ce nouvel ouvrage est de faire la démonstration qu’il est possible de recevoir ceux qu’on aime sans que ça devienne une épreuve. Il y a donc 100 recettes qui ont été éprouvées depuis trois décennies dans le “laboratoire” des Ricardo, leur cuisine. Vous avez des planches qui sont proposées dont une aux fruits de mer, une porchetta d’échine de porc, champignons et choux de Bruxelles. Ça va du simple à un certain degré de sophistication. Puis il y a des conseils sur l’art de recevoir ou notamment comment faire savoir que la soirée…tire à sa fin sans heurter les sensibilités.
Chez l’éditeur Broquet Sara Girard lance Végane en 30 minutes. Remplie d’empathie pour ceux et celles qui courent après le temps et qui n’en n’ont surtout pas pour popoter des heures, elle a pensé généreusement de partager 90 recettes qui ne prennent pas plus de trente minutes de préparation. Et faire des repas, elle en connaît un rayon, elle, qui est mère de quatre enfants! Vous trouverez des gnocchis, pesto crémeux de tomates séchées, un ragoût de lentilles et poivrons ou une curiosité un bol de bouddha sauce Dijon érable! Cet ouvrage figurera en bonne position dans la bibliothèque de votre cuisine.

 

 


 

La misère sexuelle d’un Yann Moix

Après Orléans, Reims et Verdun, voici que Yann Moix poursuit son autofiction autobiographique avec Paris la Ville Lumière. Là où pour paraphraser Charles Aznavour il se voyait déjà comme écrivain et aussi vivant de la bohème. On le sait maintenant, Moix ne peut accoucher d’une ligne sans l’avoir travaillé dans l’optique déclaré d’être un grand écrivain. Qu’il se rassure, de ce côté là il tutoie l’excellence avec des fulgurances qui nous en jettent plein la vue. Ce qui ressort ici  dans ce quatrième volet de sa vie non proclamée, c’est sa misère sexuelle. Oh là, là. Il a le vit raide de même mais sa timidité, où il place la femme sur un piédestal, l’empêche de s’épanouir pleianement. Il s’en remet donc à des proches qui servent d’entremetteurs, dont un, véritable ordure qui lui monte un traquenard pour qu’il ait l’illusion d’avoir séduit et alors qu’il commence à consommer sa belle, le “samaritain” téléphone à la fille pour lui demander ce qu’elle fait là, alors que c’est lui qui a tout organisé et l’exhorte à déguerpir car son pote aurait…le sida.Comme disait Guitry, avec des amis semblables, pas besoin d’ennemis. C’est la misère de l’hétéro avec sa libido. Bien rendu en des termes que seul l’écrivain possède et qui le range dans une classe à part.
Paris Yann Moix. Grasset 255p.    

 


 

Chicago comme jamais vue

Nous avons eu à notre rédaction une proche amie, dont la chance lui avait permis de remporter une paire de billets d’avion pour Chicago. On l’avait au préalable “briefé” sur ce qu’il fallait voir. Mais au retour, déception, elle avait vainement tenté de revivre l’époque de la prohibition et ses vestiges. Comme si la ville des vents comme on l’a surnomme, se limite simplement à la figure emblématique d’Al Capone. Et pour vous démontrer la richesse de ce qu’il y a à voir et à faire, rien de mieux que ce petit guide bien spécial Chicago en V.O. de Didier Deléglise-Drayton qui a colligé des textes d’un peu partout, souvent des signatures telles Rudyard Kipling et Simone de Beauvoir qui ont écrit sur la ville phare de l’état de l’Illinois. Et en plus vous avez le texte en langue anglaise à gauche et sa traduction à droite. Une belle façon de découvrir à la fois, la ville et parfaire son anglais. Et vous allez constater la richesse patrimoniale de Chicago que Frank Sinatra faisait bien de proclamer dans son répertoire. En plus son format de poche permet de la traîner avec soi et de le consulter autant de fois que l’on veut.
Chicago en V.O. Didier Deléglise-Drayton. Atlande 269p.   www.atlande.eu

 

 






 

Le coin poésie

 

Aux éditions David Jimmy Poirier débarque avec un recueil au joli titre A quelques pas de l’aube. L’homme a une double raison d’aimer la littérature. Car c’est son gagne-pain à titre de libraire à La Pocatière et puis il déborde d’imagination. Son passage terrestre est peuplé d’observations qui l’empêche de connaître le syndrome de la page blanche. Son quatrième recueil de haïku que nous avons sous les yeux est comme un peintre automatiste qui jetterait des couleurs sur une toile. une économie de mots, mais choisis pour leurs valeurs évocatrices. Extrait “ odeur de café son côté du lit encore tiède. C’est aux éditions David.
Et pour demeurer dans le même registre, une autre, témoin de ce qui l’entoure, c’est Blanca Baquero qui a recours de même au haïku pour exprimer ce qui vient la chercher.  Aussi loin que le vent aux éditions David, contient des petites perles à méditer. Extrait “ tulipes de Pâques une à une leur ampleur sur la table simple touffe d’herbe y voit déjà la splendeur de l’été”. A noter que l’auteure est anglophone, vivant dans la vallée d’Annapolis en Nouvelle-Écosse, amoureuse éperdue de la langue française et qui a connu une vocation littéraire tardive à cinquante-cinq ans. Comme quoi il n’est jamais trop tard pour éblouir.

Et deux petites miniatures qui rappellent que c’est dans les petits pots que l’on trouve les meilleurs onguents. Les deux recueils lancés chez Mains libres. Francis Catalano s’amène avec Climax. Prose ou vers ? l’écrivain n’a pas tranché le noeud gordien. Il a entremêlé les deux genres pour plus d’effet sur le thème qu’il exploite, à savoir la nature qui rythme l’humanité. Un sujet on ne peut plus d’actualité. Mais dans les mots du poète ça donne plutôt ceci “les allergies ravalées le soleil et la saison s’étaient engagés très avant dans une première véracité automne pattes d’argile  bec d’airain”.

L’autre poétesse à découvrir c’est Mélanie Béliveau et de tendres pages dans La femme meurt en juillet. Un titre intriguant. On suit le cancer qui attaque la femme, d’abord l’annonce, les traitements, le retrait des équipements. C’est à la fois clinique et poétique. Un exploit en quelque sorte. Extrait “au printemps tout aura disparu les fleurs de l’hiver qui se lèvent dans le ciel l’arc-en-ciel qui ne change jamais d’humeur tristement la gentillesse a perdu trop morte pour la réanimation”.

Au Noroît, Emmanuelle Riendeau propose son Domaine du Repos. Est-ce une autofiction poétique. Car ici c’est un “tombeau” comme on disait au Siècle des Lumières pour désigner des odes artistiques dédiées à une personne disparue. Est-ce que ici c’est la figure du père qui est au premier plan de cette démarche. On voit bien pourtant une photo sur la couverture qui semble extraite d’un album familial et qui montre un homme tenant une carabine. Bref c’est un regard rétrospectif sur la vie d’un homme aux prises avec l’alcool, la maladie et la mort. Des sujets universels. Extrait “on ne s’en cache plus une fois la terre retournée le lyrisme appartient aux vivants”. Il y a comme ça, quantité de perles à lire et relire.
Chez Hashtag, le refuge des écrivains marginaux, Sébastien Émond arrive avec son recueil au titre pour le moins énigmatique Je m’endos au creux d’un meurtre. Nous vous avons déjà parlé de cet auteur qui incarne le trash et qui ne fait pas dans la dentelle. Il met en scène un “locuteur” nommé comme tel, qui confronte sa recherche du vrai dans une univers qui a fait du mensonge et du formalisme le ciment de la société. Attention ça cogne dur. Extrait “J’émerge d’une cauchemar symétrique. Deux couleurs se cherchent, filet de sang dans mon lait, grumeaux de bile dans mon Quick. La cuisine se matérialise derrière le voile de ma nausée, entre l’organe et le piège”. Tout un programme!

