- JUIN 2024 -
 
     
 


 

Un road trip de haute volée éducative

Pour son premier ouvrage, la cofondatrice du Festival Filministes Soline Asselin a réussi avec brio, à mêler récit et ouvrage didactique. En effet, la protagoniste de ces pages, partageait un rêve avec son paternel, à savoir assister au décollage d’une fusée. Voyage vers une fusée est un road trip qui en même temps qu’il nous fait découvrir des pans de la vie américaine avec son regard bien à elle, nous transmet des éléments de connaissance du plus haut intérêt concernant des femmes aventurières qu’elle admire et qu’elle désire nous faire connaître. Comme pour ce genre de démarche, le plus beau compliment que l’on puisse faire est qu’on sort plus intelligent en fin de lecture que lorsque nous y sommes entrés.
Voyage vers une fusée. Soline Asselin. Éditions marchand de feuilles 290p  

 


 

Tout pourrait changer mais personne ne le veut vraiment

C’est l’axiome de Pacôme Thiellement dans son essai coup de poing et terriblement lucide Le secret de la société. Comme citoyen du monde et de votre société immédiate vous ambitionner des changements pour un meilleur monde, désespérant que rien ne bouge, alors que vous avez sans doute vous-même des solutions ? Vous avez parfaitement raison quand vous constatez l’immobilisme des classes dirigeantes. Et c’est ce que décortique habilement cet écrivain et cinéaste, très fin observateur des comportements de l’homo sapiens. Et vous saurez pourquoi on ne tient pas tant que ça à changer les choses, et en quoi cela en avantage certains. C’est un homme qui est doté de riches connaissances que vous prendrez plaisir à connaître, notamment d’abondantes références historiques, littéraires et cinématographiques. De quoi mieux cerner ce qui chauffe ceux qui nous dirigent. Cet essai, et nous le soulignons à dessein, devrait se retrouver dans la ligne de mire de ceux qui décernent des distinctions dans cette catégorie.
Le secret de la société Pacôme Thiellement. PUF 410p.    www.puf.com

 


 

Un secret familial qui remonte au temps de Napoléon

Le tandem Éric Giacometti et Jacques Ravenne est fusionnel comme ce n’est pas permis et qui explique que la réunion de ces deux êtres produisent des best-sellers car ils en possèdent des ingrédients. La clef et la croix s’inscrit dans cette continuité. On remonte dans le temps, au moment où l’empereur Napoléon mandate des francs-maçons pour aller dérober dans les archives du Vatican les actes du procès des Templiers. Puis grand saut près de nous, alors que nous apprenons qu’un grand designer de mode milanais a été trucidé. Il tenait comme trésor des documents inestimables que d’autres mal lunés convoitent. L’enquêteur Antoine Marcas est chargé d’élucider cette affaire ténébreuse, d’autant que la victime appartenait elle-même à une confrérie secrète catholique. Ça fait beaucoup de mystères. Le duo encore là mène la barque. Les amateurs de romans historiques se trouvent ici comme un gamin dans une bonbonnière. 
Giacometti Ravenne La clef et la croix. JC Lattès 440p.   www.editions.jclattes.fr

 




 

