- NOVEMBRE 2024 -
 
     
 


 

Un récit poignant du sort des femmes aux mains de l’islam radical

Les religions, bien au contraire de ce qu’elles prétendent, engendrent davantage de haine que de l’amour. Et pour preuve, cet autre témoignage bouleversant, celui de l’algérienne Samia Shariff. Pour son malheur, elle est issue d’une famille campée sur le Coran dans sa plus stricte acception. Le père est l’incarnation du rigorisme musulman Sa mère ne fait que se soumettre à l’emprise du mari. Il arrivera que Samia sera, à seize ans, contrainte à un mariage forcé, avec un conjoint qui la viole et la bat comme bon lui semble. Elle aura six enfants et s’inquiète dans ce contexte du sort de ses deux filles. C’est cette histoire, la sienne qu’elle raconte avec des mots qui viennent du coeur vers les coeurs. Un appel à tous pour que cesse cette domination patriarcale et cette interprétation inappropriée du message de Mahomet.
Le voile de la peur Samia Shariff. Les éditions JCL 341p.    www.editionsjcl.com

 

 


 

Michael Connelly bâtit son thriller sur une erreur judiciaire

L’avocat Mickey Haller a hérité du surnom de “l’avocat à la Lincoln” mais surtout, comme fait d’arme, il a évité le pire à un prisonnier accusé injustement par la justice. En raison de sa notoriété, ce sont beaucoup de gens en pareille situation qui vont faire appel à ses services. Au passage, nous sommes dans l’État de la Californie où les bavures sont multiples. Le juriste va se faire seconder par son demi-frère Harry Bosch. Un cas va retenir leur attention, celui d’une femme, accusée du meurtre de son ex-mari qui était adjoint d’un sheriff. Et on n’est pas loin de penser que la justice y est allée en quatrième vitesse pour se venger, tournant les coins ronds. La dame se dit innocente. Vous verrez comment les deux comparses vont mettre le paquet pour arracher cette infortunée au bras de la “justice”. Enlevant comme tout. Du Connelly pur jus.
Sans l’ombre d’un doute Michael Connelly. Calmann-Lévy 441p.  www.calmann-levy.fr

 


 

Un bel essai d’initiation à la philosophie

Parce qu’on ne l’enseigne que très peu dans le système éducatif, plusieurs, à raisin, peuvent se demander à quoi ça sert la philosophie. Un qui l’enseigne tente d’y répondre, non pas en nous arrivant avec une histoire de la philosophie rébarbative, mais en regroupant quelques questions métaphysiques auxquelles il répond en toute simplicité. L’objectif avoué étant de goûter aux joies de la réflexion et du débat. Jacques Senécal avec Une étoile filante entre deux néants…et autres destinations philosophiques aborde beaucoup les questions touchant à la morale qui diffèrent d’une culture à une autre. C’est un bouquin qui vaut le détour et qui donne l’opportunité de s’interroger, car il interpelle beaucoup.
Une étoile filante entre deux néants…et autres destinations philosophiques  Jacques Senécal. Fides 193p.    www.groupefides.com

 


 

Raphaëlle Giordano donne à réfléchir sur la parentalité

L’écrivaine Raphaëlle Giordano s’intéresse beaucoup aux grandes questions de l’existence. Et pour les traiter, elle a choisi le biais du roman. Ainsi pour ce qui est du vécu d’être parents avec tout ce que ça suppose, elle nous sort Et ils vécurent heureux malgré tous leurs enfants un titre coup de poing. Qui va à l’encontre de la pensée dominante qui veut qu’avoir des enfants est la voie royale de l’épanouissement. Eh bien pour la protagoniste en butte à son adolescente, il n’en va pas ainsi. Et c’est pourquoi, question de mettre du sel sur son existence qui s’affadit, la mère de famille va participer à un casting de téléréalité qui va la remuer un peu beaucoup. Beaucoup de mamans qui se remettent en question, allant même jusqu’à se demander si elles n’ont pas errer en misant tout sur la maternité, vont adorer ce roman qui est presque un essai psychologique.
Et ils vécurent heureux malgré tous leurs enfants  Raphaëlle Giordano. Récamier 304p.   

 


 

Retour en arrière sur les riches heures des Nordiques

De 1972 jusqu’à 1995 le club de hockey des Nordiques a attisé les passions. Et tellement qu’à Québec on fantasme encore à la perspective du retour de cette équipe. En attendant, les nostalgiques et pas seulement les gens de Québec, pourront se remémorer des souvenirs multiples en parcourant ce pavé qui donne la parole cette fois aux joueurs. Signé Benoît Clairoux et Pierre-Yves Dumont “Il était une fois les Nordiques 100 joueurs racontent” ce sont les premiers acteurs qui ont l’antenne et chacun a son “Nordique” lui. Rappelons que pour ce qui est de l’histoire proprement dite de la formation, Clairoux s’est attelé à la tâche il y a quelques années aux éditions de l’Homme.Même pour quelqu’un qui ne flippe pas nécessairement avec ce sport, il y a la dimension humaine qui intéresse au premier chef. Comme ce gardien à qui on octroie 45 mille dollars, qui mériterait trois plus selon son agent, mais qui a des objections au fait que la pression serait alors énorme. Des positions de vie qui s’appliquent à pleins d’autres faits de l’existence. On félicitera le travail colossal de collecte de ces témoignages.

Il était une fois Nordiques 100 joueurs racontent  Benoît Clairoux et Pierre-Yves Dumont. 
 


 

Réminiscences Wendat

Le gouvernement Trudeau s’attire régulièrement des critiques sur sa gouvernance, mais on peut lui créditer une chose, d’avoir ouvert les portes de la reconnaissance des peuples autochtones. Et dans la foulée émerge des retours historiques intéressants. En littérature il ne se passe pas une semaine sans qu’un titre paraisse faisant référence aux ancêtres issus des Premières Nations. Le dernier exemple en date, un roman inspirant au titre évocateur La rencontre des eaux de Mylène Durand où la narratrice joue sur deux tableaux, le sien et une aïeule du milieu du XVIIème siècle de la nation Wendat. Une fille courageuse qui avec son enfant, va parcourir, tenez-vous bien, 1200 kilomètres en canot,de la baie Géorgienne jusqu’à Québec, un exil rendu nécessaire. Portraits en double de femmes courageuses, n’ayant pas peur de l’adversité. Une des belles surprises littéraires de la saison.
La rencontre des eaux Mylène Durand. Éditions Pleine lune 276p.
www.pleinelune.qc.ca

 


 