 


 

Flanchec ça vous dit quelque chose ?

Daniel Le Flanchec (1881-1944), souvent nommé par son seul patronyme, est une pointure de la vie politique bretonne. Il va d’abord s’engager dans la Marine française, puis sera marchand itinérant en même temps qu’il adhère au parti communiste. Il faut se rappeler qu’à cette époque, cette formation politique apparaissait comme le rempart pour ceux qui nourrissaient des idéaux d’égalité entre les hommes. Il sera notamment maire de Douarnenez de 1929 à 1940 ce qui n’est pas rien comme indicateur de la popularité hérité par son engagement. Mais avec l’Occupation, son alliance avec Doriot le fasciste le mettra en délicatesse. En plus que sa compagne (sic) va le dénoncer aux autorité allemandes pour cause d’engagement communiste. Il mourra déporté à Buchenwald. Jean-Michel Le Boulanger a eu raison de réhabiliter la mémoire de cet homme entier, borgne et taillé d’une seule pièce, comme il ne s’en fait que très peu de nos jours. Il est l’archétype de ce qu’on appelle une vie de roman. C’est en format poche mais très dense, à la hauteur des multiples événements qui ont jalonné sa vie dont des réputations pas toujours bienveillantes.
Flanchec Jean-Michel Le Boulanger. Éditions Goater 470p.    www.editions-goater.org

 


 

Traverser la réserve faunique des Laurentides à cheval en 1871!

Déjà qu’en voiture, en partance de Québec on a bien hâte d’arriver au Lac-Saint-Jean. Imaginez ce que ce devait être en 1871. Il fallait quelqu’un d’aussi complètement dingue que cette anglaise Mrs. Davenport pour entreprendre ce périple à cheval. Simplement à penser aux moustiques qui vous attendent et qui rebutait déjà les premier colons qui se sont aventurés dans la région. Cette aristocrate n’avait pas froid aux yeux. Grâce aux recherches de Ève Michèle-Tremblay nous avons accès au journal de cette aventurière hors-norme. Qui narre quatorze jours de cette randonnée infernale. Jamais l’adage “ce que femme veut” n’a été aussi concret. Mme Davenport le publiera l’année suivante. Elle sera accompagnée par son mari, deux cochers et un guide autochtone. En passant, scénaristes en panne de sujet inspirant, regardez de ce côté-ci et lâchez un peu Maria Chapdelaine. A sa façon cette anglaise fait figure d’héroïne.
Le voyage de Mme Davenport Ève Michèle Tremblay. Septentrion 190p.   www.septentrion.qc.ca

 


 

Sur l’état du monde

Il y a peu, sur le plateau de l’émission magazine C à vous on avait invité un thérapeute et deux philosophes pour tracer un peu le bilan de ce qui arrive à la planète sur tous les plans. Un constat assez inquiétant. Et la pandémie de la Covid-19 a eu au moins ceci de bon de faire le tableau de l’état du monde et d’en profiter pour s’activer à un aggiornamento de tous les secteurs d’activités de l’humain au plan social, économique et médical. Le journaliste Andrew Potter qui enseigne à la Max Bell School of Public Policy de l’Université McGill n’en pense pas moins, lui qui porte un regard pessimiste dans l’essai qu’il publie Déclin dont le titre est lui seul un programme. En toute façon certains seront sans doute nettement en retrait avec lui quand il écrit “ce qu’on désigne poliment sous le nom d’hésitation vaccinale est un phénomène de plus en plus répandu en Occident lequel sape ce qui constitue sans doute la plus grande innovation du XXème siècle en matière de santé publique” et de citer ensuite les succès de la vaccination au cours des dernières décennies pour contrer des maladies dont on a triomphé. Pour ce qui est de celui contre la Covid-19 c’est bien entendu une autre histoire qui connaîtra sans doute son dénouement éclairé. Pour connaître les maux de notre temps, cet essai de l’ancien rédacteur en chef du Ottawa Citizen vaut le détour.
Déclin Andrew Potter. Robert Laffont 189p.   www.laffont.ca

 


 

Une épopée fantasy pour adolescents

C’est assez rare que les éditions David intègre des romans dans le style de la fantasy. Si singulier en effet, qu’il nous faut vous signaler la sortie d’une saga dans le genre qui trouvera certes son lectorat chez les jeunes têtes avides d’aventures. Il s’agit de L’épopée de Lô de Maïlis Pailhous une ressortissante française qui a fait le choix de s’établir à Montréal. On dit d’elle que toute jeune, son esprit se nourrissait d’histoires fantastiques. Nous avons le fruit de son imagination avec le tome 1 “Le plus grand des voleurs”. Qui narre les tribulations d’un jeune orphelin qui ambitionne, tenez-vous bien, de devenir le roi des voleurs. Et pour première ambition de s’emparer d’une pierre sacrée qui se niche au sommet de la tour de sorciers. Et en cours de pérégrinations il se fera des contacts précieux. Et ce que l’auteure veut nous transmettre, c’est que la quête de Dorian est celle avant tout de lui-même. Après tout, il n’a que quinze ans!. C’est rythmé et elle est la qualité d’ouvrir des parenthèses entre des faits, et de savoir les clôre. Ça promet.
L’épopée de Lô Tome 1 Le plus grand des voleurs. Maïlys Pailhous. Éditions David 394p.  www.editionsdavid.com

 


 

Le combat d’une malienne d’origine contre l’excision

Bien que des avancées soient notables en Afrique contre cette barbarie, on continue encore trop souvent la pratique de l’excision. Et s’il y en a une qui connaît les séquelles de cette barbarie c’est Halimata Fofana une malienne d’origine vivant en France, qui est passé par le couteau d’une parente qui a ciselé sa chair dans ce qu’elle a de plus intime, véritable mutilation sexuelle l’empêchant à jamais de jouir pleinement. Sa vie adulte, elle n’aura de cesse de militer contre cette pratique effroyable. Et elle le signe magnifiquement dans A l’ombre de la cité Rimbaud. Elle oppose la liberté que procure la connaissance à des traditions qui ne doivent plus avoir plus avoir cours dans le monde moderne. C’est un témoignage choc, surtout l’épisode glaçant de sa propre excision toute petite fillette.
A l’ombre de la cité Rimbaud Halimata Fofana. Éditions du Rocher  230p.    www.editionsdurocher.fr

 


 

Un polar jeunesse qui mêle le fantastique à l’épouvante

Ceux qui suivent l’actualité du livre jeunesse ont certainement entendu parler de J.L. Blanchard qui se fait progressivement une niche enviable dans ce créneau. On lui doit une saga Zipolaris qui doit son nom à une île particulière. Le tome 1 “La nuit des Morloups” avait campé le décor qui se prolonge dans le tome 2 qui paraît maintenant  “Le sentier de la peur”. Nous voyons le jeune Nat qui protège une reine qu’il emmène sur l’île en question. Mais encore là, est-ce sécure ? D’autant que l’endroit est menacé à des créatures pires que les Morloups déjà connus. Ce pourrait être un récit d’une sombre tonalité avec tous ces périls auxquels notre héros est confronté. Mais non, car l’humour tient une place appréciable et allège le fardeau qui pèse sur les épaules de notre jeune homme.
Zipolaris Tome 2 Le sentier de la peur. Fides 205p.  