En République démocratique du Congo et en Haïti l’abandon des enfants

Si vous êtes enfant et que vous vous distinguez un tant soit peu des autres, la pire chose qui puisse vous arriver en République démocratique du Congo est de vous faire étiqueter comme sorcier. Alors vous vous retrouvez carrément abandonné à la rue et ses malveillances. Le chercheur en psychologie Alphonse Miema Bongo nous alerte sur leur sort dans un livre documentaire poignant et choquant à la fois Enfants de la rue à Kinshasa aux éditions Vérone. Ces enfants, vous pouvez imaginer, ne savent pas ce qui leur arrive et sont carrément traumatisés. Et si d’aventure on dit toujours que votre famille peut être votre soutien, c’est là le grave problème, car ce sont les membres de votre  propre famille qui vous rejettent. A lire absolument pour se rendre compte que ce pays et beaucoup d’Afrique, concernant l’hmmosexualité entre autres, doivent être pris en charge au niveau de l’éducation. Seule l’intelligence peut venir à bout de ce fléau.
Puis à des milliers de kilomètres de là, le sort non moins enviable des enfants abandonnés en Haïti et qui donne un livre documentaire coup de poing La parenté sacrificielle de Raynold Billy  aux éditions de l’Université de Bruxelles. Bien que l’on ne doive pas comparer les malheurs tant la séparation parents-enfants a quelque chose de tragique, ici en Haïti, des parents donnent leurs enfants en adoption dans un geste de sauvegarde, afin que ces petits soient arrachés à un sort funeste. Chercheur à l’Université d’État d’Haïti, lui-même haïtien, l’essayiste montre le sacrifice immense de ces parents au bout du rouleau, et dont le geste peut valoir réprobation si on jette un regard superficiel sur l’acte. 

 


 

Comment devenir Rembrandt en commençant par le début

Vous aimez dessiner ? On voit peindre un talent à cet effet mais vous éprouvez le besoin de parfaire votre technique ? Il existe une pléthore d’ouvrages didactiques qui livre l’essentiel du débutant. Justine Lecouffe se distingue du lot avec ses 10 étapes pour dessiner des portraits. Elle a rassemblé 40 exemples qui st une panoplie assez complète des expressions du faciès de l’homo sapiens. Ce qu’il y a de particulièrement intéressant à l’ère de la mondialisation, c’est qu’elle consacre un large espace aux figures ethniques. Un ouvrage indispensable, quoi. Qui sait où ce livre sans prétention peut vous mener.
10 étapes pour dessiner des portraits  Justine Lecouffe. Vigot 128p.    www.vigot.fr

 


 

L’ouvrage de référence pour qui est accro au Barbecue

Si vous cherchez des signes distinctifs d’un vie ostentatoire pour qui veut montrer qu’il a réussi, mettez-vous au Barbecue car au prix où se vend maintenant la viande, les barbecues sont assez rares de nos jours. Ou si vous voulez vous offrir un petit luxe, pourquoi pas ? Vient de paraître ce qui nous semble LE livre de référence en la matière, signé Raphaël Guillot. Ce maghrébin est passé maître pour griller à peu près tout et il en fait la démonstration avec éclat dans ces pages. Les photos donnent déjà le goût de s’y mettre. Les meilleures recettes de Rafa est à ranger en bonne place dans votre bibliothèque de cuisine.
Barbecue Les meilleures recettes de Rafa. Raphaël Guillot. Mango 204p. www.mangoeditions.com

 


 

Des photos contemporaines du show-business québécois

Puisque l’on en est aux hommages à Jean-Pierre Ferland disparu récemment, l’ouvrage Fallait être là du photographe Marc-Étienne Mongrain aurait pu s’intituler “On fait tous du show-business”. Cet album est un témoignage en multiples photos, “live” ou “posées” qui est un compte-rendu de l’actuelle génération musicale allant de 2013-2023. Il y a de tout, de la photo un peu officielle à celles des coulisses de nos vedettes. Quelques textes accompagnent le tout, ceux de Philippe Brach, Hubert Lenoir, Safia Nolin et Klö Pelgag. C’est une présentation graphique “luxueuse” jusqu’à un certain point, car ce grand album n’a certainement pas des visées de fracasser le palmarès des ventes. Dans ce Québec où notre devise est “Je me souviens” cette démarche photographique fait oeuvre utile.
Fallait être là  Marc-Étienne Mongrain. Regards sur la scène musicale québécoise 2013-2023.  K0 éditions 

 


 