Une réécriture du 1984 de George Orwell

La montée des populismes, le plus récent et éclatant exemple, la victoire de Donald Trump, les dérives autoritaires de gouvernements en place, et l’exemple du contrôle sanitaire de la Covid-19 où on a mis à l’essai le contrôle réussi des populations, autant d’événements qui poussent des auteurs à saisir le temps qui passe ou à venir, et à extrapoler sur des scénarii qui n’augurent rien de bon. Comme cette Sandra Newman qui revisite George Orwell et son célébrissime 1984 en plantant son décor dans un Londres fantasmé en 1984, toujours, et où “l’héroïne” défie les règles mises en place, s’acquoquinant même avec un homme, ce qui est formellement interdit dans la Cité. Il y a beaucoup d’imagination dans ces pages et qui sait, peut-être de l’anticipation.
Julia Big brother te regarde. Sandra Newman. Coll. Pavillons Robert Laffont 408p.     www.laffont.fr

 


 

Lire les chansons de Raoul Duguay

Raoul Duguay ce chantre devenu bibitte, a apporté une contribution non négligeable à l’histoire de la musique au Québec. Comme on le fait maintenant avec d’autres auteurs-compositeurs-interprètes, on publie les textes des chansons pour mieux s’en imprégner. Surtout que Duguay avait beaucoup à dire. Tout ceci pour vous dire que grâce à l’éditeur Sylvain Harvey (qui fait de beaux ouvrages) nous avons droit dans Tout est dans toutt de quoi se repaître. C’est dit en sous-titre, c’est le livre de sa vie, ce qui n’est quand même pas rien. On oublie un volet chez lui qu’il fait plaisir à lire, le romantique qu’il est. Provocateur certes, mais un tendre. L’espace manque pour rendre justice à cette anthologie merveilleuse. Merci Duguay de vous rappeler à nous de la sorte. Et que de beaux messages dans ces strophes. Qui a dit que la chanson populaire est un art mineur ? Allons donc esprits chagrins.
Tout est dans toutt  Raoul Duguay. Éditions Sylvain Harvey 526p.  www.editionssylvainharvey.com

 


 

Quand Michel Tremblay croise Marc Séguin cela donne…

Michel Tremblay se dispense de présentation et l’artiste multidisciplinaire Marc Séguin qui a surtout obtenu ses galons en art visuel. Chez Leméac on a eu l’idée de réunir ces deux artistes pour la publication de quatre contes de l’écrivain Les contes de Josaphat-le-violon. En gros, Nana, la grosse femme bien connu de l’univers du dramaturge et romancier a sous la main un cahier qui contient quatre contes: La lune au fond dulac, Le lutin dans la huche à pain, La dame du lac Long, et enfin La pie-grièche et la souris des champs. Et Séguin par ci-par-là, d’intervenir graphiquement au gré de sa fantaisie. Au final un beau livre, pas tout à fait dans la catégorie des livres d’art, mais s’en rapprochant. En somme du bel ouvrage d’édition. Le contenant vaut le contenu.
Les contes de Josaphat-le-violon Michel Tremblay, dessins de Marc Séguin. Leméac 142p.

 


 

Comment saisir le tendre et impertinent Prévert

D’entrée de jeu, nous avouons être partials pour tout ce que publie les éditions In fine qui ne font que tutoyer l’excellence. Dans le monde de l’édition, c’est le sommet de ce qui se fait. A l’éditeur maintenant de rougir. On est encore sous le choc du dernier opus au catalogue, un hommage à Jacques Prévert avec cet album Jacques Prévert rêveur d’images. On aimait déjà le poète qui n’avait jamais perdu une once d’enfance. D’ailleurs on voit en quatrième de couverture une photo le montrant en plein travail de création, cigarette au bec, tout attentionné. Nous devons ce beau livre grâce à la collaboration du Musée de Montmartre et comme auteurs quoi de mieux que Eugénie Bachelot-Prévert, ayant droit du poète, Alice S. Legé responsable de la conservation au Musée de Montmartre et Danièle Gasiglia-Laster responsable de l’édition de Jacques Prévert dans la Pléiade. On est en bonne compagnie avec ces guides qui se sont mis d’accord pour nous faire mieux découvrir qui était ce sensible qui a légué une telle postérité artistique. Il n’y a pas que l’homme ici que l’on aborde mais toutes ses fréquentations illustres de son temps. Et l’éditeur offre un superbe écrin graphique pour accueillir son sujet.
Jacques Prévert rêveur d’images In fine et le Musée de Montmartre 176p.  

 


 

Henri VIII fait toujours parler de lui

Avis à ceux qui en pincent pour le roman historique. Nous signalons à cet effet la sortie d’un ouvrage de Sonia Alain consacré aux amours tumultueuses et funestes de Henri VIII le monarque anglais à qui l’Église catholique refusa le divorce et qui provoqua de la sorte le schisme qui donnera naissance à l’Église anglicane. Mais surtout c’est l’homme des six mariages et qui ne faisait pas de quartier pour trancher les têtes de certaines d’entre elles quand ça ne faisait pas son affaire. Et c’est là dessus que capitalise la romancière qui met en scène des scènes plausibles collant à la réalité historique. On voit que pour ce faire, elle s’est bien documentée sur l’homme et son temps.
Le bourreau des coeurs Sonia Alain. Éditions Béliveau 339p.    www.beliveauediteur.com

 


 

Deux sujets traités inopinés dont un, tabou

Y’a pas à dire, les éditions Michel Quintin savent nous surprendre. Dans sa mignonne collection “Savais-tu ? corps” destinée à un auditoire de jeunes têtes, il publie deux titres Les poils mais surtout Les pets. Eh bien on se rend compte que nous sommes des nains devant la connaissance. En effet, avant que ce dernier livre nous parvienne, on aurait été bien en mal de nommer le mammifère qui pète le plus fort. On ne vous le révèle pas tout de suite, de crainte que vous ne boudez votre plaisir, Allez à la découverte d’informations précieuses, tant pour les poils que l’on éradique dès qu’ils poussent et nos flatulences. Mine de rien, ces ouvrages tout innocents qu’ils sont, remplissent bien leur mission de faire découvrir aux jeunes leurs corps et ce qui les animent. Un excellent travail que l’on doit au duo Freg et Quintin

 


 

