- SEPTEMBRE 2022 -
 
     
 


 

Compostelle, pas seulement qu’un pèlerinage spirituel

Combien de personnalités connues ont été tout fiers de rapporter qu’ils avaient fait le chemin de Compostelle. Un peu, comme s’ils avaient gravi l’Everest. Effectivement, faire ce pèlerinage requiert des efforts particuliers. Mais si pour une majorité, l’objectif est de se rendre à la Basilique de Compostelle comme le faisaient les pieuses personnes dès le Moyen-Âge, d’autres se disent satisfaits d’en avoir parcouru un bon parcours. Ils nous laissent tous le souvenir d’heureuses rencontres de randonnée. Si l’aventure vous séduit, voici le guide par excellence Sur les chemins de Compostelle chez Ulysse. Il est en format de poche ce qui facilite l’insertion dans le sac à dos ou le parka et la consultation par la même occasion. Ici on ne donne pas de liste d’endroits où  se restaurer et herber. On se contente de détailler les itinéraires, car le titre l’indique bien, ce sont des chemins au pluriel.
Sur les chemins de Compostelle Ulysse 239p.    www.guidesulysse.com

 


 

Divagations sur la procrastination et éloges divers

Robert Major a un long parcours universitaire notamment à l’Université d’Ottawa où il a été vice-recteur. Ce pourrait en faire un docte érudit qui se cantonne dans un langage hermétique pour se faire plaisir et satisfaire ses pairs de même niveau. Mais non! Au contraire, il aime divaguer et laisser errer ses rêveries. Ce qui nous donne une petite plaquette qui a le mérite de laisser son lecteur à la sortie, plus intelligent que lorsqu’il y est entré. Elle a pour titre Éloge de la procrastination et autres facéties. A sa lecture on sent bien qu’il a aimé Montaigne qu’il cite d’ailleurs, même s’il lui pardonne quelques incohérences. Après une première partie où il traite de cette facilité chez l’homo sapiens à remettre au lendemain, la seconde est consituté d’éloges sur différents thèmes, allant du port de la cravate à la pêche. Cette lecture est une pure récréation pour l’esprit.
Éloge de la procrastination et autres facéties Robert Major. Les Presses de l’Université d’Ottawa 103p.     www.presses.uottawa.ca

 




 

L’Amérique qui mange une claque

Les présidents américains ont beau conclure leurs discours par un God bless america, le Très-Haut semble avoir abandonné les États-Unis si on en juge à l’aune des échecs de la politique extérieure américaine. Le bilan n’est pas très glorieux, l’échec le plus cuisant étant certainement la guerre au Vietnam. Karine Prémont peut épeler par coeur la longue litanie des bourdes de nos voisins sur la scène internationale. Professeure de politique américaine à l’École de politique appliquée de l’Université de Sherbrooke et directrice adjointe de l’Observatoire sur les États-Unis de la Chaire Raoul-Dandurand de l’UQAM, elle se fend d’un court essai La puissance américain mise en échec chez Septentrion. La liste d’épicerie des ratés comprend entre autres le cas désespéré de Cuba, le projet Star Wars cher à Reagan et l’intervention humanitaire en Somalie. Car comme elle l’explique, même en voulant faire le bien, les USA se mettent souvent les pieds dans les plats…

Et pour demeurer dans la même veine, voire la même tonalité, ceux qui s’intéresse au déclin de l’empire américain auront tout intérêt à se précipiter sur Le délire américain coécrit par Alexandre Couture Gagnon professeure agrégée de science politique à l’Université du Texas Rio Grande Valley et Alexandre Sirois journaliste à La Presse. Ce qui est formidable avec ce livre c’est qu’au lieu de se contenter de livrer un essai dans les bonnes formes du genre, ils ont choisi la dynamique de l’échange. Chacun y allant de sa perception des États-Unis qui dérivent comme jamais, surtout depuis que Donald Trump a occupé la Maison-Blanche et que son ombre se profile encore quotidiennement. En conclusion, reconnaissant que ce pays est la première puissance culturelle du monde, et que le populisme, gagnant du terrain dans la classe politique, de savoir comment se prémunir pour faire face à cette montée de la droite.

 


 

Sororité envers et contre tous

Chaque rentrée nous gratifie de l’Amélie Nothomb nouveau. Et la cuvée 2022 est à la hauteur. L’écrivaine dépareillée trouve toujours le moyen de nous surprendre là où l’on s’y attend le moins. Après avoir investie l’âme de Jésus et rendu hommage à son père, la lauréate Renaudot 2021 s’attache avec Le livre des soeurs à décrire l’attachement viscéral de deux soeurs Tristane et Laetitia.  La première avait entrepris un lobbying auprès des parents, Nora et Florent, afin qu’il se décident à faire un enfant. Elle voulait tant une fratrie.  Ils finiront par céder, et voilà qu’arrive la petite Laetitia. Pendant que les parents continuaient de roucouler sans se soucier des mômes, les deux fillettes se voueront un incroyable attachement. Nothomb pourrait paraphraser La Boétie et faire dire à l’une d’elles “Parce que c’était elle, parce que c’était moi”. C’est un éloge de la sororité vécue dans ce qu’il y a de plus merveilleux.
Le livre des soeurs Amélie Nothomb. Albin Michel 193p.  

 






 

Le coin de la poésie

Tout pourra être dit sur le poète Joël Pourbaix. Mais le plus beau compliment à lui faire est de lui reprocher de ne pas avoir les pieds sur terre. En effet, l’homme se passionne pour le cosmos. Et il traduit très bien son amour de l’infiniment grand dans son recueil Nuit noire chez Noroît. Extrait “La trajectoire du Soleil souffle à ma fenêtre mouvements imperceptibles ils approchent farouchement hument le vent prudemment et se penchent sur ma table”.  Il y a dans ces pages des alternances entre des textes en prose, de nature informative concernant des faits glanés dans les éphémérides de la conquête spatiale et les vers proprement dits. Ce recueil très d’actualité paraît au moment où se vit une revitalisation pour le cosmos, et le désir des américains à retourner sur la Lune, sans compter les satellites qui fendent des galaxies éloignées pour capter des phénomènes qui nous laissent pantois sur l’origine des temps.

Maintenant ils nous est privilégié de vous présenter une réflexion magistrale sur ce qu’est un poète. Qui peut le revendiquer ? Voilà la grande question qui traverse La poésie faite par tous d’Olivier Belin aux éditions des Impressions nouvelles. L’essayiste est professeur de littérature française du XXème siècle à l’Université de Rouen-Normandie. Il est un spécialiste nous signale t-on de l’avant-garde poétique. D’ailleurs comment évolue la vie poétique. Qui peut se targuer d’être poète. A quoi les reconnaît-on ? Y a t-il une fratrie dans ce milieu ? Autant de questionnements qui méritent des réponses et auxquelles l’universitaire se plie. Il semble selon ses observations qu’il y a un consensus qui fait adhésion à savoir que la poésie a sa raison d’être comme lieu de communion, peut importe qui est derrière sa plume ou son clavier.  C’est une étude fondatrice incontournable pour, entre autres, qui s’adonne à la poésie et se demande s’il en est un. Une dimension identitaire importante pour ce volet de la littérature où les mirlitons auraient droit au chapitre.

Pendant que l’on dissèque qui a droit au titre de poète, en voici un que l’on ne remettra certainement pas en question avec cette publication La vie poème aux éditions Mémoire d’encrier. Il s’agit de Marc Alexandre Oho Bambe qui pour une strate jeunesse est connu aussi en musique slam sous le pseudonyme de Capitaine Alexandre. S’il en est un qui veut que la poésie soit un carrefour de communion c’est bien lui. Dans un monde où tout s’effondre, il revendique notre part d’humanité comme sauvegarde pour le futur. C’est écrit en toutes lettres en quatrième de couverture. Voici d’autre part un extrait qui en dit long sur le contenu “Le temps dira ce que demain sera et combien, combien, combien d’instants il nous reste à mourir encore”.