Le civisme 101 à l’ère numérique

En cette époque de déficit d’altérité abyssal, où l’autre n’existe pas, il est grand temps d’enrayer cette multiplication du manque de savoir-vivre en se rattrapant avec les enfants, ne serait-ce que pour leur inculquer des principes fondamentaux du vivre ensemble. C’est pourquoi Les bonnes manières de Joanie Ferland-Globensky aux éditions Petits Génies tombe à point nommé et devrait figurer au programme scolaire de la petite enfance au niveau primaire. L’auteure a répertorié 10 cartes-situations du quotidien et comment établir de bonnes relations en société. Autrefois les quinquagénaires et plus se souviendront des livres sur le civisme. Cela avait un parfum d’ordonnances.  Ici on fait dans du ludique pour que le goût des autres passent mieux. Chapeau au passage pour les illustrations du Wedoo Studio.  Il y a de ces livres qui apportent une contribution positive à la vie , c’en est un qui devrait recevoir son lot de récompenses.
Les bonnes manières  Joanie Ferland-Globensky illustrations Wedoo Studio. Éditions Petits Génies.

 


 

Un conte graphiquement sublime sur la relation entre un lapin et un arbre

Il  y a bien des façons de présenter des histoires. Si on faisait un amalgame on pourrait dire que Un beau voyage de l’illustrateur Balint Zsako est à l’édition ce que le film muet est au cinéma. Car ici on raconte, sans texte, la belle relation entre un lapin et un arbre. Au “lecteur” adulte, d’imaginer ce qui se passe au profit de l’enfant. L’illustrateur au New York Times Brian Rea a qualifié cet album de “silencieux, puissant, à jamais marquant”. Ce dont l’éditeur, pas peu fier, s’est empressé de faire figurer en bandeau promotionnel et à juste titre.
Un beau voyage Balint Zsako. Éditions Saltimbanque 

 


 

Tout savoir sur le logiciel chilien Cybersin

Le pouvoir d’où le pays dont il est originaire, ne peut pas se passer de la technologie numérique. Et ça ne date pas d’hier. Les Santiago boys de Evgeny Morozov revient sur un épisode moins connu gouvernement de Salvador Allende, à savoir la création d’une unité nommée les Santiago boys , un groupe de jeunes ingénieurs qui ont conçu un logiciel de modélisation économique en temps réel. Ainsi, le chef du gouvernement pouvait-il avoir la juste mesure des mouvements économiques de son pays. Ce concept porta un nom, Cybersin. L’auteur est un écrivain et chercheur qui s’est fait un renom dans le domaine du monde numérique en lien avec les enjeux politiques et sociaux. Ce document basé sur de nombreux entretiens jette un éclairage sur le gouvernement progressiste chilien qui connut, et son chef, une fin tragique, encouragé par les américains, à travers la CIA et la droite chilienne.
Les Santiago boys Evgeny Morozov. Éditions de la rue Dorion 253p.   www.ruedorion.ca

 


 

Un brûlot sur les instituts de haut savoir, l’université qui tue

Frédéric Sojcher depuis qu’il vient de lancer Fac off doit bien longer les murs de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne où il enseigne, car c’est un véritable pavé dans la mare de l’université. Autrement dit, il crache dans la main de celui qui le nourrit. Et bien que ce soit identifié comme son premier roman, c’est un livre à clé où il le dit presque en début d’ouvrage, il règle ses comptes avec son univers et dénonce les impostures qu’on y trouve. C’est jouissif en diable, car la chose la plus encore révolutionnaire qui soit c’est la vérité. Des tabous comme les pinottes versés aux chargé de cours, la drague des étudiantes, etc. A lire et même relire. Avec l’étendue de ceux qui fréquentent ces endroits de haut savoir comme ils disent avec prétention, il y a là un bassin de large lectorat potentiel pour cette dynamite.
Fac off Frédéric Sojcher. Éditions Léo Scheer 184p.     www.leoscheer.fr

 


 