L’homosexualité, seulement tolérée, nullement acceptée

Si vous pensez que l’homo sapiens a évolué ces dernières décennies au sujet de son rapport avec l’homosexualité, détrompez-vous. Même si en France beaucoup d’artistes ont dévoilé être de ce qu’on qualifiait de “troisième sexe” encore il y a peu, cela ne veut pas dire que la société est ouverte. Même, triste constat, on assiste à une remontée inquiétante de l’homophobie. Pour avoir la radiographie précise de ce qui se passe, allez lire le témoignage si triste de Baptiste Beaulieu “Tous les silences ne font pas le même bruit”. Il revient sur ses années de toute jeunesse où il sent la différence poindre en lui. Voyez ce qu’il a dû subir, surtout à l’école, l’épicentre de tous les problèmes, d’autant qu’on se refuse à donner des cours de sexualité. Heureusement que sa famille l’a soutenu. Tout ce que la société réclame, ce sont des êtres formatés qui feront des enfants, point barre. Et quel étrange comportement de ces dits hétéros, disant aimer la femme, qui usent toujours de qualificatifs féminins dégradants pour abîmer ceux qui ne sot pas dans la norme. C’est un devoir de lire cette histoire navrante pour réaliser qu’il y a une montagne à gravir pour en arriver à l’acceptation sereine.
Tous les silences ne font pas le même bruit  Baptiste Beaulieu. L’Iconoclaste  376p.  www.editions-iconoclaste.fr

 


 

Un histoire au temps de la Grande Dépression

Le krach de 1929 à Wall Street a plongé les États-Unis dans une misère effroyable. Qui a été bien raconté dans “Les raisins de la colère” de John Steinbeck. Heureusement le président américain Franklin D. Roosevelt a lancé son New Deal pour donner de l’ouvrage. Charles Frazier dans Les Traqueurs revient sur cette période sombre de l’Histoire américaine. Il campe un peintre Val Welch qui a obtenu un contrat de peinture d’une fresque dans un bureau de poste d’un petit bled répondant au nom de Dawes dans le Wyoming, obtenu grâce au programme du New Deal. Il va loger chez des ranchers. Un jour la femme du couple hôte s’enfuit emportant avec elle une toile d’importance. Le mari commande au peintre de la traquer où qu’elle se trouve. C’est une sorte de road trip dans divers états et la révélation de squelettes dans le placard. Le romancier restitue bien, et l’époque et les sentiments qui habitent ces personnages. Nous, on a adoré cette histoire enlevante qui fait figure d’épopée.
Les Traqueurs  Charles Frazier. Plon collection Feux croisés 345p.    www.plon.fr

 


 

Angleterre années soixante, c’était mieux avant ?

L’Histoire se répète a dit le philosophe. Sauf pour l’ère numérique que nous vivons qui est une autre affaire. Mais pour ce qui est des sixties vantées comme des années de bonheur, détrompez-vous, la morosité était au rendez-vous. Et c’est ce qui a fait le pain et le beurre de Dave Wallis avec la publication en 1964 de Only lovers left alive. Qui nous plonge dans un Royaume-Uni tellement dans la déprime qu’on assiste à un grand désarroi alors chez les jeunes, avec un haut taux de suicide. C’est peut-être sur ce seul point que l’on peut faire avec l’anxiété des ados d’aujourd’hui. Pillages et orgies sont au menu de cette débandade sociale. Un groupe d’amis qui en a marre de cette décrépitude du tissu social va s’exiler de Londres au profit du nord du pays. Sachez qu’au moment de sa sortie, les Rolling Stones et Jim Morrison avaient adoré, ce qui ne sont pas de mauvaises références. Nous avons enfin la traduction en français brillamment réalisée par Samuel Sfez. C’est un livre culte que l’on ne peut passer outre si on veut connaître le tempo de l’époque.
Only lovers left alive  Dave Wallis. Sonatine  263p.    www.lisezsonatine.com

 


 

Quatre grands textes aux Écrits des Forges

Une très jolie cuvée poétique débarque aux éditions Écrits des Forges qu’on aurait tort de passer à côté. Commençons par Michel Létourneau et son recueil Les portes souffrantes. L’idée maîtresse de ces vers est la construction de l’individu. C’est la poésie du cheminement. Un thème qui d’office va en intéresser un grand nombre, car qui ne se cherche pas ici-bas était donné qu’on ne nous a pas donné à la naissance le mode d’emploi pour vivre. Extrait “Si c’était à refaire je dormirais tranquille sous l’averse je reconstruirais ma pyramide de sens”.

De son côté Donald Alarie s’annonce avec Nuances de la saison. C’est un “hymne” à la ville de Joliette pour laquelle il a une prédilection. Et il a choisi la versification comme voie de transmission des bonheurs qu’elle lui procure. Extrait “Près du Pont Chevalier des planches à roulettes imposent leurs rythmes parfois elles s’envolent oiur quelques secondes tels des oiseaux géants”.

Sous l’oeil du songe le poète Pierre Chatillon recèle de grandes réflexions métaphysiques sur le passage terrestre et l’après. L’auteur bardé de prix, en ayant même un national de poésie portant son nom, mérite bien ses lauriers. Qu’on juge de la qualité de sa production par ce seul extrait “Écrire un poème en hiver c’est glisser un archet sur les cordes d’un violon mort j’écoute ma page blanche comme on rêve d’entendre le chant de la rivière”.

Enfin Anne Michaels dans une traduction éclairée de Alain Bernard Marchand présente Le poids des oranges & L’étang-aux-oies. Un recueil consistant. Ces deux blocs poétiques ont été produits successivement en 1986 et 1991. Et il faudra attendre pour les francophones la traduction qu’en a faite sieur Marchand, très respectueux de la couleur des messages. Et c’est tout à l’honneur de ce dernier de rendre des passages tel celui-ci “J’ai mendier les restes des Tables rudolphines des croûtes d’orbites, des étoiles éparpillées comme des pépins que la bouche ruminante de Tycho recrachait”. Dans l’ensemble, il y a une large part autobiographique.

 


 

Quand le manque de confiance atteint un sommet

C’est une lapalissade que de constater que la majorité des êtres humains ont un déficit abyssal de confiance en eux. Et aux gens de lettres de répercuter en mots ce mal être que l’on traîne parfois toute sa vie comme un boulet, au sein de familles, hypocrite institution s’il en est, parée de toutes les vertus et pourtant l’épicentre de bien des drames. Ce préambule pour présenter Emma, une fille malheureuse comme tout dans sa famille, qui est au centre de Moins que l’autre troisième roman de Amélia Cosimano. Ce qui vaut le détour vers cette lecture, c’est la description que fait l’auteure des rapports tordus entre la protagoniste et sa mère honnie. Avec un père, jamais là où il le faudrait. On est bien au Québec, patrie du père absent. Beaucoup de violence réelle et sourde dans ces pages où beaucoup de lecteurs se reconnaîtront. La solution passerait-elle par l’arrêt total de la procréation ?
Moins que l’autre Amélia Cosimano. Éditions Au carré 222p.     www.lisonlescarbeaueditrice.com

 


 

La richesse du texte de Biz

Disons le d’entrée de jeu, l’auteur Biz prend avec grand respect ses lecteurs en les enrichissant de sa grande culture générale. Ainsi dans son dernier opus Feu l’amour narrant le désarroi d’un homme qui voit la rupture d’avec une femme qu’il aime, qui désire des enfants alors que lui a déjà répandu sa semence de façon réussi à deux reprises et qu’il estime avoir fait largement sa part. Il nous abreuve avec joie de citations de Saint-Augustin, Renan, Agamemnon, qui fait qu’en bout de lecture on sort plus intelligent qu’on est entré. L’auteur ne s’en est peut-être pas rendu compte mais son titre peut avoir deux acceptions, soit signifier un ancien amour ou bien l’ordre de tirer à bout portant sur le sentiment amoureux. Quoi qu’il en soit, on prend conscience dans cette lecture édifiante, que le verbe aimer est difficile à conjuguer concrètement avec le terrible ordinaire des jours.
Feu l’amour Bizz. Leméac 181p.   

