- OCTOBRE 2024 -
 
     
 


 

Quand on achetait un petit chinois

Les moins de vingt ans ne peuvent pas savoir, mais il fut un temps, très lointain maintenant, où à l’école, les élèves étaient invités à puiser dans leur petite cassette pour “acheter” un chinois, manière d’exprimer un geste de sauvegarde. Il était question de sauver les chinois. Dans une homélie, le défunt cardinal Paul-Émile Léger a rappelé cette époque naïve, en prophétisant que, au rythme de notre propre indigence, ce sont maintenant les chinois qui risquent de nous acheter. Préambule pour signaler la sortie de Marie-Louise et les petits chnois d’Afrique de l’historienne Catherine Larochelle, qui part de la découverte à Rome de lettres de québécois archivées de l’oeuvre de la Sainte-Enfance. Nostalgie quand tu nous tiens, avec en complément sa correspondance amicale où elle s’exprime sur un tas de sujets. Un exercice de style singulier qui vaut le détour. Et qui rappelle une époque aux relents de catholicisme colonisateur.
Marie-Louise et les petits chinois d’Afrique Catherine Larochelle. Mémoire d’encrier 145p.    www.memoiredencrier.com

 


 

Des amoureux globe-trotters

Il y a un million de déclinaisons pour exprimer les sentiments amoureux. En voici une, transmise avec brio par Anne Michaels dans le roman Le tombeau d’hiver. Pour faire simple, disons que c’est l’histoire amoureuse d’un homme et d’une femme, Avery et Jeanne que l’on voit évoluer avec les années et dans divers point du globe. Car ces deux-là se déplacent beaucoup. En même temps, chacun y va de considérations métaphysiques et de rappels archéologiques et ethnographiques. On dirait un croisement d’Anne Hébert et de Marguerite Yourcenar. Ce n’est quand même pas rien cet amalgame littéraire. Il y a de grandes envolées dans les dialogues et le ton est toujours planant. Un peu plus, et l’éditeur aurait pu ceinturer l’ouvrage d’un bandeau avec la mention “pour lecteurs intelligents seulement”. C’est-à-dire, de ceux qui sont capables de s’arracher à leurs bidules électroniques et de se confronter avec des hauteurs de vues.
Le tombeau d’hiver  Anne Michaels. Alto 397p.   www.editionsalto.com

 


 

Un autre récit glaçant sur la Shoah

Vous connaissez l’adage “la mémoire est une faculté qui oublie”. Et qui s’avère pire encore en cette ère numérique où, alors que la connaissance devrait être diffuse sur la Toile, c’est l’ignorance qui explose. Mais ne faites pas l’injure d’ignorer la Shoah, car si l’Histoire se répète, l’industrialisation de la mort des juifs par les nazis est un fait inédit dans l’histoire de l’humanité. La philosophe Sarah Kofman a raconté en 1994 dans Rue Ordener, rue Labat le souvenir de la rafle du Vél’ d’Hiv” alors que la police française essentiellement faisait le sale travail de la Gestapo en arrêtant tous les juifs parisiens à leur portée. Le livre est réédité en version augmentée. Un devoir de mémoire. L’auteure a le mérite de rendre l’horreur dans tout son absolu. Et dire qu’au retour des camps, double horrification, les gens autour d’eux ne voulaient rien savoir de ce qui leur était arrivé. A lire impérativement.
Rue Ordener, rue Labat  Sarah Kaufman. Verdier 235p.   www.editions-verdier.fr

 


 

Amours au masculin

Il se publie beaucoup de livres, c’est une lapalissade. Mais des romans portant sur les amours entre hommes ? Pas tant que ça au final. C’est la raison pourquoi nous soulignons la publication de Tu connais quoi, toi à l’amour ? Dans le milieu LGBT et peut vont le démentir, c’est la quête inlassable du plus gros membre viril, le milieu en étant un de marché de viande. La chanson d’Aznavour “Comme ils disent” décrit bien cette solitude. Mais des amours heureusement existent à travers ça. Et c’est à quoi nous invite d’assister Vincent Francoeur qui est à la ville psychothérapeute. C’est une démarche intéressante car le lecteur sonde ainsi la sensibilité des hommes, voire leur fragilité. Intéressant à double titre car l’homme est peu disert sur la question de ses sentiments profonds. L’homme, quelle que soit son orientation, dit peu de choses à ce chapitre. Avec peut-être un épanchement en supplément chez le gai qui exprime son féminin. Bref, allez lire ce roman qui est une fine analyse de la psyché humaine.
Tu connais quoi, toi à l’amour ? Vincent Francoeur. Éditions David 485p.   www.editionsdavid.com

 


 

John Grisham s’interroge sur la justice des hommes
 
Dans sa dernière ponte Les adversaires, celui qui tutoie les best-sellers John Grisham s’invite avec trois nouvelles. Qui ont pour dénominateur commun de revisiter la justice des hommes. A travers le déclin d’un juriste qui sera radié du barreau, pour le bon motif ? Ensuite un jeune qui attend dans le couloir de la mort et une fratrie qui s’étripe. Faire de la nouvelle, veut donc dire faire court et qui suppose, de bien maîtriser le rythme. Le coureur de fonds qu’est Grisham est aussi à l’aise comme sprinter. Chaque nouvelle a ici sa couleur propre. C’est comme si on voyait trois films différents. Un des nôtres à la rédaction est sorti pâmé de cette lecture. Bonheur que nous n’hésitons pas à vous partager.
Les adversaires  John Grisham. JC Lattès 302p.    www.editions-jclattes.fr

 


 

Histoire du sport par…Astérix

Astérix de concert avec ses inséparables Obélix et Panoramix se sont mis en tête de devenir professeurs d’histoire du sport. De la compétition chez les antiques jusqu’aux différents sports propres aux nationalités. C’est toute une vulgarisation qui nous est proposée et réussie par Bernard-Pierre Molin à travers la bouche des célébrissimes personnages. Qu’est-ce que l’on aimerait avoir de tels profs en classe au lieu de ceux si souvent ennuyeux qui nous sont imposés par l’Éducation nationale. A défaut de réellement apprendre en classe, reportons nous sur cet Astérix le sport expliqué appuyé par des illustrations fatalement distrayantes.
Astérix le sport expliqué  Éditions E|P|A  141p.    www.editionsepa.fr

 


 

Récit d’un crac de l’oeuvre religieuse d’Ozias Leduc

Un livre inattendu et qui est fort original de par son traitement, est Madeleine et moi de l’artiste multidisciplinaire Marc Séguin surtout renommé en art visuel. C’est que ce dernier en pince pour le travail à thématique essentiellement religieuse du peintre Ozias Leduc  (1864-1955), au point que Séguin va entreprendre son pèlerinage artistique de Leduc, se rendant dans les temples où on peut encore admirer de ses oeuvres. Au final nous avons une petite plaquette riche de son contenu où Séguin devient un guide merveilleux, d’autant que c’est une excellent conteur. Si son objectif est de susciter à notre tour de la curiosité et qu’il crée des effets de visite, alors il aura gagné son pari. Car effectivement on a le goût, une fois la dernière page tournée de faire ce périple. Qui a aussi eu des effets créateurs sur l’auteur qui s’est mis à peindre à son tour des sujets inspiré maintenant de vous savez qui.
Madeleine et moi Marc Séguin. Leméac 113p.