 


 

Une biographie définitive de Mom Boucher

Le 10 juillet 2022 l’actualité nous apprenait le décès de l’ex chef du chapitre des Nomads des Hells Angels, Maurice Mom Boucher de sinistre réputation. L’occasion pour les éditions AdA de sortir la biographie de ce criminel d’envergure qui aura été en colère perpétuelle jusqu’à la fin, emprisonné à perpétuité pour la commande deux meurtre de deux gardiens de prison. L’idée de cette biographie avait germé originellement en 2005 dans la tête de l’éditeur Michel Brûlé aux Intouchables. Bref, chez l’éditeur actuel on a relancé les coauteurs Guy Ouellette et Normand Lester. Contrairement à un Vito Rizzuto, parrain de la mafia qui la jouait profil bas, Boucher faisait son Al Capone, multipliant les sorties publiques éclatantes et faisant “son frais” comme on dit chez nous. Des comportements pas très appréciés dans le milieu criminel qui n’a pas intérêt à trop pavaner. Cette vie mise en page est solidement documentée et est à coup sûr l’ouvrage définitif du personnage.
Mom Guy Ouellette et Normand Lester. AdA 267p.    www.ada-inc.com

 


 

Annie Trudel lance un pavé sur l’UPAC

Depuis sa création l’Unité permanente anti-corruption l’UPAC n’a cessé d’être dans l’eau trouble. Surtout lors du passage à sa tête de Robert Lafrenière. Pour juger de ce personnage qui jouait aux incorruptibles, il faut lire Autopsie de l’enquête bidon UPAC ce fameux projet A qui devait traquer et dévoiler les taupes qui, à l’intérieur de l’organisation, laissaient couler des informations internes. Et Lafrenière de s’en prendre dans un coup d’éclat au député Guy Ouellette qui a passé sa vie à combattre le crime organisé du temps où il était policier. Annie Trudel en ait quelque chose, ayant travaillé au sein de l’UPAC et ayant subi les attaques de sa direction. En 2018 elle nous avait laissé “Jeux de coulisses” aux éditions de l’Homme qui s’attaquait au-dessous de la corruption au Québec. Elle persiste et signe comme journaliste d’enquête, sur un terrain miné. Mais ce qui vaut le détour c’est le portrait accablant qu’elle fait de Lafrenière.  Un pavé dans la mare, et un gros.
Autopsie de l’enquête bidon UPAC Annie Trudel AdA 454p.     www.ada-inc.com

 


 

Comment en France des petits juges font leur loi

Le système judiciaire en France diffère passablement de celui du Québec, mais on aurait tort d’ignorer chez nous les dérives qui se font en matière de justice. A preuve l’essai choc de l’avocat Hervé Lehman qui fut ancien juge d’instruction. Dans Soyez partiaux! il charge un cénacle de juges appartenant au syndicat de la magistrature qui a déjà des idées arrêtées sur la conduite à prendre à ceux qu’ils estiment des cons! En 2013 un rédacteur en chef adjoint de France 3 va se rendre au bureau de celle qui était la présidente de l’organisme. Et qu’est-ce qu’il voit d’épingler au mur, une liste de cons établi par les juges. Et figure entre autres presque toutes des pointures dont Nicolas Sarkozy, Édouard Balladur, Étienne Mougeotte pointure de la télévision dans l’Hexagone, Jack Lang et Jacques Attali pour ne nommer que ceux-là. C’est dire que nous avions la preuve filmée de la partialité de ces magistrats! Ce bouquin est une charge accablante qui donne le “la” sur ce qu’on appelle une application dérivative du bras de la justice.
Soyez partiaux Hervé Lehman. Les éditions du Cerf 265p.     www.editionsducerf.fr

 


 

Du cadre qui lie le modèle nue à l’artiste visuel

Beaucoup peuvent être sous l’impression que tout a été dit du côté livresque. Pas tant. Puisque Visites d’Atelier le peintre & son modèle de Benoist Demoriane aborde un sujet rarement touché, à savoir le climat qui prévaut quand un modèle, femme ou homme se met à nu devant un artiste, peintre ou photographe (l’auteur ayant fait les deux). Qu’est-ce qui doit être prioriser  ? C’est une petite plaquette fort instructive qui éclairera beaucoup de novices qui veulent croquer l’anatomie humaine. Comme il fallait bien illustrer son propos, l’auteur a serti son ouvrage de photos de nus de femme. Qui décevra de potentiel voyeurs car elles sont floutées. Et à ce propos l’essayiste consacre un chapitre au flou artistique et indique la raison d’être parfois de ce choix artistique et les valeurs qui s’y rattachent.
Visites d’Atelier le peintre & son modèle Benoist Demoriane. Éditions l’Art-Dit 125p.     www.editions-lart-dit.fr

 


 

Un portrait idéologique de Mathieu Bock-Côté

Nous espérons profondément que l’analyste et chroniqueur en vue Matthieu Bock-Côté n’a pas la grosse tête. Car il pourra bomber le torse à la lecture de l’essai que lui consacre Frédéric Boily professeur titulaire au Campus Saint-Jean de l’Université de l’Alberta et spécialiste de la politique canadienne et québécoise. Génération MBC trace le tableau qui ferait de Mathieu Bock-Côté la tête pensante d’un courant conservateur en même temps que contestataire et pour ce qui est du Québec anti multiculturalisme. Côté est reconnu pour ses mérites à s’être taillé une place considérable, jamais vue, dans le paysage médiatique en France. Doté d’une logorrhée inépuisable et “flirtant” avec la pantologie” dont l’essayiste dit que ce ce dernier mot est un néologisme désignant un intellectuel ayant un mot sur tout. Boily ne prend pas partie à propos de son sujet mais observe et nous invite à faire de même.
Génération MBC Mathieu Bock-Côté et les nouveaux intellectuels conservateurs. Frédéric Boily. Les Presses de l’Université Laval 193p.    www.pulaval.com

 


 

Il était une fois le cinéma Pine de Sainte-Adèle

Le cinéaste Denys Arcand est cité en quatrième de couverture de l’histoire du cinéma Pine à Sainte-Adèle. Il dit que c’est la salle de cinéma qu’il a le plus fréquenté. Et qui a toute une histoire comme nous la raconte le journaliste du Journal de Montréal et du Journal de Québec Stéphane Desjardins dans La famille Fermanian. Ce sont des ressortissants turques de la communauté arménienne, qui ont fuit le pays en marge du génocide arménien. Ils vont venir s’installer à Sainte-Adèle. D’abord pour y vendre fruits et légumes. Et la fiancée de Phil Fermanian, Aurore, une fille de la localité, pose comme condition à un futur mariage qu’il ouvre une salle de cinéma. Débute une épopée pour cette salle “légendaire”. Entre autres anecdotes, durant la crise du verglas de 1998 c’était le seul lieu éclairé du coin, au grand dame d’Hydro qui voulait que l’établissement ferme ses portes. Heureusement le courant a été rétabli le lendemain. Mais le proprio s’en foutait car il voulait un endroit au chaud pour son monde et qui change les idées. Bref, une jolie histoire qui méritait d’être contée.
La famille Fermanian L’histoire du cinéma Pine à Sainte-Adèle. Stéphane Desjardins Les Presses de l’Université d’Ottawa 198p.   www.presses.UOttawa.ca

 


 

Un dictionnaire sur le médiévalisme, le Moyen Âge fantasmé

Le Moyen Âge exerce au fil du temps une fascination qui ne s’est pas démentie. Et on en a des manifestations éclatantes dans les créations entourant les jeux électroniques qui font une large part aux archétypes de cette période de l’humanité. Ce qu’on appelle le médiévalisme. Qui possède un corpus imaginaire suffisamment large pour constituer un gros pavé comme ce Dictionnaire du Moyen-Âge le fruit d’un travail en collectif sous la supervision de Anne Besson, William Blanc et Vincent Ferré. On a colligé 120 entrées qui rassemble tous les clichés ou faits réels qui entourent le sujet. Un véritable travail d’érudition. En même temps, vous avez les regards que portent sur cette époque plusieurs pays tels la Turquie ou le Japon. En même temps un rappel de comment le monde des arts a récupéré le tout. Ceux qui apprécient les jeux de rôles sur le Moyen Âge apprécieront au premier chef ce dictionnaire très complet. Puis les autres qui veulent aller à la rencontre de ce folklore particulier. On saluera la somme de recherche qu’il a fallu pour arriver à produire ce travail.
Dictionnaire du Moyen Âge imaginaire le médiévalisme, hier et aujourd’hui. Sous la direction de Anne Besson, William Blanc et Vincent Ferré. Éditions Vendémiaire 465p.  www.editions-vendemiaire.com