Chez l’éditeur Mains Libres qui sait gâter son monde avec des poésies en prose inspirantes ouvre le bal de la rentrée avec Ithaques de David Bergeron. Où le poète use d’une métaphore, qui est de comparer toutes les parcelles qui composent notre tête, comme autant d’îles intérieures. On savait que l’homo sapiens ne forme pas un bloc monolithique. Qu’il y a en lui un tas de petits secrets pour reprendre le mot de Malraux. Extrait “Il y a longtemps que l’île est un havre pour la nuit un refuge entre deux vies qui se voue à l’exil qui se condamne à l’oubli trouve ici assez de ciel pour tomber d’une lente chute cendres et neige dans le pétrole de la nuit infiniment murmurés les aveux nous avalent férocement ce qu’on retient nous dévore à pleines dents”.  

 


 

Un polar d’anticipation par un écrivain prestigieux issu des Premières Nations

Ceux qu’on a qualifié à tort ou à raison de complotistes seront les premiers clients de ce polar d’anticipation hors norme, fruit de l’imagination de l’un des plus importants écrivains venant des Premières Nations. Nous avons nommé Thomas King. Au sein d’une réserve autochtone vit un homme, Jeremiah Camp surnommé l’oracle. Il avait pour habitude de prédire l’avenir des milliardaires. C’était sa marotte de voyant. Mais il va arriver que sans que l’on se l’explique, des nantis de ce monde vont commencer graduellement à disparaître. A donner froid dans le dos. Seuil de tolérance met en scène un groupuscule dominant, sorte d’entité qui désire le contrôle. La mission donnée au protagoniste est de chercher à savoir pourquoi ces mortalités mystérieuses. C’est aussi un regard sur la classe possédante qui ne manque pas de piquant. Sommes-nous au bord de l’explosion ?
Seuil de tolérance Thomas King. Traduction Daniel Grenier. Mémoire d’encrier 409p.    www.memoiredencrier.com

 


 

Un pavé dans la mare touchant à la couleur de la peau

Il a simplement pour titre Brun. C’est le titre choisi par l’auteur Kamal Al-Solaylee yéménite d’origine et qui enseigne présentement le journalisme à l’Université de la Colombie-Britannique. Cette couleur qui est la sienne, comme il dit, ni blanche, ni noire. Mais une carnation suffisamment teintée pour poser problème dans des sociétés qui ont fait de la peau blanche la référence ultime en matière de pouvoir et de beauté. Cet ouvrage est un réquisitoire qui est un exposé des injustices que subissent dans le monde, des ressortissants de pays étrangers. Que la richesse mondiale est partagée par un étroit cénacle, alors que cette richesse est le fruit du pénible labeur de millions de nouveaux esclaves, comme plus de cinq milliers de morts qui ont bossé à l’extrême au Qatar pour la construction du stade et des autres installations en vue d’accueillir l’édition de la Coupe du monde du foot et qui fait scandale. L’auteur collige plein d’informations montrant en quoi la couleur de peau est si l’objet d’obstacles encore en 2022. Et pour soutenir son plaidoyer des cas vécus. C’est un sonneur d’alerte qui est gay et qui nous présente le miroir de notre triste condition humaine.
Brun Kamal Al-Solaylee. Hashtag 366p.    www.editionshashtag.com

 


 

Isabelle se lâche sur des aspects non dits de son travail de reporter judiciaire

L’animatrice et journaliste judiciaire de Radio-Canada Isabelle Richer sentait le besoin de se décharger du trop plein d’horreurs dont elle témoin dans les procès dont elle doit rendre compte à l’antenne.  D’office elle se censure en quelque sorte pour ne pas traumatiser son auditoire, car elle a connaissance de détails qui sont à glacer le sang. Et qui indisposeraient quiconque a encore un zeste d’humanité et non plus de voyeurisme. Dans Ce que je n’ai jamais raconté elle libère des aspects sordides, tout en se gardant tout de même une petite gêne. Ce qu’elle trouve le plus abominable et ce sont les temps forts de son livre témoignage, ce sont les sévices perpétrés sur des enfants. Elle cite des exemples qui nous font venir la larme à l’oeil. Et encore que nous n’avons pas vu comme elle, des pièces en preuve qui ont sidérés même des soignants médusés par ce qu’ils ont vu et qui dépassent l’imagination. On se met immédiatement dans la tête de ces être fragiles livrés aux mains de parents sadiques. On pourrait bien se passer de telles évocations, mais nous n’avons pas le droit de faire l’autruche comme ce fut le cas dans la communauté de Granby dans cette histoire de la petite Aurore locale.
Ce que je n’ai jamais raconté Isabelle Richer. Les éditions La Presse 169p. www.editionslapresse.ca

 


 

Sur la demeure de Zola à Médan

Avant d’aborder le vif du sujet concernant la sortie du livre Chez Zola! de Valentine del Moral il nous faut vous parler d’une série télévisuelle en ondes depuis quelques années, “Une maison, un artiste” dans laquelle on s’attarde sur le lien qui s’est établi entre l’occupant et la maison proprement dite. On peut retrouver cette production sur You tube. Pourquoi cette introduction ? C’est que c’est ce même esprit qui préside au livre de Mme del Moral qui coiffe plusieurs casquettes dont libraire de livres anciens, journaliste, écrivaine et illustratrice. Mais en plus élaboré qu’une émission d’une heure. Elle raconte par le menu la vie de Zola dans sa maison achetée en 1878 à Médan. Peut-être parce que sa propre famille passait son temps à déménager, a-t-il senti ce besoin de se fixer lui-même pour de bon à quelque part. Il y a dans ces lignes aussi des éléments biographiques, pour qui ne seraient pas familiers avec le personnage. L’auteure est de plus une excellente conteuse ce qui n’est pas pour déplaire.
Chez Zola! Valentine del Moral. Le mot et le reste 213p.   

 


 

Chantre du littoral breton

Il était au départ ornithologue, mais il a préféré devenir un marcheur nomade pour ensuite écrire et décrire ce qu’il a vu. C’est ainsi que nous avons droit  à une ode au littoral breton avec A fleur d’eau. Son périple démarre à Saint-Malo pour rallier l’île d’Ouessant. Le paysage est rude, brumeux souvent avec une faune merveilleuse qui ravit l’oeil du biologiste de formation qu’il a été. Il n’a pas fait un mauvais choix de nous transmettre ses observations car il se fait par moments poète en prose. En plus,  le mec est doté d’un beau vocabulaire. Et la citation des lieux qu’il traverse à quelque chose d’exotique. S’il voulait nous pousser à marcher dans ses pas, c’est réussi. Car ceux qui aiment un tourisme de proximité, loin des tours operators, trouveront dans ces pages des idées de vacances novatrices. Le sauvage des contrées bretonnes nous remet en mémoire notre petitesse face aux éléments.
A fleur d’eau Rémi Huot. Le mot et le reste 149p.    

 


 

Des pistes pour ne pas s’écarter de ce qu’est d’enseigner

Depuis Jules Ferry on ne compte plus les méthodes d’enseignement pour tenter que les apprentissages intellectuels réussissent chez les jeunes têtes. Et au Québec depuis la Révolution tranquille c’est la même chose. Combien de programmes d’enseignement ont été mis de l’avant qui ont connu des échecs lamentables. A preuve, une statistique récente nous apprenait que le taux de décrochage scolaire, déjà calamiteux, avait augmenté de 30%. Trois pédagogues se sont mis à la tâche pour faire le ménage parmi les pseudo techniques pédagogiques annoncées comme efficaces. Clermont Gauthier, Steve Bissonnette et Marie Bocquillon présentent Questions théoriques et pratiques sur l’enseignement explicite. Une façon pour eux de revenir à l’essentiel. Ils répondent ainsi à 11 questions genre “Doit-il varier son enseignement ?”. L’essai part de bonnes intentions. Un manuel sur l’art de répandre la connaissance qui devrait être au menu de lecture des professeurs qui ne savent plus à quel saint se vouer.
Questions théoriques et pratiques sur l’enseignement explicite Clermont Gauthier, Steve Bissonnette et Marie Bocquillon.  Presses de l’Université du Québec 313p.       www.puq.ca