Auto-analyse d’un laid

Toute entrée en littérature a toujours quelque chose d’émouvant. Voici la toute nouvelle novice des lettres, la verdunoise Isabel Lapointe qui a organisé chaleureusement dans un café de cet arrondissement en vogue, une réception de lancement plus que réussie où il y avait à boire et à manger. Chose rare en ces temps de comptabilité où on compte le coût d’une carotte dans un plateau. Une rencontre à la dimension de l’écrivaine. Nourrir l’ogre est la narration à la première personne de Simon, décrit comme laid. Avec tout ce que le mot a de relatif. On est tous le laid de quelqu’un, surtout souvent par l’âme. Et c’est justement le contraire de ce jeune homme qui brille par de belles qualités humaines. Et il en pince pour Sophie. Réussira-t-il sa parade amoureuse ? On vous le laisse deviner. Ce qu’il y a surtout d’intéressant dans ce premier opus qui devrait être dans la mire de ceux qui décernent des prix pour un premier roman, c’est la description que fait l’auteure de la vie de famille du personnage. On savait que les liens du sang ne sont affaire que de ressemblance au niveau des gènes, mais pour le reste quelle structure aliénante. Cette lecture nous le rappelle hélas trop brutalement. On a hâte à votre deuxième sortie, madame. 
Nourrir l’ogre Isabel Lapointe. Éditions Gertrude & Régina 266p.

 


 

Au tour de connaître la culture des Hurons-Wendat et les Wyandots

Dans sa série saluée Les récits de notre terre qui tombe à point nommé, alors que naît un intéressement sincère aux cultures de nos Premières nations, voici que sort en librairie un autre tome, consacré celui-là aux Hurons-Wendat et aux Wyandots. On connaît mieux les premiers car divers représentants de leur communauté se sont exprimés au fil des décennies dans les médias dont le célèbre Max Gros-Louis. On en sait moins cependant sur les seconds qui vont fatalement attirer notre curiosité.  Ces deux nations peuplaient en tout premier lieu le sud de la baie Géorgienne. Si les Hurons-Wendat  ont pris ensuite racine au Québec, les Wyandots eux, sont allé nicher en Oklahoma. Ce sont 45 récits rassemblés ici qui nous en apprennent énormément sur leur mode de vie. Et nous devons ce beau savoir à l’ethnologue David Clément. Qui a réussi à vulgariser en peu de mots ce riche patrimoine.
Les récits de notre terre Les Hurons-Wendat et les Wyandots. Daniel Clément. Les Presses de l’Université Laval 152p.     www.pulaval.com

 


 

L’amour à l’ère numérique

Alors que le monde numérique est fait de chacun pour soi, scotché à perpète devant son portable ou écran d’ordinateur, le sentiment amoureux a-t-il encore de la place ? En tout cas, si on lit Étienne & Assia de Kakou Leroux on voit bien que Cupido, quand ça lui tente de décocher une flèche amoureuse, ne sélectionne pas les époques. Ici chacun des deux personnages se sent mal dans son milieu. Et si l’amour pouvait être la panacée à tous nos petits malheurs ? Ce petit roman jeunesse a quelque chose de touchant.
Étienne & Assia Kakou Leroux. Éditions Coqs Urbains 173p.   www.coqsurbains.com

 


 

Parfums acadien

Annie-Claude Thériault est certainement acadienne car son roman Les Foley est garni de référence à l’Acadie. Déjà, vous avez une belle couleur locale et une riche culture. Ce livre en est un de portraits. Celui de cinq femmes. L’ouvrage chevauche entre la nouvelle et le roman. En tout cas, il emprunte à l’un et l’autre le talent requis pour rendre un personnage dans toute sa dimension. Ici l’écrivaine vampirise les états d’âme de cinq femmes donc, avec pour chacune une couleur bien à elle. La femme de lettres est pour cela doté d’un vocabulaire approprié et une syntaxe qui coule naturellement. C’est un très beau livre qui nous permet de faire aussi nos propres images.
Les Foley Annie-Claude Thériault. Éditions marchand de feuilles 290p.   www.marchanddefeuilles.com

 


 

Un retour d’ascenseur bienvenu, mais qui engage à quoi ?