 


 

Filles et femme du millénaire

A la lecture de Plurielle premier roman de Mélanie Guillaume on ne peut s’empêcher de penser à cet aphorisme de Simone de Beauvoir “on ne naît pas femme, on le devient”. Car cet entrée en littérature est une observation de Lola âgée de 5 ans, Victoire 13 ans et d’une jeune cadre prénommée Sara, ici l’adulte de l’histoire. La toile de fond narrative est la rencontre de ces trois caractères, car elles en ont croyez-nous. Et d’ailleurs en entrevue l’auteure avoue sans ambages avoir elle-même une tête de cochon! Comme entrée en noviciat littéraire c’est une parfaite réussite, car l’écrivaine a su vampiriser l’âme de ses personnages et restituer leur ressenti. Ça vous donne un rare dynamisme et en même temps ça livre la tonalité de ce qu’est être au féminin à notre époque. A suivre cette Guillaume pour qui, ceux qui décernent des premiers prix dans le monde des lettres devraient regarder de ce côté-ci. En plus, elle, la trentenaire, mijote son sujet depuis qu’elle a vingt ans. Le plat est une réussite.
Plurielle Mélanie Guillaume. Édition David coll. Indociles 396p.
www.editionsdavid.com

 


 

Le coin de la spiritualité

Pour faire passer un message il y a bien des façons de s’y prendre. Mais rien ne vaut quand un maître s’assoit avec un interlocuteur et prenne le temps de développer sa pensée. C’est le cas de Svâmi Prajnânpad qui dialogue avec Frédérick Leboyer avec au final un livre entretient Un désir sincère d’absolu aux éditions Accarias. Jésus n’avait de cesse de proclamer que le royaume des cieux est en vous. Le sage indien n’en pense pas moins qui invite son vis-à-vis à ne pas se perdre dans des recherches extérieures de vérités ou d’illuminations, mais de fouiller en dedans de soi. Un large passage est consacré à la notion d’énergie et l’usage qui doit en être fait. Si l’intellect est sollicité, le coeur doit l’être tout autant. On appréciera la simplicité des édits du gourou qui ne pose pas en dogmatique. C’est aux éditions Accarias.

Toujours chez le même éditeur, un opuscule qui répond à une inquiétude, à savoir que nous avons abandonné notre conscience, nous livrant corps et âme au monde virtuel numérique. Inquiétude fondée, tellement on voit près de nous de véritables zombies hyper connectés et qui se soucient comme d’une guigne de ce qui les entoure. Il s’agit de Ressentir et réfléchir de Marigal. Qui nous invite à dé-faire comme il le nomme des habitudes prises depuis environ une décennie que le numérique est entré dans nos vies et l’accapare totalement. comment retrouver le sens du réel, des émotions. Bref de revenir à la vie! Quelle saine proposition. Et éviter par la même occasion d’être sous le contrôle d’entités dont les agendas sont cachés et qui ont tout d’inquiétant.

Un désir d’absolu Svâmi Prajnânpad. Entretiens avec Frédérick Leboyer. Accarias 254p. 
Ressentir et réfléchir Marigal. Accarias 126p.   
www.originel-accarias.com

 

 


 

L’énergie comme enjeu et arme de guerre

Le spécialiste en énergie au Centre d’études et de recherches internationales de l’Université de Montréal Yvan Cliche se fait fort de rappeler à quel point l’énergie est un enjeu géopolitique majeur et une arme de guerre. L’actualité se fait fort de nous le rappeler avec ce Poutine qui verrouille l’approvisionnement en gaz vers l’Europe.  On a vu aussi comment une poignée de raffineries en France qui ont fait la grève ont réussi à mettre l’Hexagone par terre. Et le pétrole qui n’a pas dit son dernier mot, tandis que la Chine en est assoiffée, le pays le plus consommateur d’énergie de la planète. Le chercheur passe en revue les composantes qui expliquent pourquoi les énergies d’où qu’elles proviennent ont pris une telle importance. Cela donne un essai lumineux Jusqu’à plus soif. En quelques chapitres éclairants, il nous expose le tableau de la situation. Qui permet au lecteur de mieux saisir ce qui se passe dans ce monde agité.
Jusqu’à plus soif Yvan Cliche. Fides 265p.   www.groupefides.com

 

 


 

Secrétan un suisse épris de liberté morale

C’est une toute petite plaquette qui atterrit sur notre bureau à la rédaction avec sur la couverture un homme à la très longue barbe blanche qui lui confère de facto une allure de vieux sage. Charles Secrétan (1815-1895) c’est de lui dont il est question ici, fait l’objet d’une monographie de Olivier Meuwly. Le Prix Nobel de la Paix de 1927, Ferdinand Buisson n’hésita pas à ranger le suisse Secrétan comme l’un des trois grands penseurs de son temps. Héritage de ce dernier son traité de 1848 intitulé “Philosophie de la liberté” où il en appelait à un libéralisme qui devait être marqué au sceau de la morale. Car c’était un chantre des vertus du christianisme. Ce petit ouvrage n’a d’autre objectif que de raviver la figure hélas oubliée de cet intellectuel, juriste de formation mais philosophe dans l’âme. Sans aucun doute l’honnête homme que cherchait en vain Diogène dans l’Antiquité.
Secrétan Olivier Meuwly. Infolio 62p.   

 


 

Il était une fois un couple gay et une belle-mère

L’histoire de Houston Osaka de Bryan Washington met en scène un couple d’hommes qui vivent ensemble depuis de nombreuses années, ce qui est assez exceptionnel dans ce milieu où les amours sont plutôt du genre éphémère, et c’est un euphémisme. Les deux gars se nomment Besnon et Mike. Pourquoi ce titre ? C’est que viendra un moment où le père de ce dernier qui vit au Japon va mourir. Son fils ira donc le rejoindre pour ces derniers moments. Le temps d’en apprendre en pays nippon sur quelques squelettes dans le placard familial. Au retour à Houston, la donne change car sa mère, va venir habiter avec les deux mecs. Vous connaissez les classiques sur les belle-mères. Gay ou pas, un couple qui voit s’immiscer une maman de l’un ou l’autre des conjoints, a l’assurance qu’il va y avoir des remous. On ne vous dit pas ici en quoi cela va modifier le quotidien des amoureux. Mais ce roman comporte des ingrédients fameux qui vont vous garder captifs du premier au dernier chapitre pour reprendre le cliché bien connu. Nous on a adoré, c’est peu dire.
Houston Osaka Bryan Washington. JC Lattès 393p.    www.editions-jclattes.fr

 


 

Un grand cours sur des aliments disparus

Tout comme des espèces animales ont disparu de notre chère terre, des aliments qui faisaient le bonheur de nos aïeux ont aussi disparu. C’est que prend le temps de nous raconter le nutritionniste et rompu aux médias Bernard Lavallée dans A la défense de la biodiversité avec pour sous-titre “sur la trace des aliments disparus”. On lui doit d’ailleurs deux précédents ouvrages paru aux éditions La Presse “Sauver la planète une bouchée à la fois” et “N’avalez pas tout ce qu’on vous dit”. Il persiste et signe en rappelant qu’il y a des moeurs alimentaires qui disparaissent comme elles sont venues. Et que la disparition de beaucoup d’animaux prisés pour leurs vertus nourrissantes en est la cause. Puis tout cet étalage actuel d’aliments sur nos rayonnages ne sont-ils pas autant de lumières rouges pour nous alerter que nous épuisons peut-être notre bonne vieille planète ?
A la défense de la biodiversité alimentaire Bernard Lavallée. Les éditions La Presse 268p.    www.editionslapresse.ca

 


 