 


 

Du théâtre à la mise en scène révolutionnaire

Peut-être les puristes du théâtre où les spectateurs assis dans le noir, attendent de voir passivement ce qu’on leur propose sur scène, ceux-là hurleront-ils aux loups devant l’initiative des deux fondatrices du Théâtre du Fol Espoir Gabrielle Côté et Laurence Régnier. En effet, ces deux dernières ont conçu une création qui incorpore l’usage du cellulaire chez les spectateurs, dans une sorte d’interaction qui suggèrent, à ces derniers debout, de pouvoir se déplacer. L’élaboration des personnages a été confiée aux trois comédiens Frédéric Blanchette, Véronique Côté et Marianne Dansereau. L’histoire Le sexe des pigeons se déroule dans une école secondaire, une polyvalente alors qu’une crise s’empare du réseau social. On ne peut pas faire plus actuel. C’est le peu que nous pouvons en dire étant donné le complexe hyper novateur de la démarche. Ensuite, les répliques prennent du sens dans la tonalité des protagonistes.
Le sexe des pigeons Gabrielle Côté, Laurence Régnier, Frédéric Blanchette, Véronique Côté et Marianne Dansereau. Atelier 10,  125p.

 


 

Le monde magique de l’Alagaësia

Voici un livre d’anticipation qui se classe dans le genre de la fantasy avec pour auteur Christopher Paolini.ayant pour titre La Fourchette, la Sorcière et le Dragon le tome 1 de la saga Eragon légendes d’Alagaësia. Le héros de ces tribulations, le bien nommé Eragon, se veut rassembleur et à la fois protecteur, notamment pour ce qui est des oeufs des dragons. Depuis son exil d’Alagaësia, sa vie n’a pas été une sinécure, devant lutter notamment contre la horde des Urgals et autres clans peu sympathiques comme les elfes. Comme dans toute bonne fantasy s’entrecroisent mille choses à la fois. C’est tout le temps de l’auteur de détricoter le tout pour que l’on s’y retrouve. Ça annonce des suites bien palpitantes. A remarquer, l’éditeur a pris soin de mettre une dorure sur tranche. Un chic absolu.
Eragon Légendes d’Alagaësia Tome 1 La Fourchette, la Sorcière et le Dragon. Christopher Paolini. Bayard 314p.    www.bayard-editions.com

 


 

Réédition de la biographie de la véritable Émilie Bordeleau

 Il y a peu, l’on faisait visiter aux médias, les nouvelles installations de Radio-Canada à Montréal. Et parmi les artistes présents se trouvaient Marina Orsini et Roy Dupuis. En les voyant, on ne pouvait pas oublier qu’ils ont été le couple mythique de la télévision québécoise avec cette série de Les filles de Caleb basée d’après le roman d’Arlette Cousture.  L’institutrice culte, Émilie Bordeleau a réellement existé. Et depuis trente ans, l’engouement pour ce personnage ne s’est pas démenti. Au point où on réédite, revue et augmentée,  la passionnante biographie que lui  consacre Nathalie Jean. La vraie histoire d’Émilie Bordeleau a nécessité des heures de recherches. L’iconographie abondante permet de situer l’environnement et les êtres qui ont gravité autour de la maîtresse d’école de rang. Émilie Bordeau est un personnage phénoménal quand on pense que l’on a appris il y a quelques jours, que la majorité des jeunes ignorent tout de la télévision de chez nous au profit des produits de nos voisins américains. Mais la fille de Calber ils connaissent. Cette vie nous rappelle la vaillance de nos ancêtres qui aimaient leur province plus que tout.
La vraie histoire d’Émilie Bordeleau Nathalie Jean. Éditions de Mortagne 326p.    www.editionsdemortagne.com

 




 

Le coin Miam Miam

Voici de quoi agrémenter votre bibliothèque culinaire. La langue française a ceci de merveilleuse, outre qu’elle soit dotée d’un riche vocabulaire, on pourrait dire aristocratique même, s’enrichit de proverbes, aphorismes et citations que l’on utilise souvent sans même se demander d’où ça vient. Eh bien l’historien et philosophe Stéphane Gillet est remonté dans le temps et nous livre un ouvrage d’érudition pure à savoir son Dictionnaire des expressions gourmandes aux éditions Vendémiaire. On connaît bien cet adage “Mettre de l’eau dans son vin” ou encore “Qui vole un oeuf, vole un boeuf”.  L’auteur en a relevé pas moins de 1500! C’est si nourri en information que c’est impossible de le parcourir d’une traite. Il se dévore à petites doses, tant il y a là une somme d’informations. C’est aux éditions Vendémiaire. Saviez-vous que pour désigner le travail des prostituées on disait “pain de fesse”. Vous ne serez pas au bout de vos surprises.
Pendant ce temps, notre compatriote Josée Di Stasio persiste aux éditions KO avec Mes carnets de saison couvrant les saisons d’automne et d’hiver.  Elle aussi est une sacrée tentatrice qui nous rappelle que le péché existe sous la forme de la gourmandise. Voici des exemples tirés de son livre de recettes pour lesquels toute résistance est vaine, comme ces galettes de pommes de terre et de panais. Ou bien cette focaccia sans pétrissage. En passant, saluons les superbes photos de Dominique T Skoltz quand on sait que la vue d’un bon plat est la meilleure entrée en matière pour apprécier ce qui a été préparé. Entre autres belle folie créatrice, ce filet de saumon au four et salsa aux légumes, de même que ces cuisses de poulet rôties au citron et à l’origan.

Aux éditions La Presse, c’est La bonne table de Mandy. Un total de 120 recettes innovantes. Ce patronyme vous dit quelque chose ? Eh oui ce sont les deux soeurs Wolfe, Mandy et Rebecca qui sont de la partie avec l’assistance de Meredith Erickson qui avait publié un ouvrage marquant sur l’enseigne Joe Beef aux éditions La Presse en 2018 et dont nous avions relevé l’exceptionnelle présentation. Le prénom Mandy, c’est aussi la bannière de huit restaurants Mandy’s au Québec. Cet ouvrage se veut une façon de faire face aux mois d’automne et d’hiver où notre corps a besoin d’un peu plus de bonnes calories pour faire face à la froidure. Ensuite, les auteures sont allées glaner des idées prises à travers des cuisines internationales qui sont représentées à Montréal.  Et comme la métropole est bien pourvue en cuisine ethnique, c’était l’embarras du choix. Parmi les originalités cette salade …à la farce de Noël,  une autre salade, celle-là de crevettes aux épices jerk (un petit goût des Caraïbes). Les salades et les soupes dominent les présentations. Au chapitre de ces dernières on retiendra celle aux patates douces et aux chou fleur parfumée au cari. Dans l’ensemble ce sont toutes des choses simples à confectionner et gustatives comme ce n’est pas permis.