 


 

Tout savoir sur Elon Musk en format BD

Il y a bien des façons de répandre la culture générale. Et si les profs, au lieu de démissionner, cherchaient à trouver d’autres avenues, plus ludiques par exemple, pour partager le savoir ? Comme par le biais de la BD qui d’office intéresse la jeunesse. Darryl Cunningham l’a compris, lui qui nous a déjà donné une biographie en bande dessinée sur Poutine persiste et dessine encore avec maintenant une bio d’un autre sujet controversé, nous avons nommé Elon Musk. Est-il fou ou génie, celui considéré au moment d’écrire ces lignes comme l’homme le plus riche du monde et qui a mis toute sa machine promotionnelle au service de Donald Trump ? En tout cas, le lecteur se fera une idée toute personnelle en suivant ce parcours hors norme va sans dire.
Elon Musk Enquête sur un nouveau maître du monde. Delcourt 181p. 
www.editions-delcourt.fr

 


 

Une nouvelliste de talent nous amène dans ses mondes étranges

Saviez-vous que Dieu avait ici sur Terre son bureau ? Il fallait bien toute l’imagination de Francine Cunningham une auteure canadienne d’origine cri qui a grandi successivement dans les provinces de l’Ouest, notamment dans les villes de Vancouver, Calgary et Edmonton. Son doux délire se traduit donc par ce recueil de nouvelles où la fantasmagorie de l’écrivaine se déploie totalement. Nous avons apprécié particulièrement celle ayant pour titre Pornorama, le sujet ne manquant pas de faire réagir. Si vous trouvez votre monde ennuyant, alors allez plonger dans celui de dame Cunningham qui a le mérite de nous faire voyager mentalement. Ensuite, une nouvelliste se doit de savoir observer. Ce n’est pas la lucidité qui manque chez cette femme de lettres à suivre.
Dieu n’est pas là aujourd’hui Francine Cunningham. Hannenorak 332p.   www.editions.hannenorak.com

 


 

Une canado-américaine renoue avec l’Égypte de son ascendance

Noor Naga est torontoise d’origine américaine et plus loin encore par son ascendance d’origine égyptienne. Dans ce qui n’est pas identifié comme tel mais qui est un récit, la protagoniste va un jour s’envoler vers les pays des pharaons. Elle est curieuse comme dix, et rien ne la rebute, comme de se colleter avec un photographe cocaïnomane et révolté. Elle, est issue d’une famille aisée vivant aux États-Unis. Rien de plus dissemblable et pourtant, Cupidon, qui n’est pas regardant, va décocher une flèche amoureuse dont il a le secret. Nous voyons donc dans les pages de Un égyptien peut-il parler anglais ? les déambulations de ce couple déjanté qui vont à la rencontre de la civilisation égyptienne contemporaine. Le New York Times s’est pâmé pour ce premier opus qui annonce des lendemains qui chantent pour cette écrivaine qui a un excellent sens de l’image et de la traduction en mots.
Un égyptien peut-il parler anglais ? Noor Naga. Mémoire d’encrier 306p.    www.memoiredencrier.com

 


 

Les admirations de Lise Gauvin

D’abord présentons Lise Gauvin. Si vous ne la connaissez pas encore, sachez que cette écrivaine, qu’elle est Officière de l’Ordre national du Québec, et médaille de vermeil du Grand Prix de la Francophonie de l’Académie française, saluant ainsi l’ensemble de son parcours littéraire. Elle a choisi cette fois dans Créer écouter de faire le portrait de sa sélection d’artistes et d’écrivain(e)s pour qui elle voue une admiration non dissimulée. Parmi ses lauréats, Jean-Paul Riopelle, Joséphine Bacon et Anne Hébert. L’ouvrage se termine d’ailleurs avec une entrevue réalisée avec cette dernière qui déplorait que la jeunesse ne lisait plus et que c’en était peut-être fini avec l’ère de Gutenberg. Ce sont des appréciations bien justifiées car son panthéon est fait de grosses pointures, que l’on pense à Marie-Claire Blais et Gaston Miron. Si vous êtes vous-même des admirateurs de ces personnages vous aimerez ce qu’elle dit sur ses choix.
Créer écouter Lise Gauvin. Mémoire d’encrier 237p.   www.memoiredencrier.com

 


 

Homicide dans la Zone, enquête…

Mélikah Abdelmoumen s’est fendu d’un thriller qui a pour toile de fond ce qu’elle nomme la Zone, qui ressemble à toutes les zones telles qu’on les voient en France par exemple. Ici c’est la Zone avec une majuscule. Où la violence est le pain quotidien au propre comme au figuré. Il va y avoir un meurtre, celui d’un journaliste et écrivain de haute volée. La Zone a un nom, Petite-Ville. La victime a grandi avec Mia, deux enfants adoptés par une travailleuse sociale. Tout ce petit monde veut élucider ce crime odieux. Ceux qui mangent du polar, du thriller et tutti quanti, sont ici comme dans une bonbonnière pour dents sucrées. Car l’écrivaine maîtrise parfaitement les ingrédients nécessaires au genre. De l’action en voulez-vous, en voilà. Ce pourrait faire un excellent film. Avis comme toujours aux scénaristes confrontés au syndrôme de la page blanche.
Petite-Ville Mélikah Abdelmoumen. Mémoire d’encrier 290p.   www.memoirdencrier.com

 


 

Un disciple de Montaigne exhorte au véritable dialogue

Martin Desrosiers a eu une formation en philosophie et clame tout haut son estime de Montaigne. Il déplore qu’à notre époque, le dialogue est devenu un monologue à deux, et que la raison dans ce contexte est difficilement entendable. Il est vrai qu’à l’ère numérique, les défoulements se font sur les réseaux sociaux et qu’en mode réel, les épidermes sont très minces et on vire vite à la toxicité des rapports. L’art de ne pas toujours avoir raison est un opuscule . ui fait l’état des lieux et qui arrive avec ses propositions. L’avenir de la démocratie est à ce point. A ceux qui voudraient approfondir le sujet, l’essayiste propose une bibliographie d’intérêt en toute fin d’ouvrage.
L’art de ne pas toujours avoir raison Martin Desrosiers. Leméac 113p.

 






 

Le coin de la poésie

Est-ce l’existence qui est En terrain miné titre du second ouvrage de Véronique Sylvain ? Car la protagoniste de ce recueil de poésie, on la voit cheminer en ce bas monde depuis sa naissance. Qui a dit que la vie était un cadeau ? C’est si peu vrai qu’à un moment donné la poétesse rappelle cette évidence “Ça passe ou ça craque, on marche toujours sur des oeufs”. Des strophes au coin de la plus grande lucidité. Dame Sylvain règle certainement ici des comptes avec l’existence. Chose sûre, elle oppose un sérieux démenti au fameux homme de théâtre français Sacha Guitry qui ironisait en prétendant que “celles qui font peuvent, celles qui ne peuvent pas enseignent”. L’écrivaine est à la ville éditrice.Elle met aussi la main à la pâte en nous livrant ces pages coupantes. Comme quoi ce n’est pas parce qu’on est poétesse que l’on a la tête dans les nuages. Ici on vous invite à voir le monde tel qu’il est, avec des bribes d’enchantement. C’est aux éditions Prise de parole.

Aux éditions Poètes de brousse, autres strophes d’un réalisme saisissant avec Requiem d’un après-midi de Nada Sattouf originaire du Liban qui a été remué par cette tragédie de l’explosion majeure d’un produit chimique dans le port de Beyrouth qui 200 morts, des milliers de blessés et 300 mille sans domicile. Pas étonnant que l’on retrouve le mot requiem dans le titre. Ce n’est pas une tonalité désespérante, mais ce petit passage vous livre la tonalité “se délie le contour insoutenable d’une vie pendue à la corde regret de ne pas partir bien avant que le bled ne se crée”.

Du côté de la Suisse aux éditions Florides helvètes voici Aurelio Buletti avec son Petit précis d’émerveillement. Un titre habituellement dévolu aux ouvrages sur la croissance personnelle. Mais non, c’est bien un voyage poétique qui est proposé par ce chantre de la suisse italophone. Remarquez que tout comme pour les livres qui veulent notre bonheur, ce poète fait tout autant avec de si jolies strophes. Extrait “O vie, chère vie couchée en mots sur le papier comme du beurre sur le pain le temps cet ogre te dévore”. N’est-ce pas, plus bel appel à vivre pleinement.

Au Noroît, Laurence Veilleux ravive une tradition funéraire que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, la veillée aux corps. A la maison, au sous-sol de l’église ou plus tard au salon funéraire, on passait souvent près de trois jours à veiller le corps près du cercueil. L’auteure semble avoir connu ce rite et le traduit en strophes dans son recueil Aller au corps dont le sujet ne manque pas d’originalité. Extrait “A quoi ressemble-tu maintenant ? souvent j’y pense,  je ne veux pas y penser ta peau s’efface à mesure que tes dents noircissent et tombent”

Au Noroît toujours d’une pointure de chez nous Paul Chanel Malenfant c’est Au passage du fleuve. Le chanceux enseigne à l’Université du Québec à Rimouski et peut facilement avoir sous les yeux l’immensité du Bas-du-Fleuve qui peut l’inspirer à l’infini. Un sujet inépuisable qui peut susciter bien des images. Nous avons été réellement ému par certains passages où il parvient à nous faire partager les émotions ressenties. Extrait “Tournent en boucle les noeuds coulants de ma langue. Mes noyés font surface avec des pépites d’eau sur les paupières, des rasades d’air vicié dans les bronches”.