Comment les églises évangéliques ont réussi la laïcisation

Le paradoxe évangélique est une recherche en collectif sous la direction des David Koussens, Guy Bucimi et Brigitte Basdevant-Gaudemet qui explore en quoi les églises évangéliques ont mieux intégré la notion de laïcité auprès de certains états comme notamment le Brésil. Pour demeurer fidèle aux intentions des auteurs, nous reproduisons exceptionnellement la quatrième de couverture
“N’est-il pas a priori incongru d’associer laïcité et protestantisme évangélique? Si la dissonance semble en effet évidente, cette évidence mérite pourtant d’être mise en question. C’est à ce défi que répond cet ouvrage, bousculant les représentations préconstruites et révélant le rôle paradoxal d’accompagnement et de résistance que les protestants évangéliques ont joué dans les processus de sécularisation et de laïcisation de nombreux contextes nationaux (Suède, Mexique, France, Canada, Suisse, Liban, Brésil, États-Unis et États d'Afrique centrale). Comment les évangéliques ont-ils bénéficié de l’autonomisation des États modernes à l’égard d’Églises établies pour mieux se développer? Dans quelle mesure le renforcement d’États de droits protecteurs des droits et libertés leur a-t-il été favorable? Et comment se positionnent-ils aujourd’hui par rapport à la dissociation accrue de la sphère religieuse et de la sphère civile?”
Le paradoxe évangélique Collectif Les Presses de l’Université Laval 291p.     www.pulaval.com

 


 

Il était une fois Rivière Éternité

Amateur de notre histoire de Nouvelle-France voici un tout petit livre centré sur un épisode de notre conquête vers des contrées aujourd’hui américaines. Cette fois Jean-François Delisle s’attache à un épisode peu glorieux, celui de l’établissement d’une colonie à Rivière Éternité le nom d’un petit cours d’eau mitoyen du fort Saint-Louis dans la baie de Matagorda au Texas. Un des explorateurs du temps, Robert Cavelier de La Salle n’aura pas laissé un souvenir impérissable, avec ses qualités douteuses de leader. Comme tout incompétent il en rajoutait par un autoritarisme qui lui valut d’être assassiné. C’est ce chapitre sur lequel s’attarde notre historien qui est doublé d’un excellent conteur.
Rivière Éternité Jean-François Delisle. Les éditions de l’Apothéose 142p.     www.leseditionsdelapotheose.com

 


 

Comment on s’aimait au Québec de 1860 à 1960

Oyé Oyé! voici l’arrivée du troisième tome de cette Histoire populaire de l’amour au Québec de Jean-Sébastien Marsan qui couvre cette fois de 1860 à 1960. Autrement dit au temps de l’ultramontanisme religieux jusqu’à la Révolution tranquille. Comme pour les précédents ouvrages de cette trilogie (oui toute chose a une bonne fin) c’est bourré d’anecdotes. Comme de rappeler que dans les années vingt une femme pouvait encore se marier à…douze ans! Puis ce procès scandaleux en 1868 alors que le frère du célèbre photographe montréalais William Notman avait engrossé la domestique de sa mère pour ensuite la pousser à avorter. L’acte médical clandestin a mal tourné, la mère en réchappa de peu, mais le médecin se suicida. A l’époque on ne poursuivait pas l’infanticide parturiante mais l’avoteur. Le mec fut accusé mais se retrouva libre comme l’air après avoir versé un pot-de-vin à l’administration pénitentiaire! Il s’exilera à Halifax, gérant un studio filiale de son célèbre frérot. Ça vous donne une idée de ce qui vous attend. Une pure récréation pour l’esprit.
Histoire populaire de l’amour au Québec de la Nouvelle-France à la Révolution tranquille. Tome III 1860-1960 Fides 179p.    www.groupefides.com

 


 

 Les Lumières, oui mais…

Le siècle des Lumières était pétri de bonnes intentions concernant les droits de l’Homme, l’égalité des sexes et celui de la liberté d’expression, en même temps que se perpétrait le pire de l’homme. Un essai en collectif sous la direction de Laurent Testot replace les pendules à l’heure entre les idéaux et la réalité sur le terrain. Les Lumières une révolution de la pensée est une recherche fondatrice qui expose les faits. A nous lecteurs d’apprécier la contribution des penseurs qui ont souhaité le meilleur pour nous et si leur message aura été entendu pour la suite des choses.
Les Lumières une révolution de la pensée sous la direction de Laurent Testot. Éditions Sciences humaines 371p.   www.scienceshumaines.com

 


 

Variations sur la carnation humaine

Les migrants, la couleur de la peau, le multiculturalisme, voilà des thèmes porteurs. Si dans un roman vous arriviez à trouver tous ces sujets réunis sous une même enseigne ce serait merveilleux. Eh bien ce roman existe avec une dose d’autofiction nous semble-t-il. Il s’agit de Couleur chair de Bianca Joubert. C’est son troisième roman en carrière et ça pète le feu d’une terrible actualité. Nous voyons une enfant issue de la Première nation micmaque adoptée qui fera la rencontre d’un esclave en fuite. On passe successivement de la Nouvelle-France à nos jours. Et la transition est habilement menée. Un regard aussi sur la norme blanche qui dicte tout. L’auteure qui sait mettre un sujet, le verbe et le complément à la bonne place a de quoi tenir puisqu’ elle a déjà été reconnue par ses pairs en littérature, étant récipiendaire par deux fois des prix de Radio-Canada. Et elle ne démérite pas dans ce petit bijou sur ce qui constitue notre humanité.
Couleur chair Bianca Joubert. Alto 190p.    www.editionsalto.com

 


 

Un agronome qui cherche à se valoriser à travers savoir

Hors-sol excusez le jeu de mots facile, est l’histoire d’un agronome déraciné. Oui ça existe et c’est brillamment décrit par Philippe Young. Nous assistons aux tribulations d’un agronome d’origine portugaise qui viendra s’implanter dans le quartier du Mile-End à Montréal afin de travailler sous une serre dont il apprendra qu’elle n’existe plus. Puis ce sera l’exil, tenez-vous bien, en Islande. Tout un choc culturel. Cette contrée hostile géographiquement et géologiquement sera t-elle l’eldorado tant recherchée pour ce latin confrontée aux moeurs nordiques ?Et puis outre son domaine, ce sera un choc pour lui de frayer avec des islandaises qui ont l’autonomie ancrée dans leur ADN et capables de prendre leur distance avec le mâle. Bref, pour le métissage culturel c’est un buffet. De quoi vérifier la notion que la Terre appartient à tous. L’écrivain, né en France et de parents coréens, vit à Montréal. Ce roman est son tout premier. C’est prometteur. Un nom à retenir. On est déjà sur les rangs pour votre prochain opus.

Hors-sol  Philippe Young. Mémoire d’encrier 266p.    www.memoiredencrier.com
 


 

Une décolonisation culturelle de façade

Mise en garde, cet essai Suites décoloniales de Olivier Marboeuf ne se lit pas d’une traite et encore moins dans le métro. Car chacune de ses réflexions doit être relue deux fois pour en comprendre l’essence. Non pas parce que c’est hermétique, loin de là, mais c’est que la richesses des idées qu’on y trouve sur la représentation culturelle dans l’art et particulièrement pour les noirs, exigent de l’attention. Et l’essayiste a quand même pu produire ce titre alors que sa condition matérielle le mobilisait pour d’autres priorités. Il a quand même trouvé le temps d’accoucher de toute une réflexion qui nous interpèlle, à savoir si on est finalement sorti d’un colonialisme culturel où le blanc fait de la récupération manifeste, nomtamment par le biais de l’appropriation culturelle. Songez à ce qui a pu passer par la tête de l’auteur en écoutant les imitations petit nègre d’un Michel Leeb où les messages subliminaux colonisateurs dans les chansons d’un Michel Sardou. En sorte il nous dit de faire attention à la soi-disante libération de la parole de couleur qui cache peut-être d’autres intentions moins avouables.
Suites décoloniales S’enfuir de la plantation. Olivier Marboeuf. Éditions du commun 212p.   www.editionsducommun.org

 


 

La question qui tue, qu’est-ce que la science ?