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Dans les coulisses d’un film de Wim Wenders tourné au Québec

Les cinéphiles avertis ont encore en mémoire ce film prenant de Wim Wenders “Every Thing Will Be Fine” tourné au Québec à Montréal et Oka en 2014. L’histoire d’un écrivain dépité qui, sortant d’une dispute avec sa compagne, prend la route qui ensuite causera la mort d’un jeune garçon. Le scénario est signé  Bjorn Olaf Johannessen.  Et le storyboard sera dévolu à Stéphane Lemardelé qui nous l’offre en prime Le storyboard de Wim Wenders chez l’éditeur La Boîte à Bulles. Sous la forme d’une BD on assiste à la genèse de cette production. C’est assurément du bonbon pour qui s’intéresse au cinoche, autant comme spectateur que artisan. Et on voit le réalisateur qui raconte des anecdotes sur le métier. Et surprise, vous verrez comment notre barde national Gilles Vigneault est mis à contribution. Passionnant est ici un euphémisme.
Le storyboard de Wim Wenders Stéphane Lemardelé. La Boîte à Bulles 149p.   www.la-boite-a-bulles.com

 




 

Chez Ulysse, des itinéraires spéciaux pour l’Europe et les vins nord-américains

Bonne nouvelle, alors que le gouvernement fédéral canadien lève les mesures sanitaires qui ont été autant de freins au tourisme à l’étranger, voici que chez Ulysse on débarque avec deux superbes albums qui donnent le goût d’aller voir ailleurs. Il y a pour commencer L’Europe hors des sentiers battus. Vous êtes sans doute parmi ceux qui évitent les itinéraires établis pour les visiteurs, genre tour operator. Alors ce livre est pour vous. Sous la direction éditoriale de Claude Morneau on a retenu 50 circuits qualifiés de rêve, et ils le sont. Prenons seulement la Suisse. Avez-vous eu, un seul instant, songé aux trésors que recèle la ville de Neuchâtel ? Ou Bienne, seule ville bilingue français-allemand de ce pays.  C’est fou ce qu’il y a à voir. Et si c’est l’Angleterre on vous invite à un détour enchanteur dans l’East Sussex. Vous voyez un peu de quoi ça retourne. On pourrait même y aller d’une désignation comme tourisme intelligent. Heureux les collaborateurs qui sont allés en repérage dans ces localités.
Puis, autre registre avec les Routes des vins en Amérique du Nord. Pierre Ledoux et Natalie Richard font la part belle aux vignobles qui vont satisfaire les disciples de Bacchus. Encore là, selon la formule en vigueur, 50 destinations dont Paso Robles, un des plus grands vignobles au monde, près du désert californien et le Québec fait bonne figure avec ce qu’a à offrir l’île d’Orléans et la Côte-de-Beaupré. Les États-Unis occupent une large part. Et quand on sait qu’il y a des décennies, les vins californiens avaient médusés les oenologues dits experts dans une dégustation à l’aveugle, mettant un terme à la suprématie des vins français dont les proprios disposent maintenant de grandes étendues en Californie qui viennent lorsque les vignobles de l’Hexagone sont victimes de déprédations de la nature.

 


 

Doris Delevingne la cocotte anglaise des années 30

Si le patronyme de Delevingne dit quelque chose aux plus jeunes, c’est qu’il est le nom de famille de la “socialite” et mannequin Carla Delevingne dont Doris Delevingne dont il est question ici est la grande tante. Cette dernière était, si on veut, une sorte de cocotte britannique des années trente qui se faisait entretenir par de riches messieurs. Elle finira par en épouser un, le vicomte Castlemore. Une liaison orageuse. Elle finira par le quitter. Ensuite elle avait une marotte “guérir” les homosexuels de son entourage.  C’est ainsi qu’elle va littéralement prendre d’assaut le célèbre photographe de la famille royale,  le très efféminé Cecil Beaton qui ne sortira pas convaincu de l’aventure. De même aura t-elle une liaison très brève avec le vieux lion Winston Churchill. Durant la guerre, elle s’exile à New York. Elle sera ruinée de par sa vie extravagante et devra même mettre ses bijoux au clou pour survivre. A son retour en Angleterre elle sera rejetée par la haute société pour avoir fuit son pays au moment de la guerre. Doris, le secret de Churchill est une biographie romancée de Stéphanie des Horts qui nous en apprend beaucoup sur les années folles dans la Grande Albion. La magnifique photo de la couverture qui la représente durant ses années fastes est signée Cecil Beaton.
Doris, le secret de Churchill Stéphanie des Hots. Albin Michel 275p.  

 


 

Une pénétration guidée du monde des lettres

Alice Zeniter pose en couverture du bandeau de son dernier ouvrage Toute une moitié du monde dans lequel elle nous parle de son rapport avec l’écriture et ses lectures.  Cette belle trentenaire affiche une allure d’aristocrate. Elle ne l’a pas toujours eu facile. Quand elle a quitté la maison d’édition Albin Michel, le directeur dira plus tard qu’il aurait du faire un peu plus d’efforts pour la retenir maintenant qu’elle est une belle femme! Car après un passage à la Grande librairie sur le même plateau d’Umberto Eco, on lui avait reproché d’être mal fagotée.  C’est une femme qui s’intéresse beaucoup à la littérature anglo-saxonne. Ainsi elle nous fait découvrir une écrivaine afro-américaine Zora Neale Hurston dont elle nous apprend que durant toute sa vie d’auteure, elle aura touché en tout et pour tout…mille dollars de royauté (on évoque ici les années trente et quarante). Dans ce livre de souvenirs littéraires, elle parle aussi de la place qu’occupe les hommes dans la vie des femmes et aussi de ses congénères au féminin. C’est limpide à lire et d’une lecture qui place son lecteur à un beau niveau d’intelligence.
Toute une moitié du monde Alice Zeniter. Flammarion 231p.  

 


 

Décryptage de la vie en boîte

Le monde de la nuit a ses propres codes. Ceux qui fréquentent les boîtes, vivent parfois comme une double vie, n’étant pas réellement eux-mêmes, ou peut-être trop. Victor Jestin semble connaître cet univers qui en fait le décor de son roman L’homme qui danse. Notons au passage que le romancier, pour sa toute première ponte “La Chaleur” s’est vu mériter le prix Fémina des lycéens. C’était en 2019. Cette fois il nous emmène dans une boîte “La Plage” d’une petite localité au bord de Loire. Le protagoniste y a ses attaches depuis plus de deux décennies. Il connaît sur le bout des doigts le genre de faune qui vient se déhancher sur les airs à la mode. L’injuste sort pour ceux qui ne correspondent pas aux codes physiques en vedette. Il décrit d’ailleurs un jeune boutonneux seul dans son coin en train de pleurer. Ceux qui ont passablement consacré d’heures dans les dancings se sentiront interpellés par ce texte qui fait penser à un entomologiste étudiant des fourmis.
L’homme qui danse Victor Jestin Flammarion 187p.  

 


 

Une enquête bâtie sur l’achat d’une maison et un accident mortel à moto

Brigitte Giraud n’a pas été confrontée au drame de la page blanche puisque pour  Vivre vite elle n’a eu qu’à puiser dans deux moments de son existence qu’elle nous partage, soit l’achat d’une maison et l’accident de moto qui coûtera la vie à son conjoint Claude le 22 juin 1999. Elle joue beaucoup avec les fatalités car chaque chapitre débute par un “Si” telle chose n’était pas arrivée, que serait-il advenu ? C’est grâce au petit pécule recueilli en héritage d’un grand-père suicidé, que le couple pourra avancer la mise de fonds pour la propriété qu’ils convoitaient. Puis un beau jour au volant d’une Honda 900 CBR Fireblad, dont la veuve apprendra que ce modèle destiné au marché européen était interdit au Japon, il connaîtra sa fin de vie. Donc ce livre nous promène entre ces deux faits. Et superbement écrit, telle une classe de maître où chaque sujet, verbe et complément est à sa place.
Vivre vite Brigitte Giraud. Flammarion 206p.  

 


 

La montée du nazime vécue de l’intérieur

Il y a bien des façons de raconter un temps de l’Histoire. L’historien se limitera aux faits, dates et statistiques. Le romancier voudra faire saisir à son lecteur, par le biais de la fiction, comment des êtres ont pu vivre tel ou tel moment. C’est ce qu’a choisi de faire Ludwig Renn avec L’Aube était brune. La couleur faisant référence aux sinistres chemises brunes nazies, les troupes de la S.A. D’abord un mot sur l’auteur. C’est un nom connu de la littérature allemande dans les années vingt. Il a beaucoup écrit sur la guerre 14-18. Adhérant au parti communiste il sera emprisonné par le régime hitlérien en 1933. Il aura la chance rarissime d’en ressortir et de se réfugier d’abord en Espagne lors de la célèbre guerre civile de 1936 puis au Mexique tout au long de la Seconde guerre mondiale. Il revient s’installer en Allemagne de l’Est où il décède en 1979. Ce roman, dont il est ici question, inaugure une saga en cinq tomes. Ses personnages vivent la terreur nazie de l’intérieur. On peut grâce à eux, vivre l’univers qui était le leur à ce moment-là. Et Renn a ce talent de vampiriser le sentiment des gens qu’il traduit à merveille. A lire impérativement car comme il a été dit, qui ignore l’Histoire est condamnée à la revivre. Voyez en ce moment la Russie…
L’Aube était brune Ludwig Renn. Le temps des cerises 249p.   