 


 

De Laura Bouchard à Laura Bloom

Il était une fois une actrice renommée qui a changé, question de mieux paraître, son patronyme de Bouchard pour Bloom. Ça fait certainement hollywoodien. A sa mort son fiston va découvrir des lettres d’elle qui donne le juste éclairage de ce qu’elle fût. Ça donne en fin de compte un roman qui est en même temps une formidable étude psychologique sur le dédoublement entre ce que l’on est et ce qu’on projette. Ava Rose Riverin qui signe La fois où j’ai tué Laura Bouchard nous livre une histoire solide qui fait de nous un peu des voyeurs. Car ces lettres, c’est toute son intimité qui est dévoilée. On savait l’être humain complexe, c’est ici de le vérifier encore une fois. Avis aux scénaristes en panne de page blanche, vous avez ici un très beau film en devenir. Lâchez une énième version de Maria Chapdelaine et regardez ce texte fort. De quoi donner de la ressource à l’actrice qui interprètera Laura au grand écran. A défaut de film vous ferez vos propres images.
La fois où j’ai tué Laura Bouchard Ava Rose Riverin.  Éditions Château d’encre 150p.     www.editionschateaudencre.ca

 


 

Comment ça s’enseigne l’Histoire

S’il y a une carence en matière d’enseignement au Québec, c’est bien celle de l’Histoire. Faites un micro trottoir et ce ne serait pas étonnant qu’un ado d’une quinzaine d’années ne sache même pas qui est Jacques Cartier, alors svp n’allons pas jusqu’à l’intendant Bigot tout de même. Gaston Desjardins a enseigné cette matière une trentaine d’années successivement à l’Université du Québec à Montréal et celle de Rimouski. Il signe un pamphlet en somme sur ce que doit être la transmission de l’Histoire, pas simplement un devoir de mémoire avec des faits, des dates, etc, mais susciter la réflexion. L’arrière-boutique de l’Histoire qu’il signe avec brio, revient sur son expérience en classe et ce que ses années en éducation lui ont conféré comme certitudes. C’est passionnant car l’auteur l’est lui-même et ça transpire à chaque page.
L’arrière-boutique de l’Histoire Gaston Desjardins. Les Presses de l’Université Laval 244p.     www.pulaval.com

 


 

Une directrice au collégial professe sa foi dans l’enseignement

Nous à Culturehebdo sommes d’avis que l’école est voué irrémédiablement à l’échec, car c’est impossible de tenir en lieu clos trente petites têtes qui proviennent de milieux où l’horloge biologique de chacun est à prendre en compte, certains ne déjeunent pas, d’autres ont vécu des agressions sexuelles la nuit précédente, et en plus c’est l’épicentre de toutes les intimidations. Et tout gourou indien vous le dira, de noter quelqu’un est déjà la première discrimination sociale, surtout sexuelle. Songez seulement qu’en son temps, le collège que fréquentait Einstein, avait décrété qu’on ne parviendrait jamais à faire quelque chose avec lui! Cela dit, en toute honnêteté intellectuelle nous nous devions quand même de signaler que la directrice du Collège Sainte-Anne à Lachine, Julie Dubois croit encore que ça peut fonctionner au point d’avoir pris le temps de pondre cette profession de foi intitulée Et si l’école rendait nos ados heureux ? Le titre en lui-même est révélateur que ce n’est pas le cas en ce moment. Il est intéressant de comparer ses propositions, c’est déjà ça de pris pour que nos jeunes progressent. Comme on se disait à l’interne, il est toujours permis de rêver…
Et si l’école rendait nos ados heureux ? Julie Dubois. Éditions Château d’encre 124p.    www.editionschateaudencre.ca

 


 

Un zigoto outremontais fait l’objet d’une intense observation

A la grandeur de Montréal et ses environs, même Westmount, la mendicité a atteint des proportions exponentielles. Le soir, plus de nightlife, que des itinérants et autres souffrant de maladie mentale aggravée, et d’inuit déracinés. Ça n’a pas échappé à Paulette Tourangeau qui à travers les observations d’une femme, s’attarde à un zigoto qui circule dans Outremont, quartier bourgeois s’il en est et que l’auteure a baptisé de Simplet. C’est une courte plaquette dont le contenu dépasse le contenant. Elle a choisi de décrire un être qui a la particularité de se fixer sur un objet, un lampadaire par exemple, et lui parler. Ces infortunés seraient-ils enfin la réponse à celui qui jadis disait “Objets inanimés avez-vous une âme ? Ce texte est une radiographie de notre époque post-pandémique aux incalculables dégâts.
Le simplet Paulette Tourangeau. Les 3 colonnes 45p.   www.lestroiscolones.com

 


 

En marge de la Commission Charbonneau, crimes et violences

Il est admis que pour se faire une niche dans le polar et il faut être doté de passablement d’imagination. Chose certaine Stéphane Ledien n’en manque pas pour faire voisiner au moment de la Commission Charbonneau, une série de crimes et violences avec des acteurs venant de tous les horizons de la corruption. Les corps sur la neige mêle des agents du renseignement, des corps policiers, des militaires français et tutti quanti. Tout un menu. Ce pourrait être inextricable tant intervient d’individus à travers cette histoire, mais c’est tout le talent du romancier de démêler le tout avec brio et d’assurer un continuum qui n’égare pas le lecteur. La ville de Québec, si orgueilleuse, peut bomber le torse car elle, si tranquille d’aventure, est aussi le théâtre de pas mal d’événements inquiétants. Bref, on ne s’ennuie pas une seconde. Et les amateurs du genre seront comme dans une bonbonnière.
Les corps sur la neige Stéphane Ledien. Robert Laffont 422p.  www.laffont.ca

 


 

Sainte-Justine quelle histoire!