Un jour, un chef d’antenne de la Société d’État, avait conclu une entrevue en disant à son invité “il nous reste que trente secondes, qu’est-ce qu’un arabe ?”  Il y a évidemment des sujets qui ne se définissent pas en un claquement de doigt. Ainsi dans l’essai Histoire et philosophie des sciences un ouvrage en collectif sous la direction de Thomas Lepeltier  on développe abondamment à partir de cette seule question “Qu’est-ce que la science ?”. Bien que la jaquette de couverture fasse un peu austère, détrompez-vous, nous sommes aux antipodes d’un docte traité hermétique. On pourrait dire que la vision est encyclopédique et mise à la portée du plus grand nombre. On fait un peu d’histoire. Par exemple comment le travail en laboratoire a été au fil du temps partie intégrante de la formation universitaire. Les courants qui ont été amené par différentes nations selon les spécialités scientifiques. En somme on sort de cette lecture, plus intelligent que lorsque on y est entré, qui n’est pas le moindre compliment. Preuve de son succès, nous sommes face à une réédition revue et augmentée.
Histoire et philosophie des sciences Collectif. Éditions Sciences humaines 337p.    www.scienceshumaines.com

 


 

Radiographie du français dans les politiques publiques canadienne

L’actualité nous a offert d’affligeants spectacles où des chefs d’entreprise tel Air Canada ou le Canadien National ne s’expriment qu’en anglais, promettant de se mettre sous peu au français, ou ne montrant aucun intérêt. L’occasion de regarder quel est l’état du français dans les politiques publiques au Canada. Bien que le fédéral, le coeur sur la main, promet de tout faire pour que la langue de Molière trouve sa place dans les communications officielles, fort est de constater le piètre état de celle-ci.   Pour en avoir le portrait réel, nous vous signalons une étude éloquente La francophonie dans les politiques publiques au Canada une recherche en collectif placé sous la direction de Isabelle Caron. Le sous-titre annonce la couleur “un principe au second rang”.
La francophonie dans les politiques publiques au Canada Collectif. Les Presses de l’Université du Québec 202p.    www.puq.ca

 

 


 

Une déclaration d’amour du Québec de la part d’un belge

C’est parfois comme un réflexe de demander à un ressortissant européen de la francophonie qui a choisi de s’installer au Québec le pourquoi de ses motivations. Et aussi d’y aller de comparaisons culturelles. Le belge Bruno Coppens a pris les devants et répond d’entrée de jeu aux questions du genre qui pourraient lui être posé dans un charmant petit livre qui est une déclaration d’amour à la Belle Province Ma terre promesse qui à ses yeux est comme un Eldorado. Et de détailler pourquoi. Comme c’est un humoriste à la ville, il pimente son propos de traits d’esprits forts distrayants. C’est une lecture légère qui fait du bien et qui à nous, québécois qui avons le nez collé sur l’arbre, de prendre la distance pour vérifier nos belles qualités.
Ma terre promesse Bruno Coppens. Les Malins 135p.   www.lesmalins.ca

 


 

Cours 101 sur la littérature innue

Faisons notre mea culpa. Aucun d’entre nous n’est capable, à chaud de citer, ne serait-ce qu’un nom d’auteur innu. Peut-être la seule exception demeurant Joséphine Bacon, qui fait beaucoup parler d’elle. Il n’est jamais trop tard pour se rattraper, d’aucun que nous parvient, sous la signature de Myriam St-Gelais, Une histoire de la littérature innue. Qui englobe ce qui provient de la tradition orale puis écrite. Il faut savoir que même au sein de ces communautés il se trouve des dialectes! D’où la difficulté pour le traducteur en français. Mais une langue domine: l’innu-aimun. Ce livre fondateur est copublié par le Laboratoire international de recherche sur l’imaginaire  du Nord, de l’hiver et de l’Arctique et de l’Institut Tshakapesh. C’est tout un monde qui s’ouvre à nous et surtout la beauté des sujets exploités.
Une histoire de la littérature innue Myriam St-Gelais. Isberg 156p.  

 


 

Biographie d’une légende du patinage de vitesse

Charles Hamelin aura été un dominant en patinage de vitesse à travers presque deux décennies, avec une moisson de médailles à ne plus savoir quoi faire: 6 médailles olympiques, 142 médailles en Coupe du monde et 38 médailles aux championnats du monde! Et c’était une vocation presque héréditaire, puisque son frère pratique ce sport et son père a été chef du programme de patinage courte piste de Patinage de vitesse Canada de 2006 à 2014. Le journalisme sportif et chef d’antenne à RDS Luc Bellemarre reprend ce parcours de vie hors du commun. Et peut-on imaginer que ce jeune Hameli, timide, a vécu les affres de l’intimidation à l’école où on ne ne gênait pas pour le traiter entre autres choses de rat! Il lui aura fallu une sacrée bonne dose de résilience pour surmonter cette adversité et regarder droit devant lui et ne pas perdre sa passion du patin. Même ceux que cette discipline laissent froid auraient intérêt à y jeter un coup d’oeil car vous avez là un modèle sociétal inspirant.
Charles Hamelin mission accomplie Luc Bellemarre. Éditions La Presse 255p.    www.editions.lapresse.ca

 


 

Les paysages grandioses de la Gaspésie et plus…

La collection si prisée aux éditions GID “Curiosités” s’enrichit d’un 14ème titre Curiosités de la pointe de la Gaspésie cosigné par Pascal Alain et Pierre Lahoud qui en est le directeur. Au passage, aucun membre de notre équipe de rédaction ne s’est rendu dans ce coin de pays. Mais qu’en dit-on ? Surtout les paysages époustouflants qui en font l’unanimité. Mais pas que. Et c’est tout le mérite de ces ouvrages qui nous incitent à aller au-delà de l’image d’Épinal. Ce guide touristique un peu particulier, axe essentiellement sur le volet patrimonial. C’est un merveilleux cours d’histoire qui prépare bien à la visite à venir. Ainsi on apprend que dès 1929 une route ceinture la péninsule gaspésienne. Et que, à la différence d’autres coins du Québec on peut faire de nombreux arrêts pour contempler le panorama. Qu’à une certaine époque, Percé était considérée comme la Mecque de la pêche à la morue. Une foule de connaissances à notre portée qui nous aimer davantage ce Québec.
Curiosités de la pointe de la Gaspésie Pascal Alain et Pierre Lahoud. GID 219p.     www.leseditionsgid.com

 


 

Le Systema, le nouvel art du combat tendance

Nous sommes véritablement des nains devant la connaissance. Par exemple, savez-vous ce qu’est le Systema ? Nous n’en avions aucune idée, jusqu’à ce que nous arrive cette plaquette qui détaille cet art martial d’origine russe qui diffère grandement des principes orientaux d’auto-défense, en ce sens qu’il laisse une large place à l’improvisation. Et que les actes qui le compose peuvent aussi servir à des disciplines artistiques. Par exemple, on étudiera le sol sur lequel on chute, afin que le corps s’adapte à des surfaces dures pour les rendre “caoutchouteuses” si on peut s’exprimer ainsi. C’est Loïk Santiago qui nous accompagne dans cette découverte avec Devenir fluide. Il a appris les rudiments du Systema auprès de maîtres russes.
Devenir fluide Loïk Santiago. Éditions Budo 141p.  www.budo.fr

 


 

Le roman posthume de François Blais

Il y a peu, l’écrivain François Blais quittait ce monde. Il aura eu le temps de remettre le manuscrit de Le garçon aux pieds à l’envers à son éditeur, ce qui en fera de facto son oeuvre posthume. Qui nous fera regretter encore plus la disparition de cet homme de lettres qui avait déjà été reconnu par ses pairs comme récipiendaire du Prix du Gouverneur général et celui des libraires du Québec. Qu’est-ce que ça raconte ? La disparition d’une adolescente prénommée Joey, dans un petit village. Mais la question est posée, comment peut-on s’évaporer sans laisser de traces dans un si petit bled ? Une de ses amies, Adrienne, accompagnée par Léonie, vont tenter d’élucider ce mystère. Maintenant d’étranges textos reçus vont les mettre sur une piste. Pour ne pas bouder votre plaisir, on ne vous dévoilera pas la conclusion, ce serait trop méchant de notre part. Mais au fait, vous connaissiez le talent de Blais ? Il sera demeuré lui-même jusqu’à la fin. En cas contraire, l’occasion inespéré d’entrer dans sa façon de narrer des événements dont lui seul avait la touche. 
Le garçon aux pieds à l’envers François Blais. Fides 315p.   www.groupefides.com