 


 

Une histoire d’amour née à Auschwitz

Cupidon quand il décide de forger des couples n’est pas trop regardant sur le lieu de rencontre. Comment imaginer que dans l’enfer d’Auschwitz un couple a pu se forger et ensuite faire sa vie. C’est le cas de Génia et Aimé elle une juive belge et l’autre résistant communiste. Ils seront tous deux arrêtés et conduits au sinistre camp d’extermination Ils seront séparés dans le camp. Génia se retrouvera au bloc 10, un lieu horrible où des médecins procéderont à des expérimentations sordides, notamment sur la stérilisation des femmes. On l’exposera à des radiations visant à ce qu’elle ne puisse plus reproduire. Fort heureusement ils ne réussiront pas dans son cas, puisque après la guerre et deux fausses couches elle mettra au monde un robuste garçon, fruit de l’amour de ces deux-là. Génia n’aura de cesse de témoigner de ce qu’elle a vécu. Vanina Brière et Arnaud Bouligny ont recueilli ses souvenirs, et cela donne une très belle histoire de survie.
Génia & Aimé Survivre ensemble à Auschwitz. Alisio 191p.    www.alisio.fr

 


 

Sur l’homme le plus riche du monde

Au moment d’écrire ces lignes, la fortune d’Elon Musk est de 254,6 milliards de dollars. Totalement hallucinant. Et demain il sera encore plus riche que la veille. De quoi attirer la curiosité sur ce qui fait la pâte de cet homme, visionnaire comme il ne se fait plus sinon jadis l’inventeur Edison au millier de brevets. L’ingénieur de formation Olivier Lascar a voulu savoir s’il y a une ligne directrice à travers les diversions de Musk. Ce dernier est un touche-à-tout qui veut battre des records de vitesse en transport public, signe la Tesla. Oui mais à  ce propos, comme le souligne Lascar, une voiture taxi sans chauffeur, en mode autonome, qui prive un chauffeur de son gagne-pain, doit-elle être considérée comme un progrès ? Puis le multi-milliardaire n’a pas que les deux pieds sur Terre, il rêve de coloniser Mars et fait construire la fusée porteuse la plus considérable qui soit. En plus son champ d’intérêt vise Twitter et les réseaux sociaux en général. En passant, il ne faut pas oublier que sa fortune d’origine vient de son invention de Paypal, le service de paiement en ligne dont on se sert quotidiennement.
Enquête sur Elon Musk l’homme qui défie la science Olivier Lascar. Alisio 216p.   www.alisio.fr

 


 

La quête d’une fille sur la vérité de son père

C’est une réalité connue en psychologie, à quel point la figure du père est essentiel au développement d’une fille. Ça ne peut pas mieux s’exprimer que dans le roman de la canadienne Sheena Kamal dans Quand tout s’écroule. C’est l’histoire de Nora qui a toujours vécu avec son père Sam, sa mère ne l’ayant pas connue. Or ce seul lien parental prendra fin avec le suicide du paternel. En même temps qu’elle veut savoir quels squelettes dans le placard, cachait son géniteur, c’est un peu d’elle-même qu’elle veut aussi connaître. Son périple la conduira à Détroit à la recherche d’indices. Une ville qui on le sait n’a aucun attrait et c’est bien décrit.  Nous sommes ici en face d’un thriller psychologique de haute volée qui séduira bien des amateurs du genre.
Quand tout s’écroule Sheena Kamal. JC Lattès 306p.     www.editions-jclattes.fr

 




 

Chez Leméac deux petits romans qui valent le détour

Parmi les belles surprises de cette rentrée, deux petits romans chez Leméac qui nous rappellent que c’est dans les petits pots que l’on retrouve les meilleurs onguents selon ce vieil adage. Le premier, c’est Beau diable de Jean-François Caron. Comment décrire cette démarche d’un auteur qui est aussi poète. Et entre parenthèses, une sorte de poésie émane des riches heures de son personnage central qui évolue dans la région rurale de Montmagny. On voit défiler une galerie d’individus à qui il trouve de quoi les rendre intéressants. Nous avons là, si on peut s’exprimer ainsi, le Québec profond qui n’est surtout pas atteint de crise identitaire. Ce sont des natures, quoi. Vous aimerez le pittoresque qui ressort à chaque page.
Autre climat avec cette fois Miro Larocque qui s’annonce avec Chouchou. C’est un premier roman dont on dit qu’il a été amorcé alors que l’écrivain novice avait à peine dix-sept ans. Ce Chouchou qui fréquente les soeurs Mzèna, qui a des considérations au sujet de tout ce qu’il fréquente. Eh bien sachez que le jeune auteur a aussi du vocabulaire. Il nous a obligé à recourir au dictionnaire pour connaître la définition du mot inébriant qu’il utilise pour décrire un spectacle. C’est un adjectif pour décrire ce qui produit l’ivresse. Chapeau à ce jouvenceau des lettres qui nous fait coucher moins bête le soir. Et puis, vous a t’on dit que c’était excellent ? C’est maintenant chose faite.

 


 

Tout Hubert Aquin hors fiction

Est-il ce qu’on défini comme un rat de bibliothèque ? En tout cas, rongeur ou pas, le bibliothécaire de l’Université de Montréal Nino Gabrielli force le respect devant la tâche titanesque qu’il s’est donné de colliger toute l’activité médiatique de Hubert Aquin cet écrivain et journaliste qui a fait entrer le Québec dans la littérature moderne. En compagnie de deux collaborateurs Andrée Yanacopoulo et François Maltais-Tremblay il nous offre une trilogie imposante dont nous avons le premier tome, un pavé lourd en main qui touche aux années 1949-1962. Et le premier texte d’introduction est un texte de lui “L’Invention de la mort” daté de 1961 dans lequel, il décrit, et il faut avoir été journaliste pour le corroborer, à quel point ce peut-être frustrant d’interviewer des célébrités sans en être une soi-même. Et dieu sait qu’il en a côtoyé des sommités d’Aldous Huxley, en passant par Dali et Francis Poulenc.  C’est aussi un imposant travail critique. Dans une province où la devise est “Je me souviens” c’est un devoir de mémoire utile pour raviver la contribution d’Aquin qui finira hélas tragiquement en mettant fin à ses jours.

Hubert Aquin et les médias Anthologie 1949-1977 Volume 1: 1949-1962. Leméac 680p.   
 


 

Biographie d’une des pointures du journalisme québécois, Omer Héroux

Il n’était pas trop tard pour redonner ses fleurons à Omer Héroux un des patriarches du journalisme dans ce qu’on appelait autrefois, le Canada français. C’est que a posteriori, il a été injustement relégué dans l’ombre des Henri Bourassa et Olivar Asselin. Héroux est entré au Devoir en 1910 et succédera à Bourassa en 1932 comme rédacteur en chef du quotidien nationaliste. Mais ce natif d’une famille de Mauricie a débuté dans le journalisme en 1896 au Trifluvien. Au passage, cet homme, fait rare dans la Belle Province, a connu trois mariages! Toute sa vie durant il a été l’ardent défenseur de la minorité francophone et des travailleurs. Son zèle était inlassable au service de ces deux causes. Grâce à Francis Bergeron et Jean-François Veilleux nous pouvons faire connaissance avec cette pointure du journalisme de chez nous qui décédera à Outremont en 1963 à l’âge respectable de 86 ans.
Omer Héroux le patriarche du journalisme au Canada français. Francis Bergeron et Jean-François Veilleux. Les éditions du québécois 302p.     www.lequebecois.org

 


 