Habituellement les éditions du CHU Sainte-Justine nous sont connues par de petits livres ciblés qui touchent à pas mal de pathologies pédiatriques ou bien des ouvrages de même standard sur l’éducation des petits. Mais voici que la maison a mis le paquet, à juste titre pour honorer les riches heures de l’hôpital Sainte-Justine. On doit ce travail remarquable en textes et en photos au pédiatre bien connu Jean-François Chicoine que nous estimons à la rédaction chez nous pour avoir dénoncé la vaccination des touts petits contre la Covid-19, qualifiée d’inappropriée. Il a eu le courage que n’ont pas eu ses collègues. Bref, c’est une autre histoire. Revenons à ce livre magistral. Rien que pour la richesse iconographique ça vaut le détour. Avec des monographies de tous ces grands médecins qui ont apporté une contribution colossale à la connaissance des maladies touchant à l’enfance. On imagine le travail préalable de recherche qu’il a fallu faire pour en arriver à un tel résultat. Chapeau Dr. Chicoine! En fin de lecture, on se dit chanceux de pouvoir compter sur une institution semblable qui n’a jamais déméritée de sa mission.
Une histoire de l’Histoire de Sainte-Justine Dr. Jean-François Chicoine. Éditions du CHU Sainte-Justine 324p. 

 


 

Une histoire de licorne introuvable et la quête des odeurs

Chers parents, une exhortation de notre part, tentez de vous arracher à votre addiction pour le téléphone “intelligent” et occupez vous de vos petites têtes au moment du dodo en leur lisant un conte. On sait en pédopsychiatrie à quel point les contes sont riches d’enseignement pour développer l’imaginaire et aussi ces contes ont le mérite de faire voir les enjeux de la vie, notamment les oppositions entre les forces du bien et du mal. Ceci dit nous vous recommandons hautement pour débuter cette pratique à instaurer, un conte charmant comme tout Les licornes ont disparu aux éditions Michel Quintin fruit du talent conjugué de Jean-Pierre Guillet et Lulune. Un monarque du royaume écomagique ordonne que l’on trouve une licorne, cet animal fabuleux et mythologique. Une véritable quête se met en branle, émaillée d’aventures rocambolesques. Voyez plutôt sur quoi on va tomber…Mignon!  Et c’est un exemple parfait que l’on trouve dans ces pages tous les ingrédients de base pour attiser la curiosité de l’enfant.
Et comme un conte passe si vite, allons au suivant qui est une quête des odeurs. La petite boutique des odeurs due à l’imagination de Delphine Fiore et Lucas Giossi nous emmène dans un monde fantasmé où les odeurs ont totalement disparu. Mais pour un frère et sa soeur Louis et Nora, ils sont en possession, tenez-vous bien, du secret de l’air. Des odeurs, ils savent en trouver, voyez comment.  C’est chez l’éditeur Quanto. 

Les licornes ont disparu Jean-Pierre Guillet et Lulune. Éditions Michel Quintin. www.editionsmichelquintin.ca

 


 

Tintin comme prétextes à la découverte des merveilles de l’espace

Il est connu qu’avec son ouvrage Objectif Lune, Hergé le créateur de Tintin, a fait figure de précurseur de la conquête de cet astre. Mais les idéateurs qui ont repris le flambeau du célébrissime personnage de la BD n’ont jamais renoncé à utiliser Tinti pour faire avancer la connaissance auprès d’un lectorat de jeunes et de moins jeunes. Et le dernier exemple en date est ce magnifique ouvrage Tintin l’aventure de l’espace dû à l’immense talent de Martin Vanden Bossche journaliste à GEO et collaborateur à la revue Tintin, c’est l’aventure. Il nous invite ici en compagnie de Tintin qui est de l’équipage de l’Agence spatiale européenne qui se rend dans le cosmos et nous en explique la composition avec un art de la vulgarisation dont il est seul détenteur. Et que dire de la conception graphique de l’album. A la hauteur du sujet.
Tintin l’aventure de l’espace Martin Vanden Bossche. Esa/éditionsmoulinsart 125p.    

 


 

Que faire quand l’indépendance du Québec n’est plus au menu ?

Pour expliquer les débandades des référendums de 1980 et 1995 on a fait intervenir comme analyse, une servitude bien enfouie qui sert à merveille le Canada. En somme une explication qui en vaut bien d’autres. Mais que faire alors pour survivre dans une mer anglophone et où les québécois francophones de souche sont si séduits par la langue anglaise ? Alors allons lire les propositions du duo formé par Roger Payette et François Payette. Le premier est historien et le second professeur à l’École de gestion de l’UQAM. Ils signent un essai Le Québec et l’usure philosophique des nations et des hommes. Car c’est bien de la philosophie qu’ils font intervenir comme clé d’analyse du comportement des nôtres passé, présent, et des voies envisageables pour le futur. De quoi alimenter bien des discussions entre ceux que la cause nationale passionne encore.
Le Québec et l’usure philosophique des nations et des hommes Roger Payette et Jean-François Payette. Coll. A propos Presses de l’Université Laval 170p.     www.pulaval.com

 


 

Sensibiliser à l’écologie le milieu de travail

Est-ce que les questions environnementales font partie des préoccupations en milieu de travail ? Voilà la question. Eh bien Virginie Francoeur et Pascal Paillé ont trouvé un champ d’analyse intéressant, dont les conclusions sont regroupées dans un travail de rigueur universitaire qui a pour titre Les comportements écoresponsables en milieu de travail. La première est professeure à l’École Polytechnique de Montréal et le second enseigne de même au Neoma Business School campus de Rouen.Nous ne pouvons ici dans ces quelques lignes élaborer les segments disparates qui font l’objet de cette étude fondatrice. Mais il nous est apparu qu’il y a fort à faire en la matière. Le grand mérite de ce travail est de nous offrir une radiographie de la responsabilisation dans le domaine.
Les comportements écoresponsables en milieu de travail Virginie Francoeur et Pascal Paillé. Les Presses de l’Université Laval 211p.  www.pulaval.com

 


 

Une étude du caractère de Justin Trudeau comme premier ministre

En voyant le titre Justin Trudeau dans les câbles du chroniqueur politique Paul Wells il nous est venu cet amalgame d’un vaticaniste qui remarquait que c’était lorsque l’Église catholique était la plus attaquée que les appuis (notamment financiers) venaient à sa rescousse. Lui permettant de surfer sur les coups durs. Est-ce que Justin Trudeau serait-il meilleur dans l’adversité et capable de convaincre ? C’est toute une question, tant l’homme politique, si lisse, est insaisissable et est comme du téflon. Pourtant les conservateurs alliés aux forces de l’opposition auraient pu l’envoyer valser hors les câbles du ring. Mais il tient bon et se dit prêt à se présenter à nouveau devant les urnes même si sa cote de popularité est au plus bas. Prenons en compte qu’il ne se donne plus la peine de faire dans la “délivrologie” un concept que vous découvrirez dans ces pages.   
Justin Trudeau dans les câbles Paul Wells. Gouverner quand ça va mal. Les éditions La Presse 149p.    www.editionslapresse.ca