Si vous lisez les citations de presse entourant Rendez-vous au bord du lac de la torontoise Carley Fortune ce n’est qu’un concert d’éloges. L’unanimité est rare dans l’univers impitoyable de la critique de presse. Pourtant c’est une histoire toute simple à la base, celle d’une jeune femme qui avait quitté son milieu rural du Muskoka pour la trépidance de Toronto. Mais comme l’entreprise du domaine familial est en péril, elle n’a d’autre choix que de rentrer au bercail et d’en prendre les rênes. Et tout ceci où Fern, c’est le nom de la jeune dame, voit revenir, ce n’était pas inscrit dans les astres, Will. Une ancienne relation qui avait achoppée une décennie plus tôt. Et voici qu’il rapplique donc avec en main, la solution à tous les maux du business de Fern. Mais cette offre est-elle assortie de compromis ? Pourquoi Fern, qui avait écarté Will jadis, se mettrait-elle à lui ouvrir les bras. D’autant qu’elle n’a pas tout le détail de la manière dont l’homme s’est installé en affaires.  Une trame simple comme vous le voyez, mais avec des rebondissements psychologiques qui en fait tout l’intérêt. Sans doute le beau livre de la belle saison.
Rendez-vous au bord du lac  Carley Fortune. Robert Laffont Québec 388p.   www.laffont.ca

 


 

La tension stylistique qui donne naissance aux oeuvres littéraires

Nous croyons fermement que la pire question à poser à un écrivain est de tenter de cerner lui-même son style. De comment il y parvient. Car à lire l’essai de Gilles Philippe “Une certaine gêne à l’égard du style” il y a des écrivains qui jetant un regard rétrospectif sur leurs premières moutures ne se reconnaissent pas. Ce professeur à l’Université de Lausanne pose toute la complexité que de définir le style et à quoi en reconnaît-on. D’autant que si la langue française est la langue belle pour certains, elle n’en est pas moins inutilement compliquée et volontairement élitiste. Pas étonnant que la jeunesse se tourne vers l’anglais plus simple et accueillant. Le livre du prof Philippe est une fabuleuse introspection sur la stylistique et comment elle est vécue à travers divers exemples sélectionnés. Avis aux novices des lettres, à lire impérativement avant d’entrer dans la religion de l’écriture. Et pour appuyer sa démonstration, l’essayiste a puisé dans de nombreux exemples de la littérature.  De quoi nous redonner le coup de renouer avec certains classiques pour en apprécier justement…le style!
Une certaine gêne à l’égard du style Gilles Philippe. Les impressions nouvelles 243p.  www.lesimpressionsnouvelles.com

 


 

La question migratoire dans toutes ses déclinaisons

Tous les observateurs attentifs s’accordent sur un point, si on fait un tant soit peu de futurologie, et pas si loin que ça, c’est la question des flux migratoires qui va mobiliser l’attention dans le monde. Cette prise de conscience est née à l’occasion du drame de cette embarcation, qui le 3 octobre 2013 chargée de migrants, 500 au total, verra périr 368 d’entre eux. Désormais il n’était plus question de fermer les yeux sur cette horrible histoire qui vit périr tant d’innocents qui quittaient l’Érythrée et la et la Somalie pour finir par disparaître dans les eaux au sud de Malte. Younès Ahouga remonte le fil de cette actualité historique et comment elle impacte la question identitaire. Rappelons le choc des italiens confrontés dans leur pays au communautarisme noir, une présence black jamais vue là-bas, ou ces mêmes africains arrivant massivement en Allemagne…
Gouverner les migrations pour perpétuer la mondialisation Younès Ahouga. Les Presses de l’Université d’Ottawa 230p.     www.presses.uOttawa.ca

 


 