Un essai sur les cadeaux admis ou refusés aux élus en politique québécoise

Vous pensiez que tout avait été écrit, eh bien détrompez-vous, il y a des champs d’exploration qui peuvent être mis à contribution par le biais de l’écriture. Ainsi paraît un essai étonnant consacré aux cadeaux que des élus en politique peuvent recevoir ou non. Ce sont deux deux professeurs du Département de science politique de l’Université Laval Steve Jacob et Éric Montigny qui signent C’est pas un cadeau! Les essayistes passent en revue ce qui a mené à l’élaboration par l’Assemblée nationale du Québec a un code d’éthique à ce propos. Ce n’est pas une petite affaire puisque ce sujet occupe près de deux cent pages! Maurice Duplessis aurait détesté cet ouvrage lui qui était le maître incontesté de la réception et de la donation de cadeaux. On voit que des députés par exemple, poussent le rigorisme jusqu’à refuser un verre de bière au motif de ne pas se compromettre. Non, la vie politique est loin d’être un cadeau.
C’est pas un cadeau! Plongée au coeur de l’éthique parlementaire. Steve Jacob et Éric Montigny. Les Presses de l’Université Laval 198p.      www.pulaval.com

 


 

La CAQ a t’elle remplit ses promesses ?

lors de sa campagne victorieuse de 2018, la Coalition Avenir Québec affichait 250 promesses à son programme électoral. Quatre ans plus tard, qu’en est-il ? Promesses tenues ? Un travail fort intéressant est publié Bilan du gouvernement de la CAQ que vous aurez intérêt à lire avant le scrutin du 3 octobre 2022. Ce qui ressort, en prenant en compte les effets désastreux de la pandémie qui ne figurait pas au départ dans le plan de match, le gouvernement de François Legault a tenu le cap et passablement réalisé ce pourquoi il souhaitait le pouvoir. D’ailleurs en fin de bouquin rédigé en collectif sous la direction de Lisa Birch, Yannick Dufresne, Dominic Duval et Camille Tremblay-Antoine vous avez un tableau des promesses en question et ce qui en a été vraiment. De quoi se faire une très bonne idée de ce parti politique.
Bilan du gouvernement de la CAQ. Entre nationalisme et pandémie. Les Presses de l’Université Laval 278p.     www.pulaval.com

 


 

Quand les rebelles sont à droite

C’est un petit brûlot que lance Philippe Bernier Arcand professeur à l’Université Saint-Paul et chroniqueur à l’Acadie Nouvelle. Dans Faux rebelles sous-titré “Les dérives du politiquement incorrect” il observe un renversement de genre. En effet, l’Histoire nous a donné plein d’exemples de rebelles tentant de renverser un pouvoir de droite. Maintenant ce serait la droite qui serait à la manoeuvre pour renverser un pouvoir qui ne fait pas son affaire. Et l’essayiste de donner l’exemple des convois de la liberté, ces camionneurs qui ont tout bousculé sur leur passage au Canada et ailleurs, s’en prenant aux médias qui, selon eux sont à la solde de la finance et empêcheurs de diffuser la bonne nouvelle. Avec comme conséquence des cris contre la censure et des “on ne peut plus rien dire”. En contrepartie, Arcand rappelle qu’il n’y a jamais eu autant de liberté de parole.  A lire assurément pour comprendre un enjeu important de notre temps.
Faux rebelles Philippe Bernier Arcand. Coll. Essai libre éditions Poètes de brousse www.poetesdebrousse.org

 


 

Le moyen de se réaliser dans un monde qui s’effondre

Jocelyn Lachance est maître de conférences qui dirigent des recherches en sociologie à l’Université de Pau. Il nous arrive avec un essai assez sombre de l’état du monde, et comment se mesure l’engagement à l’aune du réel et du virtuel. Les paradoxes de l’engagement fait figure de sonneur d’alerte. En effet l’essayiste, reconnaissant que durant le confinement pandémique les réseaux sociaux ont joué un rôle non négligeable, mais qu’ils devraient être complémentaires à l’engagement réel et non se substituer à lui. C’est une radiographie lucide de ce qui nous attend si nous n’y prenons garde. Que le monde s’effondre est bien le postulat à partir duquel on doit agir.
Les paradoxes de l’engagement Jocelyn Lachance. Les Presses de l’Université Laval 214p.   www.pulaval.com

 


 

Dubitative sur la durée de l’amour, elle se lance quand même

Doit-on le qualifier de roman jeunesse ? Dans le domaine de l’amour la frontière est large. C’est pourquoi Instructions for dancing de Nicola Yoon intéressera un large lectorat. Le sujet ? Une jeune fille, Evie, qui est prise à témoin de l’infidélité de son père vis-à-vis de sa mère. Dans un premier temps, elle partira de la conviction que c’est bien la preuve que l’amour ne dure pas. Mais Cupidon ne l’entend pas de cette façon qui lui mettra dans les pattes un beau garçon dans le cadre d’un studio de danse. Et par la suite ils seront partenaires à l’occasion d’un concours. C’est là que toute résistance est vaine et la fille de conclure que peut-être y aurait-il là un beau risque, et de s’investir aussitôt. Une romance charmante qui fait du bien en contrepartie de la lourdeur de notre époque.
Instructions for dancing Nicola Yoon. Bayard 392p.    www.bayard-editions.com

 


 

Tout savoir ou presque sur Elton John

Il est étonnant qu’il y ait si peu de biographies en langue française concernant un personnage de l’envergure d’Elton John. Ce vide est maintenant comblé avec une biographie succincte de Solène Haddad rompue à la vie des célébrités qui nous a déjà gratifié de celles sur Karl Lagerfeld, Dalida et Bourvil. Elle a l’art d’aller à l’essentiel, pour qui veut avoir un aperçu de la vie d’un être. Elle avait un sacré beau matériau avec celui que la reine a ennobli et qui porte désormais le titre de Sir. Le jeune Reginald Dwight, son véritable nom à la ville, se passionne très jeune pour le rock. On verra comment sa mère est la possession même. Rendu au sommet de son art, hélas il deviendra quelque peu narcissique et sombrera, mais pas à peu près dans la cocaïne. Et dans ces égarements, il commettra des actes insensés, lui l’homosexuel, comme d’épouser en 1984 Renate Blauel. Évidemment que ce mariage hétéro ne tiendra pas la route et l’artiste s’en voudra après coup d’avoir fait une malheureuse qui pourtant l’aimait d’un grand amour. Il se reprendra comme on sait maritalement avec une personne de son sexe qui devait lui convenir. Au sortir de cette lecture vous aurez un bon aperçu de pourquoi Elton, si lucide sur la destinée artistique a su se maintenir contre vents et marées.
Elton John Solène Haddad. City 252p.     www.city-editions.com

 


 

 La Mongolie vue de l’intérieur par un québécois

Heureux qui comme Ulysse a fait de beaux voyages dit-on. Heureux aussi comme Charles Roberge de Charlevoix, qui porte la triple casquette de poète, philosophe et peintre. Avec sa smala, il a eu ce goût inusité de connaître la Mongolie. Ce pays qui a le record de la plus faible densité de population au monde, avec deux habitants au kilomètre carré. Donc si vous êtes amateur d’exotisme, vous êtes servi. Il nous livre donc ces tribulations au pays de Gengis Khan dans un livre charmant Mongolie un fabuleux voyage au pays des sables qui chantent. Là on n’est pas dans le guide Michelin avec les bonnes adresses pour se restaurer et faire dodo. Ici en compagnie d’un guide, il est à la rencontre de l’habitant. Les mongols sont des gens très généreux prompt au partage. L’ouvrage est complété de belles photos, qui plus que jamais valent mille mots.
Mongolie un fabuleux voyage au pays des sables qui chantent Charles Roberge. Éditions Charlevoix  133p.    www.shistoirecharlevoix.com

 


 