 


 

Présences teutonne dans l’imaginaire des canadiens-français

Sous la direction de Jimmy Thibeault, Marie-Lise Auvray, Emir Delic et Michel Mallet paraît un essai ayant pour titre Traces des cultures germaniques dans l’imaginaire canadien-français et québécois. Eh oui, il y a des bribes de culture teutonne qui se sont arrimées avec la nôtre. D’ailleurs en quatrième de couverture, l’intention est donnée “En puisant dans différentes interférences culturelles qui sont apparues à des moments précis de l'histoire, cet ouvrage offre une réflexion critique et variée sur les traces des cultures germaniques dans l'imaginaire canadien-français et québécois.” C’est un ouvrage qui se démarque par sa grande rigueur et on trouvera des pépites ignorées jusqu’ici dans l’appréciation de ce qui fait notre culture globale.
Traces des cultures germaniques dans l’imaginaire canadien-français et québécois Collectif Presses de l’Université Laval 289p.   www.pulaval.com

 


 

Les riches heures de la Commedia dell’arte

Notre enfance a souvent été bercé par les figures phares de la Commedia dell’arte italienne, à savoir les Pierrot, Arlequin, Pantalon et Colombine. Mis à part de connaître les noms de ces personnages vedettes, que sait-on vraiment des conditions de vie des auteurs et de leurs interprètes ? Un ouvrage de grande érudition nous dit tout sur le contexte de création. Il est le fruit du travail considérable de deux spécialistes de cette période, Siro Ferrone professeur émérite de l’Université de Florence et Françoise Decroisette également professeure émérite  de l’Université de Paris VIII en études italiennes. Ils nous dévoilent les conditions de travail des comédiens, de la censure, du rapport aux gouvernants de qui dépendaient des subsides, etc. Aussi de l’emploi des femmes qui ont élevé le niveau au- dessus des farces. Nous saluons bien bas ce travail dont on imagine à peine ce qu’il a été demandé d’efforts de recherches, parfois dans des incunables. Au sortir de cette lecture qui se déguste au compte-gouttes, on ne verra plus les rigolos personnages de la même façon.
La commedia dell’arte  Siro Ferrone et Françoise Decroisette. Sorbonne Université Presses 532p.    www.sup.sorbonne-universite.fr

 


 

Des lectures jouissives venant de Suisse

L’éditeur Florides helvètes s’est constitué au fil des ans un catalogue d’un grand intérêt, centré bien évidemment sur ce qui a un rapport avec la Suisse. Et là, pour combler notre insatiable curiosité, il débarque avec ces trois titres, chacun avec sa couleur particulière.
A commencer par L’homme anguille et autres chroniques de John Petit-Senn (1792-1870). Un mot sur ce monsieur issu d’une famille de l’industrie textile. C’est un touche-à-tout, dont compositeur de chansons, mais qui va aussi être un des fondateurs du Journal de Genève. Il devait être doté d’un sacré sens de l’humour car dans ce livre Lisez avec quelle lucidité il parle de ce que sont les amis dans un chapitre à leur propos. C’est mordant à souhait. On a beaucoup ri à la rédaction en le lisant à voix haute. Vous prendrez certainement autant de joie que nous à parcourir ces lignes qui font de tout humoriste un bienfaiteur de l’humanité.

Puis vient Nikolaï Karamzine avec Lettres d’un voyageur russe en Suisse. Noble, historien et écrivain (1766-1826) il est contemporain de John Petit-Senn dont nous avons fait ailleurs le compte-rendu de son ouvrage humoristique chez le même éditeur Floride helvètes. Lui aussi ne manque pas d’esprit. Rapportant la prédication d’un pasteur à Zurich, homélie qui aurait demandé à ce dernier une heure de son temps, l’observateur ajoute que ça ne lui a pas dû lui demander tant d’efforts que ça au vu du résultat. C’est un homme curieux comme deux qui a un grand sens de l’observation. Originalité, sa correspondance s’adresse en fait à lui-même qui a inventé un double comme destinataire qui se répond à lui-même!

Enfin un brûlot en son temps La succession difficile de Walter M. Diggelmann paru la première fois en 1965 qui est en réédition, mais cette fois dans une nouvelle traduction. Dans une Suisse au temps de la Guerre froide, le protagoniste David Boller est mis au fait que ses géniteurs avaient tenté de gagner la Suisse mais qu’ils ont été rattrapés par les nazis. C’est tout le non-dit de l’époque que l’auteur dénonce dans ce qui est presque un roman à clé. Ce sont les parents du personnage certes, mais ce peut tout aussi bien être ceux de d’autres. Le romancier a dérangé par la même occasion en se faisant lanceur d’alerte en son temps. 

 


 

Dany Turcotte déballe ses vérités

Le joker de Guy A. Lepage à Tout le monde en parle, ne s’attendait pas à ce que ses mémoires prennent la forme d’une bombe dans notre très petit milieu médiatique. En effet, dans les dernières pages il explique les raisons de sa démission de l’émission. Jouissif dans un Québec où il ne faut jamais faire de vagues. Mais mis à part cette parenthèse qui a été soufflé par les médias en manque de sensationnalisme, Dany Turcotte nous dit tout de son milieu familial, notamment sur ce père fantasque qui buvait ses émotions à la tonne et qui a lutté contre sa bipolarité, mais qui a fait preuve d’un grand courage de vie. De son ex compagnon foudroyé par un grave accident automobile qui l’a laissé quadraplégique. Turcotte raconte très bien comment il a été démuni devant cette tragédie sans issue. Le ton fait penser à celui de Stéphane Rousseau dans son propre livre de souvenirs. Un style direct, des vérités surtout bonnes à rapporter. Dire que ce livre nous a plus est un euphémisme, nous avons jubiler.
D. Turcotte et fils Danny Turcotte, mon histoire 344p. La Presse. www.lapresse.ca

 


 

Un trio de musiciens dépareillé

Il y a différentes avenues pour traduire le climat ambiant au cours de l’Histoire. Johanne Pothier a pris la voie du roman dans Un 10 décembre à Munich la ville bavaroise où elle a vécu un temps. Elle nous fait partager la rencontre de trois êtres qui ont seulement en commun d’être musiciens. Pour le reste ils proviennent de milieux divers. Il y a Erika, pianiste quinquagénaire qui a passé sa jeunesse sous l’adulation d’Adolf Hitler, Donald un violoncelliste qui a connu lui, l’époque de faisons l’amour, pas la guerre des Flowers child, surtout la réaction négative à la guerre du Vietnam et enfin Sarah Jeanne, violoniste avec une double transcendance génétique, acadienne et…juive! Faites rencontrer ces trois-là et vous avez en bout de piste tout un cocktail émotionnel. Nous recommandons ce titre de haute volée, tout particulièrement aux jeunes et même moins jeunes en déficit de culture générale. Car selon le terrible dicton, qui ignore l’Histoire est condamnée à la revivre. Brrrr!!! Ce livre est tout un miroir de la nature humaine pour le meilleur et pour le pire.
Un 10 décembre à Munich  Johanne Pothier. Druide 430p.   www.edirionsdruide.com

 


 

Tombeaux alpestres

Au XVIIIème siècle on nommait tombeaux des oeuvres artistiques ou littéraires célébrant la mémoire d’un défunt pour ses hauts faits d’armes. A sa façon l’alpiniste Brian Hall le fait à sa façon pour ceux de ses proches parmi onze de ses camarades à qui l’infortune leur a fait perdre la vie en tentant de relever les défis des hauteurs himalayennes. Cela donne À hauts risques qui à sa sortie a été honoré par trois grands prix littéraires de montagne. Dans la vie il y a des gens qui sont confrontés simplement à l’ordinaire, la routine quotidienne de l’existence. D’autres ne se contentent pas du train-train et ont besoin de carburer à l’adrénaline. Et en chemin, il y en a, pris par une soudaine retenue qui se disent que c’est assez de narguer la mort qui peut vous attendre au tournant. En lisant ces portraits des vivants et des morts on se rend compte que l’attribution des prix à ces récits est fort méritée, car le grimpeur se double d’un excellent conteur. Il a la qualité de transmettre les vertiges auxquels sont confrontés les alpinistes de ces niveaux.
À hauts risques Brian Hall. Éditions du Mont-Blanc 582p.   www.editionsdumontblanc.com

 


 

Quand les collabos français sont venus nicher au Québec
 
Avec la Libération de la France en 44, est venu le temps des règlements de compte. Et les comités de la Résistance ne badinaient avec ceux qui avaient fait allégeance au régime de Vichy. Il y eut des pelotons d’exécution qui ne laissaient pas le temps de laisser refroidir la culasse des fusils. Marie-Andrée Lamontagne qui est une figure marquante de la vie littéraire de chez nous et surtout inoubliable biographe de Anne Hébert, nous fait revivre ce moment de l’histoire où des collabos sont venus s’expatrier au Québec de Maurice Duplessis pour échapper au pire. Ça donne un roman historique de grand intérêt En Laurentie où s’entremêle de réelles figures de cette période, à d’autres fictives. Reste que l’essentiel est là, le climat ambiant. Encore une fois madame tutoie l’excellence dans ce choix littéraire.
En Laurentie Marie-Andrée Lamontagne. Leméac 303p.  