 


 

Penser la danse

La danse se danse certes, mais elle se pense aussi. Et même qu’elle rallie une foule d’idée, des théories, de vues qui trouvent un aboutissement fécond dans cet essai Partager la danse un collectif sous la direction de Johanna Bienaise et Manon Levac avec la participation de Alice Bourgasser. Cet ouvrage de haute volée intellectuelle s’inscrit dans la série de formation et recherche en éducation artistique des Presses de l’Université Laval. Tout ce que la danse peut évoquer s’y trouve ou presque. Complété par une bibliographie où on s’étonne de ne pas voir le nom de la pionnière de la danse au Québec et même dans tout le pays, Ludmilla Chiriaeff. Une faute vénielle au regard du magistral travail de conception qui traverse ces pages.
Partager la danse Collectif. Les Presses de l’Université Laval 220p.  www.ulaval.com

 


 

Bigamie ? Pourquoi faire simple quand on veut tout compliquer

C’est extraordinaire de voir les centres d’intérêts des professeurs issus des établissements de haut savoir. Ainsi Mélanie Méthot professeure d’histoire au campus Augustana de l’Université de l’Alberta qui s’est faite une spécialité tenez-vous bien…sur la bigamie! Décidément il y a des spécialistes en tout. Elle nous arrive avec un cas d’espèce, celui de l’infortunée Julie Morin Russell dans un bouquin enlevant, tellement le sujet est étonnant Bigame malgré elle. On est à Québec en 1877 Cette femme, veuve, a épousé un irlandais dont on apprendra au moment de sa mort, que loin d’être veuve, elle a toujours son mari vivant! Mais comment a t-elle pu se laisser berner à ce point, d’autant qu’une nièce arrive dans le décor qui conteste le testament du véritable mari défunt. Une histoire qui va se rendre jusqu’en Cour suprême. Vous verrez dans un contexte où les droits de la femme sont aussi énomes qu’une tête d’épingle, comment le plus haut tribunal du pays va t-il interpréter ce casse-tête conjugal et inédit. Ce livre pétri d’histoire et de droit à valeur de roman.
Bigame malgré elle  Mélanie Méthot. Les Presses de l’Université Laval 205p.        www.pulaval.com

 


 

Quarks, hadrons, baryons, mésons

Ces mots bizarres qui coiffent ce compte-rendu appartiennent au vocabulaire de la physique quantique. S’il y a une conception barbante pour le néophyte c’est d’essayer de vulgariser cette matière hautement spéculative. Et pourtant un physicien enseignant à l’Université réputé John Hopkins de Baltimore, Sean Carroll a obtenu toutes les distinctions possibles en réussissant à vulgariser les champs quantiques. Son bouquin L’univers à votre portée à grimper au palmarès des meilleurs vendeurs du New York Times. C’est presque un exploit de mettre à la portée du commun des théories arides au départ. Et nous avons plongé dans les premiers chapitres et effectivement c’est une aventure à faire. Si le cosmos vous captive, alors avec ce guide vous êtes en affaires.
L’univers à votre portée  Sean Carroll. Quanto 341p.    www.editionsquanto.com

 


 

Considérations sur les jours qui passent

Il y a d’abord ce titre qui intrigue, un peu poétique Quand le huard rit, je disparais. C’est de Pénélope Bourque qui est une finissante du programme d’écriture de l’École nationale de théâtre. Elle met en scène, une femme, elle-même ? de l’autofiction ? Bref. Et un homme, prénommé Gary. Et tout au long des pages, elle exprime comme on voit dans un journal, tout ce qui lui passe comme impression. Et cette protagoniste qui se triture beaucoup les méninges trouve un apaisement au contact de la nature. La romancière, dont c’est le deuxième opus chez Fides, maîtrise bien le sujet, le verbe et son complément. A tout le moins c’est quelqu’un à suivre. Avis à ceux qui décernent des prix, regardez un peu de côté-ci, il y a de la matière.
Quand le huard ris, je disparais  Pénélope Bourque. Fides 172p.   www.groupefides.com

 


 

Une trilogie sur le fédéralisme multinational

En même temps que la mondialisation est une réalité, jamais l’affirmation identitaire des peuples n’a été aussi forte. Comment harmoniser ces revendications d’autonomie alors que les pays sont plus interreliés que jamais et que, en raison des phénomènes migratoires, il sera difficile de parler de citoyen de souche. Ceci pour vous signaler la parution en un seul tome de ce qui était une trilogie composée des essais suivants: Au-delà de la nation unificatrice un plaidoyer en faveur du fédéralisme multinational; L’âge des incertitudes essais sur le fédéralisme et la diversité nationale; puis Le choc des légitimités. Le tout réuni sous le titre Le devenir des nations travail colligé par Alain-G. Gagnon professeur titulaire au Département de science politique de l’Université du Québec à Montréal. Dont acte.
Le devenir des nations Alain-G. Gagnon. Presses de l’Université Laval 590p.    www.pulaval.com

 


 

Un modèle pour toute femme qui se rêve en ingénieure

Ce livre de mémoires est une sacrée gifle aux intellectuels mâles alpha qui sont encore à déconsidérer la présence des femmes dans leur domaine. Marguerite Yourcenar avait raison de signaler que les femmes sont toutes aussi capables que ces messieurs. Et le parcours de Monique Aubry-Frize est exemplaire. Professeure émérite du Département d’informatique et d’ingénierie des systèmes de l’Université Carleton, elle l’est aussi à l’École de science informatique et de génie électrique de l’Université d’Ottawa. Qui cherche un modèle de femme passionné de sciences et de mathématiques trouvera ici de quoi se stimuler. Elle a été une pionnière de son domaine et elle nous partage généreusement son itinéraire qui a démontré chez elle une volonté à toute épreuve. Et même si quelqu’un ne s’intéresse pas nécessairement à son champ d’expertise, sa vie en soi est tel un roman.
Une femme en ingénierie Mémoires d’une pionnière. Monique Aubry-Frize. Les Presses de l’Université d’Ottawa 337p.    www.pressesu.Ottawa.ca

 


 