Comment être féministe sans pourrir la vie des hommes…et des femmes

Sara Ahmed est à la ville une chercheuse, féministe déclaré, mais qui surtout n’a pas engagé de manière radicale un combat contre les hommes. Elle s’en prend à celles qui le sont et qui vouent une presque haine à la gent masculine. Dans son cas  donne un livre axé sur la mesure intitulé Manuel rabat-joie féministe où si elle est bien consciente que des hommes ont commis des abus de pouvoir, elle livre ses recettes pour faire entendre certes la voix des femmes mais dans une perspective d’union avec les mâles. C’est aussi un beau témoignage personnel qu’elle rend et qu’il faut lire, hommes et femmes confondus.
Manuel rabat-joie féministe Sara Ahmed. La Découverte 347p.    www.editionsladecouverte.fr

 


 

Puisqu’elle est condamnée, autant vivre

L’autre jour à Montréal, on pouvait voir une affiche d’une société de lutte contre le cancer, qui disait que le temps que nous avons pris à lire cette affiche une personne sera atteinte du cancer. Ça commence à faire du monde et donc un sacré lectorat potentiel pour le titre de Carène Ponte “Sur scène”. En sous-titre “l’incroyable histoire de Ginger et Lola”. Est-ce à dire que c’est un récit ou un roman ? Rien ne le précise. En tout cas, c’est un livre sur l’espérance. La fois où on annonce à une restauratrice, Ginger, qu’elle est touchée à son tour par le cancer.  Un choc certes, une fatalité dont elle se serait bien passée, mais elle qui a voulu adolescente se trouver sur les planches de Broadway, va entamer un processus de table rase qui la mènera, on vous laisse découvrir la suite.  C’est une histoire forte qui est faite pour donner du courage à ceux et celles qui désespèrent en chemin. Ça vaut tous les médicaments du monde.
Sur scène Carène Ponte. Fleuve 239p.     www.fleuve-editions.fr

 


 

Un polar sur fond de temps sombres en Europe

Comme si Tarn Richardson avait vu dans sa boule de cristal ce qui allait se produire dans cette Europe actuelle aux abords d’une guerre mondiale qui n’ose dire encore son nom. Voici le tome 3 de sa trilogie “La main noire” Les ressuscités qui se suffit en elle-même comme lecture s’en avoir lu les deux précédents.  Il est même question dans ce tome de flammes qui embrasent des églises en Ukraine. Le Vatican (ce qu’il est utile pour mettre du piment dans une histoire) qui vit des heures tourmentées en raison de tensions internes. C’est bien ce qui se passe présentement avec la vieille garde de la Curie romaine et les progressistes. Dans tout ce fatras, il semble qu’une personne peut réussir à rétablir la paix, un inquisiteur nommé Poldek Tacit et introuvable depuis deux ans. Et l’auteur fait reposer sur ses épaules la sauvegarde de l’humanité. Une lutte contre la montre s’engage afin de le retrouver. Il y a là assez de matière pour faire encore deux ouvrages. Mais celui-ci est complet comme mentionné et enlevant. Attention, ici c’est du sérieux, pas un livre de plage. Car il va requérir toute votre attention. Et Richardson a compris la formule pour emporter son lecteur. 
Les ressuscités Tarn Richardson. Sonatine 504 p.   www.lisezsonatine.com

 


 

Les camps de pêche du Québec, un patrimoine figé dans le temps

Les passéistes qui déplorer que la seule chose qui est stable actuellement en ce monde est le changement, trouveront un état de grâce à prendre connaissance de l’ouvrage Les camps de pêche signé Pierre Lahoud ce dernier dont on se demande, démiurge de l’écriture et décoré par le gouvernement du Québec où il prend le temps de pondre tant d’ouvrages fouillés dans une année. Il nous fait découvrir donc ces camps de pêche, pas tous car impossible reconnaît-on de tous les répertorier, mais les plus importants. Des endroits de grande paix. Et qu’est-ce qu’on en apprend. Ainsi au camp du lac à l’Épaule, Roosevelt et Churchill y sont passé une journée le 25 août 1943 avant l’importante conférence de Québec qui allait mettre en place le Débarquement de Normandie. On voit une photo exclusive, les montrant taquinant minablement le poisson.  Le premier ministre anglais a signé dithyrambique le livre d’or du lieu! 
Les camps de pêche Pierre Lahoud. Les éditions GID 223p.    www.leseditionsgid.com