 


 

Les recettes d’une union mixte

C’est déjà tout un défi de vivre en couple de même race, qu’en est-il alors de cheminer ensemble dans ce bas monde, quand vous êtes différents racialement parlant ? La question est un peu intimidante au prisme de la normalité des émotions humaines, mais elle se pose. En tout cas, le couple formé par Lucie Pagé et Jay Naidoo devance nos questions et livre leurs “recettes” de durée en termes de décennies. Ils vivent pour la majorité du temps en Afrique du Sud qui a connu le tristement aprtheid. Imaginez dans ce reliquat lourd socialement, la relation entre une blanche et un noir! La première nous est connue comme correspondante épisodique pour des médias de chez nous lorsqu’il se passe quelque chose dans ce pays. Et l’autre a été ministre sous Mandela et s’active actuellement dans la vie communautaire. Lucie ne fait pas mystère des tensions qui se manifestent entre eux quand son homme fait passer la vie professionnelle un peu par-dessus celle de son union. On appréciera cette franchise. Et elle répond de même à l’idée qui nous vient en tête pourquoi ne pas inverser l’adage et faire que quiconque prend femme prend pays, et venir s’installer au Québec ? Une lecture en tout cas très dynamique.
D’amour et de révolution Lucie Pagé et Jay Naidoo. Druide 380p.  www.editionsdruide.com

 


 

Le secret de Maniolos doyen des bergers

Avec Le chant des pentes (quel beau titre) Simon Parcot nous partage une histoire initiatique avec tout ce que ça comporte d’aspects magiques. Un peu comme dans le fameux Alchimiste de Paulo Coelho. Le décor est planté dans un petit village de montagne où le romancier nous fait faire la connaissance d’une jeune fille, Gayané très économe de ses mots. Il faut tout faire pour qu’elle exprime son ressenti. Elle va entreprendre un périple dicté à la suite d’un rêve. Accompagnée par Maniolos le doyen des bergers, Hélias un interprète, et celle que l’on nomme la Mule en raison de ses activités de contrebandière. Ce quatuor va cheminer sur la route de l’Alpage du Grand lac pour atteindre le sommet de la Montagne Lumineuse. C’est dans ce paysage à nul autre pareil, gorgé d’histoires légendaires, que le berger va dévoiler à Gayané un secret. Que l’on ne vous décrira pas ici même de crainte que vous ne boudez votre plaisir. Amateurs d’étrangetés et de rêveries, vous êtes ici à bon port pour un beau voyage spirituel.
Le chant des pentes Simon Parcot. Le mot et le reste 169p.    

 


 

L’homme qui ne connaît aucun vertige

L’autre jour sur le plateau de Quelle époque animée par Léa Salamé, c’est là que notre rédaction a fait connaissance avec celui qui a volé la vedette ce soir-là, nous avons nommé Alain Robert qui a hérité du surnom d’homme-araignée. En gros, il a grimpé, à mains nues, oui vous avez bien lu, tout ce qui se grimpe dans les plus grandes hauteurs de ce monde. Et pour preuve, des images qui juste à les regarder nous donnent le vertige. Imaginez sur les lieux mêmes qui défient la mort. Après L’homme-araignée et Haute tension il nous offre Libre et sans attache. Beaucoup de photos tellement impressionnantes et beaucoup de textes aussi qui le racontent très bien. On ne se lasse pas de regarder ces photos vertigineuses. Et nous on a pensé aussi aux photographes et cinéastes qui ont dû prendre des postures particulières pour saisir ces moments épiques. Un beau cadeau à offrir à n’importe qui. Personne ne peut demeurer indifférent aux exploits de cet homme hors du commun.
Libre et sans attache  Alain Robert. Éditions du Mont-Blanc 184p.   www.editionsdumontblanc.com

 


 

Rendre l’âme de la Callas

Maria Callas c’est l’idole inatteignable de Céline Dion, celle qui a atteint au niveau du mythe de son vivant. Qui a donné lieux à toute une littérature la racontant, documentaires et pièces de théâtre dont “La véritable histoire de Maria Callas de Jean-Yves Rogale qui fut présenté au Théâtre Déjazet à Paris, entre autres. Et chez nous nous avons sur un texte écrit en commun par Anne Bryan et Sophie Faucher “Une voix pour être aimée, Maria Callas”. Une pièce de théâtre mise en scène par Marc Hervieux mettant en vedette dans la rôle de la divine, Sophie Faucher. Il y a deux autres personnages, le pianiste et le ténor Giuseppe Di Stefano. Nous sommes dans les dernières années de la Callas, préparant une tournée pour le Japon. Le spectateur est appelé à vivre l’intimité psychique de la cantatrice. Le livret est maintenant disponible en librairie.
Une voix pour être aimée: Maria Callas de Anne Bryan et Sophie Faucher. Fides 90p.  

 


 

Un thriller archéologique dans les grottes du Vatican
 
En terminant La découverte de la tombe de Saint Pierre nous nous sommes dits que vraiment nous sommes des nains devant la connaissance, tant il y a de choses à connaître encore et que ce n’est pas à l’école républicaine qu’on va s’élever par la connaissance. C’est l’ouvrage de l’archéologue et  épigraphiste Margherita Guarducci qui a pour titre de gloire d’avoir identifié en 1956 la tombe de l’apôtre Pierre! C’est du grandiose en archéologie certes mais aussi pour l’histoire de la chrétienté. On se demande pourquoi cette femme n’est pas davantage connue alors que l’on fait tout un tabac avec la découverte de la tombe de Toutankhamon par Howard Carter. Nous avons l’édition française du récit de cette femme prodigieuse qui nous prend par la main, pour une visite de l’incroyable. Une nécropole énorme en fait avec des “graffitis” sur les murs que l’épigraphe va décoder pour la postérité. Tout un ouvrage qu’il faut lire sans faute même si on est bouffeur de curés.
La découverte de la tombe de Saint Pierre Margherita Guarducci. Le jardin des Livres 254p.      www.lejardindeslivres.fr

 


 

Une sorte de monastère revu et corrigé et où hélas le monde pénètre

Oyé! Oyé! Si vous avez aimé “Bateau de mariage” de Michel Besnier vous voudrez donc connaître la suite de cette trilogie dont le tome deux sort sur nos rayons Clément chez les calmistes. On retrouve le sexagénaire Clément, revenu de tout et qui croit que de se retirer du monde, lui permettrait peut-être de prendre du recul devant ses préoccupations métaphysiques. Il va donc frapper à la porte des calmistes, une communauté uniquement masculine. Une communauté qui a pris ses quartiers dans un château. Et comme pour toute organisation du genre, le novice devra se soumettre aux règles internes. Mais vous connaissez ce dicton québécois si lucide “où il y a de l’homme, il y a de l’hommerie”. Eh bien les tracas ne s’arrêtent pas aux portes de l’établissement. Bien au contraire. Découvrez ce qui va agiter notre pauvre homme en quête de paix intérieure.
Clément chez les calmistes Michel Besnier. Le Temps des cerises 170p. 