Un duo passionnée par la bonne chère

François Dompierre compositeur accompli s’il en est, est surtout un épicurien. Avec son âme soeur aux fourneaux Louise Fortin ils nous communiquent le fruit de leur savoir en cuisine. Ce sont n’ont pas des dilettantes du chaudron, mais de véritables chefs qui pourraient opérer un beau restaurant gastronomique si leur en prenait l’idée. Nos aventures gourmandes vous le comprendrez, est un livre de recettes pas comme les autres. Aux esprits chagrins qui croient avoir fait le tour, vous ne serez pas au bout de vos surprises. Car nos duettistes tentent des expériences concluantes et savoureuses. Comment dire non à des endives grillées vinaigrette à la menthe ou la soupe Tarator originaire de Bulgarie. Il y a, vous l’aurez compris, le résultat de nombreux voyages. De tout ce qui est paru récemment comme livre de recettes, c’est celui qui nous a le plus jeté par terre. On n’a pas pu s’empêcher de s’essayer à la soupe au chou à la fourme d’ambert, divin. On désespère parfois du monde ambiant à l’ère numérique, si tristounet. Mais se retrouver devant de telles assiettes nous réconcilient avec le monde.
Nos aventures gourmandes  François Dompierre et Louise Forin. Les éditions La Presse 190p.  www.editionslapresse.ca

 


 

La diversité autiste par l’un des leurs

Au chapitre de la diversité il faut outre, les orientations sexuelles différentes, les non genrées etc compter sur les autistes dont on se surprend qu’il y en a de plus en plus. Est-ce causé par les champs magnétiques ? Bref, sachez qu’il n’y a pas un seul type d’autiste et vous allez l’apprendre en lisant Des pierres, ils ont fait des étoiles de Daniel Tammet lui-même autiste. On sortira du cliché de l’autiste qui vit dans son univers, coupé des autres. L’auteur nous offre neuf exemples très différents les uns, les autres. Un univers psychique rien de moins que captivant.
Des pierres, ils ont fait des étoiles  Daniel Tammet. Les arènes 300p.  

 


 

Une ex femme de ménage épiée par…une femme de ménage

Il était une fois une femme de ménage au terme de sa carrière et qui aspire à vivre en toute tranquillité au foyer avec sa petite famille. Mais saviez-vous que la paix est un véritable luxe à notre époque. Et prenez garde de qui vous avez comme voisin. Et justement notre pauvre femme est entreprise par un voisinage peu accommodant, mais surtout, ironie de la chose, par la femme de ménage des dits voisins qui n’inspire pas confiance. Et il arrivera que la petite maisonnée de la première fera l’objet de phénomènes peu rassurants. Voilà la trame de La femme de ménage voit tout de Freida McFadden. Le mérite de l’écrivaine c’est qu’elle nous fait “voir” ses personnages comme dans un bon film. A lire sans faute.
La femme de ménage voit tout Freida McFadden. City 393p.  www.city-editions.com

 


 

Marc Levy à la comédie mais qui part de réalités

Marc Levy sait nous surprendre et il le fait une fois de plus, en plaçant son histoire, sa comédie devrait-on dire, dans le cadre d’une librairie, alors qu’un libraire est condamné à cinq ans de tôle pour avoir transgressé un édit d’interdiction de certains titres. Et au moment où il veut reprendre le volant de sa vie, qui sait se venger, le petit dieu Cupidon s’amène pour décocher une flèche inattendue. La censure exercée ici par le pouvoir est loin d’être une pure fiction, puisqu’on a vu dans l’actualité des bibliothèques publiques américaines, faire le ménage de livres dérangeants, comme sur des thèmes touchant à la culture LGBT en Floride. La librairie des livres interdits est en même temps une réflexion sur l’importance de la connaissance. Quant au talent du romancier, il y a longtemps qu’il tutoie l’excellence comme ici dans ces pages où il manie bien l’absurde de l’état du monde. En même temps, il rappelle l’importance du contact humain.
La librairie des livres interdits  Marc Levy. Robert Laffont 343p.    www.laffont.ca

 


 

Mémoires du défunt opposant numéro un à Poutine

Alexeï Navalny de son vivant, a toujours été l’épine au pied de Vladimir Poutine qui a, au moins une fois, tenté de le trucider par empoisonnement, à moins de lui accorder d’office la présomption d’innocence. Mais étrange, le fait que tous les opposants au régime en place ont mal terminé leurs jours. Drôle de démocratie. Bref, Navalny qui n’était pas dupe de ce qui pouvait lui arriver, même de pire, imaginait fort bien être en prison. Ce qui arriva et c’est là qu’il trouva sa fin “naturelle”. En 2020 il a eu le temps de s’atteler à ses mémoires que nous avons enfin en traduction française. En sa compagnie on comprend mieux ce que fut son combat, actuellement repris par sa veuve et en quoi la gouvernance de Poutine est néfaste. C’est écrit avec une grande simplicité et son récit coule de source. Une belle lecture pour le temps des Fêtes. Ceux qui aiment la géopolitique seront comblés au superlatif.
Patriote Mémoires Alexeï Navalny. Robert Laffont 521p.    www.laffont.ca

 


 

Une bonne biographe de Céline Dion qui n’est pas hagiographie

Actuellement le marché du livre sur la chanson populaire fait large place à des ouvrages sur notre Céline nationale et Taylor Swift. Pour ce qui est de la première, Marc Dufaud se fend d’une excellente biographie dans Céline Dion anatomie d’une icône. On croit tout savoir de celle que d’aucuns n’hésite pas à étiqueter comme la plus grande artiste de tous les temps. Le biographe n’hésite pas à clarifier certaines légendes entretenues, telle que René Angélil avait hypothéqué sa maison pour produire le premier album de sa protégée. Aucune banque ne voulait plus rien avoir affaire avec lui et c’est Denys Bergeron le président des disques Trans-Canada qui a avancé les 50 mille dollars nécessaires. On n’a pas cherché pour une fois à faire dans l’hagiographie, couronnant une énième fois le vilain petit canard de Charlemagne qui est entré dans la légende. Vous avez ici la réalité toute crue.
Céline Dion anatomie d’une icône Marc Dufaud. Casa éditions 175p.  

 






 

Le coin de la BD (1)

De jolis arrivages de ce côté-ci, de jolies surprises de même. Commençons avec Le livre aspirateur du tandem Jocelyn Boisvert et Enzo que publie les éditions Michel Quintin qui raffinent de plus en plus leur production et cette BD en est un bel exemple. Ça raconte le rapport magique entre une bibliothèque et une jeune fille. A chaque choix de lecture, Alice est happée par l’aventure qui s’y trouve. Or elle a choisi un ouvrage qui porte le titre de la BD. Que fait un aspirateur ? Eh bien il aspire et voilà notre protagoniste à une rare envolée dans un monde. Beaucoup d’imagination et l’illustration est émouvante de candeur.

Toujours chez l’éditeur Michel Quintin, changement radical d’ambiance avec la série Chroniques ruelles dont voici le tome premier La promesse de Packa. Nous devons cette parution à Samtar. Des chats redoutables et des monstres, la chose pourrait se résumer ainsi. C’est que mystérieusement des félins se volatilisent sans que l’on puisse expliquer pourquoi, sinon l’hypothèse de ce qu’on a surnommé “La Chose”. Packa qui est un matou de bonne extraction sera mis à contribution pour élucider ces étranges affaires.