 


 

Apprendre aux jeunes le quotidien du Moyen-Âge

L’Histoire si on la trouve ennuyeuse en classe, c’est peut-être la faute aux messagers, les enseignants où les outils déficients. Car on a la preuve du contraire avec Quand j’étais petite au Moyen-Âge du duo Hélène Lasserre et Gille Bonotaux. La jeune narratrice nous fait un grand retour dans le temps, pour nous expliquer comment celà se passait à son époque. C’est vraiment instructif, même pour les adultes. On a conservé pour faire dans la couleur locale, des expressions typiques du temps, comme le mot esbaudir qui veut dire, s’émerveiller. Ces expressions d’antan sont expliquées en bas de page. Une belle réalisation qui devrait se trouver au menu du programme de l’éducation nationale.
Quand j’étais petite au Moyen-Âge  Hélène Lasserre et Gilles Bonotaux. Éditions Saltimbanque 

 


 

De l’importance des histoires avant le dodo

On le sait, pas besoin de nous rabâcher les oreilles avec ça, que les contes seraient ringards à l’ère numérique. Eh bien non. Car le numérique vous arrive en animation tout cuit dans le bec, sans efforts à faire. Tandis que le conte, avec ses images fixes, obligent le lecteur à mettre de l’action dans sa narration et l’enfant récepteur, de se faire ses propres images. Puis il y a aussi, grand mérite au conte, la connaissance des forces du bien et du mal dans la vie. Bref, si vous voulez vous y mettre, voici un bel ouvrage avec de nouveaux contes, 15 histoires pour le soir. Dans le genre c’est rudement bien fait. A vous de faire la mise en scène.
15 histoires pour le soir  Fleurus 81p.

 


 

De glorieuses pages sur le concert d’orgue dans la Belle Province

Paul Cadrin ancien doyen de la Faculté de musique de l’Université Laval avec une très longue feuille de route derrière lui, dont celle d’organiste, a entrepris un travail quasi anthropologique sur l’activité du concert d’orgue au Québec. Dans Le concert d’orgue au coeur de notre vie musicale pour lequel livre, il a entrepris de rigoureuses recherches avec des accès à des archives inédites et cela est bien visible à la lecture.  Il consacre de longues pages à Corinne Dupuis fondatrice de la Société Casavant, qui doit-on ici le préciser, n’a rien à voir avec la firme de facture d’orgue de Saint-Hyacinthe portant le même nom. Fille du propriétaire du grand magasin à rayons Dupuis Frères à Montréal, elle a eu de par son extraction sociale tout le loisir de s’adonner à plein à ses intérêts pour la musique certes, mais aussi s’aventurant dans d’autres volets artistiques. L’auteur passe en revue de grands organistes européens et américains venus jouer dans nos murs. Il cite Louis Vierne, le compositeur et organiste titulaire des orgues de Notre-Dame de Paris qui disait beaucoup de bien des orgues Casavant. C’est un devoir de mémoire qu’il faut saluer.
Le concert d’orgue au coeur de notre vie musicale  Paul Cadrin.  Les éditions GID 370p.     www.leseditionsgid.com

 


 

La Vierge Marie n’est pas apparue qu’en terre européenne

Désolé pour les xénophobes, la Vierge Marie n’a pas choisi que l’Europe, Lisieux, Fatima ou Medjugorje pour faire ses apparitions. Elle est apparue même en Égypte et pas qu’une fois. C’est ce que raconte avec passion le Père François Brune qui dans La Vierge de l’Égypte qui rapporte que des millions d’égyptiens ont bien vu cette silhouette blanche flotter au-dessus d’églises. Même le président Nasser en a été témoin. Et mieux encore pour les sceptiques qui n’hésiterons pas à évoquer des “fake news” eh bien des preuves visuelles existent bel et bien, photos (reproduites au passage dans l’ouvrage) et des films. Troublant est le moins que l’on puisse dire. Les athé(e)s n’ont qu’à bien se tenir.
La Vierge de l’Égypte  Père François Brune. Le jardin des Livres 279p.   www.lejardindeslivres.fr