 


 

 Métaphore et amalgame entre la vie humaine comparé au cintre

Objets inanimés avez-vous une âme ? disait jadis on ne sait qui. Cela s’adresse aussi au cintre. Oui, oui celui qui supporte vos vêtements et auquel Jean-Charles Rosier attache une très grande symbolique dans ce livre inclassable Thérapie sur cintre où il fait même intervenir Sigmund Fraud! C’est une sorte de délire qui serait comme un rêve éveillé. Il prête au cintre des imageries qui ne nous seraient jamais parvenues à l’esprit. Il y a des passages télescopés à certains chapitres qui font penser à du slam. Comme nous ne pouvons que difficilement décrire son contenu qui vaut tout de même la peine qu’on s’y penche, c’est d’aller vous-mêmes vous confronter à ces pensées singulières. Chose certaine, vous ne verrez plus le cintre de la même façon.
Thérapie sur cintre  Jean-Charles Rosier. Le temps des cerises 149p.  

 


 

Observations fécondes du voisinage

Nous avons à la rédaction un coéditeur qui a une lubie, observer ses voisins qui pourtant avec leur mode de vie, le dérange, voire l’angoisse. On lui dit pourtant de se replier sur soi et de laisser faire les autres, c’est plus fort que lui. Mais qu’est-ce que c’est négatif. Tout le contraire de l’héroïne du roman de Nathalie Marquès Nos vendredis” qui elle, pour sortir de la routine, de ce qu’on nomme pire encore l’ordinaire, a choisi l’écriture comme thérapie salvatrice, alimenté par l’attention portée au voisinage. Et il lui viendra des réflexions, des lucidités qui autrement lui auraient été ignorées. On savait à quel point écrire est un sacré défoulement, mais porté au niveau de Meg, c’est impressionnant de découvertes psychologiques. Qui ferait au passage le sujet d’un très bon film.
Nos vendredis Nathalie Marquès. Les impressions nouvelles 202p.   www.lesimpressionsnouvelles.com

 


 

Un cours magistral sur les objets et leur signification dans le temps

Au cours de notre quotidien, nous manipulons moult objets dont il ne nous viendrait pas à l’esprit que beaucoup ont derrière eux toute une histoire. C’est ce que nous démontre avec maestria Marielle Brie de Lagerac avec son bouquin L’art de l’objet. La dame est historienne de l’art et spécialiste des objets. Pour les fins de son travail, elle a retenu arbitrairement 50 objets dont elle raconte des histoires incroyables qui s’attachent à chacun. Que ce soit la bougie, le peigne, la cloche et le papier teint, elle nous apprend une foule de choses, dont certains emplois relèvent carrément de la superstition. Comme nous avons l’habitude de qualifier ce style de livre qui frise l’érudition, on dit que en fin de lecture, le lecteur est plus intelligent que lorsqu’il a débuté le premier chapitre. Ce qui est peu dire.
L’art de l’objet Marielle Brie de Lagerac. Pyramyd  271p.   www.pyramyd-editions.com

 




 

Boucar Diouf s’éclate deux fois plutôt qu’une

Vous ne le savez peut-être pas, mais le plus grand pédagogue vulgarisateur au Québec a un nom et il s’appelle Boucar Diouf. Le genre de prof que tout élève envie car il n’y en a pas beaucoup, voire pas du tout, dans nos salles de classe, d’où décrochage massif. Mais ça c’est une autre triste histoire. La belle affaire cependant, c’est que, à défaut de l’avoir comme enseignant ou conférencier, on peut bénéficier de son savoir par le livre. Lui-même le dit “Quand tu te poses une question, la réponse se trouve souvent dans un livre”. Eh bien, il nous en offre pas un, mais deux simultanément aux éditions La Presse. D’abord Tonton Bouc qui est un recueil de contes avec pour objectif de regarder ce qui nous entoure, la nature et la vie animale en premier avec un autre regard. Et les parents seraient particulièrement avisés d’arracher les bidules électroniques des mains de leur progéniture, afin de leur faire lecture de ces textes envoûtants qui font appel à l’imagination. Pour cela il faut réellement aimer ses enfants. Ça aussi c’est une autre affaire. L’autre livre a pour titre Ces esprits qui dorment dans les semences un superbe cours sur tout ce qui pousse sur nos sols. Il fait intervenir parfois la mémoire des aïeuls riche d’enseignements. En même temps, vous avez le rapport des gouvernants avec certains éléments de la nature qui servaient de prétexte à des taxations. Ce dernier ouvrage devrait figurer impérativement dans nos bibliothèques scolaires dont on a appris, est-ce assez pauvre d’esprit, que le gouvernement québécois ne sait rien de leur situation….
www.lapresse.ca

 


 

On ne choisit pas sa famille

Commençons par ces deux vérités: on ne choisit pas sa famille, et la vie n’est pas un cadeau comme les jovialistes le prétendent. Diane Gravel le sait fort bien qui a décidé de mettre en nouvelles, le survol de générations confrontées entre autres avec la vie et surtout les fins dernières. C’est une toute petite plaquette, trop courte (ici c’est le plus beau compliment à faire) mais riche plus par son contenu que son contenant. Ce recueil interpellera et sera bien reçu par trop de gens qui ont eu des difficultés avec leur environnement familial ou parfois simplement des déceptions, rarement des milieux épanouissants. La vérité la plus cruelle n’est peut-être pas encore dévoilée serait-elle que le mal de vivre tient justement à ce que on nous a pas demandé notre avis pour naître, là est la question.
Aux absents les os Diane Gravel. Les éditions Sémaphore 84p.    www.editionsemaphore.qc.ca

 


 

Pour tout savoir sur Taylor Swift

Il faut le faire, Taylor Swift a amassé en une dizaine d’années un milliard de dollars de revenus, davantage que pour une Céline Dion en plusieurs décennies. Cette fille a une sacrée étoile sur la tête. C’est bien ce qu’on se dit à la lecture de la biographie fantastique que lui consacre le journaliste britannique Chas Newkey-Burden. Les britanniques ont dans le domaine de la biographie acquis des sommets de rigueur qui font de leur travail, la majorité du temps des livres de référence. C’est bien le cas ici. Quand on pense que le monde était suspendu aux lèvres de la chanteuse à savoir pour quel candidat à la présidence américaine elle accorderait son suffrage, compte tenu de l’énorme influence dont elle dispose. En plus, que dans chaque ville où elle débarque l’économie locale occasionne un bond spectaculaire. Ceux qui aiment l’artiste vont jubiler car dans toute la littérature qui lui est consacrée, c’est LE livre à livre. Puis pour les autres qui ignorent tout d’elle mais qui sont curieux de cette notoriété, c’est ce qu’il vous faut souvent la main.
Taylor Swift suivre sa voix  Chas Newkey-Burden. Les éditeurs réunis 339p.  www.lesediteursreunis.com

 


 

Relation mère fils en accent circonflexe

La littérature a fait une large place aux relations complexes mère-fille, un peu moins pour ce qui est des liens mère-fils. Et pourtant que de mères monoparentales avec un fils à charge. Au point que ces garçons n’auront connu que des mères et des institutrices, au point que des sociologues évoquent non pas une masculinisation des mâles mais une féminisation! Bref, ce préambule pour annoncer la sortie de Les hommes manquent de courage. Écrit par une femme, un tel titre ne nous aurait pas surpris dans la mouvance actuelle. Mais que ce soit Mathieu Palain, un homme! Qui s’est inspiré d’une histoire vraie d’une institutrice qui éprouve mille misères à entretenir un rapport harmonieux avec son jeune de 15 ans. Beaucoup se reconnaîtront dans ces pages qui connaissent à tout le moins une fin heureuse, du moins apaisée. Mais on ne vous en dit pas plus. Allez lire et mettez ce titre au-dessus de votre prochaine liste d’achats de livres.
Les hommes manquent de courage Mathieu Palain. L’Iconoclaste 289p.  www.editions-iconoclaste.fr

 


 

Une anthologie picturale de la plus noble conquête de l’homme

Dans les premières lignes de leur célébration du cheval en peinture, les coauteurs Angus Hyland et Caroline Roberts nous rappellent que cette magnifique bête a été sagement utilisée par les premiers humains pour sa force plutôt que d’être mangée. Au galop les chevaux dans l’art est une magnifique galerie qui célèbre la magnificence équestre. C’est évidemment une anthologie arbitraire, mais les plus beaux rendus en peinture ont été sélectionnés avec, pour chacun, un compte-rendu très instructif sur les motivations des artistes. Ceux qui se passionnent pour l’animal ont un trésor entre les mains. Et l’éditeur n’a rien négligé pour rendre un bel écrin graphiste pour ce sujet.
Au galop les chevaux dans l’art  Angus Hyland et Caroline Roberts. Pyramyd.    www.pyramyd-editions.com