Un journal canadien et québécois de la COVID-19

Marc Deulceux ancien journaliste reconverti dans les affaires a eu l’idée de tenir un journal sur l’historique de la pandémie de la pandémie de la COVID-19 telle que vécue au Canada mais surtout au Québec. Pour quiconque veut revoir la progression de la chose, l’initiative est louable.  L’auteur a été déclaré positif à un moment donné de même que sa femme et sa fille. Avec des effets pas plus importants qu’un rhume. Il a un parti pris en faveur des mesures sanitaires. Il faudra confronter ce livre à ceux qui commencent à paraître en France qui dévoilent des scandales éhontés. Et même l’ancien ministre de la santé de l’Hexagone Olivier Véran, fanatique de toutes les mesures, mêmes extrêmes pour confiner les français, vient de faire son mea culpa dans un ouvrage qu’il vient de publier dans lequel il admet que le port du masque a été une erreur. C’est pour cette raison qu’il faudra attendre et de soupeser, tant l’ouvrage Deulceux que d’autres à venir, pour que la vérité éclate. Pour l’instant, le grand mérite de la démarche de l’auteur du Journal d’un confiné est de rapporter fidèlement la chronologie des événements qui peut être de grande utilité pour les chercheurs, journalistes et curieux du sujet.
Journal d’un confiné Marc Deulceux. Éditions Sylvain Harvey 436p.  www.editionssylvainharvey.com

 






 

Des encyclopédies pour nourrir les neurones de vos tout-petits

Cette année, Culturehebdo à la veille de son vingt-cinquième anniversaire veut faire la part belle aux ouvrages jeunesse mais de nature encyclopédique. Car nous sommes effarés de l’inculture qui connaît des plongées abyssales. La faute en est à l’ère numérique où les jeunes connaissent des addictions pathologiques aux jeux numériques et aux réseaux sociaux où leur moi est mis en valeur. Conséquence ? Des jeunes qui ne connaissent rien. Alors revenons chers parents à ce qui a été pour beaucoup la semence du savoir, c’est-à-dire de beaux ouvrages de vulgarisation. En voici cinq qui valent le détour.
D’abord en voici deux aux éditions Nuinui. Angelo Mojetta sur des illustrations de Yumenokaori nous invite à la découverte des squales et autres habitants des mers avec leur Guide des requins et baleines et autres géants de la mer. Et on fait maintenant dans l’interactif. C’est ainsi que pour chaque espèce il y a un code QR qui permet d’accéder à un lien vidéo qui nous en dit davantage sur l’animal. Après lecture vous serez incollable sur le rorqual commun, le grand requin-marteau et la fameuse baleine bleue, le plus gros mammifère au monde.  Les illustrations sont superbes et un ravissement pour les yeux. 
Ici ce n’est pas une encyclopédie en tant que telle, mais ce livre chez Nuinui complète ce guide des habitants de la mer. Ce sont des contes Histoires de la mer un collage de contes traditionnels appuyés par des illustrations de Maggie Chiang. Les contes ont ceci d’intéressant, que lu par des parents le soir avant le dodo ou par le jeune lui-même, ils enflamment l’imaginaire et introduisent les enjeux de l’existence comme l’opposition entre les forces du bien et du mal. Ces contes promènent le lecteur d’un océan à l’autre. Une sauce d’exotisme qui permet d’en apprendre sur la géographie.
Toujours chez Nuinui et on revient au style encyclopédique, c’est à une véritable prouesse d’édition avec Tricératops le dinosaure blindé. En effet pour donner plus de poids à découvrir ce monstre cuirassé qui hantait la planète il y a des millions d’années, on a procédé à des impressions avec 14 pages à quatre volets, qui se déploient. On imagine ce qu’il faut d’ingéniosité d’imprimerie pour en arriver à ce résultat. Ce sont deux chinois à qui on doit ce bijou, pour les textes Yang Yang et aux illustrations Zhao Chuang.On apprend sur ce qui faisait la nourriture de ces bêtes fascinantes, leur combat de survie, leur compagnonnage avec les congénères.  De la belle ouvrage. Pour captiver les enfants, on ne fait pas mieux.

Puis chez l’éditeur Broquet deux grands albums, Un premier qui complètera la recension que nous venons de faire du tricératops chez l’éditeur Nuinui. Il s’agit de Mon encyclopédie des dinosaures. Ils y sont tous, tricératops compris. Vous avez là une longue liste de toutes ces créatures qui peuplaient notre Terre à une époque que…les moins de vingt ans et même un peu plus, ne peuvent pas connaître. Pour chaque animal, une fiche signalétique qui nous dit l’essentiel à savoir sur chacun d’eux. Un soin jaloux a été mis par l’éditeur côté illustration.
L’autre est de la même veine Mon encyclopédie des animaux. C’est Claudia Martin tout comme pour le précédent sur les dinosaures qui a composé les textes. Cette fois ce sont des animaux de notre temps, que l’on aperçoit dans des documentaires animaliers et au zoo. Dans ce cas le choix a été arbitraire, car décrire chaque espèce en totalité du monde animal, requérerait une collection complète. Mais l’auteure pour se simplifier la tâche a réparti les descriptions par catégories: mammifères, reptiles, oiseaux, poissons, amphibiens, invertébrés. Ainsi il y avait moins de risque d’en échapper, du moins pour les principaux représentants. Comme vulgarisation c’est champion.

 


 

Dans la tête d’une propriétaire d’aréna

Est-ce que celà s’enseigne dans les cours de littérature ? A savoir, comme un peu le fameux tout est bon dans le cochon, que pour ce qui est des sujets des romans, tout peut-être bon en étant que le talent vienne avec. Ainsi pour son entrée dans le monde des lettres, Frédérique Marseille a choisi d’habiter la peau d’une propriétaire d’aréna. Ce milieu a ses règles bien précises, ses couleurs. C’était une bonne idée et ça se confirme à la lecture. Car l’auteure a un peu puisé en elle pour ce faire, car elle est à la tête d’un centre d’escalade. Son “héroïne” est intense. Du genre à voir à tout ce qu’il faut pour le bon déroulement des opérations, les permis à demander, les fournisseurs à joindre. Bref, tout ce qu’une entrepreneure peut connaître au quotidien. Sauf quand je suis un aréna est prometteur. Et avis à ceux qui décernent des prix pour un premier roman, allez voir de ce côté-ci.  On attend vivement votre prochain opus madame.
Sauf quand je suis un aréna Frédérique Marseille. Les éditions de ta mère 168p.    www.tamere.org

 


 

Un photographe à l’ego tourmenté

C’est ainsi que l’on peut résumer la personnalité de ce photographe montréalais John Marchuk un des deux principaux personnages du roman Une maison sans esprits de David Homel. L’autre se prénomme Paul et se met en quête de retrouver le premier qui n’a plus laissé de traces. La rencontre va finir par se faire. Mais l’as de la lentille qui jusqu’ici n’a joui que d’un succès d’estime est un être à l’ego tourmenté. Qui a des certitudes arrêtées sur un tas de choses et à l’esprit moins que malléable. Paul va tout faire pour le gagner en empathie. L’intérêt de ce livre c’est la confrontation de deux personnes que tout oppose. Ensuite c’est une réflexion sous-jacente sur ce qu’est la notoriété, la reconnaissance publique. Est-ce si nécessaire ? Surtout si on n’y met pas trop du sien. En plus vous avez des rebondissements psychologiques qui tiennent en haleine son lecteur. Bref, l’histoire qui est racontée ici tutoie l’excellence.

Une maison sans esprits David Homel. Leméac 210p. 
 