 


 

Un guide de tous les grands limiers de la littérature

L’histoire de la littérature de polars nous a rendu familiers des noms de commissaires et détectives tels les Maigret, Arsène Lupin, Jane Marple, Maud Graham et plus près de nous Armand Gamache. Mais il y en a plusieurs autres à découvrir pour ceux qui dévorent le genre. Et c’est à quoi s’est employé de nous intéresser Monique Lapointe qui est une incollable du domaine avec 27 commissaires, détectives et autres fins limiers de la littérature policière. Ainsi ferez-vous connaissance avec Amaia Salazar, Erlendur Sveinsson, Kaga Kyôichirô et d’autres gens de lettres qui ont fait du crime et de leur solution, leur pain et le beurre.  Pour chacun de ces sujets, elle nous présente une fiche signalétique avec ce qu’il faut lire chez ces écrivains et quelle en a été la transposition au septième art si c’est le cas. Avec quel acteur vedette, etc. Grâce à elle vous allez élargir votre champ d’exploration vers d’autres maîtres. Et pour ceux qui voudraient pousser plus loin leurs connaissances en la matière, elle nous gratifie en fin d’ouvrage d’une bibliographie exhaustive.
27 commissaires, détectives et autres fins limiers de la littérature policière Monique Lapointe. Éditions Les heures bleues.

 


 

27 choses à savoir sur la mort

La mort a des douleurs à nulle autre pareil disait François de Malherbe dans sa Consolation à M. du Périer en 1599. C’est vrai, mais c’est en même temps quelque chose de fascinant de voir disparaître des êtres qui, encore hier, étaient en vie. Un sujet si tabou, qu’on l’a évacué de notre quotidien. Quand avez-vous vu sur la rue un long cortège avec corbillard et landaus de fleurs ? Non, plutôt vite à la crémation. On ne se donne plus le temps de voir la dépouille et de faire convenablement son deuil. Et lors de la Covid-19 qu’est-ce qu’on a agité le spectre effrayant de la mort. Bref, ce préambule pour vous parler de la sortie d’un opuscule intéressant au possible de Catherine Ferland 27 faits curieux sur la mort d’hier à aujourd’hui”. Elle a glané ça et là des anecdotes sur les rituels funéraires de l’Antiquité à nos jours. Des regards sur la mort à travers le temps qui ne manquent pas de piquants.
27 faits curieux sur la mort d’hier à aujourd’hui Catherine Ferland. Éditions Les heures bleues.

 


 

L’héritage de Caroline Andrew concernant la ville inclusive

Caroline Andrew est un nom qui sera essentiellement connu d’un cénacle d’intellectuels en sciences politiques et urbanisme. Durant quatre décennies elle a été professeur titulaire au Département de sciences politiques de l’Université d’Ottawa. Elle s’est beaucoup intéressée au sort des villes et de leur rapport avec les autres paliers de gouvernement. Elle a observé un mouvement où ces mêmes villes ont voulu couper un peu plus le cordon ombilical avec des pouvoirs dont elles étaient tributaires. De sorte qu’avec le temps, exploitant au mieux leurs ressources à l’interne, elles sont devenues des villes inclusives avec cette fois un nouveau rapport de force. C’est de tout celà dont il est question dans l’hommage qui lui est rendu par un collectif de chercheurs dans La ville inclusive, dans les pas de Caroline Andrew sous la direction de Guy Chiasson et Anne Gilbert. Ceux qui se passionnent pour l’avenir des agglomérations urbaines vont se trouver devant un joyau à parcourir.
La ville inclusive, dans les pas de Caroline Andrew  Les Presses de l’Université d’Ottawa 271p.      www.pressesu.Ottawa.ca

 


 

Un humble organiste au service de ses maîtres

Jusqu’à ce que des caméras s’invitent dans les jugés d’orgues, nous faisant voir enfin les organistes jusque là, les seuls musiciens que l’on ne voyait jamais, ces derniers n’étaient en quelque sorte que des sons émis. C’est pourquoi nous devons saluer une initiative comme celle de Jacques Boucher qui a senti la nécessité de rendre hommage à un de ses maîtres Claude Lagacé décédé à l’âge vénérable de 102 ans! Il a été durant vingt ans titulaire des orgues de la cathédrale de Toledo en Ohio puis revint au Québec où il occupa la tribune de la cathédrale de Québec en même temps qu’il enseigna à la Faculté de musique de l’Université Laval. Puit de culture, cet artisan au service de la musique était tout sauf un paon. Il s’accommodait même d’instruments qui avaient manqué d’amour. Il fallait bien un Jacques Boucher pour rendre la dimension de ce maître si humble. Le biographe qui est l’organiste émérite de l’orgue de l’église Saint-Jean Baptiste de Montréal, a été directeur des émissions musicales à Radio-Canada après avoir été longuement réalisateur, directeur des Jeunesses musicales du Canada et doyen de la Faculté de musique de l’Université de Montréal. Ouf! Grâce lui soit rendu d’avoir pris le temps de potasser les archives de Lagacé et d’en rendre les perles à la multitude.
Claude Lagacé organiste La portée d’une vie. Jacques Boucher. Les éditions GID  329p.     www.leseditionsgid.com

 


 

Sur les périls à vouloir trouver des épaves dans le Saint-Laurent

Les navigateurs qui prennent le relais à la barre des cargos et paquebots pour les amener par exemple au port de Montréal, le font car il y a périls à vouloir s’aventurer sur le fleuve considéré comme dangereux pour la navigation. Il en va de même pour les plongeurs à la recherche d’épaves de navires échoués. Kevin J. M. Brown est un de ceux-là, qui a même inventé une méthode unique pour faciliter la plongée en profondeur, parfois 600 pieds. Dans un livre qui a toutes les apparences d’une littérature d’aventurier, Plongeurs d’épaves dans l’estuaire du Saint-Laurent l’expert de notre fond fluvial raconte les obstacles qu’il a dû rencontrer pour satisfaire à sa curiosité. C’est une sorte d’Indiana Jones de notre grand cours d’eau. C’est un excellent conteur qui après lecture, ne vous fera plus voir le Saint-Laurent de la même façon.
Plongeurs d’épaves dans l’estuaire du Saint-Laurent  Kevin J.M. Brown. Les éditions GID 301p.    www.leseditionsgid.com

 


 

Une comédienne doublée d’une grande écrivaine

En clôturant Ofilao le magnifique roman de la comédienne Geneviève Rochette on se désole que nos plateaux de télévision soient si débilitants. En effet, quelle émission de variété de grande écoute inviterait cette dernière pour une entrevue exclusivement centrée sur son livre. Comme la variété a supplanté la culture, on est privé de connaître les motivations de cette artiste. On préfèrera de beaucoup une comédienne plus fofolle qui nous partagera les joies de sa toute nouvelle maternité ou de sa nouvelle coloration capillaire. Bref, il nous fallait ici nous défouler. Recentrons nous sur ce texte qui met en scène la Guadeloupe où une grand-mère se meurt et qui reçoit sa petite-fille et son fils. L’occasion de renouer avec les racines créoles, de tenter de ressouder les liens familiaux disloqués au fil du temps. Un passage émouvant est la toilette funèbre de la défunte. On se rend compte de la grande culture de l’écrivaine. Problème, on arrive trop vite à la fin. a prendre ici comme un grand compliment. Au passage son sujet a été inspiré par la figure de sa grand-mère.
Ofilao Geneviève Rochette. Éditions Mains Libres 226p.  www.editionsmainslibres.com

 


 