 


 

Le coin Miam miam

En cuisine tout évolue. Il y a encore quelques années, il aurait été impensable de songer à des accords mets et bières, considérant à cette époque que la bière n’était pas un nectar assez noble pour aller jouer dans les cour des vins. Mais maintenant, avec la pléthore de microbrasseries comme au Québec qui rivalisent de raffinement pour bonifier le goût de la bière, eh bien c’est d’un naturel maintenant d’associer bière et plats. Et Alain Harbour le rappelle avec éclat dans un magnifique album Accords chefs, mets et bières . Précédemment en 2015 il nous avait livré un titre uniquement faisant le lien entre mets et bières. Là où son travail est édifiant, c’est qu’il est allé à la rencontre d’une foule de chefs à qui il a demandé leur recette d’un plat accompagné d’une bonne bière. De sorte que vous avez un deux pour un avec la connaissance d’une bière mais surtout une recette. Car c’est avant tout un livre de recettes qui se signale par le haut degré de savoir-faire. Un ouvrage de référence qui vient enrichir la bibliothèque culinaire. C’est aux éditions Berger.

 


 

Le café dans toutes ses déclinaisons

Ils sont deux torréfacteurs de chez nous Lisa Auclair et Maxime Poulin propriétaires du Café de la Brûlerie où ils font la torréfaction d’une vingtaine de cafés. Amour du café ? Ils en mangent et en font même le titre de leur superbe album magnifiquement édité chez Goélette Le café…On en mange ! Si vous êtes revenue de tout en croyez avoir tout vu, tout connu en cuisine, c’est que vous n’avez pas encore découvert ce grand bouquin célébrant tant d’autres façons d’incorporer le café à des recettes novatrices comme le Chili maya, la courge-spaghetti et sa créma café, aussi dans les boules énergétiques. Rien que les photos donnent faim.
Le café…On en mange! Lisa Auclair et Maxime Poulin. Goélette 189p.  www.goelette.ca

 


 

Décryptage du travail intellectuel du duo Beauvoir et Sartre

Que n’a t-on pas écrit sur le couple formé par Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre ? Est-ce tout a été dit à leur propos ? Il semble que non, puisque que la maîtresse de conférences à l’Université Paris Cité Esther Demoulin pousse plus avant une étude sur leur façon de travailler. Jamais à quatre mains apprend-on. Chacun faisait sa petite affaire, elle le matin de son côté pièce à part, et en après-midi côté à côte. Mais il y a plus que celà. L’essayiste revisite leur engagement intellectuel sous l’angle de ce qu’ils ont eu en commun. En sa compagnie on a l’impression d’être attablé près d’eux à Saint-Germain-des-Prés, en train de les scruter du regard. Ce livre fondateur ajoute à la connaissance de ces deux figures de proue de la vie intellectuelle française du XXème siècle.
Beauvoir et Sartre Écrire côte à côte Esther Demoulin. Les impressions nouvelles 306p.     www.lesimpressionsnouvelles.com

 


 

A quelques secondes de périr aux mains d’un tueur en série
 
L’autre jour, on diffusait un reportage assez glaçant, qui nous apprenait que tout ce qui était “gore” comme le dark web avait une clientèle de friands qui aimait se confronter au sordide. C’est la raison pour laquelle on s’étonne toujours que des tueurs en série reçoivent en tôle des lettres d’amour, voire des demandes en mariage. C’est justement à propos de l’un deux que se penche Michelle Gagnon dans son premier roman pour adulte Killing me. L’histoire d’une étudiante en psychologie, kidnappée, et qui bâillonnée dans une camionnette, ne lui restera que quelques secondes aux mains d’un monstre qui signe ses crimes en peignant sur le corps de ses victimes quelque chose les faisant ressembler à des personnages de Pokemon. Et au moment de passer de vie à trépas, oh surprise surgit une sorte d’ange apparaît qui va trucider le vilain. Mais ce n’est pas fini pour autant avec l’infortunée. Car rappelez-vouue la novice des lettres sait s’y prendre quand on a les bons ingrédients es l’adage qu’un malheur ne vient jamais seul. Excellent thriller qui montre qn main.
Killing me Michelle Gagnon. Fleuve noir 397p.    www.fleuve-editions.fr

 


 

Il était une fois le petit frère du canot d’écorce

Nous sommes prêts à parier que vous ignorez totalement ce qu’est un canot Tremblay. Eh bien pour combler ce manquement en culture générale, il faut se reporter à l’ouvrage que consacre Bruno Forest dans Les canots Tremblay. C’était, parce qu’on n’en fabrique plus, des canots de toile assez particuliers faits au Lac-Saint-Jean. Les connaisseurs les reconnaissaient aussitôt qu’ils les voyaient. Alors quel intérêt à lire sur un sujet aussi pointu ? C’est que ça ne se limite pas qu’à l’aspect construction. C’est un petit cours d’histoire par la même occasion. D’abord l’auteur a le pied marin, ayant traversé l’Atlantique à la voile et aussi fait partie de l’équipage de la réplique de la frégate française d’époque l’Hermione. Et ce qui n’est pas pour déplaire il est excellent conteur.
Les canots Tremblay  Bruno Forest. Les éditions GID 173p.    www.leseditionsgid.com

 


 

Se faire passer pour Métis ou autochtone

Les journalistes qui fouillent trop souvent dans les poubelles, ont mis la main sur une imposture de taille, à savoir que l’artiste Buffy Sainte-Marie qui a toujours revendiqué sa culture autochtone, se faisait passer pour une, et n’avait rien à voir avec une appartenance à nos Premières Nations. Oh! là! elle qui a reçu justement une kyrielle d’honneurs pour être le “héraut” de la culture autochtone canadienne. Un sacré rentre-dedans. Et il semblerait que ce n’est pas rare cette appropriation identitaire du côté autochtone. C’est aussi le cas chez les Métis. Bref voilà tout le propos de cet essai Le Métis sacrificiel que nous offre Étienne Rivard professeur à l’Université de Saint-Boniface. Une lecture d’actualité quand on sait comment la revisitation des cultures premières est très tendance par les temps qui courent.
Le Métis sacrificiel Les habits neufs du colonialisme au Canada. Étienne Rivard 196p.      www.pulaval.com

 


 

Il était une fois une des premières agentes correctionnelles

Vous avez peut-être déjà lu des récits des premières policières au SPVM ou à la SQ. Ce qu’elles ont dû subir de la part de leurs confrères masculins, dans un milieu si genré. Alors imaginez ce qu’a pu être le quotidien des toutes premières agentes correctionnelles au Canada ? Lise Viola est l’une d’elles. Elle témoigne avec force anecdotes de son travail derrière les barreaux. Imaginez une femme dans un milieu où la testostérone règne, où vous côtoyer des monstres de barbarie, des poédophiles, etc. L’autre côté du mur est plus que captivant. On aurait pris des dizaines de pages de plus. En plus il y a l’aspect de la conciliation travail famille, ce qui n’est déjà pas une sinécure pour toute travailleuse, alors imaginez quand vous sortez d’une journée de prison!
L’autre côté du mur Lise Viola. Goélette éditions 204p.   www.goelette.ca

 


 

Il était une fois le curling à Québec et sur le continent nord-américain

Le curling est un sport, disons-le qui ne concerne qu’une poignée d’amateurs. Ce serait du même niveau que pour la pétanque au Québec. Du moins l’imagine t-on. C’est une discipline d’origine écossaise qui a pourtant toute une histoire. Et c’est à Québec qu’un club francophone débute, premier de tout le continent nord américain, le club Le Jacques- Cartier. Chaque activité humaine à son histoire, le curling en possède une qui est loin d’être inintéressante quand racontée par Jean Boivin qui s’active dans ce milieu depuis six décennies et notamment il fût dirigeant du club précité plus haut. Une saga qui n’avait pas encore été couchée sur papier et qu’il fallait bien raconter un jour où l’autre. C’est fait.
Le Jacques-Cartier Le premier club de curling francophone au Canada. Jean Boivin.  Les éditions GID 177p.      www.leseditionsgid.com