 


 

16ème siècle, sur des meurtres de jésuites au Japon

David B. Gil est fada de la culture nippone. Pas étonnant que cette passion se reflète dans ses écrits. Comme ici dans Huit millions de dieux qui nous transporte dans le Japon féodal du XVIème siècle,  pays qui s’est fermé aux étrangers. Seuls des jésuites courageux y ont fait du travail missionnaire au péril de leurs vies. Et c’est ce qui va se passer alors qu’on assiste à des meurtres en nombre de membres de cette communauté. Le généralat de celle-ci va donc envoyer là-bas un de ses religieux, le père Martin Ayala qui y a vécu autrefois. Il sera chaperonné par un jeune japonais. A eux deux ils vont tenter d’élucider ces crimes spécifiques. C’est toute une fresque qui défile sous nos yeux, le choc de deux cultures. 
Huit millions de dieux David B. Gil. Fleuve 603.  

 


 

Des souvenirs à la pelle pour André Simard “Monsieur festival” de Montréal

Au bas du communiqué annonçant la parution du beau livre Je rêvais d’un festival aux éditions La Presse, on fait la nomenclature de toutes les distinctions qu’a reçu son auteur Alain Simard de quoi faire mourir d’envie quiconque a un besoin inassouvi de reconnaissance. C’est que le fondateur du Festival International de Jazz de Montréal, des FrancoFolies et de Montréal en lumière ne l’a pas volé. Il a bossé le petit gars de Villeray. Au final il se retrouve avec une tonne de souvenirs dont il en a glané quelques-uns pour la réalisation de ce livre de mémoires qui pourrait être suivi d’autres, tant ils sont nombreux. Pensez à tous ces monstres du jazz qu’il a côtoyé et d’autres du côté de la chanson populaire, pensons à la mythique Juliette Gréco, la muse de Saint-Germain-des-Prés qui a lancé Gainsbourg!  Et de lire ce passage hilarant de l’époque du El Casino avec son propriétaire l’ex-lutteur Philippe St-Onge. Que d’aventures! Dix vies en une.
Je rêvais d’un festival Alain Simard. Éditions La Presse 285p.   www.editionslapresse.ca

 






 

Trois entrées remarquées dans la collection 100 ans noir sur blanc 

La collection 100 ans noir sur blanc des éditions GID est un des beaux fleurons de l’édition. Qui en images nostalgiques allant sur un centenaire, raconte un lieu. Trois nouveaux titres viennent honorer le catalogue Trois-Rivières pose sur pause de Alain Gervais, Cap-Chat captivante et chatoyante de Steeve Landry et Les Îles de la Madeleine par Sylvain Rivière. Quand on dit qu’une image vaut mille mots, cette collection en est la parfaite illustration, car si les vignettes sont décrivent en complétant ce que l’on voit, les illustrations à elles-seules valent le détour, fruit de recherches dans des archives diverses.  Prenez Trois-Rivières, des photos essentiellement tirées de cartes postales ce qui est assez rare dans cette collection, avec de spectaculaires sur l’incendie ô combien dévastateur en 1908 qui décima 800 bâtiments! De beaux moments à vivre dans le passé. Dans l’opus sur Cap-Chat une photo de l’été 1933 montrant Eleanor Roosevelt, la première dame des États-Unis en visite dans ce coin isolé en tout cas, au point qu’elle mentionne qu’on ne savait pas que son mari était président des États-Unis. Que de découvertes à travers ces trois livres à posséder pour qui proclame aimer le Québec.