Marc Laurendeau mémorialiste d’un temps disparu

Marc Laurendeau avocat de formation, ex-Cynique, journaliste, animateur, chroniqueur et quoi encore est ce qu’on peut appeler une pointure dans le monde des médias. Il a senti le besoin de raconter son parcours, aidé en cela par Pierre Huet. L’intérêt de la vie de ce bourgeois de naissance est qu’il a été témoin de grands faits de notre époque qu’il évoque avec le recul d’aujourd’hui. Pour un aspirant journaliste d’aujourd’hui il est inimaginable de penser réaliser le huitième de ce qu’a pu faire cet homme pétri de communication. Tout simplement parce qu’en des temps anciens on pouvait forger des amitiés durables qui vous servaient dans la carrière alors que maintenant c’est du chacun pour soi. Il peut se dire privilégié d’avoir connu tout cela. Qui de nos jours pourrait tenir une revue de presse à la radio durant vingt-deux ans! Alors que les carrières maintenant durent le temps des roses à la faveur des humeurs patronales, des clics et des cotes d’écoutes. L’ouvrage est entrecoupé de portraits personnalisés des René Lévesque, Pierre Nadeau, Robert Bourassa et Jean Drapeau pour ne nommer que ceux-là. Des miniatures éclairantes sur la personnalité de ces êtres qui ont monopolisé le devant de la scène durant si longtemps. Nostalgie quand tu nous tiens.
Marc Laurendeau Du rire cynique au regard journalistique. Avec la collaboration de Pierre Huet. Les éditions La Presse 339p.    www.editionslapresse.ca

 


 

Nadia Comaneci dans les filets de la police secrète roumaine

La gymnaste roumaine Nadia Comaneci entrera à jamais dans l’Histoire des jeux olympiques pour avoir été la première athlète à se voir décerner la note parfaite de 10 aux jeux olympiques d’été de Montréal 1976. Ce qui lui conféra dans son pays le statut d’héroïne nationale. Mais ce que le public ignore, c’est que dès lors et même avant, elle était constamment sous la surveillance des services secrets roumains, la fameuse Securitate, qui espionnera ses moindres gestes, elle et sa famille. Au point que la jeune prodige fut contrainte de fuir en catimini le pays. C’était en 1989. Grâce à Stejarel Olaru historien et politologue, qui a été entre autres directeur général de l’Institut d’enquêtes sur les crimes communistes en Roumanie, nous en savons davantage sur le cadre infernal qui a été celui de Nadia. Et surtout de la tyrannie de ses entraîneurs. L’homme a eu accès à des documents qui sont maintenant accessibles provenant de la sécurité intérieure. C’est une enquête fouillée qui décrit presque une sorte d’enfer dans lequel la gymnaste a baigné.
Nadia Comaneci Dans l’oeil de la police secrète. Stejarel Olaru. Robert Laffont 454p.      www.laffont.ca

 


 

Quand un vétéran du journalisme parlementaire raconte

Denis Lessard est retraité de La Presse mais il demeure un actif de l’écriture puisqu’il a trouvé le temps de fouiller dans ses souvenirs pour lever le voile sur les coulisses de décisions politiques qui ont jalonné l’histoire politique québécoise contemporaine. En plus, s’appuyant sur les hauts standards de journalisme qu’il s’est mérité, des acteurs de l’ombre se sont ouverts à lui sur les circonstances qui ont mené à l’élaboration de telle ou telle politique. Cela donne un livre passionnant pour qui aime la politique des coulisses Par-delà les scandales. Il y a de très beaux portraits de premiers ministres. Si vous avez vu le film Arlette qui montre des aspects moins reluisants à l’arrière-plan de la vie politique, alors ce livre est un beau complément. Quand on vous disait que la politique est un sport extrême, Lessard nous en offre la parfaite illustration.
Par-delà les scandales rivalités, crises et réformes politiques. Denis Lessard. Les éditions La Presse 290p.   www.editionslapresse.ca

 


 

Comment aborder les enjeux du monde aux tout-petits ?

Les enfants ont le sait, sont comme des éponges. Ils absorbent une quantité de notions, dont l’apprentissage des langues. Maintenant qu’en est-il de leur “révéler” ce qui ne va pas bien ici bas ? Au risque de leur faire perdre la capacité d’émerveillement. Un sujet vraiment intéressant. La travailleuse sociale Sarah Poulin-Chartrand S’est posée toutes ces questions et nous fait part de son expertise sur le terrain dans un livre fondateur Nos enfants auront le dernier mot. Car il est vrai que c’est eux qui recevront le monde qu’on leur prépare. Si les parents sont inquiets, il y a des pistes de solution pour bien communiquer les événements qui se passent auprès des jeunes têtes. Enfant averti en vaut deux, pourrait-on paraphraser sur le vieil adage.
Nos enfants auront le dernier mot. Sarah Poulin-Chartrand.Atelier 10 152p.     www.atelier10.ca

 




 

Le coin santé physique et psychique

S’il a été “criblé de balles” par le monde médical partout sur la planète, l’avenir commence à donner raison au professeur Didier Raoult alors que des documents confidentiels sortent qui donnent la véritable mesure de ce qu’a été la “pandémie” de la Covid-19. Surtout que la no. 2 de Pfizer est allé dévoiler au cours d’une commission de l’Union européenne, que le fameux vaccin n’a jamais fait l’objet de tests avant d’avoir été mis sur le marché! C’est pourquoi il faut lire le petit livre qui paraît signé du professeur Raoult Épidémies vrais dangers et fausses alertes chez Michel Lafon qui est l’édition d’une postface sur l’épidémie. S’il s’est maintenu contre vents et marées c’est que l’avenir semble lui donner raison.

Aux éditions Amsterdam, comme quoi l’Histoire peut s’intéresser à tout, voici L’empire du malheur une histoire de la dépression de Jonathan Sadowsky. Qui répond à cette question: autrefois, alors que les notions de psychologie n’étaient pas dans les moeurs, souffraient-on comme aujourd’hui de dépression, alors que maintenant tout est remis en question ? Il semble que oui. Chez les classes élevées on qualifiait le tout de mélancolie, spleen, etc. L’impératrice Sissi était connue pour ne jamais se comprendre, Louis II de Bavière s’évadait dans ses lubies pour contrer la réalité qui l’accablait. Et les premiers clients de Freud étaient issus de la grande bourgeoisie capables de se payer ses consultations. Donc qu’en est-il pour monsieur tout-le-monde au fil du temps. Un ouvrage qui comble un vide. Et en postface, l’historien, sans être totalement pessimiste, nous dit que la dépression a de belles années devant elle, avec des événements comme les conséquences des confinements de la pandémie de la Covid-19 qui n’augurent rien de bon pour l’avenir. Mais en revanche une pharmacopée de pointe peut venir en aide. La différence avec autrefois.

Aux éditions du CHU Sainte-Justine nous vous signalons la sortie de trois titres Maladie chronique cosigné par Johanne Gagné, Vanessa Destrempes et Marie-Eve Chartré, Bien grandir sur le développement des 6-12 ans de Francine Ferland et Le stress de la performance chez les jeunes de Germain Duclos. Dans ce premier ouvrage on s’en tient aux maladies chroniques détectées chez l’enfant et qui sont autant de choc pour les parents à qui on annonce ce lourd verdict. Comment affronter l’inéluctable ? Les auteures sont travailleuses sociales au CHU Sainte-Justine et très au fait de ces réalités. Sur le sujet du bien grandir un volet qui viendra aider les parents aux prises avec leurs jeunes qui ont déjà des addictions à l’écran. Une réelle problématique, car l’enfant devient quasi un “junkie”. Comment le sevrer de ces pratiques et éviter des éruptions volcaniques. La signataire est ergothérapeute et professeure émérite de l’Université de Montréal.
Et comme notre monde ne vit que pour la performance au mépris de la sensibilité humaine, Germain Duclos psychoéducateur et orthopédagogue nous donne des outils pour gérer le stress occasionné par cette exigence de performer.