 


 

Il faut premier ministre du Québec durant…six mois

Faites un micro-trottoir et demandez, et surtout pas un jeune de moins de vingt ans, qui fût Antonio Barrette ? La réponse sera inévitablement négative et même pour l’ensemble de la population. C’est que le pauvre bonhomme a succédé à cet autre premier ministre éphémère Paul Sauvé qui lui, avait pris le relais de ce monstre politicien et autocrate Maurice Duplessis. Barrette a été élu tout de même sept fois député de Joliette. Après la défaite cuisante de l’Union Nationale qui allait amener la révolution tranquille avec les libéraux, notre homme deviendra ambassadeur du Canada en Grèce. Comme il demeure injustement méconnu, l’occasion de nous reprendre nous est offerte avec une biographie de référence signée Jean-Pierre Malo. Il a vraiment accompli un travail en profondeur et rare chez nous les biographes de talent à la manière des anglo-saxons. C’en est un. C’était aussi un devoir de mémoire.
Antonio Barrette Jean-Pierre Malo. Les éditions GID  393  www.leseditionsgid.com

 


 

A connaître sans faute l’histoire des villes Hochelaga et Maisonneuve

Vous avez bien lu, il s’agit des villes de Hochelaga et  de Maisonneuve, chacune ayant été une municipalité en propre avant leurs fusions successives en 1883 et 1918 pour causes de dépenses pharaoniques. Car on voyait très grand à l’époque, particulièrement dans Maisonneuve, sous l’ambition des frères Dufresne qui se sont même faits construire un château coin Pie-IX et Sherbrooke, secteur dont ils voulaient faire l’équivalent francophone du Golden Square Mile dans l’Ouest de la ville. On apprend toutes ces choses ahurissantes dans le no.76 de la collection renommée 100 ans noir sur blanc aux éditions GID, Hochelaga Maisonneuve Dérouler le passé. Plus de deux cent pages de photos d’archives dont beaucoup de trésors iconographiques. Tel ce commerçant ayant domestiqué un orignal pour faire sa promotion, comment le biscuit le Whippet avait des propriétés disait-on, aphrodisiaques. Co-écrit par Daniel Rolland et Sylvain Champagne, vous demeurerez sans voix devant les extravagances de ces deux villes. A peine sorti des presses, ce numéro figure comme un joyau de la collection.
Hochelaga Maisonneuve Dérouler le passé  Daniel Rolland et Sylvain Champagne. Éditions GID 208p.   www.leseditionsgid.com

 


 

Qu’il est difficile d’être femme

C’est bien ce qui ressort de la lecture de Follement écrivaines de Xavière Hardy qui expose la problématique conciliation travail famille, de surcroît si on est écrivaine comme le déplorait elle-même Anne Hébert, qui même si elle n’a pas engendrer de marmots s’imaginait très bien les contraintes. L’auteure dans ce petit brûlot rend compte avec lucidité, de la disparité qui existe toujours entre les activités des femmes et celles des hommes, et même à travers le prisme de la littérature. Les femmes de lettres ne produisent pas dans le même encadrement que ces messieurs. Littérature féminine paraîtrait même péjorative, c’est peu dire.
Follement écrivaines Xavière Hardy. Hashtag 144p.    www.editionshashtag.com

 


 

Autopsie de la France

Xavier Patier désespère de la douce France qui à ses yeux n’est plus que l’ombre d’elle-même avec des valeurs qui s’effondrent. Des élus qui ne prennent même plus leur responsabilité et qui ne cesse de s’en remettre à la justice. Bref, La confiance se fabrique-t-elle ? est une autopsie de la France républicaine. Il dit même que la confiance passe par l’autorité, le premier des chantiers à travailler. Cette plaquette lui aura sans doute permis de défouler sur papier son ressenti. Et souhaitons que le but recherché, comme lanceur d’alerte, trouvera sa cible.
La confiance se fabrique t-elle ?  Xavier Patier. Artège 137p.   www.editionsartege.fr

 


 

Pour ceux qui sont emmurés au coeur des choses

Le haut fonctionnaire qui a du coeur, tel devrait être la définition à accorder à Serge Gonzales dont on réédite Conversation avec une rose publié la première fois en 2017. Et dont il a enrichi la réapparition sur nos rayons. Grosso modo c’est un ouvrage à ranger dans la catégorie de la croissance personnelle, avec des commentaires et citations qui n’ont d’autres buts que d’apporter la sérénité à son lecteur. Il dédie en clair son ouvrage à ceux qui sont emmurés au coeur des choses. Comme c’est bien résumé. On peut lire des extraits de poèmes, même Rimbaud est invité à s’exprimer. Ceux et celles qui cherchent des paroles consolatrices après s’être rendu compte que la vie est loin d’être un cadeau, vont trouver des consolations. L’auteur de par son objectif est à considérer comme un bienfaiteur de l’humanité.
Conversation avec une rose Serge Gonzales. L’Art-Dit 281p.    

 


 

Nostalgie des magasins généraux

A l’époque des magasins généraux au Québec, on était à des années lumières d’imaginer que surgirait le commerce en ligne. Dans les villages, petits et grands, on venait s’approvisionner dans ces établissements, trop heureux de pouvoir trouver le nécessaire. Dans certains se complétait une quincaillerie et mini-clos de bois où dans les années soixante, des gens de la classe moyenne venait s’approvisionner en matériaux de construction comme un de nos co-éditeurs se rappelait à Saint-Édouard-de-Maskinongé. Eh bien c’est tout cet univers que fait revivre Claude Ferland dans Magasins généraux et commerces de détail au Québec. Avec un grand nombre de photos qui valent bien mille mots chacune. C’était véritablement un âge d’or du service à la clientèle car vous deviez chouchouter la clientèle très locale et de passage. Et que dire des enfants quand on annonçait des nouveautés, jeux ou confiseries! Quelle époque qui est un monde totalement disparu ou à de très rares exceptions encore en opération. En seconde partie, l’histoire des grands magasins au Québec, riche également de photos évocatrices. Un album de photos sans pareil.
Magasins généraux et commerces de détail au Québec Claude Ferland. Les éditions GID 134p.    www.leseditionsgid.com

 


 

Des anecdotes sur les grands de la chanson francophone

Catherine Pépin, c’est celle que vous entendez animer sur les ondes radio de Radio-Canada et où elle voue un culte à la grande chanson française. Et son amour des belles mélodies, elle le transpose dans un livre gorgé d’anecdotes qui touche la chanson francophone et ses grands interprètes. Une histoire décalée de la chanson française. Ce qui vaut le détour ce sont les petites marottes de ces artistes que ce soit Brassens, Leclerc, Ferrat. Notamment leur amour pour les animaux domestiques. On remarque aussi que la voiture ne leur apporte pas du bonheur. Avec des  accidents sérieux comme pour Leclerc et Aznavour pour ne nommer que ceux-là. Il n’y a pas de chronologie dans ces pages, l’auteure jetant pêle-mêle les anecdotes comme la méconnaissance du solfège chez certains comme Claude Léveillée. C’est un livre dont la grande qualité est d’être distrayant.
Une histoire décalée de la chanson française  Catherine Pépin. Éditions La Presse 259p.   www.editionslapresse.ca

 


 

Au pays d’Anne Hébert et de Saint-Denys Garneau

La collection si appréciée de notre patrimoine “100 ans noir sur blanc” aux éditions GID fait entrer dans son Panthéon le beau coin de Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier rendu célèbre pour avoir vu la naissance de deux de nos grands écrivains québécois Anne Hébert et Hector de Saint-Denys Garneau. On connaît la ligne éditoriale de la collection qui est de faire voir en plus de 200 pages des photos d’archives qui nous plongent automatiquement dans ce qui a été le vécu au quotidien des habitants de la localité choisie sur une période de 100 ans. Et ce titre, fruit du travail combiné de Réjean Martel et Johanne Boucher fait aussi honneur au projet avec ces illustrations de la rivière de la Jacques-Cartier avec des passages impétueux qui permettaient la drave, les moulins et les forges du début du siècle dernier. Attention, ici une mise en garde, vous pouvez être saisi d’émotions par certaines photos de ces bâtisseurs du Québec, des êtres valeureux et hélas d’un autre temps.
Sainte-Catherine-de-la-Jacques Cartier Réjean Martel et Johanne Boucher. Collection 100 ans noir sur blanc éditions GID  208p.  www.leseditionsgid.com