 

Carmel Dumas la biographe dévoile un pan de sa vie, surtout sa soeur

Carmel Dumas est une figure médiatique de chez nous, une touche-à-tout de la recherche et de l’écriture, qui nous a donné de belles biographies dont une de Mouffe qui fait référence. Elle qui a l’habitude de raconter la vie des autres, a senti la nécessité de lever le voile sur un pan de son existence et sa relation avec sa soeur Evelyn qui fut collaboratrice de René Lévesque et qui était maniaco-dépressive. Ça donne au final un bouquin tendre et dur à la fois Tête-à-tête avec ma soeur Evelyn. Les délires de cette dernière sont incroyables. Ainsi elle voulait se faire oblate dominicaine, en même temps qu’un huissier se présente à la porte de Carmel pour statuer que sa sa soeur doit être internée en cure fermée.  Ce qu’il y a de bien dans ces pages, alors qu’au Québec on ne dit jamais vraiment les vraies affaires concernant les coulisses de notre show-business et autres réalités de la vie publique, il est agréable d’apprendre la réalité de certaines choses. Tous ceux qui ont eu à vivre avec une personne atteinte de cette façon-là par la maladie mentale, se sentiront particulièrement interpellés.  On se plaît à imaginer un prochain livre de Carmel Dumas totalement autobiographique qui nous dirait tout de ce qu’elle a vu de son milieu. Car cette femme a un talent inné de l’écriture, et un art de rapporter les choses qui gardent notre intérêt du début à la fin.
Tête-à-tête avec ma soeur Evelyn Carmel Dumas. Pleine lune 320p.   www.pleinelune.qc.ca

 


 

Musso boudé par l’intelligentsia littéraire mais adoubé par le grand public

Vous avez peut-être pris connaissance que notre Guillaume Musso était snobé par le cénacle parisien de l’intelligentsia littéraire, qui l’écarte systématiquement de l’attribution des prix “prestigieux” du monde du livre. Il n’en a cure, car ce qui lui importe c’est de maintenir une fidélité avec ses dizaines de milliers de lecteurs. Et il ne va pas démériter avec la sortie d’Angélique. Acte un, Louise Collange,  qui bénévole, vient jouer du violoncelle dans un hôpital où se trouve Mathias Taillefer, flic à la ville. Quand la première apprend cela, elle le sollicite pour élucider une affaire. Pour laquelle le patient accepte de collaborer. Et en cours de route va se trouver Angélique Charvet. Ce suspense a été inspiré nous dit le romancier par le Mr. Ripley de Patricia Highsmith. Ce Ripley énigmatique qui nous fait remettre en mémoire que l’on connaît quelqu’un vraiment que…le surlendemain. L’histoire nous emmène de Paris à Venise. Avec les emportements propres au romancier qui sait jouer habilement des ingrédients nécessaires à faire recette. Nous avons eu Angélique marquise des anges, voici Angélique Charvet. A vous de la découvrir.
Angélique Guillaume Musso. Calmann Levy 309p.     www.calmann-levy.fr

 


 

Sont-elles attirées par les mâles alpha plus que par les tendres ?

Il y a un cliché qui semble fondé selon lequel, une femme, bien qu’étant sollicité amoureusement par un homme tendre, sensible, finira par tomber dans les bras du macho voisin qui ne fait pas de quartier, un tantinet vulgaire. Une attirance hormonale plus que raisonnée ? En tout cas, prenez la mesure de ce qui arrive au pauvre petit ami de Tessa qui se verra tasser au profit de Hardin Scott le mal dégrossi. Et l’étudiante Tessa pour qui initialement c’était l’indifférence, se sentita des attirances. C’est l’argument qui occupe toute cette BD titré After qualifié de roman graphique scénarisé par Anna Todd. Serait-ce ce qui va succéder au roman photo de jadis ? Pablo Andrés signe les illustrations d’une rare finition dans le détail. Ceux qui s’intéressent à la complexité des sentiments amoureux vont être conquis. On parle de volume 1. Aurions-nous le début d’une saga ?
After roman graphique Anna Todd scénarisation, illustrations de Pablo Andrés. Hugo BD 175p.     www.hugopublishing.fr

 


 

Au Québec, la petite histoire qui a fait la grande

Dans ces colonnes nous avions salué la sortie du tome 1 de Québec insolite de Sylvain Daignault qui a colligé mille et une anecdotes historiques présentées en petite capsules. C’est absolument distrayant et montre à quel point la Belle Province a été le théâtre de moult événements petits et grands qui sont passés à la trappe du souvenir. Et curieusement dans une province dont la devise est pourtant “Je me souviens”. Ainsi dans ce deuxième opus on apprend que, en décembre 1905, la grande Sarah Bernhardt, venue en autres représentations à Québec, qui s’était permis d’épingler les canadiens-français assujettis au clergé. Elle fut l’objet d’attaques antisémites genre “A bas la Juive!” et “Mort à la Juive”. Dans la haine de l’étranger, les nôtres ne faisaient pas dans la dentelle. Parmi les tragédies maritimes, 253 passagers venus d’Écosse perdent la vie à l’occasion d’un incendie à bord du Montréal, un bateau vapeur qui sillonnait le Saint-Laurent.  C’était le 26 juin 1857. Bref vous sortirez la tête pleine de faits divers qui sont si fascinants.
Québec insolite Sylvain Daignault. Broquet 184p.    www.broquet.qc.ca

 





 

Le coin santé physique et psychique

Le réputé sociologue de la sexualité Michel Dorais poursuit son inlassable quête de la connaissance des tréfonds de la nature humaine avec un opuscule aux Presses de l’Université Laval, Le désir en mémoire où il s’arrête à réfléchir sur la manière dont s’articulent en nous les désirs, nos fantasmes. Et dans ce domaine il observe comme nous avons pu le voir nous-même, ou le vivre, comment très souvent nous répétons les mêmes scénarios qui conduisent à l’échec. A un moment donné de son essai, il reconnaît qu’il est très difficile d’expliquer l’attirance pour quelqu’un, tant les motivations sont complexes et diffèrent selon les personnalités. Avec ce titre, il  pousse la recherche sur un domaine qui n’a pas tant été exploité.

Dans le communiqué qui accompagne la sortie de Comment être zen sans être moine, Richard Seff rappelle trois signaux maudits qui minent l’être humain, des préceptes émis par le bouddhisme, à savoir l’ignorance, l’avidité et la haine. Pour faire contrepoids à ces trois faiblesses intrinsèques de la psyché de l’homo sapiens, il y a un recours bienfaisant, apaisant, la pratique du zen. Et d’entrée de jeu, Seff qui la pratique et l’intègre dans son quotidien, s’insurge contre les caricatures qui en ont été faites. Comment atteindre la plénitude intérieure dans ce monde particulièrement agité ? Il partage généreusement la manière dont il incorpore la zénitude dans tous ces faits et gestes. Il y a un chapitre où il dit un grand merci à la nature et ses bienfaits, tel l’air qui nous permet de respirer. Bref, des éléments simples qu’on oublie hélas trop souvent. C’est aux éditions Ipanema.

La joie comme vengeance c’est le titre et la proposition de vie que contient le livre de Bruno Poncet chez Michel Lafon. En compagnie de Anthony Verdot-Belaval il nous livre un témoignage choc de ce qu’il a vu et vécu dans sa chair au Bataclan au soir du 13 novembre 2015. Une heure et demie recroquevillé sous son siège en espérant de ne pas périr sous les rafales des balles. Comment sort-on d’une épreuve semblable quand on a vu autour de soi des dizaines de corps gisant ou agonisant ? Eh bien au lieu d’alimenter la haine légitime qui pourrait être la sienne, il a décidé de recourir à la recherche de la joie pour contrer le sentiment de vengeance. On n’est pas dans l’Évangile gnangnan de tendre la joue droite à l’assaillant, mais de développer une posture mentale forte face à l’adversité. Le pire finit par s’expliquer. En tout cas, que l’on adhère ou non à ses conclusions, reste le fameux témoignage qu’il livre.

Quand on connaît le taux effarant de gens qui n’ont aucune confiance en soi, il faut dépêcher de trouver des outils pour se reconstruire intérieurement pour en arriver à intégrer la fameuse chanson “Tu trouveras la paix dans ton coeur” ou encore le précepte évangélique qui veut que le royaume de Dieu est en soi”.  La guide spirituelle Kimberly Snyder l sait si bien qu’elle a tenu à souligner dans Vous êtes plus majestueux que vous le pensez aux éditions du Dauphin Blanc, que c’est dans son for intérieur que l’on doit puiser les ingrédients nécessaires à l’estime de soi, et non vivre dans le regard des autres, et d’attendre la reconnaissance. A ceux qui peinent à se trouver beau par exemple, la coach dit qu’il faut faire briller sa beauté intérieure pour qu’elle jaillisse sur l’extérieur. En somme des recommandations que l’on connaissait sans doute mais qu’on a hélas tendance à oublier bien vite.