Chez Urban un déferlement d’action avec le tome 2 de la saga Kaya de messieurs Wes Craig et Jason Wordie. Il s’intitule Les terres empoisonnées. Pour la petite histoire,le premier, qui est québécois, bosse notamment pour les géants DC et Marvel Comics. Avec Kaya c’est sa première série en solo. Ça raconte quoi ? Kaya a la douleur de voir son frère enlevé. S’il faut le retrouver, tant pis, allons nous aventurer sur les terres dangereuses du Royaume des Mutants. Et en passant, pour vous montrer le niveau de dangerosité du sol à cet endroit, si on y demeure un tant soi peu longtemps, on peut être dévoré vivant. Brrr….

Les Pots cassés aux éditions Mains libres que signe avec brio Keelan Young aurait pu porter le titre de Vivre avec Doudou. Car ce que propose le créateur c’est de faire de nous des témoins de la vie de Doudou son “héroïne” qui, disons-le, a des difficultés à composer avec l’existence. Elle est un peu timorée, accomplit son travail d’infirmière, mais rien d’excitant. Elle ressemble beaucoup à plein de gens qui nous entourent qui sont comme des zombies. C’est le spleen au quotidien. Quel sort Young lui réserve-t-il ? Un happy end ? Une triste fin. Allez voir, on ne vous livre pas l’issue de crainte que vous ne boudiez votre plaisir.  

 




 

Le coin de la BD (2)

Ceux qui ont eu à vivre un changement d’école avec tout ce que peut supposer l’adaptation à un nouvel environnement vont particulièrement être réceptifs à ce que vit Julia dont le duo David Boriau et Yuna Park raconte les atermoiements dans Julia la seule lancé chez l’éditeur Dupuis. Nous allons faire comme elle, la connaissance des autres élèves qui l’entourent et qui vont composer son nouveau milieu. Ça va du meilleur au pire. On se prend de sympathie pour elle et c’est le coeur sur la main que l’on vit avec elle ses rencontres. Car elle veut des amis.

Dans l’univers de la BD la série de science-fiction “Les mondes d’Aldebaran” du bédéiste Leo chez Dargaud fait école, tant pour le script qui nous fait découvrir des planètes, mais aussi pour la suprématie du dessin et des coloris. Nous avons maintenant l’épisode 2 Bellatrix. Comme pour les autres tomes, c’est la rencontre de paysages éblouissants et de créatures fantastiques. D’ailleurs nos deux amis Kim et Manon encore une fois, ne seront pas au bout de leurs surprises. 

Chez Dargaud encore une fois c’est au tour d’une autre série si appréciée Raven qui nous arrive avec le tome 3 Furies dû au talent magistral de Mathieu Lauffray. Nous retrouvons notre téméraire pirate qui est en passe de venir à bout de sa redoutable adversaire Lady Darksee. Dans ses trésors amassés on trouve de précieuses émeraudes du site de Chien Itza. S’il pense maintenant retrouver un peu de quiétude, attention! D’autres contraintes vont se pointer. Notre homme vit constamment en alerte tout comme les lecteurs.
 






 

Le coin santé physique et psychique (1)

Le saviez-vous, le milieu du travail est toxique, très toxique même. Une jungle où il faut porter une grande attention, pas seulement du côté des patrons qui en veulent toujours plus, mais des collègues parfois délateurs. Frédéric Banville professeur en psychologie et neuropsychologie le sait bien qui lance un essai dont le titre à lui seul en dit long Comment survivre à son travail. Bien que le titre donne un peu l’idée que c’est comme un ouvrage de croissance personnelle en entreprise, il n’en est rien. Pas de truc magique pour s’en sortir. Seulement un constat de recherche de haut niveau qui offre une radiographie de la situation. C’est aux Presses de l’Université du Québec.

Un titre avec un gros juron comme celui qui orne la couverture de Gère-toi crisse! ça débarque. Et pourtant cessons de faire les indignés, c’est souvent un exutoire verbal qui règle bien des problèmes quand tout a été essayé auparavant. Un ras-le-bol salutaire. Joé Turgeon aux éditions Performance signe un brûlot pour remuer la cage. D’entrée de jeu, c’est un guide pour accroître la maîtrise de sa vie, mais l’auteur ne veut surtout pas que ce soit interprété comme un énième ouvrage de croissance personnelle. S’il a été coaching qui a retraité de ce monde, il ne trouvait pas de livres sur le marché qui collait à sa vision des choses. Il a compris qu’on était mieux servi par soi-même.

Aux éditions Au Carré Richard Roy fait carrière en psychologie des affaires. Pour faire passer son expertise, il use de beaucoup de métaphores environnementales. Il partage des pistes de solutions. Comme par exemple de ne pas hésiter à dire “Non, merci” quand ça ne fait pas notre affaire et qu’on craint de déplaire. En somme ce qu’il nous dit, c’est de ne pas hésiter à affirmer son “je” quitte à se faire critiquer de prendre des initiatives personnelles sans consulter les autres.

 


 

Le coin santé physique et psychique (2)

C’est un de nos compatriotes Steve Masson professeur à l’Université du Québec à Montréal spécialiste en neuroéducation qui a les honneurs de publier chez l’éditeur Odile Jacob, le fruit de son savoir avec Développer des compétences. Cet essai propose des pistes basées sur la somme de deux cent récentes études sur le cerveau, le plus complexe des ordinateurs, pour que professeurs, parents et élèves puissent capitaliser sur les ressources infinies de cet organe pour mieux performer.  Comment faire pour que les apprentissages passent mieux la rampe ? Tel est le défi.

 


 

Katalin Kariko s’est mérité le prix Nobel de médecine en 2023. Elle publie aux éditions Quanto son autobiographie Ne jamais renoncer. Son éditeur la présente comme la femme qui a sauvé des millions de vies au moment de la Covid-19 en créant le “vacin” en un temps record au “profit” de Pfizer. Nous ne voulions pas publier à Culturehebdo la recension sur la parution de ce livre car à l’interne on a toujours dénoncé cette arnaque planétaire qu’a été la supposée vaccination miracle qui n’en n’était pas une. Avec des conséquences désastreuses à tous les points de vue, ce confinement provoquant chez les jeunes québécois des syndromes a posteriori d’anxiété et d’idées suicidaires à hauteur d’un jeune sur deux. Sans compter l’hécatombe économique avec toutes ces entreprises qui ferment. Mais comme nous sommes libéral au chapitre des idées, nous avions l’obligation éthique de signaler cette parution.  Et dites-vous bien que de même citer ce livre nous a paru un très grand effort.