 


 

Les femmes, Hélène et Christine de Suède

Parmi le palmarès des livres inclassables on peut sans se tromper classer La morelle noire de Teresa Moure. Une seule étiquette possible, ouvrage féministe puisque le point central exploré dans ces pages est la définition d’une femme. Et pour cela elle a créé le personnage d’Hélène que l’on regarde se mouvoir, des références aussi à la reine Christine de Suède ainsi que ce dernier pays. Des correspondances parsèment ces pages. Sans doute que l’objectif de cette démarche était de nous faire pénétrer dans ce qui est féminin avec toutes ces déclinaisons. Et puis il y a des références à Descartes et autres philosophies. Concluons en disant que c’est un livre intelligent.
La morelle noire Teresa Moure. Éditions la contre-allée 454p.    www.lacontreallee.com

 


 

Comment déballer des recommandations écologiques aux jeunes

Il semble que les manuels sur l’écologie qu’ont entre les mains la jeunesse pécheraient par leur côté moralisateur, ce qui finalement aboutirait au contraire de l’objectif recherché. C’est pourquoi dans la collection “études sur le livre jeunesse” aux éditions des Presses universitaires de Bordeaux, un travail en collectif piloté par Tonia Raus professeure adjointe de littérature française à l’Université du Luxembourg et Sébastian Thiltges docteure en littérature comparée tente de voir de quelle façon on peut inculquer à la jeunesse des principes de précaution touchant les questions environnementales avec un langage capable de l’atteindre, non pas la faire fuir. Ce travail exhaustif est un “plus” dans la somme des ouvrages publiés sur l’écologie et qui va trouver une bonne place.
Peut-on tout leur dire ? Collectif. Les Presses universitaires de Bordeaux 272p.   www.pub-editions.fr

 


 

La baffe méritée à Michel Onfray

Le philosophe et polémiste Michel Onfray, de par son addiction quotidienne aux projecteurs des plateaux, se sent appelé à commenter à peu près tout ce qui bouge sur notre planète. A s’interroger où prend-il même le temps de pondre autant de bouquins dans une année. Puisqu’il en fait trop, il en arrive à des assertions du genre que Jésus est une pure fabrication, un véritable mythe qui ne repose sur aucune véracité. Un véritable pavé dans la mare de la chrétienté. Celle-ci lui répond par la bouche de Matthieu Lavagna auteur-conférencier catholique mais nullement de la droite catho. Il lance sa Libre réponse à Michel Onfray où il démolit recherches bibliques sérieuses à l’appui, tous les poncifs de la vedette. Non le Christ n’est pas un mythe remet sérieusement Onfray, démontrant noir sur blanc que notre philosophe des “lumières” (spots de télévision) a tout faux. A lire pour rassurer ceux et celles qui auraient été plongés dans le doute par les affirmations de Onfray. Rassurez-vous Jésus a bel et bien existé.
Non le Christ n’est pas un mythe Matthieu Lavagna. Artège 258p.    www.editionsartege.fr

 


 

Il était une fois les inventions

Comme le déficit en culture générale est abyssale dans nos écoles qui ne forment au fond actuellement que des cancres incultes, tout ouvrage qui veut faire oeuvre utile pour diffuser la connaissance est accueilli à bras ouverts. C’est le cas du nouvel opus Histoires d’inventions épatantes dans la collection Civilisations chez l’éditeur Fides. Evelyne Ferron appuyé sur des illustrations de Jordanne Maynard nous expliquent comment est né le filet de pêche, les dés à jouer, l’éventail pliable etc. Un survol rapide de ces nouveautés apparues à différentes époques et qui soulignent comment l’homo sapiens, violent dans son ADN peut se rendre intelligent et améliorer le quotidien de monsieur et madame tout-le-monde.
Histoires d’inventions épatantes Evelyne Ferron et Jordanne Maynard. Coll. Civilisations éditions Fides 47p.     www.groupefides.com

 


 

L’ère des grands paquebots racontée

C’étaient d’immenses navires, les premières villes flottantes en sorte que ces paquebots dont un magnifique album revient sur leur histoire qui couvre la période 1913-1942. Paquebots une esthétique transatlantique présenté conjointement par les éditions In fine spécialisées dans les grands livres patrimoniaux, le Musée d’arts de Nantes et le MuMa le Havre est une pure splendeur livresque. On disait jadis avec un certain détachement que ça entrait dans ce qu’on nommait les ouvrages pour tables à café. Heureusement ce vocable a disparu, car il faut se rendre à l’évidence et savoir recevoir cette manne d’informations, ça oui, les photos d’archives sont stupéfiantes, rendant à merveille ce que voulait dire le luxe, mais aussi les textes, les vignettes, riches en information. C’est vraiment un travail qui devrait se mériter tous les prix possibles en édition. On constate combien il fallait être en moyen pour vivre l’aventure transatlantique entre l’Europe et l’Amérique et vice-versa. Rien qu’à voir les allures des passagers en dit long sur la notion de classe sociale.
Paquebots 1013-1942 Une esthétique transatlantique Collectif Éditions In fine, le Musée d’arts de Nantes et le MuMa le havre 276p.    

 


 

Un grand livre totalement dingue conçu par l’intelligence artificielle

Un proche de la rédaction nous avait prévenu qu’après la “pandémie” de la Covid-19, arriverait un tsunami économique (on le voit déjà, et plus encore une domination de l’intelligence artificielle. Ça pouvait prêter à la rigolade, mais on se rend compte du sérieux avec le suicide la semaine dernière d’un adolescent aux États-Unis poussé au suicide par ce qu’il croyait une jeune fille compréhensive mais qui était en réalité, justement une non réalit. fruit de l’intelligence artificielle qui le poussa à mettre fin à ses jours. Et même pour ce qui est de la presse, on voit graduellement des textes entièrement composés par l’IA. L’avenir du métier de journaliste se vit avec une épée de Damoclès. Ce long préambule pour vous montrer à quoi peut parvenir l’IA, c’est cet album complètement réalisé par ce moyen avec à la tête un “marionnettiste” du virtuel Si Parmeggiani qui a pour titre Clickbait voyage au pays de l’intelligence artificielle. Le contenu est du pur surréalisme et annonce véritablement un monde nouveau qui vient tirer un trait sur l’ère Gutenberg.
Clickbait Si Parmeggiani. Éditions Jonglez

 




 

Le coin santé physique et psychique

L’état mental des adolescents inquiète et la pseudo pandémie de la Covid-19 n’a pas aidé. Bref, nos jeunes sont anxieux que jamais, et leurs récepteurs cognitifs en grave déficit au point qu’ils peinent à assimiler les matières.. Avant c’était avec les hyperactifs que l’on éprouvait des difficultés, maintenant tous sont atteints, se référant constamment à leur smartphone. Le professeur en philosophie Julien Cueille rend compte du drame actuel qui se joue dans un ouvrage de type lanceur d’alerte dans son ouvrage Je ne comprends rien aux éditions Éres. Véritablement inquiétant.

Certains esprits simplistes ont voulu diminuer les ressemblances physiques entre les hommes et les femmes, se limitant à pointer la grossesse, seule différence. C’est plus que réducteur, c’est ignare. Le corps de la femme est d’une grande complexité comme on se rend compte à la lecture de cette spécialiste en imagerie biomédicale Lisa Falco qui fait le tour complet de ce qu’es tla physiologie féminine. La science fabuleuse du corps des femmes devrait se retrouver au programme de toutes les classes de niveau secondaire, car entre autres, les femmes ne se connaissent pas elles-mêmes. Un livre incontournable qui fera davantage respecter la gent féminine aux prises avec de sacrés défis endocriniens. C’est aux éditions 41.

On ne saluera jamais assez le travail accompli par les éditions du CHU Sainte-Justine pour vulgariser la connaissance physique et psychique des enfants. L’ergothérapeute et professeure émérite de l’Université de Montréal Francine Ferland qui débarque avec Tout sur le développement des 0-6 ans. Car on ne naît pas mère, ni parent, on le devient. Et ceux qui redoutent d’être malhabiles dans cette fonction, ont ici un guide merveilleux qui présente la chronologie par laquelle passe le développement d’un petit être chéri.